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culture et histoire - Page 1736

  • PARIAS

  • Les Indo‑Européens

     

    steppe10.jpgDes Steppes aux océans surprendra ceux qui ne connaissent l’auteur [André Martinet] que par ses travaux de linguistique pure. Mais les spécialistes ne seront pas surpris par son contenu que résume le sous‑titre L’indo‑européen et les “Indo‑Européens”. Déjà, son Économie des changements phonétiques (Berne, Francke, 1955) apportait à la reconstruction du système phonologique indo‑européen une importante contribution sur des points essentiels.

    Parurent ensuite plusieurs études consacrées à la reconstruction morphosyntaxique ; les principales sont réunies, à côté des études de phonologie diachronique, dans son Évolution des langues et reconstruction (PUF, 1975). Les études indo‑européennes ne constituent pas une discipline autonome ; l’indo‑européen n’est que l’un des domaines de la linguistique. Assurément, les techniques de la reconstruction diffèrent considérablement de celles de la description, mais la base est commune. Quel que soit leur âge, les systèmes linguistiques, répondant aux mêmes nécessités, obéissent aux mêmes lois. C’est pourquoi, en l’absence de données nouvelles (rien d’essentiel ne s’est ajouté depuis le déchiffrement du hittite en 1917), la reconstruction de l’indo‑européen a pu progresser considérablement ces dernières décennies : ses progrès ont suivi ceux de la linguistique. Initiateur des études linguistiques modernes dans notre pays, A. Martinet était donc particulièrement bien placé pour contribuer au renouvellement de la reconstruction de l’indo‑européen.

    Le spécialiste s’intéressera donc en priorité aux chapitres IX (Le système phonologique) et X (La grammaire) ; il y trouvera l’essentiel de l’apport “fonctionnaliste” à la grammaire comparée ; l’interprétation phonologique de la théorie laryngale (p. 141‑159), la question de la “voyelle unique” (p. 137‑140 et 159‑160), celle des séries d’occlusives (p.160­-166). Rappelons à ce propos que la “théorie glottalique” des Soviétiques Ivanov et Gamkrelidze, qui substitue aux sonores simples (*d, *g, *gw) de la reconstruction traditionnelle les sourdes glottalisées correspondantes est sortie d’une observation d’A. Martinet dans son Économie des changements phonétiques, l’absence d’une labiale sonore *b. Inexplicable s’il s’agit du partenaire sonore de *p, cette absence est au contraire naturelle s’il s’agit d’une série glottalisée, où l’articulation labiale est rare. L’innovation la plus remarquable est l’hypothèse de l’existence en indo-­européen de prénasalisées, *nt *mp, etc., expliquant des faits restés jusqu’à présent sans explication tels que la coexistence de désinences en *bh et en *m à certains cas obliques du pluriel et du duel, et jusqu’à l’alternance *r/*n.

    Au chapitre de la grammaire, on relève notamment une approche nouvelle de la théorie de l'“ergatif indo-européen” qui sous‑tend l’ensemble ; une théorie sur l’origine du féminin (p. 188‑192) ; des observations sur les cas (p. 192‑200), les pronoms (p. 200‑204), les adjectifs (p. 203‑204), les numéraux (p. 204‑205), le verbe, considéré dans ses rapports avec le nom, dont il est issu (p. 205‑228) ; et, pour finir, l’auteur nous ramène à l’ergatif avec les neutres en *‑o‑m (p. 228‑229). Voilà un bref aperçu des pages qui retiendront le plus l’attention des spécialistes, et, naturellement, susciteront bien des discussions, tant elles ouvrent de perspectives nouvelles.

    Mais ce ne sont pas ces 2 chapitres, inévitablement techniques et quelque peu austères, que le grand public goûtera le plus ; sagement, l’auteur les a rejetés vers la fin de l’ouvrage, les faisant suivre d’un chapitre sur le vocabulaire dans lequel il dévoile un aspect moins connu de son talent : celui de pédagogue et de vulgarisateur. Les principaux acquis de la “paléontologie linguistique” (les indications tirées du vocabulaire reconstruit pour la reconstruction des réalités) y sont présentés avec une grande clarté et accompagnés de parallèles familiers qui mettent le profane en pays de connaissance.

    C’est ce même talent qui rend aisée, agréable, la lecture des premiers chapitres, consacrés au peuple indo‑européen, et en particulier aux hypothèses sur leur habitat primitif et leurs migrations. Ici, le linguiste sort de son domaine propre. Mais s’il le fait, c’est poussé par l’objet même de son étude. Les langues n’ont pas leur fin en elles-mêmes ; elles n’existent que par leurs locuteurs et pour eux. Or, plus leurs locuteurs diffèrent de l’Occidental contemporain, plus il nous est nécessaire de définir le cadre physique, social, spirituel, de sa vision du monde. Comme on le répète chaque année aux linguistes débutants, les langues ne sont pas des nomenclatures ; chaque langue représente une organisation spécifique de l’expérience humaine, qu’elle transmet aux générations successives. Ce faisant, le linguiste ne sort donc pas de son rôle, et ne se borne pas à enregistrer les indications fournies par d’autres disciplines. Comme l’indique excellemment l’auteur, « Les idées que les hommes se font du monde dans lequel ils vivent sont, dans une large mesure, dépendantes des structures linguistiques qu’ils utilisent pour communiquer leur expérience » (p. 229). Et c’est encore le linguiste qui, à partir de ses reconstructions dans le domaine du lexique notamment (désignations de plantes, d’animaux, etc.) détermine quels types de sites archéologiques sont susceptibles d’être retenus comme susceptibles de correspondre au dernier habitat commun des locuteurs dont il reconstruit la langue.

    C’est alors qu’il doit sortir de son domaine propre, et donc redoubler de prudence. Ce que fait l’auteur, qui s’inspire de la conception la plus largement acceptée de nos jours, celle d’un habitat indo‑européen dans la région dite des Kourganes, en Ukraine. Cette conception, qui remonte à Otto Schrader, Sprachvergleichung und Urgeschichte, 1883, a été reprise, étayée de nouveaux arguments, par Marija Gimbutas et son école. Assurément, ce n’est pas la seule possibilité ; Lothar Kilian a donné de bons arguments en faveur d’un habitat dans les régions baltiques et le nord de l’Allemagne, sur le territoire de la civilisation des gobelets en entonnoir dans Zum Ursprung der Indogermanen, Dr Rudolf Habelt GMBH, Bonn, 1983. Et il s’agit seulement du dernier habitat commun ; la formation de l’ethnie peut s’être effectuée ailleurs. Mais le témoignage de la paléontologie linguistique ne renseigne guère sur ce sujet. On sait d’autre part qu’en matière d’archéologie, et surtout d’archéologie préhistorique, nos certitudes sont toujours provisoires ; elles sont à la merci d’une fouille nouvelle, ou d’une découverte fortuite.

    Tout au long de son livre, l’auteur présente les Indo-­européens comme une réalité vivante et parfois comme une réalité actuelle : « La conquête du monde par les peuples de l’Occident a été longtemps ressentie comme étant dans la nature des choses. C’est au moment où elle rencontre des remises en question et des résistances efficaces que l’on commence à prendre conscience de la particularité du phénomène. En dépit de péripéties diverses de conflits internes qui culminent aujourd’hui avec l’opposition des 2 blocs, il s’agit bien d’une même expansion qui se poursuit depuis quelque six mille années » : ce texte reproduit en couverture résume l’essentiel, qui est la continuité entre ces migrations qui se sont succédé depuis le IVe millénaire et la situation actuelle du monde.

    Que les Indo‑Européens aient — comme l’indique l’auteur dans la suite de ce texte — « mis leur supériorité technique au service de la violence pour subjuguer leurs voisins de proche en proche » n’a certes rien d’original. Plus que la raison, la violence est la chose du monde la mieux partagée. Mais ce qui, de fait, est propre aux peuples indo‑européens, c’est la supériorité technique. Non au départ : sur bien des points, en particulier dans le domaine agricole, leurs techniques étaient très primitives, et en retard sur celles de peuples contemporains. Mais à l’arrivée, puisque, à la seule exception du Japon, l’ensemble du monde industrialisé et développé parle aujourd’hui une langue indo‑européenne.

    ♦ André Martinet, Des Steppes aux océans, Payot, 1986.

    Jean Haudry, La Quinzaine Littéraire n°478, janv. 1987.

    http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/53

  • Actuailes: bimensuel d'actualités gratuit pour les 10-15 ans

    Actuailes est né en mai 2013. Le journal est porté par une quinzaine de pères et mères de famille, accompagnés d'un moine prêcheur. Il vise à donner aux enfants une information régulière, variée et conforme à l'éducation reçue à la maison et à la loi naturelle.

    Il ne vise pas à imposer des vérités absolues, mais, à partir d'un fait majeur d'actualité, de faire réfléchir les enfants sur les ressorts profonds qui peuvent expliquer ce qui est arrivé. Ils pourront ainsi mieux comprendre le monde qui les entoure, se construire une opinion sûre et avoir le goût des grandes choses.

    La diffusion, réalisée uniquement par Internet, est entièrement gratuite. L'idéal est de s'abonner en ligne afin d'être averti par courrier électronique lors de chaque parution, puis d'imprimer le dernier numéro pour une meilleure lecture des enfants.

    Dans le dernier numéro, un article est consacré à l'idéologie du genre.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Le Marxisme

    Que reste-t-il du marxisme après la disparition de la plupart des pays communistes. Le dernier grand pays dit communiste a accepté une économie de marché et est devenu sans doute le pays le plus capitaliste. L'effondrement du capitalisme tant annoncé par les marxistes n'est pas encore pour demain. Le sens de l'Histoire selon eux devait pourtant y aboutir. Le marxisme porte sur lui la responsabilité des anciennes dictatures communistes. Mais avant d'être la pensée officielle des régimes communistes le marxisme a avant tout été une analyse économique, historique, sociologique et politique du système capitaliste (le mode de production capitaliste MPC). Il a été pour beaucoup une pensée de combat contre le capitalisme haï. Il y a certes une part de haine dans le marxisme. Un nombre incalculable d'intellectuels a été réceptif à ce courant. « Le marxisme est l'horizon indépassable dé notre temps » (Sartre). Les brochures du parti socialiste ont utilisé pendant longtemps une vulgate marxiste ce que déplorait Raymond Aron, libéral qui avait fait profession d'anti-marxisme.

    Dans toute pensée, il y a toujours une intentionnalité. Le projet marxiste a donc été d'instaurer une société sans classes où les hommes seraient égaux (même et surtout économiquement). Cette idée d'égalité n'est pas nouvelle. Est-ce une trace du christianisme pour qui les hommes sont égaux devant Dieu.

    Le libéralisme dont l'idéologie est celle des droits de l'homme a décrété les hommes égaux en droit sur terre. Le communisme a voulu aller encore plus loin pour vouloir établir une société où les hommes seraient égaux sur le plan économique et où les classes n'existeraient plus (Le Grand soir).

    Pour le marxisme, qu'est-ce qui fait que les hommes ne sont pas égaux. Pour cette doctrine, il y a la primauté de l'économie sur la société : l'être économique détermine l'être social. Les hommes ne sont donc pas égaux du fait de l'existence des classes, ce qui crée un rapport de domination les uns sur les autres. Il y a d'un côté les oppresseurs et de l'autre les opprimés. Pour Marx en plus de l'existence des classes il y a une lutte des classes. « L'Histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de lutte de classes ». C'est le thème du manifeste du parti communiste. Ces classes résultent la division du travail. Le moteur de l'histoire est posé comme étant de tous temps celui de la lutte des classes, ce qui donne une interprétation de l'histoire parmi d'autres. La vision marxiste de l'histoire s'appelle le matérialisme historique. On retrouve le fameux moteur à deux temps explicatif : infrastructure, superstructure. L'infrastructure étant l'ensemble des forces de production. La superstructure est l'ensemble des institutions (administratives, juridiques, policières et militaires…) qui encadrent et renforcent l'infrastructure.

    La conscience des hommes est déterminée par leur être social. La superstructure n'est que l'expression du mode de production. Au cours de l'histoire le mode de production a été esclavagiste, féodal puis capitaliste. Le marxisme a voulu établir un nouveau mode de production socialiste où la propriété privée des moyens de production n'existerait plus. Il faut reconnaître même si cela a été un crève-cœur pour les communistes que ce système n'était guère efficace comparé au système capitaliste.

    Marx jeune, était un hégélien de gauche et il a repris la dialectique hégélienne pour décrire l'histoire et ses antagonismes sociaux qui la font avancer. L'idée de classe sociale n'était pas nouvelle et existait déjà chez les classiques anglais (Smith, Ricardo, Mill…). Les deux principales sources d'inspiration de Marx sont sur le plan philosophique Hegel et sa dialectique plus généralement la philosophie allemande et sur le plan économique les classiques anglais ce qui a fait dire a l'économiste américain Samuelson que Marx était un ricardien attardé.

    Pour dénoncer l'exploitation de l'homme par l'homme il faut définir ce qu'est la valeur d'un bien. Marx reprend la définition des classiques anglais. La valeur d'un bien est le travail, le temps de travail socialement nécessaire. Le travail se mesure en temps. Toute la difficulté que n'a pas résolu Marx fut le passage de la valeur au prix puisque l'on constate des prix et non des temps de travail. Seules les marchandises reproductibles ont une valeur. Marx fait la distinction entre valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'usage revient a son utilité. La valeur d'échange est la proportion dans laquelle s'échangent des valeurs d'usage. Cette proportion est celle du temps de travail socialement nécessaire.

    Une marchandise aura donc comme valeur :

    C + V+PL

    C : Temps de travail mort (machines, matières premières…)

    V : Temps de travail vivant

    PL : Plus-Value

    Le capitaliste s'approprie la plus-value, concept clef du marxisme. Il y a donc une aliénation économique du travailleur en plus de l'aliénation sociale du fait de travailler pour un autre avec travail en général non choisi.

    Dans le marxisme il y a donc exploitation de l'homme par l'homme.

    Le taux de profit est    P= PL / C+V  P = PL : C+V

    Le salaire se définit comme l'expression monétaire de la valeur de la force de travail. La force de travail contient un élément social et historique donc le salaire aussi.

    La plus-value est la différence entre la valeur créée par cette force de travail et ce qu'a coûté cette dernière.

    Pour Marx le capitalisme est rarement à l'équilibre. Il génère des crises. Le marxisme sur ce point rejoint la pensée keynésienne et le rejet de la loi Say « l'offre crée sa propre demande, la monnaie n'est plus qu'un voile ».

    Pour les néo-classique (ou libéraux) il ne peut y avoir de crises. Dans la pensée économique, il y a donc trois grands courants : la pensée libérale, la pensée keynésienne et le marxisme. Une des idées les plus controversées du marxisme est la baisse tendancielle du taux de profit.

    Taux de profit    PL : C+V =  PL/V : C/V+1

    PLV = Taux d'exploitation, le rapport C/V est la composition organique du capital. Or la tendance à accumuler fait augmenter C/V et donc baisser le taux de profit. On notera au passage l'utilisation rudimentaire des mathématiques dans DAS KAPITAL. Il y a bien sur plusieurs façons d'empêcher la baisse du taux de profit, entre les délocalisations.

    En conclusion, nous n'avons pas voulu résumer en quelques lignes la théorie marxiste absolument immense avec en plus les commentateurs et les prolongements. Il faut lui reconnaître une certaine cohérence. Elle a été un outil intellectuel de combat contre le capitalisme d'ailleurs beaucoup plus solide que ne le préconisait cette théorie. À de nombreuses reprises on a annoncé l'effondrement du capitalisme qui a montré une prodigieuse faculté d'adaptation. Sans prétendre être un discours de vérité économique le marxisme propose une vision globale de l'économie de la société et de l'Histoire.

    PATRICE GROS-SUAUDEAU

  • LE RENOUVEAU PAÏEN DANS LA PENSEE FRANCAISE

    Livre militant. Issu de la Nouvelle Droite (abrégé ND) et publié par la maison d’édition de la Nouvelle Droite. Livre daté donc en quelque sorte. Ce qui n’enlève rien, ni à sa qualité, ni à son actualité.

    L’apparition de la ND dans les années 70 provoqua un véritable tsunami intellectuel. La certitude établie que la France possédait la droite la plus bête du monde volait subitement en éclats. La gauche n’en crut ni ses yeux ni ses oreilles. Voici que des intellectuels de haut-vol regroupés autour d’A. de Benoist et de M. Marmin s’en allaient chasser sur des terres inaccoutumées. C’est que la ND commença par un crime de lèse-majesté. C’est une vieille tactique militaire que d’attaquer du côté par où l’on vous attend le moins. Panique à gauche : la ND osait se revendiquer du théoricien communiste italien Gramsci. Certes il n’était pas question pour ses affiliés de s’inscrire au Parti, ils se contentèrent de faire main-basse sur le concept gramscien, non plus de lutte de classe, mais de lutte de culture. En termes marxistes disons que la ND avait compris qu’elle ne verrait son triomphe politique qu’une fois que ses propres idées seraient devenu le fonds commun de l’idéologie dominante. Plus facile à dire qu’à faire, mais au contraire d’Archimède la ND possédait et son levier et son point d’appui pour soulever le monde !

    C’est que la ND prenait les ouailles habituelles à revers : les gauches révolutionnaires ou réformistes comme les droites traditionnelles ou extrémistes. Alors que l’on s’attendait à une résurgence modernisée de l’alliance du Royaume et de l’Autel, la Nouvelle Droite sortit de sa poche deux joujoux relégués depuis si longtemps au magasin des antiquités que l’on avait fini par croire qu’ils n’avaient jamais existé, l’Empire et le Paganisme. À gauche, c’était en ces temps où l’on tendait avec componction et gravité la main aux chrétiens de gauche, l’on avait oublié que la Révolution française s’était déroulée à l’ombre exemplaire de la République Romaine et de la tutélaire société des Égaux spartiate. L’on s’étrangla de fureur devant ces trouble-fête qui investissaient le champ si symbolique de Mars que l’on avait laissé en friches depuis si longtemps. La bobonne vieille droite réactionnaire et catholique s’estima poignardée dans le dos par de dangereux extrémistes. De tous côtés l’on s’activa dare-dare à dresser autour des troublions un périmètre de concentration et de sécurité des plus efficaces…

    Les années ont passé. Le monde a changé. La ND n’a jamais su ou pu concrétiser son démarrage foudroyant. Les causes de son échec à court terme demanderaient de longues explications qui ne sont pas du ressort de ce modeste article. Mais une chose est sûre et indéniable : si l’on peut parler aujourd’hui, même dans ce que ce terme présente d’artificialité et de superficialité, d’un renouveau païen en Europe et en France, force est de reconnaître que la Nouvelle Droite est en grande partie responsable de l’émergence de cette vaste mouvance. Dans Le Renouveau Païen dans la Pensée Française J. Marlaud, tout en partageant notre point de vue sur l’opérativité de la ND quant à l’éclosion de cette nouvelle sensibilité, s’essaie à reconstituer la généalogie philosophique et littéraire de ce phénomène de renaissance païenne.

    Une chose est sûre : nous ne procédons pas du même cheminement. Pour nous, nous sortons tout droit de l’héritage impérieux. Tout petit nous y sommes tombés dedans. Comme beaucoup, par les canaux de liaison à notre portée immédiate : les livres. Nous n’avons eu qu’à tendre la main et à saisir sur l’étagère les Discours de Cicéron ou l’Anabase de Xénophon. Nous ne nions pas qu’il nous a fallu beaucoup de temps pour relier tout ce qui nous fut donné épars, dans le désordre chaotique de sa mise à mort, mais enfin, les Dieux étaient-là, et relever les autels renversés n’était pas une tâche insurmontable. D’autant plus que nous avions des prédécesseurs, un Byron, un Heredia, un du Bellay, nous avaient déjà dégagé le chemin. Les Dieux et les Poëtes partagent les mêmes rituels de foudre. J. Marlaud ne remonte pas plus loin. Il placera sa première borne bien plus près, chez Montaigne. Mais son paganisme théorique est surtout et avant tout le résultat d’une démarche intellectuelle précise qui s’imposera à lui comme le résultat tactique d’une réflexion métapolitique poussée jusqu’au bout de ses principes.

    En homme de droite J. Marlaud possède son chiffon rouge, sa hantise, son fantôme : le marxisme. Éradiquez la philosophie marxiste et le communisme s’effondrera. En fait c’est le contraire qui est arrivé, mais ceci est une autre histoire ! Et qu’est-ce que le marxisme si ce n’est une resucée laïque du christianisme ? Ensuite il suffit d’un peu de logique et de quelques connaissances historiques. Non l’athéisme ne fut pas l’ennemi du christianisme ! Les chrétiens étaient d’ailleurs accusés d’athéisme par l’administration romaine ! L’adversaire du monothéisme chrétien fut et restera le paganisme européen ! Beaucoup s’étonneront de cette hargne principielle contre le christianisme. Quelle idée baroque que d’aller tirer de leur sommeil de plomb les anciens Dieux ! Juste au moment où l’Église perdait ses brebis à foison ! Plus grand monde à la messe du dimanche, et de toutes les façons y aurait-il eu foule qu’il n’y avait pratiquement plus de curés pour distribuer le pain bénit de la rédemption ! Avec le recul l’on s’aperçoit que le cadavre est encore agité de tressaillements indésirables. Ayons l’œil, les romains se sont fait avoir avant nous : ils n’avaient pas prévu le coup de la résurrection. Ne dédaignons pas les secours des Dieux antiques. Ils ont perdu une bataille, mais pas la guerre. Mais revenons à J. Marlaud.

    Certes le christianisme a du plomb dans l’aile nous assure-t-il mais l’essentiel de son message s’est sécularisé et imprègne si bien les consciences que la plupart des individus, de manière plus ou moins volontariste ou inconsciente, suivent et propagent des valeurs chrétiennes. J. Marlaud en inventorie les principales. Ainsi à l’idée de fraternité christique s’est substituée la notion d’égalité des êtres humains. De la Déclaration des Droits de l’Homme aux utopies anarchistes les plus radicales ce principe d’arasement métaphysique de toutes les différences a été décliné jusqu’à plus soif dans nos sociétés modernes. Alors que la société païenne instaurait le règne hiérarchique des puissances institutionnelles le christianisme a perverti et brouillé les cartes de la reconnaissance sociale. Privées de leurs ossatures rituelles les organisations castiques se sont effritées de l’intérieur gagnées par le vertige grégaire du plus grand nombre à se réconforter en la croyance mutuelle de leur stricte identité égalitaire.

    Nous n’avons rien à redire à cette analyse de J. Marlaud si ce n’est qu’il ne nous semble pas avoir intégré à son raisonnement l’aspect dialectique des processus évoqués. Ce n’est pas de la faute du christianisme s’il a eu raison du paganisme. C’est le paganisme qui s’est d’abord effondré de l’intérieur, de lui-même et selon sa propre idéologie, et qui n’a ensuite subsisté qu’en tant qu’arbre mort, debout certes encore, mais qui ne se doute pas que le prochain vent automnal le boutera à terre. Lorsque les ilotes s’emparent du pouvoir, les maître n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes de leurs propres faiblesses. Ils en portent l’entière responsabilité. Rien ne sert de gémir. Ni de pleurnicher. Souvent nous assénons des décisions dont nous n’avons pas étudié les plus lointaines conséquences. L’appât du gain et du pouvoir a obnubilé les élites païennes des deux premiers siècles de la Rome Antique. Devant l’immense concentration de richesses opérées il ne restait plus aux larges masses populaires que leurs deux yeux pour pleurer. Le Christ a donné une raison de vivre à leurs larmes.

    Ce ne sont pas les chrétiens qui ont tué l’Imperium, c’est l’Imperium qui a couvé les lentes du christianisme. Comme l’oiseau qui s’en va réchauffer l’œuf du serpent et se fait dévorer le jour de l’éclosion. Le pire c’est qu’un phénomène de cette importance est difficile à analyser par ceux qui assistent à son déploiement. Il arrive un moment où les contradictions se démultiplient : l’unité de tous ceux qui ont objectivement raison de se liguer contre ce nouvel état de fait en train de poindre, se lézarde. Les rencontres individuelles, le goût de la nouveauté, l’envie de se démarquer de ses pairs, un ressentiment quelconque, et mille et un arbrisseaux, examinés un par un, vous voilent la forêt qu’ils sont en train de devenir.

    Le christianisme aurait perverti notre sensibilité. Nous n’en doutons pas. En serions-nous pour autant la proie des valeurs spécifiquement féminines : pacifisme, économisme, sentimentalisme ? Certainement, à condition de ne pas oublier que la femme est une construction culturelle hominienne au même titre que le personnage souvent falot et ridicule du mari. Et en ce sens les valeurs que J. Marlaud lui prête sont tout autant celles de l’homme. C’est que l’homme et la femme, artefact biblique et sociétal, sont aussi semblables que le mâle et la femelle sont authentiquement dissemblables. Nous sommes soumis aux desiderata d’une idéologie émolliente et avilissante. Inutile d’en rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Le plus court chemin est souvent celui du renoncement à être soi-même. Désigner un fautif c’est déjà vouloir lui ressembler. Reconnaissons nos faiblesses et nos lâchetés. À plus amer que la gamète diabéique de notre miroir se doit notre sang.

    Le paganisme de J. Marlaud est essentiellement idéologique. Le nôtre absolument politique. Et pour cela beaucoup plus proche de son essence. Car toute idéologie est, de par sa nature explicative même, rattaché de très près comme de très loin à la monothéique notion de vérité. J. Marlaud a négligé l’aspect de jeu sophistique qui est à la base de tout discours païen. Ce qui suit est un peu malhonnête de notre part car nous nous jouons d’un anachronisme qu’en 1986 notre auteur était dans l’impossibilité naturelle d’observer : depuis quelques années la ND use d’une moindre virulence quant à son positionnement pro-païen. Toute idéologie est versatile car le critère de vérité doit s’adapter à toutes les oscillations de l’adaptation pragmatique de l’Unité conceptuelle intangible confrontée à la Multiplicité mouvante du réel, du désir et de la volonté. Il n’est pas étonnant que les premiers auteurs considérables étudiés en ce volume soient, tout de suite après Montherlant, Gripari, Pauwels et Jean Cau. Un chapitre en entier leur est chaque fois consacré. Nous aurions commencé pour notre part par quelques pages sur Homère et Virgile, Empédocle et Lucain. Simple différence de perspective. Reste que les pages sur Montherlant sont superbes et que ce livre de J. Marlaud est une des meilleures études de cette étendue que nous ayons lue sur les origines du renouveau païen de la pensée française.

    André Murcie, Littera Incitatus (bulletin n°26), 2006http://vouloir.hautetfort.com

  • Paul-Marie Coûteaux à L'AF : "Je veux restaurer parmi les nationaux la culture d'Etat."

     

    Paul-Marie Coûteaux, président fondateur de Souveraineté, indépendance et libertés (SIEL), une des composantes du Rassemblement Bleu Marine, a accordé un long entretien à L’Action Française, dans lequel il revient sur son appel récent à un gouvernement de salut public après les propos de François Fillon. Il livre aussi à nos lecteurs ses espérances politiques pour l’avenir de la France.

     

    L’Action Française : Vous en appelez à un gouvernement de salut public : mais qu’attendre d’une UMP qui a tourné le dos à une politique d’indépendance nationale et avalisé la soumission de la France à Bruxelles et aux Etats-Unis (traité de Lisbonne, retour dans le commandement intégré de l’OTAN, traité budgétaire...) et ne semble pas prête à faire son autocritique ?

    Paul-Marie Coûteaux - Je ne pose pas la question politique en ces termes, un peu aléatoires. Au SIEL, nous n’attendons rien d’aucun parti, mais beaucoup des hommes. Pour cela, voyons au delà de l’actuel paysage politique - d’ailleurs en ruines. Notre responsabilité, à nous autres nationaux, n’est pas seulement de remporter, contre tel ou tel, des victoires électorales, condition nécessaire certes, mais bien insuffisante. Notre responsabilité est de préparer la victoire tout court, la victoire historique qui consistera à "reprendre le pouvoir", en relevant les instruments détruits de la souveraineté, aussi bien extérieure (indépendance nationale) qu’intérieure, (autorité de l’Etat), puis en l’exerçant à la fois durablement et dans sa plénitude, conformément aux intérêts des Français -mais seulement de leurs intérêts à long terme, c’est-à-dire de la France.

    Tel est à mes yeux l’objectif du Rassemblement Bleu Marine (dirigé par sept personnes, dont moi-même, deux autres membres du SIEL, un ancien radical, et un ancien proche collaborateur de Chevènement), un Rassemblement national qui doit être pris au pied de la lettre, non comme une machine électorale mais une matrice de gouvernement. Beaucoup ont l’air de croire que la politique consiste à se faire voir, alors qu’elle consiste d’abord à prévoir, je veux dire à voir delà du jeu présent - gouverner c’est prévoir, mais il faut commencer par prévoir de gouverner... Il faut anticiper, et nous placer d’ores et déjà devant la situation, à laquelle trop peu pensent, où Marine le Pen serait élue Présidente de la République - dans trois ans, si les ficelles de M. Hollande le tiennent jusque là, ce dont je doute. Faire de la politique ne m’intéresse pas, ou plus ; ce que je veux, c’est restaurer parmi les nationaux la culture d’État, et gouverner d’urgence.

    Or, il se trouve que cet objectif qui devrait être naturel, est non seulement un objectif mais aussi le moyen d’y parvenir, je veux dire de gagner les élections, tant il est vrai que le problème du RBM n’est plus la dé-diabolisation, mais la crédibilité gouvernementale : nous ne gagnerons que si nous nous plaçons nous-mêmes en situation de gouverner, et de nous présenter ainsi devant les Français - mon obsession, désarmer la ritournelle : "Le FN est incapable de gouverner". Pour ce faire, il faut un programme complet et crédible, ce qui est en bonne voie depuis un an. Mais aussi ce que j’appellerais une "architecture gouvernementale". Nul n’imagine un gouvernement 100% FN, d’abord parce que ce parti n’a pas été conçu pour cela à ses origines (celle de 1962 ou celle de 1972), ensuite parce que jamais un parti n’a gouverné seul (même pas l’UNR du temps du Général ), ce qui d’ailleurs ne serait pas souhaitable : il faut une très large légitimité pour gouverner au sens véritable du terme, je veux dire pour se situer à la hauteur de l’Histoire, de la prouesse historique qui consiste à changer du tout au tout le cours des choses - en dehors de quoi la politique n’a qu’un médiocre intérêt.

    Coûte que coûte, le Rassemblement doit inclure des personnalités indépendantes des partis politiques (non pas tant des techniciens que des savants - en particulier, à mon avis, de sensibilité écologique...) ou qui sont actuellement membres de partis hégémoniques parce qu’il leur a fallu en passer par eux pour être élus. Je pense d’abord aux chefs des partis souverainistes, famille à réunir d’urgence, mais aussi à des hommes qui se sont en effet compromis avec le Système. Certes, il peut se trouver d’anciens responsables ou ministres de gauche tout à coup désireux de servir un peuple qu’ils ont largué pour les charmes d’une mondanité (au sens de Pascal, celui de l’athéisme, du refus de toute foi, du déni obstiné du surnaturel dans l’Histoire), une mondanité dont je vois peu parmi eux capables de se défaire. Pardon de l’avouer : j’en vois davantage à l’UMP, dont je connais quelques poignées - ou quelques grappes encore accrochées au radeau de la Méduse qu’est devenue cette prétendue "Union" démâtée. Et je les vois d’autant plus qu’il leur est de moins en moins nécessaire d’être héroïques, attendu que leurs troupes regardent Marine avec une croissante bienveillance - voir le sondage IFOP in Valeurs Actuelles du 12 septembre : 38% des sympathisants UMP se disent très ou assez proches de Marine - seulement 11% à gauche, soit quatre fois moins. Ces 38% m’intéressent, et non moins les chefs qui finiront tôt ou tard par les suivre. [...]

    Propos recueillis par François Marcilhac - La suite dans L’Action Française 2871

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Paul-Marie-Couteaux-a-L-AF-Marine

  • Lorant Deutsch dans la polémique : il a osé évoquer Charles Martel dans son nouveau livre !

    Choc : dans son tout nouveau livre, Lorant Deutsch ose évoquer cet épisode horrible de xénophobie qu’est la victoire de Charles Martel à Poitiers, sur les Sarrasins qui venaient simplement profiter de cette terre d’accueil qu’a toujours été la France, paraît-il…

    « Le grand public mérite mieux en guise d’histoire que ce récit identitaire, jouant sur les fantasmes les plus caricaturaux » : dans une tribune publiée le 30 septembre sur Le Huffington Post, trois prétendus « historiens » – mais vrais militants de gauche – remettent ainsi en cause le travail de Lorànt Deutsch dans son ouvrage « Hexagone« , paru chez Michel Lafon quelques jours plus tôt et disponible ici.
    Le comédien a répondu aux critiques jeudi 3 octobre dans l’émission « C à vous » sur France 5 :

    Les « historiens » gauchistes dénoncent « une étrange corrélation entre le discours et le vocabulaire de Deutsch sur cette bataille, et celui de l’extrême droite la plus dure » (sic).
    En fait, pas si étrange : c’est peut-être parce que Deutsch fait preuve d’objectivité ?

    http://www.contre-info.com/

  • [Paris] 10 octobre 2013 : Richard Millet à la librairie Contretemps

    Le 10 octobre 2013, la Librairie Contretemps organise une signature avec Richard Millet.

    Librairie Contretemps, 41 rue Cler, 75007 Paris (M° Latour-Maubourg), de 19 heures 30 à 21 heures 30.

    Venez nombreux rencontrer ce grand écrivain... politiquement très incorrect !