Une famille de neuf réfugiés roumains vit depuis plus de cinq ans dans une résidence hôtelière : 5 300 euros par mois payés par le Samu social, donc le contribuable. Au plus grand bénéfice du propriétaire. Extrait d’"Envoyé spécial" du 25 février.
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Laurent Dandrieu : Le Pape et le suicide de la civilisation européenne.
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Partie II : L’éclat du Lys, une puissance insoumise éternelle
La genèse du royaume de France est longue et ancienne. Ce dernier succède au royaume franc, né lors du baptême de Clovis en 498. La période franque s’arrêtera en 987 lorsque les Capétiens arriveront au pouvoir. La légitimité du grand pouvoir des rois de France est bel et bien issue de cette genèse qui a façonné le royaume et sa position par rapport aux grandes puissances. Grâce à ce passé, le roi de France peut réaffirmer son entière indépendance vis-à-vis des pouvoirs extérieurs. Ainsi dans un premier temps il convient de remarquer à quel point la religion chrétienne a permis l’édification sans précédent d’un royaume sur les bases de la foi. Puis dans un temps second il convient de voir comment le roi souhaite justifier la liberté du royaume de France face aux autres puissances.
Le roi de France Philippe le bel cherche à contester les prétentions du Saint empire romain germanique en prônant que le royaume de France au regard de Dieu, a davantage de légitimité que l’Empire. En effet il écrit « le Très Haut Jésus Christ, trouvant que ce royaume [de France] était, de préférence à tous les autres pays du monde, le fondement stable de la foi et de la sainte religion, considérant le grand dévouement de ce royaume à Lui-même (…) ». Le roi de France, par ces mots, cherche à exprimer au nouvel empereur Henri V, que contrairement au Saint empire, bien qu’ayant une caractéristique propre à son existence, à savoir le caractère chrétien de l’empire, le royaume de France lui a directement été choisi par le Christ pour diffuser à travers le monde la sainte religion. La France joue un rôle très important dans l’avènement de l’Eglise en Europe. Le baptême de Clovis sera le premier d’une longue série. Le baptême des Rois puis leurs sacres à Reims deviendront en effet une tradition dans le royaume de France. Cette tradition est pleine de symbolisme biblique puisque les différentes étapes du sacre sont directement inspirées du livre de Samuel de l’Ancien testament. Le roi est présenté comme l’envoyé de Dieu à l’image de David qui remporte la victoire contre le géant Goliath. Une pratique qui serait propre à la France dans toute la chrétienté. Le culte chrétien français est tellement ancré dans la royauté qu’il sera impossible de dissocier le roi de l’image divine qu’il véhicule. Il est en quelque sorte le lieutenant du Christ sur Terre. La terre de ce lieutenant de Dieu c’est le royaume de France. Le sacre du roi est très ambigu car le souverain devient « rex et sacerdose ». Autrement dit, « roi et prêtre ». En effet, le roi étant l’envoyé du christ, celui-ci possède quelques pouvoirs propres à sa fonction de roi prêtre. Tout d’abord, la fonction thaumaturgique du roi, il touchera les malades pour les guérir. Il prononce alors « le roi te touche et Dieu te guérit ». Cela montre bien que le roi est le réel intermédiaire entre l’éternel et le temporel. Ce « pouvoir » donne au roi une popularité considérable à travers toute l’Europe. Le roi sacré sera même par principe considéré comme inviolable puisque représentant de Dieu. Cela reflète la réalité d’une théocratie royale où le roi devient un véritable pape temporel. En effet, le roi intervient dans l’investiture des évêques, des archevêques parfois et même des abbés pourtant très indépendants.
La France devient un modèle inédit jusque-là, l’Etat-Nation et sa primauté dans la chrétienté en fait la première puissance d’Europe pendant longtemps. Cette « fille aînée de l’Eglise » est alors inviolable, intouchable et cet argumentaire sera repris dans toute l’Histoire du royaume français. La France est le seul royaume qui, à ce titre presque sacré, ne sera pas envahi ou dirigé par un autre royaume. La stabilité du socle culturel de la France lui permettra donc de s’assurer cette primauté en Europe. Il est intéressant de remarquer que Philippe le bel rappelle que cette légitimité christique provient des événements passés. En réalité le roi cherche à montrer que cette légitimité christique n’est pas une chimère développée pour lutter contre l’empereur mais qu’elle provient d’un héritage historique qui a façonné le royaume de France tel qu’il est exposé. Il a souhaité affirmer la supériorité du royaume de France à l’empereur par la grâce de Dieu, adressée aux rois qui l’ont précédé. Car selon lui, le royaume de France a été directement choisi par Dieu. Ce choix a été expressément confirmé par le baptême de Clovis qui a permis la naissance du royaume franc. Clovis est l’époux de la princesse Clothilde qui est, elle, chrétienne, ce qui le préparera à sa conversion. L’épisode de Soissons sera l’événement déclencheur qui le poussera à se faire baptiser. En effet, en combattant les Alamans en 496, Clovis est dépassé par l’ennemi et il invoquera alors le nom du Dieu Chrétien. Une flèche viendra tuer le chef des Alamans et les Francs seront victorieux. Clovis s’inclinera alors devant ce Dieu qui l’a aidé à vaincre ses ennemis. Il sera donc reçu par l’évêque de Reims, le 25 décembre, qui le baptisera avec toute sa noblesse et 3000 de ses guerriers. Ce récit montre que Dieu a choisi le roi des francs pour être son représentant sur terre en jugeant qu’il était digne de s’enquérir de cette tâche. Ce regard que l’on porte au roi s’est perpétué. En effet le Pape loue le roi de France, c’est l’exemple du pape Grégoire IX qui louait Louis IX le futur saint Louis. Le royaume Franc puis de France sera dès lors « la fille aîné de l’Eglise », ce qui rend bien compte de la place que le Christianisme occupe au sein du royaume. C’est grâce à cela que le royaume de France aura une place privilégiée.
Le roi de France reste néanmoins réaliste. Il sait que l’empereur ne sera pas en accord avec ses positions sur la qualité du royaume de France. Le roi cherche sans cesse à avertir l’empereur des conséquences du nihilisme que celui-ci pourrait exprimer en dépit de l’évidence de la légitimité christique du royaume de France. Philippe le bel a toujours mis en garde l’empereur durant la correspondance qu’il entretenait avec lui, si jamais celui-ci avait des appétits tournés vers le royaume de France. Il souhaite réaffirmer le principe de liberté qu’incarne le royaume des francs en rappelant les traditions guerrières de ce peuple qui a perpétuellement œuvré à conserver son indépendance et sa liberté. En effet, d’un point de vue étymologique le mot « franc » peut être rapproché du mot libre. En effet les francs sont des hommes libres qui sont les conquérants de la « francié ». Ainsi il semble que la liberté de ce peuple soit due à la conquête militaire. Finalement ce combat pour la liberté que l’on retrouve dans le royaume franc est un héritage du peuple franc. Ce même peuple a su en 451 repousser Attila le huns afin de préserver la liberté, avec à sa tête Mérovée et Aetius. Encore une fois il y a une référence aux guerres passées qui ont vu la remise en cause du pouvoir du roi en son royaume. En effet le royaume de France s’est longtemps illustré comme une puissance qui protège sa liberté et son territoire. Le territoire du royaume de France ne se modifie que très peu durant toute l’histoire, cela traduit la volonté de le conserver dans son intégralité. Le royaume livra de nombreuses guerres aux puissances cherchant à ébranler son autorité. Ce fut le cas en 1214 lors de la bataille de Bouvines qui eut comme conséquence d’affirmer le pouvoir royal. En effet le roi de France a montré pour la première fois qu’il ne sera pas soumis à l’autorité du Saint empire germanique. Cette bataille est bien plus qu’une simple victoire militaire puisque le roi montre que la France est un royaume libre et capable de se défendre, si cette liberté se voyait menacée. Le résultat de cette bataille a été notamment la chute de l’empereur Otton IV qui perd les insignes impériaux. Il est donc dépossédé de son titre à cause du royaume de France. Ceci montre bien que celui qui souhaite causer un tort au royaume de France a beaucoup à perdre. Le royaume de France a su par le passé montrer la faiblesse de cet empire, qui n’a pas su préserver sa tête couronnée en dépit de la défaite subie. Le roi de France tire donc du passé la puissance guerrière de la France. Cependant, suite à cela, le Saint empire et la France seront en perpétuelle concurrence et se retrouveront bien souvent ennemis lors de conflits. Philippe le bel menace en quelque sorte l’empereur, mais cette menace se dissipera. La concurrence entre la France et le Saint empire se perpétuera jusqu'à la révolution française lorsque les troupes autrichiennes seront aux portes de Paris. Ce sera finalement la France de l’empereur Napoléon Ier qui causera la chute du Saint empire en 1806, sous le règne de François II de Habsbourg. La France a enfin réussi à vaincre son ancien rival définitivement.
Michel du Hamel de Gélis
(Photo du prince Louis de Bourbon en 2014 pour les commémorations des 800 ans de Bouvines)
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Attentat de New York : L’immigration (encore) en cause, par Franck Delétraz
Interpellé lundi peu après avoir commis un attentat à New York, le principal suspect, Akayed Ullah, présente une fois de plus le même profil que d’autres djihadistes : celui d’un immigré musulman, accueilli récemment par les Etats-Unis, auxquels il a choisi d’exprimer sa « reconnaissance » en les frappant.
Lundi matin, à l’heure où des milliers de New Yorkais se rendaient à leur travail, l’islamo-terroriste, muni d’un engin explosif rudimentaire attaché au corps avec des bandes Velcro, faisait exploser sa charge dans un tunnel du métro reliant Times Square à la gare routière de Port Authority, ne faisant par miracle que quatre blessés légers. En effet, selon le chef de la police James O’Neil, qui a visionné les images enregistrées par les caméras de surveillance, la veste rudimentaire que portait le djihadiste « aurait explosé prématurément » et « partiellement », expliquant ainsi le faible nombre de victimes à cette heure d’affluence.
Lui-même blessé par l’explosion, le suspect a été rapidement interpellé et identifié, avant d’être hospitalisé avec des blessures et des brûlures au corps.
Son profil est bien sûr sans surprise. Disant agir au nom de l’Etat islamique par vengeance contre les bombardements américains visant les pays musulmans et avoir choisi tout spécialement de frapper ce quartier à cause des affiches de Noël, Akayed Ullah, âgé de 27 ans, n’est autre qu’un immigré originaire du Bangladesh, arrivé aux Etats-Unis en 2010 avec un visa F-4, réservé au rapprochement familial. Un temps chauffeur de taxi, il était installé dans le quartier de Brooklyn.
Bref, un profil de djihadiste (hélas) tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Similaire à celui de Sayfullo Saipov, cet immigré ouzbek qui, aux commandes d’un camion-bélier, a fait huit morts et douze blessés à Manhattan le 31 octobre dernier, et à tous ceux qui ont frappé les Etats-Unis et l’Europe, qui les avaient pourtant si généreusement accueillis.
« Mettre fin aux migrations en chaîne »
Une générosité tellement suicidaire et inconcevable en ces temps de guerre avec l’islamo-terrorisme que Donald Trump, qui a déjà interdit l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays essentiellement musulmans (mais dont le Bangladesh ne fait pas partie), a immédiatement rappelé lundi soir « l’urgente nécessité pour le Congrès de voter des réformes législatives pour protéger les Américains ».
En effet, a insisté le président Trump en faisant référence au visa de regroupement familial qui a permis à Akayed Ullah de venir aux Etats-Unis, « le Congrès doit mettre fin aux migrations en chaîne ». Avant de réaffirmer, comme il l’avait judicieusement fait en octobre, que les auteurs d’actes terroristes méritent « les peines les plus lourdes », y compris la peine de mort.
Franck Delétraz
Article paru dans Présent daté du 13 décembre 2017
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DEUX NOUVEAUX "BOUQUINS DE SYNTHÈSE NATIONALE" POUR NOËL ET LES FÊTES DE FIN D'ANNÉE
La série d'élections, Présidentielle puis législatives, qui s'est déroulée au printemps 2017 a vu l'éffondrement du Néo-Front concocté par Marine Le Pen depuis son accession à la Présidence du Front national en 2011.
Afin de se donner une image lisse, le Néo FN a renié les fondamentaux et sacrifié les fondateurs, au premier rang desquels Jean-Marie Le Pen. En quelques années, il a voulu devenir un "parti comme les autres". Mais le FN n'était pas fait pour être un parti comme les autres. Surtout au moment où une partie grandissante de la droite française se "radicalisait". Résultat : il a raté son rendez-vous avec le peuple de France. La "dédiabolisation" n'aura donc servi à rien...
C'est cette chute qu'analyse dans ce livre d'actualité Hubert de Mesmay, cadre historique du FN et ancien conseiller régional de PACA.
Néanmoins, un revers peut servir de leçon. Une bonne raison de le lire...
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Dans ce livre-entretien* qu’il a réalisé avec Jean-François Touzé, Carl Lang, Président du Parti de la France, expose le sens de son engagement et sa volonté de faire renaître une véritable Droite nationale, sociale, populaire, identitaire et européenne capable de défendre notre nation et de sauver notre civilisation…
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* La parution de ce livre très attendu de Carl Lang, plusieurs fois différée, est imminente. Nous remercions les lecteurs qui l'ont commandé pour leur compréhension et leur patience.
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Le peuple, pièce manquante de la politique, par Ivan Rioufol
Et le gagnant est… l’abstention. En Corse, 47,4% des électeurs ont boudé le scrutin territorial, qui a donné dimanche la majorité absolue (56,5%) à la liste nationaliste. Chez les Républicains, Laurent Wauquiez a été élu, hier, dès le premier tour avec 74,64% des suffrages. Mais les 235.000 militants se sont abstenus à 57,54%. Cette désaffection révèle la crise qui affecte les partis. En Corse, La République en marche, qui prétend renouveler l’offre, n’a récolté que 12,7% des voix. L’attentisme de l’électorat, en quête d’une expression qui lui ressemble, est partout palpable. Samedi, à Paris, cette France populaire et oubliée s’est manifestée dans sa puissance (un million de personnes) à l’occasion des obsèques de Johnny Hallyday.
C’est une foule culturellement homogène, rassemblée partout aux alentours de l’Eglise de la Madeleine, qui a sifflé et hué quelques secondes Emmanuel Macron, à peine avait-il prononcé, sur le parvis : “Mes chers compatriotes (…)”. C’est pour avoir demandé au public, à l’issue de son discours, d’applaudir Johnny Hallyday que le chef de l’Etat a pu s’éviter une sortie peut-être plus hasardeuse. Mais cette tentative de récupération politique, qui a conduit la famille du chanteur à déclarer Marine Le Pen indésirable à la cérémonie alors qu’une partie de son électorat était dans les rues voisines et sur la place de la Concorde, n’a eu pour effet que de montrer l’attachement de cette France invisible, recueillie durant toute la cérémonie religieuse, aux racines chrétiennes de la nation. Ironie de l’histoire : jamais la croix n’a été si présente dans l’espace public qu’en ce 9 décembre, journée anniversaire de la loi de 1905.
C’est vers cette France populaire, que François Fillon n’avait su approcher, que Wauquiez doit aller s’il veut consolider sa frêle assise. L’échec cinglant de Maël de Calan (9,5%), parrainé par Alain Juppé, a démontré une fois de plus que les militants républicains ne voulaient plus entendre parler de la droite centriste et molle, qui persiste à ne rien comprendre des souffrances de la société. Cette partie-là de la droite ressemble trop au centrisme macronien pour ne pas le rejoindre.
Le gros des abstentions vient de la nation périphérique : une classe moyenne qui a disparu depuis longtemps des radars des formations politiques traditionnelles. La prolophobie, qui habite la droite bien peignée, est un non-sens. Rien n’était plus sympathique et émouvant que la France populaire rassemblée pour Johnny. Difficile d’ailleurs de ne pas remarquer l’absence de la France de la “diversité” dans ce recueillement collectif, qui devrait être une source d’inspiration pour Wauquiez. Il ne pourra non plus faire l’économie d’un sérieux travail intellectuel pour redonner une doctrine à son parti. “Nous devons reconstruire la pensée de la droite”, a-t-il déclaré. Il ne reste plus qu’à espérer que la réflexion conduise à cette évidence d’une union de toutes les droites, comme la gauche sut le faire dès les années soixante-dix. Que la Macronie hurle devant cette perspective, rien de plus normal : c’est sa survie qui serait en jeu. Que la droite pavlovienne en fasse autant est stupide.
Ivan Rioufol
Texte daté du 11 décembre et repris du blog d’Ivan Rioufol
https://fr.novopress.info/208825/le-peuple-piece-manquante-de-la-politique-par-ivan-rioufol/
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Karim Ouchikh : Nous n'acceptons pas les attaques contre les symboles chrétiens.
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Le CNI, entre LR et FN
Lu dans Minute :
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Le macron show en Afrique / Chasse aux crèches Tepatriote#3
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Partie I : L’ombre de l’aigle bicéphale germanique, une menace silencieuse
L’adage « Rex est Imperator in regno suo », autrement dit, « le roi de France est empereur en son royaume » dénonce la volonté de consolider le positionnement du roi de France durant l’époque de l’Europe médiévale, ainsi que dans son royaume. Cet adage est initialement attribué à Jean de Blanot, juriste du XIIIe siècle ayant œuvré à la justification et la réaffirmation du pouvoir du roi de France, et notamment de la souveraineté du royaume de France. Le siècle qui suit est le théâtre de nombreux événements majeurs dans l’histoire de l’Europe du moyen Age. En effet, nombreux sont les bouleversements politiques comme le déclin du Saint empire romain germanique ou la guerre de cent ans dont l’origine réside dans des querelles dynastiques entre la couronne de France et celle d’Angleterre. C’est donc un siècle rythmé par la guerre et les projets de reconquête, puisque la Reconquista de la péninsule ibérique entamée au XIIIe siècle se poursuit. C’est également le siècle de graves crises notamment de 1347 à 1350 où la peste et la famine frappent violemment les populations européennes, décimant entre un quart et un tiers de sa population. En outre, la notion même de souveraineté naît en 1215, à la suite de la bataille de Bouvines, lorsque le roi de France Philipe Auguste remporte la victoire face à la coalition menée par Jean sans terre et l’empereur Otton IV du Saint empire romain germanique. Cet événement dénote l’ambition de certains puissants monarques européens, cherchant à surpasser le pouvoir du roi de France dès le début du XIIIe siècle, qui s’accentue jusqu’au XIVe siècle et se trouve à l’origine de tensions entre les différentes grandes puissances, dont certaines sont en perte de vitesse et ainsi menacées de disparaitre. Ces tensions sont tout d’abord causées par un affaissement du pouvoir universaliste. Il est vrai, deux pouvoirs ont la prétention de tendre vers un modèle universaliste, à savoir d’une part le Saint empire romain germanique et d’autre part l’Eglise catholique romaine. Ces deux puissances aspirent à atteindre une supériorité incontestable face à certains puissants royaumes. Face à cette menace latente, certains royaumes se sentent menacés et cherchent à se protéger. Ainsi donc le royaume de France, qui veut se préserver des pouvoirs extérieurs et en particulier des deux pouvoirs universalistes. Il ne manque pas d’user de tous les moyens pour assurer sa protection. Cette lutte s’intensifie tout au long du siècle. Malgré la volonté de réformer l’Empire, les empereurs ne parviendront pas à réhabiliter leur suprématie d’antan. L’ultime tentative de réforme sera celle de Charles IV de Luxembourg et sa bulle d’or. Ultime échec. Durant le XIIIe siècle, le royaume de France subit de nombreuses mutations qui renforcent sa suprématie. Tout d’abord, le royaume parvient à s’étendre et à renforcer son autorité sur l’ensemble de son territoire. Ensuite, le roi réussit à affirmer son pouvoir. Cela permet à Philipe le bel d’asseoir sa politique royale au début du XIVe siècle et de signifier son hostilité au pouvoir papal, et donc d’accroitre le territoire du royaume afin de devenir la plus grande figure de l’Europe. Sous son règne, le royaume de France est à l’apogée de sa puissance à l’époque médiévale. Philippe le bel rencontre de grandes difficultés économiques et mène une politique d’expansion territoriale. Il est un roi insoumis à l’autorité de l’Eglise et cherche à lutter contre les pouvoirs qui coexistent tels que l’ordre des templiers. L’Empire est un rival de taille et ne peut pas être réellement vaincu militairement mais peut l’être idéologiquement. Le royaume de France cherche se préserver.
Mais pour comprendre les contentieux doctrinaux qui demeurent entre ces deux géants il faut réaliser une brève autopsie des principes fondamentaux qui forment la dignité impériale. Ensuite, dans un second article il conviendra de traiter comment, par la suite, Philippe le bel va réaffirmer et argumenter l’essence originelle du royaume de France face cet empire rival.
Au regard de l’histoire, l’Empire romain, bien évidemment, ne va pas s’éteindre avec sa chute en 476. Bien au contraire, l’idée d’empire va survivre à Rome et dans toute l’Europe médiévale comme en témoignent les deux grands empires que sont l’Empire carolingien, mais surtout le Saint empire romain germanique fondé en 962 par Otton Ier qui se présente comme l’hériter de cet Empire. Ainsi, la chute institutionnelle de Rome ne signifie pas un irrémédiable effacement du modèle universaliste de gouvernement. L’idée d’empire va au fond survivre, et être reprise dans deux institutions : chez les peuples germains et dans l’Église romaine.
Il convient d’examiner en quoi le Saint empire est le digne héritier de l’Empire romain antique, avant de s’intéresser au caractère universaliste contesté, conservé par ce même Saint empire.
Il semble pour cela tout indiqué d’analyser la nature de cet empire qui fait de l’ombre au royaume de Philippe le bel. Pour mieux comprendre pourquoi il fut l’un de ses principaux et éternels rivaux, il faut s’intéresser aux fondements sur lesquels il repose.
Tout d’abord, « l’imperium romanum » affirme la romanité du Saint empire. Le Saint empire romain germanique, dès sa fondation, se présente comme la continuité de l’Empire romain : les empereurs germaniques se considèrent comme les légitimes successeurs de l’empereur romain. Ce fut précisément le cas de son créateur, Otton Ier, qui se fit proclamer seul et véritable empereur des romains et se présenta lui-même comme le successeur de l’empire romain d’occident. Son caractère impérial se révèle dans son titre qui est « imperator romanorum francorum ». En outre, le droit romain, qui est redécouvert au XIe siècle et étudié dans les universités des royaumes d’Italie, devient le droit de l’empire. Pour toutes ces raisons, le Saint empire romain germanique se considère comme l’incontestable héritier de ce passé romain. Cependant il ne s’agit là que du caractère politique et laïque. L’héritage romain se retrouve également dans le rapport que le Saint empire entretient avec la Sainte religion.
Le caractère chrétien de l’Empire est manifeste et primordial. Il s’agit d’ailleurs de son second fondement, l’ « imperium christianum et sacrum ». En effet l’empereur est présenté comme le protecteur de la foi. Cette fonction semble donc être indissociable de la personne de l’empereur. Initialement, l’Empire romain était polythéiste, mais avec un enchaînement d’événements, il se christianise. Tout commence en 311 avec la conversion au christianisme de l’empereur Constantin Ier, avant celle de tout l’empire sous le règne de Théodose Ier en 380, puisque le christianisme devient alors la religion officielle de l’empire. La caractéristique chrétienne de l’empire ne meurt pas avec sa chute en 476. Elle subsiste avec Charlemagne, qui se pose en souverain héritier des empereurs romains, et également en souverain chrétien. Celui-ci n’est pas seulement le défenseur des intérêts temporels et politiques des peuples germains, il veut également se présenter en tant qu’ultime protecteur de la Chrétienté. Finalement, cette vision de l’empire est en accord avec la thèse des deux royaumes de saint Augustin qui affirme que l’Empire romain est le vaisseau du christ et qu’il assure la protection du monde chrétien. Cette renaissance de l’Empire romain chrétien trouve son aboutissement lors du couronnement de Charlemagne comme empereur le 25 décembre 800, car c’est le pape Léon III qui exige son couronnement de ses mains permettant la « renovatio imperii ». Il est vrai que c’est bien le pape qui détient « l’imperium » car il a le pouvoir de nommer ou destituer l’empereur, et c’est ainsi ce qui renforce la légitimité chrétienne de l’empereur et de l’empire. Après le règne de Charlemagne, cette fonction de garant de la foi fera partie des caractéristiques propres de l’empereur du saint Empire.
Enfin, le dernier fondement est exclusif à l’Empire et se nomme « l’imperium mundi ». C’est-à-dire le caractère universel de l’empire. En effet, se prétendant héritier de Rome, l’empereur se présente comme le monarque incontesté régnant sur un ensemble de royaumes. Ainsi les rois sont des vassaux de l’empereur car ils sont soumis à son autorité. De plus, le terme « empire » renvoie à une monarchie qui a comme projet de s’étendre car il ne connaît pas de limites géographiques. Cela peut se justifier par le fait que l’empereur est le « chef temporel du peuple chrétien ». Les empereurs du Saint empire, se disent les continuateurs de l'Empire romain et carolingien et entendent exercer, même de façon théorique, leur autorité sur tous les territoires chrétiens de l'Europe occidentale. L'empereur doit apparaître comme le premier des princes occidentaux. En prenant exemple sur l'Empire carolingien, les empereurs ottoniens veulent se relier à l'Empire romain. Cette logique sera véhiculée tout au long de l’existence du Saint empire romain germanique. Cette vision universaliste de l’Empire sera un point contesté par le roi de France, qui a la volonté de renforcer l'institution royale et d'assurer sa suprématie sur toute autre puissance. C’est bien pour cela que Philippe le bel souhaite réaffirmer son statut de roi de France en rejetant tout pouvoir extérieur contraignant pour son règne.
Les premiers à lutter contre la conception universaliste du Saint empire sont les spécialistes du droit canonique qui œuvrent pour la réforme grégorienne. Ils cherchent avant tout à affirmer les prétentions du Pape par rapport à celles de l’Empereur germanique. Les canonistes veulent affaiblir l’Empereur germanique et affirment pour cela qu’en Europe chrétienne, les rois ont les mêmes droits que l’Empereur germanique. Parmi ces puissants rois qui profitent des thèses canonistes, il y a le roi de France. Les juristes qui sont au service du roi de France, reprennent les travaux des canonistes et les adaptent au bénéfice de leur suzerain. Ils profitent de la réforme grégorienne pour justifier que le roi de France ne doit pas être soumis à l’emprise impériale. Ces mêmes juristes français utilisent, pour étayer leurs idées, le droit commun redécouvert au XIIe siècle et enseigné dans les universités. Dans le droit romain, ils retrouvent une notion, celle de « princeps ». C’est ainsi que s’appelaient les empereurs romains à la période classique sous le principat. Dans le droit romain, les juristes du XIIIe siècle au service du roi de France trouvent ainsi une formule leur permettant de constituer un argument non négligeable « quod principi placuit legis habet vigorem » soit « ce qui plait au prince a force de loi ». Cet adage est tiré de la pensée du jurisconsulte romain Ulpien. Il fonde la domination du roi dans son royaume, contre l’empereur germanique. L’idée se dégage que le roi de France est empereur en son royaume. Une légitimité issue des anciens écrits romains. Finalement le roi de France officialise son Indépendance grâce à deux ordonnances royales de 1304 et 1314 qui disposent que le roi de France ne peut se soumettre par des liens vassaliques à aucun autre suzerain.
Après cette énonciation des trois grands fondements qui façonnent la nature propre du Saint empire, il est constable que l’ultime fondement, celui de l’universalisme pose un problème. Finalement, les deux premiers principes ne sont pas gênants pour l’exercice du pouvoir royal de Philippe le bel. Mais l’ultime principe heurte sa politique et les règles propre au royaume de France. Il existe, définitivement, un concours doctrinal. D’ailleurs c’est ce concours qui sera la source de bien des mots entre les deux géants. Le royaume de France n’est pas dépourvu d’arguments pour légitimer son indépendance et affirmer sa puissance face à l’aigle noir bicéphale, notamment grâce au passé du royaume franc qui lui donne une certaine légitimité. Il conviendra donc de s’intéresser aux origines du royaume de France afin de comprendre le statut si particulier qu’il possède. Cela sera explicité dans une seconde partie.
Michel du Hamel de Gélis