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JT du Jeudi 03 Décembre 2015 -Régionales / Focus sur la Bourgogne-Franche-Comté
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Agitprop
Petit rappel des principales techniques de manipulation largement utilisées par nos maîtres - avec un indéniable succès. L'origine de cette synthèse (faussement attribuée à Noam Chomsky) est perdue dans les méandres du net. Je reproduis une version "allégée" par mes soins du billet publié chez Les moutons enragés.
1 – La stratégie de la diversion
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.
2 – Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter.
3 – La stratégie du dégradé
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4 – La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
5 – S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisant, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental.
6 – Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
7 – Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.
8 – Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
9 – Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !...
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Forum de la Dissidence (3è partie)
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Le rôle croissant des diasporas dans la globalisation
Le thème de la fuite des cerveaux avait été lancé par la Grande-Bretagne dans les années 70 lorsque nombre de britanniques furent attirés aux États-Unis. Les nouvelles technologies ont relancé la question en des termes comparables alors que nombre de pays ont pris conscience du phénomène et proposent des modalités spécifiques pour conserver un lien avec leurs scientifiques et techniciens de haut niveau. Un livre récent (1) expose certaines expériences et nous facilite l’appréciation des conséquences.
Le Japon : une expérience de pionnier
L’Ère Meiji, entre 1868 et 1912, se caractérisa par l’envoi de nombreux étudiants japonais en “Occident”. Ils étaient organisés afin de retransmettre à leur pays les connaissances scientifiques et techniques auxquelles ils avaient accès. Aujourd’hui il en va de même mais, en sens inverse, le Japon freine l’accueil des scientifiques, chercheurs, enseignants des autres parties du monde. Il les considère comme un risque pour la cohésion du peuple. Leur politique se résumerait ainsi : on importe les idées et les techniques mais non les hommes et les produits.
Les PVD : l’expatriation est une opportunité
L’Inde a donné l’exemple à tous les pays en développement. Les élites installées à l’étranger transfèrent des devises dans leur pays d’origine, constituent des groupes de pression disposés à défendre les intérêts de leur pays, forment une réserve de compétences dans laquelle puiser en cas de besoin. On débouche ainsi sur le modèle de la Diaspora.
Les pays anglo-saxons : puiser selon ses besoins
Depuis 1968, les USA pratiquent une sélection féroce des accueils. Aujourd’hui, 80% des chercheurs qui y travaillent sont d’origine étrangère. Parallèlement, cette politique a découragé les autochtones d’entreprendre des carrières scientifiques. Depuis dix ans, quelques journalistes américains se demandent de temps à autre ce qu’il adviendrait des USA si les savants asiatiques retournaient massivement dans leurs pays respectifs puisqu’on observe un reflux régulier.
Circulation des compétences
En s’appuyant sur l’exemple des pays asiatiques comme la Corée du Sud, on peut affirmer que le retour vers le pays d’origine est lié au degré de développement de celui-ci. Dans un pays qui se développe régulièrement, les écarts absolus de niveau de vie entre l’Occident et ce pays se réduisent et des opportunités professionnelles apparaissent. Le retour en est facilité. L’exemple chinois est comparable. Alors qu’une certaine propagande affirme que les savants quittent le pays pour des raisons de libertés politiques, les enquêtes menées auprès des savants chinois en fonction aux USA montrent qu’ils reviendraient en Chine si l’ouverture scientifique du pays, sa croissance économique et sa stabilité politique étaient assurées.
Les conditions technologiques de ce siècle favorisent la communication et la collaboration scientifiques entre personnes situées à de grandes distances. Les liens sont possibles entre savants et chercheurs expatriés ou non. Le modèle des diasporas prend forme désormais.
Le processus d’enregistrement, de mobilisation, d’organisation et de connexion des savants expatriés avec leurs pays d’origine a pris une tournure systématique. Il faut cependant que les pays aient atteint un certain niveau de développement socio-économique pour que les chercheurs et savants accomplissent des aller-retour entre pays d’origine et pays de destination.
L’avenir radieux des diasporas
◊ 1 – Les établissements d’enseignement des pays anglo-saxons, Royaume-Uni, Australie, États-Unis, Canada, font payer la scolarité aux étudiants étrangers. L’offre d’enseignement se diversifie et s’améliore en fonction des demandes exigeantes des consommateurs d’études. Ce choix entretient la dynamique des établissements et des flux d’étudiants. Il est prévisible que les pays qui, comme la France, accueillent gratuitement les étudiants étrangers, ainsi subventionnés par les autochtones, s’épuiseront économiquement dans cette politique. À moins qu’une volonté subversive ne soit à l’œuvre, elle sera modifiée.
◊ 2 – L’émergence et le développement des réseaux diasporiques concerne aujourd’hui de multiples pays. Deux grandes “civilisations” se sont attachées à gérer leurs diasporas : la Chine et l’Inde. Ce phénomène évolue en relation avec la mondialisation des échanges et les moyens modernes de communication. Ces diasporas peu à peu se superposent aux réseaux d’intérêts traditionnels et aux relations étatiques. Ces réseaux diasporés vont acquérir un pouvoir de plus en plus grand.
Il est prévisible qu’une superposition des diasporas aux activités économiques orientera l’économie vers une globalisation systématique, gage de leur réussite et de leur domination. Le pouvoir politique des États et le pouvoir économique influencé par des diasporas se déconnecteront de plus en plus. Le pouvoir économique privé prendra en charge de plus en plus souvent la science et la technique. Les empires privés vont dominer les prochaines décennies.
► Jean Dessalle, Nouvelles de Synergies Européennes n°55-56, 2002.
• Note :
1. Anne Marie & Jacques Gaillard : Les enjeux des migrations scientifiques internationales : De la quête du savoir à la circulation des compétences, L’Harmattan, 233 p., 1999.
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Julien Rochedy - Forum de la dissidence
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Le Jeu du prince
Avertissement : Cet article est paru dans Le Lien Légitimiste n° 65 de septembre-octobre 2015 (page 5), dans la rubrique Les Libres Propos de Catoneo. Comme le signale l'intitulé de la rubrique, ces propos peuvent se démarquer de la ligne éditoriale du journal mais pas toujours. A la relecture, ce billet m'est apparu théseux, limite emmerdant au sens où l'entendait Hubert Beuve-Méry. Il entre en archives Royal-Artillerie avec les quatre autres déjà publiés sur le même thème¹ sur votre blogue préféré.
Le jeu du prince se joue chez les royalistes et uniquement chez eux, les autres ne le connaissent pas, enfin, quelques-uns quand même peuvent nous surprendre à regretter la disparition du chef inaliénable de la Nation (sacré monsieur Macron, il leur a flanqué une belle frousse), mais généralement on ignore qu'il puisse s'agir d'un jeu. Celui-ci a de particulier qu'il se joue en solitaire et que son adversaire est l'avenir. Il se présente comme un échiquier sur lequel, au milieu de tous les autres, un pion est impossible à déplacer, le roi justement et il n'y a qu'une pièce du roi. Le reste est fait de tours, de chevaux, de soldats et de fous diagonaux. Chacun se reconnaîtra. Jouer contre l'avenir revient à jouer contre qui le gouverne, et quoi plus sûrement ne le fait que les lois. Les lois règnent sur l'avenir ; les rites et les règles sur le passé. Enfermé dans les Lois fondamentales du royaume, le roi du jeu n'a aucune liberté de mouvement au plan des principes qui commandent le choix qu'en firent les sages. Il ne saurait fuir, on ne peut l'inter-changer, l'escamoter au profit d'un choix plus commode, adapté aux temps, une figure plus aimable, plus capable, plus consensuelle, non ! C'est un roi dicté. Comme on le dirait chez les gueux : il faut faire avec !
Les lois peuvent aussi ruiner l'avenir comme la Providence s'y essaie parfois. Que l'on se remémore la fin de l'Ancien régime et nous verrons qu'Elle préempta le meilleur pour laisser aux lois les trois autres, lois qui tranchèrent en faveur du plus faible comme si elles avaient souhaité que tout cela cesse ! Mais accuser les lois fondamentales d'aveuglement est une grande dispute que nous commencerons quand nous aurons terminé d'autres querelles qui minent le royalisme. Prenons-les pour le moment comme elles sont, fondamentales et sacrées.
Le retour d'une monarchie sur les terres du vieux royaume disparu convoque bien plus de qualités chez l'impétrant désigné que n'en montrera jamais aucun honnête homme. Caractère trempé dans un tempérament d'exception, une éducation poussée, une formation spéciale à l'emploi futur sont indispensables. N'est pas roi qui veut, on l'oublie trop souvent, et dans les sphères dynastiques plus qu'ailleurs. S'il est impossible de déplacer ou de retirer le pion roi du jeu, gagner la partie revient à déplacer une grande part des responsabilités nées d'une restauration sur ses épaules. Dans le costume à la bonne taille, exprimant toutes les qualités de sa gouvernance, le prince régnant prendra toute la gloire des succès ; insuffisamment formé, trop dilettante voire sous-calibré dans la fonction, il demeurera le premier responsable d'une restauration échouée (pour la quatrième fois !). Vu d'où revient la France après deux siècles de chaos, on s'accorde à juger que les deux premiers titulaires d'une monarchie revenue doivent être irréprochables dans tous les compartiments du jeu, la compensation d'un défaut dirimant par le secours d'un Conseil privé exceptionnellement efficace ne pouvant intervenir qu'à compter du troisième.
Alors il faut au prince se former à l'emploi et accepter le souci permanent d'éduquer sa progéniture à succéder, ce qui n'est pas particulièrement excitant dans une période préparatoire dont on ignore la durée qui peut être très longue. On souhaite pour ses enfants le bonheur et l'insouciance comme chez tout le monde, alors qu'on n'est plus tout le monde. A l'éducation heureuse il faut substituer le dressage. Ceux qui se disent héritiers des Quarante Rois ou ne consentent qu'à n'être seraient bien inspirés de jauger les prémices d'une usurpation par défaut de niveau et de mesurer les efforts supplémentaires pour y atteindre.Le dernier roi de France "sur-cultivé" fut le duc de Berry qui n'était pas particulièrement taillé pour le poste. Nous le disions plus haut. Bien que son précepteur, monsieur le duc de La Vauguyon, l'ait poussé en histoire, géographie, mathématiques, sciences, droit public, latin, grec, anglais, italien, allemand et escrime, sa pensée politique restera influencée par Fénelon à la demande de son père, et par les Lumières, la plus sûre façon de ruiner la charpente féodale qui tenait tout l'édifice. Ce bon roi Louis XVI, cultivé plus qu'aucun prince de son époque, n'était pas formé au métier de roi ; Choiseul du fond de son exil s'en désolera. Alors s'il faut assimiler les bases communes et engranger les connaissances les plus étendues comme tous les enfants de l'establishment, il sied quand on est prince d'apprendre en plus celles du gouvernement des hommes. Et ces matières sont des spécialités qui ne s'enseignent ni à l'université ni dans les écoles d'administration, mais dans le monde réel. C'est en ce sens que l'on promeut la supériorité de la monarchie qui tient son avantage de l'éducation précoce des princes à la fonction au sein de leur famille. C'est indéniablement spécial. Cet apprentissage particulier a aussi l'avantage de conférer progressivement une certaine autorité naturelle à l'élève qui se démarque de ses camarades d'étude quand il comprend le chemin d'exception sur lequel il avance.
On peut citer quelques unes de ces spécialités : les finances internationales immergées brassent soixante-dix trillions de dollars par an et les produits dérivés dix fois plus, ce qui fait presque dix fois le PIB mondial ; on ne peut bouder ces réalités. Il faut en suivre l'impact économique, à défaut de ne pouvoir toujours le précéder. Les infra-stratégies des grandes puissances ne sont pas contenues dans les déclarations et programmes des gouvernements éphémères, ce sont des tendances de fond ; un prince ne peut les ignorer car tous les pays sont aujourd'hui interdépendants et les axes de plus grand effort des puissances sont rarement parallèles. Savoir sous quel angle les unes et les autres croiseront-elles le nôtre est primordial. Les marchés de denrées et matières premières règnent sur les conditions de vie des pays producteurs et touchent des milliards de gens, c'est une activité primordiale dans la globalisation capable de grands désordres, ses mécanismes doivent être maîtrisés pour en anticiper les effets, trop souvent nocifs. Il est d'autres domaines que l'on peut classer comme spécialités dans la formation au gouvernement des hommes, droit public international, géopolitique environnementale, gestion des démocraties ouvertes...
Il n'est pas question ici de devenir expert dans ces choses supérieures, si l'on se souvient que l'expertise bouchent souvent la vision latérale par l'inclination naturelle à l'orgueil du savoir, mais on ne peut plus régner de nos jours sans être capable d'analyse des changements de son immédiat stratégique. Un chef d'Etat moderne ne peut plus déléguer le choix de ses orientations politiques à l'exégèse de ses conseillers. La décision est à prendre à la fin de l'exposé.
Roi n'est pas une sinécure, et Louis XVI s'en plaignait quand dans son testament il interpellait son fils qui pourrait avoir le "malheur de devenir roi". Le seul apaisement est que nul n'y est contraint. L'op-out préalable, l'abdication existent. Prince n'est pas facile non plus, généralement certes, mais plus encore en situation d'accéder. Tant que les difficultés de la charge sont éloignées, les candidats se déclarent, pensant peut-être à une "rente" de situation en devenir et l'accès au balcon des acclamations, mais dans le tumulte probable de la restauration ils seront peu nombreux à briguer le poste jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Comme nous l'avons souvent dit sur Royal-Artillerie, nous le reconnaîtrons, le dernier debout à Paris au milieu des ruines fumantes de la démagogie écrasée sous le poids de ses mensonges et de son impécuniosité. Nul autre ne sera avant lui le premier à Reims à attendre l'onction car rien ne tombera du Ciel. Il faudra, messeigneurs, se construire à l'emploi pour se battre. Exercice passionnant quand on a de la marge.
Le Lien Légitimiste
2 Le Petit-Prix
37240 La Chapelle Blanche Saint Martin
(bimestriel exclusivement sur abonnement 30 €, service électronique à 10 €)(1) Quatre billets ont paru sur ce thème :
- De l'Éducation des rois le 14.11.2008
- Du bon sens capétien le 7.02.2012
- Le Pentagone du prince le 7.09.2015
- Spécialités du pentagone du prince du 5.10.2015 -
Forum de la Dissidence (partie 2)
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Journal de bord de Jean-Marie Le Pen n° 417
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En 2005, le frère de Brahim et Salah Abdeslam détroussait les cadavres à Bruxelles
Mohamed Abdeslam, le frère de Salah, a fait partie du gang des ambulanciers charognards, qui détroussaient des cadavres à Bruxelles. Le même Mohamed passait en boucle après les attentats sur toutes les télévisions pour défendre l’honneur de la famille.
C’est décidément une bien belle famille que les Abdeslam. Avec deux frères impliqués dans les attentats meurtriers du 13 novembre et un troisième qui détroussait les cadavres qui étaient confiés à la société d’ambulances pour laquelle il travaillait. La police mettra à jour une véritable filière de détrousseurs de cadavres. Sept ambulanciers sont rapidement arrêtés et avouent avoir dépouillé entre 20 et 30 cadavres. L’information est relevée entre autres dans un article du site belge dh.be, qui vaut le détour.
Le journaliste écrit benoîtement
nous avions évoqué des dossiers liés à des stupéfiants et à des vols. Rien de bien grave en somme.
Sauf qu’aujourd’hui, nous apprenons que Mohamed ne s’est pas rendu coupable de vols anodins.Bel état d’esprit… drogue et vol, pas de quoi fouetter un chat… le journaliste souligne d’ailleurs le laxisme de la justice belge, aussi effarant que celui que Taubira a élevé en France au rang des beaux-arts.
La justice a été relativement clémente avec ces charognards puisque Abdeslam n’a pris que deux ans avec sursis. Un sursis dont ont bénéficié tous les ambulanciers qui ont été reconnus coupables sur toute la ligne.
On appréciera au passage le « relativement », s’agissant de crimes particulièrement odieux…
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La démocratie directe : Démos contre Aristos par Jesús Sebastián LORENTE
Métamag est heureux d’accueillir un nouveau collaborateur en la personne de l’essayiste espagnol Jesús Sebastián Lorente, rédacteur en chef de la revue hispanique Elementos, maître d’œuvre chez l’éditeur Fides d’une nouvelle collection, « La Bibliothèque de Métapolitique » dans laquelle il vient de publier un livre d’hommage à Alain de Benoist, Éloge de la Dissidence où l’on retrouvera au sommaire des plumes connues comme celles de Jeronimo Molina ou du philosophe français Michel Lhomme. Le texte suivant intéressera probablement les élèves du Concours commun de Sciences-Po qui doivent cette année plancher sur deux thèmes : l’école et la démocratie mais il rentre tout à fait dans le cadre de notre nouvelle rubrique « Des Idées et des Hommes » d’où la traduction suivante que nous vous proposons.
La rédaction de Métamag
Franchement, je suis fatigué de lire ces tas de louanges adressées à la démocratie grecque antique, une logorrhée insistante qui ne se contente pas seulement d’entériner le ressentiment contre les limites de la démocratie libérale mais qui en plus se présente comme une sorte de régression platonicienne et romantique, bien éloignée de tout réalisme politique. Ce bourrage de crâne a atteint son apogée maximum, dans la gauche radicale espagnole [la gauche française rêvant plutôt d'une démocratie totalitaire censurant toutes les têtes qui ne pensent pas comme elle - NDT], lors de la célébration du dernier référendum grec qui ne fut que la mise en scène d’un pseudo-affrontement contre l’Union européenne, en réalité un plébiscite référendaire – avec son effet boomerang – par lequel Syriza a réussi à faire passer la souveraineté populaire sous l’arc dorique du Parthénon.
Le mythe de la démocratie grecque
L’appel à une démocratie grecque originelle et idéalisée est devenu le mantra des mouvements populistes. Il consiste à croire qu’il suffit d’adopter le même nom (postulat étymologique) pour déterminer les choses univoquement – ou les obliger à se déterminer – d’elle-même comme si la vraie démocratie ne pouvait être autre chose que le gouvernement direct, avec cette idée sous-jacente que plus la démocratie serait directe, mieux cela serait et ce, contre tous les discours destinés à critiquer le « démocratisme ». De fait, ceci nous amène à constater quelque chose d’assez inquiétant : la démocratie, qu’elle soit antique ou moderne, n’est pas une nécessité historique. Toutes les expériences de « démocratie totale » finissent toujours par des régimes de monarchie absolue, de dictatures militaires ou des tyrannies populaires. Mais laissons le temps au temps et interrogeons-nous.
D’où provient un tel mythe « démocratique » ? Pendant la Révolution française et postérieurement, à l’époque romantique, penseurs et hommes politiques, ont souvent porté aux nues les « Républiques de l’époque gréco-romaine » (Athènes, Sparte et Rome), en organisant même des discussions autour des oppositions d’« Athènes contre Sparte » ou de « Sparte contre Athènes ». Nous pouvons citer par exemple cette conception tardive de la société spartiate, présentée comme une société militarisée et prétendument raciale, défendue par les Jacobins et les nazis. Elle a même engendré un autre mythe, le mythe de Sparte absolument opposé à celui d’Athènes.
Qu’y a-t-il d’exact dans ces présentations si nous les analysons d’un point de vue postmoderne ?
Nul doute qu’au Ve siècle avant J-C, la civilisation grecque était très démocratique mais elle était aussi particulièrement aristocratique et esclavagiste, puisque la majorité de la population n’appartenait pas à l’élite citoyenne et souveraine, mais qu’au contraire, tout un groupe de femmes, de travailleurs, d’esclaves et d’étrangers (les métèques) n’était juridiquement pas libre, ni politiquement actif. En effet, la condition d’hommes libres, jouissant de la plénitude des droits politiques, n’était dévolu qu’aux seuls citoyens. Autour des années 430 avant J-C, la population pour la région d’Athènes était à peu près de 300 000 âmes. Ce qui veut dire que seul 10 % de cette population, soit environ 30 000 individus – le demos – jouissait réellement de droits politiques et civils.
À un premier niveau, la population se divisait, pour employer un vocabulaire moderne, en « nationaux » et en « sujets ». Parmi les « nationaux » – pour ceux qui naissaient à Athènes de père et de mère athéniennes (un mixte de droit du sang et du sol) – se trouvaient les hommes, les seuls aptes à devenir citoyens, et encore pas tous les hommes, parce qu’ils pouvaient aussi perdre cette condition de citoyen pour causes de guerre, pour des raisons morales ou économiques et se retrouver ainsi comme les femmes et les enfants, qui ne jouissaient pas des prérogatives de la citoyenneté. Parmi les « sujets », se trouvaient quelques commerçants, les travailleurs et les esclaves, qu’ils soient ou ne soient pas étrangers (y compris ceux des cités voisines). Par déduction, ceux-ci n’avaient aucun droit et encore moins de participer à lapolis.
Le pouvoir législatif était aux mains de l’Assemblée (Ecclesia) qui avait pour fonction d’approuver les lois, de lever les impôts et de faire la guerre et à laquelle ne participaient seulement que 3 000 citoyens environ, mais jamais la totalité… – ce fameux « tous » dont on nous rabat les oreilles avec la soi-disant « démocratie directe » ou « constituante » de l’Antiquité. La direction de l’Assemblée reposait sur un Conseil (la Boulé) composé de 500 citoyens tirés au sort. Si nous transposons à notre époque, ce serait l’équivalent de ce que représente la Commission européenne par rapport au Parlement européen, soit le paradigme même du déficit démocratique reconnu de l’UE. Finalement, en Grèce, le pouvoir judiciaire était constitué d’un tribunal (l’Héliée) qui jugeait les conflits, les réclamations et les plaintes des citoyens (mais n’oubliez pas, seulement 10 % de la population) et était formé par des citoyens choisis aussi par tirage au sort dans le cadre de l’Assemblée. L’isonomie (l’égalité devant la loi) était donc une utopie.
Comme dans n’importe quelle assemblée populaire, une minorité hyperactive et hyper participative était celle qui finalement déterminait l’agenda, le processus et les décisions politiques. Croire, en plus, que les citoyens athéniens discutaient et votaient en pensant au bien commun, au lieu de défendre leurs intérêts personnels ou corporatifs, comme le font leurs compagnons modernes, témoigne d’une naïveté absolue. Nonobstant, ce mythe de la démocratie athénienne permet de maintenir la fiction qu’un gouvernement du peuple puisse se réaliser à travers des méthodes purement démocratiques, participatives ou délibératives, alors qu’on sait bien que la réalité d’hier comme aujourd’hui, est que le soutien politique des régimes démocratiques repose principalement sur des processus de caractère technique ou bureaucratique, éloigné de la citoyenneté et toujours exécuté par une minorité. Du coup, le problème à poser n’est peut-être pas tant celui du modèle de démocratie que nous voulons mais plutôt celui de l’accès d’une minorité déterminée (aristocratique, bureaucratique, technocratique, partitocratique) au pouvoir qui doit régir les destinées souveraines du peuple.
Avant le Ve siècle avant J-C, le pouvoir politique d’Athènes repose sur une aristocratie guerrière et de propriétaires fonciers, descendant des anciens envahisseurs indo-européens. Il s’agissait d’individus suffisamment équipés et préparés pour se présenter à la guerre avec un cheval, son harnachement et toute la panoplie guerrière. La guerre n’était pas comme à notre époque, un événement déconsidéré par l’humanité mais une activité naturelle et quasi permanente, décisive pour la liberté et la prospérité de la cité car d’elle dépendait l’obtention de nouvelle terres, d’esclaves et de butin. Par conséquent, l’influence politique de ceux qui décidaient de la bataille était décisive. Cependant, l’augmentation de l’importance de l’activité commerciale favorisa la naissance et le développement d’une nouvelle classe moyenne mercantile, qui commença à guerroyer dans l’infanterie lourde, puisqu’elle était capable petit à petit d’en couvrir les frais; du coup, sa participation dans les rapports de force politiques devint décisive. C’est ainsi que les démocrates athéniens décidèrent d’octroyer aussi la citoyenneté à certains individus en fonction de leurs mérites militaires ou, ce qui déjà nous plaît moins, en fonction de leur patrimoine économique. Le demoss’ouvrait ainsi aux marchands, mais pas au reste de la population.
De fait, les hommes grecs, libérés du travail productif ou domestique par les commerçants, les travailleurs, les esclaves et les femmes, passaient leur temps au gymnase, aux compétitions athlétiques, à écouter les philosophes et les orateurs dans les espaces publics, aux tâches politiques des assemblées, des tribunaux et des magistratures, ainsi qu’à la guerre quand ils s’ennuyaient ou qu’elle était nécessaire. Disons-le : ils vivaient comme des rois ! Et comme du coup l’absentéisme à l’Assemblée était très courant, les Athéniens démocrates et participatifs décidèrent avec le temps et les excès de rémunérer la pratique de la fonction politique. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?… Mais en réalité, l’objectif était tout autre : empêcher que des citoyens avec très peu de ressources puissent participer aux décisions des Assemblées. Ainsi, la bourgeoisie naissante grecque remplaça l’ancienne aristocratie guerrière, exactement comme chez nous. À Athènes, les humbles furent écartés tandis qu’à Sparte, on repoussait les handicapés. Vive la citoyenneté universelle !
Ce mythe de la démocratie athénienne est en réalité un des récits modernes, propre au messianisme politique, qui fait du libéralisme la fin inéluctable de l’Histoire. Ainsi, on nous raconte, on nous fait croire qu’il y a eu, une fois dans l’Histoire, une vraie démocratie, une authentique démocratie mais que nous en avons perdu le sens suite à la trahison du peuple par une bourgeoisie alliée aux pouvoirs financiers et livrée aux marchés. Le problème est qu’il n’y a sans doute pas de régime aussi peu représentatif que celui de la démocratie grecque qui puisse être pris comme modèle pour la démocratie contemporaine et que ceux qui le revendiquent avec tant d’insistance le font à travers les prismes déformants d’une tromperie avérée, très courante en politique, qui consiste à porter aux nues la démocratie moderne sur les bases de la démocratie antique alors que la première n’est en réalité qu’une farce électorale et la seconde, une imposture que l’on prendrait pour un éden participatif. En réalité, les hellénophones indignés poursuivent ce courant de la tradition politique occidentale qui, depuis l’Époque moderne, prétend être l’héritier de l’Antiquité classique, oubliant, par exemple, la philosophie des peuples païens pré-romains et les institutions médiévales européennes.
Alors proposons maintenant un exercice de spéculation historique, en transposant le modèle de la démocratie grecque aujourd’hui. Prenons, par exemple, un pays européen type de 40 millions d’habitants. De ceux-ci, seuls 10 % posséderait la condition de citoyens, c’est-à-dire que cela ferait environ 4 millions de gens qui auraient le droit de participer politiquement à l’Assemblée citoyenne. D’un seul coup, nous avons déjà dû retirer 36 millions de voix et de votes du processus. Mais selon quels critères avons-nous sélectionner nos citoyens ? Aujourd’hui, nous ne pouvons pas imaginer adopter des critères d’élitisme guerrier à l’ancienne ou des critères de caste économique, par trop modernes, ni d’aristocratie spirituelle, bien trop diffuse. Nous ne pouvons non plus discriminer par genre (le sexe) ou par l’origine (les étrangers). Et, naturellement, il n’y a plus d’esclaves (ou s’il y en a, ils sont heureux, comme le remarque l’essayiste espagnol Javier Portella). Aussi, nous serait-il nécessaire d’adopter une série de critères qui ne seraient ni objectifs ni conformes à la généralité. Alors allons-y : 1) posséder la nationalité par la naissance ou par paternité/maternité 2) disposer d’une certaine formation académique, par exemple universitaire 3) exercer un travail, une activité commerciale, professionnelle ou d’entrepreneur 4) être à jour de ses obligations fiscales et sociales 5) ne pas avoir été condamné pénalement pour délits ou fautes graves et 6) avoir entre 21 et 71 ans (pas moins pour immaturité, pas plus, par excès de maturité). À ce pas, si nous appliquons tous ces critères simultanément, nous n’arriverions même pas à cette minorité de 10 % de citoyens politiques. De ces 4 millions de citoyens, mettons qu’un demi-million seulement, tiré au sort, participeraient activement à l’adoption des décisions politiques. Est-ce cela que veulent nos fans de la démocratie antique ? Le Demos contre l’Aristos ?
La démocratie directe : vers une souveraineté populaire numérique ?
Traditionnellement revendiqué par la gauche, le système de la « démocratie directe », se présentant comme l’antithèse de la « démocratie représentative » qui régit la majorité des États occidentaux (où les représentants ont fini par se constituer en une oligarchie politico-financière), est aussi revendiqué par une nouvelle droite de plus en plus éloignée de conceptions aristocratiques ou méritocratiques dépassées qui n’ont rien à voir avec les principes hiérarchiques de la communauté organique.
Comment doivent être prises les décisions qui touchent toute une population ? Cette question s’est périodiquement posée depuis les temps anciens. Les Athéniens pouvaient se réunir « tous » et voter directement sur les questions. Mais qui était ce « tous », si ce ne sont les citoyens ayant des « droits politiques » ? C’est-à-dire une minorité aristocratique – descendant des anciens envahisseurs indo-européens – qui ne représentait comme nous l’avons vu, qu’approximativement 10 % de la population totale, le reste étant des travailleurs et des esclaves.
Continuons. La majorité des penseurs pensent qu’un système démocratique comme celui-ci sera toujours préférable à l’autre option : la tyrannie. Dans des représentations plus récentes de la démocratie, la taille de la population rend impraticable la prise en compte de l’opinion de chaque citoyen pour chaque décision. Pour remédier à cela, on sait que furent instaurés avec le temps des systèmes de démocratie représentative, dans lesquels la population choisit pour un certain temps quelques représentants qui se chargent de voter sur les affaires courantes. En réalité, la taille de la population n’est pas la seule raison pour l’existence des représentants. Les Founding Fathers des États-Unis, voyaient par exemple dans ce qu’ils appelaient une « vraie démocratie » – c’est-à-dire, une démocratie qui n’aurait pas de représentants – le danger de la tyrannie de la majorité : les minorités se retrouveraient totalement vulnérables devant les désirs de la majorité. Une autre objection contre le fait d’ailleurs que les citoyens s’expriment directement est qu’ils ne sauraient avoir la capacité intellectuelle suffisante pour comprendre la complexité des affaires d’État. Et pour achever le tout, on admet tacitement chez les professionnels de la politique que certains aspects liés aux intérêts et/ou à la sécurité nationale ne peuvent être rendus publics, puisque cette transparence permettrait de dévoiler une information sensible à des tiers, en plus de restreindre la capacité d’action du gouvernement.
Aujourd’hui, il existe un mouvement pour la démocratie directe, appelée aussi démocratie pure ou démocratie non-représentative, qui a commencé par être revendiquée par la gauche radicale, mais qui est maintenant défendu plus que tout par une nouvelle droite, une nouvelle droite dissidente de la tournure oligarchique du néo-libéralisme. En prenant toujours le « modèle suisse » comme exemple à imiter (démocratie locale ?, démocratie fédérale ?), l’essayiste français Yvan Blot a révolutionné la pensée conservatrice par rapport aux « essences de la démocratie » avec ses livres La démocratie directe etL’oligarchie au pouvoir, proposant un retour à la fonction souveraine du peuple.
Les défenseurs de la démocratie directe remarquent que la technologie actuelle permet de rendre le comptage de millions de votes aussi facile que celui de dizaine de bulletins. On peut donc facilement envisager maintenant que chaque loi qui dans la démocratie représentative est votée en chambre, disons au parlement, puisse être voter directement sans de trop grandes complications au niveau d’une région ou d’une nation. La tyrannie de la majorité n’aurait alors aucune raison d’être une menace pour autant que se maintient un certain degré de débat et de consensus, chose qui devient de plus en plus possible grâce aux diverses plateformes numériques – forums, blogues, moyens de communication interactifs – qui ont commencé de surgir récemment un peu partout. L’idée que les gens ordinaires ne soient pas capables de comprendre les thèmes et de décider ce qui leur convient le plus a toujours été l’argument de ceux qui se sont opposés à une plus grande démocratisation de n’importe quel système de gouvernement. Et cependant, la corrélation entre ce que nous pourrions appeler le niveau de démocratie d’un pays (entendu comme l’homogénéité de la distribution de la responsabilité politique parmi sa population) et son niveau de développement social ne saurait être plus clair : il nous suffit simplement de comparer les pays les plus démocratiques comme la Suisse (où cinquante mille signatures suffisent pour rendre effectif un référendum souverain) avec les plus autoritaires, disons la Corée du Nord ou le Venezuela. De plus, il n’est pas du tout sûr que cacher les aspects les plus obscurs de la politique contribue au bien commun de la population. En général, on peut dire que tous les arguments posés en faveur des représentants, excepté celui sur l’infaisabilité de compter les multiples bulletins de vote, ne dépendent que du préjugé qui postule que par le biais de quelques circonstances indéterminées, les représentants seraient des personnes forcément plus justes, plus sages ou plus capables que le citoyen ordinaire. Ceci nous paraît être au contraire un argument en faveur de l’oligarchie plus que de la démocratie.
Ainsi, nous devons reconnaître que la démocratie est un système en évolution, qui n’a jamais été achevé, même par l’éternelle polémique entre la démocratie représentative et la démocratie participative. Probablement, l’élection de représentants fut autrefois une des meilleures options pour le fonctionnement de la société mais la technologie actuelle est en train de modifier profondément la donne, comme tant d’autres domaines. Si nous voulons donc rendre plus démocratique notre système, la première chose que nous devons effectuer, c’est opérer un changement de paradigme par rapport aux personnes avec lesquels nous passons un « contrat » – que nous choisissons ou que nous désignons – pour réaliser certaines fonctions politico-administratives: il nous faut nous éloigner de l’idée primitive du leadership et nous rapprocher d’une autre, celle de la « fonction publique », entendue comme celle de serviteurs publics qui honoreraient nos instructions, mais ne prendraient pas les décisions à notre place. Il est important de remarquer que cela n’implique pas une perte des libertés de l’individu en faveur de la majorité mais au contraire, avec l’abondance des plateformes sur Internet consacrées au débat, cela implique qu’une plus grande expression des idées, des nécessités et des inquiétudes de la communauté soit rendu possible.
Nous avons besoin d’un système qui permette de gérer les décisions communes. Dans ce monde de réseaux sociaux, de logiciels libres et de désillusion croissante face à la classe politique, la démocratie directe peut donc être une option viable de transition entre ce que nous appelons encore la « démocratie représentative » et un système de « démocratie pure », ce serait d’ailleurs non seulement un système plus équitable, mais aussi un système aussi probablement plus efficace, in fine une authentique souveraineté populaire, un populisme réellement démocratique.
Le système de démocratie directe pourrait s’exercer à travers des médias informatiques et/ou télématiques en ligne qui permettraient à n’importer quel citoyen (identifié par sa carte d’identité électronique ou sa signature numérique) de proposer des idées et/ou de voter pour celle des autres. Un tel système identifierait les propositions faites sur des thématiques similaires pour permettre à celui qui propose son idée de savoir si celle-ci a déjà été présentée, et dans un tel cas y ajouter simplement son vote. Au bout d’un certain temps, les propositions qui auraient accumulé le plus de votes seraient soumises à référendum à travers le même système. Une forme de gestion de ce type pourrait être appliquer simultanément à différents niveaux (local, régional, national, continental). Des consultations ponctuelles sur les grands sujets ou les grandes décisions, des consultations périodiques pour vérifier le travail des gouvernants, des contrôles financiers pour vérifier les travaux et les chantiers publics, des consultations décisionnelles pour renverser ou changer de gouvernement, des consultations légitimes pour nommer ou pour renouveler les membres des principales institutions… Un rêve qui, lamentablement, n’échappe pas à l’utopie: nos oligarchies politico-financières n’admettront peut-être jamais une souveraineté d’une telle ampleur.
Pourtant, notre postmodernité politique, en posant de nécessaires limites, tireraient de fructueux bénéfices d’une telle démocratie directe. Ce serait un antidote puissant contre la séparation du pouvoir entre gouvernants et gouvernés et la désaffection croissante pour la politique. En percevant seulement et de manière tangible, la contribution directe à la prise concrète de certaines décisions, on réussirait à conjurer le danger de percevoir les institutions comme une contrainte hétéronome. Les consultations directes éviteraient en effet l’oligarchisation de la politique, en donnant l’opportunité au peuple de se prononcer sur les matières fondamentales.
De plus, le prétendu facteur de division que certains attribuent aux référendums pourra ici se transformer en son contraire au sein de sociétés relativement homogènes, puisque les fausses dichotomies entre les partis, d’une utilité seulement domestique et aux résultats désastreux pour le « vivre ensemble », pourraient être ici balayés par les volontés majoritaires concordantes.
Jesús Sebastián Lorente
• Traduit de l’espagnol par Michel Lhomme et d’abord mis en ligne sur Métamag, le 10 novembre 2015.