Dans un dossier consacré post mortem à Jean Raspail, il aurait été injuste de réduire Raspail au Camp des saints tant son œuvre accoste à d’autres rivages. Mais il était malhonnête de faire l’impasse sur cette évocation d’une grande invasion indienne à un million de migrants, sujet qui nous rappelle tellement le problème identitaire tel qu’il se pose aujourd’hui, 50 ans plus tard aussi bien en Europe qu’aux États-Unis.
Le Camp des saints est une vaste parabole, devenue célèbre avec le temps, qui donne raison à ce roman d’anticipation. Publié en 1973, c’est l'un des premiers dans la longue série des Raspail, c'est aussi celui qui a fait le plus parler de lui, l’auteur ayant tenu à enfreindre, avec une sorte d’allégresse, le tabou racial sur lequel le parlement français était d’ailleurs juste en train de légiférer à travers la Loi Pleven.