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économie et finance - Page 610

  • Embargo UE-Russie : L’effet boomerang des sanctions

    Les analystes parlent déjà de l’effet boomerang. Les sanctions de l’Union Européenne envers la Russie, et de la Russie vers l’Union sont en train de toucher très sérieusement les économies de pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, et même l’Allemagne. 130.000 emplois son en jeu en Europe.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Les politiques d'austérité, «inefficaces et injustes» ?

    Arnaud Montebourg a vivement critiqué les orientations économiques du gouvernement. Le Figaro a interrogé trois économistes pour faire le point sur ces politiques d'austérité qui divisent la majorité.
    Le Figaro - Arnaud Montebourg affirme que les politiques d'austérité contribuent à aggraver les déficits plutôt qu'à les réduire. Est-ce vrai ?
    Thierry Pech, directeur de Terra Nova (think tank de gauche) - Cela dépend de la croissance mais effectivement, lorsqu'un gouvernement augmente les impôts et diminue les dépenses, cela a un impact récessif. Notamment dans une période où le secteur privé n'est pas en mesure de prendre le relais de l'investissement public, comme c'est le cas actuellement en France. Si la croissance est moindre qu'espérée, il y a moins de rentrées fiscales et les déficits peuvent donc se creuser. Aujourd'hui, la stratégie du gouvernement a indéniablement un effet récessif. Par contre, on ne peut pas dire qu'elle ait aggravé les déficits. Elle n'a pas contribué à les réduire mais elle ne les a pas creusés.
    David Cayla, chercheur au GRANEM et maître de conférences à l'université d'Angers, membre des Économistes Atterrés - Le vrai souci c'est qu'une politique d'austérité réduit très peu le déficit en pourcentage du PIB. Elle ne permet pas de réhabiliter les équilibres budgétaires dont a besoin le gouvernement. Il faut donc trouver un moyen de faire une vraie politique de relance et de croissance si, effectivement, on ne souhaite pas aggraver les déficits.
    • Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFRAP (think tank libéral) - Encore faudrait-il être dans une politique d'austérité! La seule austérité réellement constatée aujourd'hui en France est fiscale, et elle pèse sur les ménages et les entreprises. En revanche, l'austérité qui pèse soi-disant sur les dépenses publiques est encore virtuelle car nous ne sommes pas encore entrés dans les réformes structurelles. La dépense publique totale en valeur continue d'augmenter, elle est passée de 1150 milliards à 1200 milliards. La politique d'austérité du gouvernement se limite pour le moment à des coups de rabots. Quand il dit que «les politiques d'austérité aggravent les déficits là où elles devraient précisément les réduire», Arnaud Montebourg oublie de dire que l'erreur originelle a été de miser uniquement sur les augmentations d'impôts pour réduire le déficit et que cela a cassé la confiance et engendré un trou dans les recettes fiscales de plus de 15 milliards en 2013.
    À partir de quel moment trop d'austérité tue l'austérité ?
    • Thierry Pech - C'est une question d'intensité et de rapidité et l'une des variables principales reste le niveau de la croissance. En France, la consolidation budgétaire a été menée trop rapidement. Aux États-Unis, le gouvernement a attendu que l'économie se consolide et que le secteur retrouve de la vigueur avant de s'attaquer aux déficits. L'Allemagne a peut-être tort d'appuyer trop fort sur la pédale de la consolidation budgétaire mais elle n'a pas tort sur le fait que la France ait des réformes à mener. Le problème de la France, c'est la France.
    • David Cayla - C'est la déflation qui détermine cela. Une forte inflation a tendance à avantager les débiteurs, ceux qui empruntent. Or aujourd'hui, la faible inflation favorise plutôt les créanciers. Au moment où le gouvernement a décidé de mettre en place sa politique d'austérité, l'inflation était de l'ordre de 2 ou 3%. Aujourd'hui, nous avons une croissance nulle et une inflation proche de zéro, la situation est donc beaucoup plus difficile. Le gel des prestations et des salaires dans la fonction publique n'ont donc aucun effet d'économie. On peut dire que la déflation annule l'action du gouvernement.
    • Agnès Verdier-Molinié - Avoir des dépenses publiques qui atteignent 57% du PIB, voilà ce qui est réellement inquiétant. Avoir encore un déficit de 4,3% en 2014 n'est pas moins inquiétant. C'est notre taux de dépense publiques qui pourrait bien nous achever et non trop d'économies sur les dépenses. La difficulté aujourd'hui est de passer d'un modèle où tout passe par les dépenses publiques à un modèle où l'on pense avant tout à la création de richesses et où tout serait fait pour simplifier la création d'entreprises et d'emplois marchands. Si on table seulement sur 0,5% de croissance en 2014 c'est bien parce que les entreprises et les ménages n'ont pas confiance. Comme il est clair que les réformes structurelles ne sont pas menées, les créateurs de richesses s'attendent à de nouvelles hausses mécaniques de taxes et renoncent à investir et à embaucher. Ils renoncent aussi face à la complexité de la règlementation et du code du travail.
    Arnaud Montebourg a critiqué des politiques qui touchent d'abord les classes moyennes et populaires. Est-il possible d'éviter que la consolidation budgétaire ne touche ces populations ?

    Thierry Pech - Pour réduire les déficits publics, il faut prendre en compte trois variables: les dépenses, les recettes et la croissance. Pour augmenter le niveau des recettes, il est possible de calibrer les politiques menées pour qu'elles ciblent plus particulièrement les plus fortunés. Mais pour ce qui concerne les dépenses autres que les dépenses sociales, il est impossible de dire si leur réduction va plus durement impacter une classe qu'une autre. Si l'on réduit les dépenses de l'armée, cela sera-t-il plus défavorable aux classes moyennes qu'aux autres? Impossible à dire. C'est donc sans doute vrai de dire que les politiques de consolidation budgétaire touchent les classes moyennes et populaires, bien qu'il existe une possibilité de compenser certaines mesures.
    Baisses d'impôts: les trois pistes de l'éxécutif.
    • David Cayla - Le gouvernement a réduit les cotisations sociales des entreprises de l'ordre de 40 milliards d'euros. Il pense que les profits réalisés vont favoriser les investissements. Or cela pèse sur les classes moyennes. Je pense que l'une des solutions serait d'augmenter le smic en compensation des baisses de cotisations. Nous avons en France un réel problème de demande. Elle s'effondre et entraine une baisse des profits des entreprises. En augmentant le smic, on contribue à la demande et à la consommation et on ne pénalise pas les profits. Pour une baisse des cotisations de 40 milliards d'euros, le gouvernement pourrait faire un effort de l'ordre de 6 milliards d'euros en faveur du smic.
    • Agnès Verdier-Molinié 
    - Plus de 90 % des Français se considèrent comme faisant partie de la classe moyenne. Rappelons qu'un salarié entre dans les 10% les plus aisés avec 3300 euros par mois. Pour ne pas augmenter les impôts des classes moyennes, la seule solution viable est de baisser les dépenses publiques. Sinon, la fiscalité se comporte comme un matelas d'eau: ce que l'on baisse d'un côté, on le remonte de l'autre pour financer des besoins publics toujours plus importants. Si Hollande et Valls ont vraiment pour projet de réduire les dépenses publiques et décomplexifier pour relancer la croissance, il va falloir passer à la vitesse supérieure et adopter des principes simples: pas de remplacement des départs en retraite dans la fonction publique et augmentation du temps de travail des agents par exemple. La qualité de nos services publics ne dépend pas véritablement des moyens financiers qui leur sont alloués mais de la bonne gestion de ces moyens. Sur ce plan, nous avons collectivement une très grande marche à gravir.

    Charlotte Peyronnet et Géraldine Russell Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EupApAkZplVOkxRXzT.shtml

  • Gaz & pétrole : Guerres secrètes

    En 2011, une coalition armée emmenée par la France a attaqué la Libye du colonel Kadhafi. Officiellement, il s’agissait d’intervenir au nom des Droits de l’Homme. Mais un document a circulé, stipulant que Total pourrait exploiter 35% du pétrole libyen, en cas de changement de régime.

    L’accès aux hydrocarbures était-il, au fond, la véritable raison de cette guerre ? Déjà en 2003, quand les États-Unis ont envahi l’Irak de Saddam Hussein, le doute a plané.

    Patrick-Charles Messance a rencontré des hommes de l’ombre qui témoignent pour la première fois devant une caméra, et lèvent un coin du voile sur ces opérations à hauts risques.

     

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Emprunts toxiques des collectivités locales : l’État fait voter une loi pour protéger les banques

    Les élus locaux crient au scandale après que l’État a fait voter une loi leur enlevant leur principal argument de recours contre les banques dans ce dossier à 17 milliards.

    David contre Goliath ! Dans la guerre qu’ils ont lancée contre les banques, les élus locaux viennent de perdre une bataille. Avant la crise, de nombreuses collectivités se sont endettées en souscrivant des emprunts dont les taux d’intérêt étaient libellés en devises étrangères ou en matières premières. Des emprunts qui sont vite devenus « toxiques », les taux souscrits grimpant en flèche et entraînant des niveaux de remboursement insurmontables pour les collectivités fragiles.

    En juillet, le Conseil constitutionnel a validé une loi protégeant les banques de multiples recours. Avec ce texte, un établissement ne pourra plus se faire condamner pour ne pas avoir mentionné ou avoir mal mentionné le taux effectif global (TEG, mesurant le coût total du crédit) ou d’autres indicateurs (taux de période, durée de la période) dans les documents échangés avec un client. Les communes, départements et régions se voient donc désormais privés d’un argument d’attaque efficace, qui avait permis à plusieurs collectivités de gagner des procès face aux banques.

    Lire la suite de l’article sur lefigaro.fr

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Emprunts-toxiques-des-collectivites-locales-l-Etat-fait-voter-une-loi-pour-proteger-les-banques-27460.html

  • L’influence de la presse régionale, à travers une simple anecdote.

    La lecture du quotidien Ouest-France est un rituel auquel je ne déroge pas lorsque je suis à Rennes : j’ai souvenir que, depuis le plus jeune âge, ce journal était sur la table du petit déjeuner et qu’il inaugurait, d’une certaine manière, la journée, d’abord par les aventures de Lariflette (personnage disparu des colonnes du quotidien, tout comme Hagar Dunor, dont je ne certifie pas l’orthographe…), puis, à l’adolescence, par la rubrique politique locale, d’ailleurs fort fournie à l’époque, si j’en crois mes souvenirs. Régulièrement, d’ailleurs, paraissaient des communiqués des mouvements ou cercles royalistes, en particulier lors des événements estudiantins ou lycéens, et cela nous donnait un peu plus de visibilité et de crédibilité encore, alors que de nombreux murs de Rennes affichaient (bien malgré eux…) un royalisme de bon aloi…

     

    Mardi matin, justement, alors que je dégustais un petit café au prix moins douloureux qu’en région parisienne, une information apparemment anodine a attiré mon regard : il s’agissait du refus par la société GDF-Suez d’un chèque en breton rédigée par une Lanestérienne nonagénaire, pourtant correspondant à la somme demandée. Le fournisseur d’énergie a d’ailleurs aggravé son cas en menaçant, lors d’un deuxième courrier, d’interrompre le service à cette cliente, bretonnante depuis sa naissance… Bien sûr, cette vieille dame, soutenue par des militants de la cause bretonne, n’a rien cédé, étant dans son bon droit : « Cliente du Crédit mutuel de Bretagne, qui propose des chéquiers en breton depuis 1982, Luce Loyant assure qu’elle rédige « tous [ses] chèques dans cette langue. Je n’ai jamais eu de problèmes ». Elle a fait part de son « incompréhension » à GDF-Suez. Car d’après le code monétaire et financier, la langue utilisée pour remplir un chèque doit être celle pré-imprimée sur le titre lui-même. Soit, en l’espèce, le breton. »

    Lecture du quotidien du matin...

    Une fois la presse alertée et l’article paru dans Ouest-France, dans son édition de mardi, il semble que les choses se soient vite débloquées et la société a reconnu son erreur, acceptant et débitant enfin le chèque de la cliente… Cela aurait-il été si rapide si le principal quotidien régional n’avait évoqué cette affaire ? Personnellement, j’en doute ! L’influence de ce journal et de son groupe de presse n’est pas négligeable (c’est le moins que l’on puisse dire), surtout au plan local et régional (et pas seulement pour la Bretagne), ici pour le meilleur, parfois pour le pire (surtout quand il s’agit de la question européenne, Ouest-France se voulant l’héritière de la très européiste démocratie-chrétienne), et montre que la presse écrite reste encore, en particulier dans les régions et leurs différents échelons, un vecteur important de la politique qu’il serait hasardeux de négliger même si, effectivement, elle ne joue peut-être plus le rôle de jadis quand elle était la première source d’informations, et pas seulement locales, pour les lecteurs du petit déjeuner ou du bistrot… Elle représente aussi, en tout cas, une information de proximité qui répond aux attentes de nombreuses personnes, pas forcément pour l’information elle-même ou les opinions du journal, mais pour cette proximité qui rassure et qui met en valeur les gens « locaux » eux-mêmes, toujours soucieux de voir si, quelque part, ils ne seraient pas les « héros du jour », y compris pour des événements qui peuvent paraître bien anodins au regard de la « grande actualité »… Un pays réel et local bien loin des atermoiements et des centres d’intérêt du pays légal parisien ou parisianiste ! [...]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-influence-de-la-presse-regionale

  • L’influence de la presse régionale, à travers une simple anecdote.

    La lecture du quotidien Ouest-France est un rituel auquel je ne déroge pas lorsque je suis à Rennes : j’ai souvenir que, depuis le plus jeune âge, ce journal était sur la table du petit déjeuner et qu’il inaugurait, d’une certaine manière, la journée, d’abord par les aventures de Lariflette (personnage disparu des colonnes du quotidien, tout comme Hagar Dunor, dont je ne certifie pas l’orthographe…), puis, à l’adolescence, par la rubrique politique locale, d’ailleurs fort fournie à l’époque, si j’en crois mes souvenirs. Régulièrement, d’ailleurs, paraissaient des communiqués des mouvements ou cercles royalistes, en particulier lors des événements estudiantins ou lycéens, et cela nous donnait un peu plus de visibilité et de crédibilité encore, alors que de nombreux murs de Rennes affichaient (bien malgré eux…) un royalisme de bon aloi… 

    Mardi matin, justement, alors que je dégustais un petit café au prix moins douloureux qu’en région parisienne, une information apparemment anodine a attiré mon regard : il s’agissait du refus par la société GDF-Suez d’un chèque en breton rédigée par une Lanestérienne nonagénaire, pourtant correspondant à la somme demandée. Le fournisseur d’énergie a d’ailleurs aggravé son cas en menaçant, lors d’un deuxième courrier, d’interrompre le service à cette cliente, bretonnante depuis sa naissance… Bien sûr, cette vieille dame, soutenue par des militants de la cause bretonne, n’a rien cédé, étant dans son bon droit : « Cliente du Crédit mutuel de Bretagne, qui propose des chéquiers en breton depuis 1982, Luce Loyant assure qu’elle rédige « tous [ses] chèques dans cette langue. Je n’ai jamais eu de problèmes ». Elle a fait part de son « incompréhension » à GDF-Suez. Car d’après le code monétaire et financier, la langue utilisée pour remplir un chèque doit être celle pré-imprimée sur le titre lui-même. Soit, en l’espèce, le breton. »

    Lecture du quotidien du matin...

    Une fois la presse alertée et l’article paru dans Ouest-France, dans son édition de mardi, il semble que les choses se soient vite débloquées et la société a reconnu son erreur, acceptant et débitant enfin le chèque de la cliente… Cela aurait-il été si rapide si le principal quotidien régional n’avait évoqué cette affaire ? Personnellement, j’en doute ! L’influence de ce journal et de son groupe de presse n’est pas négligeable (c’est le moins que l’on puisse dire), surtout au plan local et régional (et pas seulement pour la Bretagne), ici pour le meilleur, parfois pour le pire (surtout quand il s’agit de la question européenne, Ouest-France se voulant l’héritière de la très européiste démocratie-chrétienne), et montre que la presse écrite reste encore, en particulier dans les régions et leurs différents échelons, un vecteur important de la politique qu’il serait hasardeux de négliger même si, effectivement, elle ne joue peut-être plus le rôle de jadis quand elle était la première source d’informations, et pas seulement locales, pour les lecteurs du petit déjeuner ou du bistrot… Elle représente aussi, en tout cas, une information de proximité qui répond aux attentes de nombreuses personnes, pas forcément pour l’information elle-même ou les opinions du journal, mais pour cette proximité qui rassure et qui met en valeur les gens « locaux » eux-mêmes, toujours soucieux de voir si, quelque part, ils ne seraient pas les « héros du jour », y compris pour des événements qui peuvent paraître bien anodins au regard de la « grande actualité »… Un pays réel et local bien loin des atermoiements et des centres d’intérêt du pays légal parisien ou parisianiste ! [...]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-influence-de-la-presse-regionale

  • Andrew McAfee : “Nous vivons la seconde révolution industrielle”

    Non, les robots ne nous volerons pas nos emplois. Et oui, les énormes progrès technologiques actuels, si inquiétants soient-ils, vont transformer notre monde comme l’avait fait le première révolution industrielle, estime Andrew McAfee, chercheur au MIT.

     

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  • Location d'utérus : Catherine Dolto tire la sonnette d'alarme

    Catherine Dolto, pédiatre et spécialiste de la relation mère-foetus, répond auTélégramme :

    "On évoque souvent la situation des mères porteuses, l'aspect contestable de la transaction commerciale, mais rarement les conséquences pour l'enfant. Sur quoi vous basez-vous pour recentrer le débat ?

    Sur 30 ans d'expérience clinique en tant qu'haptothérapeute, c'est-à-dire une personne qui accompagne les grossesses en organisant la rencontre entre les parents et l'enfant avant la naissance (...). Je suis très surprise que, dans ce débat, personne ne se pose la question du vécu de l'enfant. La GPA ne peut pas être sans trace, non seulement pour l'enfant mais aussi pour sa descendance (...). L'importance du début de la vie ne fait plus débat. Comment un enfant se construit-il dans le ventre d'une mère qui doit, au terme d'un contrat, s'en séparer ?

    Pourtant cet enfant est lié à la mère porteuse...

    Qu'on le veuille au non, cet enfant est en lien permanent avec elle. Il partage sa vie (...). Le foetus guette tout ce qui fait signe. Il est beaucoup plus poreux qu'on le croit au monde extérieur. (...) Cela laisse des traces très profondes. L'enfant in utero se prépare à entrer dans le monde de sa mère.

    Et cette relation s'arrête brutalement... 

    Le bébé perçoit ce que sa mère perçoit. Cette mère porteuse est essentielle à son stade de développement. Elle est sa planète d'origine. C'est son être même qui s'est construit dans cette relation à cette femme. Et là, on l'oblige à faire un saut héroïque dans le vide, quand arrive la réalisation de ce contrat, la livraison de cet enfant."

    Michel Janva

  • Une affaire de géométries variables... par Frédéric Lordon Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com L'affaire de l'amende infligée à la BNP Paribas par la justice américaine a suscité de nombreux commentaires au début du mois de juillet. Nous revenons dessus

    Une affaire de géométries variables...

    par Frédéric Lordon

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

    L'affaire de l'amende infligée à la BNP Paribas par la justice américaine a suscité de nombreux commentaires au début du mois de juillet. Nous revenons dessus avec cet article incisif de l'économiste Frédéric Lordon, qui aborde cette fois-ci la question non pas sous l'angle géopolitique, des relations entre les Etats-Unis et l'Europe, mais sous l'angle des relations des banques avec la puissance publique, lorsque celle-ci existe... L'article a été cueilli sur La pompe à phynance, le blog de l'auteur.

    BNP-Paribas, une affaire de géométries variables

    On peut bien, si l’on veut, reparcourir l’affaire BNP-Paribas à la lumière de la saga crapuleuse des banques à l’époque de la libéralisation financière. Il faut bien admettre, en effet, que la série a de quoi impressionner, et jusqu’au point de vue défendu depuis le début ici-même, qui tient plutôt la ligne de ne pas céder à la diversion fait-diversière pour maintenir les droits de l’analyse, telle qu’elle doit rendre compte des crises financières non par l’« hypothèse du mal » — Madoff, Kerviel ou qui l’on voudra —, mais par les fonctionnements structuraux, réguliers, intrinsèques, des marchés de capitaux déréglementés. Dans un élan de sensationnalisme irrépressible autant qu’irréfléchi, les médias, toujours pressés de se rendre au plus gros, et au plus bête, se jettent sur tous les délinquants à chemise rayée comme sur des providences — il est vrai que les occasions sont rares de rafler simultanément les bénéfices de la colère populaire, de la belle image du perp walk [1] des puissants — manière d’attester une souveraine indépendance d’avec les « élites » —, et de la critique de la finance. Mais qui ne critique rien.

    La fraude comme business model bancaire ?

    Car il est bien certain qu’un défilé de traders en combi orange et cadènes aux poignets ne dira jamais rien d’intéressant sur la finance. Obnubilation — par l’image —, et oblitération — de tous les mécanismes ordinaires de la finance —, sont donc les produits les plus certains du barnum systématiquement monté par les médias sur les « grandes affaires » dûment étiquetées « en col blanc ». Prendre la mesure de l’inanité analytique du point de vue criminologique-médiatique requiert, par exemple, de se livrer à une simple expérience de pensée contrefactuelle demandant si la crise financière aurait été évitée si Monsieur Madoff-père s’était retiré ou si Jérôme Kerviel avait fait un BEP de plombier-chauffagiste — bref si les fâcheux n’avaient pas été là. Sauf passion du bouc émissaire et paranoïa en roue libre, la réponse est évidemment non, et les individus délinquants par conséquent renvoyés à leur juste statut : même pas épiphénoménal, simplement secondaire.

    Il s’ensuit surtout que comprendre, et puis prévenir, les crises financières exige un peu plus qu’un programme de redressement moral des traders : s’intéresser aux structures mêmes des marchés de capitaux et des institutions bancaires, telles que, dans leur fonctionnement nominal, elles produisent immanquablement ces séquences : surtension spéculative mimétique, renversement brutal des anticipations, crise de liquidité se propageant de proche en proche, pour gagner potentiellement tous les compartiments de marché par le jeu de la course à la réalisation de détresse [2] et de la ruée au cash [3].

    Le fait-divers divertit, donc, mais il faut bien avouer qu’au rayon « banque et finance » la récurrence fait-diversière commence à impressionner. Entre Goldman Sachs (spéculation contre ses propres clients), HSBC (blanchiment d’argent, fraude fiscale), Crédit Suisse (fraude fiscale), Barclays (manipulation du Libor), RBS (Libor également), et l’on en passe, la généralisation des comportements crapuleux finirait presque par faire croire à l’existence non pas de simples déviations récurrentes, idée en soi tendanciellement oxymorique, mais à un véritable business model, où une partie du dégagement de profit est très délibérément remise à l’exploitation de situations frauduleuses. Champion bancaire national, mais fier de sa surface globalisée, il n’était que justice — ou bien nécessité — que BNP-Paribas vînt ajouter son nom à ce très illustre palmarès. Six milliards et demi de prune tout de même — il va y avoir du bain de siège au conseil d’administration.

    Pertes normales, pertes intolérables

    On peut cependant résister à la pente « délictuelle » et considérer l’affaire BNP-Paribas sous un autre angle. Et même deux.

    Le premier interroge la perception extrêmement variable que prennent les entités capitalistes de leurs pertes selon leurs origines. Car il y a bien quelque chose comme une hiérarchie dans l’acceptabilité, ou la « normalité », des pertes, dont le sommet est évidemment occupé par les « pertes de marché », verdict incontestable d’une quasi-nature à laquelle il est à peu près aussi vain d’objecter que de demander une diminution de l’accélération de la pesanteur. On notera au passage que les « pertes de marché » sont assez souvent l’effet de spectaculaires conneries des équipes dirigeantes, mauvais choix d’investissement ou management déplorable — on pense ainsi, mais comme un exemple parmi tant d’autres, à Boeing qui, à la fin des années 1990, avait cru malin de céder à la mode du downsizing et avait largement licencié, pour se trouver confronté à peine quelques années plus tard à un retour de croissance… et devoir ré-embaucher en catastrophe, mais en s’apercevant que tous les salariés précédemment virés étaient porteurs d’une longue et irremplaçable expérience, et qu’il allait falloir consentir longtemps des coûts monumentaux d’apprentissage, de sous-productivité, et de sous-qualité [4]. Et l’on tiendra pour l’un des symptômes les plus caractéristiques du néolibéralisme qu’on y fustige sans cesse « l’incurie de l’Etat », quand celle du capital engage des sommes non moins considérables, et aussi le destin direct de salariés qui payent de leurs emplois perdus ou de leurs revenus amputés — mais les élites privées de la globalisation, à l’image du « marché », ont été déclarées par principe les insoupçonnables instances de la rationalité, en fait les seules [5].

    Or les « élites » économiques sont plus souvent qu’à leur tour à la ramasse, quand elles ne sont pas carrément incapables de comprendre ce qui se passe vraiment dans leurs entreprises, cas d’incompétence spécialement spectaculaires dans le secteur bancaire, comme l’a prouvé la crise des subprimes — des présidents ventripotents, façon Daniel Bouton, n’ayant pas la moindre idée de la tambouille qui se réchauffe dans leurs propres salles de marché [6], ni des risques réels dont ils laissent se charger leurs bilans. Il en est résulté des pertes consolidées pour le système bancaire international dont le FMI avait tenté l’estimation – entre 2 000 et 3 000 milliards de dollars, soit tout de même le plus imposant bouillon de toute l’histoire du capitalisme —, de sorte que « l’élite » s’est révélée nuisance aux intérêts de ses propres mandataires, pour ne rien dire de ceux de la société dans son ensemble.

    Rien de cet exploit retentissant cependant n’a conduit à la moindre remise en question de la compétence générale des banquiers néolibéraux à diriger les banques, et pas davantage à chuchoter à l’oreille des gouvernements, deuxième compétence supposément adossée à la première. Rien non plus n’a perturbé le moins du monde le gros mouvement de glotte qu’a nécessité tout de même d’avaler pertes aussi astronomiques, elles également versées au registre de la loi naturelle du marché contre laquelle il n’y a rien à dire.

    Ainsi lorsque « le marché » lui impose la sanction, fut-elle colossale, de sa propre incompétence, le capital ne moufte pas. Mais qu’on vienne lui arracher 0,1% de cotisation supplémentaire et il hurle à la mort. Car voilà le bas, le tout en bas, de la hiérarchie de l’acceptabilité des pertes, et en l’occurrence simplement des coûts : ceux qui sont imposés par l’Etat. Procédé décidément d’une puissance heuristique incomparable, il faut là encore se livrer à une expérience de pensée contrefactuelle pour en prendre la mesure, par exemple en partant du montant de l’amende à payer par BNP-Paribas, 6,5 milliards d’euros, en considérant ensuite de celui de son impôt sur les sociétés de 2013, 2,5 milliards d’euros, pour mettre l’un en rapport avec l’autre. Et puis imaginer ceci : un gouvernement de gauche est élu et dit : « la responsabilité des banques privées dans la crise de 2007-2008, dans la récession et les déficits publics qui s’en sont suivis, étant manifeste et incontestable, elles s’acquitteront de la dette qu’elles ont contractée envers la société par une contribution exceptionnelle que nous fixons à trois fois (2,6 fois…) leur dernier impôt payé ». A ce moment ouvrir les micros et bien enregistrer le concert : Michel Pébereau hurle à la mise à mort d’un champion national, Pierre Gattaz déclare l’assassinat de l’esprit d’entreprise, Nicolas Baverez annonce la phase finale du déclin, Bernard Guetta bafouille que nous tournons le dos à l’Union européenne, les Pigeons menacent d’un exode définitif de tous les cerveaux entreprenants, Franz-Olivier Giesbert déclare qu’il faut crever l’Etat obèse, Christophe Barbier que le mur de Berlin a été remonté dans la nuit et que nous nous réveillons du mauvais côté, Jean-Marie Le Guen que trente ans de conversion de la gauche à l’économie de marché viennent d’être rayés d’un trait de plume, Laurent Joffrin pas mieux, etc. Et pourtant, rafler d’un coup trois fois l’impôt annuel, soit à peu de choses près la totalité de son profit, d’un des plus grands groupes mondiaux, les Etats-Unis l’ont fait, et sans un battement de cil.

    Puissance publique et puissances privées : la possibilité d’un rapport de force

    Pays du marxisme-léninisme, comme il est connu de soi, les Etats-Unis ont pris un gros bâton et poum. Disons tout de suite qu’il n’y a pas lieu de pousser des cris d’enthousiasme pour autant. La re-régulation des marchés et des institutions bancaires y est aussi en carafe que partout ailleurs, et pour les mêmes raisons que partout ailleurs — l’infestation de la vie politique et des pouvoirs publics par le lobby financier. Aussi le traitement judiciaire à grand spectacle, par amendes faramineuses interposées, n’est-il que le symptôme de cette impuissance mêlée de mauvais vouloir. Mais au moins y a-t-il quelque chose plutôt que rien. Et même en l’occurrence quelque chose assortie d’assez bonnes propriétés révélatrices. La première tient donc à l’aperception des jugements extraordinairement contrastés auxquels peuvent donner lieu les mêmes événements comptables, selon qu’ils sont le fait de la crasse incurie managériale elle-même — rebaptisée « le marché » —, de la pénalité judiciaire — quand elle est étasunienne —, ou du prélèvement fiscal, pourtant légitime.

    La deuxième propriété révélatrice joue formellement d’un semblable effet de contraste, toujours par la simple comparaison avec les Etats-Unis Soviétiques d’Amérique, en remettant d’équerre la nature des rapports, et notamment des rapports de force possibles, entre la puissance publique et les puissances privées du capital. Là encore pour s’en apercevoir, il faut imaginer pareille sanction infligée par la justice ou quelque pouvoir réglementaire français à une très grande entreprise, à plus forte raison étrangère, pour entendre, sans le moindre doute possible, les discours de l’attractivité, ou plutôt de la répulsivité du territoire français, la fuite annoncée des « investisseurs », le devenir nord-coréen du pays. Car il est maintenant reçu comme une évidence que les puissances publiques doivent abdiquer toute velléité de souveraineté, qu’elles ne sont finalement que les ancillaires des seules puissances qui comptent vraiment, les puissances du capital.

    Par un renversement caractéristique de la pensée économiciste, le néolibéralisme a mis cul par-dessus tête les rapports de souveraineté réels, pour finir par ancrer dans les esprits que l’état normal du monde consiste en ce que le capital règne et que la puissance publique est serve : elle n’a pas d’autre fonction, et en fait pas d’autre vocation, que de satisfaire ses desideratas. Assez logiquement, en pareille configuration, la liste de ces derniers ne connaît plus de limite, et ceci d’autant plus que, encouragé par le spectacle des Etats se roulant à ses pieds, le capital se croit désormais tout permis.

    Affirmation ou démission

    Par ce paradoxe bien connu qu’on pourrait nommer « le zèle du converti de fraîche date », c’est probablement en France que cet état des choses fait les plus visibles ravages et, paradoxe dans le paradoxe, à « gauche », on veut dire à la nouvelle droite, où le devoir d’expiation s’élève pour ainsi dire au carré. Que la volonté politique puisse prévaloir contre le marché, qu’elle ne se borne pas à simplement ratifier ses injonctions, qu’elle puisse même avoir l’ambition d’arraisonner les puissances d’argent, ce sont des idées désormais jugées si épouvantables qu’on est coupable de les avoir seulement considérées. Et ce rachat-là est interminable, à proportion de la croyance antérieure, qu’il ne suffit pas de récuser comme une simple erreur mais dont il faut reconnaître, et puis compenser rétroactivement, l’exceptionnelle abomination. Aussi depuis les 3% maastrichtiens de Bérégovoy jusqu’au « pacte de responsabilité », la Gauche repentie, par là vouée à devenir Droite complexée, n’en finit pas de se couvrir la tête de cendre, dans une surenchère de démonstration qui veut prouver à la face du monde l’irréversibilité de sa conversion — et le Medef a très bien compris qu’il pouvait compter sur elle pour en faire plus que n’importe qui.

    Notamment, donc, pour se faire la stricte desservante de l’idée néolibérale par excellence qui pose la souveraineté de « l’économie » — et la subordination à elle de tout ce qui n’est pas elle. Ainsi, par exemple, est-il devenu presque impossible de faire entendre qu’il n’y a rien d’anormal à ce qu’une entreprise de service public soit déficitaire, et endettée, précisément parce que les servitudes de sa fonction, l’universalité par exemple, emportent des coûts spécifiques qui l’exonèrent des logiques ordinaires de l’économie privée.

    L’Etat est donc désormais enjoint d’abandonner toute logique propre pour n’être plus, fondamentalement, que le domestique de « l’attractivité du territoire », entreprise de racolage désespérée, car la concurrence est sans merci sur les trottoirs de la mondialisation, d’ailleurs dirigée aussi bien vers l’extérieur — faire « monter » les investisseurs étrangers — que, sur un mode plus angoissé encore, vers l’intérieur — retenir à tout prix notre chère substance entrepreneuriale. Il est bien vrai que dans les structures de la mondialisation néolibérale qui lui a ouvert la plus grande latitude possible de déplacements et d’arbitrages stratégiques, le capital a gagné une position de force sans pareille, et la possibilité du chantage permanent : le chantage à la défection, à la fuite et à la grève de l’investissement [7].

    Le rapport de force réel cependant ne s’établit pas seulement d’après ses données objectives, mais plus encore peut-être d’après le degré d’amplification que leur font connaître un certain état de soumission et une propension à baisser la tête — à leur maximum dans le cas de la Droite complexée. Si le cas BNP-Paribas, donc, est bien une affaire de géométrie variable, c’est parce qu’en plus de montrer les variations auxquelles peuvent donner lieu les « jugements de pertes », il met en évidence, par la comparaison la plus irrécusable — celle avec les Etats-Unis —, la différence dans les degrés de fermeté, ou d’abdication, des puissances souveraines face aux puissances privées du capital.

    Là où l’Etat de François Holande s’humilie chaque jour davantage devant le patronat français, l’administration étasunienne, à qui on peut reprocher bien des choses mais certainement pas de méconnaître ses propres prérogatives de souveraineté, sait de temps en temps rappeler aux entreprises les plus puissantes à qui vraiment revient le dernier mot en politique. En ces occasions — évidemment exceptionnelles, car on présenterait difficilement les Etats-Unis comme le lieu sur Terre du combat contre le capital… —, en ces occasions donc, le gouvernement US se moque comme de son premier décret des possibles cris d’orfraie, de la comédie de l’Entreprise outragée, de la menace du déménagement et de la porte claquée. Etonnamment d’ailleurs, de cris d’orfraie, il n’y a point. BNP-Paribas s’est fait copieusement botter le train, mais BNP-Paribas s’écrase, relit de près Rika Zaraï, fait des frais d’herboristerie… et n’attend, en se faisant petit, que le moment d’avoir le droit de faire retour à ses chères opérations dollars. BNP-Paribas pourrait bien monter sur ses grands chevaux et promettre le boycott des Etats-Unis, les Etats-Unis s’en foutent comme de l’an quarante, et ils s’en foutraient même si ça leur coûtait. Car il s’agit d’affirmer un primat.

    Ne plus se rouler au pied du capital

    Que les raisons diplomatiques qui ont commandé en dernière instance la décision étasunienne soient les plus critiquables du monde, la chose n’est pas douteuse, mais ça n’est pas là qu’est le problème en l’occurrence. Le problème est de principe, et tient à la réaffirmation de la hiérarchie des puissances. Il n’y a certainement pas que des motifs de réjouissance dans l’affirmation de l’imperium étatique, dont on sait à quel point il peut se faire haïssable, le cas des Etats-Unis étant d’ailleurs spécialement gratiné sous ce rapport. Mais s’il n’y a à choisir qu’entre l’imperium de l’Etat et celui du capital, alors la décision est vite faite. Pour toutes ses distorsions et ses pantomimes, il arrive que la chose appelée (par charité) « démocratie », dans le cadre de laquelle l’imperium d’Etat est contraint de s’exercer, il arrive donc, parfois, que la « démocratie » impose des commencements de régulation, voire laisse passer quelque chose de la voix populaire si celle-ci finit par le dire suffisamment fort. Dans l’espace du capital, en revanche, nul ne vous entendra crier.

    S’il s’agit de capitalisme, tout ce qui vient des Etats-Unis est réputé insoupçonnable, répète en boucle le catéchisme néolibéral. Pour une fois profitons-en. Les occasions de faire jouer en notre faveur les fausses hiérarchies de la légitimité sont trop rares pour ne pas être exploitées jusqu’au trognon. S’il y a bien une leçon à tirer de l’affaire BNP-Paribas, ça n’est pas tant que les banquiers néolibéraux sont des fripouilles, aussi bien au sens du code pénal que de la nuisance sociale, c’est que la puissance publique, pourvu qu’elle le veuille, n’a ni à passer sous le tapis ni à céder à tous les ultimatums du capital. La vérité c’est que les capitalistes sont assez souvent de grosses nullités ; qu’on ne compte plus les désastres privés comme publics auxquels ils ont présidé ; que leur départ outragé aurait assez souvent moins d’une catastrophe que d’un opportun débarras ; qu’il ne manque pas de gens, derrière, pour prendre leur place — et pourquoi pas sous les formes post-capitalistes de la récommune [8] ; que si c’est le capital local lui-même qui fait mine de s’en aller, il y a d’abord quelques moyens juridiques très simples de l’en empêcher ; que si c’est le capital étranger qui menace de ne plus venir, il n’y a pas trop de mouron à se faire pourvu qu’on n’appartienne pas à la catégorie des eunuques « socialistes » : la rapacité du capital sait très bien s’accommoder même des conditions les plus « défavorables » — le cas BNP-Paribas ne démontre-t-il pas précisément qu’on fait la traque aux entreprises qui se précipitent, mais clandestinement, pour faire des affaires en Iran, au Soudan, etc., pays pas spécialement connus pour leurs ambiances business friendly…

    S’il y a un sou de profit à faire plutôt que zéro, le capital ira [9]. Et si, d’aventure, offensé, il prend ses grands airs un moment, il reviendra. L’éternel retour de la cupidité, ne sont-ce d’ailleurs pas les marchés financiers qui en font le mieux la démonstration : là où la théorie économique vaticine, le doigt tremblant, qu’un défaut sur la dette souveraine « ferme à tout jamais les portes du marché », l’expérience montre que les Etats ayant fait défaut font surtout… leur retour sur le marché à quelques années d’écart à peine, et qu’ils sont bien certains de trouver à nouveau des investisseurs pour leur prêter, d’autant plus si les taux sont un peu juteux.

    Sagesse du (très) gros bâton, exemplarité de la saisie

    Que la puissance publique ait ainsi les moyens de réaffirmer le primat de la souveraineté politique et de tendre le rapport de force avec le capital, comme l’atteste spectaculairement la décision des Etats-Unis contre BNP-Paribas, mais contre bien d’autres groupes, étrangers ou pas, bancaires comme industriels, c’est un aspect du dossier qui, curieusement, n’a pas traversé l’esprit d’un seul éditorialiste. On se souvient en revanche de la tempête d’indignation qu’avait soulevée la nationalisation par le gouvernement argentin de YPF, filiale du groupe pétrolier espagnol Repsol. N’étaient-ce pas les lois du marché, peut-être même les droits sacrés de la propriété, qui étaient ainsi foulés au pied ? Indépendamment de toute discussion du bien-fondé de la décision économique en soi, qui est sans pertinence pour le présent propos, on rappellera tout de même que cette nationalisation s’est faite dans les règles, par rachat monétaire de leurs titres aux actionnaires — le droit de propriété n’a donc pas trop souffert. Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour qu’il en aille toujours ainsi. Il est des cas où la violation de bien public est telle que la saisie pure et simple est une solution d’une entière légitimité politique — c’est bien ce qu’il aurait fallu infliger au secteur bancaire privé dans sa totalité, responsable de la plus grande crise financière et économique de l’histoire du capitalisme [10].

    Il faut rappeler ces choses élémentaires pour prendre à nouveau la mesure des pouvoirs réels de la puissance souveraine, contre tous les abandons des démissionnaires — vendus ou intoxiqués. Et l’occasion est ainsi donnée d’offrir au paraît-il insoluble problème de la re-régulation financière sa solution simple, simple comme le « dénouement » du nœud gordien, une solution en coup de sabre : les règles — c’est-à-dire les interdictions — de la nouvelle régulation posées [11], toute infraction sérieuse sera aussitôt sanctionnée par une nationalisation-saisie, soit une expropriation sans indemnité aucune des actionnaires.

    Comme l’a définitivement montré la crise ouverte depuis 2007, crise généreusement passée par la finance privée aux finances publiques et à l’économie réelle, et qui s’est payée en millions d’emplois perdus, en revenus amputés et en innombrables vies détruites, la position occupée par le système bancaire dans la structure sociale d’ensemble du capitalisme le met ipso facto en position de preneur d’otages — à laquelle la théorie économique, bien propre sur elle, préfère le nom plus convenable d’« aléa moral » —, et par là même en position d’engendrer impunément, et répétitivement, des dégâts sociaux hors de proportion. La tolérance en cette position névralgique d’un secteur privé, abandonné à la cupidité actionnariale, ne peut avoir moindre contrepartie que la reconnaissance de la très haute responsabilité sociale des banques qui s’ensuit, assortie des sanctions les plus draconiennes en cas de manquement, la saisie-nationalisation en étant la plus naturelle — position en réalité d’une grande, d’une coupable, tolérance, car la conclusion qui suit logiquement de pareille analyse voudrait plutôt que, par principe, le système bancaire soit d’emblée, et en totalité, déprivatisé [12].

    En tout cas, comme le montre à sa manière l’affaire BNP-Paribas, et le profil bas aussitôt adopté par ses dirigeants, le rapport de force a ses éminentes vertus, le seul moyen de faire plier une puissance, comme celle du capital, étant de lui opposer une puissance contraire et supérieure. Il suffit donc de sortir les contondants de taille suffisante pour (re)découvrir que le capital n’est pas souverain, et qu’il peut être amené à résipiscence. Gageons que les conseils d’administration bancaires, dûment informés du nouveau « contexte régulateur » qu’on se propose de leur appliquer, ne manqueraient pas — désormais — de surveiller avec un peu moins de laxisme, peut-être même de très près, les agissements des directions qui sont en fait leurs mandataires. Et que, sous la menace d’une expropriation sans frais, ils se montreraient des plus attentifs au respect par leur banque des nouvelles règles en vigueur.

    Le capital, dit-on, s’y entend comme personne pour trouver les défauts de la cuirasse, tourner les réglementations et faire fuir tous les contrôles. A leur corps défendant sans doute, les Etats-Unis viennent de prouver que non, en montrant en acte qu’il suffit de taper suffisamment fort pour que le capital se tienne tranquille. Nul ne sera assez égaré pour voir dans cette décision à l’encontre de BNP-Paribas autre chose qu’une de ces éruptions réactionnelles de souveraineté étatique [13] sans suite ni cohérence, en tout cas sans le moindre projet politique d’ensemble. Mais peu importe : la démonstration est là, il appartient ensuite à qui voudra de la prolonger en un projet, le projet que le capital ne soit plus le souverain dans la société, le projet d’une déposition en somme.

    Frédéric Lordon (La pompe à phynance, 8 juillet 2014)

    Notes

    [1] Perpetrator walk, ou perp walk, est le nom donné à l’exhibition médiatique des accusés, menottes aux poignets, encadrés par deux policiers.

    [2] C’est-à-dire la vente en panique des actifs vendables.

    [3] Voir à ce sujet André Orléan, Le Pouvoir de la finance, Odile Jacob, 1999, et De l’euphorie à la panique. Penser la crise financière, Editions Rue d’Ulm, 2009 ; ainsi que Frédéric Lordon, Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raisons d’agir, 2008.

    [4] On trouvera un catalogue d’erreurs managériales bien fourni dans l’ouvrage de Christian Morel, Les Décisions absurdes, Gallimard, 2009.

    [5] De ce point de vue le numéro de Marianne en date du 19 juin 2014 qui pose la question « Les grands patrons français sont-ils nuls ? » tranche agréablement.

    [6] Ce qui ne veut certainement pas dire en l’occurrence que Kerviel était seul au monde, l’hypothèse que nul dans sa hiérarchie n’ait rien connu de ses agissements étant proprement rocambolesque.

    [7] Au sujet des prises d’otages du capital voir « Les entreprises ne créent pas l’emploi », 26 février 2014.

    [8] Sur l’idée de « récommune », voir Frédéric Lordon, La crise de trop, Fayard, 2009 ; Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, La Fabrique, 2010.

    [9] En ces temps de capitalisme actionnarial, la formulation la plus juste dirait : « s’il y a une opportunité de passer la barre de la rentabilité financière d’un sou plutôt que de zéro… »

    [10] Voir « Pour un système socialisé du crédit », 5 janvier 2009.

    [11] Dont on pourra trouver les éléments dans « Si le G20 voulait… », septembre 2009.

    [12] Voir « Pour un système socialisé du crédit », 5 janvier 2009.

    [13] Qu’on nous épargne les distinctions en l’occurrence byzantines entre « l’Etat », stricto sensu, et « la Justice ». Ce qui compte ici c’est la puissance publique lato sensu, en tant qu’elle oppose sa logique propre à celle des puissances privées.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/08/22/bnp-paribas-une-affaire-de-geometries-variables-5432360.html

  • Travail dominical : les Français ne manquent pas de temps, ils manquent d'argent

    Laurent Herblay, ancien porte-parole de Nicolas Dupont-Aignan, dénonce le retour du travail dominical :

    "[...] Depuis des années, les partisans du laisser faire concernant le travail du dimanche font miroiter un gain pour la croissance. Ils raisonnent comme si le chiffre d'affaires en plus qui serait réalisé le dimanche viendrait en addition du chiffre d'affaire réalisé les autres jours de la semaine, comme s'il n'y avait pas de phénomène de substitution. Etant donné le climat économique, entre chômage record et pouvoir d'achat en berne, on ne voit pas ce qui pousserait les Français à dépenser plus. Ce n'est pas parce qu'on laisse davantage travailler le dimanche que plus d'argent sera créé. Ce n'est que la répartition hebdomadaire des dépenses qui serait modifiée avec une plus forte proportion réalisée le dimanche. Les Français ne manquent pas de temps pour dépenser, ils manquent d'argent, ce que cette réforme ne traite pas.

    Déjà, en 2008, 48 députés de l'ancienne majorité avaient publié une tribune dans le Figaro pour s'opposer aux projets d'assouplissement des règles sur le travail du dimanche. Mais outre le non sens des arguments économiques (on attend toujours une démonstration solide du plus que cela pourrait apporter), comme ils le soulignaient déjà en 2008, cet assouplissement pose un problème de société. Bien sûr, 29% des salariés travaillent déjà le dimanche (dont seulement 13% habituellement), mais la société doit donner un choix aux citoyens de travailler ou pas le dimanche et le laisser faire dans ce domaine risque de le remettre en cause. Et le commerce n'est qu'un moyen au service d'une fin qui le dépasse, la condition humaine. Le travail du dimanche, c'est une inversion des priorités effarante, la prise de pouvoir du marchand et du commerce sur la vie de famille et des choses qui leur sont pourtant infiniment supérieures.

    Gérard Filoche rappelle sur son blog qu'en avril 2012, François Hollande disait que «le combat de 2012, c'est de préserver le principe du repos dominical, c'est-à-dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et j'y veillerai!». Il est tout de même effarant que sur ce sujet, comme sur bien d'autres, le président de la République renie à ce point ce qu'il avait dit pendant la campagne électorale. Il faut noter ici que Nicolas Sarkozy avait joué avec cette idée pendant sa présidence, évoquant notamment le cas de Michèle Obama qui ne pouvait pas faire ses courses des deux côtés des Champs Elysées (ce qui en dit tout de même long sur sa vision de la société, Madame Obama n'étant pas vraiment dans la moyenne). [...]

    La proposition d'assouplissement des règles sur le travail du dimanche représente un mauvais coup porté à notre société et à une conception de l'humanité qui ne serait pas uniquement marchande."

    Michel Janva