Pour Joël Gombin, chercheur spécialiste du FN, "le Front national a pu mobiliser grâce à une ligne claire sur l'Europe et sur l'immigration" au contraire d'une UMP minée par les polémiques. Et fidélise ses électeurs.
Marine Le Pen a gagné son pari et pour la première fois, le Front national est arrivé en tête lors d'une élection nationale avec 25% des voix aux élections européennes. Au moins 25 députés d'extrême droite vont prendre place à Strasbourg.
Pour Joël Gombin, chercheur spécialiste du Front national et membre de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, "le Front national a pu mobiliser grâce à une ligne claire sur l'Europe et sur l'immigration", au contraire d'une UMP minée par les polémiques.
Mais "c'est une victoire en trompe l'œil pour Marine Le Pen et les souverainistes", incarnés par Florian Philippot. Interview.
Marine Le Pen et Florian Philippot affirment que le Front national est devenu "le premier parti de France". Est-ce vrai ?
- Sous l'angle des sciences politiques, le Front national n'est pas le premier parti de France. Il n'est pas le premier parti en nombres militants. Il ne l'est pas non plus parce qu'il n'a pas de poids dans les institutions de la République. Par contre, et c'est indéniable, son poids électoral va en grandissant. C'est ce qu'on remarque pour ces élections européennes. De côté-là, le Front national est arrivé premier.
Quel est l'intérêt pour le Front national d'affirmer être le "premier parti de France", affiches à l'appui ?
- C'est avant tout symbolique. Depuis 2011, le Front national est dans une dynamique positive. Il vole de victoire en victoire. Déclarer que l'on est le premier des partis, c'est s'assurer d'abord la mobilisation de ses militants. Cela fait partie aussi de la construction politique, qui est avant tout une guerre de communication. En cela, Marine Le Pen est aidée par les médias et les autres partis politiques. Les médias sont friands de ce genre de slogan. Marine Le Pen l'a bien compris et elle les nourrit volontiers.
Dans une élection d'habitude défavorable au Front national, comment a-t-il pu arriver à un tel score ?
- Il faudra un peu de temps pour comprendre tous les ressorts qui ont permis au Front national d'atteindre 25% des voix. On peut tout de même constater une surmobilisation de l'électorat frontiste, qui va plus voter que l'électorat de gauche ou de l'UMP. Et pas seulement pour ce scrutin. Depuis 2011, le Front national n'a jamais délaissé une seule élection, qu'elle soit partielle ou nationale.
Au-delà du contexte économique, le Front national a pu mobiliser grâce à une ligne claire sur l'Europe et sur l'immigration. C'était d'autant plus facile que la ligne de l'UMP, miné par les affaires et les polémiques, était floue sur ces questions. Avec une telle position, le Front national a pu embarquer des électeurs décontenancés par les propos des cadres de l'UMP.
L'électorat du Front national est-il de moins en moins volatile ?
- L'électeur frontiste est de plus en plus fidèle. Surtout, on constate qu'un électeur qui vote pour la première fois pour le FN, continuera de voter pour ce parti à chaque élection. L'adhésion est de plus en plus forte. Il y a aussi moins d'aller-retour des électeurs entre l'UMP et le FN. De plus en plus, il reste dans le giron de l'extrême droite.
Marine Le Pen et Florian Philippot affirment que le Front national est devenu "le premier parti de France". Est-ce vrai ?
- Sous l'angle des sciences politiques, le Front national n'est pas le premier parti de France. Il n'est pas le premier parti en nombres militants. Il ne l'est pas non plus parce qu'il n'a pas de poids dans les institutions de la République. Par contre, et c'est indéniable, son poids électoral va en grandissant. C'est ce qu'on remarque pour ces élections européennes. De côté-là, le Front national est arrivé premier.
Quel est l'intérêt pour le Front national d'affirmer être le "premier parti de France", affiches à l'appui ?
- C'est avant tout symbolique. Depuis 2011, le Front national est dans une dynamique positive. Il vole de victoire en victoire. Déclarer que l'on est le premier des partis, c'est s'assurer d'abord la mobilisation de ses militants. Cela fait partie aussi de la construction politique, qui est avant tout une guerre de communication. En cela, Marine Le Pen est aidée par les médias et les autres partis politiques. Les médias sont friands de ce genre de slogan. Marine Le Pen l'a bien compris et elle les nourrit volontiers.
Dans une élection d'habitude défavorable au Front national, comment a-t-il pu arriver à un tel score ?
- Il faudra un peu de temps pour comprendre tous les ressorts qui ont permis au Front national d'atteindre 25% des voix. On peut tout de même constater une surmobilisation de l'électorat frontiste, qui va plus voter que l'électorat de gauche ou de l'UMP. Et pas seulement pour ce scrutin. Depuis 2011, le Front national n'a jamais délaissé une seule élection, qu'elle soit partielle ou nationale.
Au-delà du contexte économique, le Front national a pu mobiliser grâce à une ligne claire sur l'Europe et sur l'immigration. C'était d'autant plus facile que la ligne de l'UMP, miné par les affaires et les polémiques, était floue sur ces questions. Avec une telle position, le Front national a pu embarquer des électeurs décontenancés par les propos des cadres de l'UMP.
L'électorat du Front national est-il de moins en moins volatile ?
- L'électeur frontiste est de plus en plus fidèle. Surtout, on constate qu'un électeur qui vote pour la première fois pour le FN, continuera de voter pour ce parti à chaque élection. L'adhésion est de plus en plus forte. Il y a aussi moins d'aller-retour des électeurs entre l'UMP et le FN. De plus en plus, il reste dans le giron de l'extrême droite.
Que peut apporter une telle victoire au Front national ?
- Déjà, son nombre de députés au Parlement européen est quasiment multiplié par dix. Cela va donner de la visibilité à ces cadres. Une visibilité qui sera encore plus grande si le Front national arrive à créer un groupe avec les autres formations populistes et europhobes.
Ensuite, être au Parlement, c'est avoir de l'argent pour former une petite troupe de salariés au parti. Chaque député pourra embaucher des assistants qui vont être confrontés à des dossiers importants. La stratégie de professionnalisation et restructuration du parti chère à Marine Le Pen va s'accélérer.
Avec au moins 25 députés européens, le FN va pouvoir attirer des militants de droite mais aussi des cadres en quête de professionnalisation politique. D'où vont-ils venir ? De l'UMP mais aussi des autres formations souverainistes.
La victoire du Front national est-elle dû à la ligne souverainiste, incarnée par Florian Philippot, ou identitaire, qui sont souvent en confrontation au sein du parti ?
- Ce qui est certain, c'est que cette élection ne va pas mettre fin au conflit qui existe entre les souverainistes, qui sont sur une ligne anti-euro, les identitaires, très motivés par les thématiques de l'immigration. Néanmoins, Marine Le Pen et Florian Philippot vont profiter de cette victoire pour affirmer leur pouvoir.
Toutefois, c'est une victoire en trompe l'œil pour Marine Le Pen et les souverainistes. La majorité de l'électorat frontiste a voté en ayant en tête l'immigration, alors que la campagne était centrée sur des propositions souverainistes. L'analyse que fera Marine Le Pen de sa victoire sera peut être fausse.
Propos recueillis par Paul Laubacher le 25 mai 2014.
source : Le Nouvel Observateur :: lien
http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EupEuApEVVgGvEIAAZ.shtml