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Les Bonnets Rouges comptent relancer leur mobilisation
Lors d’une conférence de presse, jeudi dernier, les leaders des Bonnets Rouges ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation, comptant réunir toute la Bretagne. Elle est fixée le 14 juin et les lieux de manifestation seront connus le 11 juin. Ils réclament la suppression de l’écotaxe pour les poids-lourds, la fin des distorsions de concurrence et du dumping social, le retour du département de la Loire-Atlantique au sein de la région bretonne ainsi que la relocalisation des décisions concernant les Bretons. L’annonce de la nouvelle réforme territoriale ne passe pas: « Il y a un tel écœurement aujourd’hui, on ressent vraiment de la part des gens un sentiment d’humiliation. La réforme territoriale, c’est vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. », a expliqué Christian Troadec.
Le dossier Bretagne est loin d’être clos pour le gouvernement. Le mouvement social breton vient de trouver une autre raison de mécontentement alors que la mobilisation semblait faiblir.
http://medias-presse.info/les-bonnets-rouges-comptent-relancer-leur-mobilisation/10995
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Philippe Muray, Le communautarisme? Un monstre
Tout récemment, dans l’émotion soulevée par un crime odieux, et aux applaudissements d’un certain nombre d’associations, on a pu voir le garde des Sceaux Dominique Perben annoncer qu’il allait soumettre au Premier ministre des propositions tendant à sanctionner les « injures homophobes » ; ce qui d’abord, précisa-t-il, impliquait de « modifier la loi de 1881 sur la liberté d’expression ».
On ne saurait trop conseiller à ce garde des Sceaux de ne pas perdre son temps à modifier la loi de 1881 sur la liberté d’expression mais de la supprimer sans façon, car très bientôt elle ne servira plus à rien dans la mesure où, par la grâce des sanctions qu’il prépare, c’est l’expression en soi, toute possibilité d’expression quelle qu’elle soit, et non pas seulement ses « abus » comme par le passé, qui va disparaître. Et nul ne s’en alarmera puisqu’une fois de plus, « dans le silence de l’abjection », l’on n’entendra « retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur ». Sauf que le délateur, aujourd’hui, loin de raser les murs, couvert de crachats et de honte, tient sous le nom jamais tout à fait revendiqué de communautariste le haut du pavé, dicte ses volontés au ministre de la Justice et déploie son hystérie sans limites sous forme de lois imposées, via les médias amplificateurs, au nom de la tolérance et de la liberté.
Et lorsque les nouvelles sanctions qu’il aura exigées seront votées, ce n’est plus seulement l’expression de ce qui lui déplaît dont il réclamera la répression accrue, mais même sa manifestation potentielle ou virtuelle. Ainsi se constituera un nouveau délit non prévu par Orwell : le crime d’arrière-pensée (ou de sous-pensée, ou de non-pensée, ou de pensée in statu nascendi). L’annonce de cette répression nouvelle et prévisible réjouit déjà les belles âmes officielles, et on a pu lire dans Le Monde un éditorial où, après quelques hypocrites bouffonneries (« Trop de loi tue peut-être la loi, comme le dit l’adage. Mais dans notre société – même si l’on peut regretter cette dérive légaliste –, sans doute faut-il un texte pour arrêter le sexisme ordinaire, celui qui fait mal et peut tuer », etc.), on s’empressait de désigner à la vengeance un journaliste de province coupable d’avoir parlé de « lynchage » ou d’«Inquisition» à propos de ce début de croisade contre l’homophobie. Et il était aisé de deviner qu’on regrettait de ne pouvoir encore le traîner devant un tribunal.
Chez les plus logiques des communautaristes, la persécution emprunte d’ores et déjà les voies du principe de précaution, et implique qu’on abatte tout le troupeau avant même qu’il ait fait la preuve de sa nocivité : pourquoi se gêneraient-ils puisque les ministres se couchent devant eux et s’empressent de transposer en mesures législatives leur délire ? Bien d’autres maîtres chanteurs, également groupés en associations de malfaisance patentée, piaffent déjà derrière la porte, avec à la main leurs innombrables pétitions qui se résument pour la plupart à exiger des pouvoirs publics un accroissement de l’arsenal répressif, ainsi qu’une politique enfin efficace de prévention, dans des domaines variés : contre les actes et propos handiphobes, contre les actes et propos féminophobes, contre les actes et propos islamophobes, contre les actes et propos jeunophobes, contre les actes et propos zoophobes, etc. Dans l’apocalypse communautariste où nous nous enfonçons, chaque groupe de pression particulier peut bien être en guerre avec les autres, ou faire semblant de l’être ; ils n’ont ensemble qu’un seul ennemi : la liberté. Du moins le peu qui en reste. Et ils sont décidés à l’achever.
Le communautarisme est un monstre. Par là, il reflète bien notre époque monstrueuse qui semble n’avoir plus d’énergie que pour en terminer de toutes les manières possibles avec la définition fondamentale de l’être humain. Et c’est bien à cela que l’on travaille lorsqu’en exigeant, par exemple, que les grands singes bénéficient des droits de l’homme on contribue à faire disparaître la barrière qui se dresse encore entre l’humanité et le monde animal ; et c’est à cela aussi que l’on s’adonne lorsque, à l’occasion d’un crime, on fait ressortir que la victime était homosexuelle avant d’être une personne humaine. D’un côté comme de l’autre, c’est l‘anthropos en général qui est nié ou en passe de l’être. Le communautarisme n’est certes pas un humanisme. Il ressemblerait plutôt à ces maladies qu’on appelle auto-immunes où le système immunitaire, brusquement, ne reconnaît plus comme siens certains constituants de l’organisme et s’attaque à eux. Dans un cas comme dans l’autre, la destruction est aussi et d’abord une autodestruction.
Ce n’est pas seulement jouer sur les mots que de remarquer qu’entre communisme et communautarisme il n’y a que quelques lettres de différence, et que tous deux ont la même origine latine, communis. Ce n’est pas non plus se laisser aller à des abus historicistes que de noter le parfait synchronisme avec lequel on a vu finir le communisme et, presque aussitôt, apparaître les délires des communautarismes et leurs premières actions d’éclat. Comme si, des ruines de l’un, avaient émergé les autres. Et comme si le dogme de la dictature du prolétariat n’avait attendu que l’occasion de se transformer en despotisme des minorités dans un monde décentralisé, désorbité, où le centralisme démocratique de jadis accouche finalement d’un décentralisme frénétique tout aussi ennemi de la démocratie, bien sûr, que l’ancien centralisme. Dans le même temps, est rétablie la vieille notion bolchévique de « suspects », indispensable dans toute situation de terreur, et sont désignés de nouveaux « ennemis du peuple » (les homophobes, les sexistes, les islamophobes, etc.). La nuisance a horreur du vide. Les espoirs d’égalité illimitée que l’ancienne idéologie avait donné à l’homme, même s’il ne vivait pas en régime communiste, et même si ces espoirs avaient été rapidement bafoués, loin de disparaître avec cette idéologie, se reconstituent mais par morceaux, de manière éclatée, en poussière de néo-soviets ou de milices vigilantes qui exercent d’abord et comme de juste leur tyrannie sur ceux qui appartiennent au groupe, puis répercutent cette tyrannie et l’étendent à l’ensemble de la société, contrainte dès lors de s’incliner devant leurs exigences particulières et de les reconnaître comme autant de bienfaits. Tous les droits à la différence additionnés débouchent alors sur l’unique droit qui reste à l’individu ordinaire, celui qui ne peut se réclamer d’aucun particularisme : le droit à la déférence.
Ces exigences, d’ailleurs, se chantent sur l’air du Bien absolu et de la positivité la plus irréfutable. Les « offres » communautaristes sont de celles qu’on ne peut pas refuser puisqu’elles parlent de justice, de tolérance, d’amour, d’équité, de métissage et d’ouverture à l’autre. Ce qui se traduit aussitôt en demandes insatiables de lois répressives. Car c’est bien sûr le Mal, ce Mal que l’on entend éradiquer (sous les divers masques du « phobe »), qui est d’ores et déjà passé avec armes et bagages dans le charabia du Bien. Il habite tout entier là même où se rabâche sa dénonciation. Il est la maladie qui parle de remède, il est la contention qui s’intitule liberté, et la haine qui tremble d’amour. Il est la mort qui vit une vie humaine et qui lui emprunte sa force. Il est la perversion qui se nomme Loi. Sous son action, les lois elles-mêmes, par principe protectrices, deviennent meurtrières. Un programme total, pour ne pas dire totalitaire, constitue l’unité cachée de mille programmes communautaristes en apparence ennemis. C’est ainsi qu’aux militantes qui affirment vouloir « imposer la défense des revendications féministes à l’ensemble du mouvement altermondialiste », fait curieusement écho l’islamiste radical qui dit sans jamais vraiment le dire qu’il veut l’islamisation de la modernité.
Le démoniaque, un nouveau démoniaque, un démoniaque moderne, n’est pas loin. Si la définition du démon est de manquer d’être, et donc de se venger de ce manque en nuisant, il est à noter que le communautariste, par manque d’être aussi, empoisonne tout le monde. Cette ancienne victime (mais le diable, « celui à qui on a fait du tort », en est une aussi) se sent menacée de disparition par intégration. La certitude de ne plus être persécutée s’échange pour elle contre le risque de mourir d’inexistence. C’est alors qu’elle se met à hurler à la discrimination et qu’elle transforme un fait-divers criminel en marchepied de ses nouvelles conquêtes. L’homme communautariste, l’homme des associations est l’homme du ressentiment sous sa figure contemporaine. Son impuissance à être l’a conduit vers les officines où bout l’esprit de vengeance. Il lui faut sans cesse des combats, des revendications, des pressions pour se sentir être parce qu’il ne peut plus éprouver l’excitation vitale que sous la forme de la persécution : celles dont il se dit menacé justifiant celles dont il demande la mise en œuvre.
Mais tout cet enfer est si bien emballé dans le pathos de l’empathie qu’on l’entend à peine crépiter. En tout cas, ce serait une erreur de croire que le bruit qui s’en élève est la mélodie du bonheur.http://www.nouveau-reac.org/textes/philippe-muray-le-communautarisme-un-monstre/
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L'Union européenne est irréformable
Bruno Gollnisch déclare dans Présent :
"Pendant longtemps, nous avons cherché à améliorer le fonctionnement de l’Union européenne, espérant ramener l’institution à plus de raison et à un plus grand respect des identités nationales. Ce que nous voulions construire, c’était une Europe des nations. Aujourd’hui, notre critique de l’institution est beaucoup plus radicale parce que nous constatons, avec regret, qu’elle est irréformable. Le gigantisme de ses appétits, aussi bien au niveau spatial qu’au niveau des compétences – elle veut tout gérer du domaine social au culturel en passant par la politique et la sexualité ! – est impressionnant. Et étonnant, car on ne peut que constater les cuisants échecs qu’elle a enregistrés, concernant tant ses décisions politiques qu’économiques, familiales, etc."
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Nutrition et santé : Mythes et propagande
Conférence du Pr Massimo Nespolo prononcée lors de la seconde journée de formation médicale du CH Mulhouse, 17 mai 2014. Les principaux mythes nutritionnels sont passés en revue: protéines, calcium, fer et phyto-oestrogènes. Dans le même temps, le fameux Programme National Nutrition Santé (PNNS) français est passé à la moulinette.
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Primes d’ancienneté et droits politiques
Extrait de la revue Renaissance Catholique n° 131
Notre pays se complaît dans les paradoxes. Ainsi la prime d’ancienneté fait partie des sacro-saints droits acquis et la jurisprudence accepte le fait que le fameux slogan « À travail égal, salaire égal » soit pondéré par la prise en compte du temps passé par chacun dans l’entreprise.
La justification morale en est que si l’entreprise Dutruc est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est en partie parce que M. Dupont est présent depuis vingt ans et a, à sa place, contribué à l’existence, voire au développement, de la société. Son collègue Durand qui a été embauché plus récemment contribue de la même manière actuellement au bon fonctionnement de l’entreprise mais objectivement sa contribution dans le temps est moindre, ce qui justifie un écart de rémunération entre ces deux personnes.
Vive la prime d’ancienneté !
La quintessence de ce système est atteinte dans la fonction publique avec le célèbre avancement à l’ancienneté. Il apparaît ainsi légitime à tous que l’ancienneté dans une entreprise permette de bénéficier d’avantages financiers. [...]
Jean-Pierre Maugendre - La suite sur Renaissance Catholique
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Pèlerinage de Chartres 2014: c'est parti!
Suivez en direct la position de la tête de colonne (alpha 1) sur cette carte.
Retrouvez des reportages pendant les 3 jours sur le site de Notre-Dame de Chrétienté.
Pour la première fois, la même de clôture à Chartres le lundi de Pentecôte sera diffusée en direct sur internet. Rendez-vous sur le Salon Beige ou sur le site du pèlerinage à partir de 15h.
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[Edito L’AF 2887] La république à bout de souffle : SE PRÉPARER
C’est, semble-t-il, à une décomposition du régime plus rapide qu’on pouvait l’imaginer, sinon l’espérer, qu’on assiste aujourd’hui. Et que les élections européennes en aient été la cause occasionnelle n’est un paradoxe que pour ceux qui oublient que l’Europe est pour le pays légal le prétexte qui leur a fait renoncer à la France.
Si les institutions continuent de fonctionner, c’est mécaniquement, car la coupure avec les Français est consommée : ils ne croient plus dans les capacités d’illusionnistes de nos élites dirigeantes, de droite comme de gauche. Le spectacle offert tant par une UMP que l’étalement de ses malversations finit de déconsidérer auprès du pays réel, que par un parti socialiste réduit à la portion congrue — 14% de l’électorat — et, de ce fait, tenté par la mutinerie pour ne pas couler avec le Titanic de l’exécutif, est proprement sidérant. On peut d’ailleurs se demander dans quel monde vivent des représentants du peuple qui ne s’aperçoivent pas que plus ils sont « à gauche », notamment sur les questions de société ou de justice, plus ils sont rejetés par les Français. Un telle surdité aux préoccupations et aux demandes de leurs concitoyens confine à l’autisme.
Chacun sent que le bateau prend eau de toutes parts. Discrédité, le pouvoir peut encore intimider par la répression, il n’est plus respecté dans les consciences. La république paraît à bout de souffle. Nous ne saurions toutefois nous en réjouir si personne n’est là pour prendre la relève. Car un effondrement politique est toujours un moment de faiblesse pour une nation.
Se préparer n’est plus simplement un devoir. C’est devenu une nécessité.
François Marcilhac - L’AF 2887
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Edito-L-AF-2887-La-republique-a
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Sortie de l’Euro et dette publique
Un argument récemment soulevé par les adversaires d’une dissolution de la zone Euro consiste à dire que le retour à des monnaies nationales poserait des problèmes insurmontables quant au financement de la dette française. Ceci se traduirait tant par la nécessité pour la Banque de France de monétiser une large part du stock de dettes existant, entraînant ainsi un risque d’hyperinflation, que par une hausse des taux sur la dette qui viendrait dégrader le solde budgétaire. On notera cependant que ces arguments sont mutuellement exclusifs. Soit la Banque de France doit monétiser « en masse », et par définition cela fera baisser les taux d’intérêts, soit elle ne procède qu’à des monétisations très réduites, qui excluent le risque d’hyperinflation, et alors se posera le problème des taux d’intérêts. Il convient donc d’analyser ce problème en séparant la question de la gestion du stock existant des dettes de son accroissement, et en regardant précisément quelle est la part de ce stock que l’on refinance chaque année. On constate alors qu’en réalité aucun des deux risques mentionnés ne se manifeste, si des modifications adéquates du cadre institutionnel sont mises en œuvre. Par contre, il y existe un risque de voir les taux d’intérêts sur les bons du Trésor tomber en dessous du niveau minimum pour assurer le bon fonctionnement des compagnies d’assurance. Ce risque implique que les politiques du Trésor et de la Banque de France soient étroitement coordonnées, ce qui implique à son tour que l’on mette fin à l’indépendance de la Banque de France.
De quoi s’agit-il ?
La dette de la France était d’environ 1925 milliards d’euros à la fin de 2013[1]. Cette dette est la dette globale de l’ensemble des administrations publiques. La dette nette s’élevait à 1768,7 milliards d’euros, dont 1431,9 milliards pour l’Etat, 166,7 milliards pour les organismes de sécurité sociale et 170 milliards pour les administrations locales.Source : INSEE
La dette négociable de la France, qui est la seule pertinente pour ce qui nous intéresse, s’élevait quant à elle au 31 mars 2014 à 1502,2 milliards, et avait une durée moyenne de 6 ans et 343 jours[2]. On remarque que la durée de vie moyenne tend à baisser depuis 2011 (ou elle était de 7 ans et 57 jours) mais reste relativement élevée. Le ratio entre la dette à long et moyen terme et la dette à court terme (moins d’un an) s’est cependant amélioré. La dette à court terme qui représentait 15,7% de la dette à long terme à la fin de 2011, n’en représente plus que 14,1% (mars 2014). Cette dette est détenue à 64,5% par des non-résidents[3].
Les besoins de financement de l’État se décomposent donc en besoins liés à la « nouvelle dette » (équivalant au déficit budgétaire de l’année) et en besoins issus de l’ « ancienne dette » dont il faut assurer le « roulement » soit le renouvellement des emprunts quand cette dette arrive à maturité.Source : Agence France-Trésor
La « nouvelle dette » est constituée par le déficit budgétaire. Le total à financer par an était pour l’année 2013 donc de[4] :
60,8 milliards pour l’amortissement de la dette à long terme.
46,1 milliards pour l’amortissement de la dette à moyen terme.
74 milliards pour le déficit.
1,6 milliards pour l’amortissement de la dette reprise par l’État.
Soit un total de 182,5 milliards d’euros.
A ce montant il faut ajouter les 186 milliards de dette à court terme (moins d’un an) qui sont constamment renouvelés. Le besoin global de financement est de 368,5 milliards d’euros soit 18,5% du PIB par an. Le besoin de financement net (correspondant au déficit budgétaire) d’environ 3,7% par an et l’on peut considérer que tel sera encore en 2014 le chiffre qu’il faudra financer.
Ces sommes recouvrent donc deux mouvements distincts. Tout d’abord un besoin de financement absolu, qui est un flux. Ce dernier est strictement égal au déficit budgétaire de la France. Puis, on doit faire face au renouvellement d’un stock de dette. Ce problème est ici important parce que l’on suppose implicitement que dans le cadre d’une dissolution de la zone Euro, une partie du stock détenue par des non-résidents ne serait pas rachetée par ces derniers et passerait donc progressivement entre les mains d’agents résidents, qu’il faut déterminer. C’est ce mouvement qui est, et de loin, le plus important, et qui pose le plus de problèmes. Mais il faut savoir qu’il est cependant limité et lié au total du stock de dette existant.
Les capacités de financement de la France
Ce chiffre de 450 milliards sur un an doit donc être mis en face des capacités de financement de l’économie française, et surtout de la part de ces capacités que la France peut consacrer à la dette. Cela implique aussi une réflexion sur le cadre institutionnel que l’on mettra en place à l’occasion d’une dissolution de la zone Euro. La position que j’ai constamment défendue depuis 2009 est qu’une sortie de l’Euro n’a de sens que si elle s’accompagne d’un changement des règles en ce qui concerne la finance, visant à « renationaliser » le marché financier français et à « définanciariser » en partie l’économie française. Ceci passe tant par une réforme du statut des banques, séparant de manière stricte les activités financières (épargne et spéculation) mais aussi les fonctions de banque et celles de compagnies d’assurance, que par la mise en place de réglementations particulières visant tant à redonner à la puissance publique sa place prééminente qu’à réduire les contacts qui existent entre le marché financier français et les autres marchés financiers.
Il y a tout d’abord l’épargne financière des ménages et les capacités de financement des institutions financières. Pour les capacités financières des ménages, elles s’élevaient à la fin de 2013 à 71 milliards d’euros par an[5]. Ce chiffre est aujourd’hui plutôt bas ; il était d’environ 90 milliards en 2011. Mais c’est lui que nous utiliserons par la suite.
Nous avons ensuite l’actif des établissements financiers en France métropolitaine, ce qui comprend les banques et les compagnies d’assurance. Une partie de cet actif est constitué de bons du Trésor. Pour ce qui concerne les banques, il est d’environ 4900 milliards d’euros[6]. Pour les compagnies d’assurance (hors les compagnies liées aux banques), on arrive à un total de 1000 milliards, dont 50% environ est constitué de bons du Trésors des différents États (de la zone Euro mais aussi des États-Unis).
En ce qui concerne les banques, la réintroduction d’un plancher minimum de 25% en effets publics, mesure qui a été envisagée justement pour revenir à un marché financier relativement fermé, et qui fut appliquée jusqu’au années 1980, obligerait les banques à détenir environ 1225 milliards d’euros soit l’équivalent de 81,5% de la dette négociable existante aujourd’hui.
On a vu que les compagnies d’assurance (hors compagnies issues des banques) détiennent environ 500 milliards d’euros en bons du trésor, dont probablement seulement 150 milliards en bons du Trésor français. Si l’on porte la limite obligatoire de détention de ces bons émis par le Trésor français à 40% de l’actif, on dégage une capacité de financement nette de 250 milliards d’euros. On voit que de telles mesures seraient plus que suffisantes pour assurer la détention du stock de dette qui est aujourd’hui entre les mains des non-résidents.
Les banques françaises, en effet, ne détiennent actuellement qu’environ 580 milliards d’euros de titre de dette de l’État. La réintroduction de ces planchers d’effets publics leur imposerait d’acheter environ 645 milliards d’Euros. En admettant que l’effet de cette mesure soit étalé sur 2 ans, ce sont donc 322,5 milliards que les banques apporteraient ainsi au marché des obligations publiques chaque année. Ajoutons à cela des mesures analogues qui pourraient être prises sur les sociétés d’assurance, et l’on arriverait rapidement à un montant total de capacité de financement de la dette détenue qui serait égal ou supérieur aux montants nécessaires à financer.
Le risque inflationniste
Ainsi, même si les non-résidents décidaient de ne plus acheter de dette française dans les deux années suivant une dissolution de la zone euro et le retour à la monnaie nationale, l’équilibre de financement serait amplement réalisé. Il n’y a donc pas de nécessité que la Banque de France intervienne massivement et donc pas de risque inflationniste pour la part de la dette détenue par des non-résidents, si ces derniers ne souhaitaient pas conserver la partie de leur dette qui arrive à maturité dans l’année. A terme, le montant total des dettes détenues par le système financier français serait égal au stock total des dettes. Par contre, il faudra être vigilant aux conditions d’exercice des compagnies d’assurance et des banques.
Si l’on considère maintenant le flux annuel lié au déficit budgétaire, on constate que 50 milliards provenant de l’épargne des ménages pourraient aussi aller vers les obligations publiques. Cela laisse un « trou » de 24 milliards d’euros, soit 1,2% du PIB. Il pourrait être comblé soit par les besoins des établissements financiers que l’on a évoqués soit par l’équivalent des avances au Trésor Publique faites par la Banque de France. Dans ce cas, on constate que la capacité de financement de la nouvelle dette publique nette par l’économie française est assuré. Les montants de ces avances faites au Trésor sont bien trop faibles pour engendrer le moindre risque d’hyperinflation. Nous sommes en effet très loin des effets tant directs qu’indirects du « quantitative easing » auquel a procédé la FED à de multiples reprises. Or, ce « quantitative easing » n’a pas provoqué de poussée inflationniste aux États-Unis. Bien entendu, des différences existent entre la France et les Etats-Unis, essentiellement dans la dynamique de l’évolution de l’économie. On rappelle que le problème du financement de la dette est supposé se poser dans le cas d’une dissolution de la zone Euro, et sous l’hypothèse que les non-résidents ne procèderaient plus à des achats de dette. Or, une dissolution de l’Euro, accompagnée d’une dépréciation du Franc rétabli aurait des effets très positifs sur l’économie française, ce qui a été calculé[7]. Dans cette situation, le déficit budgétaire se réduirait rapidement et l’économie retrouverait une forte croissance.
La question des taux d’intérêts
Si un équilibre entre besoins de financement et offre de financement peut être réalisé, il faut se poser le problème du prix auquel il se réalise et de la possibilité de désajustements transitoires de cet équilibre. Le prix, i.e. le taux d’intérêt, est déterminé par l’offre de financement. Cette dernière étant contrainte par un effet de réglementation, le taux d’intérêt se fixera forcément très bas. Il est même possible qu’il se fixe à certains moments trop bas du point de vue de l’équilibre de fonctionnement des compagnies d’assurance. Ce sera alors à l’État, en tant que puissance émettrice, de réglementer ces taux.
On constate donc que le « re-nationalisation » du stock de dette existant ne pose pas de problèmes insurmontables. Même si les non-résidents arrêtaient leurs achats de dette française, les institutions financières peuvent se substituer à eux. Le financement du déficit budgétaire peut être assuré avec une intervention faible de la Banque de France, qui contribuerait ici à orienter les taux d’intérêts (en augmentant le volume de ses avances si des tensions se faisaient jour, en le diminuant si les taux tombaient en-dessous de ce qui serait considéré comme nécessaire pour les compagnies d’assurance). La sortie de l’Euro ne se solderait donc ni par une poussée hyperinflationniste ni par une hausse incontrôlée des taux d’intérêts. Par ailleurs, il est hautement probable que l’amélioration de la santé de l’économie française à laquelle elle aboutirait provoquerait un retour rapide des investisseurs internationaux vers notre pays. On signale ici qu’il serait alors de la plus haute importance de bien maîtriser les conditions de ce retour si l’on veut éviter qu’il ne produise une appréciation du Franc qui pourrait détruire une partie des effets de la dépréciation à la suite de la sortie de l’Euro. Il convient de se souvenir que, pour pouvoir déployer une politique de réindustrialisation, politique dont l’horizon sera d’au moins une dizaine d’année, la France aura besoin d’un taux de change sous-évalué pendant une partie de cette période.
Mais, cela implique aussi des changements institutionnels importants dans l’espace financier français, qu’il s’agisse de la fin de l’indépendance de la Banque de France (qui devrait cependant garder un statut d’autonomie quant à l’emploi de ses moyens) ou du cadre réglementaire des banques et des compagnies d’assurance. De ce point de vue, une sortie de l’Euro a donc bien des conséquences très profondes sur l’économie française. Mais, ce sont justement ces conséquences, ce que l’on peut appeler la « définanciarisation » de l’économie, qui font une partie importante de l’intérêt d’une sortie de l’Euro.Jacques Sapir
[1] http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=40
[2] Agence France-Trésor : http://www.aft.gouv.fr/rubriques/encours-detaille-de-la-dette-negociable_159.html
[3] Agence France-Trésor : http://www.aft.gouv.fr/rubriques/qui-detient-la-dette-de-l-etat-_163.html
[4] http://www.aft.gouv.fr/articles/programme-indicatif-de-financement-pour-2013_11264.html Le déficit réel sur 2013 à été de 3,7% du PIB soit 74 milliards d’euros et non 62 milliards comme initialement prévu.
[5] Banque de France, https://www.banque-france.fr/uploads/tx_bdfstatistiquescalendrier/2013-T4-tableau-de-bord-trimestriel-epargne-des-menages_01.pdf
[6] Banque de France http://www.banque-france.fr/fileadmin/statistiques/fr/base/csv/mi.m.fr.n.a.at0.a.1.u6.0000.z01.m.e.b.x.csv
[7] Sapir J, Murer P. et Durand C., Les scenarii de dissolution de l’Euro, fondation Res Publica, septembre 2013. -
Le hollandisme, maladie infantile du socialisme...
par Jean-Paul BrighelliVous pouvez découvrir ci-dessous un texte décapant, et assez étonnant, de Jean-Paul Brighelli, qui sur le site de Causeur règle violemment son compte au parti socialiste et à son gauchisme culturel.Professeur en classes préparatoires, défenseur de l'élitisme républicain, Jean-Paul Brighelli est l'auteur, notamment, de nombreux essais sur le système éducatif, comme La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école (Jean-Claude Gawsewitch, 2005). Il est également l'auteur de La société pornographique (Bourin, 2012).La droite est le nouveau véhicule des ambitions révolutionnairesJean-Pierre le Goff, dont le petit doigt est à lui seul plus cultivé, politiquement parlant, que l’ensemble du gouvernement, s’est récemment fendu d’une analyse de la politique « sociétale » du gouvernement dont je ne saurais trop recommander la lecture aux gens intelligents qui viennent faire un tour sur Bonnet d’âne. L’auteur de La Barbarie douce (1999 — remarquable analyse de ce qu’une certaine gauche pédago a fait de l’école, sous prétexte de faire réussir tout le monde à l’occasion de la semaine des quatre jeudis) y dissipe avec une grande rigueur le rideau de fumée qu’un parti social-démocrate — le PS et ses alliés —, qui a renoncé à tout vrai principe de gauche, a développé pour camoufler le fait qu’il a renoncé à toute intervention crédible dans le domaine économique — le seul susceptible de faire bouillir la marmite des damnés de la terre — et classes moyennes comprises, cela finit par faire du monde.Résumons : les lois sur le mariage gay, par exemple, sont des manifestations typiques de ce gauchisme culturel que dénonçait Lénine en 1920 — une déviation qui sous prétexte de « pureté » révolutionnaire, feint d’oublier que le facteur économique est déterminant en dernière instance — et pas l’autorisation de passer ou non devant un maire (et, in fine, devant un juge aux Affaires familiales), ou l’affirmation un peu péremptoire qu’un double cunni peut engendrer des bébés (ou en donne l’autorisation, ce qui revient au même). Ce qui aurait été vraiment révolutionnaire (un terme incompatible avec les libéraux au pouvoir, nous sommes bien d’accord), c’eût été de proclamer la non-nécessité du mariage bourgeois, et l’égalité des droits pour tous : le prolétariat, qui n’avait pas les moyens de s’offrir une dot, a inventé l’union libre de fait bien avant que les pseudo-libertaires ne s’en emparent.Le Goff ou moi — question de génération — avons expérimenté jusqu’au dégoût les impasses du gauchisme culturel, qui à se vouloir pur et sans compromission avec les « partis bourgeois » (c’est tout le sens de la diatribe de Lénine) a fini par sombrer dans la collaboration de classe la plus honteuse : on évite de s’allier au P«C»F, comme on écrivait à l’époque, on critique le Programme commun, on se croit révolutionnaire parce qu’on lit le Monde et on finit suceur de barreau de chaise à Libé ou publiciste chez… Publicis. Ou prof sur le Net, jusqu’auboutiste des causes les plus variées et les plus avariées qui n’ont jamais qu’un seul objet (et la plupart de leurs thuriféraires ont si peu de conscience politique qu’ils ne s’en aperçoivent pas) : défendre l’état des choses, la répartition actuelle du capital, la « rigueur budgétaire » et l’Europe de Juncker-Schulz.Quitte à paraître plus léniniste que Vladimir Ilitch, je voudrais le répéter encore et encore : le seul problème, c’est de donner à manger à ceux qui ont faim. Et cela fait du monde, en France même : on s’occupera du reste du monde ultérieurement, l’alter-mondialisme est une déviation majeure qui permet de se préoccuper des « étrangers », des primo-arrivants, des manouches et de ceux qui croient que Yannick Noah est un artiste, au lieu d’imposer une politique qui redonne au moins l’espoir de grignoter un peu de l’immense fortune française — la redistribution oui, les réformes Taubira (la femme qui ne sait pas chanter la Marseillaise, et encore moins l’Internationale) non. Évidemment, il est plus simple d’amuser le peuple, via des journalistes incompétents et / ou complices, avec des écrans de fumée, en espérant que cela vous donnera une chance en 2017, qu’avec une réduction visible des inégalités.Au passage je préfère être dans ma peau que dans celle de Thomas Piketty, qui s’est décarcassé à prouver à ses anciens amis qu’une autre politique économique est nécessaire (et possible), et qui est le plus grand cocu de l’arrivée de la « Gauche » au pouvoir et qui a bien compris, en allant vendre sa salade aux USA, qu’il est possible de travailler avec des capitalistes intelligents, en attendant de prendre le pouvoir pour de bon, mais pas avec des « socialistes » français obsédés par les sondages, aveuglés d’ambitions minuscules et de mauvaise foi — définitivement disqualifiés.Mélenchon a raté le coche : à faire du Parti de Gauche le véhicule d’une ambition personnelle, il n’est pas parvenu à présenter ses propositions économiques comme une solution aux difficultés croissantes des Français. La seule qui a capitalisé sur le sentiment intense de frustration, c’est Marine Le Pen. Calcul ou retournement, le FN tient ces temps-ci un discours anticapitaliste très drôle à entendre, pour qui se rappelle ses prises de position ultra-libérales d’il y a quelques années. De même, il (ou le Comité Racine qui théorise pour lui) a sur l’Ecole des positions que 90% des profs approuvent, en le disant ou sans le dire — et les 10% qui restent sont juste les hommes-liges du PS et des Verts, ceux qui ont ou qui espèrent des positions compatibles avec leur petitesse conceptuelle, pas avec le bien public, et certainement pas avec celui des élèves.Alors soyons tout à fait clair : si demain je pense qu’une alliance tactique avec des partis de droite (un ticket Juppé-Bayrou, mais aussi bien un infléchissement du Bleu-Marine) peut faire avancer la cause de ceux qui souffrent réellement, victimes des dégraissages des grandes entreprises, de la politique de déflation systématique, ou des prétextes démagogico-pédagogiques qui théorisent le succès de tous afin de réaliser la réussite des mêmes, eh bien je m’allierai, et sans un battement de cils. Parce que toute alliance avec le PS est devenue impossible (et depuis plusieurs années, depuis l’ère Jospin en fait), et que persister à se vouloir « de gauche » avec les guignols sanglants qui nous gouvernent est une entreprise illusoire : la Droite est aujourd’hui — parce que les uns sont en crise, et que les autres ont faim de pouvoir — le véhicule le plus commode des ambitions réellement révolutionnaires.Jean-Paul Brighelli (Causeur, 3 juin 2014)