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  • En Autriche, le FPÖ grimpe à 20 %

    affiche-fpo-européennes-mpi

    Autriche – Le FPÖ (parti de la Liberté) a lui-aussi fait une impressionnante percée ! Les résultats des élections européennes sont un encouragement pour Heinz-Christian Strache qui espère faire du FPÖ la plus grande force politique en Autriche. « Nous n’y sommes pas encore, a-t-il dit, mais nous avons franchi une nouvelle étape! » Le FPÖ a obtenu 20,5%, se classant troisième parti derrière l’ÖVP (conservateurs) qui a remporté 27,1 % des voix et les sociaux-démocrates (24 %).

    Le FPÖ a notamment connu hier une augmentation significative à Vienne, passant de 4% à 19,5% !

    De droite nationale, le FPÖ tentera de constituer un groupe au parlement européen avec le Front National.

    http://medias-presse.info/en-autriche-le-fpo-grimpe-a-20/10481

  • En Autriche, le FPÖ grimpe à 20 %

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    Autriche – Le FPÖ (parti de la Liberté) a lui-aussi fait une impressionnante percée ! Les résultats des élections européennes sont un encouragement pour Heinz-Christian Strache qui espère faire du FPÖ la plus grande force politique en Autriche. « Nous n’y sommes pas encore, a-t-il dit, mais nous avons franchi une nouvelle étape! » Le FPÖ a obtenu 20,5%, se classant troisième parti derrière l’ÖVP (conservateurs) qui a remporté 27,1 % des voix et les sociaux-démocrates (24 %).

    Le FPÖ a notamment connu hier une augmentation significative à Vienne, passant de 4% à 19,5% !

    De droite nationale, le FPÖ tentera de constituer un groupe au parlement européen avec le Front National.

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  • Extrêmes droites mutantes en Europe

    Lundi 26 mai 2014. Avec un Front national obtenant 25,6 % des voix, la France ne fait malheureusement pas figure d’exception en Europe. Au Danemark, le Parti populaire (Dansk Folkepartis) prend la première place avec 26,7 % des suffrages. Comme attendu, le parti nationaliste flamand gagne la partie en Belgique (18,4 %). On pourrait ajouter à cette liste l’Ukip, au Royaume Uni (27,5 %) ou le FPÖ (20,5%) en Autriche. Cette montée de partis parfois antisémites, le plus souvent antimusulmans, qui défendent une conception ethnique de la nation s’inscrit dans une longue mutation (voir aussi le récent Manière de voir intitulé « Nouveaux visages des extrêmes droites »). 

    Extrêmes droites mutantes en Europe

    Depuis une trentaine d’années, un peu partout en Europe, les extrêmes droites ont le vent en poupe. Si quelques partis imprègnent leurs diatribes de références néonazies, la plupart cherchent la respectabilité et envahissent le terrain social. Se présentant comme le dernier recours et comme un rempart contre une supposée islamisation de la société, ils poussent à une recomposition des droites.

    par Jean-Yves Camus, mars 2014

    Si l’on fait remonter l’émergence des populismes d’extrême droite au début des années 1980, plus de trente ans ont passé sans qu’apparaisse plus clairement une définition à la fois précise et opérationnelle de cette catégorie politique. Il faut donc tenter d’y voir plus clair dans la catégorie fourre-tout de ce que l’on nomme communément « extrême droite » ou « populisme » (1).

    En Europe, depuis 1945, le terme d’« extrême droite » désigne des phénomènes très différents : populismes xénophobes et « antisystème », partis politiques nationaux-populistes, parfois fondamentalismes religieux. La consistance du concept est sujette à caution, dans la mesure où, d’un point de vue plus militant qu’objectif, les mouvements affublés de cette étiquette sont interprétés comme une continuation, parfois adaptée aux nécessités de l’époque, des idéologies nationale-socialiste, fasciste et nationaliste autoritaire dans leurs diverses déclinaisons. Ce qui ne reflète pas la réalité.

    Certes, le néonazisme allemand — et le Parti national-démocratique d’Allemagne (NPD) dans une certaine mesure — comme le néofascisme italien (réduit à CasaPound Italia, Flamme tricolore et Force nouvelle, soit 0,53 % des voix au total) s’inscrivent bien dans la continuité idéologique de leurs modèles, de même que les avatars tardifs des mouvements des années 1930 en Europe centrale et orientale : Ligue des familles polonaises, Parti national slovaque, Parti de la Grande Roumanie. Toutefois, au plan électoral, seul le défunt Mouvement social italien (MSI), dont l’histoire s’interrompt en 1995 avec le tournant conservateur impulsé par son chef Gianfranco Fini, a réussi à sortir cette famille politique de la marginalité en Europe occidentale (2) ; et à l’Est, elle marque aujourd’hui le pas (voir « Scores de l’extrême droite en Europe »). Même si les succès d’Aube dorée en Grèce et du Jobbik en Hongrie (3) prouvent qu’elle n’est pas définitivement enterrée, en 2014 elle est très minoritaire.

    Acceptation de la démocratie parlementaire

    L’époque ne prisant guère les grandes idéologies qui prônent l’avènement d’un homme et d’un monde nouveaux, les valeurs de cette extrême droite traditionnelle s’avèrent inadaptées. Le culte du chef et du parti unique convient mal aux attentes de sociétés éclatées, individualistes, dans lesquelles l’opinion se forge à travers les débats télévisés et la fréquentation des réseaux sociaux. Toutefois, le legs idéologique de cette extrême droite « à l’ancienne » reste fondamental. C’est d’abord une conception ethniciste du peuple et de l’identité nationale, dont découle la double détestation de l’ennemi extérieur — l’individu ou l’Etat étranger — et de l’ennemi intérieur — les minorités ethniques ou religieuses et l’ensemble des adversaires politiques. C’est aussi un modèle de société organiciste, souvent corporatiste, fondé sur un antilibéralisme économique et politique niant le primat des libertés individuelles et l’existence des antagonismes sociaux, si ce n’est celui opposant le « peuple » et les « élites ».

    Les années 1980-1990 ont vu le succès électoral d’une autre famille, que les médias et nombre de commentateurs ont continué à appeler « extrême droite », même si certains sentaient déjà que la comparaison avec les fascismes des années 1930 n’était plus pertinente, qu’elle empêchait la gauche d’élaborer une réponse autre qu’incantatoire à ses adversaires. Comment nommer les populismes xénophobes scandinaves, le Front national (FN) en France, le Vlaams Belang en Flandre, le Parti libéral d’Autriche (FPÖ) ? La grande querelle terminologique commençait, qui n’est pas encore close. « National-populisme » — utilisé par Pierre-André Taguieff (4) —, « droites radicales », « extrême droite » : l’exposé des controverses sémantiques qui opposent les politistes nécessiterait un livre entier. Suggérons donc simplement que les partis mentionnés ont muté de l’extrême droite vers la catégorie des droites populistes et radicales.

    La différence tient à ce que, formellement et le plus souvent sincèrement, ces partis acceptent la démocratie parlementaire et l’accession au pouvoir par la seule voie des urnes. Si leur projet institutionnel reste flou, il est clair qu’il valorise la démocratie directe, par le moyen du référendum d’initiative populaire, au détriment de la démocratie représentative. Le slogan du « coup de balai » destiné à chasser du pouvoir des élites jugées corrompues et coupées du peuple leur est commun. Il vise tout à la fois la social-démocratie, les libéraux et la droite conservatrice.

    Le peuple est pour eux une entité transhistorique englobant les morts, les vivants et les générations à venir, reliés par un fonds culturel invariant et homogène. Ce qui induit la distinction entre les nationaux « de souche » et les immigrés, en particulier extra-européens, dont il faudrait limiter le droit de résidence ainsi que les droits économiques et sociaux. Si l’extrême droite traditionnelle reste à la fois antisémite et raciste, les droites radicales privilégient une nouvelle figure de l’ennemi, à la fois intérieur et extérieur : l’islam, auquel sont associés tous les individus originaires de pays culturellement musulmans.

    Les droites radicales défendent l’économie de marché dans la mesure où celle-ci permet à l’individu d’exercer son esprit d’entreprise, mais le capitalisme qu’elles promeuvent est exclusivement national, d’où leur hostilité à la mondialisation. Ce sont en somme des partis nationaux-libéraux, qui admettent l’intervention de l’Etat non plus seulement dans les champs de compétence régaliens, mais aussi pour protéger les laissés-pour-compte de l’économie globalisée et financiarisée, comme en témoigne le discours de Mme Marine Le Pen, présidente du FN (5).

    En quoi les droites radicales se distinguent-elles finalement des droites extrêmes ? Avant tout, par leur moindre degré d’antagonisme avec la démocratie. Le politologue Uwe Backes (6) montre que la norme juridique en vigueur en Allemagne admet comme légitime et légale la critique radicale de l’ordre économique et social existant, tandis qu’elle définit comme un danger pour l’Etat l’extrémisme, qui est un rejet en bloc des valeurs contenues dans la Loi fondamentale. Sur la base de cette classification, il semble pertinent de nommer « droites extrêmes » les mouvements qui récusent totalement la démocratie parlementaire et l’idéologie des droits de l’homme, et « droites radicales » ceux qui s’en accommodent.

    Un ethnicisme explicite ou latent

    Ces deux familles occupent une place différente dans le système politique. Non seulement l’extrême droite se trouve dans la situation de ce que le chercheur italien Piero Ignazi appelle le « tiers exclu » (7), mais elle se fait aussi gloire de cette position et en tire des ressources. Les droites radicales, elles, acceptent de participer au pouvoir, soit comme partenaires d’une coalition gouvernementale — la Ligue du Nord en Italie, l’Union démocratique du centre (UDC) en Suisse, le Parti du progrès en Norvège, soit comme force d’appoint parlementaire d’un cabinet dans lequel elles ne siègent pas : le Parti pour la liberté (PVV) de M. Geert Wilders aux Pays-Bas, le Parti du peuple danois. Leur pérennité est-elle assurée ? Ce type de parti vit sur le fil, entre une marginalité qui, si elle dure, mène à un « plafond de verre » électoral et une normalisation qui, si elle s’avère trop évidente, peut conduire au déclin.

    L’exemple grec est un cas d’école. Après presque trente ans d’existence groupusculaire, le mouvement néonazi Aube dorée remporte près de 7 % des voix lors des deux scrutins législatifs de 2012 (8). Faut-il en déduire que son racisme ésotérico-nazi a subitement gagné quatre cent vingt-six mille électeurs ? Nullement. Ceux-ci ont d’abord préféré l’extrême droite traditionnelle, incarnée par le LAOS (Alarme populaire orthodoxe) entré au Parlement en 2007. Mais entre les deux scrutins législatifs de 2012 s’est produit un événement clé : la participation du LAOS au gouvernement d’union nationale dirigé par M. Lucas Papadémos, dont la feuille de route consistait à faire approuver par le Parlement un nouveau plan de « sauvetage » financier, accordé par la « troïka (9) » au prix de mesures d’austérité drastiques. Devenu une droite radicale (10), le LAOS a perdu de son attrait au profit d’une Aube dorée qui refusait toute concession. A l’inverse, dans la plupart des pays européens, les droites radicales ont soit totalement supplanté leurs rivales extrémistes (Suède, Norvège, Suisse et Pays-Bas), soit réussi, comme les Vrais Finlandais, à émerger dans des pays où celles-ci avaient échoué.

    Dernier cas de figure, qui devient fréquent : celui où la droite radicale subit la concurrence électorale de formations « souverainistes ». La volonté de sortir de l’Union européenne constitue le cœur du programme de ces partis, mais ils exploitent aussi les thématiques de l’identité, de l’immigration et du déclin culturel, sans pour autant porter le stigmate d’une origine extrémiste et en évacuant la dimension raciste. On mentionnera l’Alternative pour l’Allemagne, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le Team Stronach pour l’Autriche et Debout la République, dirigé par M. Nicolas Dupont-Aignan, en France.

    Ce n’est pas le moindre défaut du terme « populisme » que d’être utilisé à tort et à travers, en particulier pour discréditer toute critique du consensus idéologique libéral, toute remise en question de la bipolarisation du débat politique européen entre conservateurs-libéraux et sociaux-démocrates, toute expression dans les urnes du sentiment populaire de défiance envers les dysfonctionnements de la démocratie représentative. L’universitaire Paul Taggart, par exemple, malgré les qualités et la relative précision de sa définition des populismes de droite, ne peut s’empêcher d’établir une symétrie entre ces derniers et la gauche anticapitaliste. Il évacue ainsi la différence fondamentale que constitue l’ethnicisme explicite ou latent des droites extrêmes et radicales (11). Chez lui comme chez bien d’autres, le populisme de la droite radicale ne se définit pas par sa singularité idéologique, mais par sa position de dissensus au sein d’un système politique où seul serait légitime le choix de formations libérales ou de centre gauche.

    De même, la thèse défendue par Giovanni Sartori selon laquelle le jeu politique s’ordonnerait autour de la distinction entre partis du consensus et partis protestataires, les premiers étant ceux qui ont la capacité d’exercer le pouvoir et qui sont acceptables comme partenaires de coalition, pose le problème d’une démocratie de cooptation, d’un système fermé. Si la source de toute légitimité est le peuple et qu’une partie conséquente de celui-ci (entre 15 et 25 % dans de nombreux pays) vote pour une droite radicale « populiste » et « antisystème », au nom de quel principe faut-il la protéger d’elle-même en maintenant un ostracisme qui tient ces formations à l’écart du pouvoir — sans d’ailleurs, sur la durée, réussir à réduire leur influence ?

    Ce point de philosophie politique est d’autant plus important qu’il concerne aussi l’attitude des faiseurs d’opinion à l’égard des gauches alternatives et radicales, délégitimées parce qu’elles veulent transformer — et non aménager — la société. Ce qui leur vaut souvent, selon la vieille et fausse idée des « extrêmes qui se rejoignent », d’être désignées comme le double inversé des radicalités de droite. Le politiste Meindert Fennema construit ainsi une vaste catégorie des « partis protestataires », définis comme s’opposant à l’ensemble du système politique, blâmant celui-ci pour tous les maux de la société et n’offrant, selon lui, aucune « réponse précise » aux problèmes qu’ils soulèvent. Mais qu’est-ce qu’une « réponse précise » aux problèmes que la social-démocratie et la droite libérale-conservatrice n’ont pas réussi à résoudre ?

    Le problème de l’Europe est-il d’ailleurs la montée des droites extrêmes et radicales ou le changement de paradigme idéologique des droites ? L’un des phénomènes majeurs des années 2010, c’est que la droite classique a de moins en moins de réticences à accepter comme partenaires de gouvernement des formations radicales telles que la Ligue du Nord en Italie, l’UDC suisse, le FPÖ en Autriche, la Ligue des familles polonaises, le Parti de la Grande Roumanie, le Parti national slovaque et désormais le Parti du progrès norvégien.

    Il ne s’agit pas que de tactique et d’arithmétique électorales. La porosité croissante entre les électorats du FN et de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) le démontre, au point que le modèle des trois droites — contre-révolutionnaire, libérale et plébiscitaire (avec son mythe de l’homme providentiel) — élaboré naguère par René Rémond, même si on y ajoute une quatrième incarnée par le Front national (12), ne rend plus du tout compte de la réalité française. Sans doute va-t-on vers une concurrence entre deux droites. L’une, nationale-républicaine, opérerait une synthèse souverainiste et moralement conservatrice de la tradition plébiscitaire et de la droite radicale frontiste ; ce serait le retour de la famille « nationale ». L’autre serait fédéraliste, proeuropéenne, libre-échangiste et libérale au plan sociétal.

    Avec bien sûr des variantes locales, la lutte de pouvoir au sein de la grande nébuleuse des droites se joue partout en Europe autour des mêmes clivages : Etat-nation contre gouvernement européen ; « une terre, un peuple » contre une société multiculturelle ; « soumission totale de la vie à la logique du profit (13) » ou primat de la communauté. Avant de penser la manière de battre les droites radicales dans les urnes, la gauche européenne devra admettre les mutations de son adversaire. On en est loin.

    Jean-Yves Camus

    Chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), directeur de l’Observatoire des radicalités politiques, fondation Jean-Jaurès. Auteur de l’ouvrage Les Droites extrêmes en Europe, Seuil, Paris, à paraître.

    notes

    (1) Lire Serge Halimi, « Le populisme, voilà l’ennemi ! », et Alexandre Dorna, « Faut-il avoir peur du populisme ? », Le Monde diplomatique, respectivement avril 1996 et novembre 2003.

    (2) Son parti Futur et liberté pour l’Italie a obtenu 0,47 % des voix aux élections de février 2013.

    (3) Lire G. M. Tamas, « Hongrie, laboratoire d’une nouvelle droite », Le Monde diplomatique, février 2012.

    (4) Pierre-André Taguieff, L’Illusion populiste, Berg International, Paris, 2002.

    (5) Lire Eric Dupin, « Acrobaties doctrinales au Front national », Le Monde diplomatique, avril 2012.

    (6) Uwe Backes, Political Extremes : A Conceptual History From Antiquity to the Present, Routledge, Abingdon (Royaume-Uni), 2010.

    (7) Piero Ignazi, Il Polo escluso. Profilo storico del Movimento Sociale Italiano, Il Mulino, Bologne, 1989.

    (8) Aucune majorité ne s’étant dégagée pour former un nouveau gouvernement après les élections législatives de mai 2012, un nouveau scrutin s’est tenu un mois plus tard.

    (9) Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne.

    (10) M. Georgios Karatzaferis, qui le dirige, appartenait auparavant à la Nouvelle Démocratie du premier ministre Antonis Samaras.

    (11) Paul Taggart, The New Populism and the New Politics : New Protest Parties in Sweden in a Comparative Perspective, Palgrave Macmillan, Londres, 1996.

    (12) René Rémond, La Droite en France de 1815 à nos jours. Continuité et diversité d’une tradition politique, Aubier, Paris, 1954. Ajout pris en compte par l’auteur dans Les Droites aujourd’hui, Louis Audibert, Paris, 2005.

    (13) Robert de Herte, Eléments, n° 150, Paris, janvier-mars 2014.

    source : Le Monde Diplomatique :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EupEEEyylpBlubuAnd.shtml

  • Ces milices qui se battent aux côtés de Bachar Al-Assad

    Matthieu Cimino est Historien et politologue, spécialiste des relations entre Israël, le Liban et la Syrie. Docteur associé au Centre d’études et de recherches internationales (CERI, Paris) et enseignant au collège universitaire de Sciences Po (campus de Paris et Menton).

    Depuis trois ans, la dimension régionale — voire globale — du conflit syrien n’a fait que s’affirmer. Alors que les ramifications internationales de l’opposition, notamment à travers l’arrivée de djihadistes européens et les financements venus du Golfe, sont fréquemment relevées, le rôle joué par les combattants étrangers soutenant le régime de Bachar Al-Assad apparaît moins documenté. Il n’en est pas moins fondamental.

    L’image est frappante : le 16 avril 2014, le site Live Leak (proche du régime syrien, mais où s’affrontent loyalistes et opposants à grands renforts de publications) publie la vidéo d’un homme présenté comme un combattant du Hezbollah sonnant les cloches d’une église de Maaloula (1). Ce petit bourg chrétien, perché sur les montagnes de Qalamoun, était depuis plusieurs mois tenu par des groupes djihadistes, et notamment par le front Al-Nosra. Au-delà de l’aspect symbolique (2), ce document rappelle que, depuis deux ans, l’effort de guerre du pouvoir syrien est appuyé massivement par des combattants étrangers, ces « autres djihadistes », dont l’importance est parfois mésestimée.

    LE RÉGIME RAPIDEMENT DÉPASSÉ

    Le phénomène implique un bref retour en arrière, au début de l’année 2012. Dans le contexte d’une militarisation progressive de la révolution (3), de l’émergence de groupes djihadistes et de l’arrivée de plus en plus conséquente de combattants du « djihad global », le régime syrien fait lui-même massivement appel à des soutiens étrangers. Quelques dizaines ou centaines de conseillers russes et iraniens sont envoyés sur place tandis que des éléments du Hezbollah, notamment des snipers (4), sont positionnés dans certains endroits stratégiques, notamment à Damas. Certains d’entre eux assistent les soldats syriens dans leurs opérations de ratissage.

    Cependant, le régime syrien a été assez rapidement dépassé par le mouvement révolutionnaire et a réévalué sa stratégie. Si l’essentiel de l’appareil répressif était alors assuré par les services de renseignements (dont les célèbres Jawîyah, issus de l’armée de l’air), le pouvoir a néanmoins dû s’appuyer sur des forces armées conventionnelles afin de reprendre les villes ou les quartiers tenus par l’opposition. Or, les troupes syriennes, mal formées et mal équipées, se sont progressivement effondrées, dévastées par les défections (jusqu’à 100 % dans certaines unités), les morts et les blessés (5). Quelques éléments loyalistes subsistaient mais, inexpérimentés et de plus en plus limités à la communauté alaouite, ils n’étaient pas en mesure de combattre une guérilla : à l’exception de la guerre du Liban, ils n’avaient pas tiré un coup de feu depuis trente ans. Les forces armées syriennes (FAS) apparaissaient alors comme une armée de conscrits, structurée pour occuper le Liban et en position défensive face à Israël, ennemi qu’elle n’osait jamais attaquer.

    Pour pallier cette faiblesse considérable, Téhéran, et de façon plus marginale Moscou, ont décidé d’envoyer des troupes en renfort. La Russie a ainsi dépêché des navires de guerre pour assurer la contrôle de la façade méditerranéenne. Une « mission de conseil » iranienne (composée de plusieurs centaines de membres des services de renseignement, des forces terrestres et de la brigade Al-Qods des pasdarans) a été déployée en mai 2011 afin de coordonner l’arrivée des forces étrangères. Par ailleurs, l’une des tâches de ce dispositif était d’organiser, entraîner et déployer sur le terrain des miliciens irakiens : d’après le Guardian, ces derniers seraient au nombre de 10 000 et assisteraient le régime dans les opérations de sécurisation des sites religieux. Dans un article récent, Al Ahram Weekly établit une prosopographie complète de l’ensemble des formations irakiennes présentes en Syrie et chiffre leur effectif à 40 000.

    Parallèlement à cet effort qui peut être directement relié à la politique étrangère iranienne, le régime s’est vu appuyé, à l’instar de l’opposition, par des éléments périphériques ou marginaux. L’histoire retiendra la présence hallucinante de membres du gang californien Sureños, de combattants yéménites issus de la rébellion « houthiste » ou encore la « folle histoire » de ces mercenaires russes projetés pour reprendre les champs pétrolifères des mains des groupes djihadistes6, avant d’être finalement rapatriés dans l’urgence.

    À L’AVANT-GARDE DES COMBATS

    Parmi les éléments envoyés en Syrie, le Hezbollah libanais a pris une place de plus en plus importante dans le dispositif : si, à l’origine, l’importation de ces combattants avait été pensée comme un simple appui logistique et humain aux soldats syriens, la branche militaire du parti chiite s’est rapidement transformée en une véritable force de substitution, et ce depuis la bataille symbolique d’Al-Qoussair.

    En effet, entre avril et juin 2013, quelque 4 000 combattants du Hezbollah ont été envoyés dans ce bourg frontalier afin de reprendre la ville des mains de l’opposition armée. Pour la première fois depuis le début de la révolution, les FAS ont été mises à l’écart des combats, menés de front par le Hezbollah et quelques pasdarans iraniens. L’implication du parti chiite a été d’ailleurs si peu discrète qu’Hassan Nasrallah a dû, enfin, reconnaître officiellement la présence massive de la branche militaire de son parti en Syrie lors d’un discours tenu le 25 mai 2013.

    Jusqu’à présent, le leader libanais s’était contenté d’évoquer des « combattants isolés » se battant de leur propre chef — ou éventuellement des membres du parti ayant reçu l’ordre d’« assurer la sécurité de la frontière libanaise ». Or, il devenait de plus en plus difficile pour le parti de cacher les décès de jeunes hommes en pleine santé, et enterrés discrètement dans la vallée de la Bekaa (7). Puis, lors de la bataille d’Al-Qoussair, de nombreux médias (et notamment la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiyah) ont diffusé en boucle les images attestant de la présence massive du Hezbollah dans cette ville frontalière : après la diffusion de reportages sur « des membres du Hezbollah déployant des banderoles sur la mosquée d’Omar ibn Al-Khattab » à Qoussair (8), comment le parti chiite pouvait-il relativiser sa présence en Syrie ?

    C’est ainsi qu’entre 5 000 et 10 000 hommes du Hezbollah y seraient présents en permanence, officiellement pour sécuriser la frontière, porter assistance aux réfugiés et assurer la défense des sites sacrés chiites, comme par exemple le mausolée de Sayida Zeinab au sud de Damas. Le rôle déterminant du parti chiite s’expliquerait par plusieurs facteurs : tout d’abord, contrairement aux conseillers iraniens et russes, les combattants du Hezbollah s’expriment en arabe, et peuvent ainsi être facilement intégrés dans des dispositifs mixtes avec l’armée syrienne. Ensuite, d’un point de vue opérationnel, le Hezbollah dispose d’un savoir-faire incontestable en contre-guérilla et combat d’infanterie, après des décennies de lutte contre Israël. Enfin, la proximité géographique du Liban réduit les difficultés logistiques, plus contraignantes lorsque les miliciens sont envoyés d’Irak ou d’Iran. Le Hezbollah a ainsi été responsable de la « sécurisation » de la frontière syro-libanaise, de laquelle il ne s’éloigna jamais, à l’exception de la bataille d’Alep.

    TENSIONS INTERNES

    Après plus de deux années de présence consécutive sur le sol syrien et en dépit des revers infligés à l’opposition, il apparaît que la cohabitation entre les combattants chiites et les militaires syriens ne se déroule pas sans heurts et qu’elle porte en elle les ferments de tensions internes qui pourraient peser sur le conflit, comme elles ont pu le faire dans le camp de l’opposition.

    Depuis plusieurs mois, des incidents semblent avoir contribué à dégrader quelque peu les relations entre les combattants du Hezbollah et leurs hôtes syriens. Par exemple, le 6 juin 2013, après l’assaut final de Qoussair, quatre soldats du parti de Dieu auraient été tués par des insurgés dans une zone où opérait l’armée syrienne, cette dernière ayant assuré que les environs étaient sécurisés alors que des poches d’insurgés étaient encore présentes (9). Cette preuve d’incompétence aurait même poussé le Hezbollah à revoir sa stratégie militaire afin de se préserver d’autres mauvaises surprises (10). D’autres erreurs (des tirs mal réglés ou des renseignements erronés) auraient entraîné la mort de militaires chiites, à Alep, Yabroud et dans la région de Kessab (11). D’après un responsable de la sécurité lié à l’Armée Syrienne Libre (ASL), les combattants du Hezbollah tiendraient notamment leurs homologues syriens pour responsables de la mort de plusieurs des leurs (12).

    Le 14 avril 2014, trois journalistes de la chaîne libanaise Al-Manar sont tués dans les environs de Maaloula. « Embedded » au sein d’une unité mixte syro-libanaise, cette équipe filmait une unité du Hezbollah lorsqu’elle serait tombée dans une embuscade tendue par les dernières poches de résistance djihadiste, cachées dans une cave. Alors qu’il est évidemment difficile de connaître les détails de l’incident, l’épisode donne lieu à bien des interprétations. Bisman Al-Sheikh, dans Al-Hayât, le journal à capitaux saoudiens qui a soutenu les rebelles syriens, développe une thèse qui pointe en direction des tensions internes aux soutiens de Al-Assad : d’après elle, le régime était depuis longtemps « de plus en plus indisposé par les « abus » d’Al-Manar », à tel point que Damas aurait interdit aux journalistes de la chaîne de couvrir le conflit. L’équipe libanaise ne disposait donc pas des autorisations nécessaires. Pour l’éditorialiste, les trois journalistes auraient ainsi été tués par des « tirs amis » afin de faire payer à Al-Manar ses reportages jugés dévalorisants pour l’armée syrienne (13). Si une telle interprétation apparaît comme sans doute excessive et en tout cas faiblement documentée, elle souligne néanmoins le développement de logiques qui pourraient à terme devenir conflictuelles.

    Car, depuis la bataille de Qoussair, le Hezbollah et sa base combattante et militante revendiquent ouvertement un rôle déterminant dans la reconquête du territoire. Les reportages quotidiens sur Al-Manar (14) mettent en avant le Hezbollah et laissent entendre que les victoires du régime sont exclusivement le fait du parti, « appuyé » en quelque sorte par ses supplétifs de l’armée syrienne, et non l’inverse. Par ailleurs, sur le terrain, l’égo des combattants commence à s’exprimer : depuis le début de l’année 2014, de plus en plus de vidéos « accidentellement » mises en ligne sur Internet se font l’écho des actions du parti chiite. Nasrallah lui-même a déclaré que « le régime syrien ne risque plus de tomber » (15), s’attribuant au passage le mérite de ce retournement de situation.

    Il est également intéressant de noter que le 14 avril 2014, un officier syrien de la Garde républicaine aurait tiré sur un commandant du Hezbollah, à Alep. Qu’il s’agisse d’un différend personnel ou d’un problème de fond entre unités syriennes et libanaises, l’acte aurait apparemment conduit à l’abandon d’une position tenue par le parti libanais.

    Ces évènements pourraient, à terme, poser des difficultés dans l’équation militaire du conflit syrien. D’une part, le régime syrien ne peut survivre sans la présence du Hezbollah, qui entend bien faire savoir qu’il est à l’origine des succès militaires de Bachar Al-Assad. Mais d’autre part, le parti chiite, sous pression de la coalition libanaise du 14-mars (anti-syrienne et dirigée par Saad Hariri), n’envisage pas de rester indéfiniment en Syrie. Cette situation pourrait conduire, sous peu, à aggraver les tensions entre les deux alliés.

    Matthieu Cimino

    notes :

    1 « Hezbollah Soldier Ringing Bells in Maloula Christian Church », Live Leak, 16 avril 2014.

    2 Le message « le Hezbollah protège et respecte les minorités du Proche-Orient » s’adresse ici aux communautés chrétiennes de Syrie et du Liban.

    3 Lire Jean-Pierre Filiu, Le Nouveau Moyen-Orient : Les peuples à l’heure de la révolution syrienne, Paris, Fayard, 2013. - 408 p.

    4 Le parti chiite semble disposer d’une véritable expertise dans ce domaine.

    5 Les blessés ne reçoivent pas de traitement adapté, quelle que soit la blessure. Ils sont donc inaptes au combat.

    6 James Miller, « The Insane Story of Russian Mercenaries Fighting for the Syrian Regime », Huffington Post, 21 novembre 2013.

    7 Hisham Ashkar a publié une infographie, estimant à 322 le nombre de combattants du Hezbollah tués en Syrie.

    8 Le Hezbollah célèbre sa victoire à Qoussayr et la proclame ’ville chiite’, Al-Arabiya, 8 juin 2013.

    9 Hezbollah develops new tactics in Syrian civil war, Associated Press, Haaretz, 13 avril 2014.

    10 Ibid.

    11 Entretien téléphonique avec un commandant de l’ASL basé au Liban, 18 avril 2014.

    12 Ibid.

    13 Ibid.

    14 Chaîne exprimant le point de vue du Hezbollah.

    15 Pour Hassan Nasrallah, le régime Assad ne « risque plus de tomber », L’Orient-le Jour, 6 avril 2014.

    source : orientxxi. ::  lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_antiamerique/EupEEpyFlEBSHSxZNv.shtml

  • Le projet collectif comme substitut à la désétatisation de la sécurité

    Du point de vue collectif, les diverses formes de régionalismes, de séparatismes et de souverainismes qui fleurissent, depuis la fin du 20ème siècle, dans les sociétés européennes, tendent à indiquer que la notion d’autonomie est aussi en train de faire son chemin sur notre continent alors qu’on assiste à l’automne de ce dernier avatar de l’Etat moderne qu’est l’Union européenne. Sous l’écorce supraétatique, ces sociétés se détachent et se recomposent à leur échelle propre. Elles cherchent une cause, un projet apte à les mobiliser et, dans la plupart des cas, celui-ci est synonyme de « fermeture » (séparatisme, souverainisme) afin de retrouver des repères, de se réapproprier son histoire pour faire face au formatage imposé par la mondialisation. Il est d’ailleurs frappant de constater que plusieurs de ces sociétés sont de véritables moteurs économiques au niveau européen, ceci tendant à indiquer le besoin d’un projet collectif fort (au niveau local) pour pouvoir se positionner à l’échelle globale.  

         Autrement dit, un tel projet vise en quelque sorte à la constitution d’une zone autonome temporaire (TAZ) propice à la récréation d’un sentiment d’appartenance, d’une motivation. Au niveau de l’individu, la démarche est moins aisément perceptible. Il faut recourir à la métaphore cinématographique (Fight Club, Matrix) pour essayer d’appréhender le phénomène : derrière les i-pods, derrière les codes vestimentaires, derrière les familles sans père, derrière la figure du mâle doux se profile le retour de l’idéal masculin (force, honneur, courage), en l’occurrence celui qui refuse le politiquement correct, l’abandon de la personnalité et ce que Heidegger dénomme la réquisition de la technique (Gestell). Dans nos sociétés d’ailleurs, ces individus intègrent souvent les métiers de la sécurité – autrement dit les « sociétés d’hommes » – pour tenter d’y retrouver les valeurs qu’ils recherchent.

         Dans le cas qui nous occupe ici on peut donc parler d’un projet collectif fondé sur l’autonomie et la réappropriation de son histoire pour faire pièce au nivellement du nouveau pouvoir global et des normes imposées par celui-ci sans égard aux différentes identités. Dans ce projet, l’autodéfense (légitime défense) est concomitante de l’autonomie, selon le principe : pas d’autonomie sans protection, non pas imposée « par le haut », de manière mafieuse, mais assumée en copropriété comme un bien commun géré par les citoyens eux-mêmes. La légitimité peut ainsi se reconstituer autour de ces deux notions – celle d’autonomie et celle de légitime défense – à savoir les deux exigences de base de tout groupe structuré de manière collective. 

    Bernard Wicht, Europe MadMax demain ? Retour à la défense citoyenne

    http://www.oragesdacier.info/2014/05/le-projet-collectif-comme-substitut-la.html

  • Vers une alliance PPE-PS au Parlement européen ?

    Selon une nouvelle projection du Parlement, le Parti populaire européen (PPE) aurait 212 sièges, soit 61 de moins que dans le Parlement sortant, et les socialistes 187, soit un recul de 9 sièges.

    Les Libéraux sont le troisième groupe avec 72 députés, soit 11 sièges de moinsqu'auparavant, devant les Verts qui obtiennent 55 députés, soit deux de moinsque dans le Parlement sortant.

    Au total, ces quatre groupes obtiennent 526 sièges contre 612 précédemment. Sur un total de 751.

    La seule majorité possible paraît résider dans une grande coalition entre conservateurs et socialistes, avec l'appoint éventuel des libéraux.

    La gauche radicale, avec 43 sièges, en gagne 8, et les conservateurs britanniques et polonais en obtiennent 45, soit 12 de moins. Quant aux eurosceptiques de l'Ukip britannique de Nigel Farage, ils obtiennent 35 sièges (+4).

    Les non-inscrits du Parlement sortant, dont font partie le Front national français, le FPÖ autrichien et le PVV néerlandais, obtiennent 39 députés. La formation d'un groupe nécessite un minimum de 25 députés originaires de 7 pays.

    Enfin, le Parlement a classé dans une rubrique "autres" des élus dont le parti n'était pas représenté dans le Parlement sortant, comme le Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo en Italie, les anti-euro d'AFD en Allemagne ou les néonazis d'Aube dorée en Grèce. Cet ensemble compte 63 sièges dans la dernière projection.

    Michel Janva

  • Séisme finalement très cool à la télé !

    25 points de suture plantés dans les gorges chaudes des commentateurs.   

    Il y a d’abord eu ce cinéma. De 18 à 20 heures, ce fatidique 25 mai, tous les journalistes durent gloser à l’infini sur le seul malheureux chiffre disponible : celui de l’abstention. Il fallait respecter la sainte loi de l’estimation des 20 heures. Un son de cloche sépulcral retentit alors : le FN faisait exploser le fameux plafond de verre des 20 %, objectif inespéré depuis les années 90.

    25 points de suture plantés dans les gorges chaudes des commentateurs. On imaginait alors Jean-Michel Aphatie la tête enfoncée dans son bol de cassoulet. Mais pas de traces de Jean-Michel !

    On dut se contenter de Michaël Darmon (i>Télé), ce dernier nous racontant sur le ton soporifique et enrhumé qui le caractérise que le vote FN, en réalité, ne servait à rien. Soit !

    Peu avant le choc des premiers résultats, dans la même veine arrogante, on avait déjà pu voir la rock star Audrey Pulvar, sur i>Télé, se lancer dans un pénible discours, très partisan, où elle tentait d’expliquer pourquoi le FN « en cas de victoire » ne « ferait pas grand-chose ». En gros, les électeurs du FN étaient de parfaits glandus qui n’avaient rien compris au scrutin….

    Néanmoins, soyons justes, ces cas ne furent qu’exception. Pendant toute la soirée, les journalistes ont littéralement recadré, parfois sévèrement, les ténors de l’UMP qui tentaient de nier la terrible réalité de la défaite. On le voyait notamment avec Gérard Longuet décrivant l’UMP comme quasi victorieuse : « Le FN n’est plus à 15 % , il est à 25 ! », répliqua Olivier Galzi (i>Télé). Plus tôt dans la soirée, sur la même chaîne, Léa Salamé avait retoqué Thierry Mandon du Parti socialiste, pour qui « les Français veulent en fait plus d’Europe, et ne veulent pas de repli ». « Mais c’est le FN qui a gagné ! », répondit la belle, souriant à pleines dents. La présentatrice ne semblait guère émoussée par le « séisme ».

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