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  • Dénoncer le militantisme politique des journalistes, ce n'est pas porter atteinte à la liberté de la presse

    6a00d83451619c69e20223c845d85c200c-250wi.pngL’édition 2018 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) témoigne de l'hostilité croissante des responsables politiques à l’encontre des journalistes. L'ONG classe ainsi sur le même plan les persécutions physiques, comme en Corée du Nord, et la dénonciation par Donald Trump du militantisme politique des journalistes : 

    "L’hostilité des dirigeants politiques envers les médias n’est plus l’apanage des seuls pays autoritaires comme la Turquie (157e, -2) ou l’Egypte (161e), qui ont sombré dans la “média-phobie” au point de généraliser les accusations de “terrorisme” contre les journalistes et d’emprisonner arbitrairement tous ceux qui ne leur prêtent pas allégeance.

    De plus en plus de chefs d’Etat démocratiquement élus voient la presse non plus comme un fondement essentiel de la démocratie, mais comme un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion. Pays du Premier amendement, les Etats-Unis de Donald Trump figurent désormais à la 45e place du Classement, en recul de deux places. Le président adepte du “media-bashing” décomplexé, en qualifiant les reporters d’“ennemis du peuple”, use d’une formule utilisée autrefois par Joseph Staline."

    Ainsi, il serait interdit de critiquer le travail, souvent politique et militant, de journalistes qui se croient investis d'une mission quasi-divine. Or, si la liberté de la presse est à respecter, celle de la liberté d'expression, y compris à l'encontre de la presse, est également légitime.

    Dans cette nouvelle édition, la Norvège reste en tête du Classement pour la seconde année consécutive, talonnée comme l’an dernier par la Suède (2e). A l’autre extrême du Classement, la Corée du Nord (180e) conserve la dernière place. La Russie (148e) de Vladimir Poutine est dénoncée car elle étendrait un réseau de propagande grâce à ses médias comme RT et Sputnik, et la Chine (176e) de Xi Jinping exporte son modèle d’information verrouillée en Asie (mais aussi en Europe, ce que n'indique pas l'ONG). A propos de l'Europe :

    "C’est en Europe, la zone géographique où la liberté de la presse est la moins menacée dans le monde, que la dégradation de l’indice régional est la plus importante cette année. Sur les cinq plus fortes baisses du Classement 2018, quatre sont des pays européens : Malte (65e, -18), République tchèque (34e, -11), Serbie (76e, -10) et Slovaquie (27e, -10). La lente érosion du modèle européen se confirme."

    La France gagne six places (33e position), mais, selon l’ONG, il s’agit d’une remontée “mécanique” après la chute de certains de ses voisins européens. RSF évoque les attaques régulières du président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, à droite, et celles du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à gauche, alimentant un climat délétère. L'ONG note aussi :

    "Au delà des assassinats à Charlie Hebdo, la concentration croissante dans les médias suscite des craintes de plus en plus grandes sur l’indépendance éditoriale."

    "le paysage médiatique français est largement dominé par de grands groupes industriels dont les intérêts se trouvent dans d'autres secteurs. Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l'indépendance éditoriale, et même sur la situation économique des médias."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2018/04/d%C3%A9noncer-le-militantisme-politique-des-journalistes-ce-nest-pas-porter-atteinte-%C3%A0-la-libert%C3%A9-de-la-p.html

  • Le projet d’université de Marion Maréchal-Le Pen se précise

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    FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : 
    Retirée de la vie politique depuis la fin de son mandat en juin 2017, Marion Maréchal-Le Pen a toutefois le souci de continuer à s’engager au service du bien commun. C’est dans cette optique qu’elle a annoncé vouloir créer une académie de sciences politiques.

    Quelle serait la nature exacte de cette institution ?

    Si l’Institut de formation politique (ou IFP) est parfois cité en exemple, le projet a clairement une ambition universitaire, et pourrait se rapprocher ainsi de l’Institut catholique de Vendée (ICES) créé en 1990. En effet, à la différence de l’IFP, il ne s’agirait pas uniquement d’un lieu de formation ponctuelle non diplômante et de réseau, mais d’un établissement qui serait habilité à délivrer des diplômes. Les candidats seront recrutés sur dossier, et la première promotion constituée à la rentrée 2018. La composition du corps professoral n’a pas encore été dévoilée.

    Faut-il y avoir une école de formation spécifiquement politique ?

    Si Marion Maréchal assume la dimension politique, ancrée à droite, de son futur établissement, elle le souhaite toutefois libre et indépendant. Les matières enseignées concerneraient les sciences sociales, et non les sciences de la nature comme c’est le cas pour l’ICES. Le but de cette école serait ainsi d’assurer une formation solide à une future génération de décideurs et de dirigeants.

    Comment comprendre le choix de la ville de Lyon pour accueillir les locaux ?

    C’est premièrement un moyen de montrer que les forces vives ne sont pas toutes contenues dans la capitale. Deuxièmement, la ville de Lyon offre une dynamique politique et culturelle intéressante. Le siège de l’école serait situé dans le quartier Confluence, tout près de la région Rhône-Alpes Auvergne. Certains y verront un message adressé à son président Laurent Wauquiez, mais aucun retour sur la scène politique ne semble prévu à court terme.

  • Trump - Macron : accords et désaccords - Journal du Mercredi 25 Avril 2018

  • LE PRIX DE L’OR N’ATTEND PLUS QUE LE KRACH POUR EXPLOSER !

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    Marc Rousset

    Lors d’un discours devant le Global Entrepreneurship Congress à Istanbul, Erdoğan a rappelé une suggestion qu’il avait faite au G20 : « Pourquoi tous les crédits sont-ils libellés en dollars ? Utilisons une autre devise. J’ai suggéré d’utiliser l’or. » Erdoğan pressent, en fait, le rôle à jouer de l’or qui, inéluctablement, remplacera un jour le dollar en tant que seule valeur crédible reconnue dans les réserves monétaires des grandes devises internationales : dollar, euro – s’il n’éclate pas -, yen et surtout yuan chinois.

    Le yuan se positionne actuellement pour devenir une monnaie de référence, en remplacement partiel ou total du dollar, en s’adossant à l’or dans un avenir plus ou moins proche. Quant aux traders, aux fonds spéculatifs (hedge funds), à Goldman Sachs & Co, ils achètent d’ores et déjà de plus en plus d’or comme valeur refuge. Le nombre de contrats sur le marché du COMEX est passé de 14 millions, au premier trimestre 2016, à 23 millions au premier trimestre 2018.

    Il est bien connu, également, que les banques centrales d’Allemagne et de Hongrie viennent de rapatrier dans leur pays une grande partie de l’or détenu en France, en Angleterre ou aux États-Unis, tandis que la Russie et la Chine augmentent de plus en plus le montant de leurs réserves en or.

    Autre signe, Alexander Mooney, issu du Tea Party, a déposé tout récemment au Congrès le projet de loi H.R.5404 prévoyant le retour à l’étalon-or pour les États-Unis, afin d’empêcher la Fed et les banques centrales de faire fluctuer à leur guise le montant de la masse monétaire. Il a même écrit un éditorial, dans le Wall Street Journal, comme quoi le système de référence devait être celui du XIXe siècle avec sa croissance record et son inflation nulle entre 1834 et 1913. Ce projet de loi n’a aucune chance d’être adopté, mais il a le mérite de soulever les problèmes du prix de l’or manipulé par les banques centrales, de sa réévaluation et de l’étalon-or.

    Tobias Adrian, conseiller financier du FMI, vient de déclarer lors de la présentation du Global Financial Stability Report : « La route qui se présente devant nous s’annonce cahoteuse, avec les risques associés à une hausse des taux d’intérêt, une volatilité élevée des marchés et une escalade des tensions commerciales. » Quant à Vítor Gaspar, directeur du département des finances publiques du même FMI, il considère que « la réforme fiscale [de Trump] et l’accord budgétaire de deux ans avec le Congrès vont creuser les déficits américains de 1.000 milliards de dollars sur les trois prochaines années, soit plus de 5 % du PIB. La dette publique passera de 108 % du PIB en 2017 à 117 % en 2023. » Christine Lagarde, elle, met en garde la Chine sur le risque d’endettement des « initiatives de la route de la soie ».

    En Europe, les banques centrales détiennent une trop grande partie de leurs dettes nationales souveraines. La Banque de France détient un peu moins de 20 % de la dette négociable de l’État, alors que le pourcentage n’était que de 5 % en 2014. Malgré l’euro, tout se passe comme si la Banque de France continuait à financer directement le déficit de l’État français – signe de début de banqueroute. Les faucons ont pris les rênes de la BCE tout comme celles de la Fed aux États-Unis, ce qui signifie la fin de l’accroissement des masses monétaires et l’augmentation à venir des taux d’intérêt.

    La confiance perdure aujourd’hui sur les marchés, mais elle diminue suite à l’avertissement sans frais de début 2018, et pour combien de temps encore ? Les cygnes noirs sont revenus provisoirement dans leur nid, mais tout est en place pour qu’à la moindre étincelle, un krach se produise d’ici deux ans au plus tard, avec à la clé une explosion du prix de l’or.

  • FACS BLOQUÉES : QUAND LE MONDE CONFOND « COURS ALTERNATIFS » ET ATELIERS D’ENDOCTRINEMENT

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    C’est un très beau titre dans Le Monde daté du 24 : « Universités bloquées : “Avec les cours alternatifs, je passe plus de temps à la fac qu’avant”. »

    Magnifique, se dit le lecteur. On se demande pourquoi on n’y a pas songé plus tôt.
    Et puis le lecteur lit, et là il découvre la supercherie. Qu’est-ce, en effet, que ces « cours alternatifs » ? Réponse : des séances d’endoctrinement.

    Dans le cadre de la mobilisation étudiante contre la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants, « des “universités libres” ou “cours alternatifs” ont essaimé dans plusieurs établissements ces dernières semaines », écrit le quotidien. C’était le cas à Tolbiac jusqu’à l’évacuation du 20 avril dernier, et ça l’est encore à Nanterre, Grenoble ou Rouen. On est donc très intéressé de savoir quel est le contenu de ces cours mirifiques auxquels, ô merveille, les étudiants se presseraient.

    À en croire Le Monde, on organisait chaque jour à Tolbiac une dizaine d’ateliers et cours « essentiellement consacrés à l’explication de la loi ORE et de ses conséquences », puis ouverts à une diversification vers « de nouveaux publics », à savoir cheminots, personnels hospitaliers, loi Asile et Immigration, etc.

    Plus intéressant encore, on apprend que l’association GENEPI, « qui effectue des ateliers socio-créatifs dans les prisons », s’est chargée de l’organisation. « Pour nous, c’est une manière de venir soutenir la mobilisation des étudiants et des cheminots », dit l’une de ses militantes. On ignorait que Tolbiac fût une fac de cheminots, mais passons. Elle poursuit : « Ils sont déjà militants, donc leur réflexion est plus ou moins poussée et leur prise de parole est plus facile que dans les établissements scolaires et facs où nous intervenons habituellement. Ils ont soif d’apprendre des termes techniques à réutiliser dans leur lutte quotidienne. »

    Donc, si je comprends bien, GENEPI intervient d’ordinaire dans les établissements scolaires et les facs pour y donner des cours de vocabulaire révolutionnaire.

    Je viens d’aller faire un tour sur leur site. J’y découvre leur publication, Le passe-murailles, et ses titres : Matonerie contre mutinerie ; Tous.tes prisonniers.res des mots ; Prison & fiction : divertir, dénoncer, désinformer ; Manuel d’impunité : les puissants face à la justice ; Culture en prison : un outil de domination ? Etc. Il y a, là, comme un ton…

    Il va sans dire que les « professeurs » dispensateurs de ces cours mirobolants sont des personnalités très marquées à gauche. Ainsi la communiste Clémentine Autain est-elle venue à la Sorbonne donner une conférence intitulée « Mai 68-Mai 2018 ». À Tolbiac, c’est l’ineffable Filoche qui distillait récemment sa haute pensée sur le thème « Macron, sa société sans statut et sans cotisation sociale ». Et de s’offrir lui aussi un grand moment de nostalgie : « On va avoir Mai 68 ! Mais si on ne gagne pas cette année, il va falloir remettre le couvert, car l’an prochain ce sera pire. »

    Quant à ce qui provoque l’enthousiasme du Monde au point d’en faire un titre, ce sont les propos d’une certaine Wafae, étudiante en deuxième année de socio à Paris VIII (Saint-Denis). C’est elle qui « passe beaucoup plus de temps à la fac depuis qu’on a lancé ces ateliers » parce qu’« on voit la fac d’une autre manière, on s’investit plus »

    À Rouen, on a invité « quatre mineurs isolés étrangers » à venir témoigner devant quelques poignées d’étudiants en sociologie, ou peut-être en histoire, ou en psycho, ou en techniques du cinéma… allez savoir. Des sciences très humaines, en tout cas. « Ils sont venus parler de leurs situations administratives, de leurs parcours de migration et, enfin, de leur rapport à l’école et surtout leur désir d’école, ça avait forcément une résonance particulière », dit une maître de conférences en histoire, très impressionnée par « la qualité d’écoute » de ses étudiants. Ce qui en dit long sur ses propres cours…

    http://www.bvoltaire.fr/facs-bloquees-monde-confond-cours-alternatifs-ateliers-dendoctrinement/

  • Barroso ferait du lobbying pour Goldman Sachs auprès de la Commission européenne

    Des ONG dénoncent le lobbying mené par José Manuel Barroso, ancien chef de l’exécutif européen, pour le compte de la banque américaine Goldman Sachs. Elles invitent la Commission à réunir son comité d’éthique pour statuer sur son cas. 
    Un collectif d’ONG, l'Alliance pour une réglementation de transparence et d'éthique en matière de lobbying (ALTER-EU) a dénoncé les activités de lobbyiste de José Manuel Barroso, l'ancien président de la Commission européenne, dans une lettre adressée au secrétaire général de l'organe, Alexander Italianer, et publiée le 20 février. 
    Les organisations demandent à l'institution de réunir son comité d’éthique interne pour revoir les engagements pris vis-à-vis du Portugais et travailler sur la porosité entre les milieux financiers et Bruxelles. 
    Devenu président non exécutif du conseil d’administration de Goldman Sachs en juillet 2016, José Manuel Barroso avait juré qu'il ne ferait pas de lobbying… Pourtant, le 25 octobre 2017, il a été repéré en grande discussion avec le Finlandais Jyrki Katainen, actuel vice-président de la Commission dans un hôtel de luxe de Bruxelles, un entretien sollicité par le Portugais. 
    Cette réunion, qui aurait dû rester secrète, avait immédiatement fuité sur internet. Aussitôt, le site Politico avait relayé l’information, obligeant Jyrki Katainen à inscrire après coup l’entrevue dans le registre de transparence de la Commission. Le collectif d’ONG, composé de membres de Greenpeace, des Amis de la Terre ou encore de SpinWatch, dénonce le mépris de José Manuel Barroso envers les engagements qu'il avait pris.
    «Une de nos inquiétudes concerne le fait que Monsieur Barroso a été embauché pour son savoir-faire, ses contacts et son influence, qu’il a acquis à la tête de la Commission pendant dix ans. Il y a eu des craintes que sa position privilégiée serait utilisée par la banque d'investissement pour influencer les décisions de l'Union européenne, sachant que cette banque est un grand lobbyiste actif à Bruxelles», ont-ils écrit dans le courrier.  
    Ils fustigent aussi la Commission, qui n'aurait selon eux pas assez œuvré pour empêcher le lobbying et réclament au comité d'éthique une enquête approfondie, notamment via des interrogatoires. «Nous adressons une plainte formelle vis-à-vis de cette mauvaise administration», ont écrit les ONG. 
    Le collectif estime en outre que l'attitude de José Manuel Barroso entre en contradiction avec l’article 245 de la Commission, qui exige des anciens commissaires «le devoir d’agir avec intégrité […] après la fin de leurs missions comme l’exige l’acceptation de certains contrats». 
    L’ancien président devait être considéré comme un lobbyiste 
    La prise de fonctions de José Manuel Barroso au sein de la banque Goldman Sachs avait scandalisé de nombreux fonctionnaires européens, personnalités politiques ou simples citoyens, dont 154 000 avaient signé une pétition exigeant des sanctions contre le Portugais. François Hollande, le 14 juillet, avait même qualifié l’embauche de Barroso de «moralement inacceptable». 
    Pour apaiser le courroux généralisé de l'opinion, les employés de la Commission se sont vus obligés par leur hiérarchie de «considérer l’ancien président comme un lobbyiste». Cela signifie concrètement que tout rendez-vous avec lui doit être dûment enregistré et selon les usages, faire l’objet de diverses traces écrites. 
    Un comité d’éthique s'était déjà réuni sur demande de la Commission européenne deux mois après la prise de fonction du Portugais dans la banque américaine. Le collectif critique le manque d'investigation de ce comité, qui avait statué sur l’embauche en se fiant à trois courriers rédigés par l'ancien président. Il y avait informé son successeur Jean-Claude Juncker qu’il n’avait «pas été engagé pour faire du lobbying pour le compte de Goldman Sachs» et qu’il n’en avait «pas l’intention». Une simple déclaration de bonne foi qu'il semble donc ne pas avoir respectée, selon l'ONG.
    Le «code de conduite» de la Commission ne pouvait formellement pas interdire son embauche par la banque américaine pour raison de conflits d’intérêt, car il n'est valable et contraignant que dans les 18 mois suivant la fin des fonctions. 

  • L’avenir de la nation, l’avenir du nationalisme

    Drapeaux  ...  

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    2289992243.jpgCe sont des concepts fondamentaux que manie Mathieu Bock-Côté - brillamment comme toujours - dans cette tribune du Journal de Montréal [23.0]. On y ressent l'influence que la question québécoise exerce sur sa réflexion. Comme notre attachement à la France dont nous voyons le déclin au fil des deux derniers siècles, fonde notre propre nationalisme. Maurras le définissait, non comme un absolu, mais comme une « douloureuse obligation » du temps présent. L'actuelle évolution géopolitique du monde, si on l'observe bien, nous semble lui donner raison. Au reste, le livre de Gil Delannoi porte un sous-titre : La nation contre le nationalisme, ou : La résistance des nations. L'on peut en débattre !   LFAR  

    La science politique, lorsqu’elle est bien pratiquée et s’abstient de verser dans les modes idéologiques, peut être d’une grande aide pour clarifier notre compréhension de la vie politique et des concepts à partir desquels nous cherchons à la saisir.

    C’est la première réflexion que nous inspire spontanément la lecture de La nation contre le nationalisme (PUF, 2018), le remarquable essai du politiste français Gil Delannoi. Disons-le tout de suite, le titre est un peu trompeur, car si Delannoi n’hésite pas à critiquer les excès du nationalisme, il s’occupe surtout à dissiper le brouillard idéologique qui l’entoure, en rappelant que si la politologie française en entretient une conception exagérément négative, au point d’en faire une pathologie politique immédiatement condamnable, il n’en est pas nécessairement ainsi ailleurs dans le monde. Le nationalisme, nous dit Delannoi, n’a rien de diabolique. Il y en a de bons usages, comme de mauvais. Pour le dire avec ses mots, Delannoi essaie « avant tout de comprendre ce que sous-entendent la natiophobie et la passion d’abolir les frontières qui ont cours aujourd’hui » (p.11). Il ajoute même qu’à « son extrême, cette natiophobie revient aujourd’hui à nazifier tout passé national pour cause d’exclusion de l’Autre » (p.240). Tel est l’air que nous respirons, en effet.

    Qu’est-ce qu’une nation ? Cette question, attachée à une célèbre conférence de Renan prononcée à la Sorbonne en 1882, continue de travailler la philosophie politique et les sciences sociales ; même elles en proposent rarement une définition satisfaisante, et encore moins exhaustive. La nation, nous dit Delannoi, est à la fois politique et culturelle. C’est une communauté politique avec un substrat historique particulier, qu’on ne juge pas a priori interchangeable avec un autre. Ces deux dimensions ne coïncident pas toujours, ou du moins se recoupent souvent imparfaitement. Delannoi entend d’abord définir la nation comme forme politique singulière, qu’il distingue de la cité et de l’empire, en rappelant qu’elle semble le plus à même d’accueillir et de permettre l’expérience de la démocratie dans la modernité. Mais Delannoi le note bien, « la plupart des théoriciens récents de la nation et du nationalisme ont envers leur objet d’étude une attitude allant de l’hostilité à la condescendance » (p.17). La remarque est très fine : ceux qui étudient la nation sont généralement en mission pour la déconstruire, comme si elle représentait un artifice historique vieilli. L’antinationalisme est habituel dans l’enseignement universitaire en plus d’être la norme chez les intellectuels qui considèrent généralement l’attachement à une nation historique et à sa souveraineté comme une forme de crispation identitaire. Cette absence radicale d’empathie pour ceux qu’on appellera les gens ordinaires attachés à leur patrie fait en sorte qu’on fera passer toute forme de patriotisme pour une forme de xénophobie. La modernité radicale est l’autre nom du refus du particulier.

    À la recherche d’une définition du nationalisme, Delannoi propose la suivante : « le nationalisme est la volonté de faire coïncider la forme culturelle et la forme politique de la nation autant que possible. Telle est l’impulsion qui engendre et entretient le nationalisme : superposer davantage les deux dimensions culturelle et politique de la nation » (p.122). Le nationalisme, nous dit Delannoi, « est la volonté pour un groupe d’endurer l’adversité, de résister à l’extinction sur une base nationale. Au sens culturel, c’est préserver une langue, un territoire, un mode de vie. Au sens politique, ce nationalisme de faible intensité appelle une autonomie politique locale ou provinciale. Il ne parvient pas toujours à accéder à la souveraineté étatique, bien qu’il vise souvent celle-ci comme ultime garantie de l’indépendance Son premier ressort est de craindre que, privé de moyens politiques et de continuité culturelle, le groupe ou le pays identifiés à une nation disparaisse » (p.123). On pouvait ou non approuver la tentation d’accession à l’indépendance des Catalans ces derniers mois : elle n’avait rien de risible, comme ont pu le dire certains commentateurs. Elle n’était pas non plus inintelligible dans les catégories de la modernité. Chose certaine, une communauté politique n’est jamais une association strictement formelle, dépassionnée, où des individus étrangers à la chose publique cohabitent pacifiquement sans rien avoir en partage.

    Si la prose de Delannoi est toujours mesurée, il ne s’interdit pas, néanmoins, de lancer quelques piques aux post-nationaux fiers de l’être qui dominent l’université et les médias. Ainsi, il demande : « un nouveau monde fait de cités financières et d’empires territoriaux présente certainement quelques avantages comparatifs sur un monde international classique fait de nations. Mais pour qui ? Et à quel prix ?» (p.11) Il ajoute que « l’absence de frontière est un luxe d’enfants gâtés, profondément antipolitique » (p.231). De manière audacieuse mais tout à fait lucide, il conteste aussi l’idée souvent reprise qui fait du nationalisme le grand coupable de la seconde guerre mondiale, en rappelant que le nazisme était une doctrine de la race et non pas de la nation. Il conteste même l’idée que la première guerre soit une guerre des nationalismes: il y voit plutôt un affrontement des empires (p.148-156). Ceux qui répètent sans cesse que, « le nationalisme, c’est la guerre » se contentent d’une facilité rhétorique qui leur donne à la fois l’impression de comprendre le mal qui hante l’histoire de la modernité et de se positionner en surplomb sur le commun des mortels encore ignorant des ravages du sentiment national. En fait, ils se condamnent à ne pas comprendre le dernier siècle et certains besoins fondamentaux de l’âme humaine.

    Redisons-le, La nation contre le nationalisme est un essai d’une richesse conceptuelle extraordinaire, et il faut s’y jeter pour apprécier toutes les observations de l’auteur que nous n’avons pas pu noter ici, par souci de ne pas transformer cette recension en long commentaire de l’ouvrage. Sans jamais se transformer en militant, Delannoi nous démontre de manière convaincante qu’un monde sans nations serait probablement un monde moins humain. À la lumière d’une philosophie politique qui se tient loin de l’esprit de système, et qui médite sur la liberté humaine et ses conditions historiques, Delannoi nous offre ici un livre brillant qui passionnera à la fois ses compatriotes soucieux de mieux comprendre le phénomène national et les nôtres qui trouvent trop peu d’ouvrages sur les tablettes capables de fonder théoriquement ce que nous appellerons encore sans gêne le nationalisme québécois. 

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  • Que reste-t-il de Daesh en Syrie ?

    Syrie: le camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas

    3034693255.pngPar Antoine de Lacoste

    L’Etat islamique est vaincu. Il a subi des pertes considérables et de nombreux volontaires venus de pays étrangers sont repartis. Certains vers leurs pays d’origine, d’autres vers de nouveaux points de conflits : Afghanistan, Mali, Libye.

    Ceux qui sont encore présents en Syrie tiennent quelques poches d’où ils parviennent à mener des raids meurtriers.

    La plus emblématique, et la plus restreinte, est celle de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. A  l’origine c’est un camp de réfugiés palestiniens. Lorsque ces derniers ont été chassés de leurs terres en 1948, plusieurs dizaines de milliers ont trouvé refuge là. Au fil des décennies il est devenu une vraie ville comptant 250 000 habitants.

    Yarmouk a vu de nombreux combats depuis 2011 entre Palestiniens, islamistes et armée syrienne. Finalement, en 2015, c’est Daesh qui l’a emporté contre Al Nosra et les islamistes palestiniens, l’armée syrienne ne tenant plus qu’une partie du camp aidée par des palestiniens loyalistes.

    Depuis, c’était le statu quo. Il a été rompu lors de l’attaque syrienne contre la Ghouta. Daesh a profité du relâchement de l’armée dans son secteur pour attaquer de nouveaux quartiers faisant plusieurs victimes et étendant son territoire.

    Maintenant que la Ghouta a été vaincue, la reconquête de Yarmouk est à l’ordre du jour. Des troupes ont été déployées à proximité depuis quelques jours et seront épaulées par des Palestiniens bien décidés à prendre leur revanche. Ce ne sera pas facile tant le réseau de tunnels creusés par Daesh est dense et profond.

    Tout en pilonnant les positions islamistes depuis le 21 avril, Damas a ouvert des négociations afin d’obtenir une évacuation qui lui éviterait de lourdes pertes.

    Le deuxième territoire tenu par Daesh est plus vaste et plus mouvant. Il se situe tout à fait à l’est, à la frontière avec l’Irak. C’est une zone désertique, mais le terrain y est accidenté, permettant les caches. Nous sommes à l’est de l’Euphrate, là où l’armée américaine s’est installée avec ses alliés kurdes. Cela permettait aux Américains de combattre Daesh et de mettre la main sur les puits de pétrole syriens…

    Mais depuis que les Turcs ont attaqué les Kurdes à Affrine, ceux-ci, mécontents du lâchage des Américains, ont, pour beaucoup, quitté la région et rejoint leurs frères dans le nord afin les aider en cas de nouvelle attaque turques. La lutte contre Daesh a donc quasiment cessé, lui permettant de se réorganiser et de se déplacer à cheval sur les deux frontières. Malgré cela, les Américains interdisent toujours à l’armée syrienne de passer l’Euphrate pour le plus grand bonheur de Daesh qui s’est même permis une attaque éclair contre la ville de Mayadin il a quelques jours.

    Quelques centaines de combattants de Daesh se déplacent également dans le désert entre Palmyre et Mayadin, sans constituer un réel danger pour l’instant.

    L’Etat islamique constitue donc encore une menace et la libération de Yarmouk est donc incontournable. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/04/24/que-reste-t-il-de-daesh-en-syrie-6045914.html