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culture et histoire - Page 1652

  • Les Illuminati au dessus de tout ?

    Disons-le d'emblée. Ceux que l'on appelle communément les Illuminati constituent visiblement un groupe mal défini, voire indéfini et indéfinissable. D'ailleurs, ces comploteurs à la réputation hyperbolique nous font immanquablement penser à la mouvance fantasmagorique starisée par le média tout puissant, celle d'Al-Qaïda ; étrange spectre politique et terroriste qui fut et est toujours infiniment plus utile pour le Système et pour les hommes du Pouvoir que pour lesdits Islamistes. Les Illuminati, engeance floue à souhait, font utilement de l'ombre à la véritable Engeance, facilement et presque physiquement reconnaissable.
    Leurres, fausses pistes et mythes au service des véritables mondiocrates
    Qu'il est difficile aujourd'hui de disposer d'une grille de lecture politique cohérente et surtout apte à synthétiser utilement la réalité et non à la fantasmer, à la distordre, à la fausser pour le plus grand profit des maîtres de ce monde. Le fait, le but, nécessaire, de posséder les éléments cognitifs d'une clairvoyance politique objective est d'autant plus difficile à atteindre aujourd'hui que l'idéosphère est saturée de fausses informations, de jugements de valeur déguisés en vérités morales. Et si le gros média propagandiste s'échine à cacher la vérité politique et à démoniser les voies politiques salvatrices, la plateforme Internet, gorgée d'opinions portant sur tout et sur rien, déboussole littéralement les personnes de bonne volonté qui recherchent sincèrement les voies de la vraie révolution politique bienfaitrice mais qui se trouvent embourbés, ici dans un marais paradigmatique douteux, là dans une fange d'opinions hérétiques et impropres à la réalisation du bon, du bien et du beau. Parfois, certains acteurs désignent les bons coupables en leur reprochant des pacotilles, des bagatelles, ou simplement des dérives liées à leur spécificité culturelle. Quand les ennemis des peuples et des nations sont épingles, c'est souvent pour critiquer une attitude, des excès, une insolence ; rien de très précis et d'organisé en somme. D'autres fois, ce sont bel et bien les phénomènes sociologiques morbides qui sont nettement désignés par certains littérateurs. C'est la mécanique d'un vrai complot qui est précisément décrite par certains conspirationnistes. Le mal est bel et bien entouré, souligné, désigné. Les analystes de cet acabit font souvent mouche auprès d'un lectorat convaincu d'avoir saisi les rouages du grand complot, les techniques de sabordage national afin d'amener les peuples dilués (de plus en plus métissés) à l'acceptation d'un gouvernement mondial qui atomiserait une bonne fois pour toutes les particularités identitaires et les sas nationaux garantis par les résidus de souverainetés nationales encore observables aujourd'hui ici ou là.
    En l'occurrence, souvent, trop souvent, ces "entomologistes" du complot désignent des acteurs incongrus, ou indéterminés comme les responsables de la grande conspiration planétarienne. Il s'agit selon eux, quelquefois, des Aliens, des petits gris, des extraterrestres verts, jaunes, petits ou édentés. Il existe en effet un public pour cela. Le petit malin, écrivaillon bankable grâce à un public d'importance mais limité sur le plan intellectuel (clientèle à croissance exponentielle aux États-Unis notamment), l'ancien joueur professionnel de football, le britannique David Icke pour le citer est devenu le spécialiste de la science fiction politique maquillée en conspirationnisme sincère. Lorsque nous avons lu pour la première fois des textes de David Icke, sans connaître ses théories farfelues et ses conclusions folles, nous avions été marqués par une caractéristique de sa rhétorique. Après avoir présenté avec un relatif sérieux de vrais phénomènes étranges ne pouvant être expliqués par la seule rationalité des acteurs sociaux, après avoir été en quelque sorte peu ou prou absorbé par la lecture de longues phrases décrivant quelques mystères indéniablement réels, Icke se cabre ou bombe le torse, ou « pète un câble » et balance à ses lecteurs que derrière tous ces mystères et ces injustices se cachent les Reptiliens, extraterrestres terriblement intelligents qui se planqueraient à Buckingham Palace. L'effet cognitif est radical... Les théories conspirationnistes explosent en plein vol ! Le ridicule tue et Icke est l'un des plus puissants vecteurs de cette fumisterie assassine ! Comment pourrait-on prendre au sérieux un scénario dans lequel l'analyste incorpore des Martiens déguisés en Reine d'Angleterre ou en Rothschild ? À qui sert le crime ?
    Les Illuminati, une élite sataniste interraciale qui domine le monde ?
    Icke constitue en quelque sorte le premier barrage anti-conspirationniste objectif, une première ligne interdisant aux gens dégoûtés par une telle mascarade, de poursuivre leurs recherches sur le sujet d'une manière générale. Et ne parlons pas de tous ces pauvres manants de l'esprit sans courage qui craignent constamment de passer pour des êtres un peu différents s'ils lisent des textes portant sur des thématiques sulfureuses. Après l'expérience d'une lecture d'un texte de D. Icke, « on ne les y reprendra plus » ! Car le chat échaudé craint l'eau froide...
    Il existe cependant une population moins nombreuse, plus cultivée, plus courageuse, peut-être plus frondeuse aussi, qui aura compris que le complot ne peut être résumé par la phraséologie de quelques fous ou de quelques escrocs exploitant un filon rémunérateur. Celle-là rencontrera assurément sur son chemin de recherche des récits sur les fameux Illuminati, super maçonnerie née au XVIIIe siècle sous l'égide d'Adam Weishaupt. Sous une avalanche de faits, de noms, de chiffres, de dates, de corrélations savantes entre telle dynastie et telle autre, le lecteur curieux ingurgitera du complot Illuminati jusqu'à plus soif ! Tout phénomène deviendra le fruit de conspirations imparables ourdies par les Illuminati. Le spécialiste de ce paradigme complotiste est le Néerlandais Robin de Ruiter, auteur devenu célèbre dans le microcosme conspiratophile depuis la parution de son fameux Livre Jaune numéro 7 : Les 13 lignées sataniques. Nous avions évoqué dans Rivarol la publication d'une nouvelle version d'un livre qui fut il y a encore quelques années tout simplement interdit de vente en France. Ce livre offrait quelques éléments, quelques informations intéressantes, mettait en exergue des étrangetés politiques, donnait des noms et des dates... Mais il existait des pudeurs incompréhensibles dans cet ouvrage, en fait des pudeurs trop lourdes pour être honnêtes. Le deuxième tome des 13 lignées sataniques vient tout juste d'être publié en France et force est de constater que cette nouvelle livraison en dit long sur le rôle systémique ou la fonction de Ruiter dans l'entreprise de désinformation concernant notre sujet. Dans Les Illuminati et les Protocoles des Sages de Sion, Robin de Ruiter prend ainsi le parti de défendre la théorie loufoque selon laquelle les fameux Protocoles des Sages de Sion auraient été commandés par un épigone de Weishaupt et toutes les élites Illuminati du moment. Une commande qui n'aurait servi qu'à une seule chose : Provoquer une énorme vague d'antisémitisme à travers toute l'Europe afin de détourner les regards de la puissance organisée des Illuminati vers les Juifs! Evidemment, pour Ruiter, non seulement les Juifs ne seraient pas les rédacteurs de ce document (ce qui est fort possible, à moins que son aspect grandiloquent et théâtral serve justement à ridiculiser, par un biais caricatural, l'antisémitisme doctrinal) mais ces victimes officiellement éternelles ne joueraient de plus aucun rôle dans le complot mondialiste en cours. Ruiter prévient le lecteur : « Ce livre dissipera une fois pour toutes ces accusations à l'encontre du peuple juif comme étant l'auteur des Protocoles. Il n'a aucun rapport avec les origines des Protocoles. Rien à voir non plus avec un complot juif ! La conspiration pour un gouvernement mondial n'est pas juive. »
    Les Juifs ? Des agneaux sacrifiés sur l’autel de la gouvernance mondiale selon Ruiter !
    Quelque 50 pages plus loin, le Néerlandais récidive sans prendre de gants. « Les auteurs spécialement assignés à cette tâche utilisèrent les Protocoles Illuminati existants (thèse très originale et alambiquée de Ruiter...), mais reçurent pour instructions de modifier certains mots (notre Hollandais ne fournit aucune référence mais semble balancer de véritables éléments fictifs dans son récit) et phrases, afin d'instiller chez les lecteurs l'impression que tout n'était qu'un plan juif pour obtenir la suprématie mondiale. Ces allégations de plans juifs furent divulguées afin qu'aucun rapprochement ne puisse plus être fait avec les Illuminati. Comme nous le verrons (mais on ne le voit jamais), l'extermination de plus de six millions de Juifs faisait partie d'un plan horrible et gigantesque, mis en place par les Illuminati ! »
    La vie doit être plus douce pour lui en postulant l'innocence absolue de la communauté qui a trop souffert. Hé ! Il faut bien manger ! Et duper un lectorat conséquent pour le plus grand bien de la juiverie internationale constitue la garantie d'une tranquillité - éditoriale ! D'ailleurs pour notre Batave, il ne peut exister de question juive. Le Juif semble ne posséder aucune caractéristique, aucune spécificité propre : Pas de solidarité juive, pas de cosmopolitisme juif, pas de culture juive, pas de fantasme métis juif, pas de subjectivisme juif, pas de complot juif, pas d'arnaques, pas de délinquance, pas de base arrière en Palestine, pas d'antinationalisme rabique ! Rien ! Le Juif ? C'est juste un homme comme les autres avec un autre nom, c'est tout ! Aussi découle-t-il de ce néant sémantique arbitrairement posé une incompréhension totale (ou plutôt le semblant d'une incompréhension) quant à la genèse de l'antisémitisme contemporain. Avec Ruiter, l'antisémitisme ne devient qu'un sentiment d'origine irrationnelle qui chauffe des esprits faibles... Aussi s'avère-t-il fort utile pour les dirigeants européens, selon Ruiter qui est décidément très spéculatif, d'utiliser la passion antisémite magique pour contrôler le peuple ou pour le divertir. « Une atmosphère antisémite fut créée partout en Europe. Tout au long des années vingt, d'importants politiciens se taisaient, tandis qu'ils de trouvaient face à des montagnes de livres et d'articles qui faisaient germer chez les gens la peur d'une conspiration juive mondiale. De toute évidence, une certaine forme d'antisémitisme politique se développait. » Tous les grands antisémites de l'histoire contemporaine seraient selon Ruiter des Illuminati. C'est en tout cas ce que décrète l'auteur des 13 lignées sataniques. Henri Ford aurait donc été selon notre "artiste" un diabolique tacticien qui stigmatisait le Juif dans le seul but de fabriquer un bouc émissaire. Comme ça... Pour dominer le monde. Visiblement, Ruiter connaît très mal la biographie du grand industriel américain qui connut au contraire les pires ennuis après la publication de son fameux ouvrage, Le Juif international, livre important que Ruiter n'a jamais lu ! Un écrivaillon décidément catastrophiquement décevant qui semble méconnaître la judéité militante même de certains acteurs politiques du dix-neuvième siècle comme Isaac Adolphe Crémieux.
    L’engeance peut dormir tranquille…
    Non content d'embrouiller l'esprit de lecteurs ne maîtrisant que modérément l'histoire politique, Ruiter devient insultant dans sa puérilité, page 72 : « Les dirigeants, sous le joug des Illuminati, ont besoin de ces monstres comme Adolf Hitler, et d'idéologies hideuses telles que le national-socialisme, l'extrémisme de droite et l'antisémitisme, pour préparer les populations au Nouvel Ordre Mondial. »
    Des mots qui témoignent de la subjectivité de l'auteur et de sa propension à fabuler !
    En tout cas son livre ne risque pas d'être censuré par les Autorités... Un bouquin qui est un conte pour enfants où le nomade est un lapereau innocent et où même la haine mythifiée n'a pas de racines. Un livre dans lequel le mal est tout puissant mais indéfini quand les vrais maîtres sont déguisés en gerboises inoffensives.
    François-Xavier Rochette, Écrits de Paris Janvier 2014
    Les 13 Lignées sataniques, Les Illuminati et les Protocoles des Sages de Sion, Mayra Publications, 197 pages, 28 € port compris à Librairie française, ASMA, BP 80308, 75723 PARIS Cedex 15. Tel : 01-83-62-98-12.

  • Dimanche 19 janvier 2014 :[Paris] Hommage à Louis XVI

    Cortège traditionnel en Hommage à Louis XVI

    A l’heure où la république finissante et ses serviteurs abandonnent par pans entiers les intérêts de la France à la fortune anonyme et vagabonde, l’Action Française invite tous les Français à venir témoigner de leur fidélité au roi, victime d’avoir trop aimé son peuple : Rendez-vous devant l’Eglise de la Madeleine à 18H45 précises.

    Le cortège se dirigera jusqu’au Square Louis XVI, devant la Chapelle Expiatoire. Des fanions, des flambeaux et les chants seront distribués avant le départ. Une gerbe de fleurs sera déposée au nom du peuple Français.

     

     
  • Jean Sévillia : « Même dans les périodes de crise ou d'effondrement, la France se redresse toujours »

    Journaliste et écrivain, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l'Autriche (Zita, impératrice courage, Le dernier empereur) ou à l'histoire (Historiquement correct, Historiquement incorrect), Jean Sévillia a récemment publié une Histoire passionnée de la France, chez Perrin.
    Monde et Vie : Jean Sévillia, comment vous est venue l'idée de publier une Histoire de France ? Visez-vous un public particulier, par exemple les jeunes, auxquels les programmes scolaires ne prévoient plus d'enseigner cette histoire ?
    Jean Sévillia : Pourquoi une histoire de France ? Parce qu'un tel instrument d'analyse et de synthèse est utile pour le grand public cultivé qui veut rafraîchir sa mémoire, soit sur la totalité de notre histoire pour avoir une vision d'ensemble, soit sur une époque, comme le Moyen-Âge, ou Napoléon. Ordonné chronologiquement, mon livre peut être lu de la première à la dernière page, ou bien par chapitre ou sous-chapitre, afin de compléter rapidement ses connaissances sur un sujet particulier. C'est un ouvrage de culture générale, qui s'adresse aussi bien à un public ayant appris l'histoire de France et qui veut la réviser, qu'à un public qui ne l'a jamais sue et veut en connaître les traits essentiels. Il est évidemment moins destiné aux agrégés d'histoire - encore que l'un d'entre eux me disait récemment qu'il était arrivé à l'agrégation sans avoir jamais entendu parler de la loi de 1905, ni de la politique anticléricale de la IIIe République... Le public est d'autant plus large que l'enseignement de l'histoire est mal conçu et idéologiquement biaisé. À partir des années 1970, on a cassé l'enseignement chronologique et classique de l'histoire de France, de sorte qu'aujourd'hui les quadragénaires ne la connaissent plus.
    Vous accordez une grande place à l'histoire contemporaine: huit chapitres sur quatorze sont consacrés à la période qui s'étend de la Révolution française jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ce choix ?
    Pour deux raisons. D'abord, la somme de connaissances historiques que nous possédons est plus importante pour les temps modernes, alors que les sources concernant les époques plus anciennes sont rares et incertaines... Bien que la période couverte par la monarchie mérovingienne, par exemple, soit aussi longue que celle qui nous sépare, en 2014, de la Révolution française, nous avons donc beaucoup plus à dire sur ce qui s'est passé au cours des deux derniers siècles que sur les Mérovingiens. Ensuite, mon livre est destiné aux hommes de notre temps, qui attendent des réponses sur des sujets polémiques. U en existe, bien sûr, sur le Moyen Age, mais ils ne soulèvent pas les passions des foules. En revanche, le lecteur attend une réponse sur la Révolution française, Napoléon, la Grande Guerre, la Résistance et la collaboration, etc. Les événements capitaux qui se sont produits au XXe siècle passionnent davantage les Français que l'histoire plus ancienne. C'est pourquoi mon livre s'élargit chronologiquement à partir des temps modernes.
    Dans votre conclusion vous évoquez la nécessité de réunir les Français autour de leur histoire. N'est-il pas utopique d'espérer restaurer la cohésion nationale autour d'une histoire aussi fracturée depuis la Révolution, marquée par les affrontements qui ont dressé deux France l'une contre l'autre ? L'histoire de France rassemble-t-elle ou divise-t-elle ?
    Les deux ensemble. L'histoire peut diviser, si elle est trop partisane, car sur les grandes fractures de notre histoire, protestants contre catholiques, républicains contre royalistes, catholiques contre laïcs, gauche contre droite, etc., l'on trouvera toujours des points de division. Mais si on la regarde en prenant de la hauteur, apparaîtront aussi des points de convergence, non moins importants que les points de fracture. Par-delà notre vision politique, religieuse, etc., il existe une étonnante continuité de l'histoire française, qui, même si les fractures demeurent, peut aider à trouver des points d'accord et d'unité, ou du moins montrer ce que les Français ont en commun par-delà leurs divisions. Si l'on croit au cadre national - qui est à mon avis un cadre d'analyse valide historiquement et politiquement -, l'on voit que les Français, de gauche ou de droite, catholiques ou laïcs, sont dans la même barque France, et que si elle coule, ils couleront en même temps. Une nation rassemble des gens différents et si l'histoire est racontée d'une façon sereine, elle peut être un point de convergence pour montrer une histoire commune. Cela me paraît important aujourd'hui.
    Quelle est la période qui vous passionne le plus ?
    L'histoire m'intéresse plus à partir de la Révolution, ou peut-être des guerres de religion, parce que l'on y retrouve l'écho de nombreux débats toujours actuels. De même pour le XIXe siècle et, a fortiori, le XXe. Ce qui me frappe, c'est la capacité de rebond de notre pays. La France a connu des crises terribles, des guerres civiles, des affrontements fratricides d'une extrême violence. Nous ne sommes pas une démocratie Scandinave, mais un pays conflictuel : chez nous, la bagarre est permanente ; mais même dans les périodes de crise ou d'effondrement, la France se redresse toujours, et c'est le sens de notre histoire à travers les siècles. Au début du XVe siècle, pendant la guerre de Cent ans, on croit que la France est morte, mais Jeanne d'Arc arrive et elle reprend vie. Elle connaît de semblables effondrements pendant les guerres de religion, après la Révolution française, en 1940... À chaque fois, se produit une sorte de miracle français grâce auquel ce pays arrive à sublimer ses divisions et à repartir après les plus grandes épreuves. Pour moi, c'est un message d'espérance : cela signifie que même si, aujourd'hui, nous sommes tous extrêmement inquiets devant la situation du pays, nous gardons la capacité d'en sortir; et que si nous ne voyons pas la solution, cela ne veut pas dire qu'elle n'existe pas.
    Propos recueillis par Eric Letty monde&vie
    Jean Sévillia, Histoire passionnée de la France, Perrin, 560 pp, 25 €

  • [Perpignan] Conférence "Jaures, sans complaisance"

    La section de Perpignan nous présente sa nouvelle conférence.

    La conférence aura lieu le samedi 01 février 2014 à 18h30, à l’hôtel des II Mas, 1 rue Madeleine Brès, 66330 Cabestany et aura pour thème :

    "Jaures, sans complaisance"

    Par Bernard Antony, journaliste, écrivain, président de l’AGRIF.

    La conférence sera suivi d’un diner, au restaurant "Le patio" de l’hôtel des II Mas, à 20h00.

    La participation est de 30€, à l’ordre de M.Baux

    Inscription et renseignement :

    M Edouard Baux

    8 rue Jean d’Orbais

    04 68 66 76 06

    roussillon@actionfrancaise.net

  • Conférence du vendredi 17 janvier: Vers la fin de l'Etat de droit ?

    Le 17 janvier 2014, Alexandre Apreval, avocat, viendra s'interroger avec nous sur la fin de l'Etat de droit.
    Venez nombreux à 19h30 précise. Toujours au El Siete, Paris Ve

  • La monarchie pour représenter le pays réel

    Le fondement de toute action politique, notamment lorsqu’elle vise au renversement des institutions en place, se doit nécessairement de présenter un contre-projet concret au système dont les paradigmes sont actuellement dominants. Les royalistes ne font pas exception à la règle (hormis peut-être quelques royalistes de salon qui ne sortent leur fleur de lys que pour les rallyes mondains de Versailles ou de Paris). Feu le comte de Paris (1908-1999), héritier des rois de France, a proposé ce projet en 1948 : une « esquisse d’une constitution monarchique et démocratique » qui a été rapportée et commentée par Xavier Walter dans son ouvrage Un roi pour la France *.
    Il s’agit d’un projet rassembleur et fédérateur, loin d’une quelconque idéologie revancharde que l’on trouve parfois dans nos milieux : « le Prince désavoue ceux qui rêvent d’une “revanche” monarchiste […] la monarchie restaurée sera “une union salvatrice entre la nation et la famille royale” ».
    Le projet du comte de Paris ne s’inscrit pas dans une haine farouche et idéologique de la démocratie : ce qu’il dénonce, c’est la démocratie républicaine qui « manque du ressort sain qu’est le dialogue ». Il s’explique ainsi : « Le dialogue est le contraire de la polémique ; [...] qu’on rassemble les peuples pour quelque chose et non contre quelqu’un, il faut leur proposer des buts, non des cibles. » Ce qui est ici dénoncé est le régime des partis, des factions, qui dressent par idéologie les Français les uns contre les autres au lieu de les rassembler autour de l’aventure commune qu’est la France. À cette démocratie républicaine s’oppose « l’exemple des monarques qui, pendant un millénaire, apprirent aux Français à se rassembler et à s’aimer ».
    Le Prince veut rendre au peuple français la parole, parole jusqu’à présent confisquée par les partis et donc déformée : « La volonté du pays n’est pas ce que disent les urnes, ni les partis, originellement voués à être les porte-parole de la nation, mais vite perdus par leurs intérêts. » Et d’ajouter : « Le pays sait ce qu’il veut, encore faut-il que le message qu’il adresse aux dirigeants ne soit pas caricaturé et faussé par un interprète partisan. »
    C’est bel et bien au régime des partis que le comte de Paris s’attaque de front ! Les partis, machines idéologiques et partisanes, ne peuvent pas représenter des intérêts concrets et réels, c’est-à-dire en contact direct avec les préoccupations et les aspirations de la nation. Il faut donc, pour l’héritier des rois de France, rendre possible la représentation de ces intérêts concrets ; c’est ainsi qu’il propose « d’élargir la représentation populaire ». Il s’agit de briser le monopole de l’Assemblée législative (néanmoins maintenue dans ce projet de constitution) en matière de représentation nationale ; en plus de l’Assemblée élue, la nation disposerait de trois autres organes représentatifs : les délégués du peuple, le Grand Conseil et le roi.
    Délégués du peuple
    Le projet constitutionnel dispose que « les délégués du peuple sont élus au suffrage universel […] au scrutin majoritaire uninominal à un tour ». Chaque délégué étant élu sur une petite circonscription, il est en contact direct avec les intérêts locaux et concrets des citoyens qu’il représente. Tout risque de voir des partis se former parmi les délégués du peuple est brisé par l’impossibilité qui leur est faite de se réunir en assemblée : ainsi ne peuvent-ils pas se constituer en groupes politiques et ne représentent-ils pas les intérêts de partis mais uniquement ceux des citoyens qui les ont élus.
    La fonction des délégués du peuple est ainsi primordiale dans ce nouveau système. Là est l’innovation majeure du comte de Paris : tout d’abord, dans le cas où le gouvernement du roi serait censuré par l’Assemblée nationale, cette dernière serait dissoute si les délégués du peuple apportaient leur soutien au gouvernement. De même, si le Grand Conseil en décide ainsi et que le roi ne s’y oppose pas, une loi votée par l’Assemblée peut être soumise « au référendum des délégués du peuple ».
    Le projet casse ainsi la fiction idéologique selon laquelle l’Assemblée législative est la nation et se substitue à elle selon la mystique républicaine : l’Assemblée peut désormais être dissoute si les intérêts qu’elle défend sont contraires aux aspirations de la nation, les délégués du peuple peuvent aussi se substituer à elle par le référendum. Il y a, ainsi, un retournement paradigmatique impressionnant, orienté vers le réel et la représentation d’intérêts concrets contre les dérives du système partisan.
    La mission des délégués du peuple ne s’arrête pas ici : « Les délégués du peuple, expliquait le comte de Paris, auraient pour triple mission d’informer les pouvoirs publics des critiques et des volontés réelles de l’ensemble des citoyens, d’examiner les questions qui seraient soumises à leur appréciation et de sensibiliser les citoyens aux affaires publiques [...] Un débat permanent naîtrait de façon spontanée, et les consultations régulières des délégués du peuple susciteraient entre le pouvoir politique et la population un échange constant d’idées et de propositions […] Pour éviter tout risque de sclérose, le mandat des délégués ne sera pas renouvelable. »
    L’on dispose ici d’éléments concrets de réponse à ceux qui, ignorants des traditions de la monarchie française, imaginent que la restauration de la royauté signifierait la fin de l’action civique des citoyens : bien au contraire, il s’agit ici de rendre la parole à la nation française, parole qui est, en république, confisquée par les partis politiques.
    Grand Conseil
    Le deuxième organe imaginé par le comte de Paris était le Grand Conseil, « composé de trente membres environ […] désignés, partie par le roi, partie par les délégués du peuple et l’Assemblée, partie par les grands corps de la nation ». Leur tâche peut  être résumée comme la mission de garantir une cohérence et une recherche du long terme dans la politique de l’État. Le Grand Conseil, en effet, est l’organe qui saisira les délégués du peuple s’il n’approuve pas la démission du président du Conseil (c’était le titre que portait le Premier ministre sous la IVe République) en cas de mise en minorité de ce dernier sur la question de confiance posée à l’Assemblée, procédure pouvant aboutir à la dissolution de celle-ci.
    Le Grand Conseil est l’exact pendant des délégués du peuple : alors que ces derniers sont placés près du peuple, le Grand Conseil est placé près de l’État. Il est un organisme « qui, par sa structure et sa composition [est] l’interprète autorisé, indiscutable des intérêts permanents du pays ». Ce Grand Conseil est en quelque sorte le “conseil des sages” de la République. Il est composé de hautes personnalités : anciens dignitaires et fonctionnaires, anciens membres des assemblées, magistrats anciens ou actuels, membres de l’Armée, de la Marine, des clergés des cultes reconnus… Ces membres sont inamovibles.
    Le Grand Conseil a l’initiative de la saisine des délégués du peuple lorsqu’il s’agit d’approuver ou non la mise en minorité du gouvernement ou d’accepter ou refuser une loi votée par l’Assemblée. Sa mission est donc de défendre les intérêts fondamentaux du pays contre les humeurs de l’Assemblée composée de partis.
    Le roi
    En conclusion du projet, il y a le roi qui « symbolise la patrie dans sa permanence et sa durée, il est, à ce titre […] l’arbitre, le justicier ainsi que le fondement de l’autorité et du pouvoir ». La légitimité du monarque est historique : elle est issue de la tradition dynastique ontologiquement mêlée à l’histoire de la nation française.
    Les pouvoirs du roi sont limités : il intervient essentiellement en cas de conflits ou de blocage dans les institutions. Le comte de Paris justifie cette position : « Si certains […] critiquent l’insuffisance de ses pouvoirs politiques, qu’ils n’oublient pas ceci : la dynastie a le temps pour elle et le monarque, s’il veut être l’arbitre en même temps que le garant des libertés, ne peut pas gouverner. » Le concept est ainsi clair et pertinent : le roi n’est pas un Führer ni un Duce, il est le lien entre le passé, le présent et le futur, il inscrit l’action politique dans la stabilité et le long terme mais il ne se mêle pas ou peu des affaires internes car cela impliquerait nécessairement pour le roi de prendre parti alors qu’il ne doit être que le fédérateur des Français dans l’aventure commune qu’est la France.
    En conséquence, le roi est indépendant des partis : « Indépendant des clans, le roi se tient en dehors d’eux, les arbitre et ne prend jamais part aux luttes qui dressent les citoyens les uns contre les autres. » Et c’est bien cela le rôle essentiel du roi. Quand bien même les fonctions que lui attribue ou la constitution ou la coutume lui permettraient de nommer le gouvernement ou de s’opposer à tel ou tel organe, la mission première du roi est d’être le roi de tous les Français qui, en lui, voient le représentant de la nation, représentant historique et mystique. Représentant car héritier d’une dynastie intrinsèquement liée à l’histoire de la patrie.
    C’est ainsi que le roi ne peut et ne doit appartenir au camp des contre-révolutionnaires, avec lesquels feu le comte de Paris marquait ses distances. Devant être le souverain de tous, il ne peut appartenir à un camp. Le roi n’est ni de droite ni de gauche, ni libéral ni socialiste, ni réactionnaire ni progressiste : le roi est le roi. Il est, cela suffit, c’est tout ce que la nation lui demande.
    Le pouvoir du coeur
    L’on pourrait trouver des insuffisances à ce projet : le maintien d’une assemblée législative centralisée, alors que les maurrassiens souhaiteraient sa disparition au profit d’assemblées locales ou corporatistes, ou encore l’absence de rejet explicite de l’héritage révolutionnaire… Pourtant, n’oublions pas que la monarchie s’inscrit dans le long terme, elle est « la négation du césarisme », populisme éphémère et fondé sur les pulsions de la table rase. Le projet du Prince rendait la parole au pays réel et anéantissait le monopole des machines idéologiques que sont les partis.
    En ce sens, cette monarchie nous semble souhaitable, même si elle ne nous semble pas aller assez loin : nul n’a pu prétendre que la monarchie serait le remède miracle qui ranimerait le spirituel dans l’esprit des Français, en finirait avec le cosmopolitisme ou l’immigration, rétablirait le patriotisme, restaurerait l’ordre… Nous ne sommes pas des charlatans qui promettons demain le paradis terrestre. L’expérience tirée de l’histoire nous permet simplement d’affirmer que la monarchie traditionnelle, qui donne la parole au pays réel, est l’outil le plus pertinent pour combattre les idéologies nihilistes, car le peuple, lorsqu’il est libre, sait se défendre. Le roi n’est alors que le rassembleur des Français et l’incarnation de la France dans le coeur des citoyens.
    La contre-révolution est un travail de longue haleine, la monarchie seule nous permettra de le mener efficacement car la république est le terreau des idéologies alors que le roi est le socle du concret et du réel. « Après deux siècles de délires dialectiques, de haines mutuelles, la France peut-elle redécouvrir le pouvoir du coeur ? » demande Xavier Walter. « C’est à cela que le comte de Paris convie ses compatriotes. Le roi est amour. » Et si la monarchie, se faisant aimer des Français, était le prélude nécessaire à un regain de l’amour des Français pour la France et, au final, pour eux-mêmes ? La république, fondée sur la haine du passé, guidée par la monologue idéologique des partis, ne peut conduire qu’à une longue chute nihiliste là où la monarchie, s’incarnant dans une histoire et un héritage, conduit nécessairement à les aimer.
    Si le retour de la monarchie ne serait pas suffisant à lui seul, si le retour du roi ne signifierait pas la fin du combat nationaliste et contrerévolutionnaire, il apparaît cependant indispensable… pour que vive la France !
    Stéphane Piolenc L’Action Française 2000 du 21 juin au 4 juillet 2007
    * Xavier Walter : Un roi pour la France. François-Xavier de Guibert, juin 2002, 989 p., 45 euros.

  • Manuel Valls connaît-il son modèle, Clemenceau ?

    Minute lui rappelle quelques réalités historiques :

    "Dans un coin de son bureau ministériel, un portrait du Tigre a été accroché. L’a-t-il lu ? Non, sans doute, ou quelques pages sélectionnées par un secrétaire. Car sinon l’impeccable républicain de la place Beauvau aurait pris soin de préciser à quel Clemenceau il réserve son admiration. Il y en a tant, des Clemenceau, que M. le Ministre, s’il les connaissait, les aurait volontiers envoyés en garde à vue…

    Cherchons donc quel Clemenceau admire Valls. S’agit-il du Clemenceau qui a lancé la carrière politique du général Boulanger, ce « factieux populiste » honni par l’histoire? Non, sans doute. C’est un peu comme si Valls faisait nommer Marion Le Pen ministre. Impossible. S’agit-il du Clemenceau qui apostrophait en 1893 un ministre de l’Intérieur en raison de ses origines juives ? Nauséabond ! Non, ce ne peut pas être non plus ce Clemenceau-là. Alors, peut-être, le Clemenceau écrivain, voyageur ? Eh bien, pas davantage. Dans Au Pied du Sinaï, paru en 1898, Clemenceau s’écoeure du juif traditionnel « crasseux », palpitant de « fanatisme talmudique ». Exit ce Clemenceau-ci. Voyons, cherchons encore… Il doit bien y avoir un Clemenceau acceptable en l’an 2014 ? Ah oui! Le dreyfusard. Ce doit être lui. Splendide modèle à l’oeil fulminant. Hélas… Ce Clemenceau n’hésitait pas à attaquer un député juif, anti-dreyfusard, en ces termes: « Il serait bon que les juifs cessent d’insulter ceux qui les défendent! » Bon, alors, pas ce Clemenceau là non plus. Mais à qui se fier ? [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/01/manuel-valls-conna%C3%AEt-il-son-mod%C3%A8le-cl%C3%A9menceau-.html