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économie et finance - Page 612

  • L’allocation de rentrée scolaire version Hollande : 158 millions versés injustement !

    L’allocation de rentrée scolaire, une prestation des allocations familiales, a été versée à près de 3 millions de foyers depuis le 19 août. Son montant varie de 362 € à 395 € par enfant selon les âges, et n’est versée que sous condition de ressources.

    On peut toujours discuter du bien fondé de ce type d’aide et de sa réelle efficacité : en effet cette somme étant destinée à équiper l’enfant pour suivre dans de bonnes conditions son année scolaire, on aurait pu reverser cette somme aux établissements en fonction du nombre d’élèves, l’établissement devant fournir le « kit » nécessaire à l’enfant.

    La version ARS (allocation de rentrée scolaire) 2014 signée François Hollande est une gabegie : en effet, nul n’est besoin d’apporter la preuve de la scolarisation de l’enfant pour lequel on réclame cette allocation. Une simple déclaration sur l’honneur suffit.

    Le problème est que le taux de lycéens non scolarisés (15 à 19 ans) est important : je n’ai pas trouvé les chiffres de 2013, mais simplement ceux de 2005 à 2009. Entre ces deux années, le taux d’enfants scolarisés est passé de 89 % à 84 %, soit un recul de 1% par an. Cela laisse entrevoir les chiffres de 2014…Restons donc sur la base de 2009, qui nous indique que les adolescents déscolarisés grimpent à 16 %.

    Sachant que le nombre de lycéens scolarisés pour l’année 2012-2013 était de 2.100.000, on peut en déduire que le nombre de lycéens déscolarisés est de 400.000 au minimum. A 395 € pour cette tranche d’âge, la CAF aura donc versé 158 millions d’euros pour des enfants non scolarisés. Et en ne se basant que sur les lycéens !!!

    L’argent du contribuable n’a pas de valeur pour Flamby !

    Xavier Celtillos

    http://medias-presse.info/lallocation-de-rentree-scolaire-version-hollande-158-millions-verses-injustement/14336

  • Conjoncture. Elie Cohen : « 2015 sera une année de crise politique »

    La croissance est en panne. Que faire ? Suite de notre série d’entretiens avec des économistes. Aujourd’hui, Élie Cohen, pour qui le gouvernement prend un risque en ne respectant pas ses engagements européens.

    Recueilli par Marc PENNEC.

    CROISSANCE QUI STAGNE, CHÔMAGE PERSISTANT… POURQUOI NOTRE ÉCONOMIE PATINE-T-ELLE ?

    Il y a un an, on tablait sur une reprise économique mondiale pour nous entraîner. Or le premier trimestre a été calamiteux aux États-Unis où la croissance en 2014 n’excédera pas 2 %. Même tendance dans les pays émergents et au Japon. Dans la zone euro, la bonne dynamique allemande marque un certain essoufflement. Enfin, il y a les problèmes propres à la France : effondrement de la construction immobilière, faiblesse des investissements des ménages et de la demande globale, manque d’incitation des entreprises à investir.

    Les réformes réclamées ici et là peuvent-elles relancer la machine ?

    Ces réformes structurelles – protection sociale, fluidification du marché du travail, réduction du millefeuille territorial… – créent de l’incertitude et des oppositions à court terme. Mais les effets sont positifs sur le moyen et long terme comme on l’a observé en Suède, au Canada ou en Australie.

    LES FRANÇAIS ONT-ILS RAISON D’ÊTRE AUSSI PESSIMISTES ?

    Franchement non. Depuis 2007, les différents gouvernements se sont appliqués à préserver le pouvoir d’achat des salariés ainsi que notre modèle social, en espérant que la reprise de la croissance viendrait régler les problèmes de la crise. Dans le même temps, en Grèce, salaires et pensions baissaient de 25 % et en Espagne de 10 %. On n’a pas non plus fait les grandes réformes qui ont produit ces résultats en Allemagne ou dans les pays nordiques. Je ne vois aucun gouvernement de gauche ou de droite dire que la priorité est de réduire les dépenses et déficits publics, en réduisant le pouvoir d’achat des Français au besoin.

    PEUT-ON CONTINUER COMME CELA ?

    Non. En 2015, nous ne tiendrons aucun de nos engagements vis-à-vis des partenaires européens. L’année 2014 aura été une année pour rien. Le gouvernement dira : « Certes, nous ne tenons pas nos objectifs, mais nous avons engagé un plan de réformes structurelles ambitieux. » Ce sera une sorte de troc. Mais j’ai du mal à penser que ce scénario soit couronné de succès. Dire qu’on ne fera pas d’effort supplémentaire, de coupe dans les dépenses publiques, le pouvoir d’achat, parce qu’on n’a pas une majorité politique pour le faire, va entrer en collision avec nos engagements européens.

    DONC, RISQUE POLITIQUE ?

    L’année 2015 sera une année de crise politique plus qu’économique. Parce que nous sommes sur une petite tendance de reprise économique. On est en train de remonter, plus lentement qu’espéré.

    LE TEMPS DES GRANDES CROISSANCES N’EST-IL PAS FINI ?

    Les deux tiers de la croissance dans les pays développés, ce sont des gains de productivité dus au progrès technique. Et je ne crois pas qu’il y ait épuisement de ce progrès. Mais pas question de rester sans rien faire en attendant une reprise mondiale.

    entreprises.ouest-france.fr

    http://fortune.fdesouche.com/351917-conjoncture-elie-cohen-2015-sera-une-annee-de-crise-politique#more-351917

  • Financement occulte des partis politiques : commissions et rétrocommissions

    [Même avec la réforme Sapin de 1993], on aurait tort de croire que le financement de la vie politique française – voire, parfois, les financements plus personnels de certains responsables politiques – baigne désormais dans une quasi-transparence. Car à côté des sources franco-françaises presque banales que l’on vient d’évoquer, les coûts toujours croissants des campagnes électorales ont conduit au fil des années – surtout depuis les années 1970 – au développement, voire à l’institutionnalisation d’autres filières illégales de financement bien plus opaques, qui constituent à coup sûr l’un des secrets les mieux gardés de Ve République : celles des « rétrocommissions » liées aux marchés d’exportation. 

         La première, mais pas la moins utilisée, est en quelque sorte ancillaire : elle concerne les exportations françaises (de biens de consommation et d’équipement, BTP et autres) vers les pays de l’Ex-empire français, au Maghreb et en Afrique subsaharienne. On sait les liens quasi familiaux conservés depuis de Gaulle entre les dirigeants français et les potentats chargés de gérer, au mieux moins l’ascendant que certains de ces derniers – tout particulièrement ceux qui ont eu la chance d’hériter de pays riches en pétrole, comme Omar Bongo au Gabon – ont pu acquérir sur des pans importants de la classe politique française en contribuant au financement de ses campagnes électorales, à droite (surtout) comme à gauche. De même, la chronique médiatique a fort peu rendu compte des ressorts financiers profonds qui expliquent souvent la grande sollicitude dont ont fait preuve depuis les années 1980 nombre de responsables politiques de gauche (surtout ?) comme de droite à l’égard des dirigeants autoritaires du Maghreb, qu’il s’agisse du roi Hassan II au Maroc, des généraux algériens ou du général Zine Abbidine Ben Ali en Tunisie (depuis 1987).

         Dans tous les cas, au-delà des classiques et presque « anecdotiques » valises de billets, le mécanisme de base a été le même, banalisé et perfectionné – avec le recours au « paradis fiscaux » – au fil des années : une grande entreprise française, grâce à l’entregent de tel ou tel responsable politique, emporte un marché d’importation (de sucre, de blé, d’usine « clé en main »...) de l’un de ces États du pré-carré. Son prix est surfacturé de 10% à 15% (parfois beaucoup plus), pour payer des commissions qui vont dans la poche des « décideurs » locaux, lesquels en rétrocèderont une partie (les fameuses rétrocommissions) aux divers « intermédiaires », dont ces obligeants responsables de partis politiques français toujours en quête de finances pour tenter de gagner la prochaine élection – et pas toujours insensibles aux cadeaux annexes. Mais de tout cela, la justice française – et moins encore les médias – n’a jamais rien su, tant ce secret est bien gardé, car on parle là, au fil des années, de milliards d’euros. 

         Il en va (presque) de même pour la seconde forme de rétrocommissions, celles liées aux grands marchés passés avec des États étrangers – et là, bien au-delà des seuls États de l’ex-Empire colonial – par les entreprises françaises dites « de souveraineté » (dans les secteurs de la défense, de l’aéronautique, de l’énergie, du génie logiciel, etc., dont les exportations sont étroitement contrôlées par le gouvernement français). Le problème est double. Le premier tient au fait que la plupart des entreprises françaises, en passant des contrats à l’étranger, doivent verser des commissions, le plus souvent parfaitement légales, quand elles rémunèrent le travail effectif d’un agent commercial facilitant un contrat. En 2000, une convention de l’OCDE, ratifiée par la France, a fort justement limité le montant de ces commissions à 5% de la valeur du contrat, en interdisant formellement qu’elles soient versées à un agent de l’État concerné, dirigeant, élu ou fonctionnaire. Le problème, c’est que les entreprises « de souveraineté » ne traitent, directement ou indirectement, qu’avec ces personnes et que, de ce fait, le contrôle est en pratique impossible. Avant la signature de la convention OCDE, le ministère des Finances devait autoriser ces versements, qui atteignaient parfois des montants dépassant 20% de la valeur du contrat, pour que les entreprises vendeuses puissent les déclarer dans leurs frais généraux. Mais depuis la naissance de la Ve République, aucune de ces autorisations – où figurent en principe les noms des bénéficiaires – n’est jamais sortie des coffres-forts des Finances, « secret-défense » oblige... 

         Le second problème, c’est que ce sont justement ces contrats-là qui font le plus facilement l’objet de rétrocommissions en faveur de personnalités françaises – beaucoup moins souvent à des partis politiques –, qui bénéficient ainsi de « retours » vers par l’agent corrompu du pays acheteur. Typiquement, le corrompu étranger touche de la part de l’entreprise vendeuse une commission occulte majorée – 15% au lieu de 10%, par exemple, charge à lui de reverser 5% en France. Aucune affaire de ce type n’a été jugée depuis 1958, mais c’est exactement ce type de commissions illégalement reversées en France que cherchent à débusquer depuis 1997 les magistrats sur l’affaire des frégates de Taïwan. La pratique n’a pas cessé depuis la signature de la convention OCDE par la France. Elle est seulement devenue plus difficile à mettre sur pied. Et on doit à la vérité dire que ce problème touche tous les grands pays, sans exclure ni les États-Unis ni aucun grand pays européen. 

         De la même manière, les assurances garanties par l’État couvrant ce qu’il est convenu d’appeler le « risque pays » ne sont pas une exclusivité française. En France, cette activité est une spécialité de la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur), aujourd’hui filiale du groupe Natixis. Et sans qu’aucune affaire sérieuse ait jamais émergé publiquement, elle cache de nombreux lièvres. Classiquement, une entreprise cherchant à passer un contrat à l’étranger prend une assurance, afin de couvrir le risque qu’elle prend en vendant à une État ou une entreprise étrangère à la solvabilité incertaine. Dans ce cas, la Coface sollicite la garantie de l’État, dont elle peut ensuite faire bénéficier son client. Si le contractant avec lequel ce dernier est en affaire se révèle insolvable, alors il se retourne vers l’État français, qui honore les engagements du partenaire étranger défaillant. 

         Rien là que de très ordinaire. Mais le mécanisme est propice aux abus, car il peut aussi servir à dissimuler des rétrocommissions versées par des dirigeants de pays amis, qui n’ont jamais eu un sou vaillant pour payer leur achat, ou avec lesquels il avait été convenu par avance qu’ils ne paieraient rien, l’entreprise française concernée sachant dès le départ qu’elle se retournerait vers l’État – ce qui permettrait ainsi de financer, sur fonds publics, les besoins des politiques français bénéficiaires des rétrocommissions. 

         Très au fait de ce sujet, l’ancien banquier et ex-ministre du Budget Henri Emmanuelli est le seul à avoir mis les pieds dans le plat, sans que cela ait provoqué autre chose qu’un quasi-coma médiatique : lors de la présentation du budget 2004 à l’Assemblée nationale, il a pourfendu cette pratique fort contestable des « annulations Coface », chiffrées pour 2003 à plus de 700 millions d’euros, et estimées à plus d’un milliard d’euros en 2005. Cette pratique représenterait 46% des annulations de dettes consenties par la France au pays du Sud : « Par une politique systématique de soutien à l’exportation et à l’investissement des entreprises françaises dans certains pays en développement, l’État a alourdi la dette publique des pays destinataires de ces investissements, via le mécanisme de la contre-garantie souveraine. Ce type de dettes n’a que très peu servi le développement des pays du Sud, mais plutôt servi les intérêts de certaines entreprises françaises, qui ont pu ainsi exporter et investir de manière indue. » Et renvoyer sans aucun doute un grand nombre d’ascenseurs, aurait-il pu ajouter. 

    Renaud Lecadre, Histoire secrète de la 5ème République

    http://www.oragesdacier.info/2014/08/financement-occulte-des-partis.html

  • La mère de toutes les histoires d’affairisme : les lycées d’Île-de-France

    L’affaire des lycées d’Île-de-France devait être la mère de toutes les affaires, une « affaire monstrueuse, la plus grosse affaire de financement politique jamais jugée en France », selon l’accusation. Songez plutôt : l’ensemble des partis, Verts et Front National exceptés, tous unis pour ponctionner le marché de la rénovation des lycées franciliens, portant sur 24 milliards de francs. Entre 1990 et 1995, le RPR, le PR, le CDS, le PS et le PCF ont collectivement perçu quelque 200 millions de francs de « dons » d’entreprises souvent bénéficiaires de cet énorme marché – il faut dire que le Parlement avait adopté dans une belle unanimité, le 15 janvier 1990, une loi autorisant les personnes morales à prendre part au financement de la vie politique, avant de revenir en arrière en 1993 et en 1995. 

         La région Île-de-France est alors sous la présidence du RPR, Pierre-Charles Krieg puis Michel Giraud, mais feu vert est donné aux trésoriers des différents partis pour partir à la pêche aux dons d’entreprises. A chacun ses méthodes, recensées dans l’ordonnance de renvoi en correctionnelle. Jésuitique, comme Gérard Peybernes, en charge de l’association de financement du PS : « Lors de notre dernier entretien, vous avez eu l’amabilité d’accepter le principe de faire un don... » Poétique, comme Louise-Yvonne Casetta, intendante du RPR : « Sœur Anne attend et ne voit rien venir... » Administrative comme Jean-Pierre Thomas, trésorier du PR : « Vous êtes en retard par rapport aux cotisations que vous me devez. » Discrète au PCF, qui échappe encore aux poursuites. Plaintive au CDS, comme en témoigne Michel Elbel, leader des centristes au conseil régional, à la barre du tribunal : « Le RPR et le PS ramassaient tout, le CDS ne savait pas faire. Nous étions toujours rabaissés aux élections, car arrivant les poches vides. » Bon prince, feu le président Krieg lui glisse un jour une enveloppe contenant un million de francs, avec ce petit mot d’encouragement : « Il y a de l’argent, on a pensé à vous. » 

         Au printemps 2005, le procès pèche par son casting. Gérard Longuet, ancien président du PR, est le seul chef de parti sur le banc des accusés. Il hurle à la face du tribunal : « Où sont mes partenaires ? Où est le président du RPR ? Où est le président du PS ? » Ce coup de gueule lui vaudra une relaxe. Seuls les habituels soutiers du financement politique doivent répondre de leurs actes. Louise-Yvonne Casetta, dite la « cassette du RPR », en est à son troisième procès. Elle dénonce la « lâcheté des hommes au-dessus [d’elle] ». Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac à Matignon comme à la Mairie de Paris, puis ministre de la Coopération du gouvernement Balladur, est le seul ténor à la barre. 

         Tout le monde se demande si l’homme, replié dans le monde des affaires (vice-président du groupe Bolloré, après avoir autrefois travaillé chez Eiffage et la Générale des eaux), va mettre en cause son ancien mentor. Pour l’amadouer avant le procès, on lui a proposé une position éligible au Parlement européen, où l’immunité est à toute épreuve. Le « soldat Roussin » n’a pas besoin de ça. Mis à part quelques allusions – « Il se trouve que mon patron, maire de Paris, dirigeait également un parti politique » –, il ne lâche rien. Michel Roussin s’est retrouvé paradoxalement en première ligne, bien que n’exerçant aucune responsabilité officielle, pour avoir contribué à évincer Jean-Claude Méry des circuits de financement : « J’étais l’homme que l’on pouvait solliciter pour exposer des problèmes. Personne ne faisant le ménage, c’est moi qui l’ai fait. » Le 26 octobre 2005, le tribunal condamne les quarante-sept prévenus à un total de cinquante ans de détention avec sursis. Seul Jean-François Donzel, dissident écologiste opportuniste, est condamné à un an de prison ferme – une première en matière de financement de parti politique (et là encore, Donzel a fait appel). Donzel avait un peu abusé : bénéficiaire aussi bien de fonds secrets du gouvernement Bérégovoy que du gouvernement Balladur, une partie avait atterri sur son compte personnel en Suisse. 

         Rideau. La justice est passée, les politiques honorent leurs martyrs. A gauche, Henri Emmanuelli a retrouvé en février 2000 son fauteuil de député et son poste de président du conseil général des Landes ; à droite, Alain Juppé campe l’homme du recours après son exil d’un an au Québec en 2005-2006. Pierre Méhaignerie, président de la commission des finances à l’Assemblée, et Jacques Barrot, commissaire européen aux Transports, font comme si rien ne s’était passé. Certes, la justice leur a délivré de rudes leçons d’éducation civique : « La généralisation des pratiques de financement des partis politiques ne peut justifier ces comportements délictueux, manifestant ainsi un mépris total de la morale civique » (jugement de première instance de l’affaire Urba) ; « Il y a un pacte républicain, on y adhère ou on n’y adhère pas » (réquisitoire de l’affaire des HLM de Paris). 

         Mais, unanimement, les leaders politiques jurent qu’il s’agit d’une période révolue, liée à l’absence de législation particulière sur le financement des partis. Après avoir autorisé les dons de personnes morales en 1990, la loi a fini par les bannir complètement, le 19 janvier 1995. Il faut dire que la publication de ces « dons » au Journal Officiel, prévue par la loi du 29 janvier 1993, avait un effet désastreux : on y retrouvait tous les attributaires de marchés publics, toujours les mêmes. Me Hervé Temime, avocat de Michel Giraud, ironise : « Arrêtons de parler de la philanthropie bien connue de l’entreprise citoyenne, contribuant au financement de la vie publique à la seule condition de ne pas obtenir un marché... C’est idiot. » La loi de 1995 va droit au but : les partis vivent désormais de subventions publiques payées par le contribuable national, et non plus par le contribuable local qui devait surpayer certains marchés. 

         Anne-José Fulgéras, ancienne spécialiste des affaires financières au parquet de Paris, a quitté la magistrature en 2000 pour se reconvertir, au sein du cabinet Ernst & Young, dans la « prévention des risques pénaux des dirigeants ». Avant de jeter la robe, requérant dans un de ces dossiers « qui traite d’une période que l’on souhaite révolue », elle achève son propos par une « série de questions » : « Pourquoi les entreprises versent tant d’argent aux partis politiques ? Pour quelles contreparties réelles ou supposées ? Pourquoi de tels circuits occultes ? Est-on sûr que ces questions ne sont plus d’actualité ? Notre démocratie a trop longtemps souffert de cet illégal toléré. Et puis toléré par qui ? » Pour Anne-José Fulgéras, le « schéma est simple : à la tête, des hommes mus par une ambition politique personnelle, louable, mais confrontés à la trivialité du financement. La solution : s’en remettre à un militant acceptant de se salir les mains et ayant le bon goût de ne pas en parler aux têtes couronnées, les maintenant dans une apparente et bienséante irresponsabilité ». 

         Aucune des lois successives (1988, 1990 et 1995) réglementant le financement des partis politiques n’a véritablement mis fin aux dérives. Mais une autre y a grandement contribué : la loi Sapin en 1993, du nom de ce ministre rocardien des Finances sous le gouvernement Bérégovoy, qui proscrit l’intervention d’intermédiaires dans les marchés publics. Exit les Urba, Gifco et autres Méry. 

    Renaud Lecadre, Histoire secrète de la 5ème République

    http://www.oragesdacier.info/2014/08/la-mere-de-toutes-les-histoires.html

  • La France en risque de cessation de paiement

    Selon l'ex-ministre du Budget Valérie Pécresse :

    "Nous empruntons aujourd'hui à peu près 360 milliards d'euros par an à court et à long terme". "Si les taux d'intérêt remontent d'un point, cela veut dire que cela nous fera 3 milliards de dépenses de plus. De 2 points ? 7 milliards. Sur le long terme, la dette est une épée de Damoclès" avec "le risque de ne plus pouvoir financer les service publics auxquels nous sommes attachés".

    Michel Janva

  • Comment la géopolitique du pétrole explique la crise en Irak

    Les sunnites veulent se réapproprier des richesses qui leur échappent au bénéfice des chiites. Mais les djihadistes de l’EIIL comme les Kurdes et le pouvoir de Bagdad ont intérêt à maintenir les installations pétrolières en état de fonctionner. Au moins aussi longtemps que chaque camp espère l’emporter…

    Par Gilles Bridier

    En Irak, les conflits religieux rallumés par l’insurrection des djihadistes sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont de forts relents de pétrole. Dans un pays qui puise les neuf dixièmes de sa richesse nationale dans ses réserves d’or noir, le nerf de la guerre –l’argent– passe forcément par le contrôle des puits et des pipelines.

    L’Irak est redevenu une grande puissance pétrolière. Avec  des réserves évaluées à plus de 144 milliards de barils contre 265 milliards pour l’Arabie saoudite et 157 milliards pour l’Iran, il est, selon les dernières statistiques de l’Opep, l’un des pays les plus richement dotés du Moyen-Orient. Et la production, qui fut longtemps désorganisée à cause du conflit avec l’Iran, de la première guerre du Golfe au Koweit, des sanctions de l’Onu puis de l’invasion américaine, retrouve ses records d’antan.

    Après avoir frôlé les 3 millions de barils/jour en moyenne l’an dernier, elle a même atteint 3,6 millions de barils/jour en février 2014, un niveau jamais atteint depuis la fin des années 70. De sorte que les exportations d’or noir, de l’ordre de 2,4 millions de barils/jour, plaçaient le pays en troisième position parmi les grands pays producteurs de pétrole derrière l’Arabie saoudite et la Russie. Mais c’était avant l’offensive djihadiste.

    Et la trajectoire ascendante ne devait pas s’arrêter là, Bagdad prévoyant de pousser la production à 4 millions de barils/jour à la fin de cette année et à 5 millions un an plus tard (et même 8 millions d’ici à 2035 selon l’Agence internationale de l’énergie), le pays assurant à lui seul plus de la moitié de la progression de la production des pays de l’Opep.

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  • Vladimir Poutine déclare la guerre à l’hégémonie du dollar

    Il semble que la guerre économique en cours entre la Russie et les USA est en passe de devenir totale. Après les sanctions occidentales contre Moscou, qui a répliqué à la fois par un rapprochement énergétique historique avec la Chine et par un embargo contre les produits alimentaires européens, voici que Vladimir Poutine apparait décidé à sonner la fin de l’hégémonie du dollar au niveau mondial.
    Le monopole du dollar “nuisible”
    Vladimir Poutine a ainsi déclaré aujourd’hui en Crimée – tout un symbole – ce qui suit :
    “La Russie doit totalement vendre son gaz et son pétrole en roubles dans la mesure où l’hégémonie du dollar sur le marché de l’énergie nuit à l’économie“.
    Cette déclaration solennelle a bien sûr vocation à donner le signal général de l’abandon du dollar dans les transactions internationales. Une attaque stratégique contre la première puissance mondiale et le pilier de cette puissance : sa monnaie. Et surtout une contre-attaque portée contre la stratégie globale des Etats-Unis visant à maintenir le dollar comme première devise des échanges commerciaux par le contrôle militaire des zones riches en pétrole et en gaz, notamment au Moyen-Orient.
    Attaque frontale contre la puissance américaine
    Une telle déclaration, de par sa nature publique et formelle, lui donne également une dimension structurante et dynamique : mis en confiance par la position russe, le Brésil, l’Inde, la Chine et d’autres pays vont à la fois vouloir et devoir accompagner cette évolution.
    Devoir, car le dollar, par les énormes émissions monétaires de la Banque Centrale US, a perdu considérablement de sa valeur et ne se maintient désormais que par la soumission des pays tiers qui acceptent de commercer dans cette devise. La Chine ou l’Inde ne vont plus vouloir financer la domination et le niveau de vie américains.
    Devoir en outre, car ces pays, gros détenteurs de monnaie US, vont également être contraints de se débarrasser à marche accélérée des stocks de dollars qu’ils possèdent en grandes quantités, le signal de l’abandon général ayant été donné par le président d’un des pays producteurs de pétrole et de gaz les plus importants du monde. Plus tôt ils le feront, plus le change leur sera profitable. Plus ils attendront, plus leur capital détenu en dollars se dépréciera.
    Devoir enfin car la Russie est en position de force sur le marché mondial de l’énergie et ses clients, dépendants, feront de moins en moins de difficultés pour négocier directement en monnaies nationales.
    Et c’est là que la seule déclaration de Vladimir Poutine est désastreuse pour les USA : la confiance dans la puissance US et sa monnaie étant déjà pratiquement réduite à rien, il ne suffisait plus que d’un signal politique majeur pour précipiter l’abandon massif du dollar. Voilà qui est fait. Et désormais, la confiance dans la monnaie américaine est atteinte, concrètement, à sa base.
    En somme, Vladimir Poutine est celui qui a dit tout haut : “Le roi est nu !”. Les autres vont rapidement en convenir et agir en conséquence.
    Une déclaration de guerre au Veau d’Or, au sens strict
    Qu’on ne s’y trompe pas, cette déclaration s’explique par la politique américaine en Ukraine et plus généralement contre la Russie. Notons qu’elle a été faite en Crimée, dans un geste de défi aux USA et à l’Otan, ce qui lui donne une dimension politique et géopolitique encore plus forte.
    Mais c’est surtout une attaque d’une force d’impact infiniment plus considérable que n’importe quelle opération armée aux frontières de la Russie. Et c’est un message directement adressé aux dirigeants américains par le maître du Kremlin et qui se résume à ceci : “Nous sommes en guerre“.
    Les opérations militaires américaines depuis 2001 s’expliquent par le vaste projet de maintenir le système économique mondial sous la domination de la monnaie US. C’est ainsi que les USA peuvent vivre et dominer au crédit des autres. Cette stratégie suppose le contrôle des ressources énergétiques du monde, des centres de productions économiques européens et asiatiques et la neutralisation politique de l’Eurasie.
    Vladimir Poutine, en annonçant sa rupture avec le dollar, réagit à ce qui est une guerre déclarée en 2001 par la finance occidentale, non seulement à la Russie, mais à toutes les périphéries du monde. Cette déclaration est donc bel et bien une déclaration de guerre en retour. A partir de maintenant, il ne s’agit pas de “nouvelle Guerre Froide”, mais de la guerre de cette finance pour maintenir son empire. C’est une guerre mondiale dont le dernier volet a commencé en 2001 et qui enflamme désormais l’Europe.
    Vladimir Poutine brûle ses vaisseaux
    Devant les députés russes et les médiats internationaux présents en Crimée, le président russe s’est livré à un exercice de pédagogie sur la stratégie qu’il entend suivre. Reuters rapporte ces autres propos :
    “Nous devons agir prudemment. En ce moment nous essayons de trouver un accord avec certains pays pour commercer en monnaie nationale”.
    Que Vladimir Poutine détaille si froidement et méthodiquement sa décision de détruire le dollar américain sur le lieu de sa victoire en Crimée signifie qu’il a décidé de franchir le Rubicon. Il n’y a pas de marche en arrière possible et le chef de l’Etat Russe le sait. Il a relevé le gant et décidé d’affronter les USA en ayant conscience qu’il risque, littéralement, sa vie. Et il sait que Wall Street et la City vont tout faire pour le détruire, à commencer par une tentative de coup d’état sous forme de révolution en Russie (lire ICI).
    Bien qu’élu démocratiquement, Vladimir Poutine sait comment les ploutocraties s’occupent de leurs opposants : il a par obligation à l’esprit les exemples de Milosevic, Kadhafi ou de leur tentative contre Bashar Al Assad. Ou encore du Tsar Nicolas II.
    La réponse de la finance occidentale, dont l’empire se fracture de toutes parts, menacé en outre par des puissances neutres susceptibles de rejoindre le mouvement, ne pourra être que celle d’une puissance jouant sa survie. Exactement comme Napoléon pénétrant en Russie en 1812 et Hitler après lui en 1941.
    Pour le judaïsme bancaire et ses vassaux occidentaux, Poutine et la Russie doivent être détruits. Comme l’Allemagne entre 1941 et 1945 ou l’empire napoléonien en 1815.
    inutile d’être grands clercs pour savoir que la diabolisation de la Russie et de son président va s’amplifier de façon exponentielle dans la presse des ploutocraties.

    Yann de Kerguezec http://breizatao.com/ :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_antiamerique/EuplkFFkpkPKyhiOlF.shtml

  • Zéro de croissance : c’est la rentrée des cancres

    François Hollande demandait à être jugé sur ses résultats. Il est jugé, sans appel, et déjà condamné.   

    L’actualité, cette année, n’a pas pris de vacances d’été. Le président de la République non plus. Trois petits jours à la Lanterne, trois petits tours au mont Faron, à Brégançon, en rade de Toulon, et déjà la cloche sonne du prochain Conseil des ministres. C’est la rentrée, une rentrée déjà grosse de déception, de colère, voire de révolte. Rentrée des classes ? En l’espèce, ce serait plutôt la rentrée des cancres. Qu’est-on d’autre qu’un cancre quand votre bulletin trimestriel s’orne pour la deuxième fois consécutive d’un zéro de croissance et votre tête d’un superbe bonnet d’âne ?

    L’avalanche des chiffres noirs qui s’affichent au tableau est implacable.

    3,4 millions de chômeurs officiellement recensés, auxquels on peut ajouter les quelque deux millions de chômeurs partiels et de précaires, c’est un nouveau record, et qui ne tardera pas à être de nouveau battu. Et que dire de la multiplication des emplois artificiellement créés et sous-payés, emplois jeunes, emplois d’avenir, contrats temporaires, intérimaires, smicards, retraités aux pensions misérables et de surcroît gelées ?

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  • L’impôt, ce n’est plus ce que ça a été

    Joie, bonheur et sourires rayonnants : à quelques semaines de la rentrée, les premiers avis d’imposition sur les revenus 2013 arrivent dans les boîtes à lettres. Et immédiatement, le contribuable, à peine rentré de vacances, dépiaute fébrilement son courrier pour vérifier si, lui aussi, fait partie de ces heureux assujettis dont les impôts, fort modestes puisqu’on est en France, pays du lait et du miel, vont encore baisser.

    Car oui, c’est une certitude : pour certains d’entre eux, les impôts vont baisser. Bercy s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué de presse ces jours derniers pour bien s’assurer que tout le monde était au courant de cette information capitale : grâce aux effets sensibles et bénéfiques de tous les efforts entrepris par le gouvernement, la France va mieux et une partie des ménages, ceux à revenus modestes, verront leur feuille d’impôt s’alléger. Et en plus, il n’y aura pas besoin de remplir un cerfa complexe en triplicata, puisque ce sera automatique. C’est Bercy qui le dit.