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écologie et environnement - Page 177

  • Vers une nécessaire convergence de luttes

    Au lendemain des grands rassemblements d'opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il convient de s'interroger sur l'absence totale sur ce terrain de radicaux identitaires. Pour les uns comme pour les autres, il apparaît clairement que nous n'avons pas su prendre la mesure de ce qui est en train de se passer là bas.

    Et pourtant, au risque de heurter quelques sensibilités, il nous faut comprendre que ce combat est aussi et avant tout le notre.

    Certes, de vieilles barbes nationales-réactionnaires n'hésiteront pas à taper du point sur la table en dénonçant cet engagement « écolo-gauchiste ». Ces gens ont tort. Ils se trompent à la foi de combat et d'époque. Nous l'avons déjà écrit et nous le répétons : la lutte identitaire ne peut s'inscrire que dans un projet de sortie du capitalisme qui est intrinsèquement ethnocidaire. Un projet cohérent de contre-société ne peut faire l'impasse sur le mouvement décroissant et sa proposition de rompre avec la société de croissance illimitée.

    Qu'avons-nous vu et entendu autour des stands installés près de la ferme de Bellevue ? Quelques pancartes intitulées « Des légumes pas du bitume », « Aéroport = capitalisme. Arrêt immédiat », « Quelle terre vont-ils nous laisser ? », « T'es rien sans terre ! » ou encore « Changeons de voix, changeons de voie ! ». Autant de slogans que nous pourrions reprendre à notre compte. Dominique Fresneau, l'un des co-présidents de l'Acipa (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes) clame à qui veut l'entendre : « Cet endroit, ces champs, ces fermes, on considère que c'est chez nous !».

    Les militants qui occupent depuis novembre 2012 la fameuse ZAD (zone à défendre) parlent de « vivre plus en osmose avec la nature, de moins consommer et gaspiller ». Au sein des campements autogérés, existe une bibliothèque installée dans un vieux bus qui regroupe tout un tas d'ouvrages traitant de l'histoire de la paysannerie, des luttes sociales ainsi que des manuels pratiques de jardinage et d'habitat. Une cantine collective offre des repas gratuits. On y parle d'autonomie, de défense de territoire et de nouvelles manières d'organiser les rapports humains. On cherche à « profiter d’espaces laissés à l’abandon pour apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à être plus autonomes vis à vis du système capitaliste ». « Nous ne sommes pas à vendre, nous ne laisserons pas détruire le fruit du travail de cinq générations de paysans. La lutte continue » écrit Sylvain Fresneau de l'Acipa. Au nouvel ordre mondial ils opposent le nouvel ordre local.

    Si le projet initial d'aéroport semble aujourd'hui remis en cause, ce qui se passe au cœur de la ZAD ne doit pas nous laisser indifférents. Lancé dans les années 60, le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes est symptomatique de l'accumulation sans limite et du développement effréné. Il s'agit de cette tentation prométhéenne de dominer et de soumettre la Nature dans le but de servir la métaphysique du progrès au détriment de la biosphère et des liens sociaux. Nous sommes précisément dans un cas de croissance pour la croissance, d'artificialisation d'un besoin qu'on nous présente comme indispensable. Le projet pharaonique de créer un aéroport gigantesque en pleine zone de biodiversité foisonnante (amphibiens, complexe bocager, mares et zones humides avec batraciens , avifaune etc...) est tout simplement fou et criminel. Ce n'est pas un hasard si dans cette affaire le MEDEF se trouve en première ligne dans les soutiens à la construction.  Le Président de la Chambre de Commerce et de l'Industrie 44, Jean-François Gendron, Richard Thieret, président du Centre national des jeunes dirigeants (CJD), ou encore Grégoire Gonnord, un des dirigeants du Club des Trente (réseau qui regroupe tous les grands patrons du grand ouest) et PDG du groupe Fleury-Michon, tous militent en faveur du démarrage des travaux. Certains n'hésitant pas à recourir au chantage à l'emploi.

    S'opposer à cette construction c'est s'opposer au développement illimité du capital qui nous tue. Il faut le répéter : Le capitalisme s'est mué en système global et c'est sur tous les fronts que nous devons l'attaquer. A Notre-Dame-des-Landes, c'est une lutte contre le capitalisme et sa société de croissance fondée sur la démesure qui s'engage.

    On objectera que parmi les occupants de la ZAD, figurent les ineffables porteurs de dreadlocks plus soucieux de solidarité avec les sans-papiers et de débats autour du monde carcéral que d'autonomie identitaire. On objectera aussi qu'on y trouve des casseurs décérébrés de la mouvance Black Bloc qui n'ont pour horizon politique que de « casser du flic et des vitrines ».Il n'est pas question ici de le nier. Mais parmi tous les autres, il se trouve également des militants pour qui le capitalisme mondialisé est l'ennemi numéro un et avec qui nous pourrions sans aucun doute définir des convergences de luttes. Il y a là bas de véritables travailleurs qui cherchent une alternative viable à la société de consommation et tentent une nouvelle expérience du « vivre ensemble ». Il y a également de jeunes agriculteurs qui ont fait le choix de rester sur les terres de leurs parents. La récupération des terres arrachées aux promoteurs par ces autonomistes est probablement le début d'une nouvelle forme de militantisme dont il faudra suivre les évolutions.

    Autre zone de combat : Sivens. La mobilisation ne faiblit pas dans le Tarn, où des opposants à la construction du barrage occupent le terrain depuis plusieurs semaines. De nombreux heurts ont opposé des militants aux forces de l'ordre. Les opposants veulent empêcher l'accès au site aux engins de chantier destinés à« décaper » le sol, c'est-à-dire l'enlèvement des souches et la mise à nu du terrain.  "Le barrage n'est pas encore construit, on peut encore faire des choses, clame un opposant. De toute façon, ce que nous faisons ici est important car cela nous permet de sensibiliser les gens. D'autres projets comme celui-ci seront sans doute développés plus tard."

    Nous sommes entrer dans une nouvelle ère du combat politique qui va nécessiter de nouveaux rapprochements. La révolution de la décroissance est une révolution par le bas, à l'échelon local, au sein de communautés autonomes pour qui il existe des convergences d'intérêts et de luttes.

    Se déroule devant nos yeux une période intense de recomposition idéologique, un carrefour où se rencontrent et s'entrechoquent toutes les positions intellectuelles et politiques confrontées au turbo capitalisme que nous subissons aujourd'hui de plein fouet. Alors que « gauche » et droite » apparaissent plus que jamais comme sœurs siamoises du monstre libéral, on nous annonce des lois sur la croissance comme autant de danses de la pluie pour invoquer le dieu développement. L'écotartuffe Noël Mamère en appelle à Jacques Ellul et Bernard Charbonneau, et l'oligarchie ploutocratique, déjà gangrenée par le luxe et l'oisiveté pour reprendre les termes d'Emile Massard, nous assure que l'Afrique est le marché du futur pour l'Europe. Le capital ayant pressé le citron européen à son paroxysme se tourne aujourd'hui vers les derniers dissidents de la société de consommation.

    Parallèlement, une « gauche » critique, qui se veut de plus en plus radicale, commence à émerger et lance d'intéressantes pistes de contre-société dans les domaines sociaux, politiques et culturelles.

    L'excellent mensuel Politis a récemment consacré un dossier sur le thème travail / temps libre empruntant certaines analyses d'André Gorz.

    Les expériences menées au cœur de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes sont d'un intérêt majeur pour qui s'intéresse aux contre-sociétés et aux projets d'après développement. De nombreuses tentatives d'autogestion et de vie en autonomie sont mises en place au sein de communautés spontanées. Il existe au sein de cette mouvante radicale tout un tas de collectifs, groupes associatifs ou réseaux d'entraides et d'échanges qui pensent et organisent leur sortie du capitalisme. La nébuleuse de la décroissance est sans aucun doute le phénomène le plus prolifique en la matière.

    Il faut le reconnaître. C'est au cœur de « la gauche radicale » et des organisations libertaires que la critique capitaliste et celle de la société de croissance sont les plus fécondes. C'est au sein de ces groupes en marge que se forge la nouvelle utopie et les contre-projets les plus novateurs.

    Nous sommes nombreux chez les radicaux identitaires à trouver insuffisant et réducteur le projet de société proposé par la mouvance nationale. L'avenir n'est plus au productivisme effréné ni à l'homo consumance.

    Nous pensons au contraire qu'une sortie du capitalisme est nécessaire et qu'une révolution culturelle est inévitable. Il nous faut revoir nos rapports à la consommation, à la production, au travail. Nous devons impérativement nous recentrer sur une démocratie écologique et une autonomie économique locales.

    Il existe indéniablement une convergence de luttes entre ces groupes de la gauche radicale et nos propres positions à l'égard du système capitaliste et de la croissance illimitée.

    Nous sommes à un carrefour où tout devient possible. De nouvelles lignes de front se dessinent. Les propositions et les idées fusent de toutes parts. Pensons librement ! Ne refusons pas le débat, entrons y ! Discutons, rencontrons. Lisons Jean-Claude Michéa, Serge Latouche, Dominique Méda, Michel Onfray et tous ceux qui proposent une critique du « capitalisme mondialisé comme système d'emprise et de déshumanisation totale ».

    Soyons des briseurs de formules ! Réapproprions-nous l'imaginaire ! Constituons le socle de ce nouveau bloc historique populaire destiné à inventer la société de demain.

    Guillaume Le Carbonel

    Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

    N.B. 1: Des militants de Midi-Pyrénées du M.A.S et de la revue Rébellion sont allés afficher leur soutien à la Z.A.D. de Sivens (photographie d'illustration) au grand dam de certains...

    N.B. 2: Guillaume Le Carbonel nous propose ici une version remaniée d'un de ses textes parus sur Novopress

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/10/19/vers-une-necessaire-convergence-de-luttes-5471949.html

  • Chronique de livre: Gil Rivière-Wekstein "Bio, fausses promesses et vrai marketing"

    Gil Rivière-Wekstein, Bio, fausses promesses et vrai marketing, Le Publieur, 2011

    Je suis, comme de nombreux militants de notre mouvance, quelqu'un de très attentif à mon alimentation. Sportif, je cherche par mon alimentation à concilier performances athlétiques, bien-être général, respect de l'environnement et plaisir gastronomique. Ces motivations me conduisent à choisir une grande partie de mon alimentation issue de l'agriculture dite "biologique" et d'acheter certains produits dans des magasins spécialisés. Afin de comprendre les enjeux d'un besoin de rupture avec l'alimentation industrielle moderne et de pouvoir mettre en place cette stratégie diététique bénéfique, il m'a fallu lire quelques ouvrages et visionner des films dénonçant les méfaits de la junk food, des additifs alimentaires, des pesticides et autres dérives modernes. Cependant, en chercheur de vérité friand de controverses et de remises en question, je me suis mis à la recherche d'argumentaires "anti-bio". J'avais parfois entendu ces remarques du café du commerce sur "le bio c'est de la connerie", et des reportages racoleurs sur "les dessous du bio", mais je me demandais malgré tout s'il existait une véritable raison de se méfier des produits certifiés. Je suis alors tombé sur ce livre de Gil Rivière-Wekstein Bio, fausses promesses et vrai marketing. Voilà un titre qui laisse augurer une attaque contre ce qui me paraissait pourtant inattaquable. Serions-nous une fois de plus les dindons de la farce ? Manipulés pour payer plus chers des produits aussi nocifs (voir plus?) que les autres sous prétexte qu'ils disposent d'une petite étiquette verte ?

    Et puis, si comme le sous-entend le titre, tout le bio, ici considéré en bloc, n'est qu'une entreprise marketing, qui pourrait donc bien se cacher derrière ce "complot" ?

    Déjà, ça part assez mal avec le titre, car comme je viens de le dire, désigner le bio comme un seul et même problème est un mauvais raisonnement. Peut-on en effet mettre dans le même sac le petit agriculteur du coin qui demande la certification AB pour attirer quelques clients de plus sur le marché du jeudi matin et le grand groupe industriel qui voit là une nouvelle "part de marché"?
    Bref, je ne détaillerai pas les erreurs et les malhonnêtetés qui composent les pages des deux grandes premières parties du livre. On sait, si on s’intéresse un peu aux manipulations médiatiques par exemple, qu'il est facile de faire dire n'importe quoi à une étude scientifique. Il est aussi facile, pour ne pas rentrer dans une réfutation sérieuse, de salir l'image de quelqu'un pour rejeter d’emblée ses théories. Ce serait comme dire d'un universitaire reconnu, s'il écrit un livre à rebours de l'idéologie dominante, que ses conclusions sont fausses car cette personne n'est pas vraiment ce qu'elle prétend être (doctorant, ou professeur d'université par exemple). Il pourrait être l'homme de ménage de la Sorbonne que cela n'invaliderait en rien ses travaux. Et bien dans ce livre, c'est ce genre de manipulation qui est utilisé. On prétend que le bio n'est pas meilleur au goût car "le goût n'est pas dans le cahier des charges" (ce qui ne prouve rien), que les pesticides étaient déjà bien employés au début du XXe siècle car on retrouve des recommandations "dans les revues syndicales des années 1900" (ce qui ne nous renseigne pas sur la nocivité de ces anciens pesticides et de la quantité employée, ou simplement à quel niveau ces recommandations étaient diffusées et suivies). On nous apprend aussi que le vin bio nécessite "plus de traitement" car on compare seulement la fréquence de traitement (sans précision sur la nature de ces derniers), ou que manger bio, ce n'est pas manger équilibré... merci quand même.
    Bref, au delà de sa capacité à tout mélanger, à manier les chiffres et les études avec légèreté, l'auteur nous fait comprendre entre les lignes que quelque chose d'autre se cache derrière cette grande arnaque. Déjà, les attaques ad hominem sont lancées sur ces pionniers de l'agriculture biologique que l'auteur tente de faire passer pour des illuminés. D'ailleurs certains le sont certainement, mais encore une fois, cela ne saurait changer quoi que ce soit à la problématique du livre.
    En réalité, c'est surtout de la troisième partie du livre que j'aimerais vous parler, le pivot de toute l'accusation. Pour faire simple, on nous apprend que le bio est en réalité une entreprise fasciste, collabo, eugéniste, réactionnaire, bref, vous les connaissez tous. Respect quand même pour le travail de recherche qui nous permet de dresser une véritable généalogie de l'agriculture biologique et des mouvements écologistes de la première partie du XXe siècle et de l'immédiate après-guerre. On y retrouve des noms familiers, Pétain, Coston, Carrel, Ellul, Pourrat, et même Giono et Barjavel sont mis au rang des accusés (surtout Giono). La fin du livre nous offre un délire complet dont le titre du chapitre "Quand le totalitarisme guette" nous donne le ton. Méfiez-vous donc des vilains fascistes qui voudraient vous faire manger sainement, cela pourrait être un complot, un "projet politique", même Nicolas Hulot est foutu, le bio l'aurait rendu machiste (et donc fasciste car ça en est une forme, dans l'esprit du livre).

    Alors oui, le bio est encore trop cher, et c'est sans doute un bon filon en terme marketing. Oui, il y a beaucoup d'illuminés qui gravitent autours de l'écologie, beaucoup de charlatans et de personnes peu sérieuses, il suffit pour cela de lire les "bio contacts", magasines gratuits disponibles en boutique bio. Oui, le bio ne va pas vous guérir systématiquement du cancer et ne vous dotera sans doute pas de perceptions extra-sensorielles par l'ingestion de graines germées. Oui le bio perdra de son intérêt s'il devient un bio industriel, mais que vaut le bio industriel face à l'industriel non-bio ? Dans tous les cas, l'alimentation biologique, locale et équilibrée, est un pas sur le chemin qui nous éloigne le plus possible du contre-modèle américain-mondialisé-consommateur-obèse, et ça c'est une bonne chose.
    Oui, il existe des liens entre Pétain, pour qui la politique agricole était une priorité, et les pionniers de l'écologie. Oui, certaines figures de la science, certaines personnes soucieuses de l'avenir de notre planète ont eut le malheur de ne pas pencher pour le camp des vainqueurs. Il parait qu'au début des années 1940, il en existait 40 millions comme disait le titre d'un fameux livre (40 millions de Pétainistes, de H. Amouroux).
    Que cela trouble nos auteurs (car en réalité ils sont deux, sa femme collaborant avec lui), grand bien leur fasse ! De mon côté pour tout vous dire, cela me fait plaisir. Cela confirme beaucoup de mes intuitions et donne de la cohérence à notre combat. On ne protège pas l'Homme et ses particularités ataviques sans protéger sa terre, et finalement, qui d'autre que nous possède la cohérence et la légitimité de ce discours ? Je vois que la préoccupation écologique reprend de plus en plus de place dans nos milieux dissidents, et nous continuerons, aux yeux de nos adversaires à vouloir préserver nos corps, notre patrimoine génétique et le sol sur lequel nous prenons racine.

    Franck / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Les Etats ne se donnent pas les moyens d’enrayer l’érosion de la biodiversité

    Les objectifs que s’est fixés la communauté internationale pour enrayer l’érosion de la biodiversité mondiale d’ici à la fin de la décennie ne seront, pour une majorité d’entre eux, pas atteints. Alors que s’ouvre à Pyeongchang (Corée du Sud) la 12e Conférence des Nations unies sur la diversité biologique à laquelle participent 194 Etats, un rapport d’étape, publié lundi 6 octobre, montre que les vingt cibles dites d’Aïchi adoptées en 2010 pour agir sur la disparition des espèces et la dégradation accélérée des écosystèmes ne sont pas ou trop peu mises en œuvre.

    Si un changement de cap n’est pas rapidement décidé, il est donc fort probable qu’en 2020, la communauté internationale soit contrainte d’assumer une nouvelle décennie d’inaction. En 2002, les gouvernements s’étaient collectivement engagés à freiner le déclin de la biodiversité. Dix ans plus tard, aucun n’était au rendez-vous.

    « Sur la base des tendances actuelles, les pressions sur la biodiversité continueront de s’accroître au moins jusqu’en 2020, et la biodiversité poursuivra son déclin », conclut ce quatrième rapport sur les perspectives de la diversité mondiale, tout en notant cependant qu’un nombre important d’Etats a mis en place des stratégies nationales.

    Création d’aires protégées

    Parmi les objectifs que les experts estiment pouvoir être atteints, figure la protection d’au moins 17 % des espaces terrestres et marins. A condition toutefois que les engagements existants sur la création de ces aires protégées soient tenus, soulignent-ils, en s’inquiétant du fait que les espaces choisis ne sont pas nécessairement les plus importants du point de vue de la biodiversité et des services écosystémiques rendus.

    Autre avancée : le protocole de Nagoya, qui organise l’accès aux ressources génétiques – le matériel d’origine végétale, animale ou microbienne – et le partage des avantages tirés de leur exploitation, entrera en vigueur le 12 octobre. Cinquante Etats l’ont à ce jour ratifié.

    Liste de retards, voir de renoncements

    Voilà pour ce qui peut être mis au bénéfice des quatre années écoulées. Pour le reste, le rapport énumère une liste de retards, voire de ce qui peut être perçu comme de véritables renoncements. L’utilisation excessive d’engrais chimiques se poursuit. Si quelques progrès sont enregistrés en Europe et en Amérique du Nord, « les niveaux sont encore néfastes pour la biodiversité ».

    La nécessaire protection des récifs coralliens, actée au titre de l’objectif 10, reste en grande partie lettre morte et « les pressions liées à la pollution terrestre et le tourisme incontrôlé sont en hausse ». Aucun progrès significatif n’est relevé dans l’élimination des subventions publiques néfastes pour la biodiversité. Si les espèces envahissantes sont mieux identifiées, aucune politique sérieuse pour les maîtriser n’est mise en œuvre…

    Pour d’autres objectifs – intégration des valeurs des services écosystémiques dans les comptes publics, attention portée aux savoirs traditionnels des communautés autochtones, mobilisation des ressources financières… –, le tableau de bord des objectifs d’Aïchi s’affiche à l’orange montrant qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire jusqu’au but fixé.

    Aide financière insuffisante

    « A mi-chemin de notre grand plan pour la nature, il est clair que l’appel d’urgence que nous avons lançé en 2010 à Nagoya n’a pas été entendu », déplorait quelques jours avant la conférence de Pyeongchang, Julia Marton-Lefèvre, la déléguée générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

    A leur décharge, les pays en développement, où se jouent les plus grands enjeux de protection de la biodiversité mondiale, argueront que les pays industrialisés n’ont pas n’ont plus tenu leur engagement de multiplier par deux d’ici à 2015 leur aide financière pour leur permettre d’adopter les politiques adéquates. C’est vrai, et le sujet devrait alimenter les plus vifs débats des jours à venir.

    Le Monde

    http://fortune.fdesouche.com/357989-les-etats-ne-se-donnent-pas-les-moyens-denrayer-lerosion-de-la-biodiversite#more-357989

  • Ce sac plastique qui cache le vote d'un piège énergétique

    Dans la nuit de vendredi et samedi, nos députés ont courageusement veillé jusqu'à l'aube pour abolir le sac plastique et la vaisselle jetable en plastique (les bébés restant, eux, toujours jetables). Cette décision, qui restera gravée dans la mémoire de tout amateur de pique-nique, a fait la une des journaux, alors que

    "l'essentiel fut voté dans un grand silence d'indifférence, sans l'ombre d'un débat pour l'avenir de notre pays. L'article 1er du projet de loi adopté dès le vendredi matin ne concerne que notre facture d'électricité, notre indépendance énergétique, et notre excellence industrielle. C'est tout. Ce que cet article pose, c'est l'équation à résoudre concernant le mix énergétique, mais il se garde bien de la résoudre. Ainsi,

    • la part du nucléaire dans la production d'électricité devra être réduite de 75 à 50% à l'horizon 2025 ;
    • la consommation énergétique diminuer de moitié en 2050 par rapport à 2012 ;
    • figurent la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030, et leur division par 4 en 2050 ;
    • enfin, la part des énergies renouvelables doit être portée à 23% en 2020 et 32% en 2030, et la consommation des énergies fossiles diminuer de 30% en 2030.

    Bon courage ! Ne serait-ce que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en diminuant la part du nucléaire, cela me parait être un certain challenge à résoudre. Si on met tous les autres pourcentages dans le shaker, j'ai du mal à voir ce qui va pouvoir en sortir en terme de programmes d'équipements pour la France : 3 millions de chômeurs juchés sur des vélos pour alimenter les ampoules de nos guirlandes de Noël ? Aucun débat sur les impacts liés au coût de l'électricité et sur ses conséquences pour les ménages et notre industrie. Le sac plastique cachait donc une forêt de pourcentages alignés sous forme d'une équation impossible à résoudre, une équation qui n'est que l'expression de la plus pure utopie."

    Louise Tudy

  • Nucléaire : aux abris, ça craque de toutes parts !

    Dans le monde entier, les vieilles centrales arrivent en bout de course. La part du nucléaire dans la production d'énergie diminue. Les industriels de l'atome sont de plus en plus atones, et en viennent à demander de réduire la consommation d'électricité. La décroissance est notre horizon.

    Nous avons régulièrement affirmé dans cette chronique qu'un destin tragique - et bien mérité - attend l'industrie nucléaire : déconfiture, décrépitude, dégénérescence, déliquescence. Il ne s'agit pas de notre part d'un pari, ou d'un hommage, au célèbre docteur Coué, mais simplement de conclusions rationnelles tirées de l'étude de la situation.

         En substance, la majorité des 390 réacteurs encore en service sur la planète a dépassé 30 ans d'âge et chacune de ces antiquités se dégrade plus ou moins rapidement mais de façon continue et inéluctable. Or, au vu de la récente actualité, il n'est d'ailleurs pas impossible que ce processus ait entamé une impressionnante phase d'accélération, illustrée par trois situations édifiantes :

         - trois réacteurs nucléaires belges sur sept sont sur le flanc, et la pénurie menace ;

         - quatre réacteurs nucléaires britanniques ont été arrêtés en urgence par EDF, propriétaire de ces antiquités (achetées à prix d'or en 2008 avec notre argent !) ;

         - la remise en service des réacteurs japonais semble de plus en plus improbable.

    Reprenons dans le calme ces informations inquiétantes (pour ceux qui aiment le nucléaire) et... inquiétantes pour ceux qui n'aiment pas le nucléaire... et craignent d'être irradiés).

    Réacteurs à l'arrêt

    En août 2012, on apprend que les cuves de deux réacteurs nucléaires belges - Doel 3 et Tihange 2 - sont fissurées, et ce depuis leur fabrication... trente ans plus tôt. On appréciera la célérité des limiers de l'atome, prétendus les plus compétents qui soient. Les réacteurs sont arrêtés pendant un an, puis remis en service pendant quelque temps, puis stoppés à nouveau. Aujourd'hui, les "responsables" avouent que la fermeture est probablement définitive, ce qui donne des sueurs froides en pensant aux trente ans de fonctionnement et surtout à la récente remise en service momentanée.

         Cerise sur le gâteau, le réacteur Doel 4 est stoppé depuis début août et pour des mois à la suite d'une grave avarie : ce sont donc trois réacteurs belges sur sept qui sont sur le flanc et qui le seront encore cet hiver : la pénurie menace. Du coup, l'arrêt programmé pour maintenance du réacteur Tihange 1, qui tombait fort mal, va être scindé en deux périodes afin de pouvoir produire au cœur de l'hiver. Et tout ça sans causer de risque (ou du moins de risque supplémentaire), parole de "responsables" !

         On évoque aussi la mise en place d'un câble pour bénéficier de la production électrique d'une centrale à gaz néerlandaise située à 3 km seulement de la frontière, et arrêtée depuis des mois du fait de la faible consommation d'électricité qui sévit au bas pays. Enfin, en dernier recours bien entendu, "une sensibilisation du public pourrait aussi faire partie des mesures mises en place pour faire baisser la consommation électrique" (Agence Belga, 14 août 2014). Bigre, pourquoi pas la décroissance tant qu'on y est ?

         Le même "danger" (nous parlons bien de la décroissance, et non d'une catastrophe nucléaire qui, selon les nucléocrates, ne serait finalement pas si tragique) menace aussi la Grande-Bretagne où EDF détient quinze des seize réacteurs encore en service. En effet, le 11 août, EDF a stoppé en urgence, pour au moins 8 semaines, quatre réacteurs touchés par une inquiétante défaillance (AFP, 11 août 2014). Notons d'ailleurs que, depuis 2006, deux autres réacteurs d'EDF fonctionnent à seulement 70% de leur puissance du fait de problèmes non résolus. Cette situation sidérante doit d'ailleurs se poursuivre jusqu'en 2023, date d'arrêt définitif de ces antiquités boiteuses. Si elles n'explosent pas avant !

         Pour sa part, le Japon a appris à vivre sans nucléaire : ses 48 réacteurs (plus les 6 de Fukushima, qui ont été déclassés et n'existent plus administrativement comme réacteurs nucléaires) sont tous arrêtés depuis pratiquement un an. Les autorités voudraient bien en réactiver quelques-uns mais, voilà, la population n'est pas du tout "compréhensive". Du coup, l'opérateur d'électricité Kepco distribue des coupons de réduction pour que les gens fassent des achats dans les magasins entre 13 heures et 16 heures : il s'agit de réduire les pics de consommation électrique entraînés par une utilisation massive des climatiseurs en début d'après-midi (Le Figaro, 20 juillet 2014). La baisse de la consommation d'électricité passerait donc par... des achats dans les magasins : c'est la "décroissance par la consommation", un curieux concept qui devrait ne pas aboutir à grand-chose de bon...

         D'autres "mauvaises" nouvelles (réjouissances en fait) ont agrémenté l'été : Areva a enregistré une chute vertigineuse de près de 20% après l'annonce de résultats semestriels dégradés accompagnés d'un avertissement sur les comptes 2014 (TradingSat, 1er août 2014). D'autre part, l'Autorité de sûreté nucléaire des USA, la NRC, a commencé à reclasser ses experts dans d'autres industries, prenant acte du déclin net et irréversible du nucléaire américain (Associated press, 21 juillet 2014).

         La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée de 17% en 2001 à 9% à ce jour, un effondrement stupéfiant que tentent pourtant de nier les atomistes, en particulier en France. Quel courage, quelle lucidité : au bord du gouffre, ils vont encore de l'avant !

    La Décroissance N°112

    http://www.oragesdacier.info/2014/10/nucleaire-aux-abris-ca-craque-de-toutes.html

  • Vive le low-tech !

    Le high-tech des technologies vertes va nous sauver de la crise écologique disent nos gouvernants. A l'inverse, Philippe Bihouix vient de publier L'Age des Low Tech. Il nous présente son argumentation pour des techniques simples et durables, sans sacrifier notre confort.

    Certes, la situation actuelle n'est pas très reluisante : changement climatique, pollution généralisée, effondrement de la biodiversité, destruction des sols, pénuries sur t et les ressources. Mais, promis, le futur devrait être formidable, porté par les innovations technologiques et la croissance verte ! Arrêtez bien l'eau du robinet en vous lavant les dents, jetez votre bouteille plastique dans la bonne poubelle, et, le reste, les ingénieurs et les chercheurs en blouse blanche s'en occupent...

    Car pour les technolâtres, rien d'insoluble. La pénurie énergétique ? Un déploiement massif d'énergies renouvelables, reliées par des réseaux « intelligents », et nous serons bientôt tous producteurs, tous consommateurs dans une civilisation basée sur l'hydrogène. Les ressources non renouvelables ? Nous ferons de la dématérialisation, de l'éco-conception, tandis que l'économie circulaire permettra de recycler à l'infini, sans parler des nanotechnologies pour réduire la quantité de matière. On va même pouvoir réparer les objets et lutter contre l'obsolescence grâce aux imprimantes 3D, qui, au passage, vont mettre fin aux vieilles usines héritées du fordisme. Et, tenez-vous bien, grâce aux biotechnologies, la pollution elle-même sera vaincue. De gentilles bactéries extrairont les métaux lourds des sols, ou digéreront les tombereaux de plastique dispersés dans tous les océans. Vive les high-tech !

    Certes, nous n'avons cessé, depuis des millénaires, d'expérimenter, d'inventer, d'explorer et d'innover, jusqu'à cette incroyable accélération des XIXème et Xxème siècles, même si cela s'est fait au prix d'une destruction environnementale sans précédent. Mais, si l'imagination fertile des être humains n'a peut-être pas de limites, les équations de la physique, elles, sont têtues.

    Premièrement, ces technologies sont imparfaites. Ainsi du recyclage, qui a ses limites. Oui, on peut en théorie réutiliser indéfiniment les métaux, sauf qu'on les emploie aussi sous forme dispersive, comme produits chimiques. Ainsi du chrome, du zinc, du cobalt, de l'étain, ou de 95% du titane, qui sert de colorant blanc universel, dans les peintures, les dentifrices, les crèmes solaires.... Et il y a souvent une dégradation de l'usage, une perte fonctionnelle, comme pour les milliers d'alliages différents, qui, ferraillés et refondus ensemble, finissent dans de basiques fers à béton. Dans l'électronique, on retrouve des dizaines de métaux différents dans tous les appareils, en quantités trop faibles pour les récupérer. Plus on est high-tech, moins on fabrique des produits recyclables et plus on utilise des ressources rares dont on finira bien par manquer.

    Deuxièmement, il est absurde de croire que les solutions technologiques pourront être déployées à la bonne échelle. Ainsi des énergies renouvelables et des voitures électriques (limite sur les ressources métalliques), ou des agro-ressources – l'ensemble des résidus agricoles de la planète ne suffirait pas à couvrir notre seule consommation de plastiques. Alors, si ces nouvelles technologies, plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, nous conduisent dans l'impasse, que faire ? Se tourner au contraire vers les « basses technologies ».

    Quels sont nos vrais besoins ?

    D'abord, réfléchir à nos besoins. Tandis qu'on lance des programmes d'éolien offshore au titre de (timide) transition énergétique, on égrène les lieux publics de panneaux publicitaires énergivores ! Bannir les objets jetables, brider la puissance des automobiles, rechaper les pneus, alléger leur poids – avant d'apprendre à s'en passer – permettrait des économies considérables.

    Ensuite, concevoir des objets plus simples, privilégier le mono-matériau, réduire le contenu électronique (la cafetière italienne contre la machine à expresso) et mettre en place le réseau de récupération, réparation, revente, partage des objets du quotidien, outils, jouets, petit électroménager.... Standardiser les formats des bouteilles, des pots de yaourt et des flacons, pour réintroduire la consigne et la réutilisation généralisées. Techniquement, nous avons moyen de conserver l'essentiel de notre « confort », mais en s'organisant différemment d'aujourd'hui.

    Enfin, ne pas céder aux sirènes technologiques et se souvenir que sur cette Terre, tout a un impact. Il n'y aura jamais de voiture « propre », quand bien même son énergie serait « zéro émission ». C'est donc dans la tempérance qu'il faut chercher le salut. « Pour l'amour de Dieu ! Soyez donc économes de vos lampes et de vos bougies ! Il n'est pas un litre d'huile que nous brûlez qui n'ait coûté une goutte de sang humain », nous exhortait Ismaël, le narrateur de Moby Dick.

    Et rien n'a vraiment changé aujourd'hui....

    Philippe Bihouix - Revue Papier L'écologiste n°43 Vol, 15 n°2 Juillet-Août-Sept 2014

    Texte déniché sur Technosaurus

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/09/23/vive-le-low-tech-5453884.html

  • Fabrice Nicolino : « Face à l’industrie chimique, tout le monde est tétanisé » (màj audio)

    Mise à jour du 04 octobre 2014

    Dans l’émission de France Inter “CO2 mon amour”, le 20 septembre 2014, Denis Cheissoux recevait le journaliste Fabrice Nicolino, au sujet de son nouveau livre consacré à l’industrie chimique. Également présent, Stéphane Sarrade chef du département de physico-chimie à la Direction de l’énergie nucléaire du CEA.

    France Inter

    90 millions de substances : tel est l’héritage, non définitif, que nous lègue l’industrie chimique depuis son inexorable essor, lors de la Première guerre mondiale. Parmi elles, combien de substances toxiques – DDT, phtalates, bisphénol A, cancérogènes et autres perturbateurs endocriniens… ? Pourquoi un tel silence, une telle absence de contrôle ?

    Dans son livre « Un empoisonnement universel », le journaliste Fabrice Nicolino raconte l’histoire de cette industrie et comment elle a, impunément et littéralement, inondé nos vie de molécules.

    Une situation dont nous prenons conscience seulement aujourd’hui en constatant ses terribles conséquences, de l’explosion des cancers à celle la maladie d’Alzheimer en passant par le diabète. Entretien.

    Basta ! : Votre nouveau livre traite de l’impact sanitaire des substances chimiques, omniprésentes dans notre vie quotidienne. Il constitue à la fois une histoire de la chimie de synthèse et un véritable réquisitoire contre l’industrie chimique. Quelle est l’origine de ce projet ?

    Fabrice Nicolino : [1] Cela fait très longtemps que je m’intéresse aux questions de contamination chimique. En 2007, j’ai notamment publié, avec François Veillerette, un livre intitulé Pesticides. Révélations sur un scandale français. Il y a une douzaine d’années, j’ai été profondément marqué par une étude publiée par une ONG américaine appelée EWG.

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  • Près de deux Français sur trois sont opposés à l’exploitation des gaz de schiste en France

    Forera ou forera pas: le débat sur l’exploitation des gaz de schiste en France a repris de plus belle avec la déclaration, le 25 septembre dernier, de Nicolas Sarkozy affirmant être favorable à l’utilisation de cette énergie pour améliorer l’indépendance énergétique de la France et relancer l’emploi.

    La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a aussitôt répondu qu’il n’y aurait «pas de gaz de schiste» tant qu’elle serait au ministère.

    Une position qui devrait satisfaire les Français: selon un sondage exclusif BVA pour 20 Minutes*, 62% des Français seraient opposés à ce que soit aujourd’hui autorisée en France l’exploitation du gaz de schiste.

    Ils sont 31% à s’y déclarer «tout à fait opposés» et 31% «plutôt opposés». Seulement 36% des personnes interrogées se déclarent favorables à cette énergie, qui fait craindre de lourds impacts sur l’environnement, et à peine 8% des Français y sont «tout à fait favorables».

    La technique de la fracturation hydraulique, la seule qui permette actuellement d’exploiter les gaz de schiste, est interdite en France par une loi en vigueur depuis 2011.

    Mais les appétits énergivores ne renoncent pas à cette manne qui gît sous le sol français: l’ancien ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, s’était ainsi déclaré favorable à des recherches pour faire émerger une technique d’extraction «propre». Un pari risqué au sein de la gauche: d’après les résultats du sondage réalisé ce mardi, 80% des sympathisants de gauche sont opposés à l’exploitation des gaz de schiste et 74% des soutiens du Parti socialiste refusent les forages en France.

    Pour Nicolas Sarkozy, en revanche, déterrer les gaz de schiste pourrait être stratégique: 51% des sympathisants de droite sont favorables à leur exploitation, et ce chiffre monte à 56% pour les soutiens de l’UMP. «En tenant cette position, il est soutenu par la majorité des sympathisants UMP, qui constituent aujourd’hui sa cible principale, dans la perspective de son élection à la tête de leur parti», commente Eric Bonnet, directeur des études politiques chez BVA Opinion.

    Les gaz de schiste pourraient aussi permettre à Nicolas Sarkozy d’enfumer son principal concurrent à l’UMP: «Il oblige Alain Juppé à prendre lui aussi position sur le sujet. Or, soit l’ancien éphémère ministre de l’Environnement s’y dit lui aussi favorable, mais il risque alors de donner l’impression de suivre Nicolas Sarkozy et de voir sa popularité baisser auprès des Français dans leur ensemble; soit il se dit au contraire hostile à l’exploitation du gaz de schiste, mais il risque alors de voir sa popularité baisser auprès des sympathisants UMP», estime Eric Bonnet.

    1. *Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français recrutés par téléphone et interrogés par Internet les 30 septembre et 1er octobre 2014. Echantillon de 1.064 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

    20 minutes

    http://fortune.fdesouche.com/357159-pres-de-deux-francais-sur-trois-sont-opposes-lexploitation-des-gaz-de-schiste-en-france#more-357159