culture et histoire - Page 1737
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KEYNES (1° partie)
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Fraction - Fière Celtie
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Vincent Peillon interpellé
... par une mère de famille à Caen :
"J’arrive au carrefour avec la rue de la Délivrande, bloquée par un cordon de CRS, mes drapeaux coincés dans mon jean et une bannière rose pliée à la main. Je reconnais un des RG et le salue. Une femme de la police, accompagnée d’un collègue, m’ordonne alors de manière très agressive de partir tout en me prenant par les épaules. Je m’indigne et tente de discuter avec eux. Rappliquent alors 5 CRS casqués qui me repoussent avec leurs boucliers. Je freine des pieds, perds mes chaussures… et prends les passants à témoin de la brutalité des forces de l’ordre. A 7 contre une, forcément…
Je suis finalement “raccompagnée” jusqu’à ma voiture, sous le choc mais très énervée, maintenant plus déterminée que jamais à entrer dans l’amphithéâtre où V. Peillon tient sa conférence.
Je me faufile discrètement par une entrée (oubliée ?), me repère, aperçoit le ministre en pleine interview télé. Que dois-je faire ? Un esclandre, l’aborder simplement, sortir mon drapeau de ma poche ?
Finalement, l’arrivée du Préfet devant moi décide de la suite : je monte sur mon banc et apostrophe le ministre : “Monsieur Peillon !” Panique chez les RG… Il n’a d’autre choix que de se diriger vers moi, il me prend la main pour me faire descendre et je commence à expliquer combien la “théorie” du genre est néfaste pour les élèves, surtout en CP à l’âge de la construction de l’identité sexuelle !
“Comment oser dire à un petit garçon : “Non, tu n’es pas un garçon” ? Ou à une petite fille : “Ton corps n’est qu’un instrument de plaisir, en relation avec d’autres corps, dont le sexe biologique ne compte pas !” ? J’explique la nécessaire complémentarité homme-femme en m’appuyant sur mon expérience de mère. Il a beau me répliquer que c’est “inexact”, je prends les étudiants à partie, tous très attentifs : “Quand vous serez père ou mère de famille, soyez très vigilants !”
“Et vous, monsieur le ministre, écoutez les gens de La Manif Pour Tous, ils ont des choses à dire ! Pourtant il est impossible de dialoguer avec le gouvernement ou ses représentants !”
A la fin de notre échange, resté calme et serein, je lance au ministre : “Au fait, vous me promettez que je peux rentrer chez moi sans passer par la garde à vue ?” Sourire en coin et hochement de tête du ministre…
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Génocide : sous les lambris de la République, une chape de plomb est en train de sauter
De Jeanne Smits dans Présent :
"Etonnante par le lieu, et non par le contenu : Reynald Secher était mardi soir l’invité de la mairie du 7e, à Paris, où devant une salle archicomble (il a fallu ouvrir une salle supplémentaire et un couloir pour accueillir tout le monde), il a présenté la réalité de l’histoire : le génocide des Vendéens sur ordre du Comité de Salut Public en 1793.
Rachida Dati, maire du 7e, l’avait invité. Premier sujet d’étonnement. Le deuxième : l’adjoint à la culture qui a accueilli Reynald Secher a indiqué que la date avait été spécifiquement choisie pour marquer les 220 ans de l’ordonnance d’extermination de la Convention datée du 1er octobre 1793.
Puis – troisième surprise – Rachida Dati est venue faire un discours dénonçant les « systèmes liberticides », affirmant le droit de la France de revendiquer son héritage judéo-chrétien ; un beau discours sur le devoir de vérité en histoire. Pourquoi ? Est-elle en campagne ? Eh bien, si ce thème-là mobilise, c’est encourageant. Est-ce la Beurette qui parle, et qui veut indirectement dénoncer le rôle de la France en Algérie ? On peut l’imaginer aussi, mais reste le fait : sous les lambris de la République, il y a une chape de plomb qui est en train de sauter.
Mardi soir, une manifestation symbolique réunissait devant le Palais du Luxembourg des personnes réclamant l’abrogation des lois d’extermination d’août et octobre 1793 ; cela n’a jamais été fait, et une proposition a été déposée en ce sens aussi bien devant l’Assemblée que devant le Sénat."
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Des enseignants dénoncent le lobbyisme LGBT à l'intérieur de l'Education nationale
Dans notre pays en pleine déliquescence, où le pouvoir politique socialiste croit pouvoir régner en maître en détruisant nos traditions séculaires contre la volonté du peuple, il arrive parfois quelques signes : les enseignants, soutien traditionnel des socialistes et de leurs alliés, semblent se réveiller. 3 exemples nous montrent qu'il subsiste, parmi les professeurs, des consciences et des résistances à faire connaître :
- La bronca qu'a déclenchée la réforme des rythmes scolaires montre que les enseignants ne sont plus prêts à subir n'importe quoi de la part du PS, même si ce dernier leur offre des dizaines de milliers de postes pour tenter d'acheter leur coopération dans des réformes délirantes,
- Le "Collectif Racine", qui rassemble "les enseignants avec Marine Le Pen", connaît un succès de plus en plus important. Henri Dubost, dans son émission "Le libre journal de l’Identité" sur Radio Courtoisie, a même rappelé que les enseignants constituent "un vivier" de voix important pour Marine Le Pen.
- Un syndicat, le Snalc, appelle à lutter contre la théorie du genre, et va jusqu'à mettre en cause nommément Thomas Hollande, le fils du président. Emmanuel Protin, qui est l'attaché de presse du syndicat, membre du bureau national, et ancien vice-président du Snalc-Créteil, a en effet fustigé la théorie du gender sur Radio Courtoisie. Il a dénoncé "le lobbyisme à l'intérieur de l'éducation nationale" de la part des LGBT et de leurs soutiens, qui cherchent à imposer à nos enfants des théories comme celle du gender.
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Fraction - Korentin
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Julius Evola : "Les droits supérieurs"
Le militarisme est, comme on le sait, une des bêtes noires des démocraties modernes, et la lutte contre le militarisme un de leurs mots d’ordre préférés, qui va de paire avec un pacifisme hypocrite et la prétention de légitimer la « guerre juste » sous la seule forme d’une nécessaire opération internationale de police contre un « agresseur ». Durant la période qui englobe la Première et la Seconde Guerre mondiale, le « militarisme prussien » est apparu aux démocraties comme le prototype du phénomène à conjurer. Nous constatons ici une antithèse caractéristique, qui concerne moins les relations entre groupes de nations rivales, que deux conceptions générales de la vie et de l’État, et même deux formes de civilisation et de société distinctes et irréconciliables. D’un point de vue historique et concret, il s’agit, d’une part, de la conception qui s’affirma surtout en Europe Centrale et notamment dans le cadre de la tradition germano-prussienne, d’autre part de celle qui s’affirma d’abord en Angleterre, pour passer ensuite en Amérique, et, d’une façon générale, chez les nations démocratiques, en étroite relation avec la primauté accordée aux valeurs économiques et mercantiles, et avec leur développement marqué dans le sens du capitalisme. Quant au prussianisme, nous avons déjà rappelé qu’il tire son origine d’une organisation ascétique et guerrière, celle de l’ancien Ordre des Chevaliers Teutoniques.
Essentiellement, l’antithèse réside dans la conception du rapport qui doit exister entre l’élément militaire et l’élément bourgeois, et donc la signification et la fonction qu’on leur reconnaît respectivement dans l’ensemble de la société et de l’État. Pour les démocraties modernes – selon une conception qui, nous l’avons vu, s’est d’abord imposée en Angleterre, mère-patrie du mercantilisme -, l’élément primordial de la société est représenté par le bourgeois et la vie bourgeoise du temps de paix, dominé par des préoccupations de sécurité physique, de bien-être et de prospérité matérielle, le « développement des lettres et des arts » servant de cadre ornemental. Selon cette conception, c’est en principe l’élément « civil » ou, si l’on préfère, « bourgeois » qui doit gouverner l’État. Ses représentants président à la politique et – selon l’expression bien connue de Clausewitz – ce n’est que lorsque la politique, sur le plan international, doit être poursuivie par d’autres moyens, que l’on a recours aux forces armées. Dans ces conditions, l’élément militaire et, en général, guerrier, est réduit au rôle secondaire de simple instrument et ne doit ni s’intégrer ni exercer une influence quelconque dans la vie collective. Même si l’on reconnaît aux « militaires » une éthique propre, on ne juge pas souhaitable de la voir s’appliquer à la vie normale de la nation. Cette conception se relie étroitement, en effet, à la conviction humanitariste et libérale que la civilisation vraie n’a rien à voir avec cette triste nécessité et cette « inutile boucherie » qu’est la guerre ; qu’elle a pour fondement non les vertus guerrières mais les vertus « civiles » et sociales liées aux « immortels principes » ; que la « culture » et la « spiritualité » s’expriment dans le monde de la « pensée », des sciences et des arts, alors que tout ce qui relève de la guerre et du domaine militaire se réduit à la simple force, à quelque chose de matérialiste, dépourvu d’esprit.
Dans cette perspective, plutôt que d’un élément guerrier et militaire, c’est de « soldats » que l’on devrait parler, car le mot « soldat » très proche par le sens de celui de « mercenaire », désignait à l’origine celui qui exerçait le métier des armes pour recevoir une solde. Il s’appliquait aux troupes à gages qu’une cité enrôlait et entretenait pour se défendre ou pour attaquer, puisque les citoyens proprement dits ne faisaient pas la guerre mais vaquaient, en tant que bourgeois, à leurs affaires privées. Aux « soldats » compris dans ce sens s’opposait le guerrier, membre de l’aristocratie féodale qui constituait le noyau central d’une organisation sociale correspondante et n’était pas au service d’une classe bourgeoise ; c’est le bourgeois, au contraire, qui lui était soumis, sa protection impliquant dépendance, et non suprématie par rapport à celui qui avait droit aux armes.
Malgré la conscription obligatoire et la création des armées permanentes, le rôle reconnu au militaire dans les démocraties modernes demeure plus ou moins celui du « soldat ». Pour elles, répétons-le, les vertus militaires sont une chose, les vertus civiles une autre ; on met l’accent sur les secondes, ce sont elles auxquelles on se réfère, essentiellement, pour modeler l’existence. Selon la formulation la plus récente de l’idéologie qui nous occupe, les armées n’auraient d’autre rôle que celui d’une police internationale destinée à défendre la « paix », c’est-à-dire, dans le meilleur des cas, la vie paisible des nations les plus riches. Dans les autres cas, on voit se répéter, derrière la façade, ce qui se passa déjà pour la Compagnie des Indes et des entreprises analogues : les forces armées servent à imposer et à maintenir une hégémonie économique, à s’assurer des marchés et des matières premières et à créer des débouchés aux capitaux en quête de placements et de profits. On ne parle plus de mercenaires, on prononce de belles et nobles paroles, qui font appel aux idées de patrie, de civilisation et de progrès, mais, en fait, la situation n’a guère changé : on retrouve toujours le « soldat » au service du « bourgeois » dans sa fonction spécifique de « marchand », le « marchand », pris dans son acception la plus vaste, étant le type social, la caste qui trône au premier rang de la civilisation capitaliste.
En particulier, la conception démocratique n’admet pas que la classe politique ait un caractère et une structure militaires ; ce serait, à ses yeux, le pire des maux : une manifestation de « militarisme ». Ce sont des bourgeois qui doivent, en tant que politiciens et représentants d’une majorité, gouverner la chose publique, et chacun sait combien souvent cette classe dirigeante, à son tour, se trouve pratiquement au service des intérêts et des groupes économiques, financiers, syndicaux ou industriels.
À tout cela s’oppose la vérité de ceux qui reconnaissent les droits supérieurs d’une conception guerrière de la vie, avec la spiritualité, les valeurs et l’éthique qui lui sont propres. Cette conception s’exprime en particulier, dans tout ce qui concerne la guerre et le métier des armes, mais ne se limite pas à ce cadre ; elle est susceptible de se manifester aussi sous d’autres formes et dans d’autres domaines, au point de donner le ton à un type sui generis d’organisation politico-sociale. Ici les valeurs « militaires » se rapprochent des valeurs proprement guerrières ; on estime souhaitable qu’elle s’unissent aux valeurs éthiques et politiques pour constituer la base solide de l’État. La conception bourgeoise, antipolitique, de l’ « esprit » est ici repoussée, ainsi que l’idéal humanitaire et bourgeois de la « culture » et du « progrès ». On veut au contraire fixer une limite à la bourgeoisie et à l’esprit bourgeois dans les hiérarchies et l’ordre général de l’État. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les militaires proprement dits doivent diriger la chose publique – en dehors de cas exceptionnels, un « régime de généraux » serait, dans les conditions actuelles, fâcheux – mais qu’on reconnaît aux vertus, aux exigences et aux sentiments militaires, une dignité supérieure. Il ne s’agit pas non plus d’un « idéal de caserne », d’une « casernisation » de l’existence (ce qui est une des caractéristiques du totalitarisme), synonyme de raideur et de discipline mécanique et sans âme. Le goût de la hiérarchie, des rapports de commandement et d’obéissance, le courage, les sentiments d’honneur et de fidélité, certaines formes d’impersonnalité active pouvant aller jusqu’au sacrifice anonyme, des relations claires et ouvertes d’homme à homme, de camarade à camarade, de chef à subordonné, telles sont les valeurs caractéristiques vivantes de ce que nous avons appelé la « société d’hommes ». Ce qui appartient au seul domaine de l’armée et de la guerre, ne représente, répétons-le, qu’un aspect particulier de ce système de valeurs.
Julius Evola,
Chapitre IX de "Les hommes au milieu des ruines"
http://la-dissidence.org/2013/09/23/julius-evola-les-droits-superieurs/
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La bibliothèque d’Anne Brassié (arch 1987)
Professeur de lettres, puis attachée de presse dans l’édition. Aujourd’hui lectrice chez un éditeur de livres de poche et journaliste littéraire à la radio. Auteur de la biographie Robert Brasillach, ou encore un instant de bonheur (Éd Laffont)
Ouvrir sa bibliothèque à un ami, c'est lui raconter toute sa vie. Qui vous invite à lire ? Vos parents, vos maîtres en classe et, plus tard dans la vie professionnelle, vos amis. Très petite fille, je me nourrissais de contes et légendes du monde entier. Je m'évadais ainsi et voyageais jusqu'en Chine, sans déranger personne. Mes premières découvertes s'imposèrent : habillés différemment, les mêmes mythes se retrouvaient aux deux extrémités de la terre, les mêmes souffrances humaines, les mêmes rêves de pouvoir et de richesse et les mêmes chemins vers la sagesse. Ne riez donc plus des petites filles en nattes plongées dans leurs contes ! Elles y apprennent la vie.
Dans le bureau de mon père, un magnifique buste de Dante regardait une immense bibliothèque. Sur ses rayons, tous les Balzac recouverts de cuir rouge et de lettres d'or et tous les livres qu'il avait aimés pendant ses études, Gide et Giraudoux, Anouilh et Selma Lagerlöf, Berling. Je me souviens aussi d'un grand livre de photos sur les temples grecs en Sicile qui faisait revivre pour moi toute la Grèce antique.
Un trésor : Victor Hugo
Puis j'eus la chance de rencontrer de merveilleux professeurs de français qui jouaient plus qu'ils ne lisaient chaque scène de Corneille ou de Racine. Je pleurais avec Chimène et Esther, je hurlais avec Camille. Et je restais impressionnée à jamais par ces aspirations vers le devoir patriotique ou la sainteté. J'admirais ces princes idéals comme Auguste dans Cinna qui a tout appris des complots fomentés contre lui, mais veut tout pardonner. Et j'apprenais ce qu’était l'homme avec Montesquieu, ses Persans, et sa théorie de la relativité : « Vérité dans un temps, erreur dans un autre ». L'Iliade et l'Odyssée firent de la Méditerranée un lieu mythique qui le restera pour moi. Les textes latins me donnent en exemple la vertu civique romaine et ses accrocs et me montrent évolutions d'une République vers l'Empire. L'Anglais me donne Shakespeare. Et nous récitions avec ferveur Péguy, Nerval et Baudelaire.
Passionnée de littérature, je décidai de continuer à vivre avec les écrivains et d'enseigner. Je vivrai pauvre, mais intensément. La faculté de lettres de Nanterre ne remplit pas son office. Dans cet endroit démesuré, sale et haineux ( c’était en 66, 67 et 68), je ne trouvai qu'un seul trésor, Victor Hugo ; heureusement, il était de taille, avec Les Travailleurs de la mer ! Et un seul professeur animé par la passion des lettres et acceptant de diriger un travail sur le style de Robert Brasillach dans « Comme le temps passe ». Un ami m'avait donné ce livre, j'en avais bu chaque ligne avec bonheur et je voulais faire durer ce bonheur.
En enseignant, je retransmis les richesses que l'on m'avait données en en ajoutant d'autres avec mes élèves en France et en Afrique. Je goûtais là-bas une autre écriture et une autre poésie, profonde et envoûtante.
Quittant l'enseignement pour l'édition, je plongeai dans la littérature contemporaine française et étrangère. Et je découvre d'immenses auteurs, le Japonais Kawabata, l'Albanais Kadaré, le juif Singer, le Suédois Knut Hansum, l'Américain John Irving. Ma bibliothèque se remplit de livres d'auteurs vivants. Je fais de la place sur mes rayons pour la belle et profonde écriture d'Yves Navarre, l'étrange Bernard Da Costa, Julien Green, Pierre Jean Rémy. Des romancières aussi ressuscitant le passé en de magnifiques fresques historiques, Janine Montupet et Sylvie Dervin.
De bienheureuses circonstances m'introduisirent dans le Saint des saints de la littérature : Le Livre de Poche, le premier de tous, celui de notre enfance. Et là, je travaillais - mais était-ce un travail ? sur les œuvres complètes de Balzac, de Zola, de Stendhal, de tous ces grands monstres par la grandeur et le pouvoir de leur œuvre. Je dévore les merveilleuses lettres de Diderot à Sophie Volland, un Tolstoï peu connu, Résurrection, un Jules Vallès, révolté, avec quelques raisons de l'être, un Restif de la Bretonne, une George Sand non plus seulement l'auteur de romans champêtres mais aussi l'éducatrice féministe dans ce merveilleux livre, Mauprat, l'idéaliste politique et la femme de théâtre. Une Virginia Woolf gaie et fantaisiste dans Orlando, une Colette acide et amoureuse, un Montherlant, colosse aux pieds d'argile, une Yourcenar savante et raffinée. Un Chateaubriand immense dans les Mémoires d'Outre-Tombe, qui a connu tous les régimes politiques et toutes les fortunes, de l'exil aux postes les plus élevés.
Brasillach enfin a considérablement enrichi ma bibliothèque. Quand Pierre Sipriot, avec son sens infaillible des trésors littéraires, choisit le poète écrivain dans sa collection de biographies, entre Montherlant, Claudel et Alain, quand il me choisit pour l'écrire, j'entrai plus avant dans l'ancien monde, celui des siècles passés et découvris le nouveau, celui du 20e siècle. Une chambre à moi, comme disait Virginia Woolf, devint nécessaire pour accueillir tous ces auteurs. Brasillach m'a rendu proche des amis lointains : Virgile et Corneille, en racontant intimement leurs conflits et leurs détresses. Il me donna un autre visage de Péguy et de Bernanos. Je les connaissais priant et les retrouvais tonnant, eux aussi, contre toutes les injustices et tous les conformismes, à la recherche d'une mystique de la politique au-dessus de toute classe ou de parti. Brasillach m'entraîna dans son admiration pour Bainville, cet esprit si lucide qui prévit si tôt les conséquences du Traité de Versailles et le danger hitlérien. Brassillach me fit comprendre les fureurs et les désespoirs d'un Céline dans le Voyage au bout de la nuit ou ses pamphlets et d'un Rebatet dans les Décombres. L'horreur des tranchées de Verdun marquera au fer rouge toutes les générations de cette première moitié du siècle et sera responsable de bien des comportements vingt ans plus tard. Et les générations d'après-guerre ne comprendront jamais rien si, n'ayant jamais souffert de la guerre ou de sa menace, elles ne font pas l'effort de l'imaginer, en s'abstenant de juger.
Brasillach m'a fait aimer Mauriac
Brasillach me fera aimer certaines œuvres de Mauriac, Un adolescent d'autrefois et son journal et celles de Drieu La Rochelle. Il me rappellera que Maurois écrivit de belles biographies, celle de Shelley et celle de George Sand. Je lirais et relirais la correspondance d'Alain Fournier et de Jacques Rivière tant je m'y retrouverais. Brasillach me fera ouvrir les livres de Maurice Bardèche et y découvrir des portraits fascinants d'intelligence, de style et d'humour de Balzac, Flaubert, Stendhal, Proust et Céline et des réflexions irréfutables aujourd'hui sur la guerre et l'après-guerre dans La lettre à François Mauriac, aussi irréfutables que La lettre aux directeurs de la Résistance de Jean Paulhan.
National Hebdo du 12 au 18 novembre 1987 -
Fraction - Nuits blanches
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Pierre Le Vigan: un ouvrage en perspective
Propos recueillis par Jean Pierinot
Jean Pierinot : Vous préparez un nouveau livre. Sur quoi portera-t-il ?
Pierre le Vigan : Sur la pensée politique en Europe depuis le XVème siècle donc sur la constitution de la philosophie politique moderne. Il y sera beaucoup question de la naissance de la forme nation, de l’Etat, de son rôle, de la question de la médiation. L’homme peut-il être présent au monde directement, immédiatement? Je ne le pense pas. Je pense que l’homme est au monde en tant que membre d’une collectivité politique et populaire. L’Etat est l’aspect premier du politique mais il ne résume pas tout le politique. Tout le peuple n’est pas dans l’Etat. L’Etat peut même se retourner contre le peuple. Or l’homme appartient toujours à un peuple et existe en tant qu’acteur politique. L’Etat devrait donc, idéalement, être l’Etat des citoyens.
Jean Pierinot : Vous écrivez beaucoup et sur beaucoup de sujets. Pourquoi et comment ?
Pierre le Vigan : Beaucoup de sujets m’intéressent. Beaucoup de sujets sont liés. Difficile de réfléchir sur la guerre sans s’intéresser, parmi des milliers d’autres exemples possibles, à la théorie des trois cerveaux – qui doit d’ailleurs être discutée et non acceptée sans nuances. Difficile de s’intéresser à la pensée politique sans s’intéresser à la littérature, et bien sûr à l’histoire. Difficile de s’intéresser à la philosophie sans être attentif aux questions de la religion et des religions. En outre, toutes ces questions sont intéressantes par elles-mêmes.
Il se trouve en outre que je suis par tempérament un intellectuel en chemin. J’ai le goût d’arpenter le territoire des idées. Je n’ai jamais été un homme de chapelle, ni un doctrinaire, pas même un théoricien (et pourtant il en faut car les théories sont des appuis pour la réflexion). Je suis un homme de points de vue. C’est assez normal car quand on chemine, on multiplie les points de vue. C’est bien entendu une limite mais les limites sont faites pour être éventuellement déplacées mais pas niées.
Jean Pierinot : Vos thèmes ont-il un rapport avec votre formation ?
Pierre le Vigan : J’ai une formation d’économie, urbanisme et droit public (que j’ai enseigné un temps). Je l’ai complétée en histoire, géographie, et, plus tard, – ce qui est assez éloigné des domaines précédents – en psychopathologie. Ce dernier domaine a bien entendu un lien avec la philosophie, qui est un de mes centres d’intérêts depuis les années 80, n’ayant par ailleurs pas le moindre diplôme en ce domaine.
Jean Pierinot : Comment trouvez-vous le temps de lire et d’écrire ?
Pierre le Vigan : Il se trouve que je travaille dans le domaine du logement social. Je ne suis donc pas un « intellectuel à temps plein ». Je m’occupe notamment de travaux de bâtiment, toutes choses qui ne sont pas très philosophiques (quoi que… je renvoie à l’excellent livre Eloge du carburateur de Matthew B Crawford, sous-titré Essai sur le sens et la valeur du travail. Ed La découverte). Plus jeune, j’ai été, entre autres activités, chargé de cours dans quelques universités et formateur.
Pour écrire et publier, il n’y a pas d’autres recettes que de travailler énormément. Lire, décrire, écrire, se réécrire. Je consacre une bonne partie de mes congés au travail et prends des vacances courtes voire studieuses. Si on n’aime pas le travail on ne produit pas. Je lis surtout en annotant. J’ai quelques milliers de livres tous lus et annotés depuis les années 1970. Les notes servent de support. Elles obligent à une lecture attentive. Il faut user des livres mais ne pas se laisser user par eux. J’écoute aussi des conférences à la radio ou en téléchargement. L’oralité est en fait d’une exigence souvent supérieure à l’écrit. Lire à haute voix un de ses textes est souvent un test redoutable.
Jean Pierinot : Un conseil à donner en matière d’écriture ?
Pierre le Vigan : J’estime avoir encore beaucoup à apprendre. Vous me demandez un conseil, le voilà. : il faut se lancer. Il faut écrire sur des sujets qui vous portent. Il faut à la fois se forcer à écrire assez vite (c’est comme le vélo, si on va trop lentement, on tombe) et s’obliger à se relire maintes fois, à vérifier ses sources, à se faire relire par autrui, à s’assurer qu’on est clair et fluide. Facile à dire, moins facile à faire !Les livres de Pierre Le Vigan se commandent à « La barque d’or »