- Page 7
-
-
Où l'on reparle des frontières...
La série d'attentats islamistes en Europe occidentale renforce le parti du combat de tranchée. Quoi de plus naturel pour attraper les Freux d'Allah que de remettre partout les barrières douanières laissant ensuite à chaque pays la responsabilité de la chasse sur son territoire. C'est tellement évident que pointe au fond du cortex reptilien du Néanderthal Nouveau le doute métaphysique : Et si c'était trop simple ? Une fois les frontières blindées et le Mur de l'Atlantique relevé - comment, par qui et à quel prix? - nous nous sentirons à nouveau chez nous. Sauf que...
On apprenait jadis au collège que le territoire métropolitain faisait 550.000 km², soit mille kilomètres en hauteur, de Dunkerqueà Tamanraau Perthus et autant de Brest à Strasbourg. Ce grand pays est troué partout de nids à rats* où s'avère gésir la menace la plus menaçante, auquel cas il ne faudra pas attendre longtemps pour que le principe de l'infranchissable relève aussi les octrois des villes et barrent les routes de postes de gendarmerie cantonale, et ailleurs de portiques capables de faire un fond d'œil des conducteurs à transmettre en temps réel au commandement central de la Vallstasi, enfoui dans les carrières de gypse de Taverny (Val d'Oise). C'est une amélioration sensible du dispositif de coercition que connut la France occupée par nos cousins germains.(*) M. le Ministre de la Ville en compte une centaine en métropole.
Des voix s'élèvent du camp de la frilosité pacifiste pour annoncer un coût économique sensible pour la France et ses voisins et au-delà. Ce qui tombe mal pour un Etat en faillite incapable d'impulser aucune amélioration mais ayant tout fait pour gélifier l'emploi chez nous quand il croît partout ailleurs. Se sont penchés sur le problème le Commissariat français à la stratégie, mieux connu à l'enseigne de France Stratégie, et la Fondation allemande Bertelsmann qu'on ne présente plus.
France Stratégie chiffre à dix milliards d'euros par an (source FS) l'abandon du dispositif Schengen. La généralisation des contrôles permanents serait équivalente à une taxe de 3% sur le commerce entre les pays de la zone Schengen, qui diminuerait structurellement de 10 à 20%.
La Fondation Bertelsmann (épaulée par l'Institut Prognos) voit grand. Son travail couvre 42 pays qui représentent 90% du commerce mondial. On y apprend que le rétablissement des contrôles au sein de l'espace de libre circulation Schengen entraînerait dans l'Union européenne un surcoût des échanges commerciaux situé entre 470 et 1400 milliards d'euros en dix ans selon l'hypothèse dérivée (Source FB). La France en serait pour 80-244 Mds€ et l'Allemagne pour 77-237 Mds€ selon l'hypothèse dérivée. Mais c'est la Grande Bretagne qui douillerait le plus avec une fourchette de 87-264 Mds€ sans prendre en compte le Brexit. Tous les autres pays seraient touchés jusqu'aux Etats-Unis et en Chine.
On savait l'Union européenne première zone économique mondiale mais sans doute pas à ce point ! Le Big Bizness va-t-il laisser faire ? Inutile d'envisager une quelconque opposition musclée des miquets que nous nous sommes choisi comme gouvernants. Les "gros cigares" ne se laisseront pas impressionner par qui vous savez, sauf à laisser les démagogues s'agiter dans les lucarnes bleues, la main sur le cœur et le menton haut. Alors quoi ?
La menace est l'espèce humaine, pas les bocaux de NutellaLa libre circulation des marchandises doit être maintenue le plus possible afin de préserver nos atouts : import-export, investissements industriels et logistiques, agriculture commerciale sont les atouts européens. Notre compétitivité internationale n'est pas un slogan, elle induit l'emploi et par ricochet le financement de nos modèles sociaux ; elle est donc primordiale pour tous ceux qui n'émargent pas au payroll public. Dans le mensuel NPI, Nathaly Stey nous précise que les contrôles aux frontières intérieures de l'UE, en diminuant la fiabilité des délais de livraison, mettrait à mal les schémas de production décentralisée faisant appel à des produits semi-manufacturés en provenance de plusieurs pays européens. A terme, une telle évolution aurait des conséquences sur l'accueil d'investissements sur le territoire européen. L'abandon de Schengen aurait surtout un effet très lourd sur les travailleurs frontaliers (source NPI).
La logique voudrait donc que l'on sépare les flux - le fer d'un côté, le steak de l'autre - et que l'on privilégie pour y atteindre le fret massifié et le report modal. C'est bien la route ouverte à tout le monde qui crée le problème "Schengen". Deux vecteurs hors-route sont convoqués à cette spécialisation, la voie d'eau et la voie ferrée. Par chance elles participent à l'équation environnementale. Favoriser le report modal consiste à mettre côte-à-côte le navire de haute mer, la barge fluviale et le train-bloc au détriment du camionnage qui atomise le transport et suscite les contrôles (comme à Calais). L'Europe occidentale a tout le savoir-faire nécessaire pour améliorer son report modal et elle peut investir dans la séparation des flux routiers en approche des frontières si on en reste au schéma de frontières intérieures blindées. Les passagers seront, eux, bombardés de rayons dans les gares, aérogares, et postes douaniers jusqu'à la généralisation de la biométrie partout. Nous vivrons alors une époque formidable de flicage global comme ne pouvaient l'imaginer les polices communistes dans leurs rêves les plus fous. Non ? Alors quoi ?
Passer à l'offensive serait plus économique et moins liberticideEffectivement, on pourrait moins se défendre et attaquer plus. En commençant par chez nous ! Quand un gouvernement, normalement monté, décidera-t-il de purger les "quartiers" de leur armement ? On sait faire parce que l'histoire nous a montré comment faire. On sait aussi spécialiser la procédure aux populations intéressées. Expliquer cela dans ce blogue contreviendrait aux lois, mais...
Priorité au renseignement : le renseignement offensif doit être ciblé par économie des moyens et commandé par des gens intelligents et non par des courtisans. Lesrésultats doivent être traités à part selon des procédures légales adaptées, supervisées par des parquets spécialisés. Ces résultats doivent être mis hors d'état de nuire et leur environnement neutralisé pour de bon tout en préservant les ratières utiles. Autant dire que le cadre légal pourrait mieux faire. Mais ceci serait un chapitre supplémentaire qui nous départirait de notre sérénité proverbiale.
En conclusion, pour mettre efficacement nos concitoyens en sûreté, nous avons le choix entre le flicage global qui a la faveur des esprits simples et l'attaque frontale de la menace. Pourrons-nous attendre treize mois ? Peut-être ! -
L’ÉPOPÉE NAPOLÉONIENNE : L’ÉTERNITÉ D’UN MYTHE (1)
« Qui de nous, Français ou même étrangers de la fin du XIXe siècle, n’a pas senti l’énorme tristesse du dénouement de l’Epopée incomparable ? Avec un atome d’âme c’était accablant de penser à la chute vraiment trop soudaine du Grand Empire et de son Chef ; de se rappeler qu’on avait été, hier encore, semble-t-il, à la plus haute cime des Alpes de l’Humanité ; que, par le seul fait d’un Prodigieux, d’un Bien-Aimé, d’un Redoutable, comme il ne s’en était jamais vu, on pouvait se croire, aussi bien que le premier Couple dans son Paradis, maîtres absolus de ce que Dieu a mis sous le ciel et que, si tôt après, il avait fallu retomber dans la vieille fange des Bourbons ! »
Cette évocation est extraite du bref essai de Léon Bloy, L’âme de Napoléon, dans lequel il présente une vision très personnelle de celui qu’il désigne aussi comme « la Face de Dieu dans les ténèbres ». Un ouvrage foncièrement partial, ouvertement élogieux mais surtout éminemment mystique. L’auteur du Sang du Pauvre y développe ses réflexions sur l’Empereur ou plutôt sur la signification de ce dernier dans l’Histoire. Léon Bloy défend l’idée que l’apparition de Napoléon ne relèverait pas de simples contingences humaines mais qu’elle s’inscrirait dans un « plan » dont les modalités ne seraient connues que de Dieu seul. L’auteur va même plus loin en qualifiant l’épopée napoléonienne d’événement le plus important depuis le passage de Jésus Christ sur terre. Selon lui, la grandeur infinie qu’a répandue cet homme tout au long de son existence et la fin misérable qu’il a subie ne peuvent signifier qu’une chose : l’annonce de la fin des temps, l’ultime manifestation divine avant la parousie finale. Nous laissons Léon Bloy à ses interprétations qui ont le mérite d’être exposées dans un style grandiose qui saisirait jusqu’au plus profond de son âme l’athée le plus convaincu (interprétations qui rappellent d’ailleurs celles de Savitri Devi à propos de la venue d’un autre chef de guerre, dont la chute est advenue cent-trente ans après celle de son « prédécesseur »).
Si nous avons choisi d’évoquer cet exemple, c’est avant tout pour sortir du carcan habituel et à nos yeux trop simpliste qui voit dans Napoléon un serviteur zélé de la révolution française (et donc d’une forme de subversion qui n’aurait pour objectif que de renverser un ordre catholique et royal) et un facteur de sa diffusion dans toute l’Europe (ainsi la personne de l’Empereur est très mal vue au sein des milieux radicaux dans nombre de pays européens, notamment en Italie). En effet, Léon Bloy est un auteur profondément croyant, catholique convaincu mais aussi un « désespéré » face au terrifiant spectacle d’un siècle qui a érigé l’appauvrissement spirituel en facteur de progrès et le positivisme en horizon indépassable, ce qui ne l’empêche aucunement de percevoir en l’héritier politique de la révolution l’ultime émanation de la grandeur divine. Sa démarche nous encourage à regarder au-delà des enchaînements factuels qui s’offrent à nos yeux afin d’en tirer l’essence, la signification véritable. Il faut savoir faire la distinction entre des événements historiques tels qu’ils sont perçus par la majorité, de manière prétendument objective, et le sens profond que leur donnent les personnes qui décident de cette Histoire (dont fait partie l’Empereur) et qu’ont pu déceler certains auteurs comme Léon Bloy. De cette manière, il est possible à nos yeux de tirer au moins quatre grandes leçons de cette épopée formidable, leçons qui font écho avec la lutte actuelle et donnent à l’aventure napoléonienne une dimension éternelle qui transcende le temps et l’espace.
Un premier élément est qu’il faut voir dans les guerres napoléoniennes l’archétype du conflit qui depuis l’aube de l’Humanité oppose la mer à la terre. En effet, peu d’événements historiques nous offrent un aussi bel exemple de cette confrontation entre deux empires, deux mondes, deux univers fondés sur les deux grandes conceptions antagonistes de l’existence. C’est la thalassocratie carthaginoise face à l’irrésistible émergence de la patrie de Cincinnatus, c’est la flotte du Commodore Perry au service des puissances commerciales occidentales face au shogunat Tokugawa, ce sont les communes italiennes face à la puissance impériale de Frédéric le Grand. Mais l’Angleterre qui s’oppose à Napoléon et à son bloc continental en ce début de XIXe siècle assume dans son idiosyncrasie un caractère qualitativement différent de ce qui avait été connu jusqu’alors. Les nations qui ont depuis l’aube de l’histoire humaine, fondé leur développement sur le commerce ont toujours su tracer des limites et garder à l’esprit une certaine hiérarchie de valeurs. Ce n’est plus le cas de cette Angleterre pré-victorienne à qui la voie est laissée libre de dominer le monde depuis sa victoire lors de la guerre de sept ans et qui a déjà entamé sa révolution industrielle. La digue a été brisée. Les transformations en cours en Grande-Bretagne annoncent celles qui contamineront le monde dans les décennies et les siècles à venir : déracinement, industrialisation (préparant la voie à la tertiarisation), spéculation financière, marchandisation et embourgeoisement de l’existence, sans parler évidemment de l’indigence de la condition ouvrière.
Et Léon Bloy d’évoquer celle qu’il appelle « l’île infâme » en ces termes :
« (…) L’abjection commerciale est indicible. Elle est le degré le plus bas et, dans les temps chevaleresques, même en Angleterre, le mercantilisme déshonorait. Que penser de tout un peuple ne vivant, ne respirant, ne travaillant, ne procréant que pour cela ; cependant que d’autres peuples, des millions d’êtres humains souffrent et meurent pour de grandes choses ? Pendant dix ans, de 1803 à 1813, les Anglais payèrent pour qu’il leur fut possible de trafiquer en sécurité dans leur île, pour qu’on égorgeât la France qui contrariait leur vilénie, la France de Napoléon qu’ils n’avaient jamais vue si grande et qui les comblait de soucis ».
Comme l’explique admirablement Jacques Bainville dans son Napoléon, les événements européens des années 1800-1815 se comprennent à l’aune de cette problématique : toute la légitimité du pouvoir du consul devenu empereur (à qui l’on accordera jamais une légitimité de fondateur d’une nouvelle dynastie « royale ») repose sur la perception que seul lui est capable de sauver les acquis de la révolution française, les territoires de la rive gauche du Rhin inclus. Or la France agrandie de ces nouveaux territoires acquiert une puissance intolérable pour la perfide Angleterre dont la suprématie repose sur la division de ses « voisins » continentaux. L’histoire géopolitique de l’Europe depuis cinq-cents ans et du monde depuis un siècle peut d’ailleurs se résumer schématiquement comme suit : une thalassocratie (anglaise, puis américaine) qui utilise sa ruse et ses ressources financières pour corrompre, diviser et avilir la première puissance continentale, tout en apportant un soutien aux puissances continentales secondaires. C’est ce qu’a fait l’Angleterre en arrosant continuellement de liquidités les successives coalitions des autres puissances européennes jusqu’à ce qu’elles parviennent à renverser le géant français. Mais il ne s’agit pas ici d’un simple conflit politique entre plusieurs états, il faut plutôt y voir un conflit entre plusieurs conceptions du monde. C’est l’alliance du paysan et du soldat face à la révolte du marchand, du bourgeois et du banquier. Le véritable conflit est là, entre une France continentale certes contaminée par le poison libéral et démocratique mais qui continue à porter des valeurs terriennes, sédentaires, enracinées et donc spirituelles, ne serait-ce que de manière latente, face à une Angleterre nomade, commerçante et ploutocratique (comme la Russie contaminée par le communisme continuera à porter les valeurs terriennes face aux Etats-Unis).
Les soldats prussiens et russes servaient donc les intérêts de la classe dominante anglaise en même temps que leur propre cause « nationale ». C’est là tout le malheur de notre continent depuis que le concept de nation a supplanté celui d’empire : l’impossibilité d’être unifié autrement que par la domination d’une de ses composantes, emprunte d’une conception galvaudée de l’identité collective, ce qui ne peut être inévitablement perçu que comme une domination étrangère intolérable et donne l’opportunité aux ennemis de l’Europe de la tenir sous un joug perpétuel. C’est seulement lorsque l’Europe aura renoué avec cette conception organique et spirituelle de l’Imperium, reposant sur les valeurs « continentales » dans leur pureté originelle, qu’elle pourra reconquérir sa place dans le monde.
Dans un autre ordre d’idées et poursuivant nos réflexions sur l’épopée napoléonienne, nous souhaitons aborder un second élément, crucial à nos yeux : la place du mythe napoléonien dans l’histoire de France et sa possible utilisation comme facteur de fierté et d’orgueil national. Nous l’avons déjà dit, le nationalisme, même entendu dans son acception traditionnelle et non libérale, constitue une forme de représentation collective inférieure relativement à une vision plus « impériale ». Cependant nous devons admettre qu’en s’autonomisant, les nationalismes ont su acquérir leur propre légitimité, notamment à travers la construction progressive des différents mythes ou romans nationaux. A nos yeux, une vision à l’échelle continentale ou civilisationnelle n’est aucunement incompatible avec une vision nationale à partir du moment où les deux sont envisagées comme « emboîtées » l’une dans l’autre, en coexistence organique, l’une contribuant à la compréhension et à l’enrichissement de l’autre. Or peu de périodes de l’histoire offrent un aussi bel exemple de grandeur pour la France et ses habitants que cette aventure qui nous a vus, pendant une décennie entière, vains instants d’éternité mais d’une intensité à déformer la courbe du Temps, dominer l’Europe et inspirer la crainte et l’admiration au monde entier. Il est vrai que nous avons échoué et il est aussi vrai que cette épopée marque la dernière tentative sérieuse pour la France d’accomplir son destin d’héritière de la Rome des Césars, l’épisode le plus tragique peut-être de cette Mélancolie Française, mais aussi le plus grandiose et le plus capable d’inspirer les poètes et les hommes d’aujourd’hui. Une tragédie que Léon Bloy évoque en ces termes :
« Ah ! Ce n’est pas la Garde seule qui recule à Waterloo, c’est la Beauté de ce pauvre monde, c’est la Gloire, c’est l’Honneur même ; c’est la France de Dieu et des hommes devenue veuve tout à coup, s’en allant pleurer dans la solitude après avoir été la Dominatrice des nations ! »
Dès lors, comment ne pas voir dans le mythe napoléonien une des pièces incontournables du roman national français et donc un outil formidable pour sortir la France de sa léthargie, un levier qui doit redresser les consciences assoupies de nos compatriotes en même temps qu’un irrésistible marteau capable de briser à tout jamais le miroir de la honte et de l’autoflagellation ? Face au déplorable constat de la pression exercée sur les esprits de nos contemporains et visant à en extraire les derniers reliquats de dignité et de fierté que ni quinze années d’éducation républicaine, ni la couardise infinie de nos présidents successifs agenouillés au nom des Français en signe de perpétuelle expiation n’ont pu complétement annihiler, nous ne pouvons considérer qu’avec le plus grand intérêt l’opportunité offerte par les souvenirs de la grandiose épopée de contrebalancer la propagande en cours. Que peut bien le discours du plus talentueux des sophistes, adepte de l’ethno-masochisme le plus pathologique, face à la grandeur infinie qui a irradiée sur le monde par l’intermédiaire de notre Empereur, grandeur gravée à tout jamais dans le marbre solennel de l’immuable Vérité de l’Histoire ? Que peut l’infâme journaliste aux ordres, le frêle et flasque chrétien de gauche de centre-ville, le cacochyme antifa enturbanné dans son foulard hermès, l’apologète du métissage et de la sodomie comme facteurs de progrès humain, que peuvent-ils face à la merveilleuse beauté répandue sur le monde par le plus grand des Français ? Que peuvent tous ces agents des forces de désintégration face au Sacre de David, face à l’Arc-de-Triomphe et face à tous les récits hagiographiques que notre littérature a produits sur ces événements ? Ces chefs d’œuvre sont la preuve de leur vilénie et de la justesse de notre combat. Ils sont le témoignage vivant que nous nous battons pour ce qu’il y a de plus grand et noble en l’Homme et que nous souhaitons dès-à-présent voir renaître des cendres d’une histoire consumée le phénix d’une France et d’une Europe égales à elles-mêmes.
Dans la deuxième partie de cet article, nous poursuivrons nos réflexions sur l’épisode napoléonien en évoquant deux autres aspects fondamentaux de la grande épopée : tout d’abord la figure de l’Empereur en tant que « grand homme », génie national et surhomme. Dans un deuxième temps nous évoquerons le sens du sacrifice qui a mu ses millions de fidèles et la signification à donner à celui-ci, notamment dans sa dimension anti-bourgeoise, anti-utilitariste et anti-individualiste, véritable combat contre le Temps.
Valérien Cantelmo, pour le Cercle Non-Conforme
https://la-dissidence.org/2016/03/25/lepopee-napoleonienne-leternite-dun-mythe-1/
-
La confrontation Révolution Contrerévolution (Colonel Chateau-Jobert)
Le Colonel Pierre Chateau-Jobert (1912-2005), officier parachutiste surnommé Conan par ses camarades, combattant de la Seconde Guerre mondiale (et compagnon de la Libération) ainsi que des guerres d’Indochine et d’Algérie, engagé au sein de l’OAS, fut l’un des meilleurs spécialistes français des opérations commandos et de la guérilla.
Interrogé en 1976 sur le cheminement qui l’avait conduit au combat contrerévolutionnaire, le colonel Chateau-Jobert répondait :
» Le point de départ de ce cheminement est pour moi très net. C’est en tournant autour de cette question de « la fin qui justifierait les moyens » que j’ai pris conscience de deux idéologies qui s’opposent l’une à l’autre et dont la ligne de séparation est la reconnaissance ou, au contraire, le refus de reconnaître un certain ordre dont les lois physiques, morales, sociales me paraissent « naturelles ». De là à passer à l’ordre naturel, puis à l’ordre naturel et chrétien, il y avait plus d’un pas ! Par le fait des circonstances de ma vie militaire, il se trouve qu’il m’y a fallu des années. »
Ce livre fait le constat que l’adversaire est à l’intérieur même du pays autant qu’il est à l’extérieur; la guerre qu’il nous fait est « révolutionnaire » parce qu’elle est illimitée dans le domaine psychologique et moral; illimitée au point que cet adversaire se donne le droit d’user de tous les moyens, aussi illicites, inhumains, immoraux qu’ils soient.
Ici apparaît donc la confrontation aiguë entre deux idéologies fondamentalement opposées car, de notre côté, nous n’avons pas le droit d’user de ces moyens qui soulèvent l’indignation.
S’il semblait à quelques-uns que, par ce fait même, nous fussions vaincus d’avance, ce livre prouvera le contraire.
Ce livre est un peu comme un ouvrage « à la Vauban » où les places d’armes, les réduits, les saillants contribuent tous à une défense réciproque et à un renfort mutuel. Ainsi doit-il en être de la structure contrerévolutionnaire. Sur les remparts, la place des hommes d’armes est prévue selon leurs spécialités; mais tout le monde ne porte pas les armes et cependant, dans l’enceinte fortifiée, tout le monde participe à l’action d’ordre et à la sauvegarde des personnes et des biens; et jusque dans les campagnes environnantes, chacun sait ce qu’il doit faire contre l’ennemi.
En des temps de grande confusion, chacun est bien concerné par la défense aux remparts de la Cité, pour sauver les valeurs d’une civilisation en grand péril.
Cet ouvrage écrit par un homme expérimenté contient de précieux conseils pour les temps présents et à venir.
La confrontation Révolution Contrerévolution, Colonel Chateau-Jobert, éditions de Chiré, 365 pages, 25 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
-
Islam: voilà qui est clair !
Merci à un lecteur chrétien d'Irak pour ces liens.
En deux temps: et de une !
et de deux !
-
Philippe Bilger : «Les hommes politiques seront-ils à la hauteur de la guerre contre l’islamisme ?»
Après les attentats qui ont ensanglanté Bruxelles, Philippe Bilger considère – dans une tribune publiée sur FigaroVox – qu’il faut sortir des polémiques stériles et des gémissements sur nos libertés prétendument en péril.
Pour le président de l’Institut de la parole, le risque est grand de voir le découragement s’emparer de ceux qui sont sensés nous protéger :
Il y a une guerre des esprits, des consciences et des volontés qu’il ne faudrait perdre à aucun prix. Pourtant la force implacable, pour l’instant, de ce mouvement international islamiste de tuerie, se rapporte à l’impression d’omnipotence qu’il donne, d’inéluctabilité meurtrière qu’il impose. Comme il veut, quand il veut. Il paraît, à sa convenance, agir ou réagir, prendre les devants ou se venger. Cette immense latitude est un poison qui stérilise: que faire contre cette hydre?
Les massacres classiques laissaient au moins l’espoir technique de leur prévention possible. Avec la multiplication de ces attentats suicide, le découragement saisit même les services les plus compétents et les mieux formés à cause de l’horrible liberté et puissance que procure à ces délirants l’aptitude à sacrifier leur propre vie pour une cause indigne.
Philippe Bilger réclame des actes plutôt que des paroles :
Ne répétons pas à tout bout de champ que le terrorisme sera vaincu car cet enthousiasme, trop souvent démenti, devient à la longue plus déprimant que créateur.
-
Alaska, État de Washington : Sanders écrase Hillary Clinton
Bien mauvaise semaine pour Hillary Clinton : les 22 et 26 mars, elle perd six primaires sur sept. Irritant supplémentaire : lorsqu’il gagne, Sanders le fait avec de fortes marges : 67 % (les démocrates expatriés), 73 % (État de Washington), 75 % (Hawaï), 78 % (Utah), 79 % (Idaho), 82 % (Alaska).
Coincée dans une boutique électorale désertée par les clientèles blanches, jeunes et masculines, Hillary Clinton garde pied sur un banc composé de féministes vieillissantes et des fidèles de son mari : les Afro-Américains (surtout du Sud), auxquels elle a su rajouter les hispanophones (âgés) tout en renforçant son contingent musulman.
Formée à l’école politique du clientélisme, vivant loin du réel depuis plus de 20 ans, parmi gardes du corps, jets privés et limousines blindées, dans une bulle alimentée aux infrastructures et pléthoriques financements de la fondation Clinton, devenue coqueluche du Tout-Davos, ayant amassé un trésor de guerre pour sa campagne, Hillary Clinton devint « maîtresse de l’Univers », héroïne du bûcher des vanités de l’establishment, ne prévoyant pas que le jeune-vieux Sanders serait aussi coriace, la privant de l’électorat jeune et blanc du camp démocrate, ainsi que d’une grande portion de l’électorat indépendant.
Elle n’avait pas prévu, en fait, qu’il lui faudrait rendre des comptes sur « sa politique internationale » lorsqu’elle fut secrétaire d’État, avec le fiasco libyen et son plan de déstabilisation de la Syrie, qui ont fait d’elle la marraine de facto du califat islamique.
-
4 septembre 1870 Une république qui aurait dû avorter
Il y a 140 ans fut proclamée la IIIe République, tandis que les armées de Napoléon III étaient mises en déroute. À défaut de redresser la situation militaire, le nouveau régime parvint à s'installer en dépit d'une Assemblée nationale majoritairement royaliste.
Ce numéro de L'AF 2000 sort l'avant-veille du cent quarantième anniversaire de la proclamation de la Troisième République. Les républicains fêtent cette "grande" date, ils n'en ont guère de plus enracinée dans l'histoire, puisque la première république fut trop sanguinaire pour avoir laissé un bon souvenir et que la seconde prépara le lit de la dictature du prince-président Bonaparte. Pour autant, ils ont bien tort de pavoiser le 4 septembre.
L'empire effondré
Ce jour fut le premier d'une république qui dura certes soixante dix ans mais fut constamment branlante et s'acheva en 1940 dans la plus dramatique défaite de notre histoire, que son imprévoyance nous avait value. C'est d'ailleurs un fait d'expérience que les républiques finissent toujours mal : la quatrième sombra dans le ridicule et la cinquième, bien qu'ayant passé le cap des cinquante ans depuis deux ans, semble déjà morte dans le coeur de beaucoup de Français. C'est le moment de rappeler que dans une tragédie le cinquième acte est toujours le dernier...
Revenons à leur "4 Septembre". Le 19 juillet 1870, l'empire de Napoléon III nous avait engagé « d'un coeur léger » (dixit le ministre Émile Ollivier) dans une guerre contre la Prusse de Guillaume 1er et de Bismarck. Nous n'étions pas prêts, nous n'avions pas d'alliés, et c'est contre l'Allemagne entière que nous eûmes à nous battre. En quelques semaines, l'ennemi entra en Lorraine et en Alsace. Puis il bloqua notre armée du Rhin dans Metz, et enferma dans Sedan l'armée de l'empereur lui-même. Le 2 septembre celui-ci et cent mille hommes étaient faits prisonniers. La nouvelle arriva à Paris le dimanche 4 septembre. La populace ne donna même pas le temps aux républicains de revêtir de formes légales la déchéance de l'Empire, elle envahit le Palais-Bourbon et réclama d'urgence la république. Les politiciens de gauche se laissèrent emporter par l'élan jusqu'à l'Hôtel de Ville où fut installé un gouvernement de la Défense nationale. Tout se passa avec une rapidité déconcertante. Comme le constate Jacques Bainville, « personne ne songea seulement à défendre le régime napoléonien que le peuple souverain quatre mois plus tôt avait encore approuvé par 7 358 000 voix ». De l'inconstance des urnes... Il ne resta plus à l'impératrice Eugénie qu'à quitter les Tuileries discrètement dans un fiacre et à fuir vers l'Angleterre.
Toutefois il ne suffisait pas d'avoir proclamé la République pour que celle-ci existât. Le "gouvernement de la Défense nationale" était formé des politiciens ayant empêché l'émeute de prendre le pouvoir. Il était présidé par le général Louis-Jules Trochu, et constitué de onze membres plus ou moins connus dont le polémiste Henri Rochefort, l'orateur enflammé Léon Gambetta et un trio de Jules (Ferry, Favre, Simon)... Tous des bourgeois, mais divisés au sujet de la poursuite de la guerre. Gambetta, jacobin à outrance, voulait la poursuivre jusqu'au bout. D'autres, comprenant qu'elle était perdue d'avance, voulaient l'arrêter ; ils suivaient l'opinion de l'orléaniste (?) Adolphe Thiers selon qui le nouveau régime, républicain de fait et non de droit, avait besoin de la paix pour s'établir.
Le 15 septembre au château de Ferrrières-en-Brie, Jules Favre, croyant encore que les Prussiens ne voulaient du mal qu'à Napoléon III, rencontra Bismarck. Celui-ci lui ôta toute illusion en exigeant l'annexion de l'Alsace à l'Allemagne. Trois jours après, les troupes allemandes commençaient d'assiéger Paris. Le gouvernement s'y trouva quasi enfermé et Gambetta dut fuir en montgolfière pour prêcher de Tours la guerre à outrance. Thiers entreprit alors une tournée des capitales européennes pour réclamer de l'aide et revint penaud. Le 27 octobre, le maréchal Bazaine, piégé par Bismarck, se laissa enfermer dans Metz et dut capituler. Paris était au bord de l'émeute : le 11 octobre le mot révolutionnaire de Commune était déjà lancé. En janvier 1871 il devint urgent de demander l'armistice, d'autant plus que les héroïques armées de Mobiles levés à la hâte dans les provinces étaient battues. Le terrible hiver 1870-1871 s'annonçait. Comble de l'humiliation : le 18, Guillaume 1er osa se proclamer empereur d'Allemagne à Versailles dans la galerie des Glaces, ouvrant pour l'Europe entière une ère de menaces.
La surprise du 8 février
Nous ne pouvions plus être représentés par un gouvernement provisoire. Thiers, traitant Gambetta de « fou furieux », imposa l'élection d'une Assemblée nationale. Le scrutin eut lieu le 8 février 1871 et donna aux monarchistes, hommes d'ordre et de paix, une écrasante majorité (sur 650 députés, 400 étaient légitimistes et orléanistes). La république du "4 Septembre" aurait dû avorter. Elle n'allait devoir sa survie qu'au fait que les royalistes étaient divisés et que la constitution républicaine, votée par le détour d'en amendement à une voix de majorité le 30 janvier 1875, avait été prévue pour une monarchie...
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 2 au 15 septembre 2010
-
Sur la misandrie contemporaine: tous coupables, toutes victimes
Dans ce livre (Des Putes et des Hommes. Vers un ordre moral androphobe), je m'interroge d'abord sur les prostituées et leurs clients, en ce que ceux-ci sont érigés en coupables tandis que celles-là tendent à être réduites à des victimes, après avoir longtemps été traitées comme des délinquantes. Au moment où les prostituées tendent à être décriminalisées, les clients font l'objet d'une criminalisation croissante. D'où la banalisation dans l'imaginaire social de ces deux représentations : la prostituée traitée comme une victime plus ou moins infantilisée, objet d'une compassion n'allant pas sans mépris, et le client dénoncé comme un détestable "prostitueur" ou un méprisable "viandard", premier complice du proxénète exploiteur, voire esclavagiste. Il y a là deux stéréotypes négatifs couplés qui orientent les controverses idéologiques sur la question prostitutionnelle, récemment recentrée sur la pénalisation du client. (...)
Celles qu'on désignait comme des "femmes de mauvaise vie" ne sont devenues récemment respectables qu'en étant jugées irresponsables, ce qui les voue à être rééduquées ou "responsabilisées", au même titre que leurs clients. (...) D'entrée de jeu, deux problèmes classés comme philosophiques s'imposent à nous : celui de la liberté de se prostituer et celui de la dignité humaine de ceux et celles qui se prostituent. (...) Lorsque la discussion philosophique a lieu, elle reste dans les marges des débats publics. Au postulat selon lequel nul ne choisit librement de se prostituer s'opposent des témoignages attestant que l'exercice de la prostitution peut dériver d'un libre choix et que la prostitution volontaire et assumée est loin d'être un phénomène social minoritaire. Parallèlement, le postulat selon lequel la prostitution est une atteinte à la dignité humaine, parce qu'elle impliquerait violence, exploitation ou marchandisation des corps, voire esclavage sexuel, se heurte à l'argument consistant à voir dans le consentement des partenaires de la relation prostitutionnelle une preuve de sa fonction sociale, voire une garantie suffisante de sa valeur morale. (...)
La réponse des ennemis absolus de la prostitution tourne autour de la disqualification, voire de la criminalisation du consentement. Ils utilisent l'idée de la dignité de la personne humaine comme argument pour limiter la valeur du consentement, jusqu'à la nier. En s'efforçant de disqualifier l'idée du libre consentement à la prostitution, ils contribuent à légitimer la logique abolitionniste. À leurs yeux, tout consentement est une illusion ou une tromperie, le produit d'une manipulation. Sous couvert de cette thèse qu'ils présentent comme démystificatrice, ils supposent qu'ils savent mieux que les acteurs ce que ces derniers vivent et pensent. Et ils se proposent d'agir pour le bien de ces individus censés ignorer ce qui les détermine et dont les opinions ne comptent pas à leurs yeux. On peut voir dans cette prétention paternaliste un aspect de l'arrogance des élites. L'État moralisateur se fonde sur cette vision paternaliste pour interdire ou réprimer certaines pratiques sexuelles et imposer ses modèles normatifs de la "bonne" sexualité.
J'aborde ensuite dans ce livre la question délicate de la bêtise propre à une catégorie particulière de partisans du Bien, à savoir ceux qui veulent "rendre l'humanité meilleure" (Nietzsche) et réaliser ici-bas, ou "ici et maintenant", l'utopie de la société parfaite. Les adeptes du perfectionnisme veulent à tout prix reconstruire, sans plus tarder, les rapports sociaux sur la base de leurs idéaux de la vie bonne ou du progrès de la civilisation. Cette bêtise des "belles âmes" dites progressistes est inséparable d'un paternalisme moralisant qui, largement diffusé par un militantisme associatif spécialisé, alimenté par la propagande néo-féministe, est devenu un paternalisme d'État. Je caractérise comme néo-féministe le dernier stade observable du militantisme féministe dans les sociétés libérales-pluralistes, disons une version politiquement acceptable du féminisme radical d'inspiration abolitionniste, longtemps marginal - dans les débats sur la prostitution, les positions dominantes oscillaient entre le prohibitionnisme et le réglementarisme.
Le néo-féminisme est le féminisme désormais triomphant dans le monde des élites de la culture et du pouvoir, un féminisme devenu idéologie dominante et instrument de terrorisme intellectuel au moment même où, dans les sociétés occidentales, le sexisme est devenu honteux et consensuellement condamné en tant que forme de stigmatisation et de discrimination. Cela ne signifie pas que les attitudes et les conduites sexistes ont disparu, mais qu'elles n'existent plus qu'en tant que survivances, même si l'on considère le fait qu'elles sont surtout présentes dans certaines populations issues de l'immigration (...). Mais l'évolution sociale globale va dans le sens de la disqualification des attitudes sexistes. (...)
Il y a du sexisme observable dans certains secteurs de la population française, et il faut bien sûr le combattre par divers moyens. Mais il y a aussi un sexisme imaginaire, idéologiquement élaboré par divers groupes activistes, dont la raison d'être est de lancer des chasses aux sorcières, plus ou moins relayées par les dirigeants politiques. Et, comme les sociologues le savent depuis longtemps, la lutte contre des chimères produit des effets réels. Ce sexisme chimérique est au centre de la démonologie antisexiste contemporaine. Il peut se caractériser par son statut et sa fonction de nouvelle clé de l'Histoire, en ce que les antisexistes radicaux supposent que "le sexisme" est partout, qu'il explique tout, ou presque, et qu'il est la source de la plupart de nos maux. Il incarne ainsi une nouvelle figure de la causalité diabolique pour ses dénonciateurs, qui supposent que les sociétés contemporaines, derrière les valeurs et les normes égalitaires qu'elles prétendent respecter, sont ou demeurent intrinsèquement "patriarcales". (...)
En France, la pénalisation des clients constitue un bon exemple de ce passage au politique de revendications longtemps confinées à des milieux activistes marginaux. L'abolitionnisme a joué le rôle d'un puissant dispositif de légitimation d'une "putophobie" culturellement distinguée, retraduisant en termes idéologiquement acceptables les stéréotypes négatifs liés au mépris social entourant la prostitution. On y retrouve la dialectique négative observable dans le traitement des prostituées comme dans celui des homosexuels naguère : déresponsabilisation, décriminalisation et pathologisation. Catégorisées comme des "victimes", censées incarner telle ou telle forme de maladie sociale, les prostituées sont vouées à être soignées, protégées et sauvées. Dans ce cadre idéologique, elles sont imaginées comme des victimes du sexisme et de l'exploitation sexuelle, comme si elles étaient toutes victimes de proxénètes ou de réseaux criminels de "traite" des êtres humains. Ce qu'enseigne une approche anthropologique de la question est bien différent. (...)
Le sexisme existe bien, mais il faut le reconnaître là où il est observable, dans les sociétés restées imperméables aux valeurs et aux normes de l'individualisme libéral et égalitaire ainsi qu'à l'exigence de laïcité. Or, c'est le plus souvent de ces sociétés théocratiques et patriarcales que sont originaires les populations qui viennent s'installer en Europe. On ne saurait s'étonner que de tels migrants ne déposent pas aux frontières de Schengen leur culture sexiste. Mais les activistes néo-féministes, aveuglées par leurs convictions idéologiques héritées de l'antiracisme anticolonialiste, ne peuvent ni ne veulent reconnaître le fait. Les "immigrés" ou les "migrants", quoi qu'ils puissent faire, sont à leurs yeux des victimes désignées du "racisme", et à ce titre soustraits au regard critique. (...)
C'est ainsi que, dans un premier temps, nombre de néo-féministes ont gardé le silence sur les agressions sexuelles commises dans la nuit du 31 décembre 2015 à Cologne et dans d'autres villes européennes par des immigrés originaires d'Afrique du Nord ou des "migrants" venus d'Irak ou de Syrie. Dans un deuxième temps, certaines d'entre elles se sont évertuées à minimiser ces violences sexuelles de masse, tout en dénonçant, conformément aux stratégies discursives propres à la culture de l'excuse, les discriminations ou l'"islamophobie" dont les agresseurs seraient les victimes, ou les "instrumentalisations racistes", par "l'extrême droite", desdites agressions. Les droits des femmes européennes passent dès lors après les droits des "migrants" venus du Maghreb ou du Moyen-Orient. Le message principal est qu'il ne faut pas "stigmatiser les immigrés". La lutte contre des dangers imaginaires conduit à négliger ou sous-estimer, voire nier les dangers réels. (...)
Le fait que la cible de la stigmatisation soit mise au masculin : "le client", est hautement significatif. Le couple stéréotypé visé par la polémique est formé par le client et la prostituée. C'est exclure d'emblée du champ du discutable la cliente et le prostitué. Cette exclusion subreptice est précisément la condition d'efficacité de l'opération : rendre responsable, voire coupable, le client en tant qu'homme et l'homme en tant que client. La femme est ici mise entre parenthèses : son innocence intrinsèque n'autorise qu'à l'intégrer éventuellement dans la catégorie des victimes. (...) Si les putes peuvent toutes prétendre au statut (relativement enviable) de victimes (à aider, protéger ou sauver), les clients sont réduits à celui de bourreaux ou de complices d'un abominable "système d'esclavage sexuel" - partie du paysage prostitutionnel prise abusivement pour le tout.
Il devrait être possible de reconnaître l'existence de réseaux mafieux exerçant divers types de trafics (d'armes, de drogue, de femmes, etc.) sans réduire toutes les formes de prostitution au modèle de l'esclavagisme sexuel. Mais les "terribles simplificateurs" n'ont cure des réalités factuelles. Dans l'univers fantasmatique de la nouvelle bien-pensance, les clients incarnent l'une des figures du Mal. (...)
Le débat aussi vif que confus sur la pénalisation des clients permet ainsi de mettre en lumière l'une des tendances idéologiques les plus méconnues des sociétés occidentales contemporaines : la dévalorisation croissante de l'homme - en tant que mâle -, la disqualification montante de la masculinité et, plus particulièrement, la bestialisation toujours plus intense du mâle hétérosexuel. Le mépris pour le "gros hétéro de base" est allé croissant dans le monde culturel, voire dans le monde politique, bastion toujours supposé du sexisme alors même qu'il a été pris d'assaut par les adeptes de la parité généralisée. C'est ce mouvement de péjoration croissante que j'appelle ici misandrie ou androphobie, mélange de peur, d'aversion et de haine à l'égard de "l'homme". Son dogme principal est simple : l'homme est un loup pour la femme. Un animal violent et lubrique, provoquant dégoût et crainte. Bête sauvage ou monstre, jugé dangereux par nature et par culture, l'homme doit être surveillé, contrôlé et puni. (...)
La vague androphobe contemporaine est le rejeton du néo-féminisme purificateur et d'un humanitarisme hypermoral qui, mis à toutes les sauces, tient lieu de morale dans des sociétés où les élites du pouvoir, de la richesse et de la communication sont souvent dénuées de sens moral (...)
Derrière ce qui pourrait paraître une anodine proposition de loi, derrière la façade de la pénalisation des clients présentée comme un remède miracle, il faut apercevoir l'offensive de nouveaux "prêcheurs de haine" prétendant faire le salut de l'humanité malgré elle.
Extraits de l'introduction à : Des Putes et des Hommes. Vers un ordre moral androphobe, Paris, Éditions Ring, 2016.
Philosophe, politologue et historien des idées
-
Pakistan : un attentat suicide fait plus de 60 morts dans un parc où des chrétiens fêtaient Pâques
Au moins 65 personnes sont mortes, dimanche 27 mars, lors d’un attentat suicide qui a touché la ville de Lahore dans l’est du Pakistan. Près de 340 autres ont été blessées par l’explosion qui a touché un parc très fréquenté où des chrétiens célébraient Pâques.
« Le kamikaze a réussi à entrer dans le parc et s’est fait exploser près de l’aire de jeux pour enfants, où ils faisaient de la balançoire. C’est pour cela que la plupart des victimes sont des enfants et des femmes », a déclaré un haut responsable administratif de la ville de Lahore, Mohammad Usman. « C’était une explosion très forte et des explosifs très puissants ont été utilisés », a détaillé pour sa part un responsable de police, Haider Ashraf. « Le parc était bondé », a-t-il ajouté, soulignant que des billes métalliques ont été retrouvées sur place.
La responsabilité de l’attentat a été revendiquée par les taliban de la faction Jamaat-ul-Ahrar qui précisent avoir « ciblé les chrétiens ». Au Pakistan, des groupes islamistes armés ciblent parfois la minorité chrétienne qui représente environ 2 % de la population de ce pays majoritairement musulman sunnite de 200 millions d’habitants. Au cours des dernières années, des églises ont ainsi été la cible d’attaques à Lahore, qui est aussi le fief du premier ministre, Nawaz Sharif.
La suite sur Le Monde.fr
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Pakistan-un-attentat-suicide-fait