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  • CASTORIADIS REVISITÉ L’actualité d’une grande pensée

    Pierre Le Vigan 

    Ex: http://metamag.fr

    Serge Latouche et Cornélius Castoriadis ont beaucoup en commun. C’est pourquoi l’ouvrage du premier sur le second, décédé en 1997, est beaucoup plus qu’un ouvrage de présentation. C’est avant tout un corps à corps avec la pensée de Castoriadis. L’autonomie est le maitre mot de Castoriadis. L’autonomie du citoyen, et l’organisation de l’autonomie des collectifs de producteurs-travailleurs, cela amène logiquement à refuser la domination d’une technique monoforme au service du Capital comme rapport social et organisation productiviste de l’économie. La technique doit être plurielle, et non pas orientée en fonction des exigences de l’accumulation du Capital. L’autonomie mène ainsi directement à l’écosocialisme, ou encore, comme le dit Serge Latouche et comme le souhaitait André Gorz, à la décroissance.

    Se libérer du culte de la performance technologique, redécouvrir le vernaculaire dans les pratiques, qu’elles soient de construction, de fabrication, de bricolage, etc, tout cela nous ramène au meilleur d’Yvan Illich. A la société publicitaire, à la pensée unique qui est moins une pensée qu’une somme de réflexes conditionnés, Castoriadis – et Latouche – oppose la paideia c’est-à-dire l’éducation et auto-éducation de soi sous le patronage de laquelle avait fonctionné, à la fin des années 1990, le café philosophique de la revue Eléments dont certains se souviennent.

    Castoriadis avait compris une chose essentielle : le prolétariat, à l’encontre d’un certain marxisme simplifié et messianique, n’était pas porteur historiquement d’une tâche d’émancipation de toute l’humanité. Il faut simplement savoir que cette tâche ne peut pas ne pas le concerner, le traverser, à l’inverse des idées de Terra Nova qui croient que l’on peut faire comme si les classes populaires étaient définitivement sorties de l’histoire. Le sujet de l’histoire, c’est toujours le peuple, mais c’est le peuple tout entier, comme disent les zapatistes. Face aux «  nouveaux maîtres du monde » ( Naomi Klein ), c’est une lutte globale d’émancipation de tout le peuple et de tous les peuples qui est nécessaire. L’exemple de l’Ukraine montre que le système mondial est prêt à tout pour activer des micro-nationalismes à l’encontre des Ukrainiens et Russes, peuples frêres, qui ont tout intérêt à la sortie d’un monde dominé par l’unilatérialisme américain. Misère des micro-nationalismes aveugles aux nécessaires alliances de civilisation et aux grands enjeux géostratégiques.

    Serge Latouche, Cornélius Castoriadis ou l’autonomie radicale, Ed. le passager clandestin, 96 pages, 8 €.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Manifeste des 343 fraudeuses

    Lors des grandes manifestations, le gouvernement affirmait que la loi Taubira ne concernait que la légalisation du « mariage » gay et n’ouvrait pas le débat de la PMA, mais ça c’était avant !

    Alors après le Manifeste des 343 salopes en 1971 pour la légalisation de l’avortement, celui des 343 salauds contre les lois anti-prostitution, (il faut croire qu’en ce moment c’est la mode) , voici les 343 fraudeuses !

    Ces 343 femmes reconnaissent avoir eu recours à la PMA à l’étranger. A l’origine de cette initiative on retrouve deux membres de l’Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens (évidemment!) qui estiment que la loi Taubira est incomplète.

     

    Cette dernière autorisait le « parent 2 » à adopter l’enfant du « parent 1 » une fois mariés, mais cela sans précision sur le mode de conception de l’enfant : une aubaine pour les militants invertis qui profite de cette faille pour crier à l’injustice : « le mode de conception de l’enfant ne fait pas partie des éléments demandés quand une adoption concerne un couple hétérosexuel et la loi sur l’adoption est la même pour tous» !

    Stéphane Cola, à l’origine de l’« annuaire des avocats gay-friendly », explique pour le Figaro : « de nombreux couples de femmes ont du mal à trouver, en France, un médecin acceptant de les accompagner dans leur désir d’enfant». «Mais contraindre les couples à se rendre à l’étranger, obliger les médecins à agir en marge du cadre légal et faire peser sur les familles et sur l’enfant une incertitude juridique insupportable est la plus mauvaise des solutions, martèle-t-il. Il est grand temps que le législateur se saisisse du dossier. Et que la ministre de la Justice rappelle à l’ordre ses procureurs qui utilisent le prétexte de la PMA pour faire obstacle à la loi sur le mariage pour tous.»

    Alors en fait, les 343 fraudeuses c’est un raisonnement sain et cohérent: elles vont à l’encontre de la loi, en sont conscientes (fières ?) mais ce n’est pas facile pour elles alors il faudrait légaliser tout ça !

    Une réclamation légitime n’est-il pas ? En plus, si avec un peu de chance ça fonctionne, on pourra l’appliquer à de nombreux autres cas : le vol, la fraude, le meurtre, le viol… ! Pratique, non ?

    Marie de Remoncourt

    http://www.contre-info.com/manifeste-des-343-fraudeuses#more-32960

  • Les communistes français durant la guerre d’Indochine

    « Félicitations au succès du Vietminh. Nous sommes de cœur avec lui. Nous envoyons aux troupes du Vietminh notre fraternel salut et notre témoignage de solidarité agissante. » (Journal communiste « L’Humanité » du 6 mars 1952)

    Après le bombardement du port de Haiphong, le 23 novembre 1946, par la Marine française, le Viet Minh, dirigé par Hô Chi Minh, président de la République démocratique du Viêt Nam (dont l’indépendance a été proclamée à Hanoi le 2 septembre 1945), décide de lancer, le 19 décembre 1946, une offensive ayant pour but la « libération » de la ville de Hanoï. À 20 heures, une explosion dans la centrale électrique de la ville annonce le début de l’insurrection. De nombreux ressortissants français sont massacrés et des maisons pillées. Hô Chi Minh appelle tout le peuple vietnamien à se soulever contre la présence française : « Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme ! ». C’est le début de la guerre d’Indochine. Elle va durer huit ans.

    La France avait engagé sa parole auprès du Viêt-Nam, dirigé alors par Bao Daï. Elle n’était plus un pays affrontant une rébellion nourrie par la Chine et l’URSS, elle était la représentante d’un système, le « monde libre », face à un détachement d’un régime ennemi, le « communisme ». Et le général Catroux, ancien gouverneur général de l’Indochine, d’écrire dans Le Figarodu 21 juillet 1953 : « Il n’est pas en effet loisible à la France de rompre à sa convenance le combat, parce que la guerre d’Indochine n’est pas seulement sa guerre contre le seul Hô Chi Minh, mais celle du monde libre, auquel elle est liée, contre le communisme ».

    Dès le début de ce conflit, les communistes français n’eurent de cesse de procéder à une critique et à une condamnation de cette « sale guerre » qu’ils appréciaient, à l’instar d’Etienne Fajon « comme une guerre injuste, réactionnaire, menée contre la liberté d’un peuple ».

    Dès lors, tout fut mis en œuvre pour venir en aide au « peuple vietnamien opprimé » et la consigne émise par la direction centrale du PCF : « Refus de la fabrication, du transport et du chargement du matériel de guerre destiné à l’Indochine », immédiatement appliquée, notamment par les syndicalistes de la CGT.

    La presse communiste devenait quotidiennement plus incisive en stigmatisant à outrance la présence française en Indochine, la qualifiant de « poison colonialiste » et Léon Feix d’écrire dans L’Humanité du 24 mars 1952 : « De larges masses participeront effectivement à la lutte anticolonialiste dans la mesure où nous saurons extirper de l’esprit des Français, en premier lieu des ouvriers, le poison colonialiste »… tandis que Jean-Paul Sartre, n’avait de cesse de fustiger dans la revue « Temps Modernes », « l’action criminelle des soldats français ». Dès lors, les communistes français allaient, à leur façon, participer activement à ce conflit…

    Dans les usines d’armement, les armes et les munitions destinées aux soldats de l’Union Française étaient systématiquement sabotées… « L’effet retard » des grenades était volontairement supprimé, ce qui entraînait leur explosion immédiate dès qu’elles étaient dégoupillées, la plupart du temps, dans les mains de leurs servants… Les canons des pistolets mitrailleurs et des fusils étaient obturés avec une balle, ce qui entraînait souvent leur explosion… Les munitions étaient sous chargées ou ne l’étaient pas du tout… Les obus de mortier explosaient dès leur percussion ou s’avéraient inertes… Les moteurs des véhicules de terrains comme ceux des avions subissaient également toutes sortes de sabotage : Joints de culasse limés et  limaille de fer dans les carters à huile… Ce fut le cas, entre autres, des moteurs de l’hydravion « Catalina » de la 8F où furent impliqués des ouvriers des ateliers de la base de Cuers-Pierrefeu… Même le porte-avions d’escorte « Dixmude », n’échappa pas aux dégradations : Ligne d’arbre endommagé. L’enquête permit d’identifier le saboteur en la personne du quartier-maître mécanicien Heimburger, membre du Parti Communiste Français.

    Tout cela, pourtant, n’était rien d’autre que de la haute trahison et les ouvriers comme leurs commanditaires qui envoyaient chaque jour à une mort certaine des soldats français, auraient dû être traduits devant des Tribunaux d’exception pour « intelligence avec l’ennemi ». Ils ne furent jamais inquiétés ! Et cette strophe du poème du capitaine Borelli, officier de Légion, adressé à ses hommes morts au combat, prennent ici, un sens particulier :« Quant à savoir, si tout s’est passé de la sorte, si vous n’êtes pas restés pour rien là-bas, si vous n’êtes pas morts pour une chose morte, Ô, mes pauvres amis, ne le demandez pas ! »

    Sur les quais, les aérodromes et les gares tenus par la CGT,  la mobilisation communiste était identique. Les acheminements de troupes et de matériels subissaient de graves perturbations… Les navires et les trains étaient immobilisés, les détériorations  ne se comptaient plus, les grèves se multipliaient… A Grenoble, une pièce d’artillerie fut jetée à bas du train. En gare de Saint-Pierre-des-Corps, à Tours, une militante communiste, Raymonde Dien, devint une héroïne nationale pour s’être couchée en travers d’une voie. Cette violence atteignit son point culminant dans la nuit du 2 au 3 décembre 1947. A la suite du sabotage d’une voie ferrée par un commando de la cellule communiste d’Arras, l’express Paris-Lille dérailla, faisant 16 morts et 30 blessés…

    Prisonniers français du Viet Minh. 75% sont morts…

    Quant aux blessés rapatriés, généralement débarqués de nuit à Marseille, ils étaient acheminés secrètement en région parisienne où ils arrivaient au matin à la gare de l’Est. Mais cette discrétion ne les épargnait pas des manifestations hostiles des cheminots CGT. Les blessés étaient injuriés et frappés sur leurs civières. Un hôpital parisien qui demandait du sang pour les transfusions sanguines spécifiait « que ce sang ne servirait pas pour les blessés d’Indochine » car, à l’Assemblée Nationale, les députés communistes avaient exigé que « la collecte publique de sang ne soit jamais destinée aux blessés d’Indochine qui peuvent crever (sic) ». A Noël un député suggéra qu’un colis de Noël soit envoyé aux combattants d’Extrême Orient. Une député du PCF s’exclama aussitôt : « Le seul cadeau qu’ils méritent, c’est douze balles dans la peau ! ».

    Par ailleurs, outre les armes et les fonds adressés régulièrement au « grand frère vietminh », des tonnes de médicaments lui étaient également acheminés par l’Union des Femmes Françaises (1) et l’indignation de nos soldats ne résultait pas tellement de ce que l’ennemi recevait de la Métropole des colis de pénicilline, mais du fait que, chaque jour, des soldats français mouraient, faute d’en posséder.

    Pour nos soldats enlisés dans ce conflit, la guerre prenait un parfum amer teintée de colère et de découragement… La prise de conscience fut rapide et brutale : Désormais l’ennemi n’était plus le Viêt-Minh mais les communistes français…

    La fin tragique de la bataille de Diên Biên Phu scella la défaite de la France et l’obligea à se retirer de l’Indochine mais le PCF demeura actif et poursuivit son action dévastatrice au sein du contingent et de ses réseaux de « porteurs de valises », durant la guerre d’Algérie. Combien de nos jeunes soldats sont morts sous les balles des communistes français livrées aux tortionnaires du FLN ?…

    José CASTANO

    (1)   Issue des comités féminins de la Résistance, l’Union des Femmes Françaises est créée par un congrès le 21 décembre 1944. Elle se révèle rapidement liée au Parti communiste français, sous la houlette de Jeannette Vermeersch, qui en fait pendant les années de guerre froide, une organisation communiste de masse. Elle se retrouve notamment impliquée dans des actes de sabotages et de découragement à l’encontre des soldats français lors de la guerre d’Indochine.
    L’Union des femmes françaises devient Femmes solidaires en 1998.

    « Les Justes meurent comme des chiens ; les crapules ont leur chance. C’est un monde totalitaire déserté par toute transcendance. Le Mal n’y est pas un scandale mais la règle commune » (Commandant Hélie Denoix de Saint Marc, officier putschiste du 1er REP)

    http://www.contre-info.com/les-communistes-francais-durant-la-guerre-dindochine#more-32937

  • Autour d'un petit livre de Philippe Simonnot

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    On aimerait que ces notes, rassemblées sur un titre sinon provocateur, du moins "osé", "Non l'Allemagne n'était pas coupable" (1)⇓ nous amènent à nous interroger sur les causes des guerres.

    Rarement, en effet, les commémorations des horribles conflits du XXe siècle auront occupé les écrans comme en cet an de grâce 2014. Entre le centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale en 1914 et le soixante dixième anniversaire du débarquement de Normandie de 1944 que d'occasions de revisiter l'Histoire. Et cela ne va sans doute pas s'arrêter après le retour des héroïques anciens combattants anglo-américains et la séparation des grands de ce monde, rassemblées en cette circonstance sur le sol de France.

    Remarquablement reconstituées, rassemblées et colorisées, les émouvantes images du Jour J, et celles des combats qui suivirent la geste inouïe des premières lignes, devraient suffire en elles-mêmes à exorciser certaines légendes.

    Si en 1944 le territoire français a été libéré, nous ne le devons ni aux gaullistes ni aux communistes.

    Terrible pour la France, le choix des plages, des bocages et des villes de Normandie comme théâtre d'opération avait, certes, été pressé par Staline. A partir de la conférence de Téhéran de 1943, l'ancien allié de Hitler (2)⇓ se préoccupait de conquérir l'Europe centrale et orientale et de régler particulièrement son sort à la Pologne coupable en 1920 d'avoir victorieusement repoussé l'agression du Komintern.

    Grâce à ces télescopages d'anniversaires nous disposons d'une occasion unique de rapprocher les deux guerres civiles européennes. Leur bilan global peut être envisagé comme celui d'une des plus grandes catastrophes de l'Histoire de notre continent, à comparer avec la chute de l'Empire en occident ou l'apparition de l'islamisme dans le monde méditerranéen.

    Le lien entre les deux a conduit certains historiens à n'y voir qu'un seul  et unique drame. En cela, Thucydide père de la pensée Historique nous y invite et donne l'exemple puisqu'il invente le concept de "Guerre du Péloponnèse" pour englober les deux conflits conduisant à la catastrophe finale de la suprématie athénienne à la fin du siècle de Périclès. Plus près de nous l'atroce guerre civile allemande de 30 ans au XVIIe siècle ou les guerres follement déclenchées par la révolution jacobine en 1792, où certains Français admirent encore leur sanglante aventure de pillage, peuvent être regardées sous le même prisme. Puisque nous nous situons dans une orgie d'évocations de la folie des hommes et de la nécessité de l'entente européenne on pourra bientôt saluer aussi le 300e anniversaire du traité d'Utrecht ou le 200e du congrès de Vienne.

    Le lien essentiel entre la guerre de 1914 et celle de 1939 est utilement souligné par Philippe Simonnot, après Alfred Fabre-Luce auquel il se réfère : il s'agit de l'article 251 du traité de Versailles de 1919. Cette mise en cause de l'Allemagne comme [unique] responsable de la guerre, et [unique] coupable de ses atrocités doit être envisagée sous une triple dimension, à la fois politique, diplomatique et financière.

    Telle se révèle en effet la logique du drame sanglant infligé à l'Europe, telle se construit la pensée des notes rassemblées dans ce petit volume, telle enfin se situe la cause de l'immense désordre financier imposé au monde à partir de la conférence de Gènes de 1922. C'est à cette époque que l'on a renoncé au rétablissement de l'étalon-or suspendu par la situation de guerre. Les conséquences durent encore, elles ont même été aggravées par le coup d'État monétaire de Nixon en 1971.

    Désormais le principe du recours à la fausse monnaie a contaminé les transactions internationales. Elles ne reposent plus que sur le croisement artificiel de créances et de contraintes ; la moitié au moins d'entre elles pourront être jugées effaçables. Elles risquent fort, par conséquent, de se voir anéanties un jour ou l'autre au gré des rapports de forces, provoquant l'effondrement du château de cartes.

    Sur la cause des guerres on ne peut pas se contenter de réponses aussi puériles que celles de Wilson et Clemenceau, fauteur de guerres lui-même. Philippe Simonnot ne prétend pas épuiser en 60 pages l'immense question des raisons ou plutôt des folies qui ont conduit à la première guerre mondiale.

    Il n'écartera évidemment pas les causes "économiques", ou plus précisément "mercantilistes" : celles qui prennent en compte la lente montée des tarifs protectionnistes et, parallèlement, l'ascension industrielle de l'Allemagne unifiée au cours du XIXe siècle, par le Zollverein d'abord, par la proclamation de l'Empire des Hohenzollern ensuite.

    Si l'on se reporte au livre de Gustave Le Bon, écrit en 1915 (1)⇓, on découvre que, pacifiquement, cette énorme puissance économique montante prenait, dans le début du XXe siècle, résolument la première place dans l'espace continental par le simple jeu de son commerce. Les cauchemars protectionnistes ne pouvaient donc pas en supporter la perspective. Il fallait abattre ce concurrent déloyal.

    Toute ressemblance devrait être considérée comme fortuite, cela va sans dire.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  texte bilingue édité par les Editions Europolis. 
    2.  j'insiste ici sur ce concept "d'alliance", différente d'un simple "pacte" de non-agression, que je développe dans mon livre "L'Alliance Staline Hitler" (1939-1941)
    3.  "Psychologie de la Guerre" rééditée aux Editions du Trident.

    http://www.insolent.fr/2014/06/autour-dun-petit-livre-de-philippe-simonnot.html

  • Les Occidentaux ont tendance à diaboliser inutilement Poutine…

    Entretien avec Vladimir Fédorovski

    Vous retracez le cheminement du président russe dans votre livrePoutine, l’itinéraire secret : d’après vous, quel est le fait principal de sa vie ?

    En réalité, sa vie est marquée par cinq étapes, cinq clefs pour comprendre son parcours.

    La première, c’est son enfance, pénétrée par ce sentiment de la Russie martyreà cause de la lutte contre les nazis puis ensuite de la guerre froide. Son enfance forge sa personnalité actuelle : Poutine est un homme qui répond toujours coup par coup. Jeune, il était une petite racaille, une sorte de petit caïd vivant dans un quartier défavorisé de Saint-Pétersbourg et évidemment, cette enfance a laissé une empreinte sur sa personnalité actuelle. Il s’est également construit grâce au sport, très important chez lui. Il transforme les faiblesses en force et utilise les failles de ses adversaires pour vaincre : ça, il l’a appris en devenant ceinture noire de judo… Même chose pour les échecs. Il en a tiré le goût de calculer ses coups.

    La seconde clef, c’est qu’il travaille avec tout le monde. Il ratisse d’ailleurs très large. C’est une vraie qualité car il n’a pas d’œillères. Ensuite, et c’est la troisième étape importante, mais en même temps la période la plus désagréable de Poutine : celle des magouilles d’Eltsine. Une époque totalement corrompue durant laquelle Poutine était quand même le chef des services secrets… Il prend d’ailleurs parfois plaisir à se mettre en scène comme une sorte de James Bond.

  • Crise à l’UMP : bonjour les tontons‑flingueurs

    Dire que l’UMP est en crise est un doux euphémisme.
    Pour François Fillon « Sauver l’UMP d’une disparition désormais possible : voilà l’enjeu des prochaines semaines ». Ajoutant : « Est‑ce qu’on peut mentir, tricher, détourner l’argent des adhérents et des sympathisants, et ensuite prétendre représenter la France et les Français ? ».   D’ores et déjà, le triumvirat installé en catastrophe le 27 mai dernier pour pallier la démission forcée de Jean‑François Copé est contesté par l’aile sarkozyste du mouvement, qui redoute la concurrence précisément de MM. Fillon et Juppé pour la présidentielle de 2017.

    Pendant ce temps‑là, chacun y va de sa petite phrase assassine

    Hier matin, au micro de Radio Classique, Eric Woerth a reconnu que le nombre d’adhérents du mouvement était en chute libre et ses finances dans un état catastrophique. Il a instamment demandé un cessez‑le‑feu à ses petits camarades. Il faut dire que les jours précédents avaient été particulièrement riches en mots goûteux. La palme revenant à Jérôme Lavrilleux, l’âme damnée de Copé : « Le problème dans ce milieu (sic), c’est qu’il y a des gens morts de l’intérieur : Baroin, Juppé. Copé ne l’est pas. Fillon, non plus. Lui, il est complexé de l’intérieur, il est dans l’auto‑émasculation tout en ayant besoin de prouver sa virilité. Wauquiez, c’est une raclure. NKM, ce n’est pas une belle personne. Le Maire est très sympa et vivant, alors qu’il a l’air d’un poisson froid. Sarkozy, c’est le plus vivant de tous, mais à quoi ça sert ? ».

    D’autres rafales de Kalachnikov :

     

    Debré sur Guéant : « Il est rien ». Juppé sur Wauquiez : « C’est un connard ». Debré, encore : « Qui est Nadine Morano ?! », etc. etc. Ambiance. Quant à la prestation de Christian Jacob mercredi au micro de BMFTV, elle tient du pathétique confiné. A Jean‑Jacques Bourdin qui s’étonne que le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale ignore que ce dernier a versé 700 000 € en 2012 de la société Bygmalion, Jacob finit par répondre, excédé : « Arrêtez dans la démagogie et le populisme (sic !) ». Pour Jacob, dire la vérité serait donc « populiste » : bel aveu…

    http://fr.novopress.info/168846/crise-lump-bonjour-les-tontons‑flingueurs/#more-168846

  • Procès du comité d’entreprise d’EDF-GDF : entre emplois fictifs et financement du Parti communiste

    Alors qu’une procédure a été lancée, il y a 10 ans maintenant, ce n’est que cette semaine que s’est ouvert le procès autour du détournement de fonds du comité d’entreprise d’EDF.

    Avec un budget annuel de 400 millions d’euros, le comité d’entreprise de la société semi-publique EDF, dénommé « Caisse centrale des activités sociales » (CCAS), est l’un des plus importants de France. La Cour des comptes avait alerté sur les pratiques dispendieuses de l’organisme. Les fonds de la structure auraient été utilisés pour financer des prestations de service au profit du Parti communiste français, ainsi que des emplois fictifs mis à disposition de la CGT et du même PCF. On relèvera notamment le financement de la traditionnelle fête de l’Huma entre 1997 et 2005 pour un coût avoisinant 1,2 million d’euros.

    Qui trouve-t-on parmi les prévenus ?

    Seize entités sont impliquées dans cette affaire, notamment la CGT, la société du journal L’Humanité, et la sénatrice communiste Brigitte Gonthier-Maurin. Cette dernière est soupçonnée d’avoir bénéficié d’un emploi à la CCAS alors qu’elle exerçait son activité au Parti communiste. Ce qu’elle nie, reconnaissant cependant « ne pas avoir beaucoup mis les pieds à la CCAS car j’étais sur le terrain, au parlement, à l’Unesco, dans des colloques, le but étant d’avoir toujours un coup d’avance ».

     

    La CCAS s’est portée partie civile sur l’affaire…

    Et cela, bien que le président de la CCAS, contrôlée depuis la Libération par la CGT, ait affirmé « ne pas avoir subi de préjudice ». Ce dernier élément est pourtant essentiel pour pouvoir se porter partie civile dans une affaire. La CFDT, SUD, la CGC et FO se sont également portés partie civile au côté de GDF. Redouteraient‑ils de se retrouver, eux aussi, sur le banc des accusés ? A noter qu’EDF a retiré sa plainte pour « absence de préjudice subi ». Le verdict est prévu le 24 juin.

    http://fr.novopress.info/168912/proces-du-comite-dentreprise-dedf-gdf-emplois-fictifs-financement-du-parti-communiste/#more-168912

  • Chronique de film: Welcome to New-York, d'Abel Ferrara

    Welcome To New-York, ou l’homme qui n’était qu’à un « jet » de la (p)résidence de la république.
    Disons le tout net, Welcome To New York est un film qui marquera son époque. Poursuivant le sillon entamé depuis Gogo Tales, Abel Ferrara présente une œuvre d’une grande beauté formelle. Caméra au poing et au plus près de ses personnages, il filme leur déchéance sous fond de néons rouges et de lumières tamisées. La moindre chambre d’hôtel prend ainsi l’apparence d’un purgatoire souillé par les liquides séminaux et les tâches de cognac 30 ans d’âge. Il n’a pas du être facile pour Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn de voir ainsi exposées leurs turpitudes, de plonger dans ce passé récent qu’ils auraient souhaité enterrer à jamais. Anne Sinclair s’en est d’ailleurs émue dans une tribune sur le Huffington Post. Evoquant le film, elle a manifesté son « dégoût de la façon dont M. Ferrara représente les femmes, ce qui doit illustrer ses propres pulsions » et indiqué que selon elle « Les producteurs du film projettent leurs fantasmes sur l’argent et les juifs ». Le film n’est pas antisémite, mais il est d’une infinie dureté à l’égard de l’hyper-classe, toutes obédiences confondues. Abel Ferrara n’a pas filmé avec complaisance, il n’est pas un réalisateur français subventionné mais un artiste engagé qui met toutes ses tripes et tous les moyens possibles au service de ce qui lui tient à cœur. Il n’est pas homme à concéder la moindre parcelle formelle ou scénaristique à la bienséance policée des salons mondains, il ne leur devait rien et a donc pu faire ce qui lui semblait le plus juste.

    « Devereaux », jumeau obèse de Dominique Strauss-Kahn, est incarné par le dissident gaulois numéro un. Buveur, fumeur et gros mangeur, Gérard Depardieu récite une partition phénoménale, celle du plus grand acteur vivant, de cette parcelle vivante de barbarie qui sommeille encore en nous. Littéralement plus animal qu’homme, il campe l’ex-directeur du FMI comme bloqué au stade oral, pulsionnel, enfantin, ne supportant aucune entrave à ses multiples jouissances. Pur libéral-libertaire, Devereaux accomplit les prophéties d’Ayn Rand et ne se reconnaît comme obligation que son épanouissement personnel.

    depardieu_a_nice.jpgUne planche à billets apparaît dans le premier plan du film, métaphore de la longue série de femmes « niquées » (selon son propre terme) l’ex président du FMI. Elles n’étaient d’ailleurs pas des femmes, mais des vagins convertissables en espèces sonnantes et trébuchantes. La première demi-heure de Welcome To New York montre l’agenda de l’ancien directeur du FMI avant l’ « affaire Nafissatou Diallo ». « Devereaux » propose des prostituées aux agents des services français, ce qui semble assez crédible. Toutes ses secrétaires offraient des services « particuliers », certaines spécialisées dans la fellation, d’autres dans l’effeuillage…. Notre homme lui s’abandonne pleinement à des orgies dignes de pornos amateurs. Dominique Strauss-Kahn, favori à la présidence de la République en 2010, avait un mode de vie proche d’un Patrick Sébastien sous viagra, constitué de partouzes dans l’esprit du Cap d’Agde naturiste et de constantes beuveries. Maître libidineux, il était un homme-goret auquel rien ne résistait car son « pouvoir d’achat » était illimité. Les prostituées étaient soumises à l’aura de l’homme de pouvoir au portefeuille généreusement garni. Lui se soumettait à sa sexualité débridée nourrie aux fantasmes pornographiques les plus crades, grognant comme un chien qui a trop d’os à ronger, boulimique d’argent et de stupre. « Devereaux » n’était qu’un personnage de Jean-Louis Costes, un pornocrate pipi-caca.

    welcome-to-new-york-photo-5374b9c2bdcd7-500x281.jpgLe fantôme de Pasolini semble convié dans Welcome To New York qui est l’incarnation contemporaine de Salo ou les 120 journées de Sodome. On assiste à l’avènement d’un monde post-séduction. Le mariage d’Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn semble n’avoir été contracté que pour des intérêts de classe, s’aiment-ils ? Rien n’est moins sûr. Les relations adultérines, loin d’être des « romances », sont réduites à la stricte dimension physique, au sexe. Je ne vais pas jouer les vierges effarouchées, car cela n’est pas nouveau et il n’est pas le seul. Ce qui est troublant c’est la récurrence, l’idée sous-jacente. Pour ces hommes, les femmes sont semblables aux ouvriers d’Arcelor-Mittal, des pions interchangeables, des détails de l’histoire. Abel Ferrara, italo-américain des classes modestes, rend très bien cette impression.
    Après tant de femmes consommées, consentantes, feignant le plaisir, comment « Devereaux » aurait-il pu imaginer qu’une banale femme de ménage africaine eut pu lui opposer un refus ? C’est là l’intelligence du film que de suggérer que Dominique Strauss-Kahn ait pu nier le viol en toute bonne foi. « Vous savez qui je suis ? » lance-t-il à la fameuse Nafissatou Diallo, puis il se déshabille et le viol est suggéré, mais le film ne tranche pas. A-t-il abusé de cette femme ? Nous ne le saurons pas distinctement, mais, pour reprendre l’expression de Dominique Venner, il s’agissait là de l’ « imprévu dans l’histoire ». Cet homme pensait être invincible, intouchable, sa femme avait tout préparé, il devait être le président de la république ! Tous deux ivres de pouvoir, ils ne pouvaient imaginer que surviendrait l’inattendu, le scandale absolu, l’infamie qui est venue tout gâcher. Tout ça pour avoir sorti son sexe au mauvais moment, une fois de trop. Peut-être a-t-il été piégé, mais au fond cela ne change rien, car c’est toute sa vision du monde qui a été confrontée à la réalité.
    D’ailleurs, la scène du repas durant laquelle Anne Sinclair apprend la nouvelle est, à ce titre, magistrale. Un bel appartement de Manhattan sert de décor à un repas de la grande bourgeoisie juive new-yorkaise, alors, un homme coiffé d’une kippa félicite « Simone » (prénom fictif d’Anne Sinclair ) : « je témoigne toute ma gratitude à Simone pour sa dévotion à l’égard de l’état d’Israël ». Jacqueline Bisset, interprète de Simone, retranscrit toute la morgue du personnage, son sentiment de toute puissance, bientôt détruit par une pulsion supplémentaire de son époux. En écho, vient la scène où Devereaux déjeune avec sa fille, et le petit ami de celle-ci, juste après les faits qui lui seront plus tard reprochés. Grossier, vulgaire, il ne parle que de sexe. Admirant la bouillabaisse qu’il a commandé au restaurant, il confie au petit ami de sa fille que le plat est « une sorte de partie échangiste pour poissons », une « bouillabaise », et lui demande s’il « aime niquer ». La scène est drolatique, et l’on peut se plaire à imaginer que Dominique Strauss-Kahn lui même, eut tenu de tels propos à sa fille. Toute honte bue, il n’a pas conscience que bientôt il va défaillir et être frappé par l’opprobre générale, relégué au statut de simple mortel dans la prison de Ryker’s Island.

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    Dans la deuxième phase du film est mis en lumière le traitement qu’a pu recevoir Dominique Straus-Kahn en prison. Les Etats-Unis ont ce mérite, qu’une fois emprisonné, un homme puissant n’est pas mieux traité qu’un autre. Quand il se déshabille devant ses gardiens, l’homme est faible, et peine à lever ses énormes cuisses, son ventre est gonflé tel un ballon, un vieil homme comme les autres, en piètre condition physique. Comme dans la véritable histoire, « Simone » parvient à le faire libérer et l’installe dans un immense loft, sa première réflexion est de changer la décoration. Son mari est accusé de viol mais elle trouve le moyen de se plaindre des œuvres trop « ploucs » accrochées au mur de son palais de fortune. Je ne sais pas si cette scène correspond à la réalité, mais je ne doute pas un instant que cela puisse avoir eu lieu. Ces gens étaient, et sont toujours, déconnectés du réel. Une dernière scène est à signaler pour sa beauté plastique qui renvoie aux œuvres du peintre espagnol Goya, celle de l’agression supposée de Tristane Banon. Garçonnière sordide, ambiance infernale, « Devereaux » y est figuré en dieu Bacchus insensible à la douleur qu’il inflige. Il veut lui toucher les seins, il en a le droit, il est un ancien ministre. Son pénis est le maitre du monde et ce n’est pas une jeune étudiante en journalisme qui pourra s’y refuser. Le membre en érection de « Devereaux » est une tour de Babel, toutes les ethnies y sont conviées, toutes les langues y sont pratiquées, il est l’universel.
    Dominique Strauss-Kahn ne s’est jamais repenti, car il n’a jamais estimé être coupable. Peut-être n’était-il effectivement pas coupable des faits qui lui étaient reprochés, ça nous ne le saurons jamais. Mais nous savons qu’il était un porc, qu’il considérait son pays la France comme les putes qu’il collectionnait. Sa femme et lui pensaient pouvoir nous acheter, jouir en nous et partouzer avec la France. Ils n’en auront pas eu l’occasion, tant mieux. Le mérite de Welcome To New York étant de rappeler aux Français naïfs à quoi ils ont échappé.
     
    Frédéric de Grimal http://cerclenonconforme.hautetfort.com/