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culture et histoire - Page 1072

  • CONFÉRENCE DE VINCENT VAUCLIN À STRASBOURG : LE BILAN !

    Avec un peu de retard, nous avons le plaisir de publier ici notre bilan en images de la conférence de Vincent Vauclin à Strasbourg, sur le thème « Quelle révolte contre le Monde moderne ? », qui a eu lieu le 19 Novembre dernier.

    Voici quelques photos prises à l’occasion de cette conférence qui a réuni une trentaine de personnes et dont vous trouverez la vidéo ci-dessous. Merci aux camarades alsaciens pour leur accueil !

    Photos : 

    Vidéo : 

  • Noël, la plus européenne des fêtes

    Si les recueils de contes de Noël sont nombreux et variés, il n’existait pas jusqu’à présent de véritable anthologie rassemblant les récits, poèmes et contes de Noël de toutes époques et de tous pays. Ce vide est aujourd’hui comblé avec la parution aux éditions Robert Laffont du Bouquin de Noël, magistrale somme rassemblée par Jérémie Benoit, conservateur des châteaux de Trianon à Versailles, historien d’art de la Révolution et de l’Empire, mais aussi auteur de plusieurs essais sur les cultures indo-européennes.

    bouquin-noel-200x300.jpgLe Bouquin de Noël, par Jérémie Benoit

    Davantage qu’une simple compilation de textes, ce gros pavé de mille pages revient aux sources de la tradition. Jérémie Benoit, dans sa préface joliment intitulée « Le Noël des écrivains », constate que si le sens de cette fête s’est aujourd’hui perdu, réduit à une unique soirée « festive », prétexte à agapes familiales et à débauche mercantiliste, c’est auprès des écrivains que l’on peut retrouver sa signification perdue, chrétienne ou non, « tous ayant sauvegardé l’esprit de Jul, le Noël scandinave qui, bien que depuis longtemps enfouis sous des dehors chrétiens, avait perduré ».

    Les écrivains, passeurs de mémoire

    Ce livre s’adresse tout autant à ceux qui s’intéressent à l’anthropologie qu’à la littérature. À travers les textes présentés, le lecteur pourra constater comment la perception de cette période sacrée entre toutes évolue selon les contrées et à travers les âges. C’est ainsi dans les récits de l’Europe septentrionale que l’esprit archaïque de Noël est le mieux conservé tandis qu’en Europe du Sud, France comprise, c’est la Nativité qui donne sens. De même, alors que chez les écrivains français, les récits de Noël sont essentiellement consacrés à la nuit du 24 décembre, en Belgique, Allemagne, Russie, Suède, c’est tout le temps de l’Avent jusqu’à la saint Sylvestre qui est mis en valeur. Reprenant cette vision, Jérémie Benoit fait commencer le cycle depuis la Samain/Toussaint, puis à travers le mois de l’Avent jusqu’au jour de l’an et à l’Epiphanie. L’ordre des textes présentés suit cette chronologie. Ils sont classés non pas en fonction des auteurs mais selon les fêtes qui rythment la période symbolisant l’entrée dans l’âge sombre de l’année.

    L’enchaînement des récits et contes nous fait ainsi voyager dans le temps et l’espace. Du plus profond des âges, les mythes antérieurs à la christianisation sont encore bien visibles dans les textes médiévaux comme à travers la légende flamande d’Halewyn, le récit de la Chasse sauvage par le Normand Orderic Vital ou bien encore dans Gauvain et le chevalier vert, énigmatique récit du cycle arthurien. L’esprit de Noël, c’est aussi bien sûr la Nativité du Christ, substitut chrétien du retour de la lumière. C’est encore et surtout la présence enfantine lorsque sont évoqués le sapin, les jouets, les lumières comme dans Le grillon du foyer de Charles Dickens, Le Noël de Trott de Lichtenberger, Le casse-noisette d’Hoffmann, Le livre de Noël de Lagerlöf. Nombre d’écrivains de Noël cités dans cet ouvrage entrent également dans la catégorie des auteurs régionalistes, comme Le Braz pour la Bretagne, Daudet pour la Provence, La Varende pour la Normandie ou Erckmann-Chatrian pour l’Alsace.

    Le lecteur averti constatera qu’entre la Renaissance et la Révolution les textes consacrés à Noël disparaissent. Jérémie Benoit attribue cette parenthèse au triomphe du christianisme de la Contre-réforme, particulièrement méfiant vis-à-vis des cultures paysannes traditionnelles.

    La plus européenne des fêtes

    C’est avec l’éveil du romantisme au XIXe siècle que la littérature retrouve le chemin de Noël, notamment en terres germaniques, restituant l’esprit ancien des étranges nuits de Noël. Certains récits sont aujourd’hui devenus célèbres, comme Le Chant de Noël de Dickens ou Les Trois Messes basses de Daudet. D’autres, oubliés, méritaient d’être redécouverts. Souvent émouvants, ils évoquent des Noëls enneigés, des mondes silencieux, l’âtre rougeoyant, les joies simples et enfantines. La mélancolie et la tristesse sont aussi présentes car la mort est là qui rôde toujours en ces nuits sombres, comme dans La Petite Fille aux allumettes d’Andersen ou le méconnu Fleur de Blé de Camille Lemonnier.

    À travers cette anthologie, les textes rassemblés nous démontrent que, par-delà la portée universelle du message de la Nativité, Noël représente la plus européenne des fêtes. En ces nuits étranges ouvrant le passage vers la nouvelle année et célébrant le cycle éternel de la vie, un véritable syncrétisme s’est instauré autour de Noël, puisant aux sources latines, nordiques, germaniques, slaves puis chrétiennes. Derrière ces figures et ces festivités se dissimulent des croyances qui révèlent parfaitement la religion originelle de l’Europe, nous rappelant qui nous sommes. C’est pourquoi il est important de lire, de s’imprégner et de transmettre ces récits à l’heure où certains, au nom d’un laïcisme dévoyé, voudrait désacraliser Noël en interdisant crèches et sapins afin de ne pas déplaire aux adeptes d’une religion profondément étrangère à notre monde.

    Pierre Domnaiche

    Le Bouquin de Noël, par Jérémie Benoit, éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », novembre 2016, 1024 pages, 30 euros.

    http://institut-iliade.com/noel-la-plus-europeenne-des-fetes/

  • Conférence Dextra 16/12 « La révolution conservatrice vue de France » Par Thierry M

     
    Ce dernier vendredi soir de 2016 en vous attendant pour la rentrée de janvier 2017, 
    nous vous attendons nombreux au « Molière » 
    12 Rue de Buci, 75006 Paris. 
    Pour rencontrer Thierry M, 
    étudiant en histoire politique.
    Qui nous parlera de la révolution conservatrice allemande et de son influence en France.
    Venez nombreux pour cette dernière conférence de l’année.

  • Chronique d'exposition : Les temps mérovingiens, Trois siècles d'art et de culture (451-751), musée de Cluny, Paris

    cluny merovingiens.jpg

    Du 26 octobre 2016 au 17 février 2017 se tient au musée du Moyen Âge à Paris, le musée de Cluny, dans le quartier latin, une exposition temporaire sur les Mérovingiens. L'occasion de se replonger dans l'art et la culture de cette dynastie souvent caricaturée et méconnue. Les Français n'ont souvent retenu que de pathétiques clichés de guerriers germaniques à moustaches, d'un « bon roi Dagobert ayant mis sa culotte à l'envers », et autres âneries de ce type.

    Sur le plan de l'histoire, nous connaissons en grande partie les Mérovingiens par l’œuvre de Grégoire de Tours (538-594). Mais là aussi, certaines considérations de l'auteur relèvent plus de la légende, de l'hagiographie et de la propagande que de la vérité historique. Grégoire de Tours y présente par exemple Clovis comme le « nouveau Constantin » et on sait combien l'Eglise et la royauté franque surent s'appuyer l'une sur l'autre pour tâcher de garder un semblant d'organisation socio-politique durant l'Antiquité tardive.

    Garde-Epee-Childeric.jpg

    Garde de l'épée de Childeric Ier (inhumé à Tournai)

    Les Mérovingiens symbolisent cette période où la romanité perdure mais recule (le cas ambigüe du Pactus Legis Salicae), où le christianisme progresse dans les campagnes (les fameux pagus d'où viennent les « païens ») et où les pratiques germaniques se maintiennent, en particulier les faides (comme la faide royale de 570 à 613 qui se termina par le supplice de Brunehaut) et les partages entre les fils du roi (à la mort de Clovis en 511 ou de Clothaire Ier en 561 par exemple). On ne peut pas alors véritablement parler de féodalité mais les hommes de l'époque tentent de se placer sous la protection d'un aristocrate exerçant des fonctions politico-militaires. Les querelles familiales, nombreuses, finiront par favoriser l'avènement des Pippinides, basée en Austrasie, dès la bataille de Terty en 687 qui leur permet de mettre la main sur la Neustrie, non sans soubresaut. Charles Martel, réputé pour avoir mis en échec un raid des musulmans d'Espagne en 732 du d'abord ferrailler pour maintenir l'autorité austrasienne en Neustrie (victoires à Amblève, Vinchy et Nery entre 716 et 720).

    1358233028.jpgAustrasie, Neustrie, des régions disparues des mémoires et qui pourtant sont le poumon du dynamisme du Haut Moyen Age. Structurés par de nombreux diocèses et des villes de première importance comme Cologne, Tournai, Reims ou Paris, irrigués par des routes commerciales entre la Frise et le royaume Lombard et déjà vertébrée par le Rhin, la Meuse ou le Rhône, le monde des Mérovingiens est au carrefour de l'Europe et entretient des liens avec Byzance. Les découvertes archéologiques mais aussi les différents débats historiographiques nous ont permis de revaloriser cette période souvent jugée « sombre » car elle aurait symbolisée un recul de la civilisation au profit de la barbarie. Certes, la royauté franque est marquée, comme nous l'avons évoqué, par une instabilité politique plus forte en apparence, en raison du partage des terres et des querelles entre clans familiaux, mais il faut bien mal connaître la Rome impériale pour imaginer que tout ne fut que stabilité politique...

    L'exposition du Musée de Cluny permet de valoriser les temps Mérovingiens à travers la culture matérielle : monnaie, fibules, armement... et ravira à n'en pas douter les amateurs d'histoire, les reconstitutions historiques où tous les passionnés de ces temps où l'Europe était à l'heure germanique. Les pièces exposées du trésor de Childéric, le père de Clovis, sont d'une rare beauté, tout comme les pièces d'armement (casque par exemple). Le Haut Moyen Âge est en effet marqué dans son ensemble, jusqu'à son excroissance tardive par le phénomène viking, par une grande beauté de ces pièces, souvent ornées, rehaussées de pierres précieuses et qui démontrent toute la richesse et la puissance des aristocraties. Le christianisme, si il a pénétré, n'a pas encore totalement éradiqué les traditions païennes autant romaines que germaniques. Les défunts sont inhumés avec armes ou bijoux et certains ont dans la bouche l'obole à Charon. Un contraste avec la période carolingienne où l'inhumation se fait dans un simple linceul blanc et où les traces de paganisme (offrandes, oboles, …) ont disparues.

    On regrettera cependant la muséographie et la scénographie qui ne mettent pas suffisamment en valeur les pièces et leur caractère clinquant (or et grenat par exemple), tout comme les explications qui ne permettent pas suffisamment de comprendre historiquement les Mérovingiens. Le catalogue d'exposition (à 39€) est en revanche d'une grande qualité. Cette visite sera également l'occasion pour vous de découvrir ou redécouvrir les merveilles du Musée de Cluny, même si le médiéviste que je fus déplore là aussi la muséographie... La Dame à la licorne vaut en tout cas le déplacement, mais d'autres pièces exposées, en particulier le mobilier religieux, sauront vous enchanter.

    Jean / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • Edmund Burke : Retour d’un prophète contre-révolutionnaire

    Le visiteur de passage à Dublin ne manque jamais de pousser la porte de « Trinity Collège ». Si l'on s'y émerveille devant le Livre de Kells, la plupart des touristes oublient de saluer un autre monument irlandais : Edmund Burke, dont une belle statue de bronze garde l'entrée de l'université. Son maître ouvrage, Réflexions sur la Révolution en France (publié en 1790), fut un véritable best-seller, réédité onze fois en un an et écoulé à 30 000 exemplaires du vivant de l'auteur. Dans cette œuvre majeure, Burke, politique et homme de lettres, explique à un correspondant français son horreur des idées nouvelles. Pour lui, aucune analogie n'est possible entre la « Glorieuse » révolution anglaise de 1688 et les événements parisiens de 1789. Le livre est une bombe : Burke porte haut la torche de la contre-révolution, alertant ses compatriotes tentés par les sirènes parisiennes.

    Les Belles Lettres ont eu la bonne idée d'en rééditer cet automne la version française, accompagnée de six autres textes contre-révolutionnaires du même auteur. Une belle préface de P. Raynaud, originellement écrite pour le bicentenaire de la Révolution, fournit les clefs de lecture de ce fort volume (près de 800 pages !).

    Un Irlandais en croisade

    Edmund Burke est né à Dublin en 1729. Si, comme son père, il est protestant, sa mère et ses sœurs sont demeurées fidèles à Rome ; lui-même n'hésitera pas à batailler pour les droits des catholiques irlandais. Si Burke n'oublie jamais le sort de son île natale, c'est bien en Angleterre qu'il fait ses armes. Dans les lettres d'abord, puis en politique au sein du parti Whig - traditionnellement libéral. Burke s'oppose à la Compagnie des Indes et soutient les Insurgeants des colonies américaines. Mais Te combat de sa vie sera l'opposition aux idées révolutionnaires ; combat qui le verra croiser le fer avec certains de ses anciens amis. Disons-le tout net : les Réflexions sont avant tout un ouvrage de prévention contre-révolutionnaire.

    Une dénonciation prémonitoire

    Si ce dense ouvrage fourmille d'anecdotes, fil rouge est clair : définir l'essence de la Révolution, son plan, son projet, pour mieux combattre le phénomène. Ce plan, c'est la régénération, la tabula rasa, que Burke nomme également carte blanche (en français dans le texte original). L'auteur ne vise pas les seuls députés, mais aussi les philosophes et surtout Rousseau, « l'instituteur de la régénération ». Partisan de la sociabilité naturelle, Burke ne peut adhérer aux théories du contrat social. Si pour lui, la société est une association, c'est « non seulement entre les vivants, mais entre les vivants et les morts et tous ceux qui vont naître ». Alors qu'en 1790 la Révolution séduit outre-Manche, Burke, lui, en voit clairement la nature terroriste.

    Cette régénération passe aussi par la Déclaration des droits de l'homme, ces droits abstraits que Burke oppose sans cesse aux « droits des Anglais », libertés concrètes issues de l'histoire. Les Français ont « découvert » des droits métaphysiques ; il ne peut se résoudre à un tel « manuel ou digeste d'anarchie ». Mais au-delà des Droits de l'homme, c'est toute la logique révolutionnaire que combat Burke : toute-puissance de l'Assemblée, prééminence écrasante de la ville de Paris, création ex nihilo d'une Constitution, disparition des anciennes provinces. Plein d'humour, il ironise sur la création toute géométrique des départements : « On ne connaîtra plus, nous dit-on, ni Gascons ni Picards, ni Bretons ni Normands, mais seulement des Français [...] mais il est beaucoup plus vraisemblable que votre pays sera habité non par des Français mais par des hommes sans patrie. [...] Personne ne se fera jamais gloire d'être originaire du carré 71. »

    La table rase n'épargne pas la religion. Quelques mois après la promulgation de la Constitution civile du clergé, Burke discerne dans l'agenda révolutionnaire la volonté de « déconsidérer l'Eglise pour détruire le christianisme ». Il écrit ces lignes plus de deux ans avant que la Terreur ne soit officiellement à l'ordre du jour... Il y a du prophétisme chez Burke.

    Hommage à l'Ancienne France

    L'Irlandais, fin observateur, distingue le sens caché des événements. Ainsi de la journée du 6 octobre 1789, qui voit une foule haineuse attaquer les appartements versaillais de la reine. « J'aurais cru que dix mille épées bondiraient hors de leurs fourreaux pour la venger ne fut-ce que d'un regard qui aurait pu l'insulter. Mais l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé ; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais. » Voilà, de la part d'un étranger, un bel hommage posthume à l'Ancienne France. Contre le nouveau régime, Burke préconise une guerre sans merci. « La guerre des partisans de l'antique ordre civil, moral et politique de l'Europe contre une secte d'athées fanatiques et ambitieux qui en ont juré la ruine », écrit-il en 1796. Il faut contenir la contagion, car « c'est contre une doctrine armée que nous luttons. Cette doctrine par sa nature a, dans tous les pays, une faction qui lui est dévouée par opinion, par intérêt, par enthousiasme ».

    Un ouvrage fondateur

    Les Réflexions sont immédiatement au cœur des débats politiques anglais. Elles dépassent largement les frontières de l’Île, en formant non seulement une aile originale de la contre-révolution européenne mais aussi en constituant le socle du conservatisme anglo-saxon. Les maîtres mots de la pensée burkienne ? Tradition, histoire, prescription, coutume, ordre, prudence. Aux Etats-Unis, la figure d'Edmund Burke est révérée par certains libéraux classiques (Hayek) mais surtout par les paléoconservateurs et les traditionalistes depuis que Russel Kirk, dans les années 50, a dépoussiéré cette pensée authentiquement conservatrice, coutumière et antitotalitaire. Une pensée étonnamment d'actualité, 220 ans après la mort de Burke.

    Tugdual Fréhel Présent du 3 décembre 2016

    Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution en France, Les Belles Lettres, 798 p.