A l’occasion du trentième anniversaire de la disparition de Raymond Aron (1905-1983) les éloges pompeux, grandiloquents, voire dithyrambiques, n’ont pas manqué. « Modèle d’intégrité intellectuelle », « héros d’intelligence », « immense talent », « figure majeure de la pensée française du XXe siècle», tels sont les qualificatifs flatteurs qu’on a pu lire sous les plumes des nombreux « spécialistes » et disciples patentés du célèbre philosophe, sociologue et journaliste. Cette emphase, digne des intellectuels des régimes totalitaires (et donc fort peu aronienne), prête à sourire lorsqu’on sait que l’auteur de « L’Opium des intellectuels » se voyait affublé, il n’y a pas si longtemps, des épithètes les plus insultantes. On se souvient de ces légions d’intellectuels dogmatiques (parfois les mêmes), qui imposaient avec fruition l’adage : « Il vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ». Mais oublions la désagréable compagnie de ces courtisans et opportunistes et félicitons-nous de ces éloges somme toute sans barguigner. Raymond Aron mérite d’être honoré à double titre : d’une part, parce qu’il nous a offert une interprétation magistrale de son époque et cela en pleine période de terrorisme intellectuel et d’intoxication freudo-marxiste et, d’autre part, parce qu’il nous a légué une méthode de recherche et d’analyse de la réalité historique particulièrement utile pour comprendre notre époque.
On déplorera cependant qu’une grande partie de la bibliographie aronienne soit aujourd’hui tombée dans une vision consensuelle, adaptative, neutraliste et finalement déformatrice de sa pensée. L’objectif de la manœuvre est évidemment clair : présenter un Raymond Aron parfaitement lisse, « politiquement correct », une image acceptable par tous, ou presque, du héraut de la communauté spirituelle internationale de la pensée libérale et sociale-démocrate. (AI)
Première partie
Réalisme machiavélien versus machiavélisme
Anticommuniste « sans remords », atlantiste « résolu », Aron est à l’évidence un continuateur de la tradition libérale, minoritaire en France, qui va de Montesquieu à Elie Halévy en passant par Tocqueville. Il se disait même social-démocrate, ou plus exactement keynésien en matière économique. Il acceptait l’économie mixte et une certaine dose d’interventionnisme de l’Etat. Mais son libéralisme politique ne doit pas pour autant se confondre, comme le prétendent certains, avec le réductionnisme économique de l’Ecole autrichienne (von Mises, Hayek), ni avec l’anarcho-capitalisme des libertariens (Rothbard, Hoppe), ni avec le social-libéralisme de Bouglé, ni avec le néo-social démocratisme d’Habermas. Aron se sépare de tous ces auteurs et de leurs écoles de pensée en raison de leur incapacité à comprendre l’autonomie et la légitimité du politique dans l’histoire.
Le réalisme politique de Raymond Aron, aspect le moins célébré et le moins étudié de ses écrits (trente-cinq livres, plus de deux cents articles scientifiques et d’innombrables articles de journaux), est capital pour ceux qui veulent vraiment comprendre et apprécier l’originalité et la portée de son œuvre. La dimension tragique et pessimiste, clairement assumée, n’est pas chez lui accidentelle ou contingente ; elle est fondamentale voire essentielle. Aron s’est intéressé à Machiavel et au machiavélisme, très tôt, dès le printemps 1937 (1). Avec Montesquieu, Clausewitz, Tocqueville, Pareto, Marx et Weber, Machiavel fut l’un de ses principaux interlocuteurs. Les affinités pour la pensée du Florentin furent chez lui d’abord répulsives en raison de sa formation socialiste, mais bien vite elles se transformèrent en affinités électives. La conversion au machiavélisme politique, face à l’idéalisme ingénu de ses adversaires, date très exactement de la « drôle de guerre ». C’est alors qu’Aron comprend que pour survivre les régimes démocratiques doivent être capables des mêmes vertus politiques que les régimes totalitaires (notamment en matière de politiques sociales et démographiques et de lutte contre le chômage). La nécessité d’un minimum de foi et de volonté commune relève pour lui de l’évidence. Il préconise dès lors de remédier aux défaillances de la démocratie libérale en lui insufflant une dose de décisionnisme. Les valeurs d’une saine religion civile doivent animer impérativement les démocraties libérales. Elles seules sont capables, selon lui, de galvaniser l’esprit public dans une situation de survie nationale.
L’Espagnol Jerónimo Molina Cano (2), un des plus grands connaisseurs du réalisme politique, souligne que le libéral Aron figure en bonne place dans toutes les généalogies des penseurs machiavéliens. Il écrit justement à ce propos : « On peut extraire des pages des livres que sont Polémiques, L’Homme contre les tyrans, Les guerres en chaîne, Démocratie et totalitarisme ou encore Machiavel et les tyrannies modernes, des affirmations convaincantes sur la primauté du politique, l’impossibilité du choix inconditionnel des moyens de l’action politique, la condition oligarchique de tout régime, l’accidentalité des formes de gouvernement, la corruption inéluctable de tout pouvoir politique, etc. »
Mais qu’entend-on exactement par réalisme politique ou tradition de pensée machiavélienne (non-machiavélique) de la politique ? Il ne s’agit pas d’une école homogène, ni d’une famille intellectuelle unitaire. C’est seulement un habitus mental, une disposition intellectuelle et un point de vue d’étude ou de recherche qui vise à éclairer les règles que suit la politique. Il suffit de jeter un rapide coup œil sur l’imposante liste des auteurs étudiés par les divers participants au Congrès international, Il realismo politico: temi, figura e prospettive di ricerca (octobre 2013), organisé par Alessandro Campi et la revue de La Società Italiana di Scienza Politica, pour se convaincre de la diversité et de l’importance de cette tradition de pensée (3).
Le réalisme politique ne se réduit pas à la défense du statu quo ou à la défense de l’ordre établi comme le prétendent ses adversaires. Il n’est pas la doctrine qui justifie la situation des hommes au pouvoir. Il est une méthode d’analyse et de critique de tout pouvoir constitué. Le machiavélisme vulgaire et caricatural n’est au fond que le cynisme des amoureux de la justice abstraite. Le véritable réalisme politique part de l’évidence des faits, mais ne se rend pas devant eux. Il ne se désintéresse pas des fins dernières et se distingue en cela du pseudo-réalisme de type cynique. Le réaliste politique peut être un idéaliste ou tout au moins un homme avec des principes, une morale, une profonde conscience des devoirs et des responsabilités de l’action politique. L’œuvre de Baltazar Gracian, pour ne citer qu’elle, montre que la prudence, la sagesse, l’équilibre, le sens de la responsabilité et la fermeté de caractère sont les clefs du réalisme.
Raymond Aron s’est toujours démarqué de l’image du machiavéliste cynique, qui réduit la politique à la seule volonté de puissance, au règne et au culte de la force à l’état pur. Il refuse ce machiavélisme vulgaire et caricatural : la conception darwinienne de l’homme, la simple technique de conquête du pouvoir, l’instrument de manipulation du peuple, la manière totalement amorale ou immorale de comprendre la lutte politique.
Julien Freund, autre penseur machiavélien majeur de langue française de l’après deuxième guerre mondiale, auteur du magistral L’Essence du politique (1965), souligne lui aussi, tout à la fois, l’importance de la finalité propre à la politique, le bien commun (la politique au service de l’homme, la politique dont la mission n’est pas de changer l’homme ou de le rendre meilleur, mais d’organiser les conditions de la coexistence humaine, de mettre en forme la collectivité, d’assurer la concorde intérieure et la sécurité extérieure) et la nécessité vitale des finalités non politiques (le bonheur, la justice).
A dire vrai, le juif-agnostique et libéral classique, Raymond Aron, rédacteur de La France libre à Londres et le catholique, conservateur-libéral, ancien résistant, Julien Freund, se retrouvent sur un bon nombre de points. Il en est ainsi de l’attachement aux libertés individuelles et au partage du pouvoir, de l’affirmation de la nécessité de l’autorité de l’Etat, de la confiance dans la politique pour maintenir l’ordre social, du refus du dépérissement utopique du politique et du rejet du « Tout est politique » ou du « Tout est idéologie », chemin inévitable du totalitarisme. Pour les deux politologues, l’ordre politique, avec ses nécessités et ses valeurs, ne constitue pas la totalité de l’existence humaine. Scientifiquement, il est impossible de prononcer un jugement catégorique sur la convenance de l’un ou l’autre des régimes en place. Il n’y a pas de régime optimal ou parfait. A leurs yeux la société libérale est une société de conflits, et ces conflits doivent être canalisés, réglementés, institutionnalisés. Ils doivent être résolus autant que possible sans violence. Le conservateur-libéral, Freund, ne se sépare vraiment du libéral politique, Aron, que dans sa critique plus musclée de l’altération du libéralisme : son évolution vers la défiance à l’égard de la politique comme de l’Etat, sa transformation du principe de tolérance en principe de permissivité, son scepticisme à l’égard de l’idée du progrès (alors qu’Aron, sensible aux désillusions du progrès, veut néanmoins encore y croire), sa méfiance des excès de l’individualisme, son incapacité à penser suffisamment l’existence des relations extérieures communautaires et la diversité et l’identité des collectivités humaines. Le manque de vertu civique, d’indépendance et de responsabilité personnelle et la trahison ou la dépolitisation des élites constituent, selon Freund, le problème majeur des démocraties parlementaires modernes.
Il convient de rappeler ici le fameux dialogue entre le philosophe hégélien, socialiste et pacifiste Jean Hyppolite et Julien Freund. C’était le jour de la soutenance de thèse de Freund (le 26 juin 1965) (4), et le futur professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg articulait sa réflexion autour de trois principes qu’il jugeait constitutifs de la politique : souveraineté/obéissance, public/privé et ami/ennemi. Raymond Aron, directeur de thèse, présidait le jury composé de cinq membres.
Hyppolite, heurté au plus profond de sa sensibilité et de ses convictions, dit à Freund : « Sur la question de la catégorie de l’ami-ennemi [catégorie que l’on sait tirée des travaux de Carl Schmitt, qui insiste sur le fait que l’essence de la politique n’est pas l’inimitié mais la distinction entre ami et ennemi et qui exclue l’élimination absolue de l’ennemi (nda)] si vous avez vraiment raison, il ne me reste plus qu’à aller cultiver mon jardin. »
Freund réplique : « Ecoutez, Monsieur Hyppolite, vous avez dit […] que vous aviez commis une erreur à propos de Kelsen. Je crois que vous êtes en train de commettre une autre erreur, car vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi, comme tous les pacifistes. Du moment que nous ne voulons pas d’ennemis, nous n’en aurons pas, raisonnez-vous. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitiés. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin. »
Hyppolite, agacé, répond alors de façon pathétique : « Dans ce cas, il ne me reste plus qu’à me suicider. »
Et Raymond Aron de conclure: « Votre position est dramatique et typique de nombreux professeurs. Vous préférez vous anéantir plutôt que de reconnaître que la politique réelle obéit à des règles qui ne correspondent pas à vos normes idéales. »
Ces mots résument assez bien le thème de cet article. Mais pour être mieux compris, encore faut-il tenter de dresser le catalogue des points qui relient Aron à la tradition machiavélienne.
Arnaud Imatz, 13/01/2014
Notes :
1) Par une curieuse coïncidence, l’année 2013 a été marquée à la fois par la célébration du 500e anniversaire du Prince de Nicolas Machiavel (avec une exposition Il Principe di Machiavello e il suo tempo 1513-2013 (Rome, avril-juin 2013) et par le 30e anniversaire de la mort de l’un de ses lecteurs et commentateurs majeurs, Raymond Aron (célébré le 17 octobre 2013).
2) Jerónimo Molina Cano, Raymond Aron, realista político. Del maquiavelismo a la crítica de las religiones seculares, Madrid, Ediciones Sequitur, 2013. Professeur de sociologie et de politique sociale à l’Université de Murcie, directeur de la revue Empresas Políticas, Molina Cano est un disciple du politologue Dalmacio Negro Pavón, professeur à l’Université Complutense et à l’Université CEU San Pablo de Madrid.
3) Les précurseurs de cette école de pensée sont Han Fei Zi, Thucydide, Aristote, Kautilya (Chânakya), Ibn Khaldoun, Nicolas Machiavel, Gabriel Naudé, Hobbes, Tocqueville. Parmi ses figures contemporaines ou modernes les plus représentatives on peut citer : Raymond Aron, Gaston Bouthoul, Jacob Burckhardt, James Burnham, Filippo Burzio, Federico Chabod, Benedetto Croce, Gonzalo Fernández de la Mora, Julien Freund, Paul Gottfried, Bertrand de Jouvenel, Günter Maschke, H. J. Mackinder, John Mearsheimer, Robert Michels, Gianfranco Miglio, Jules Monnerot, Gaetano Mosca, Dalmacio Negro Pavón, Reinhold Niebuhr, Michael Oakeshott, Vilfredo Pareto, Paul Piccone, Giuseppe Rensi, Giovanni Sartori, Carl Schmitt, Nicholas J. Spykman, Leo Strauss, Piet Tommissen, Gioacchino Volpe, Eric Voegelin, Max Weber et Simone Weil.
4) Ce dialogue est cité dans les livres de Jerónimo Molina, Julien Freund, lo político y la política, Madrid, Sequitur, 2000, Sébastien de la Touanne, Julien Freund, penseur « machiavélien » de la politique, Paris, L’Harmattan, 2005 et P.-A. Taguieff, Julien Freund. Au cœur du politique, Paris, La Table Ronde, 2008.
http://www.polemia.com/raymond-aron-penseur-machiavelien-12/
culture et histoire - Page 1650
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Raymond Aron, penseur machiavélien (1/2)
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6 février : conférence sur le gender à Agen
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Le révisionnisme
« Le “révisionniste” de nos jours, dans l’imaginaire collectif, est associé mécaniquement à l’antisémitisme et à l’apologie du nazisme ».
♦ Disparue depuis Napoléon III, la censure préalable a été rétablie contre un spectacle de Dieudonné, au nom de la lutte contre le « révisionnisme » rebaptisé en novlangue « négationnisme ». Le site de réinformation de l’écrivain et essayiste Denis Robert a décidé de consacrer la chronique encyclopédique de son internet « l’Audible » au mot révisionnisme. Il nous a paru intéressant de le porter à la connaissance de nos lecteurs.
Polémia.Polémia qui fait sienne la formule d’Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde »
Origine du mot
Le mot « révisionnisme » est un dérivé du verbe « réviser », issu du latin « revisere », signifiant « revenir voir, examiner à nouveau ». Attesté à partir du XIIIe siècle, ce verbe est d’abord employé dans le sens de « considérer, examiner» ; au XVIe siècle il prend le sens de « soumettre une chose à un nouvel examen », puis, au XVIIIe celui de « revoir un ouvrage ». Ces deux derniers sens perdurent encore et cohabitent aujourd’hui. Le mot « révisionnisme » apparaît en France à la fin du XIXe siècle, à l’occasion de l’affaire Boulanger, et s’impose à l’occasion de l’affaire Dreyfus.
L’Affaire Dreyfus
En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, Alsacien d’origine juive, est accusé d’avoir livré des documents sensibles à l’Allemagne. Au terme de son jugement il est condamné à la prison à perpétuité et déporté au bagne guyanais.
Rapidement toutefois, certains se rendent compte que l’enquête et le procès ont été entachés d’irrégularités, et mènent une campagne pour la « révision » du procès. L’affaire Dreyfus passionne et divise profondément les Français pendant plus de dix ans, les « antidreyfusards » ou « antirévisionnistes » croyant fermement à la culpabilité du capitaine, les « dreyfusards » ou « révisionnistes » remettant en cause la régularité du procès et demandant la réhabilitation de l’homme. C’est donc dans un contexte juridique que le terme entre de plain-pied dans la langue française. Peut être qualifiée de « révisionniste » toute personne qui remet en cause une décision de justice.
Les communistes révisionnistes des années cinquante
L’usage du mot se perd par la suite, pour resurgir dans les années cinquante. En 1948 le maréchal Tito critique le centralisme soviétique et revendique pour son pays, la Yougoslavie, une « voie spécifique ». Cette vague révisionniste de l’héritage de l’URSS en général et de Staline en particulier va prendre de l’ampleur avec la divulgation du rapport Khrouchtchev en 1956 qui dénonce certains aspects de la période stalinienne, comme le culte de la personnalité et des crimes injustifiés. Mao Zedong et le PC chinois sont vent debout contre ce mouvement et nombreux sont les communistes qui, dans le contexte de la Guerre froide, voient dans ces critiques internes une démarche propre à saper l’unité et la confiance du camp communiste. Les stalino-critiques sont qualifiés par les pro-staliniens de « révisionnistes, avec une nouvelle connotation très négative puisque le terme, dans l’esprit de ceux qui l’utilisent, est un quasi-synonyme de « traître ».
C’est donc dans le contexte d’une controverse historique que le terme apparaît une seconde fois. Peut-être considéré comme « révisionniste » toute personne qui estime qu’un événement historique ou une séquence d’événements historiques, tout ou partie, doit être reconsidérée et réécrite.
Les historiens révisionnistes de la Seconde Guerre mondiale
Les deux sens du mot révisionnisme (judiciaire et historique) vont se retrouver dans la troisième incarnation du mot. Dans les années quatre-vingt, un nombre croissant d’historiens, réexaminant certaines séquences du procès de Nuremberg (nov. 1945/oct. 1946), au cours duquel furent jugés des dignitaires nazis pour crimes de guerre, relèvent ce qu’ils identifient comme des irrégularités et des incohérences, et demandent la révision d’un certain nombre de points, touchant notamment à la réalité et aux modalités du génocide des juifs et des tziganes.
Comme ils remettent en question certains éléments cruciaux, comme l’utilisation de chambres à gaz homicides, ces historiens sont également qualifiés de négationnistes par leurs adversaires. Comme dans les années cinquante, le terme est très négativement connoté, mais avec des colorations différentes. Le révisionniste désormais n’est plus un traître (comme au temps de l’affaire. Dreyfus), mais un « nazi », un « antisémite », un « fasciste », et plus récemment, un « conspirationniste ».
L’accusation de « révisionnisme » est d’autant plus redoutable que les députés français ont voté, le 13 juillet 1990, la loi Gayssot, qui interdit toute révision des conclusions du rapport final du procès de Nuremberg, sous peine de lourdes sanctions pénales.
Et de nos jours…
Les termes « révisionniste », et « négationniste » ont été fréquemment employés ces dernières années dans les médias pour qualifier ceux qui remettent en cause le récit d’événements historiques polémiques plus récents, comme les attentats du 11 septembre 2001, le génocide rwandais, ou encore les récents événements de Syrie. Bien que la remise en cause de la version officielle de ces événements ne soit pas pénalement répréhensible, l’utilisation de ces qualificatifs, combinée à l’existence de la loi Gayssot, peut prêter à confusion auprès du grand public, d’autant que de nombreux journalistes n’hésitent pas à opérer cet amalgame quand il est question de ces événements.
Le révisionnisme, consubstantiel à la méthode historique
Cette dérive est d’autant plus étrange que c’est une règle universelle, en science historique, qu’il n’existe pas d’événement ou de séquence d’événements qui ne soit susceptible d’être révisés avec le temps. En effet, les documents pertinents permettant d’éclaircir un événement n’apparaissent jamais tous ensemble, et loin s’en faut qu’on puisse en réunir suffisamment pour aboutir à une version « inrévisable ». C’est d’autant plus vrai quand il s’agit d’événements historiques brûlants qui sont dépendants d’enjeux politiques susceptibles de biaiser l’approche des juges et des historiens. Un bon exemple est celui de la Révolution française, dont l’historiographie a beaucoup fluctué depuis deux siècles, de Tocqueville à Mathiez en passant par Chateaubriand, Michelet, et Furet.
C’est pourquoi la loi Gayssot peut être considérée comme une singularité judiciaire doublée d’une singularité historique. Avec la loi interdisant la remise en cause du génocide arménien votée en 2001 sur son modèle, c’est la seule loi en France qui interdise aux historiens d’opérer un travail de révision sur une séquence historique donnée. La singularité de cette loi est redoublée par le fait qu’elle est adossée aux conclusions d’un procès militaire organisé par le camp des vainqueurs, quelques mois seulement après la guerre
On peut pour finir souligner cette ironie de l’histoire dans l’évolution de la connotation du mot « révisionniste » en France. Alors que le terme désignait, il y a un siècle, les défenseurs d’un capitaine juif accusé de trahison, le « révisionniste » de nos jours, dans l’imaginaire collectif, est associé mécaniquement à l’antisémitisme et à l’apologie du nazisme.
Etonnant renversement !
François Belliot, Chronique Encyclopédique, Décembre 2013
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21 janvier : conférence de Jean-Marie Le Méné à Paris
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FTP - Crève en Silence
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Carrefour Royal
L’Action française est, comme beaucoup de Français qui aiment leur patrie, atterrée par l’accélération, ces dernières années, de la dégradation de l’Etat. Elle conduit notre pays par cette errance chaotique, cette incohérence politique, vers un naufrage économique aux conséquences sociales dévastatrices.
Tel un bateau ivre sans capitaine, notre pays plongé dans une tempête idéologique fantasmatique, balloté par les scandales, les abus de pouvoir, les agissements irresponsables des lobbies de toutes sortes, s’éloigne dangereusement des horizons du réel pour satisfaire les intérêts d’un empire lointain.
Mais l’Action française n’a pas pour habitude de se lamenter. Nous savons que le redressement est possible, notre France millénaire en a vu d’autres dans son histoire.
Ce carrefour royal a pour objet de rappeler les atouts de la nation face à l’oligarchie mondialiste et, en particulier, le rôle bénéfique d’un Etat qui assumerait ses réelles prérogatives régaliennes, ce qui suppose la capacité de durer et l’indépendance absolue face aux groupes de pression quels qu’ils soient. Pour relever le pays il faut donc redonner une réalité à l’Etat. Mais, cet Etat devra également garantir le développement social, économique et culturel des peuples placés sous sa protection. Ce point important constitue un thème de réflexion de notre mouvement : Comment permettre l’épanouissement de la diversité des identités qui, tout au long des siècles, ont participé à la construction de notre pays en retrouvant les comportements naturels, les gestes simples, la bienveillance spontanée, tout ce qui contribue au renforcement des solidarités nationales ?
Les défis du XXIe siècle nécessitent, pour qu’ils soient relevés, une prise de conscience, nationale, des atouts de notre pays, lesquels sont en permanence combattus, érodés, stigmatisés par les cliques qui se succèdent au pouvoir depuis l’assassinat de celui qui fut l’incarnation permanente et historique de l’Etat : le roi de France.
Des aventuriers cousus d’or au XVIIIe siècle, des affairistes « vertueux » se présentant comme « idéalistes », des salonards prétentieux parce qu’ils avaient lu les philosophes des Lumières ont cru pouvoir mettre en lieu et place du roi, de la famille royale, une simple représentation idéologique dont une prostituée désormais constitue à juste titre le modèle pictural. Ce fut d’une violence effroyable, mais on ne fait, pas dit on, d’omelette sans casser des œufs. Ce faisant, ces émules de Pandore ouvraient les portes à la grande finance qui organisa la révolution suivante, fille naturelle de la première, la révolution industrielle qui livrait le peuple sans défense aux prédateurs dont la seule morale était dictée par les cours des marchés.
Ainsi naissait l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
L’Union Européenne aujourd’hui, l’antichambre du mondialisme, n’est que la poursuite logique de cette funeste révolution, acte violent s’il en est, destiné à mettre au pas du libéralisme anglo-saxon une nation indépendante et libre.
On l’aura compris, la condition incontournable pour le salut de la France est la chute de la république, laquelle, occupée par les prébendes et les plans de carrière, se contente d’exécuter les ordres des oligarchies mondialistes. La radicalisation idéologique du Gouvernement, la répression policière et judiciaire, l’incohérence de nos politiques économiques, sociales, éducatives, de défense et de politique étrangère, ponctuée par des affaires aux parfums de scandale médiatique mettant durement à l’épreuve les nerfs du pays réel, sont autant de signes annonciateurs que les temps sont venus.
Olivier Perceval, secrétaire général de l’Action française
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24 janvier : conférence de Jean Sévillia à Béziers
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[Entretien] Oskar Freysinger à L’Action Française : " Sans frontières pas de diversité "
Avec De la Frontière, ce n’est pas seulement un livre utile qu’Oskar Freysinger a publié, c’est aussi un beau livre. Homme politique et poète — ils sont rares aujourd’hui à être l’un et l’autre à la fois —, Oskar Freysinger poursuit un parcours original dont les bien-pensants ne retiennent que ce qui choque leur prêt-à-penser sans approfondir la démarche d’un homme qui est à la fois attaché de toutes ses fibres à ses racines helvétiques et reste ouvert sur l’universel.
Nul paradoxe à cela, pour celui qui a compris que l’universel ne peut être visé, sinon atteint, que d’un lieu qui est le sien, sous peine de n’être qu’une abstraction vide de contenu réel et que remplit très vite l’idéologie, l’argent ou l’empire — la nature ayant horreur du vide. Comme Barrès, homme de la terre natale, comme lui également — on oublie trop souvent la part germanique de l’auteur des Déracinés — nourri à deux cultures qui sont également les siennes, Oskar Freysinger, conseiller national au Parlement suisse et conseiller d’Etat dans le canton du Valais — qu’il chante comme Barrès chantait la Moselle —, a su changer le regard de sa jeunesse ou plutôt comprendre que celui-ci exclut trop souvent des dimensions qui se complètent. Barrès est passé du culte du moi à l’amour d’une terre qui donne à ce moi toute sa dimension à travers les générations et permet la transition vers l’universel. Freysinger, lui, avoue : « Adolescent, je rêvais d’un monde sans frontières, d’espaces illimités, de liberté absolue », avant de comprendre, passé la trentaine, qu’il convient avant tout de se libérer de ses prisons intérieures, comme ne sait précisément pas le faire la panthère encagée de Rilke, « qui choisit de porter sa tombe au fond de son âme longtemps avant sa mort », alors que les frontières réelles sont avant tout protection et lieu de passage, condition d’accès à l’universel. Maurras ne disait pas autre chose : « Je suis de Martigues, je suis de Provence, je suis de France, je suis Romain, je suis humain ». « Faites tomber les frontières, écrit Oskar Freysinger, et vous détruirez l’inconnu à découvrir au-delà de celles-ci, vous rendrez impossible la recherche de l’autre dans sa spécificité, sa différence, vous sacrifierez la diversité. [...] Un monde dont on a effacé l’horizon ne permet plus de s’élever. » Et de juger lucidement un occident qui a nié ses racines : « On pourrait même dire que le slogan omniprésent “à bas les frontières !” qui est le leitmotiv de notre époque prend sa racine dans cette première et capitale abolition : celle de la transcendance. » L’amour lui-même, demande encore Oskar Freysinger, n’a-t-il pas besoin de frontières pour s’exprimer — celle des corps ?
Nul mieux que lui ne pouvait dans ces conditions évoquer la Suisse et sa particularité, mais, par-delà sa spécificité, sa leçon vaut pour toute nation historique qui veut persévérer dans l’être, dans un même refus des empires, dans l’affirmation tranquille de soi, laquelle permet seule le dialogue avec autrui, et son accueil, qui n’est pas un droit.
F. M.
Oskar Freysinger, De la Frontière, Editions Xenia (Sion, Suisse), 80 pages, 2013.
Oskar Freysinger à l’Action Française : « Sans frontières, pas de diversité »
L’ACTION FRANÇAISE - Un éloge des frontières à l’heure de la mondialisation, n’est-ce pas une provocation ?
OSKAR FREYSINGER - Je ne pense pas. L’économie globalisée est en train de s’essouffler. On constate qu’un système sans garde-fous politiques, axé uniquement sur l’aspect économique, jette les plus faibles en pâture aux plus riches. Il ne faut pas abattre les frontières, mais les réinventer intelligemment.
La frontière, dites-vous, n’est pas seulement barrière, elle est aussi protection : le « village mondial » ne serait-il qu’une imposture ? La frontière serait-elle la condition paradoxale de la diversité ? « La promiscuité que génère une proximité contrainte dégage une odeur de mort », écrivez-vous...
Sans frontières, pas de diversité, en effet. Le village global est un miroir aux alouettes favorisant la fuite de l’homme devant lui-même en lui donnant une illusion d’omniprésence. [...]
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Entretien-Oskar-Freysinger-a-L
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C’était un 17 janvier : l’apparition de ND de Pontmain
Dans la nuit du 17 janvier 1871, la neige couvre ce village de Mayenne. Deux jeunes garçons, Eugène (12 ans) et Joseph Barbedette (10 ans), aident leur père à piler les ajoncs dans leur grange. Eugène sort de la grange pour « voir le temps ». C’est alors qu’il déclare avoir aperçu au-dessus de la maison d’en face une « belle dame » à la robe constellée d’étoiles, qui le regarde en souriant, les mains tendues.
À ses cris, les villageois accourent et d’autres enfants déclarent voir la « belle dame ». Ils assurent qu’un ovale bleu avec quatre bougies éteintes est venu entourer la dame. L’abbé Guérin, curé du village, organise une veillée de prière autour des enfants.
Pendant que l’assistance récite le chapelet et le Magnificat, les enfants disent qu’une banderole se déroule entre l’ovale et le toit de la maison, où s’inscrivent lettre après lettre le message de la « Dame » :
« Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ».Alors que l’assistance prie, les enfants deviennent soudain tristes. Ils expliquent que le visage de la vierge est devenu triste aussi, et qu’une grande croix rouge portant Jésus sanglant est apparue devant elle. Au sommet de la croix, une pancarte blanche porte les mots « Jésus-Christ ». Les enfants expliquent que la dame prend dans ses mains le crucifix et le leur présente, tandis qu’une étoile allume une à une les quatre bougies jusqu’alors éteintes de l’ovale.
À la suite de cela, et alors que le curé fait chanter le cantique Ave Maris Stella, les enfants décrivent le crucifix qui disparaît, la vierge qui reprend son attitude initiale, les bras tendus vers eux, une petite croix blanche surmontant chaque épaule, et la scène qui se recouvre peu d’un voile blanc avant de disparaître. « Tout est fini », disent-ils enfin.
Les villageois rentrent alors chez eux. Quelques jours après, l’armistice est signé avec la Prusse et les habitants de Pontmain et des alentours y voient une grâce de l’apparition, d’autant plus que les Prussiens ne sont pas entrés à Laval. Les pèlerins affluent alors à Pontmain.
http://www.contre-info.com/cetait-un-17-janvier-lapparition-de-pontmain#more-31039
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Insurrection - Radikalcore