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La droite a encore un avenir dans les villes et métropoles…
À en croire les dernières élections, la droite n’aurait plus aucun avenir dans les grandes villes, dont l’électorat serait devenu, au mieux macroniste comme à Paris, au pire rouge écolo, comme à Grenoble. Et, depuis le naufrage de la liste LR aux européennes, les maires de droite trembleraient, hésitant entre un ralliement à LREM ou une campagne d’où le mot « droite » serait entièrement effacé.
La panique d’un Estrosi à Nice ou d’un Goasguen à Paris en est la risible illustration.
Cette vision d’une France binaire, partagée entre les métropoles aisées et macronistes et la France périphérique où le Rassemblement national prospère, si elle arrange bien les affaires des deux grands partis du moment, et si elle est corroborée par les analyses bien connues de Christophe Guilluy, est toutefois réductrice. C’est ce que montre une note fouillée de Nelly Garnier, publiée début juillet par la Fondation pour l’innovation politique, intitulée Allô Maman bobo. L’électorat urbain, de la gentrification au désenchantement.
Sa lecture est à conseiller à tous ceux qui, à droite – chez LR mais aussi au RN –, souhaitent comprendre et dépasser les limites de leurs performances électorales, leurs fameux « plafonds de verre ».
Le premier mérite de l’étude est de démonter le fantasme réducteur de l’électeur urbain bobo, qui serait à mille lieues des préoccupations de ceux de la France périphérique. En effet, si l’électeur urbain se caractérise bien par un niveau socio-culturel élevé, une plus grande ouverture culturelle, il n’en manifeste pas moins des inquiétudes réelles qui rejoignent celles de la France périphérique. Médiatiquement, c’est l’angoisse écologique qui est soulignée et habilement exploitée par ceux qui en font le commerce politique, mais l’étude montre que les questions du déclassement, de l’insécurité, du terrorisme et du communautarisme taraudent aussi l’électeur urbain car il les subit parfois de plein fouet. Nelly Garnier souligne, en particulier, les stratégies d’évitement scolaire. Voilà l’espace qui s’ouvre à la droite.
L’autre mérite de ce travail est de pointer la souffrance des urbains : non, le bonheur n’est pas dans la légèreté de la « street life » en trottinette. De nombreuses études pointent le désir de beaucoup d’urbains de quitter les métropoles, les angoisses liées à un certain déclassement des cadres, les équations famille-logement-travail difficiles à résoudre pour de plus en plus de ménages des métropoles.
Le verdict est sans appel : Paris n’est pas une fête pour tout le monde, le bonheur est dans le pré, d’une certaine façon, même pour les urbains, même à titre de rêve. Il y a là une piste pour une synthèse des droites des villes et des champs.
La droite aurait donc grand intérêt à renoncer au totem du « bobo », que ce soit comme repoussoir ou comme fantasme derrière lequel courir, et à investir franchement et sérieusement ces thématiques.
Vous l’avez compris, la droite n’a aucun intérêt à laisser les villes en jachère et à les abandonner aux « urban tribus » d’un Griveaux, d’un Jadot ou d’une Hidalgo dont tout le monde, y compris dans leur propre camp, mesure déjà les limites et les échecs. Ni à s’allier avec eux. Christian Jacob semble l’avoir compris. À l’origine exploitant agricole, élu de Seine-et-Marne – un département qui est en lui-même une synthèse de ces sociologies à concilier -, peut-il être, avec sa simplicité et son physique d’acteur, l’homme, ou tout au moins le catalyseur, de cette synthèse des droites des villes et des champs ?
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Les « petits chéris » de LREM devraient lire l’Histoire de France
Bien évidemment, il n’est pas question, à travers ces lignes, de justifier la violence, mais il conviendrait cependant de relativiser.Passons sur les propos de Christophe Castaner qui a osé – mais c’est sa marque de fabrique – qualifier l’attaque de permanences de députés LREM d’« attentat » : « Quand on passe les bornes, il n’y a plus de limites », disait Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu roi.
Comme disait Wallerand de Saint-Just, conseiller régional RN d’Île-de-France, vendredi dernier, au micro de RTL, « ces pauvres chéris, ah, du fumier devant leur permanence, c’est épouvantable… »
Comme si, effectivement, la chose était nouvelle en France que de déverser du lisier, du fumier, des fruits ou des légumes pourris et toutes sortes de choses devant des bâtiments officiels.
Certes, il y a des traditions plus sympathiques.
Certes, les sous-préfectures ou les centres des finances publiques étaient coutumiers du fait : une sorte d’héritage venant de l’Ancien Régime lorsque la populace pouvait aller jusqu’à pendre le gabelou à la lanterne.
Mais, entre nous, que peut un pauvre sous-préfet au champ, à part faire remonter les informations à Paris ? Il est vrai, aussi, assez curieusement, que, jusqu’à maintenant, les députés de la nation avaient été relativement épargnés.
Pourtant, qui vote les lois ?
Or, on a le sentiment que l’emmurement de ces permanences relève du sacrilège, de la profanation.
Il est vrai que la plupart de ces députés ne doivent leur élection qu’au seul fait d’avoir eu leur bobine accolée à celle d’Emmanuel Macron sur les affiches électorales.
Donc, s’attaquer à leur permanence, c’est, comme qui dirait, s’attaquer au Président.
On leur avait dit que leur job de député allait consister à voter la loi, point barre.
Fini, le député héritier des députés des trois ordres qui montèrent à Paris en 1789 pour porter les doléances du pays profond.
Par ailleurs, on ne leur avait peut-être pas assez parlé de cette phase qui s’appelle le retour du député en circonscription en fin de semaine.
La France est un vieux pays et, que ça plaise ou pas, c’est ainsi.
Alors, on se demande bien si, après ces incidents, il n’y aura pas des députés pour suggérer que les votes à l’Assemblée, à l’avenir, soient secrets.
L’anonymat a parfois du bon…
« Ces pauvres chéris » devraient néanmoins relativiser ce qui se passe aux abords de leur permanence, et ce, en examinant un peu notre histoire politique et sociale contemporaine.
Ah oui, c’est vrai, on ne leur a peut-être pas dit, durant leur stage accéléré avant élection, que la France avait une histoire politique et sociale…
Un exemple parmi des centaines d’autres : cela se passait, non pas sous Mandrin ou Cartouche, mais sous le père de Gaulle.
À une époque où l’autorité de l’État n’était pourtant pas un vain mot.
Ainsi, le 4 juin 1961, jour d’élection cantonale, des paysans bigoudens brûlèrent carrément des urnes électorales à Pont-l’Abbé.
Une semaine avant, des centaines de kilos de pommes de terre, enduites de gas-oil, avaient été déversées dans les rues de Pont-Aven.
Le 8 juin, la ville de Morlaix fut bloquée par plusieurs milliers d’agriculteurs et la sous-préfecture fut investie.
Pris à la gorge, les paysans bretons se refusaient à vendre leurs produits en dessous d’un prix plancher.
Le leader du mouvement, un certain Alexis Gourvennec, issu de la Jeunesse agricole catholique, et qui avait grandi chaussé de sabots, fut arrêté et emprisonné après cette manifestation.
« Quand la raison ne paie plus, il faut être déraisonnable », déclarait-il.
S’ensuivirent des manifestations de solidarité.
Gourvennec et son acolyte, Marcel Léon, seront jugés le 22 juin… et relaxés.
Ils furent portés en triomphe dans les rues de Morlaix par 10.000 manifestants.
La France n’était pourtant pas gouvernée par des startuppers qui jargonnaient société inclusive et autres joyeusetés.http://by-jipp.blogspot.com/2019/08/les-petits-cheris-de-lrem-devraient.html
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Rennes : le député LREM Mustapha Laabid condamné à six mois avec sursis et trois ans d'inéligibilité
Mustapha Laabid, député LREM d'Ille-et-Vilaine, a été condamné ce mardi par le tribunal correctionnel de Rennes a six mois de prison avec sursis, trois ans d'inéligibilité et 10.000 euros d'amende pour abus de confiance. Son avocat annonce que le parlementaire va faire appel.Mustapha Laabid, député LREM d'Ille-et-Vilaine, a comparu le 3 juin 2019 devant le tribunal correctionnel de Rennes pour abus de confiance au préjudice de l'association d'insertion professionnelle "collectif intermède" qu'il présidait jusqu'en 2017. La justice lui reproche d'avoir utiliser à des fins personnelles des fonds de cette association financée uniquement par des subventions publiques. Le montant du préjudice s'élève à 21.545 euros. "Ces détournements apparaissent comme conséquents" a estimé le tribunal qui avait mis son jugement en délibéré.Le tribunal correctionnel de Rennes a suivi en grande partie les réquisitions du parquet en condamnant l'élu ce mardi à six mois de prison avec sursis, trois ans d'inéligibilité et 10.000 euros d'amende.[...]En savoir plus sur francebleu.frSur le même thème lire aussi: -
Plus fort que les homards de Rugy : le financement de la campagne de Macron (2)
Les peoples ne sont pas les seuls à fréquenter Macron. Macron reçoit aussi, à dîner ou non, des acteurs de la vie politique et publique qui, sur le papier, n’ont pas grand chose à voir avec ses fonctions de ministre de l’Économie.
L’Express écrit en janvier 2018 que Macron s’entretient à Bercy avec des intellectuels qui pensent le spirituel et la laïcité, ou encore avec des représentants des cultes. Dalil Boubakeur, alors président du Conseil français du culte musulman, se souvient avoir dressé à Macron « un panorama depuis une trentaine d’années des musulmans en France » et avoir trouvé une oreille très attentive du ministre.
L’abbé Pierre-Hervé Grosjean, fondateur du Cercle Léon-XIII, est reçu à sa demande avec plusieurs prêtres pour un petit-déjeuner à Bercy : « On avait échangé sur les grands sujets universels et sur la notion de bien commun », dit-il, soulignant que d’autres « ministres n’avaient pas le temps de le recevoir ». Au fur et à mesure que grandit l’ambition de Macron, les échanges se font plus intenses et, surtout, plus politiques.
« Macron absorbe les conseils, remarques et notes que lui font passer intellectuels et chercheurs !
Le politologue Stéphane Rozès est reçu un samedi matin à Bercy « deux-trois mois avant le départ de Macron ». « Cet échange n’était pas lié à une mission professionnelle pour Bercy, mais à une discussion de « visiteur du samedi », a-t-il précisé. « Nous avons parlé de la dépression française, de ses raisons profondes. »
« Dans cette lignée, l’ancienne ministre Corinne Lepage est conviée entre juin et juillet 2016 au ministère où ils « abordent beaucoup de sujets ». « Il m’a dit qu’il allait quitter le gouvernement et m’a demandé de le rejoindre » (Corinne Lepage à franceinfo). Elle attendra janvier 2017 pour rallier la campagne de Macron.
Était-ce le rôle de Macron de recevoir à Bercy tant de personnalités de tous bords et de tous milieux ?
À l’époque, En marche ! avait présenté le même argument que celui avancé par de Rugy pour justifier la qualité des personnes invitées à ses dîners. Recevoir au ministère des acteurs extérieurs à l’administration fait partie du rôle et de la fonction d’un ministre ! (En marche ! sur Facebook).
Le candidat Macron a pu compter sur le soutien de son ancien collègue au gouvernement. Interrogé sur LCP, le 26 janvier 2017, Michel Sapin assurait que Macron n’a « pas dépensé plus » d’argent qu’il n’en avait le droit en frais de représentation.
« De plus, cette pratique des dîners est très fréquente dans toutes les institutions de la République« , confirment plusieurs journalistes, personnalités et anciens ministres contactés par franceinfo. « Rien dans la réglementation ne permet de contrôler la nature des dépenses, les responsables politiques doivent seulement s’astreindre à ne pas dépasser un certain budget« , explique à France 2 René Dosières, ancien député PS et fondateur de l’observatoire de l’éthique publique. Christian Eckert a, lui, un jugement plus dur sur ces agapes.
« Je suis pour respecter la liberté du ministre mais là, clairement, on est dans des excès« , soutient-il.
Il n’est pas le seul à le penser. « Ceux qui essayent de justifier ces dîners, en disant qu’expliciter les reformes auprès des personnalités influentes cela peut être le rôle d’un ministre, ont une conception extensive de ce rôle« , pointe Frédéric Says. Même analyse pour Marc Endeweld, auteur de deux ouvrages sur Macron.
On est encore et toujours dans des excès ! Marc Endeweld : « Macron a totalement maximisé ses frais de représentation et utilisé sa position de ministre de l’Économie pour son ambition personnelle. C’est à Bercy qu’il a fait son réseautage. » (source : Marc Endeweld, Le Grand Manipulateur. Les réseaux secrets de Macron (Stock, 2019) et Marc Endeweld, L’Ambigu Monsieur Macron (Points, Seuil, 2018).
Macron en campagne : « Service d’ordre payé en cash, société de sécurité absente des comptes ! Des membres du service d’ordre (SO) de Macron pendant la campagne 2017 sont mystérieusement absents des comptes de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
« J’ai été payé de la main à la main par Benalla ». D’après Le Monde, certains auraient été payés cash par Benalla. D’après les informations du Monde, des dépenses de la campagne présidentielle de Macron en 2017 ont échappé à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Elles concernent le service d’ordre (SO), dirigé officiellement par Benalla à partir du 5 décembre 2016. Ainsi, lors du grand meeting qui a eu lieu le 10 décembre 2016 porte de Versailles, à Paris, En Marche ! a fait appel à une petite société de sécurité, Tego Sécurité, qui a fourni une dizaine d’hommes.
Or, il n’y a aucune trace de leur présence dans les documents remis à la CNCCFP. De même pour Kamel « Gladiateur », Jamel « Judoka » ou « Tino », futurs piliers du SO, présents sur des photos autour de Macron mais absents de la Commission des comptes de campagne.
Certains affirment au Monde qu’ils n’étaient pas bénévoles. « J’ai été payé au QG de campagne par Benalla, 120 euros en liquide », dit l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Après un meeting à Lyon, il affirme avoir assisté à une distribution de billets « pour dix gars ».
Et il n’est pas le seul à avoir enchaîné les meetings sans pouvoir présenter de fiches de paie. D’après les comptes de campagne, Tego Sécurité n’a facturé que 7 missions, à partir de février 2017. Or, son patron, Darko Bulatovic, déclare au journal serbe Vesti :
« Nous avons envoyé six gars au premier meeting, puis on nous a sollicités pour le deuxième et le troisième. Tego est la seule société à avoir fait toute la campagne. »
Benalla, une nouvelle zone d’ombre dans les comptes de campagne de Macron !
François Krug : « Selon nos informations, des versements à des membres du service d’ordre du candidat à la présidentielle auraient échappé au contrôle de la CNCCFP. Des anciens du SO interrogés par Le Monde évoquent d’autres bizarreries dans la gestion des notes de frais.
Le 10 décembre 2016, Macron réussit sa démonstration de force. Le candidat à l’élection présidentielle réunit près de 15 000 personnes porte de Versailles, à Paris. Ce succès est aussi celui de Benalla, tout juste nommé directeur de la sûreté et de la sécurité d’En Marche ! À l’époque, c’est un inconnu de 25 ans.
Aujourd’hui, difficile de le rater sur les images du meeting. Il ouvre le chemin à Macron, bousculant parfois les militants et les photographes. Sur ces clichés, on peut aussi identifier de futurs piliers du SO, le service d’ordre. Comme Kamel, Jamel, ou Tino, un professionnel basé sur la Côte d’Azur et venu spécialement à Paris. Selon le Monde, la société parisienne Tego Sécurité a aussi fourni une dizaine d’hommes. Leur présence n’a pas laissé d’autre trace.
Selon les documents transmis à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), les dépenses pour la sécurité du meeting se limitent aux 16 500 euros versés à VIP Sécurité, un gros acteur du secteur. Selon ses factures, cette société a fourni une quarantaine d’agents chargés du contrôle des accès du public ou de la sécurité incendie, loin du candidat lui-même.
D’autres membres du SO présents assurent au Monde qu’ils n’étaient pas bénévoles. Ils citent des scènes avec des billets qui circulent au QG de campagne, pour rémunérer des missions ou rembourser des notes de frais. Si les sommes concernées sont difficiles à évaluer, ces versements seraient par nature restés intraçables et auraient échappé au contrôle de la CNCCFP, chargée de valider les dépenses de campagne.
Après de Rugy et la révélation de la ripoublique des homards, de graves questions subsistent sur le financement de la campagne de Macron, le candidat heureux à Bercy qui a reçu « matin, midi et soir beaucoup de monde pour lancer En marche ! » et qui a été soutenu par tous les médias mainstream en 2017.
© Thierry-Ferjeux Michaud-Nérard pour Dreuz.info.
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Plus fort que les homards de Rugy : le financement de la campagne de Macron (1)
Graves questions sur le financement de la campagne de Macron ! Le député LR Olivier Marleix a été interrogé par Marianne. Marc Sergent : « Vous avez été entendu par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) car vous aviez signalé les opérations de vente des activités énergie d’Alstom à General Electric et la fusion Technip-FMC à la justice.
« Pourquoi cette démarche ? J’ai signalé ces opérations au parquet de Paris parce que le fait que l’on puisse retrouver dans la liste des personnalités qui ont contribué financièrement à la campagne présidentielle de Macron des acteurs intéressés à cette vente et cette fusion serait, si cela est avéré, problématique.
« Des faits dont je n’ai pris connaissance, notamment par un article de Marianne joint à mon courrier, qu’en mai 2018. En droit, ces dons, mêmes réalisés sous une forme légale, pourraient constituer un « pacte de corruption » ou une « prise illégale d’intérêt ».
Les sommes en jeu dans ces fusions sont immenses : dans la vente d’Alstom power à GE, du seul côté d’Alstom, les « coûts de l’opération » avoisinaient les 300 millions d’euros, souvent en success fees (des primes au résultat en somme, NDLR). Pour une banque d’affaire l’enjeu s’élève à 10 ou 15 millions d’euros. Pendant ses deux années à Bercy,
Macron a autorisé des fusions pour des montants colossaux. Alstom-GE : 13 milliards d’euros. Alcatel : 15 milliards. Lafarge : 17 milliards. Technip : 8 milliards. Cette accélération de l’histoire est inédite… Que les financiers de la campagne, MM. Kohler et Denormandie aient été en charge de ces dossiers au cabinet souligne le mélange des genres ! »
Christine Tasin : « Est-ce que le CSA a l’intention de demander à ce que les subventions dont la pièce de théâtre de BHL a fait l’objet sur fonds publics soient réintégrées aux comptes de campagne de LREM ?
Cette initiative est parfaitement déshonorante. C’est une façon de se moquer du monde. Le Canard Enchaîné a révélé qu’un documentaire sur la pièce de Bernard-Henri Lévy, Looking for Europe, a profité de centaines de milliers d’euros de subvention de la part de grandes chaînes dont certaines sont subventionnées par l’État, comme Arte, dont BHL préside le conseil de surveillance.
La tournée européenne de Looking for Europe a bénéficié d’une large couverture médiatique en France, son auteur-interprète mettant en avant sa crainte des « populismes« , un thème cher à Macron (en campagne). Le 21 mai, l’essayiste-homme de théâtre en « campagne » était reçu à l’Élysée pour un déjeuner qu’il a lui-même organisé entre le chef de l’État et douze philosophes européens signataires d’une tribune dont BHL est l’auteur, intitulée « l’Europe est en péril« .
franceinfo : « Macron (en campagne) recevait le Tout-Paris à Bercy ($$$) pour se constituer un carnet d’adresses. Les dîners polémiques (de la vie de château sur le dos des contribuables) organisés par de Rugy alors président de l’Assemblée nationale ont fait ressurgir les souvenirs des dîners organisés par Macron, l’ancien ministre de l’Économie, devenu (par miracle) président de la République. « Il y a des similitudes. »
Frédéric Says, éditorialiste à France Culture et auteur avec Marion L’Hour du livre Dans l’enfer de Bercy (JC Lattès, 2017) : « Oui, dans les deux cas, des frais de représentation ont été utilisés avec l’idée de se constituer des liens avec la société civile. Enfin, c’est comme cela que c’est justifié ! »
Mais, ajoute le journaliste : « pour Macron, il n’y a pas eu de photos de sorties et surtout il n’y a pas eu de scandale« . Pour Frédéric Says, les dîners fastueux de François de Rugy, révélés par Mediapart, rappellent les dîners fastueux (de la vie de château sur le dos des contribuables) donnés par Macron à Bercy (le futur président de la ripoublique des homards).
Macron, alors ministre de l’Économie (2014-2016), a multiplié les dîners et les rencontres à Bercy. À en croire les observateurs de la vie politique et ses adversaires, ces réceptions lui ont permis de se constituer un solide réseau qui a pu lui être utile pour la suite de sa carrière politique.
« Pour François de Rugy, on parle d’une dizaine de dîners entre octobre 2017 et juin 2018, mais du côté de Macron, c’était quasiment tous les soirs ! C’était très, très soutenu. », s’exclame Frédéric Says.
« Macron [avait] utilisé à lui seul 80% de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée par le Budget à (l’ensemble du) ministère ». À l’époque, le mouvement En marche ! avait immédiatement démenti ces accusations dans un communiqué : « Aucun centime du budget du ministère de l’Économie (…) n’a été utilisé pour (Macron en « campagne »). Toute affirmation du contraire est purement et simplement diffamatoire ».
Interrogé de nouveau sur le sujet par franceinfo, l’Élysée n’a pas donné suite à nos sollicitations.
« Certains ont pu observer aux premières loges la fréquence très importante des dîners organisés par Macron. « Dans la dernière ligne droite, il y avait beaucoup de passages », confie à franceinfo Michel Sapin, ex-ministre des Finances et des comptes publics. Son secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, est encore plus prolixe.
Auteur d’Un ministre ne devrait pas dire ça (Robert Laffon, 2018), il y racontait que c’est dans l’appartement de fonction du ministre de l’Économie « 300 mètres carrés high-tech et rutilants (…) digne d’une revue d’architecture » que « matin, midi et soir, le couple a reçu beaucoup de monde pour lancer En marche ! »
« Tous les espaces du septième étage de Bercy (…) étaient mis à contribution simultanément. Une stratégie qui permettait à Brigitte et Macron de prendre l’apéritif dans une réception du ministère, de débuter un premier dîner plus officiel avec d’autres convives au septième étage, puis d’en poursuivre un second à l’appartement !
« Un double dîner en somme« . Interrogé par franceinfo, Christian Eckert dresse la même comparaison que Frédéric Says. « Je ne sais pas si les dîners de Macron étaient comparables avec ceux de Rugy en terme de qualité des repas mais en terme de nombre et de fréquence, c’était impressionnant. »
Michel Sapin, lui, a sa petite idée sur les différences gastronomiques entre l’hôtel de Lassay et Bercy.
« Le ministère n’offre pas de si beaux repas que ceux de l’Assemblée nationale », assure-t-il, parlant d’une « bonne cuisine familiale » où « ce n’est pas l’habitude de servir de très grands crus ».
« Si les mets les plus fins ne sont vraisemblablement pas servis à la table des Macron, ces derniers prennent cette habitude de recevoir à leur table dès l’entrée en fonction du ministre, explique Frédéric Says.
« Cela prend ensuite un tour plus systématique » (avec) l’idée de se présenter [à la présidentielle] ».
« La salle à manger peut accueillir les journalistes, les acteurs, les « people », les chefs d’entreprise, les chanteurs, le Tout-Paris et au-delà, accourus par l’entrée discrète située quai de Bercy » (Christian Eckert). Ce qui explique pourquoi certains conseillers affirment n’avoir pas vu les personnalités défiler sous leurs fenêtres.
« Je ne l’ai pas vu dîner avec le Tout-Paris, assure à franceinfo l’un des ex-conseillers de Macron. Il a assez cloisonné la création d’En marche ! avec le cabinet. » On a pu lire au détour d’un article « people » que la rencontre entre Macron et tel écrivain, chanteur ou intellectuel s’est faite à Bercy.
France Inter décortique ainsi la relation entre Macron et Michel Houellebecq. Après avoir interviewé Macron pour les Inrocks, Houellebecq est invité à dîner par Macron dans ses appartements à Bercy « pour le remercier et mieux le connaître ! »
« Un dîner apparemment quelque peu arrosé et qui avait marqué Macron« , note la radio. Contacté par franceinfo, l’agent de Michel Houellebecq n’a pas souhaité s’exprimer plus amplement sur ce dîner, affirmant n’avoir « rien de particulier à raconter sur cette rencontre ». Matthieu Tarot, le producteur de Fabrice Luchini, en cette fin d’année 2014, se met en tête de réconcilier l’acteur « plutôt de droite » avec la gauche (et Macron).
« Cela passera par un dîner avec Macron, qui « intéresse beaucoup » le trublion du cinéma français. Brigitte trouve l’idée « formidable » et confie à Matthieu Tarot qu’elle pensait inviter l’acteur à dîner. Le repas a lieu le 24 novembre 2014. Sont présents Fabrice Luchini et sa femme, le couple Macron et Matthieu Tarrot.
« On arrive à 20 heures et on repart à 3 heures, c’est un coup de foudre collectif », dit Tarrot. « On parle de tout, de l’intimité de chacun, de politique… », Tarot parlant du début d’une « relation formidable et intense » entre les deux hommes.
Fabrice Luchini ira même jusqu’à prêter sa maison sur l’île de Ré, à l’été 2016, à Macron pour que ce dernier écrive son livre programmatique, Révolution. C’est aussi à Bercy que Line Renaud fait la connaissance des époux Macron, qui deviendront au fil du temps des amis très proches.
Résultat : Macron est félicité par Line Renaud et Stéphane Bern lors de son élection, le 7 mai 2017 !
« Emmanuel et Brigitte, je les ai rencontrés à Bercy en 2014, avec d’autres artistes. Lui venait d’être nommé à l’Économie. J’ai eu un coup de foudre immédiat pour ce couple », avait raconté à Paris Match Line Renaud. Lors de la campagne, Line Renaud avait clairement affiché son soutien au candidat.
À suivre
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L’Europe continue de verser des milliards à la Turquie pour sa future adhésion
Il y a, en ce moment, une guerre du gaz autour de Chypre. Les importants gisements récemment découverts ont aiguisé les appétits. La République de Chypre a signé d’importants contrats avec l’américain Exxon Mobil, l’italien ENI et le français Total. Mais la Turquie occupe toujours un bon tiers de l’île et n’entend pas passer à côté de cette manne. Elle fait donc des forages de son côté et multiplie parallèlement les opérations d’intimidation.
Ainsi, des navires de guerre et des navires de forage turcs opèrent actuellement dans les eaux territoriales de Chypre, provoquant le mécontentement des Européens. Ces derniers ont – incroyable audace – décidé des mesures de rétorsion. Rassurez-vous, elles ne vont pas bien loin : il s’agit juste de bloquer l’augmentation, prévue en 2020, de l’aide de pré-adhésion à l’Union européenne, soit 146 millions d’euros. L’aide est donc maintenue pour plusieurs milliards…
Cet épisode géopolitique distrayant est l’occasion de se pencher sur ce dossier opaque, voire occulte, des aides européennes à la Turquie, instaurées pour l’aider à préparer sa future adhésion – que plus personne n’envisage, d’ailleurs. Ubu est toujours roi, et avec nos impôts !
Ces aides sont regroupées sous le nom d’IAP (instrument d’aide de pré-adhésion). Actuellement, c’est IAP II qui est en cours depuis 2014 et s’achèvera en 2020. Ensuite, IAP III se mettra en place de 2021 à 2027. La Commission européenne s’est prononcée en ce sens lors d’une conférence de presse le 19 mars 2019 : « L’Union européenne continuera à apporter une assistance en vue d’aider des partenaires à se préparer à leur future adhésion à l’Union européenne. » Ces partenaires sont l’Albanie, la Macédoine, la Serbie, le Monténégro et la Turquie.
Un débat a tout de même eu lieu au Parlement européen, le 27 mars, et certains députés ont légèrement renâclé. Ainsi, Arnaud Danjean, qui sera ensuite numéro trois sur la liste de François-Xavier Bellamy, a proposé de renommer ces fonds et de « les déconnecter clairement de la problématique de l’élargissement ». Quelle audace ! Il a courageusement ajouté : « Les fonds destinées à la Turquie nous semblent trop importants alors même que les sujets de préoccupation communs, comme les migrations, font l’objet d’accord financiers spécifiques. »
Car les milliards de l’IAP s’ajoutent aux milliards offerts à Erdoğan pour garder les immigrés syriens et irakiens chez lui, enfin, sauf ceux qu’il a déjà envoyés en Europe. Pourquoi se gêner, puisque l’Europe est toujours d’accord pour payer ? Pour la petite histoire, M. Danjean s’est abstenu à ce vote : il ne fallait tout de même pas exagérer…
Certains hommes politiques se sont parfois émus de cette situation. Ainsi, en 2016, le vice-président allemand du Bundestag, Johannes Singhammer, avait déclaré que ces aides étaient « une vaste blague » et qu’il fallait les supprimer, mais il ne s’est rien passé. La Cour des comptes européennes (car il y en a une) a dit, de son côté, qu’il était impossible d’évaluer les retombées de ces aides. Mais la Commission européenne a superbement répondu : « La Commission va réévaluer en permanence la situation en Turquie et ajuster si nécessaire et en fonction des besoins l’allocation de ces fonds. » Prix d’excellence au concours de la langue de bois ! En attendant, le contribuable européen continue de payer sans le savoir.
Combien, au fait ? Un homme politique, François Asselineau, a affirmé en avril 2017 que 6 milliards avaient ainsi été donnés à la Turquie. L’émission d’Europe 1, « Le vrai-faux de l’info », a voulu vérifier ce chiffre et, dans son émission du 20 avril 2017, Géraldine Woessner a affirmé que c’était, en fait, un peu plus : sept milliards avaient déjà été donnés à cette date, et six de plus seraient versés de 2017 à 2020, trois pour la gestion des réfugiés et trois pour l’aide à la pré-adhésion. C’est la Commission européenne elle-même qui a fourni ces chiffres à la journaliste.
Pour la France, c’était, à cette date, près d’un milliard d’euros…
Tout cela est bien évidemment accablant et l’on peut se demander s’il va se trouver un homme politique en Europe pour engager une action résolue afin de mettre un terme à cette invraisemblable situation. On peut rêver…
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Gilets jaunes, mort de Steve, G7: Christophe Castaner plus que jamais sous pression
Depuis huit mois, les appels à la démission du ministère de l'Intérieur se multiplient. De plus en plus critiqué pour ses déclarations hâtives et sa mauvaise gestion du maintien de l'ordre, Christophe Castaner continue d'avoir la confiance de l'exécutif. Jusqu'à quand ?Combien de temps encore Christopher Castaner peut-il tenir ? La question se pose après huit mois de tension sociale durant lesquels le ministre de l'Intérieur a connu plusieurs déconvenues en multipliant les faux pas.Et l'agenda de la rentrée s'annonce à hauts risques pour le locataire de la place Beauvau, avec l'encadrement du G7 à Biarritz et les conclusions de la réflexion lancée sur le maintien de l'ordre attendues pour septembre."Castaner démission!" Au fil des manifestations des gilets jaunes, le ministre de l'Intérieur est devenu l'une des cibles principales des slogans scandés par les cortèges mobilisés chaque samedi. De l'oeil de Jérôme Rodrigues au dos de Geneviève Legay, il est tenu pour responsable des violences policières présumées.Christophe Castaner commet un nouvel impair, selon ses détracteurs: il décore des responsables de police, soupçonnés d'être à l'origine de violences, dont le commissaire divisionnaire à Nantes, Grégoire Chassaing, qui a donné l'ordre du gazage de jeunes le soir du 21 juin ou le capitaine Bruno Félix, intimement lié à l’enquête sur le décès de Zineb Redouane à Marseille, pour laquelle il a été auditionné.Un ministre "totalement dépassé" selon Christian Jacob (LR), avec "un rapport extrêmement affaibli avec la population" d'après Alexis Corbière (LFI): les appels à la démission se multiplient à gauche comme à droite de l'échiquier politique.[...]En savoir plus sur bfmtv.comSur le même thème lire aussi: -
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