culture et histoire - Page 1400
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TVL : Passé Présent n°43 - Les parlements de l'ancien régime
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[Nogent sur Marne] Colloque 1954-2015 La Guerre d’Algérie est-elle terminée ? , le 22 mars 2015
Grande journée patriotique le 22 mars 2015 scène Watteau,1 place du théatre à Nogent sur Marne (94) (RER E station Nogent-Le Perreux).
Organisée par le comité de Liaison pour l’Honneur Français sous le parrainage du Capitaine Bonelli (Grand Officier de la Légion d’Honneur, 1er REP).
1954-2015 La Guerre d’Algérie est-elle terminée ?
PAF : 10€ (gratuit pour les - de 18 ans).
1954-2015 La Guerre d’Algérie est-elle terminée ? par frank-wilsdorfProgramme :
10h00 Ouverture des portes, stands, dédicaces, bar
10h30-11h45 Grand Messe célébrée par le RP JP Argouac’h.
11h45-13h-40 Repas, stands
13h40-14h10 Allocutions : Eric Fornal, capitaine Dominique Bonelli, Jean-Marie Schmitz
14h1015h40 diffusion du film "Harkis, histoire d’un abandon"
15h40-15h50 Allocution de Bernard Coll (Jeune Pied Noir).
15h50-16h Honneur au Commando Georges
16h-16h30 Pause, Choeur Montjoie
16h30-17h15 1ère Table Ronde " Honneur à l’Armée française" avec Roger Saboureau - Jean Paul Angelelli - officier SAS
17H15-18H00 2nd Table Ronde "Comment finir la guerre d’Algérie ?" avec le professeur Olivier Dard - l’historien Jean Monneret - Jean Marie Schmitz.
18h-18h15 final avec Roger Holeindre " Non à la repentance !"
18h15-18h30 chants Choeur Montjoie Saint-Denis
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Nogent-sur-Marne-Colloque-1954
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Bagadou Stourm - Avalon - Split Bagadou & DSH
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Nouveau livre de Bernard Lugan : Osons dire la vérité à l’Afrique
Présentation : Accrochés à des pourcentages de PIB désincarnés ou artificiels, « experts » et médias mentent à l’Afrique quand ils lui font croire qu’elle a « démarré » et qu’une « classe moyenne » y est née. En effet, non seulement le continent ne se développe pas, mais, au sud du Sahara, il est même revenu à une économie de « comptoir ».
Au XVIIIe siècle ces derniers étaient esclavagistes ; en 2015, ils sont pétroliers, gaziers ou miniers. Comme ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui n’enrichissent qu’une infime minorité d’acteurs-profiteurs cependant que la masse de la population subit en tentant de survivre.
Allons-nous donc continuer de mentir à l’Afrique quand, confrontées à la misère et pour échapper au désastre dont elles sont les premières victimes, ses jeunes générations risquent leur vie dans de mortelles traversées vers le supposé « paradis » européen ? Afin d’attaquer les vraies causes du mal, les acteurs africains et européens doivent commencer par cesser de s’abriter derrière ces postures dogmatiques et ces mensonges qui, depuis des décennies, engluent le continent dans les échecs.
Editions Le Rocher ; 224 pages - Prix : 21 euros - Disponible en librairie
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Nouveau-livre-de-Bernard-Lugan,8686
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Avant l'Etat islamique, les communistes : le Louvre incendié par la Commune
Dans son dernier ouvrage, Le Brasier. Le Louvre incendié par la Commune, recensé dans la Tribune de l'Art, Nicolas Chaudun s'oppose à la doxa sacralisant la Commune :
"Nicolas Chaudun retrace, dans ce court récit, ces quelques jours qui transformèrent en ruines certains des plus beaux trésors architecturaux de Paris et qui faillirent voir la disparition du Louvre. (...)
Choisissant la forme du récit historique qui se lit comme un roman, Nicolas Chaudun n’invente rien, cependant. Il s’est basé sur les témoignages et les archives de l’époque – dont celles des sapeurs-pompiers que personne n’avait songé jusqu’ici à consulter – pour retranscrire de la façon la plus vivante et la plus exacte possible ces moments de folie.
La folie, ce fut bien sûr celle des Versaillais dont il ne cache pas la réelle barbarie : tous les insurgés pris les armes à la main ou dont on soupçonnait sur la foi d’un jugement expéditif qu’ils avaient pris part aux combats, étaient passés par les armes sans aucune forme de procès. Il confirme bien que ces massacres ne furent pas la réponse aux incendies et qu’ils étaient décidés dès le début de la répression.
Mais il n’occulte pas non plus ce qu’on a du mal à dire aujourd’hui sans passer pour un ennemi du peuple : la barbarie fut également du côté des fédérés. Barbarie envers les hommes puisqu’ils massacrèrent aussi, mais surtout barbarie envers la culture et l’art. Pas davantage que les assassinats des troupes de Thiers ne furent causés par les incendies des monuments, ceux-ci ne servirent à répondre aux massacres.La destruction de Paris fut décidée très tôt, lorsque la Commune comprit que sa défaite n’était qu’une question de jours. Il fallait donc supprimer, symboliquement, tout ce qui pouvait rappeler ce qu’ils combattaient. La politique de la terre brûlée.Paris y perdit une partie de son âme. L’hôtel de ville Renaissance, et ses plafonds par Ingres et Delacroix, le palais d’Orsay et ses décors de Chassériau, le palais de la Légion d’Honneur, chef-d’œuvre de l’architecture du XVIIIe siècle, le Palais des Tuileries et ses décors, bien d’autres monuments encore, bien d’autres œuvres d’art, tout cela périt dans les flammes, sans aucune autre raison que la volonté de détruire. Nicolas Chaudun rappelle que les ordres étaient d’incendier aussi l’Hôtel de la Marine qui ne dut son salut qu’à la présence dans ses murs d’une infirmerie et que Notre-Dame ne fut sauvée que de justesse…
Mais c’est au Louvre qu’il consacre l’essentiel de ce livre, le Louvre qui ne faisait qu’un avec les Tuileries et qui, on ne s’en souvient plus, fut aussi en partie détruit. (...)"L'ouvrage peut être acheté ici.
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Géopolitique du Léviathan
Nur Meer und Erde haben hier Gewicht
(Seules la mer et la terre pèsent ici)
Goethe
Plus que de la géopolitique, cet article relève de la thalassopolitique, néologisme créé par le professeur Julien Freund « pour remettre en cause certaines conceptions de la géopolitique, qui privilégient les phénomènes telluriques par rapport aux phénomènes maritimes ».
« L’histoire mondiale est l’histoire de la lutte des puissances maritimes contre les puissances continentales et des puissances continentales contre les puissances maritimes » (1) a écrit Carl Schmitt dans Terre et Mer.
Dès le Moyen-Age, les cabbalistes interprétaient l’histoire du monde comme un combat entre la puissante baleine, le Léviathan, et le non moins puissant Behemoth, animal terrien imaginé sous les traits d’un éléphant ou d’un taureau (2). Le Behemoth essaie de déchirer le Léviathan avec ses défenses, ses cornes ou ses dents, tandis que le Léviathan, de son côté, s’efforce de boucher avec ses nageoires la gueule et le nez du terrien pour l’affamer ou l’étouffer. Allégorie mythologique qui n’est pas sans rappeler le blocus d’une puissance terrestre par une puissance maritime.
Le Sea Power de l’amiral Mahan
A la charnière des XIXème et XXème siècles, l’Américain Alfred T. Mahan dans The Influence of Sea Power upon History (1890), l’Allemand Friedrich Ratzler dans Das Meer als quelle der Volkergrösse(1900) et le Britannique Halford John Mackinder dans Britain and the British Seas (1902), accordent une importance primordiale à la mer comme source de puissance des nations.
Amiral, historien et professeur à l’US Naval Academy, Alfred T. Mahan (1840-1914) est le plus célèbre géopoliticien de la mer, son œuvre comportant vingt livres et 137 articles. Partant de l’étude de l’Histoire européenne aux XVIIème et XVIIIèmes siècles, il cherche à démontrer comment la puissance maritime (Sea Power) s’est révélée déterminante pour la croissance et la prospérité des nations. Pour lui, la mer peut agir contre la terre, alors que l’inverse n’est pas vrai et, à la longue, la mer finit toujours par l’emporter dans sa lutte contre la terre. Mahan est profondément persuadé que la maîtrise des mers assure la domination des terres, ce qu’il résume par la formule « l’Empire de la mer est sans nul doute l’Empire du monde » (3). En affirmant ainsi la supériorité intrinsèque des empires maritimes, il offre une justification théorique à l’impérialisme, ce grand mouvement expansionniste des années 1880-1914.
Dans The problem of Asia, paru en 1900, Mahan applique à l’Asie son paradigme géopolitique, insistant sur la nécessité d’une coalition des puissances maritimes pour contenir la progression vers la haute mer de la grande puissance terrestre de l’époque, la Russie. En effet, il souligne que sa position centrale confère un grand avantage stratégique à l’Empire russe, car il peut s’étendre dans tous les sens et ses lignes intérieures ne peuvent être coupées. Par contre, et là réside sa principale faiblesse, ses accès à la mer sont limités, Mahan ne voyant que trois axes d’expansion possibles : en Europe, pour contourner le verrou des détroits turcs, en direction du Golfe persique et sur la Mer de Chine. C’est pourquoi l’amiral préconise un endiguement de la tellurocratie russe passant par la création d’un vaste front des puissances maritimes, des thalassocraties, qui engloberait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon, les Américains s’imposant comme les chefs de file de cette nouvelle sainte Alliance.
Halford John Mackinder
S’inspirant de l’amiral Mahan, l’universitaire britannique Halford John Mackinder (1861-1947) estime, lui aussi, que la réalité géopolitique fondamentale est l’opposition entre puissances continentales et puissance maritimes. Une idée fondamentale traverse toute son œuvre : la confrontation permanente entre la Terre du Milieu ou Heartland, c’est-à-dire la steppe centre-asiatique, et l’Ile du Monde ou World Island, la masse continentale Asie-Afrique-Europe.
En 1887, Mackinder prononce, devant le public de la Royal Geographical Society, une allocution qui marque son entrée tonitruante sur la scène géopolitique, déclarant notamment « il y a aujourd’hui deux types de conquérants : les loups de terre et les loups de mer ». Derrière cette phrase allégorique et quelque peu énigmatique se tient l’arrière-plan concret de la rivalité anglo-russe en Asie centrale. En fait, Mackinder est obsédé par le salut de l’Empire britannique face à la montée de l’Allemagne et la Russie. Dès 1902, dans Britain and the British seas, il constate le déclin de la Grande-Bretagne et en conclut que cette dernière doit « partager le fardeau » avec les Etats-Unis, qui prendront tôt ou tard sa relève.
C’est dans sa célèbre communication de 1904, « The geographical pivot of history » (Le pivot géographique de l’histoire), qu’il formule sa théorie géopolitique. On peut la résumer en deux points principaux :
1°) la Russie occupe la zone pivot inaccessible à la puissance maritime, à partir de laquelle elle peut entreprendre de conquérir et contrôler la masse continentale eurasienne,
2°) en face, la puissance maritime, à partir de ses bastions (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Australie et Japon) inaccessibles à la puissance terrestre, encercle cette dernière et lui interdit d’accéder librement à la haute mer.
Etudiant l’époque « pré-colombienne », Mackinder oppose les Slaves, installés dans les forêts, aux peuples de cavaliers nomades présents sur les espaces non-boisés. Cette steppe asiatique, quasi déserte, est la Terre du Milieu (Heartland), entourée de deux croissants fortement peuplés : le croissant intérieur (inner crescent), regroupant l’Inde, la Chine, le Japon et l’Europe, qui jouxte territorialement la Terre du Milieu, et le croissant extérieur (outer crescent), constitué de diverses îles. Le croissant intérieur est soumis régulièrement à la poussée des nomades cavaliers venus des steppes de la Terre du Milieu.
Tout change à l’ère « colombienne », qui voit l’affrontement de deux mobilités, celle de l’Angleterre qui amorce la conquête des mers, et celle de la Russie qui avance progressivement en Sibérie. Pour l’universitaire, cette double expansion européenne, maritime et continentale, trouve son explication dans l’opposition entre Rome et la Grèce. En effet, il affirme que le Germain a été civilisé et christianisé par le Romain, le Slave par le Grec, et qu’alors que le Romano-germain a conquis les océans, le Greco-Slave s’est emparé à cheval de la steppe. Mackinder fait de la séparation entre Empires d’Orient et d’Occident, en 395, aggravée lors du Grand Schisme entre Byzance et Rome, en 1054, le point nodal de cette opposition. Il souligne qu’après la prise de Constantinople par les Turcs, Moscou s’est proclamée nouveau centre de l’Orthodoxie (la troisième Rome). Au XXème siècle, cet antagonisme religieux débouchera, selon lui, sur un antagonisme idéologique, entre le communisme et le capitalisme : la Russie, héritière de la communauté villageoise paysanne slave, le Mir, optera pour le communisme, l’Occident, dont la pratique religieuse privilégie le salut individuel, pour le capitalisme…
Cette opposition Terre/Mer risque de basculer en faveur de la terre et de la Russie. Mackinder remarque que si le Royaume-Uni a pu envoyer une armée de 500 000 hommes en Afrique-du-Sud lors de la guerre des Boers, performance saluée par tous les partisans de la puissance maritime, au même moment, la Russie avait, elle, réussi un exploit encore plus exceptionnel en entretenant un nombre équivalent de soldats en Extrême-Orient, à des milliers de kilomètres de Moscou, grâce au train transsibérien. Avec le chemin de fer, la puissance terrestre est désormais capable de déployer ses forces aussi vite que la puissance océanique. Obnubilé par cette révolution des transports terrestres, qui permettra à la Russie de développer un espace industrialisé autonome et fermé au commerce des thalassocraties, Mackinder prédit la fin de l’âge « colombien » et conclut à la supériorité de la puissance tellurique, résumant sa pensée dans un aphorisme saisissant : « Qui tient l’Europe continentale contrôle le Heartland. Qui tient le Heartland contrôle la World Island ». Effectivement, toute autonomisation économique de l’espace centre-asiatique conduit automatiquement à une réorganisation du flux des échanges, le croissant interne ayant alors intérêt à développer ses relations commerciales avec le centre, la Terre du Milieu, au détriment des thalassocraties anglo-saxonnes. Quelques années plus tard, en 1928, l’annonce par Staline de la mise en œuvre du 1er plan quinquennal confortera le penseur britannique, qui ne manquera pas de souligner que depuis la Révolution d’Octobre les soviétiques ont construit plus de 70.000 kms de voies ferrées.
Au lendemain de la Première guerre mondiale, Mackinder publie Democratic Ideals and Reality, un ouvrage concis et dense dans lequel il rappelle l’importance de la masse continentale russe, que les thalassocraties ne peuvent ni contrôler depuis la mer ni envahir complètement. Concrètement, il faut selon lui impérativement séparer l’Allemagne de la Russie par un « cordon sanitaire », afin d’empêcher l’unité du continent eurasiatique. Politique prophylactique suivie par Lord Curzon, qui nomme l’universitaire Haut commissaire britannique en « Russie du Sud », où une mission militaire assiste les partisans blancs de Dénikine, et obtient que ces ceux-ci reconnaissent de facto la nouvelle république d’Ukraine… Pour rendre impossible l’unification de l’Eurasie, Mackinder n’aura de cesse de préconiser la balkanisation de l’Europe orientale, l’amputation de la Russie de son glacis baltique et ukrainien, le « containment » des forces russes en Asie afin qu’elles ne puissent menacer la Perse ou l’Inde.
Le Kontinentalblock de Karl Haushofer
C’est en Allemagne, et sous l’influence décisive de Karl Haushofer (1869-1946), que géopoliticiens, diplomates et théoriciens nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques (les frères Jünger, Ernst Niekisch, Karl-Otto Paetel) s’opposeront avec le plus de force aux prétentions thalassocratiques.
Officier d’artillerie bavarois et professeur à l’Académie de guerre, Karl Haushofer, envoyé au Japon en 1906 pour y réorganiser l’armée impériale, prend conscience lors de son voyage de retour vers l’Allemagne, effectué avec le Transsibérien, de l’immensité continentale de l’Eurasie russe. Après la Première Guerre Mondiale, il obtient un doctorat et devient professeur de géographie à Munich, où il se lie avec Rudolf Hess. Fondateur, en 1924, de la célèbre Zeitschrift für Geopolitik (Revue de Géopolitique), Haushofer est l’héritier direct des travaux de son compatriote Ratzel et du Suédois Kjeller. Ecartons d’abord la légende noire d’un Haushofer partisan acharné de l’hitlérisme et de sa géopolitique comme entreprise justificatrice des conquêtes territoriales du IIIème Reich, légende dont le professeur Jean Klein trouve la source dans les « efforts déployés par la propagande américaine » (4). Cette diabolisation n’étonnera que ceux qui méconnaissent l’orientation anti-thalassocratique de la géopolitique haushoférienne…
Soucieux de dépasser les petits nationalismes, Haushofer prône dès 1931, dans Geopolitik der Pan-Ideen (Géopolitique des idées continentales), la constitution de vastes espaces continentaux, seuls capables de dépasser la faiblesse territoriale et économique des Etats classiques. Une première étape pourrait passer par les rassemblements sub-continentaux théorisés en 1912 par le géographe E. Banse, qui préconisait 12 grandes aires civilisationnelles : l’Europe, la Grande Sibérie (Russie incluse), l’Australie, l’Orient, l’Inde, l’Asie Orientale, la « Nigritie », la Mongolie (avec la Chine, l’Indochine et l’Indonésie), la Grande Californie, les Terres Andines, l’Amérique (Amérique du Nord atlantique) et l’Amazonie.
Sa pensée, radicalement continentaliste et hostile aux thalassocraties, se précise lorsqu’il publie, en 1941, Der Kontinentalblock-Mitteleuropa-Eurasien-Japan (Le bloc continental-Europe-Europe centrale-Eurasie-Japon). Rédigé après le pacte-germano soviétique, cet ouvrage se prononce pour une alliance germano-italo-soviéto-nippone qui réorganiserait radicalement la masse continentale eurasienne. Il souligne que la crainte permanente des Anglo-saxons est de voir se constituer un axe Berlin-Moscou-Tokyo, qui échapperait totalement à l’emprise des thalassocraties marchandes. Celles-ci, écrit-il, pratiquent la politique de l’Anaconda, qui consiste à enserrer progressivement leurs proies et à les étouffer lentement. Or l’Eurasie, si elle parvient à s’unir, s’avèrera une proie trop grosse pour l’anaconda anglo-américain, échappant ainsi, grâce à sa masse gigantesque, à tout blocus.
Cette idée d’alliance tripartite a d’abord germé dans des esprits japonais et russes. Lors de la guerre russo-japonaise de 1905, quand Britanniques et Nippons se coalisaient contre les Russes, une partie des dirigeants japonais, dont l’ambassadeur à Londres Hayashi, le comte Gato, le prince Ito et le premier ministre Katsura souhaitaient une entente germano-russo-japonaise contre la mainmise anglaise sur le trafic maritime mondial. Visionnaire, le comte Gato préconisait alors une troïka, où le cheval central, le plus fort, aurait été la Russie, flanquée de deux chevaux légers, plus nerveux, l’Allemagne et le Japon. En Russie, l’idée eurasienne, sera incarnée, quelques années plus tard, par le ministre Witte, génial créateur du Transsibérien et partisan dès 1915 d’une paix séparée avec le Kaiser.
Inutile de préciser qu’Haushofer désapprouvera les guerres de conquête à l’Est entreprises par Hitler, qui allaient à l’encontre de son projet historique de constitution d’un bloc continental eurasiatique.
La stratégie de l’anaconda, de Spykman à Brzezinski
L’idée fondamentale, posée par Mahan et Mackinder, d’interdire à la Russie l’accès à la haute mer, sera reformulée par Nicholas John Spykman (1893-1943), qui insistera sur l’impérieuse nécessité de contrôler l’anneau maritime ou Rimland, cette zone littorale bordant la Terre du Milieu et qui court de la Norvège à la Corée : « Qui maîtrise l’anneau maritime tient l’Eurasie, qui tient l’Eurasie maîtrise la destinée du monde » (5).
Interprétant cette maxime dès le déclenchement de la Guerre froide, les Etats-Unis tenteront alors, par une politique de « containment » de l’URSS, de contrôler le rimland au moyen d’un réseau de pactes régionaux : OTAN en Europe, Pacte de Bagdad puis Organisation du traité central du Moyen-Orient, OTASE et ANZUS en Extrême-Orient.
Avec l’effondrement du bloc soviétique, l’on aurait pu s’attendre à un redéploiement stratégique des USA, et à une rupture avec la vulgate mackindérienne. Il n’en a rien été. A tel point qu’aujourd’hui encore, le conseiller (officieux) de politique étrangère le plus écouté du nouveau président américain Obama, se révèle être un disciple zélé de Mackinder. Il s’agit de Zbigniew Brzezinski, ami de David Rockefeller, avec qui il cofonda la Commission Trilatérale en 1973, et conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter de 1977 à 1980. Son œuvre théorique majeure, Le Grand Echiquier, parut en 1997, au moment des guerres de Yougoslavie entreprises en grande partie à son initiative, sous l’égide du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Madeleine Albright. L’analyse stratégique de Zbigniew Brzezinski reprend cyniquement la doxa géopolitique anglo-saxonne : l’Eurasie, qui regroupe la moitié de la population de la planète, constitue le centre spatial du pouvoir mondial. La clef pour contrôler l’Eurasie est l’Asie centrale. La clef pour contrôler l’Asie centrale est l’Ouzbékistan. Pour ce russophobe d’origine polonaise, l’objectif du Grand Jeu américain doit être de lutter contre l’alliance Chine-Russie. Considérant que la principale menace vient de la Russie, il préconise son encerclement (l’anaconda, toujours l’anaconda) par l’implantation de bases militaires, ou à défaut de régimes amis, dans les ex- républiques soviétiques (Ukraine incluse), insistant en particulier sur la nécessaire instrumentalisation des islamistes. Paradoxalement, c’est au nom de la lutte contre ces mêmes islamistes que les forces américaines se déploieront en Ouzbékistan après le 11 septembre 2001… Machiavel, pas mort !
Edouard Rix, Terre & Peuple magazine, solstice d’hiver 2010, n° 46, pp. 39-41.
Notes
(1) C. Schmitt, Terre et Mer, Le Labyrinthe, Paris, 1985, p. 23.
(2) Les noms de Léviathan et de Behemoth sont empruntés au Livre de Job (chap. 40 et 41).
(3) A.T. Mahan, The problem of Asia an its effect upon international policies,, Sampson Low-Marston, London, 1900, p.63.
(4) Jean Klein, Karl Haushofer, De la géopolitique, Fayard, Paris, 1986.
(5) N. Spykman, The geography of the peace, Harcourt-Brace, New-York, 1944, p. 43.
http://vouloir.hautetfort.com/archive/2015/01/30/geopolitique-du-leviathan-5521293.html
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Les Partisans Blancs
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Bagadou Stourm - Guerriers Celtes - Bezenn Perrot
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Révolution française, nazisme et communisme : une même divinisation de l’Etat totalitaire
Arnaud de la Croix publie aux éditions Racine un livre intitulé La religion d’Hitler. L’auteur a présenté son livre dans le quotidien économique belge L’Echo. Il y fait la comparaison entre nazisme, communisme et révolution française.
« Il y a un précédent fameux, qui reste tabou, la Révolution française. A un moment donné, la Révolution française a mis sur pied un véritable culte avec la Fête de l’être suprême, ou la divinisation de la déesse Raison. L’idée qui préside dans cette dimension religieuse, c’est que – comme le dira Hegel – le « Ciel est descendu sur la Terre ». Une religion politique analogue, à l’époque, c’est le communisme, qui se prétend athée mais finit par exposer la momie de Lénine dans un mausolée. »
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Les Lansquenets