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culture et histoire - Page 1109

  • Discours de Serge Ayoub à la 10ème jounée nationale et identitaire

  • Guerre culturelle, « le balancier revient plutôt dans le bon sens »

    Un peu moins de 40% des 8,3 millions d’électeurs Hongrois se sont rendus ce dimanche aux urnes pour participer au referendum sur l’accueil des « réfugiés », et répondre par  oui ou par non à la question suivante: « Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois? ». Selon l’opposition, des nationalistes de Jobbik aux partis de gauche en passant par l’UE et les officines immigrationnistes, c’est un échec personnel pour le Premier ministre hongrois Viktor Orban, à l’origine de cette consultation populaire, puisque le quorum légal de 50% de participants n’a pas été atteint. Pour autant,  les électeurs qui se sont déplacés ont voté NON à l’arrivée de migrants à 98%. M. Orban a logiquement déclaré que l’Europe ne pourrait « pas ignorer la volonté des électeurs » et « imposer sa volonté à la Hongrie ». Dimitris Avramopoulos, commissaire aux migrations de l’UE, ne l’entend pas de cette oreille. Il avait de toute façon « prévenu », dixit  Le Monde, que « le référendum n’aurait aucun impact juridique sur les engagements adoptés: Les États membres ont la responsabilité légale d’appliquer les décisions prises. Mais alors que le plan de répartition de 160 000 demandeurs d’asile entre les 28 États membres, adopté il y a un an, est à l’arrêt, les responsables européens craignaient que ce référendum ne porte un nouveau coup à l’UE »…

    Sur le site de l’Obs, Jacques Rupnik, directeur de recherches à Sciences Po, spécialiste de l’Europe centrale, ex conseiller du président tchèque Vaclav Havel, a pointé  le clivage existant  entre d’un côté les tenants de l’idéologie dominante bruxelloise et, de l’autre, les partisans de l’Europe des nations, les pays dits du  groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque). Ceux-ci, « sur le plan culturel », « rejettent l’idéologie européiste sans frontière, le libéralisme politique (l’Etat de droit: la séparation des pouvoirs, la cour constitutionnelle, l’indépendance des médias - mais ces choses là sont-elles bien établies en France? NDLR-), économique (ils prônent un patriotisme économique relatif car ils se portent bien) et sociétal (ils s’opposent au multiculturalisme, au mariage gay, à l’avortement comme en Pologne). L’idée est de défendre la nation, l’identité, la tradition, les valeurs religieuses. C’est donc véritablement une guerre culturelle, qui ne se joue plus vraiment sur la ligne droite/gauche mais sur ces autres clivages, pour instaurer un modèle de démocratie non libérale, comme l’appellent les Américains. »

    Il y a deux mois Gabriel Robin sur Boulevard Voltaire affirmait que « Quand Viktor Orbán protège ses frontières, il respecte à la lettre les accords de Schengen initiaux. Plus encore : il protège les autres pays d’Europe. En avril dernier, le Premier ministre hongrois déclarait fort justement que l’Europe ne pouvait devenir le nouveau logis de millions de nécessiteux à travers le monde. Mieux : il le faisait aux côtés de Helmut Kohl dans une déclaration commune. »

    Désormais,  « la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie sont en train de faire la démonstration qu’une autre Europe est peut-être possible. Une Europe soucieuse de l’identité de ses peuples, garante des libertés souveraines des nations qui la constituent et protectrice vis-à-vis des menaces extérieures, présentes et à venir. Demain, si Norbert Hofer gagne l’élection présidentielle autrichienne (…), il ne sera pas exclu que le V4  s’élargisse pour devenir une sorte de néo-Empire austro-hongrois. Après demain, une France émancipée d’une classe politique déconnectée pourrait s’associer à ces pays pour contrer l’influence néfaste de l’Allemagne de Merkel. »

    Influence néfaste qui sévit aussi au sein de l’église catholique expliquait Jacques de Guillebon, aux lecteurs du site Causeur en fin de semaine, revenant sur la campagne de propagande menée par La Croix pour dissuader ses lecteurs de voter FN, et dont nous nous faisions l’écho jeudi.

    Certes,  Jacques de Guillebon, né en 1978,  n’est pas en odeur de sainteté chez les prescripteurs du bon goût médiatique. L’inénarrable Bruno Roger-Petit (dans Challenges) a fustigé à de nombreuses reprises ce « philosophe chrétien intégriste post-maurrassien » (sic), éditorialiste dans la  revue mensuelle catholique La Nef, « intellectuel catholique ultra qui serait devenu (l’ami et l’) inspirateur de Marion Maréchal-Le Pen. »

    Dans son édito pour  Causeur,  M. de Guillebon rappelle « la longue tradition de défiance des structures ecclésiales françaises vis-à-vis de ce qu’elles qualifient d’extrême droite« ; « de la condamnation de l’Action française en 1926″,  au « compagnonnage de route  avec un Parti communiste français, pourtant fermement condamné par l’encyclique Divini Redemptoris de Pie XI en 37″, « aux années 80, quand derrière le cardinal Decourtray, archevêque de Lyon et primat des Gaules, les prélats se levèrent comme un seul homme pour fustiger la xénophobie et le rejet de l’étranger décelés dans le programme du Front National. C’était, étrangement, l’année de la création de SOS Racisme.« 

    Un étrangeté qui n’en est pas vraiment une ajouterons-nous, mais bien une chasse en meute contre le FN à laquelle ont pris part aux côtés des partis du Systéme, des loges maçonniques, les officines immigrationnistes, les groupuscules d’extréme gauche et autres associations mondialistes et communautaires, des évêques dits progressistes.

    En juin 2011, nous l’évoquions sur notre blogue, le site du journal chrétien social La Vie, mettait en ligne un article de Jean Mercier dont le titre était emprunté à l’historien Émile Poulat:  « le FN est né hors de l’Eglise et y restera à jamais » (sic). Il énumérait les noms de quelques-unes des figures militantes de l’antifrontisme épiscopal. « Albert Decourtray (…) lançant publiquement dés 1985 ses anathèmes contre la droite nationale ; Jean Balland l’archevêque de Reims, en août 1992, qui interdit l’accès des militants FN à sa cathédrale ; Albert Rouet l’évêque de Poitiers qui en 1998 refuse le baptême à un lepéniste. Mgr Kratz l’évêque auxiliaire de Strasbourg qui en 2005 demande sa démission à une enseignante de religion, candidate FN pour les législatives; la quinzaine d’évêques qui appellent à ne pas voter pour un parti qui fait l’apologie du racisme et de l’exclusion; le cardinal  Jean-Marie Lustiger, qui ne cessera de dénoncer le néopaganisme du FN. »

    Dans Causeur, Jacques de Guillebon note avec justesse qu’ « Ironie de l’histoire, ou plus sûrement, lâcheté de responsables et d’évêques soucieux de leurs bonnes relations avec les gouvernements et les partis républicainement corrects, depuis le Ralliement de Léon XIII, ce sont toujours les mouvances supposées réactionnaires et fortement catholiques qui ont subi les foudres de l’Eglise en France. » « Bizarrement encore, lesdits évêques reprochaient concomitamment au Front National d’avoir fait célébrer une messe dans un meeting, et d’être néo-païen. Quand l’extrême droite  est catholique, ils la condamnent ; par contre, quand elle est païenne, ils la condamnent, comme dirait Péguy. »

    « Au long des décennies suivantes, tout allait bien : le fascisme ne passerait pas, et le Front National demeurait infréquentable, l’on en parlait dans les salons de la banlieue ouest comme de la lèpre sous l’Empire romain. Et soudain tout s’est enrayé. La vieille garde des comiques troupiers Bernard Antony et Bruno Gollnisch a commencé de s’effacer (Pourquoi M. de Guillebon se sent-il obligé d’utiliser cette formule méprisante? Aucun ecclésiastique, favorable ou non, de droite ou de gauche, n’a jamais considéré Bernard Antony et  Bruno Gollnisch comme des comiques troupiers. On peut dire au contraire qu’ils ont  été pris très au sérieux, y compris par les plus hostiles…NDLR), remplacée par Marion Le Pen dont la séduction qu’elle exerce sur les catholiques n’a cessé de grandir. On l’a vu dans chaque Manif pour tous, à la messe, chanter les racines et la culture chrétiennes de la France, enfin être invitée à débattre par un diocèse. Scandale. L’antique discours du cordon sanitaire commence à balbutier. La peur monte, on ne sait plus quoi répondre quand une Marion Le Pen demande à un Hervé Mariton au nom de quoi son parti, qui dit-elle cherche à appliquer la doctrine sociale de l’Eglise, serait plus condamnable que tous les autres qui, par exemple, encouragent l’avortement ou le mariage gay. Pis : les enquêtes démontrent que le vote pour le Front National chez les catholiques pratiquants est passé de 4% en 2012 à 24% aux régionales de 2015. Du jamais vu. »

    Du jamais vu qui ne fait que confirmer, à la lumière des évolutions menaçantes, des événements récents,  la justesse des combats, des analyses portées historiquement par le Front National,  justesse  qui est perçue par les catholiques français, comme par nos autres compatriotes. En juin 2010,  interrogé sur le Forum Catholique, Bruno Gollnisch expliquait:  « Je ne préjuge pas de la mauvaise foi des hommes d’Eglise en général et des évêques en particulier. Certains sont sans doute sincères dans leur hostilité à notre égard, nourrie par la désinformation. D’autres sont assurément condamnables, portant des jugements téméraires et nous calomniant, parfois de façon insupportable (…).  J’ai des contacts avec des hommes d’Eglise ; ils sont de nature très divers. J’ai pu constater des évolutions favorables chez plusieurs d’entre eux. En particulier mon ancien évêque de Lyon, feu le cardinal Decourtray (décédé en 1994, NDLR), que j’ai rencontré trois fois, et chez lequel j’avais noté une nette évolution. Je crois que d’une façon générale le balancier revient plutôt dans le bon sens, mais beaucoup reste à faire… »

    Et d’ajouter encore à l’adresse des catholiques: « Le Front National reconnaît la valeur de l’apport du christianisme à la Civilisation française. Il l’honore de multiples façons (Jeanne d’Arc, commémoration du baptême de Clovis, etc. ) Il n’est cependant pas un parti confessionnel. Il y a des non-catholiques au FN, et même certainement des gens hostiles à la religion en général ou au catholicisme en particulier. Mais y-a-t-il une autre formation politique qui soit plus proche de la défense du droit naturel ? D’évidence, Non ! Dans ces conditions, les catholiques qui souhaitent s’engager en politique devraient lui apporter leur concours, quelles qu’en soient les imperfections. Il est évident que, s’ils désertent le combat politique, ils ne pourront se plaindre de ce que leur influence diminue ! » Ils sont nombreux à l’avoir compris et à nous rejoindre pour gagner ce  qui est aussi en effet, et ô combien,  une guerre culturelle.

    http://gollnisch.com/2016/10/03/guerre-culturelle-balancier-revient-plutot-sens/

  • Toutes les forces patriotiques étaient réunies dimanche à Rungis pour la Xe Journée de Synthèse nationale

    2016 1002 16h51 Rungis Synthèse Nationale Philippe Dewinter Serge Ayoub JM Le Pen Roland Hélie Arnaud Raffard de Brienne Roger Holeindre Carl Lang Marquis Jpco.jpg

    Plus de 1300 personnes à la Xe Journée de Synthèse nationale à Rungis. On en reparle...

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

     

  • Baudrillard, penseur de la disparition du réel

    Jean Baudrillard, qui nous a quittés il y a bientôt dix ans, n’avait rien de « l’intellectuel » enclin à servir son époque : à analyser, à résoudre, à offrir des perspectives… Sa pensée radicale se résume dans cette formule qu’il a employée pour désigner son (non-)rôle : « Puisque le monde nous est donné d’une certaine façon inintelligible, il faut le rendre encore plus inintelligible. » Observateur amusé (mais jamais nostalgique) de la « postmodernité », il a fait de son œuvre un vaste acte de décès du réel. Avec le triomphe de la « relativité totale », une chose a pris un caractère absolu dans la pensée « baudrillardienne » : le Mal.

    Au-delà de la notion de « postmodernité » chère à Jean-François Lyotard, Jean Baudrillard est le grand philosophe de la disparition du réel. Pas le réel en tant que réel (il n’était pas fou), mais le réel en tant que principe. Pour le dire autrement, le principe de réalité n’est plus. L’inflation d’images cache, pour Baudrillard, une élimination de l’absence ; et comme le réel n’existe pas dans une « identité totale », mais dans un rapport à l’absence, c’est le réel qu’on a éliminé. L’exemple de la médiatisation des attentats du 11 septembre 2001 à New York lui faisait remarquer l’extraordinaire renversement du rapport à l’image : ce n’était plus l’image qui venait s’ajouter à la tragédie réelle, mais le caractère réel de la chose qui devenait presque subsidiaire tant l’image dominait. Nous ne disions plus « en plus, quelles images ! », mais « en plus, c’est vrai ! ».

    De la souveraineté à l’identité

    L’œuvre de Baudrillard est un perpétuel amusement devant ce type de renversements. La postmodernité chez Baudrillard n’est pas tant une fin (la fin des grands récits qui caractérisaient la modernité, comme le suggérait Lyotard), mais un renversement, ou plus exactement, des prophéties réalisées pour le pire. DansL’Échange impossible (1999), il met le doigt sur deux de ces prophéties. Celle de la fin de l’aliénation formulée par Marx, réalisée pour le pire : « de l’Autre au Même, de l’aliénation à l’identification. » Celle de Nietzsche, aussi réalisée pour le pire :« le passage non pas au-delà mais en deçà du Bien et du Mal. »

    Dans ce même livre, il revient sur cette notion si présente aujourd’hui, si prisée par ceux qui ont si peu à dire : l’identité. Il en parle dans ces termes : « On rêve d’être soi-même quand on n’a rien de mieux à faire. On rêve de soi et de la reconnaissance de soi quand on a perdu toute singularité. Aujourd’hui, nous ne nous battons plus pour la souveraineté ou pour la gloire, nous nous battons pour l’identité. La souveraineté était une maîtrise, l’identité n’est qu’une référence. La souveraineté était aventureuse, l’identité est liée à la sécurité (y compris aux systèmes de contrôle qui vous identifient). L’identité est cette obsession d’appropriation de l’être libéré, mais libéré sous vide, et qui ne sait plus ce qu’il est. »[1]

    Du Mal relatif au Mal absolu

    Nous avons donc perdu toute maîtrise au profit d’une vague référence incantatoire. Les débats politiques ne cessent de nous le rappeler. Mais un autre concept évoque un « vide » analogue : celui de « Mal absolu ». Le Mal, tel que nous le connaissions, était par définition relatif : il existait dans une relation d’opposition et d’équilibre avec le Bien. Il en va autrement du « Mal absolu ». Celui-ci est engendré par une prolifération effrénée du Bien. Interrogé par le magazine Chronic’art en 2005, il s’explique dans ces termes : « Là, il n’y a plus ni partage ni antagonisme entre le Bien et le Mal. Ce Mal absolu naît de l’excès de Bien, d’une prolifération sans frein du Bien, du développement technologique, d’un progrès infini, d’une morale totalitaire, d’une volonté radicale et sans opposition de bien faire. »[2] Si le Bien permettait d’échapper au Mal, le Mal absolu est sans issue. Baudrillard, et c’est aussi pour cela qu’il suscite encore tant de méfiance, est l’anti-expert par excellence : c’est le penseur de l’échec final.

    La postmodernité baudrillardienne se caractérise donc par l’impossibilité de l’équilibre et du rapport de force. Sur « l’esprit du terrorisme », il souligne l’impossibilité de l’affrontement dans ces termes : « Ne jamais attaquer le système en termes de rapports de forces […] Mais déplacer la lutte dans la sphère symbolique, où la règle est celle du défi, de la réversion, de la surenchère. »[3]Malgré cet « échange impossible », les grands discours sur la « guerre contre le terrorisme » demeurent pourtant nombreux : dans le meilleur des cas, une manière naïve de conjurer le sort. Il y a bien une cohérence dans les thèses de Baudrillard : le passage du couple souveraineté-maîtrise au couple identité-référence et le passage de l’Autre au Même annoncent bien la fin des rapports de force et de l’opposition-équilibre entre le Bien et le Mal.

    En France, l’un des éléments qui illustrent l’intuition baudrillardienne est la prolifération du vocabulaire républicain : « République », « valeurs républicaines », « ordre républicain », « idéal républicain »… Le mot est partout précisément parce qu’il n’est nulle part. Il ne renvoie à rien et il n’y a rien à lui opposer.

    Notes

    [1] Jean Baudrillard, L’Échange impossible, Paris, Galilée, 1999, p. 72.

    [2] Interview de Jean Baudrillard, « Quand l’excès de bien engendre le mal absolu », Chronic’art, n°20, été 2005, p. 91.

    [3] Jean Baudrillard, « L’esprit du terrorisme », Le Monde, 2 novembre 2001.

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  • Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö par Franck ABED

    Alors que l’Europe civilisationnelle meurt jour après jour devant nous, sous les coups de boutoir conjugués du modernisme, du mondialisme et du consumérisme, il demeure fondamental de comprendre l’histoire de notre continent, si nous voulons encore croire à un avenir digne de ce nom… À ce titre j’ai récemment découvert, au gré de mes recherches, une petite merveille intellectuelle qui décrypte avec faits, objectifs et arguments circonstanciés, la mort programmée de l’Autriche-Hongrie. Cette dernière reste couramment mais improprement appelée Empire austro-hongrois, alors que son nom exact devrait être Double Monarchie austro-hongroise.

    François Fetjö fut un journaliste et historien français d’origine hongroise, spécialiste de l’Europe de l’Est et de l’histoire du communisme. Dans cet ouvrage solidement documenté, il présente sa thèse à rebrousse poil de l’histoire officielle : la Double Monarchie n’implosa pas suites aux attaques des minorités ethniques qui la composaient, pas plus qu’elle ne mourut à cause de ses contradictions internes dues à un système politique archaïque et décadent. Non ! Elle fut littéralement assassinée par la volonté politique des pays de l’Entente, animés par le désir de républicaniser l’Europe. Même si François Fetjö évoque, parfois avec une nostalgie certaine, que nous pouvons comprendre et partager le passé des Habsbourg, il ne tombe jamais dans l’hagiographie et le prosélytisme. Ainsi, avant d’entrer dans les considérations stratégiques et politiques du début du XXe siècle, l’écrivain rappelle comment cette famille de petite noblesse a su, par une lucide stratégie matrimoniale et une sagesse diplomatique, s’imposer comme l’une des dynasties les plus illustres d’Europe. Evoquant sa lutte contre la Maison de France, les Turcs musulmans, les Russes, l’auteur analyse également, point par point, les réussites et les échecs des descendants de Rodolphe de Habsbourg.

    Précisons que l’histoire telle qu’elle est actuellement enseignée, reste malheureusement sous contrôle de la plus virulente extrême gauche. Les communistes et autres marxistes-léninistes dépeignent donc la chute de la Double Monarchie comme une fatalité qui relèverait en quelque sorte d’un sens de l’histoire cher à Hegel. Pourtant ce meurtre fut voulu et encouragé par les dominants d’alors. En effet, tout en évoquant le destin particulier de cette lignée habsbourgeoise, François Fejtö, à partir d’archives inédites ou trop peu connues, démontre que la monarchie austro-hongroise aurait pu continuer à exister après guerre, si les Alliés n’avaient pris la décision de la rayer de la carte. Nous pouvons lire cette analyse brillante : « Il est indéniable que le fait de démolir l’Autriche correspondait aux idées des maçons, en France et aux États-Unis (1). Leur vision de l’Europe républicaine et démocratique, dans le cadre de la Société des Nations qu’ils lui avaient prévue, ne s‘est point accomplie. En fin de compte, des dirigeants nationalistes, diplomates et militaires, se sont servis de leur appoint psychologique et moral pour établir l’hégémonie, encore précaire, de la France sur les petits États successeurs de la monarchie détruite, et qui étaient beaucoup moins viables et beaucoup plus dangereux pour l’équilibre de l’Europe, beaucoup moins utiles comme barrière à l’expansionnisme allemand que n’aurait été une monarchie réorganisée. »
     
    Effectivement avant la Grande Guerre, l’Empire jouait un rôle stabilisateur en Europe centrale, comme nous l’avons malheureusement appris à nos dépends depuis son homicide : Deuxième Guerre mondiale, agitations et instabilités politiques chroniques dans cette zone géographique, guerres ethnico-religieuses dans les années 90, etc. Nous citons également le texte introductif de Joseph Roth qui figure dans l’avant-propos, démontrant la cohésion des peuples derrière leur souverain légitime : « Dans cette Europe insensée des États-nations et des nationalismes, les choses les plus naturelles apparaissent comme extravagantes. Par exemple, le fait que des Slovaques, des Polonais et des Ruthènes de Galicie, des juifs encafetanés de Boryslaw, des maquignons de la Bácska, des musulmans de Sarajevo, des vendeurs de marrons grillés de Mostar se mettent à chanter à l’unisson le Gott erhalte (2) le 18 août, jour anniversaire de François-Joseph, à cela, pour nous, il n’y a rien de singulier (3). » Il n’est guère étonnant que les babéliens d’hier et d’aujourd’hui, pourfendeurs des frontières et des identités, ne comprennent pas la nature réelle et profonde de ce cosmopolitisme chrétien et monarchique qui heurte leurs convictions maçonniques…

    Sur la dépouille de la vieille et auguste monarchie naquirent de nombreux États libres et indépendants qui ne purent guère profiter longtemps de cette chimère révolutionnaire du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Des historiens sérieux comme Jacques Bainville (4) avait vu dans le traité de paix de Versailles la trame historique des prochaines décennies et les désastres qu’il engendrerait. François Fetjö conclut de manière admirable : « La victoire totale de 1918 et les traités de paix qui en découlèrent engendrèrent le néo-impérialisme monstrueux de l’Allemagne, incarné par Hitler, puis l’expansionnisme de l’Union soviétique, qui a pu prendre en charge comme prix de sa contribution à la victoire sur Hitler, la quasi-totalité de l’Europe centrale.  » Concrètement nous pouvons dire que les grands principes démocratiques sont la mère de tous les totalitarismes. Malheureusement, au mépris de l’histoire nos adversaires enseignent que la Double Monarchie a implosé, alors qu’elle fut suicidée à l’insu de son plein gré…

    Franck Abed

    Notes

    1: Il est notoire que Wilson et Clémenceau furent membres de la maçonnerie.

    2 « Que Dieu garde notre Empereur et Roi », hymne de l’Empire, composé par Joseph Hayden.

    3 : La Crypte des Capucins.

    4 : Les conséquences politiques de la paix, ouvrage dans lequel est dénoncé le traité de Versailles de 1919 en ces termes célèbres : « Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux. »

    • D’abord mis en ligne sur AgoraVox, le 29 septembre 2016.

    http://www.europemaxima.com/

  • 1066 : la Normandie accouche de la monarchie... anglaise !

    2016 est une date historique le royaume-Uni : avec un peu de chance, les futures écoliers britanniques apprendrons que cette année-là, leur pays s’est libéré des chaînes bruxelloises, autre moment  fondateur de l’histoire anglaises et de sa monarchie : 1066, une victoire normande… dont on fête cet automne le 950e anniversaire.

    Son nom est connu dans la France entière. On l'imagine guerrier et conquérant, à la proue de son navire cinglant vers l'Angleterre. Assurément, le duc Guillaume est l'un de nos héros. Régnant éternellement sur notre familière Normandie, il peuple notre inconscient national. Pour autant, est-il un véritable héros national ? Rien n'est moins sûr.

    Guillaume n'est pas véritablement français ; du moins, pas selon l'acception moderne. L'Europe qui voit naître le futur vainqueur d'Hastings,vers 1027, est celle de la féodalité : le duc de Normandie est vassal du roi de France, mais un vassal remuant. Les ducs normands ont de qui tenir : leurs racines sont Scandinaves.

    Du premier d'entre eux, Rollon, qui est en quelque sorte le Clovis normand (la vision christique en moins !), nous ne savons que peu de choses. Danois ou Norvégien, qu'importe, Rollon était un de ces cadets de famille Scandinaves partis chercher fortune au-delà des mers. Tandis que ses pairs fondaient Dublin, régnaient sur York et colonisaient l'Islande, Rollon, lui, fonda une principauté en Neustrie, chez les Francs. Las des pillages, le roi Charles le Simple lui octroya, lors d'une entrevue à Saint-Clair-sur-Epte en 911, un territoire allant de l'Epte à la mer. Selon Jean de la Varende, auteur d'une biographie dédiée au Conquérant, « loin d'être une capitulation lâche, c 'était une intelligente concession : les pirates, de voleurs, devenaient gendarmes ». La Normandie voyait le jour.

    Quand les voleurs devenaient gendarmes

    Un siècle sépare Rollon de Guillaume, mais un même sang coule en leurs veines. Guillaume sera, lui aussi, un fondateur, un conquérant.

    Mais avant cela, il est d'abord un bâtard, né des amours clandestines du duc Robert le Magnifique et de sa concubine Ariette. Le bâtard devient duc à huit ans et doit batailler contre de puissant ennemis : le roi de France, son suzerain ; et ses propres vassaux normands, les barons. Ces derniers seront vaincus en 1047 à Val-ès-Dunes. Symbole entre tous : les félons chargent au cri de « Thor Aie ! », invoquant sur eux la bénédiction des antiques divinités Scandinaves. Dans les rangs de Guillaume, un tout autre cri émeut les poitrines : « Diex Aïe ! ». La Normandie chrétienne a triomphé de son propre vieil homme païen. On verra le duc, tout au long de son règne, soutenir l'Église, faisant construire l'Abbaye aux Hommes et celle aux Dames, assistant à la dédicace des cathédrales de Rouen ou de Bayeux, Guillaume, le bâtard bâtisseur, est d'abord, selon l'expression de La Varende, « le vainqueur de la Normandie » : « vainqueur des bandits, vainqueur des grands, des rois, vainqueur de lui-même ; et, parti d'une nation restreinte, devenant maître de l'Angleterre, fondateur de l'Europe moderne, aïeul de tous les princes », Le vent de l'Histoire souffle déjà, qui gonfle les voiles du conquérant.

    L'Angleterre du XIe siècle, contrairement à la Normandie, n'est pas sortie du cycle de violences et d'intrigues entre princes locaux et pillards Scandinaves. Un viking, Knut de Danemark, est brièvement roi d'Angleterre de 1040 à 1042. Il invite son demi-frère Edouard, mi-anglais, mi-danois, à régner avec lui comme co-régent. Edouard lui succédera et régnera de 1042 à 1066 sous le pieux nom d'Edouard le Confesseur. ; il sera canonisé. Sans descendance, le roi désigne un successeur : un cousin, Guillaume de Normandie. En d'autres termes : un étranger.

    La félonie d'Harold

    Les nobles saxons ne l'entendent pas de cette oreille. L'un des leurs, Harold Godwinson, prétend avoir été choisi par le défunt roi, sur son lit de mort, pour lui succéder. Couronné le lendemain, il doit rapidement troquer son sceptre pour l'épée, car une invasion norvégienne menace ses côtes. Une seconde invasion, normande celle-là, est en préparation de l'autre côté de la Manche. Le duc Guillaume est furieux de voir ses droits bafoués ; il faut dire qu'Harold Godwinson, qui connaît bien le duc pour avoir combattu à ses côtés contre les Bretons, s'était engagé, par serment, à servir le Normand. Bafouant une parole donnée sur reliques, voilà Harold devenu parjure. Guillaume a le droit pour lui et obtient le soutien du pape Alexandre II, qui ne peut souffrir le parjure d'Harold. Le duc reçoit un étendard pontifical et le hisse au mat de son navire. Une troupe nombreuse - six-cents navires, plus de sept mille hommes-, mêlant Normands, Bretons et Flamands, se rassemble autour du duc de Normandie afin de participer à la grande expédition qui s'élance de Dives-sur-Mer et doit transiter par le port picard de Saint-Valéry-sur-Somme, en raison d'une tempête. Le désagrément n'est que passager et l'Armada continentale foule le sol anglais le 28 septembre 1066. L'armée d'Harold accourt vers le Sud, épuisée car elle vient à peine de combattre et de vaincre les troupes norvégiennes à Stamford Bridge, au nord du pays. Face à des Saxons à bout de souffle, Guillaume a déjà débuté sa conquête méthodique. Il se retranche et choisit le lieux de l'affrontement : ce sera Hastings, dans le Sus-sex oriental. Que dire de la formidable mêlée mettant aux prises Saxons et Normands, le 14 octobre 1066 ? La scène est magnifiquement rendue par la tapisserie de Bayeux, fascinante bande-dessinée longue de soixante-dix mètres, composée par des moines anglais après la Conquête. On sait que les chevaliers normands ont eu recours à la ruse, feignant la retraite, pour mieux se retourner contre les Saxons et créer des brèches dans leurs murs de boucliers. La mêlée est incertaine. On croit Guillaume perdu, mais le duc relève son heaume sur son crâne pour se faire reconnaître et ragaillardir ses hommes. Son ennemi Harold aura moins de fortune : la tradition normande le représente gisant, une flèche dans l'œil. Privés de leur chef, les Saxons fuient les combats et ouvrent la voie de Londres aux envahisseurs. La conquête est loin d'être terminée pour Guillaume qui, après avoir obtenu la soumission de l'archevêque londonien, est couronné à la Noël. Singulière cérémonie qui voit les chevaliers normands, suspicieux, dévaster les environs de Westminster. Lorsque Guillaume prête serment en langue saxonne, la nef de l'abbaye est presque vide. La pacification, doux euphémisme pour une conquête âpre, ne s'achèvera qu'en 1070.

    Vae victis ! Le vainqueur impose sa loi : l'anglais disparaît des textes officiels au profit du latin. La cour et la bonne société adoptent le français ou, plutôt, le normand. La féodalité continentale investit l'île qui, d'un point de vue foncier, tombe entre les mains des chevaliers normands et bretons ayant accompagné Guillaume. La géopolitique anglaise est bouleversée : il aura fallu l'invasion d'un descendant de pirates normands pour que l'Angleterre échappe à son vieux tropisme Scandinave. La Conquête normande tourne en effet le regard de l'Angleterre vers le continent et, pour les Anglais, la Manche et les côtes de l'Atlantique deviennent un véritable mare nostrum ; une situation qui ne prendra fin qu'avec l'expulsion des Anglais de Bordeaux en 1453.

    Naturellement, la conquête de l'Angleterre sera célébrée cette année en Normandie. On fête l'enfant du pays qui, selon La Varende, « couvre toute la province de sa haute stature et de son ombre gigantesque, qui s'allonge et se meut, fouillant tous les coins de notre terre ». « Le moins mort de nos héros », dit encore l'auteur des Manants du Roi à propos du duc dont la devise, brodée en lettres d'or sur la Tapisserie de Bayeux, n'est autre que Viriliter et sapienter. Il y a peut-être là une belle occasion de renouveau identitaire pour la Normandie, heureusement réunifiée depuis quelques mois. Puisse le 950e anniversaire d'Hastings redonner aux Normands la conscience de leur être, l'amour de ce « pays fièrement beau, sombre, grand et idéal » (Barbey d'Aurevilly), loin d'une pseudo-identité bricolée par les Parisiens et les touristes, où la Normandie se réduirait à un drakkar fantasmé, des pis de vache rose bonbon et des barges de débarquement américaines.

    Les Anglais ont la mémoire longue

    Mais surtout, il y a l'Angleterre. La bataille d'Hastings est aussi un problème pour la mémoire anglaise : est-ce une victoire ou une défaite ? Faut-il célébrer la victoire normande, ou se féliciter que les Saxons - les "vrais anglais" aient survécu ? Il n'en demeure pas moins que 1066 est là date choisie par Bernard Cottret, grand spécialiste de la matière, pour débuter sa magistrale Histoire de l'Angleterre (Tallandier). Victoire ou défaite, Hastings reste un drame fondateur auquel les Anglais devront revenir. Avec le Brexit, les Britanniques ont décidé de reprendre le pouvoir (« take back control »), de recouvrer leur souveraineté et de faire prévaloir le Parlement et le droit anglais sur Bruxelles. Mais tout cela n'a pas grand sens si les Anglais ne renouent pas avec leur identité propre et leurs épopées nationales. Une anecdote significative des traces de 1066 dans la culture politique anglaise ? Lorsqu'un projet de loi est adopté par le Parlement de Westminster, il lui faut l'approbation - toute théorique - du souverain pour que le texte soit promulgué définitivement. La formule consacrée est alors « Le Roy le veult », expression normande tout droit issue de la Conquête. Le patriotisme anglais, on le voit, ne peut faire l'économie du roi Guillaume. Nigel Farage, héraut de la souveraineté britannique, l'a bien compris, arborant volontiers une cravate très kit'sch aux motifs issus de la Tapisserie de Bayeux... La Reyne le veult, Dieu sauve la Reyne ! 

    Thibault Bertrand monde&vie  1er septembre 2016

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