Reste le saut dans l'inconnu. Un des meilleurs essayistes vivants de ce temps avait pondu jadis un livre remarquable sur notre atlanticité sous le titre de L'Edit de Caracalla (chez Fayard, 2002), dans lequel il était question de donner la citoyenneté américaine à tous les ressortissants de l'Occident. Cette chimère de Régis Debray nous aurait conduit aujourd'hui à voter à la présidentielle américaine pour départager le brillant charlatan républicain - mais qui a fait ses preuves dans le béton banché - et la Dinde de l'Arkansas qui me rappelle furieusement notre Ségolène Royal nationale, mais en plus cupide, moins belle, même carrément mégère ! Arrêtons-nous un instant sur leurs programmes qui fatalement changeront les nôtres à l'échéance :
Celui de la candidate de l'establishment démocrate, Hillary Clinton, se résume pour nous en une phrase : plus de social-démocratie contre le chien fou capitaliste de New York. A lire ses propositions (clic), on les croiraient sorties des cuisines de Solférino. Le programme affronte trente-neuf défis essentiels - ce que nous ne disputerons pas - mais qui semblent trop nombreux et trop lourds pour la future administration Clinton H. A la fin, cela tourne au racolage démagogique, même si le candidat républicain fournit lui-aussi à forte dose ; c'est la loi du genre.
Voici pour mémoire les trente-neuf chapitres comme sur un tapis-roulant tels que les présente le site démocrate. Nous connaissons toute cette logorrhée socialiste chez nous, donc développer serait oiseux, à la limite pénible :
(i) Aggravation de la pression fiscale sur les plus riches ;
(ii) Lutte contre les narcotiques et l'alcool ;
(iii) Une économie au service de tous ;
(iv) En finir avec l'Alzheimer ;
(v) Aider les autistes ;
(vi) Réforme du financement des campagnes électorales ;
(vii) Harcèlement sexuel sur les campus ;
(viii) Réchauffement climatique et création de la superpuissance énergie propre ;
(ix) Combattre le terrorisme et rendre le pays plus sûr ;
(x) Réforme judiciaire en direction des minorités les plus contributives au crime ;
(xi) Soutien aux handicapés ;
(xii) Ecole maternelle ;
(xiii) Réparer les infrastructures américaines en capilotade ;
(xiv) En finir avec les attaques armées ;
(xv) Sécurité sociale universelle pour tous les Américains ;
(xvi) Lutte contre le SIDA ;
(xvii) Politique du logement des travailleurs pauvres ;
(xviii) Réforme du système immigratoire et régularisations ;
(xix) Augmentation des emplois bien payés ;
(xx) Réforme de l'Education nationale et de la carte scolaire ;
(xxi) Amélioration des droits syndicaux ;
(xxii) Droits égaux pour les LGBT ;
(xxiii) Réforme des droits d'inscription dans les collèges et universités ;
(xxiv) Fabriquer américain ;
(xxv) Soigner les fous ;
(xxvi) Maintenir le niveau et la puissance des armées américaines ;
(xxvii) Améliorer la sécurité intérieure ;
(xxviii) Créer un congé parental ;
(xxix) Protéger la vie sauvage, les animaux et interdire la viande de cheval ;
(xxx) Déracialiser la justice ;
(xxxi) Soutenir les communautés rurales ;
(xxxii) Soutenir les PME ;
(xxxiii) Développer l'assistance publique à la santé (Medicare gratuit) ;
(xxxiv) Privilégier la technologie et l'innovation ;
(xxxv) Soutenir les anciens combattants et leurs familles ;
(xxxvi) Défendre le droit de vote et les droits civiques ;
(xxxvii) Réformer Wall Street ;
(xxxviii) Egalité des droits des femmes ;
(xxxix) Formation professionnelle pour tous.
Voilà !
N'avons-nous rien oublié ? Qui saurait le dire. Peut-être le moteur à l'eau de mer qui libérerait les automobiles des énergies fossiles. Il nous semble que le programme est faible à l'international, et pourtant c'est un ancien Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères qui se présente aux suffrages du peuple américain. Mais c'est un point discuté contre elle, qui n'a pas imprimé sa marque sur la diplomatie américaine, comme le firent Madeleine Albright ou Condoleezza Rice dans cet emploi.