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culture et histoire - Page 1826

  • Tocqueville et l’Action Française de Pierre GOUIRAND

    Il peut paraître paradoxal de présenter dans un même ouvrage deux doctrines, politiquement opposées et exposées à quelque soixante ans de distance. Alexis de Tocqueville est surtout connu pour son livre De la démocratie en Amérique et l’Action Française comme le plus actif des mouvements royalistes du début du XX° siècle.

    Entre 1903 et 1942, Charles Maurras et Léon de Montesquiou, ont publié plusieurs articles dans lesquels ils reprochent à Tocqueville de louer le régime démocratique américain et d’affirmer que la mise en place d’une démocratie, en France, était inévitable. Au contraire, les Maîtres de l’Action Française considéraient que le régime américain était une « ploutocratie » et que les élections s’y faisaient « à coup de chèques ». Tocqueville, toutefois avait perçu en Amérique les défauts de la démocratie mais pensait qu’il suffirait de mettre en place un certain nombre de « gardes-fous »pour en protéger le pays. Maurras, à l’opposé, disait qu’il était indispensable de continuer à lutter pour rétablir la Monarchie en France. Si les deux discours étaient politiquement inconciliables en revanche, socialement, ils avaient de nombreux points communs. Tocqueville était né dans une famille royaliste légitimiste qui avait beaucoup souffert de la Révolution et son père, Préfet sous la Restauration, avait été fait Pair de France par Louis XVIII. Lui-même, bien qu’ayant été Ministre de la II° République, était resté un monarchiste légitimiste convaincu. Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu montrer que bien souvent la pensée de Tocqueville rejoignait celle de Maurras et que tous deux n’avaient qu’un but : le bonheur des Français.

    A propos de l’auteur :

    Pierre Gouirand, dont le grand-père était "félibre", companion de Frédéric Mistral, dont le père a pour un temps dirigé la revue provençale "Le Feu", après des études au lycée Mignet d’Aix en Provence et à l’Ecole Hôtelière de Nice a fait sa carrière dans l’hôtellerie. Ce métier lui a permis de beaucoup voyager : Angleterre, Etats-Unis d’Amérique, Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Venezuela, Chili, Mexique, etc.) Maroc avant d’être nommé Directeur Général de l’Hôtel Westminster à Nice. À ce moment-là, il repris ses études et obtenu un doctorat de troisième cycle de philosophie sur Tocqueville et doctorat d’Etat ès-lettres d’histoire. Il a été chargé de cours à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, en gestion des aménagements touristiques et hôteliers et en sociologie, tout en continuant à diriger l’Hôtel Westminster. Le présent ouvrage est le fruit de recherches approfondies sur la philosophie politique de la fin du XIX° siècle et les débuts du XX°. Pierre Gouirand est maintenant à la retraite et continue à travailler sur Tocqueville et son histoire.

    Apopsix   http://www.actionfrancaise.net

  • Celle de qui naquit la France

    Celle de qui naquit la France Sainte Clotilde manquait dans l’’excellente collection “Histoire des Reines de France” publiée par les éditions Pygmalion. Voici qu’’Anne Bernet vient de combler cette lacune et c’’est avec enthousiasme qu’’ayant à peine fermé son Charette, nous retrouvons sa plume élégante, incisive et si juste, cette fois au service de la première de nos reines, celle de qui naquit la France chrétienne, Clotilde, épouse de Clovis.
    Cette seconde partie du Ve siècle sombrait dans la tragédie et dans le sang. Plus rien ne semblait devoir subsister de ce qui fut le beau pays chrétien des Gallo-Romains. Contrastant avec ces visions d’’apocalypse, quelques rares foyers d’espérance chrétienne ne semblaient guère devoir subsister, mais c’est pourtant sur eux qu’’Anne Bernet, dès les premières pages, attire l’attention du lecteur. Deux petites filles, Chroma, six ans, et Clotilde, quatre ans, nièces du terrible roi des Burgondes Gondebaud, qui venait de massacrer leur père le roi Chilpéric et son épouse, étaient alors envoyées, pour s’’y faire oublier, dans un couvent de Lyon. Mais c’’étaient de belles âmes, et l’évêque de Vienne, Avitus, lui, ne comptait point les oublier...
    La nouvelle Esther
    Preuve que l’’histoire est dans les mains de Dieu plus que dans celles des hommes... Car défile alors la désespérante succession des malheurs des temps : le déferlement des invasions, – l’’installation des Barbares sur le territoire gaulois : les Burgondes sur la Saône et le Rhône, et les Wisigoths occupant dans le sud-ouest les trois quarts de la Gaule, – l’’effritement du dernier bastion de l’’empire chrétien d’occident, entre Seine et Loire, d’’où le valeureux Ætius avait en 451 ligué toutes les forces contre les Huns, avant de se faire occire en 454 par l’’empereur Valentinien, lui-même assassiné à son tour en 455..., – l’’agonie dérisoire de l’empire qui s’’écroula pour de bon vingt ans plus tard (476), – le poison de l’arianisme venu empester les royaumes wisigoths et burgondes, semant l’hérésie et la persécution des chrétiens... Sous le signe de la haine du Christ vrai Dieu et vrai Homme, un grand empire gothique sous l’’autorité de Théodoric, roi des Ostrogoths, régnant en Italie, risquait de s’étendre de chaque côté des Alpes.
    Dans cette apparente éclipse, de grands évêques veillaient. Entre Avitus, à Vienne, et Remi, à Reims, l’’accord était parfait : l’’Église devait aller chercher son défenseur chez... les païens, qu’au moins l’’hérésie n’avait pas gagnés ! Beaucoup étaient fascinés par l’héritage romain : en former un, l’’amener à mettre, ne serait-ce que par calcul politique, son glaive au service de la paix et de l’’unité retrouvée de la Gaule si allègrement chrétienne cent ans plus tôt était possible. Pour ce faire, un moyen : donner pour épouse à ce prince une jeune chrétienne qui le préparerait à la conversion...
    Remi avait le prince en la personne du jeune roi des Francs, Clovis, qui régnait de Tournai à Soissons et qui, comme son père Childéric, avait la confiance des chrétiens et s’imposait de plus en plus comme le véritable continuateur de la pax romana dans le nord de la Gaule.
    Avitus avait la princesse en la personne de Clotilde qui, ayant grandi, était prête à sortir de son couvent pour entrer dans le monde qu’’elle savait cruel, mais qu’’elle vibrait de conduire à Dieu. Être auprès de Clovis une « nouvelle Esther » ne pouvait lui faire peur, n’’en déplaise à l’oncle Gondebaud !
    Le Dieu de Clotilde
    Il fallait évidemment une foi à déplacer les montagnes pour mener à bien un tel projet. Les noces eurent lieu à Soissons en grande pompe, mais tout restait à faire... car Clovis, pour qui Anne Bernet a les yeux de Clotilde, s’il fut aussitôt sous le charme de son épouse, n’était point l’homme à se faire manipuler par une femme. Son âme d’une seule pièce, son sens éminent de l’honneur et de la fidélité, son courage extraordinaire, son respect de la parole donnée... il avait mis tous ces biens au service de ses dieux païens. La miséricorde, la pitié, le pardon, et plus encore l’idée d’un Dieu subissant les outrages de la passion, lui étaient totalement étrangers...
    Et pourtant, Clotilde, par son exemple plus encore que par des paroles, fit fléchir sans jamais l’humilier cette âme obstinée. Les calculs politiques s’’entrecroisaient : d’’un côté la peur de perdre la confiance de ses guerriers ou de passer pour faible auprès des autres rois barbares, de l’’autre la perspective de pouvoir entrer dans Paris que sainte Geneviève refuserait toujours de livrer à un païen, et surtout de refaire au profit de sa famille l’’unité de la Gaule...
    Les pages où Anne Bernet décrit cette lente et périlleuse montée vers la conversion, avec l’’épreuve de la mort de leur premier enfant qu’il avait accepté de laisser baptiser, l’’alternance entre les colères et les élans de candeur du roi barbare, sont d’une grande intensité dramatique et plongent au fond du mystère d’’une âme touchée par Dieu.
    Passées la victoire de Tolbiac où « le Dieu de Clotilde » vint comme donner un coup de pouce à la conversion, puis la sublime nuit de Noël 496, jour de naissance de la France, où Reims resplendit de mille feux, les années n’’allaient pas être douces pour la reine.
    D’’abord le roi baptisé et conquérant restait, tout en faisant rayonner la Croix, un roi aux mœurs encore barbares, lancé dans des guerres cruelles et plongé dans un système monarchique qui faisait du massacre d’’une partie de la famille la condition de l’’unité de la succession.
    Cœœur de femme, devoirs de reine
    Le pire survint après la mort de Clovis quand elle aurait tant voulu retrouver à Tours la solitude et la méditation, mais que ses propres fils se comportèrent à leur tour en monstres. Il lui fallut redevenir la souveraine obligée de défendre sa famille dans des situations où son cœœuf de femme allait être brisé par ses devoirs de reine. Redoutant, comme feu son époux, le déshonneur plus que tout, elle ne sut empêcher ses deux plus jeunes fils, Childebert et Clotaire, de mettre à mort (pour supprimer des concurrents) les enfants orphelins de leur aîné Clodomir : Théodoald et Gonthier, ses chers petits-enfants. Elle se laissa même aller à dire qu’’elle les préférait voir « morts que tondus ». La chevelure était en effet chez les Mérovingiens signe de race royale ; la perdre était le déshonneur le plus vil. Ajoutons que le troisième petit-fils fut sauvé et devint saint Cloud.
    Ravagée de chagrin, se repentant de s’être laissé gagner par les réalités trop immorales de ce monde, ne pouvant plus compter sur le conseil des grands évêques disparus, Clotilde n’avait plus qu’à tenter par la prière et l’expiation de changer ce monde si mauvais. Elle finit ses jours à Tours le 3 juin 545, entourée de toute la dévotion des Tourangeaux, après avoir obtenu du brutal Clotaire (qui ayant liquidé Childebert, était enfin seul roi...) qu’’il laissât entrer au couvent l’’épouse qu’’il tourmentait et qui allait devenir sainte Radegonde...
    Le livre d’’Anne Bernet n’’est en rien une hagiographie. Il est beaucoup mieux : alimentée aux sources les plus sûres des connaissances historiques, la vie tumultueuse de cette sainte n’’a pas besoin d’être embellie pour que le lecteur sache qu’’au temps de la difficile sortie de la barbarie, Clotilde a sauvé la Gaule et changé la face de l’’Europe. Tant pis pour les laïcistes : nous lui devons d’’être chrétiens.
    Michel FROMENTOUX L’’Action Française 2000 du 19 janvier au 1er février 2006
    * Anne Bernet : Clotilde, épouse de Clovis. Éd. Pygmalion, 308 pages, 21 euros. Disponible à nos locaux.

  • L’impensé de la théorie du genre

    Ex: http://www.dedefensa.org/

    Avant d’entrer dans le sujet, je précise que je suis historien de formation et que je « cherche sur l’homme », suis anthropologue. Ceci afin non de donner à ma parole une autorité mais pour situer le lieu où je place le débat qui va se révéler choquant pour certains. Je précise en outre que contrairement à l’homo latin qui a donné humus, anthropôn désigne celui « qui voit en haut ». Le Parlement vient d’adopter le mariage homosexuel. Il a pour lointaine origine, il faut le savoir, la théorie du genre. Cette décision est historique.

    La théorie du genre est une invention féminine étatsunienne. Elle est, disons-le sans crainte de faire hurler les suppôts, dégénérée. Dégénérée au sens d’une incapacité à générer, à régénérer. L’américanisme étatsunien est un Système en dégénérescence. Sur le modèle pourtant de la réplique célèbre « Sire, pire qu’un crime c’est une faute », plus que dégénérée, elle est irrationnelle et folle. Elle revient à dire que si la femme n’était pas formatée par l’éducation pour être femme elle serait… quoi ? un homme évidemment, pas un ouistiti ! Donnez des voitures rouges, un marteau, des clous, à une petite fille et la barbe lui poussera après 14 ans ! offrez une poupée bleu-virginal au bambin turbulent, il deviendra bon papa, féministe et peut-être homosexuel non-violent! Dans la première hypothèse, notre chirurgie prométhéenne, lui donnera le membre désiré, dans la seconde « la femme sera l’avenir de l’homme ». Au fond, que souhaite cette « gendrie » ? C’est simple, elle veut un monde uniquement masculin car ces femmes là ont leur féminité en horreur. Ces menstrues, ces enfantements, cet allaitement, cet « esclavage millénaire », elles n’en veulent plus! Ce masculin, qu’elles trouvent haïssable quand il est revêtu d’un corps d’homme devient magnifique déguisé en Elles !

    Si la théorie gendrique, qui n’est qu’une suite en mal majeur de l’œuvre insipide de madame de Beauvoir, prétend que les filles élevées « comme des femmes » le deviennent (c'est-à-dire ces femmes esclaves de l’homme), elle aura du mal à affirmer que les hommes ne sont pas eux aussi élevés « comme des hommes » et que donc, leur machisme, plus appris qu’inné, ne devrait en aucune façon les rendre capable du moindre féminisme alors que justement notre époque en est pleine de ces hommes dont le parti pris -à l’insu de leur plein gré !- crève les yeux, qu’ils soient sociologues, éducateurs, journalistes, ministres. Ils hantent les médias, les écoles, les services sociaux, les ministères, les tribunaux, la police, et… l’armée!

    Inversement, ce qui est contestable dans l’éducation des femmes parce que produisant des « esclaves », peut difficilement faire comprendre qu’elles soient devenues féministes malgré cette éducation et qu’en ce qui concerne les hommes élevés comme des machistes il devrait être impossible qu’ils deviennent des féministes et plus encore de vraies femmes, si l’on pense aux transsexuels recourant eux aussi au bistouri pour se faire ouvrir une fente dans le corps et surtout dans l’esprit. Des hommes féminisés, des hommes désireux d’être femme et se comportant comme elles, il y en a toujours eu et il y en aura toujours et ce de plus en plus, vu la loi Taubira désormais votée par les FLR, les féministes-libéraux-républicains (gauche et droite mêlées) qui veulent nous faire croire (et se faire croire), qu’ils votent pour l’« égalité » alors qu’ils votent pour l’abolition des sexes, confirmant en cela la prédiction de Freud, plutôt humoristique à l’époque, qui désormais tourne au cauchemar.

    Un « machiste » par contre, c'est-à-dire un homme éduqué par une mère aimante mais pas possessive et un père droit mais pas dur, est quelqu’un qui ne deviendra ni un "pédé", ni une "tante", termes interdits selon la loi car homophobes, mais qui avaient le mérite, (pour ceux qui ont passé la cinquantaine), de situer l’enjeu avec une bienveillante ironie. Alors bien sûr, dès que vous utilisez ces termes, non seulement vous êtes mis au ban de la bien pensance mais certains psychanalystes féministes déclarés, vous envoient à la figure leur verdict : Vous êtes homophobe, cher monsieur, parce vous refoulez votre homosexualité !... c’est pour ça que vous la repoussez avec horreur !... Refouler, notion psychanalytique devenue une sorte de « chef d’accusation », appréciation psychologique tombant au niveau du juridique.

    A contrario, l’homme féministe (outre le fait qu’il a été éduqué par une mère castratrice et un père sans autorité, sans phallus au sens freudien) est un homme qui, si on y réfléchit deux secondes, n’a pas eu beaucoup de peine à le devenir pour la simple raison que, n’ayant pas ce phallus que le père aurait dû lui transmettre, mais possédant quand même un organe percé au bas de son dos, en est préoccupé. Et les psy, d’autres psy, savent aussi que ce « trou-la-la » là (humour qui je l’espère n’hérissera personne), quand on y pense trop, qu’on lui pose comme jadis le sphinx des questions métaphysiques, il finit lui aussi par questionner l’esprit juché au sommet du même dos en lui murmurant : Ne suis-je pas une femme comme tout le monde ? Si cet homme vit avec une féministe, les chances existent qu’il se laisse aller à l’homosexualité et devienne la "tante" déjà mentionnée, qu’il quitte son épouse et aille faire couple avec celui qui le confirmera dans son choix du même. Ça sera souvent celui qui fera de lui la femme qu’il a rêvé d’être, celui que pudiquement on appelle sodomite, terrorisé qu’on est à l’idée de dire avec des mots grossiers, des choses grossières : celui qui l’enc… Le sodomite étant (hormis le héros sadien qui est souvent un fou furieux meurtrier) celui qui, récusant ou craignant l’orifice féminin et le féminin en général, se dévoue pour faire plaisir à celui qui veut être une femme sans en avoir les organes ni les vertus et qui, à ce titre, lève l’interdit, l’angoisse, que tout mâle ressent devant le féminin et qui, pour cette raison, n’hésite pas à souiller son sexe, en l’introduisant - charitablement il est vrai - dans un anus masculin.

    « Vous oubliez la fellation », rétorquent les poètes, ces bonnes âmes qui s’efforcent -sans être sûr d’y arriver-, de ne pas porter de jugement, de rester neutres, « scientifiques » ! C’est en effet une autre option de l’homosexualité masculine. L’ampoule rectale – peu ragoûtante, il faut bien le dire, y compris pour ceux qui la préfèrent à d’autres vestibules – est alors évitée ainsi que le risque de contamination que la médecine souligne en invitant aux préservatifs. Le goût de l’impétrant est invité à se convertir à sa propre substance comme jadis Atoum-Rê le dieu primordial. Et je ne fais pas cette escapade dans l’histoire pour distraire, j’essaye de faire image, de faire imaginer ceux qui ont encore un sens métahistorique et artistique. C’est à ces époques révolues – et plus loin encore – qu’il faut faire retour pour saisir ce mystère.

    Atoum-Rê, dieu originel égyptien, comme l’est le couple Ouranos-Gaia des Grecs, est une des clés de cette énigme. S’enfantant lui-même il vint au monde, sur la colline primordiale. Ceci fait, il continue et le texte ajoute: « Ayant pris sa semence dans sa bouche, il cracha ou éternua, créant Shou, le dieu de l'air, et Tefnout, la déesse de l'humidité ». Atoum-Rê (son double nom indique sa double capacité comme pour le couple ouranien-chtonien) est donc l’initiateur de la première distinction mâle/femelle, le discriminateur de ce qui avant en lui était uni. On a bien sûr une histoire similaire au début de la Genèse, à laquelle le lecteur se reportera. L’Atoum-Rê d’il y a dix mille ou cent mille ans (nos repères temporels habituels se brouillent), est un briseur de rêve, celui précisément fusionnel du Féminin. Rêve qu’on a le droit ici encore de dire dé-généré puisque nos féministes d’un drôle de genre génèrent du sens avec ce mot genre (genus, generis) qui engendre la confusion puisqu’il sous-tend le physique et la… morale. Curieusement, on retrouve ce genre mentionné dans le traité de l’Union européenne reformulé (1), comme dans la loi taubira à l’issue de laquelle l’état civil ne devrait plus indiquer un père homme et une mère femme, mais un genre désexualisé, appelé parent 1 et parent 2. Pourquoi pas parente d’ailleurs ?! On aurait deux Femen, « qu’elles soient hommes ou femmes » !

    L’homosexualité masculine exclusive, permanente, n’est plus une maladie depuis que l’OMS l’a déclassifiée et il serait donc criminel de le prétendre, mais rien ne nous empêche de la dire régressive. Permanente ou intermittente, elle exprime l’angoisse-fascination de l’homme devant la violence d’une sexualité ambivalente et son désir de la nier tout en… l’explorant ! Elle est alors un piment nécessaire aux aventureux pour comprendre par action vécue et non par théories, fussent-elle gendreuses, ce qui s’agite, dans leur subconscient. L’homosexualité féminine par contre, est moins taboue, scandalise moins le commun, car n’invite pas à se nourrir de l’ « étrange substance du dieu ».

    Dans l’acte de fellation, ce qui sauve l’être humain-femme, contrairement à l’homme, c’est l’absorption consciente de son principe opposé, le sperme, hostie unique en son genre que seul le masculin peut lui offrir. Absorber le « jus divin », s’en constituer ou s’en reconstituer, se « masculiniser » par lui de façon fantasmatique, peut alors être vu dans la perspective du geste atoumien comme redécouverte par notre Eve moderne de l’instinct divin originel. Pour être Elle, elle s’abouche au Dieu Originel, recule dans l’archaïque, revient au « premier matin du monde », dans le Monde d’Avant qu’Il Fut. Elle visite la colline primordiale, lointain « mont de Vénus » quand Vénus-Aphrodite était vivante et « plongeait dans l’écume » (aphros = écume, dutès = qui plonge).

    Pour l’homosexuel homme, dont l’être féminin caché jalouse celle qui seule a ce privilège, les choses s’inversent. S’il s’y livre, ce « retour » fait de lui un ouroboros mimétique, falsifié, où se brise la dynamique de la bisexualité, un Narcisse charnel si insatisfait de l’image de son corps qu’il doit trébucher sur « sa chair identique », sur le corps du presque autrui, être à lui-même et pour l’autre, pierre de scandale, se compromettre en impliquant l’autre, s’acter out sur la scène publique pour y être « puni » une seconde fois après s’être puni lui-même dans le secret brûlant de son manque. Explorer plus avant cette thèse (2) dans ses dimensions historiques, anthropologiques, psychologiques ou médicales, exigerait un développement très long. C’est pour l’instant inenvisageable de la proposer à la plupart des sexués humains aveuglés par la propagande mondialiste uniformisante, sauf à quelques happy few qui ne manifestent pas, n’agitent pas d’arc-en-ciel multicolore, mais portent peut-être sur leur front des « lettres de feu ».

    Marc Gébelin http://euro-synergies.hautetfort.com

    Notes :

    (1) Initialement, l’article 2 du Traité sur l’Union européenne dispose que “l’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité ...” Or, dans la résolution du 12 décembre 2012 sur la situation des droits fondamentaux dans l’UE, les parlementaires européens ont légèrement reformulé cet article. Ils considèrent que ce dernier “fonde l’Union sur une communauté de valeurs indivisibles et universelles de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de genre“.

    (2) Des ethnologues ont approché le mystère sans lui apporter des explications convaincantes. Reprenant l’accusation que je dénonçais plus haut, serait-il absurde de leur retourner le compliment d’être « aveuglés par leur homosexualité latente » ? ce qui, je m’empresse de le souligner, ne serait pas une condamnation. Maurice Godelier en est un exemple. Ex-marxiste, donc féministe (puisque le marxisme est un féminisme, une philosophie positionnant le non-agir plus haut que l’agir, l’immanent plus authentique que le transcendant, l’existence plus certaine que l’essence, bref un matérialisme), il tente d’éclairer dans son livre "La production des grands hommes", le système des Baruyas de Papouasie qui vivent une homosexualité masculine initiatique adossée à une domination des hommes sur les femmes qui, toutefois, c’est lui qui souligne, est loin d’être totale. Fidèle à son préjugé de départ qu’il mondialise, il tente de générer une théorie globale où l’homme-dominateur-prétentieux-de-la-femme, est le fil rouge. Il a donc approuvé le fameux « mariage-pour-tous » comme Françoise Héritier, ethnologue de renom elle aussi, mais qui a l’« excuse », elle, d’être une femme. Il était piquant de voir au Palais du Luxembourg, cet hiver, ces deux prophètes de la modernité essayant de convaincre les sénateurs du bien fondé d’une « loi » qui déjà, seulement par son intitulé (mariage pour tous et non mariage homosexuel), montre son mensonge et son désir corollaire de tromper. Godelier, incapable de subsumer son marxisme communisant, en une théorie plus haute qui, tout en tenant compte de la mécanique qui entraine les sociétés humaines à leur insu, n’essaye même pas d’y insérer la transcendance comme le font les grands penseurs tels Shakespeare, Borges ou De Retz, cités dans l’article sur le Kairos.

  • Ce que vous ignorez sur le Groupe de Bilderberg

    Depuis plusieurs années, l’idée s’est répandue que le Groupe de Bilderberg serait un embryon de gouvernement mondial. Ayant eu accès aux archives de ce club très secret, Thierry Meyssan montre que cette description est une fausse piste utilisée pour masquer la véritable identité et fonction du Groupe : le Bilderberg est une création de l’OTAN. Il vise à convaincre des leaders et à manipuler l’opinion publique à travers eux pour la faire adhérer aux concepts et aux actions de l’Alliance atlantique.

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    Première réunion du Groupe, à l’hôtel Bilderberg (1954)

    Chaque année, depuis 1954, une centaine des plus éminentes personnalités d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord se réunissent —à huis clos et sous très haute protection— au sein du Groupe de Bilderberg. Leur séminaire dure trois jours et rien ne transparait de leurs débats.

    Depuis la dislocation de l’Union soviétique, des journalistes se sont intéressés à cette organisation élitiste et secrète. Certains auteurs y ont vu un embryon de gouvernement mondial et lui attribuent les principales décisions politiques, culturelles, économiques et militaires de la seconde moitié du XXe siècle. Une interprétation qu’a relayée Fidel Castro, mais que rien n’est venue confirmer, ni infirmer.

    Pour savoir ce qu’est ou n’est pas le Groupe de Bilderberg, j’ai cherché des documents et des témoins. J’ai eu accès à l’intégralité de ses archives pour la période 1954-1966 et à de nombreuses pièces ultérieures, et j’ai pu discuter avec un de ses anciens invités que je connais de très longue date. Aucun journaliste à ce jour, et certainement pas les auteurs à succès qui ont popularisé les clichés actuels, n’a eu accès à tant de documents internes du Bilderberg.

    Voici ce que j’ai découvert et compris.

    La première réunion

    70 personnalités, issues de 12 pays, participent à la première réunion du Groupe. C’est un séminaire de trois jours, du 29 au 31 mai 1954, près d’Arnhem (Pays-Bas). Les invités sont répartis dans deux autres hôtels avoisinants, mais les débats se tiennent dans l’établissement principal qui donna son nom au Groupe.

    Les invitations, à en-tête du Palais de Soestdijk, sont sybillines. : « J’apprécierais vivement votre présence au congrès international, sans caractère officiel, qui se tiendra aux Pays-Bas vers la fin du mois de mai. Ce congrès désire étudier un certain nombre de questions d’une grande importance pour la civilisation occidentale et a pour but de stimuler le goodwill et l’entente réciproque grâce à un libre échange de vues ». Elles sont signées du prince consort des Pays-Bas, Bernhard zur Lippe-Biesterfeld, et accompagnées de quelques pages d’informations administratives sur le transport et l’hébergement. Tout au plus y apprend-on que les délégués seront issus des États-Unis et de 11 États ouest-européens, et que 6 séances de travail de 3 heures chacune sont prévues.

    Vu le passé nazi du prince Bernhard (qui avait servi dans la cavalerie SS jusqu’à son mariage en 1937 avec la princesse Juliana) et dans le contexte du McCarthysme, il est clair que les « questions d’une grande importance pour la civilisation occidentale  » tournent autour de la lutte contre le communisme.

    Une fois arrivé sur place, l’impression des invités est tempérée par les deux présidents de séance : l’entrepreneur états-unien John S. Coleman et le ministre belge sortant des Affaires étrangères Paul van Zeeland. Le premier est un militant du libre-échange, le second est un partisan de la Communauté européenne de Défense (CED) [1]. Enfin, on aperçoit en bout de tribune Joseph Retinger, l’éminence grise des Britanniques. Tout cela laisse à penser que les monarchies hollandaise et britannique ont sponsorisé cette réunion pour soutenir la Communauté européenne de Défense et le modèle économique du capitalisme libre-échangiste face à l’anti-américanisme que promeuvent communistes et gaullistes.

    Cependant, les apparences sont trompeuses. Il ne s’agit pas de faire campagne pour la CED, mais de mobiliser les élites pour la Guerre froide.

    S.A.R. le prince Bernhard a été choisi pour convoquer ce congrès parce que son statut de prince consort lui donne un caractère étatique sans pour autant être officiel. Il masque le commanditaire : une organisation inter-gouvernementale qui entend manipuler les gouvernements de certains de ses États membres.

    John S. Coleman n’est pas encore le président de la Chambre de Commerce des États-Unis, mais il vient de créer le Comité des citoyens pour une politique nationale du Commerce (Citizen’s Committee for a National Trade Policy — CCNTP). Selon lui, le libre-échange absolu, c’est-à-dire le renoncement à tous les droits de douane, permettra aux pays alliés des États-Unis d’accroître leur richesse et de financer la Communauté européenne de Défense (c’est-à-dire de réarmer l’Allemagne et d’intégrer sa puissance militaire potentielle au sein de l’OTAN)

    Or, les documents en notre possession montrent que le CCNTP n’a de citoyen que le nom. C’est en réalité une initiative de Charles D. Jackson, le conseiller en guerre psychologique de la Maison-Blanche. L’opération est pilotée en amont par William J. Donovan, l’ancien commandant de l’OSS (le service de renseignement US durant la guerre) désormais chargé d’édifier la branche américaine du nouveau service secret de l’OTAN, le Gladio [2].

    Paul van Zeeland n’est pas seulement le promoteur de la Communauté européenne de Défense, c’est aussi un politicien de grande expérience. À la Libération, il a présidé la Ligue indépendante de coopération européenne (LICE) dont l’objectif est de créer une union douanière et monétaire. Cette organisation a été mise en place par Joseph Retinger, déjà cité.

    Précisément Retinger, qui fait office de secrétaire du congrès de Bilderberg, a servi durant la guerre dans les services secrets anglais (SOE) du général Colin Gubbins. Aventurier polonais, Retinger s’est retrouvé conseiller du gouvernement Sikorski en exil au Royaume-Uni. À Londres, il a animé le microsome des gouvernements en exil se faisant ainsi le plus beau carnet d’adresse de l’Europe libérée.

    Son ami Sir Gubbins a officiellement quitté le service et le SOE a été dissout. Il dirige une petite entreprise de tapis et textiles, qui lui sert de « couverture ». En réalité, aux côtés de son homologue Donovan, il est chargé de créer la branche anglaise du Gladio. Il a participé à toutes les réunions préparatoires du congrès de Bilderberg et est présent parmi les invités, assis à côté de Charles D. Jackson.

    À l’insu des participants, ce sont donc les services secrets de l’OTAN qui sont la puissance invitante. Bernhard, Coleman et van Zeeland servent de paravents.

    N’en déplaise aux journalistes imaginatifs qui ont cru discerner dans le Bilderberg une volonté de créer un gouvernement occulte mondial, ce club de personnalités influentes n’est qu’un outil de lobbying de l’OTAN pour la promotion de ses intérêts. C’est beaucoup plus sérieux et beaucoup plus dangereux, car c’est l’OTAN qui ambitionne d’être un gouvernement occulte mondial garantissant la pérennité du statu quo international et de l’influence US.

    D’ailleurs, la sécurité de chaque réunion ultérieure ne sera pas assurée par la police du pays hôte, mais par les soldats de l’Alliance.

    Parmi les dix orateurs inscrits, on relève deux anciens Premiers ministres (Guy Mollet, France et Alcide de Gasperi, Italie), trois responsables du Plan Marshall, le faucon de la Guerre froide (Paul H. Nitze) et surtout un très puissant financier (David Rockefeller).

    Selon les documents préparatoires, une vingtaine de participants sont dans la confidence. Ils savent plus ou moins en détail qui sont les tireurs de ficelles et ont rédigé à l’avance leurs interventions. Les moindres détails ont été ajustés et il n’y a aucune part d’improvisation. Au contraire, la cinquantaine d’autres participants ignore tout de ce qui se trame. Ils ont été choisis pour influencer leurs gouvernements respectifs et l’opinion publique de leur pays. Le séminaire est donc organisé pour les convaincre et pour les pousser à s’engager à propager les messages que l’on veut diffuser.

    Les interventions ne portent pas sur les grands problèmes internationaux, mais analysent la stratégie idéologique supposée des Soviétiques et exposent la manière dont elle doit être contrée dans le « monde libre ».

    Les premières interventions évaluent le danger communiste. Les « communistes conscients » sont des individus qui entendent placer leur patrie au service de l’Union soviétique afin d’imposer au monde un système collectiviste. Ils doivent être combattus. Mais cette lutte est difficile car ces « communistes conscients » sont noyés en Europe dans une masse d’électeurs communistes qui ignorent tout de leurs sombres desseins et les suivent dans l’espoir de meilleures conditions sociales.

    Progressivement, la rhétorique se durcit. Le « monde libre » doit affronter le « complot communiste mondial », non seulement de manière générale, mais aussi en répondant à des questions concrètes sur les investissements états-uniens en Europe ou sur la décolonisation.

    Enfin, les orateurs en arrivent au problème principal —que les Soviétiques, assurent-ils, exploitent à leur profit— : pour des raisons culturelles et historiques, les responsables politiques du « monde libre » emploient des arguments différents aux États-Unis et en Europe, arguments qui se contredisent parfois. Le cas le plus emblématique est celui des purges organisées par le sénateur McCarthy aux États-Unis. Elles sont indispensables pour sauver la démocratie, mais la méthode choisie est ressentie en Europe comme une forme de totalitarisme.

    Le message final, c’est qu’aucune négociation diplomatique, aucun compromis n’est possible avec les « Rouges  ». Il faut empêcher coûte que coûte les communistes de jouer un rôle en Europe occidentale, mais il va falloir ruser : comme on ne peut pas les arrêter et les fusiller, il faudra les neutraliser avec discrétion, sans que leurs électeurs eux-mêmes s’en rendent compte. Bref, l’idéologie qui est développée, c’est celle de l’OTAN et du Gladio. Il n’a jamais été dit que l’on truquerait les élections, ni que l’on assassinerait les tièdes, mais tous les participants ont admis que pour sauver le « monde libre », il faudrait mettre la liberté entre parenthèses.

    Bien que le projet de Communauté européenne de Défense (CED) ait échoué trois mois plus tard sous les coups de boutoir des députés communistes et « nationalistes extrémistes » (c’est-à-dire gaullistes) au Parlement français, le congrès fut considéré comme un succès. Malgré les apparences, il n’avait pas pour but de soutenir la création de la CED ou toute autre mesure politique précise, mais de diffuser une idéologie dans la classe dirigeante, puis à travers elle dans la société. Objectivement, les Européens de l’Ouest avaient de moins en moins conscience des libertés dont ils étaient privés et ils étaient de plus en plus informés des libertés qui faisaient défaut aux habitants de l’Europe de l’Est.

    Le Bilderberg devient une organisation

    Un second congrès est donc organisé en France, du 18 au 20 mars 1955. À Barbizon.

    Progressivement l’idée que ces congrès seront annuels et qu’ils nécessitent un secrétariat permanent s’impose. Le prince Bernhard se met en retrait lorsqu’il est pris en flagrant délit de trafic d’influence (scandale Lockheed-Martin). Il cède à l’ancien Premier ministre britannique Alec Douglas Home (1977-80), la présidence qui sera ensuite tenue par l’ancien chancelier et président allemand Walter Scheel (1981-85), l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Eric Roll (1986-89), l’ancien secrétaire général de l’OTAN Peter Carrington (1990-98), et enfin l’ancien vice-président de la Commission européenne Étienne Davignon (depuis 1999).

    Pendant longtemps, le président du Groupe de Bilderberg est assisté de deux secrétaires généraux, un pour l’Europe et le Canada (les États vassaux), l’autre pour les États-Unis (le suzerain), cependant, il n’y a plus qu’un seul secrétaire général depuis 1999.

    D’une année sur l’autre, les débats sont très redondants, c’est pourquoi les invités changent. Il y a toujours un noyau dur qui a préparé le séminaire à l’avance et des nouveaux venus à qui l’on inculque la rhétorique atlantiste du moment.

    Actuellement, les séminaires annuels rassemblent plus de 120 participants, dont toujours un tiers forment le noyau dur. Ils ont été sélectionnés par l’Alliance en fonction de l’importance de leurs relations et de leur capacité d’influence, indépendamment de leurs fonctions dans la société. Ainsi, ils restent membres du noyau dur lorsqu’ils changent de métier.

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    Étienne Davignon, secrétaire général du Groupe de Bilderberg

    Conseil d’administration

    Banquier suisse, directeur de la Deutsche Bank, vice-président du Forum de Davos.
    Roger C. Altman     Banquier états-unien, ancien conseiller des campagnes électorales de John Kerry et Hillary Clinton, directeur de la banque d’affaire Evercore Partners Inc.
    Francisco Pinto Balsemão     Ancien Premier ministre socialiste du Portugal (1981-83), président-fondateur du plus important groupe de télévision portugais SIC. (T)
    Fran Bernabè     Banquier italien, actuel patron de Telecom Italia (T)
    Henri de Castries     Pdg de l’assureur français AXA
    Juan Luis Cebrián     Directeur du groupe de presse écrite et audiovisuel espagnol Prisa.
    W. Edmund Clark     Banquier canadien, PDF de Toronto-Dominion Bank Financial Group
    Kenneth Clarke     Ancien vice président de British American Tobacco (1998-2007), Garde des sceaux et ministre britannique de la Justice, vice-président du Mouvement européen UK.
    George A. David     Pdg de Coca-Cola.
    Étienne Davignon     Homme d’affaire belge, ancien vice-président de la Commission européenne (1981-85), actuel vice-président de Suez-Tractebel.
    Anders Eldrup     Pdg de la société danoise des gaz et pétrole DONG Energy.
    Thomas Enders     Directeur d’Airbus.
    Victor Halberstadt     Professeur d’économie à l’université néerlandaise de Leiden, il conseille diverses sociétés telles que Goldman Sachs ou Daimler-Chrysler.
    James A. Johnson     Financier états-unien, il fut un des principaux responsables du Parti démocrate et un des artisans de l’investiture de Barack Obama. Il est vice-président de la banque d’affaire Perseus.
    John Kerr of Kinlochard     Ancien ambassadeur du Royaume-Uni à Washington, vice-président du groupe pétrolier Royal Dutch Shell (T)
    Klaus Kleinfeld     Pdg allemand du géant états-unien de l’aluminium, Alcoa.
    Mustafa V. Koç     Pdg de la holding Koç, première entreprise turque.
    Marie-Josée Drouin-Kravis     Éditorialiste économique dans la presse écrite et audiovisuelle canadienne. Chercheuse au très militariste Hudson Institute. Elle est la troisième épouse de Henry Kravis.
    Jessica T. Mathews     Ancienne directrice des affaires globales au Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis. Actuelle directrice de la Fondation Carnegie.
    Thierry de Montbrial     Économiste, directeur-fondateur de l’Institut français des relations internationales (IFRI) et de la World Policy Conference.
    Mario Monti     Économiste italien, ancien commissaire européen à la concurrence (1999-2005), co-fondateur du Spinelli Group pour le fédéralisme européen.
    Egil Myklebust     Ancien président du patronat norvégien, directeur de Scandinavian Airlines System (SAS).
    Matthias Nass     Directeur adjoint du quotidien allemand Die Zeit
    Jorma Ollila     Homme d’affaire finlandais, ancien Pdg de Nokia, actuel président du groupe pétrolier Royal Dutch Shell.
    Richard N. Perle     Ancien président du Conseil consultatif de Défense du Pentagone, il est un des principaux leaders des Straussiens (les disciples de Leo Strauss) et à ce titre, une figure majeure du néo-conservatisme.
    Heather Reisman     Femme d’affaire canadienne, Pdg du groupe d’édition Indigo-Chapters.
    Rudolf Scholten     Ancien ministre autrichien des Finances, gouverneur de la Banque centrale.
    Peter D. Sutherland     Ancien commissaire européen irlandais à la concurrence, puis directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce.Ancien directeur de BP. Actuel président de Goldman Sachs International. Ancien président de la section européenne de la Commission trilatérale, et vice-président de l’European Round Table of Industrialists, actuel président d’honneur du Mouvement européen Irlande.
    J. Martin Taylor     Ancien député britannique, Pdg du géant de la chimie et de l’agroalimentaire Syngenta.
    Peter A. Thiel     Chef d’entreprise états-unien, Pdg de PayPal, président de Clarium Capital Management et à ce titre actionnaire de Facebook.
    Daniel L. Vasella     Pdg du groupe pharmaceutique suisse Novartis.
    Jacob Wallenberg     Banquier suédois, il est administrateur de nombreuses compagnies transnationales.

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    Henry Kissinger, principal responsable des invitations au Groupe de Bilderberg

    Membres cachés du noyau dur

    Carl Bildt     Ancien Premier ministre libéral de Suède (1991-94), ancien envoyé spécial de l’Union européenne puis de l’ONU dans les Balkans (1995-97, 1999-2001), actuel ministre suédois des Affaires étrangères. (T)
    Oscar Bronner     Pdg du quotidien autrichien Der Standard.
    Timothy C. Collins     Financier états-unien, directeur du fond de placement Ripplewood. (T)
    John Elkann     PDG du groupe italien d’automobile Fiat (son grand-père Gianni Agnelli fut pendant quarante ans un des animateurs du Groupe de Bilderberg. Il a hérité de la fortune familiale après le décès de mort naturelle de son grand-père Giovanni et la mort prématurée de son oncle Edoardo. Cependant, des sources policières sont convaincues que Edoardo a été assassiné après qu’il se soit converti à l’islam chiite, de sorte que la fortune revienne à la branche juive de la famille).
    Martin S. Feldstein     Ancien conseiller économique de Ronald Reagan (1982-84), et actuel conseiller économique de Barack Obama. Il a aussi été conseiller de George W. Bush pour le Renseignement extérieur. Il enseigne à Harvard. (T)
    Henry A. Kissinger     Ancien conseiller de sécurité nationale des Etats-Unis et secrétaire d’Etat, personnalité centrale du complexe militaro-industriel US, actuel président de la société de conseil Kissinger Associates.
    Henry R. Kravis     Financier états-unien gestionnaire du fond de placement KKR. Il est un des principaux collecteurs de fonds du Parti républicain.
    Neelie Kroes     Ancienne ministre néerlandaise libérale des Transports, commissaire européenne à la concurrence, et actuelle commissaire à la société numérique.
    Bernardino Léon Gross     Diplomate espagnol, secrétaire général de la présidence du gouvernement socialiste de José-Luis Zapatero.
    Frank McKenna     Ancien membre de la Commission de surveillance des services de renseignement canadiens, ambassadeur du Canada à Washington (2005-06), vice-président de la Banque Toronto-Dominion.
    Beatrix des Pays Bas     Reine de Hollande. Elle est la fille du prince Bernhard.
    George Osborne     Ministre britannique des Finances. Ce néo-conservateur est considéré comme un eurosceptique. Il faut comprendre par là qu’il est opposé à la participation du Royaume-Uni à l’Union européenne, mais qu’il est partisan de l’organisation du continent au sein de l’Union.
    Robert S. Prichard     Économiste canadien, directeur du groupe de presse écrite et audiovisuelle Torstar.
    David Rockefeller     Le patriarche d’une longue lignée de financiers. Il est le plus ancien membre du noyau dur des Bilderbergers. Il est également le président de la Commission Trilatérale, une organisation similaire intégrant des participants asiatiques.
    James D. Wolfensohn     Financier australien ayant pris la nationalité états-unienne pour devenir président de la Banque mondiale (1995-2005), aujourd’hui directeur du cabinet conseil Wolfensohn & Co.
    Robert B. Zoellick     Diplomate états-unien, ancien délégué au Commerce des États-Unis (2001-05), actuel président de la Banque mondiale.

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    David Rockefeller, conseiller du Groupe de Bilderberg

    Les Bilderbergers n’engagent pas les entreprises ou institutions dans lesquelles, ils travaillent. Cependant, il est intéressant d’observer la diversité de leurs secteurs d’activité.

    Le lobby de la plus puissante organisation militaire mondiale

    Au cours des dernières années, le nombre de sujets abordés lors des séminaires annuels a augmenté en fonction de l’actualité internationale. Mais cela ne nous apprend rien, car ces discussions n’ont aucun objet en elles-mêmes, elles sont juste des prétextes pour faire passer des messages. Malheureusement, nous n’avons pas eu accès aux documents préparatoires les plus récents et ne pouvons que supputer sur les mots d’ordre que l’OTAN s’efforce de diffuser via ces leaders d’opinion.

    La réputation du Groupe de Bilderberg a conduit certains auteurs à lui attribuer des capacités de nomination. C’est stupide et cela masque les vrais tireurs de ficelles qui se trouvent au sein de l’Alliance atlantique.

    Par exemple, on a rapporté que durant la dernière campagne électorale présidentielle aux États-Unis, Barack Obama et Hillary Clinton ont disparu durant une journée, le 6 juin 2008, pour négocier à l’écart la fin de leur rivalité. Ils se sont en réalité rendus au séminaire annuel du Groupe de Bilderberg, à Chantilly (Virginie, USA). Or, le lendemain, Mme Clinton annonçait qu’elle se retirait de la course. Certains auteurs en ont conclu que la décision a été prise au cours de la réunion du Bilderberg. Ce n’est pas logique, dans la mesure où cette décision était certaine depuis trois jours vu le nombre de voix du sénateur Obama au sein du comité d’investiture du Parti démocrate.

    Selon notre source, c’est autre chose qui s’est passé. Barack Obama et Hillary Clinton ont conclu à l’écart un accord financier et politique. Le sénateur Obama a renfloué les caisses de sa rivale et lui a offert un poste dans son administration (Mme Clinton a refusé la vice-présidence et a choisi le département d’État) en échange de son soutien actif durant la campagne contre le candidat républicain. Puis, les deux leaders ont été introduits par James A. Johnson au séminaire du Bilderberg où ils ont assuré les participants qu’ils travailleraient ensemble. Depuis longtemps déjà, Barack Obama était le candidat de l’OTAN. M. Obama et sa famille ont toujours travaillé pour la CIA et le Pentagone [3]. De plus, les premiers financements de sa campagne ont été fournis par la Couronne d’Angleterre via l’homme d’affaire Nadhmi Auchi. En présentant le sénateur noir aux Bilderbergers, l’Alliance atlantique organisait à l’échelle internationale les relations publiques du futur président des États-Unis.

    De même, on a rapporté que le Groupe de Bilderberg a organisé un dîner impromptu, hors séminaire, le 14 novembre 2009 au Château de Val Duchesse, propriété du roi de Belgique. L’ancien Premier ministre belge Herman von Rompuy y a prononcé un discours. Or, cinq jours plus tard, il fut élu président du Conseil européen. Là encore, certains auteurs en on conclu à tort que le Groupe de Bilderberg était le « faiseur de roi ».

    En réalité, le président de l’Union européenne ne pouvait pas être choisi en dehors des cercles de l’OTAN, puisque —rappelons-le— l’Union européenne est issue des clauses secrètes du Plan Marshall. Et ce choix devait être avalisé par les États membres. Ce type de décision nécessite de longues négociations et ne se prend pas lors d’un dîner entre amis.

    Toujours selon notre source, le président du Groupe de Bilderberg, Étienne Davignon, a convoqué ce dîner exceptionnel pour présenter van Rompuy à ses relais d’influence. La chose était d’autant plus indispensable que la première personnalité à occuper la nouvelle fonction de président de l’Union était totalement inconnue en dehors de son pays. Au cours du repas, M. Van Rompuy a exposé son programme de création d’un impôt européen pour financer directement les institutions de l’Union sans passer par les États membres. Il restait aux Bilderbergers à clamer partout où ils le pouvaient qu’ils connaissent Herman von Rompuy et attestent de ses qualités pour présider l’Union.

    La réalité du Groupe de Bilderberg est donc moins romantique que certains auteurs à succès l’ont imaginée. L’incroyable déploiement de forces militaires pour assurer sa sécurité n’a pas tant pour objet de le protéger que d’impressionner ceux qui y participent. Il ne manifeste pas leur puissance, mais leur montre que la seule vraie puissance en Occident, c’est l’OTAN. Libre à eux de la soutenir et d’être appuyés par elle, ou de la combattre et d’être inexorablement écrasés.

    En outre, bien que le Groupe de Bilderberg ait développé à ses débuts une rhétorique anti-communiste, il n’était pas tourné contre l’URSS et n’est pas aujourd’hui tourné contre la Russie. Il suit la stratégie de l’Alliance qui n’est pas un Pacte contre Moscou, mais pour la défense —et éventuellement l’extension— de la zone d’influence de Washington. À sa création, l’OTAN avait espéré intégrer l’Union soviétique, ce qui aurait équivalu à un engagement de Moscou de ne pas remettre en cause le partage du monde issu des conférences de Postdam et de Yalta. Récemment l’Alliance a accueilli le président Dmitry Medvedev au sommet de Lisbonne et lui a proposé que la Russie se joigne à elle. Il ne s’agirait pas alors d’une vassalisation, mais de la reconnaissance du Nouvel Ordre Mondial, dans lequel toute l’Europe centrale et orientale est passée dans l’orbite états-unienne. Une adhésion russe vaudrait en quelque sorte traité de paix : Moscou reconnaitrait sa défaite dans la Guerre froide et le nouveau partage du monde.

    Dans ce cas, le Groupe de Bilderberg inviterait des personnalités russes à ses réunions annuelles. Il ne leur demanderait pas d’influer l’opinion publique russe pour l’américaniser, mais pour la convaincre de renoncer définitivement aux rêves de grandeur du passé.

    [1] La CED est un projet qui visait à créer une armée européenne intégrée à l’OTAN. Il fut rejeté en 1954 par le Parlement français à l’instigation des Gaullistes et du Parti communiste. Il faut attendre 2010-11 pour que ce projet trouve un début de réalisation avec l’entente franco-britannique au sein de l’OTAN et la guerre de Libye.

    [2] « Les armées secrètes de l’OTAN », par Daniele Ganser. Cet ouvrage est publié en feuilleton sur Voltairenet.org.

    [3] « La biographie cachée des Obama : une famille au service de la CIA » (2 parties), par Wayne Madsen, Réseau Voltaire, 30 août et 20 septembre 2010.