Dialogue à bâtons rompus entre le philosophe Alain de Benoist et l'écrivain Javier Portella. Une « disputatio » de haut-vol entre deux vieux camarades qui ne cachent rien de leurs divergences et n'écartent aucun « sujet polémique », de la remigration au transhumanisme en passant par la « cancel culture ».
JAVIER PORTELLA. Il y a cinquante ans, tu lançais avec une poignée de camarades et d’amis ce que l’on appellera plus tard la Nouvelle Droite. Quelle tâche ! Car il ne s’agissait pas seulement de défendre ou de s’opposer à telles ou telles idées, revendications, conflits… Il s’agissait – et il s’agit toujours – de transformer l’ensemble de notre vision du monde, c’est-à-dire la configuration d’idées, sentiments, aspirations… dans laquelle nous, hommes d’une époque donnée, vivons et mourons. Puisque ce qui est cherché, c’est quelque chose de nouveau, de différent, il est clair qu’il faut le trouver en dehors des deux grands piliers (à moitié démolis, d’ailleurs) que nous appelons « droite » et « gauche ». Or, ne penses-tu pas que les nouveaux piliers voués à soutenir le Vrai, le Beau et le Bien sont plus proches de l’esprit de la droite – pour autant qu’elle ne soit ni libérale, ni théocratique, ni ploutocratique – que de celui d’une gauche qui, dans le meilleur des cas, restera toujours individualiste, égalitariste et matérialiste ?