Paul Déroulède, homme politique et poète sous la IIIe République, fondateur et chef de la Ligue des patriotes, est aujourd’hui oublié, y compris dans les milieux patriotes, alors qu’il fut une figure emblématique du nationalisme français jusqu’à sa mort en 1914. La mémoire a oublié ce « premier nationalisme » auquel il se rattache pour le second incarné par Charles Maurras et Maurice Barrès qui se développa dans les années 1890-1900. Pourtant, malgré ses contradictions, son intransigeance et une obstination parfois incompréhensible dans ses erreurs, Déroulède fut un personnage hardi, sincère, opiniâtre mais sans haine. Au-delà de la thématique de la Revanche tombée en désuétude, l’homme qui a incarné son courage et sa ténacité dans son Quand même ! demeure fascinant.
I. Le parcours
Paul Déroulède naît à Paris le 2 septembre 1846, fils d’un père juriste et catholique convaincu. Le cousin du futur fondateur de la Ligue des patriotes est Ludovic Trarieux, futur fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme (1898) ! Après une scolarité passable, il obtient son baccalauréat en lettres en 1863. Son père le pousse à l’inscrire à l’Ecole de Droit et il y obtient péniblement sa licence en 1868 et n’aura jamais un seul client au barreau. Il déteste l’Empire et se décrit alors comme pacifiste, antimilitariste, humanitariste voire internationaliste. La guerre de 1870 va le bouleverser.