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entretiens et videos - Page 814

  • Pierre Sidos : Entretien accordé à la Revue Charles

    Publication rectifiée de l’entretien que Pierre Sidos a accordé à la Revue Charles, N°5, paru en printemps 2013.

    Comment en êtes-vous venu à l’engage­ment politique ?

    Le décès de mon frère aîné Jean a été un déclen­cheur. Quand il meurt le 16 juin 1940 en combat­tant les Allemands dans des conditions héroïques, le maire de La Rochelle, Léonce Vieljeux est venu dans notre maison familiale pour annoncer à ma mère la nouvelle. J’avais 13 ans et j’étais parvenu à me faufiler pour assister à la discussion. Le maire avait ajouté cette réflexion : « L’ouvrier allemand a gagné la guerre », sous-entendu : l’ouvrier français l’a perdue. C’est ce qui m’a donné envie de m’en­gager à mon tour. Je me rappelle que ma mère s’est évanouie. Personnellement, j’ai tout de suite compris que je ne reverrais plus mon frère. Je n’ai pas pleuré car à l’époque, il y avait une telle fami­liarité avec la mort qu’il y avait une part de fierté de savoir qu’il avait pu donner sa vie pour la France.

    Que représentait votre frère Jean pour vous ?

    Nous étions six enfants, cinq garçons et une fille. Mais dans cette fratrie, j’avais une sympathie toute particulière pour lui. C’était le plus sérieux, le plus discipliné (dit-il avec les larmes aux yeux). Lorsque nous étions enfants, nous nous amusions à reconstituer la marche sur Rome dans l’escalier de la maison familiale, c’était déjà très fascisant. Même si mon frère Jean est mort en combattant les Allemands, il partageait une ligne très natio­naliste. Quand j’ai eu l’âge nécessaire, j’ai donc eu moi aussi envie de m’engager politiquement. D’agir durant cette période troublée. C’est ce que j’ai fait au sein de la Jeunesse franciste de Marcel Bucard que j’ai rejointe en 1943. Dans ce mouvement qui s’apparentait à du scoutisme politique, j’ai participé à des activités sportives et à quelques congrès.

    Quelle était l’ambiance politique au sein de votre famille durant votre jeunesse ?

    L’ambiance familiale était très nationaliste et très marquée. Mon père était lié au député de Gironde, Philippe Henriot, qui deviendra par la suite secrétaire d’État de l’Information et de la Propa­gande du gouvernement de Vichy. J’étais également très proche des parents de ma mère, qui habitaient l’île de Ré. Il se trouve que mon grand-père Jean Rocchi, d’origine corse, était bonapartiste. L’un des premiers livres que j’ai lus, c’était chez lui et c’était Le Mémorial de Sainte-Hélène. Il parlait souvent du nationalisme et du Second Empire et, parmi ses amis, il y avait Pierre Taittinger, un député de Charente-Maritime qui a fondé par la suite les Jeu­nesses patriotes, une ligue d’extrême droite fran­çaise importante dans l’entre-deux-guerres.

    « MON PÈRE EST TOMBE SOUS DES BALLES FRANÇAISES EN CRIANT « VIVE LA FRANCE ! »

    Durant sa jeunesse, on a tendance à se placer dans le sillon politique de ses parents puis lorsque l’on grandit, beaucoup d’enfants finissent par en prendre le contre-pied. N’avez- vous jamais été tenté par une autre direction politique ?

    Non ce n’est pas le cas. Au contraire, je considère que j’ai toujours défendu les mêmes idées depuis ma tendre jeunesse. En quatre-vingts ans, je n’ai guère varié. Il faut bien comprendre qu’à l’époque tout le monde était engagé politiquement. L’Europe était frappée par ce que l’on appelait « la croisade des fascismes ». Et pour de jeunes esprits comme le mien, nous nous disions qu’ils gagnaient partout. Que ce soit Mussolini en Éthiopie, Franco en Espagne, Hitler ou bien encore la personnalité de Léon Degrelle. Nous étions fascinés par cette promesse d’un ordre nouveau.

    À la Libération, votre père François Sidos est fusillé.

    Son arrestation avait été accompagnée de l’em­prisonnement de toute ma famille. Ma mère a été mise dans un camp et moi j’ai été mis dans une prison avec mon frère Jacques et mon père. J’ai partagé ses derniers jours de mai 1945 à janvier 1946. Militaire de carrière, mon père était devenu haut fonctionnaire sous le régime de Vichy. En 1944, il avait été nommé comme l’un des six inspecteurs généraux du maintien de l’ordre auprès de Joseph Darnand, chef de la Milice. Il a été fusillé le 28 mars 1946 dans l’ère improprement nommée « épuration » où s’est accomplie l’élimination physique d’un grand nombre de fidèles du maréchal Pétain par leurs adversaires politiques. Il était âgé de 56 ans et il était père de six enfants. Il est tombé sous des balles françaises en criant « Vive la France ! ». J’ai l’impression qu’il ne réalisait pas qu’il allait mourir.

    Il me disait : « J’étais haut-fonctionnaire, je m’expli­querai devant le tribunal, je n’ai rien à me repro­cher ». Il n’a pas compris que c’était une période révolutionnaire et que dans ce genre de période, vous ne vous expliquez pas devant les tribunaux. Nous étions à trois dans une geôle, il faisait très froid, nous étions sous-alimentés. Ma famille entière a été jugée. J’ai été condamné à cinq ans au Struthof et mon frère Jacques, qui avait également appartenu au Parti franciste, à dix ans de prison. Je n’ai pas compris la raison pour laquelle j’avais hérité d’une peine inférieure à la sienne, c’était la loterie de l’époque. Après le verdict du tribunal, mon père est resté seul. Nous avons appris via une coupure de presse qu’il allait être fusillé. Comme dans la chanson « Le Temps des cerises », j’ai envie de dire que c’est « de ce temps-là, que je garde au cœur une plaie ouverte ». Dans une lettre qu’il nous a adressée avant de mourir, mon père nous exhorte à « réparer l’injustice » dont il a été victime.

    Quels souvenirs gardez-vous de cette période d’emprisonnement au Struthof ?

    J’avais 17 ans et après un court séjour à la prison d’Angoulême, j’ai été transféré au camp de concen­tration du Struthof, en Alsace, seul camp sur le territoire aujourd’hui français. Je n’ai été libéré que trois ans plus tard. Il y avait à l’époque une usine à côté du camp qui était intacte. On pouvait se former au travail du bois. Personnellement, je suivais des cours car il y avait parmi nous des professeurs qui étaient des prisonniers politiques. Il y avait notamment l’ancien recteur de l’Université de Lyon. On avait constitué une bibliothèque et j’en ai profité pour lire énormément de livres. J’ai fait mon université au Struthof en quelque sorte.

    C’est à cette époque que vous dessinez cette croix celtique qui deviendra l’emblème de tous les mouvements d’extrême droite français d’après-guerre et de beaucoup de mouvements néofascistes européens par la suite.

    Durant la guerre, j’avais observé que la croix celtique avait été utilisée par ce qu’on appelait les Équipes nationales. C’étaient des groupes de jeunes volontaires qui participaient à la protec­tion et au secours des populations victimes de la guerre, notamment des bombardements aériens. Durant mon temps de réclusion, j’avais travaillé à la recherche d’un emblème. J’avais remarqué que la plupart des mouvements nationalistes en France possédaient des emblèmes qui n’étaient pas reproductibles comme l’aigle, la fleur de lys, le sanglier. Il n’y avait pas d’emblèmes simples, or les idées poli­tiques se traduisent souvent par une image. Sur l’un de mes cahiers de notes, j’avais donc dessiné une croix celtique, c’est-à-dire un cercle entourant une croix. Elle symbolise le soleil en marche et la vie universelle. Je ne pensais pas qu’elle serait utilisée soixante ans plus tard à Moscou ou bien encore aux États-Unis.

    À votre libération, vous décidez de lancer Jeune Nation. En 1951, il s’agit de l’un des premiers mouvements d’extrême droite d’après- guerre. Comment est née l’idée ?

    Après avoir été libéré en 1949, je me rendais régu­lièrement dans un appartement huppé du Ve arrondissement, rue du Cirque, qui appartenait à Jeanne Pageot, femme d’un riche industriel spécialisé dans le sucre. Tous les samedis, elle tenait un salon qui s’intitulait « Le Souvenir napoléonien ». On y trouvait des bonapartistes et des nationa­listes, jeunes et plus âgés. Jeanne Pageot m’avait encouragé à lancer un mouvement en me disant qu’il fallait « regrouper cette jeunesse ». Elle m’avait proposé de me prêter son salon et elle m’avait éga­lement dit : « Si vous faites une plaquette pour lancer votre mouvement, je vous l’imprimerai ». Comme on baignait dans un milieu bonapartisant, on souhai­tait intituler notre mouvement La Jeune Garde. Le problème c’est que c’était le nom d’un chant de la jeunesse communiste. Par glissement, on a donc décidé d’appeler notre mouvement La Jeune Nation. L’article a ensuite été supprimé et par utili­sation courante c’est devenu Jeune Nation. Nous souhaitions suivre l’exemple et l’action politique de Napoléon Bonaparte, notamment à l’époque du consulat. Après l’avoir présenté au sein du salon du Souvenir napoléonien, nous avons donc officiellement déclaré sa création à la Préfecture de police de Paris, le 28 mars 1950. Nous avions l’impression que l’empire colonial français était en danger et nous souhaitions le protéger. Nous étions organisés comme une phalange prête à prendre le pouvoir le moment venu.

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  • Alain de Benoist sur les islamistes : « Nous cherchons les moyens d’exister ; eux, des raisons de vivre et de mourir »

    Comment une société vide de sens et de transcendance peut-elle prétendre apporter des réponses aux islamistes radicalisés, s’interroge Alain de Benoist

    Le gouvernement annonce la création d’un premier centre de « déradicalisation » destiné à nos jeunes musulmans. Vous y croyez ?
    Déjà, je n’aime pas beaucoup le terme, car la radicalité est tout autre chose que l’extrémisme. Mais passons. Que faut-il entendre par « déradicalisation » ? Qu’on va prendre en main de jeunes djihadistes pour essayer de leur faire comprendre qu’on leur a lavé le cerveau et que ce n’est vraiment pas bien de vouloir tuer tout le monde ? Pourquoi pas, puisque dans certains pays cela a donné quelques résultats.

    Mais il est clair qu’on n’y parviendra pas avec un programme unique, tant les parcours des uns et des autres ont pu être différents, tant la palette de leurs motivations est variée. Quoi de commun entre le salafiste « quiétiste » passé au djihadisme pour des raisons de frustration et de déclassement social – voyez le beau film de Nabil Ayouch Les chevaux de Dieu (2012) – et le petit bandit de droit commun « converti » dans l’incubateur carcéral, qui a décidé de partir en Syrie sans pour autant renoncer à son goût pour les discothèques, les belles voitures, la vie facile et le whisky ? Entre le jeune sociopathe ravi de trouver une légitimation « sacrée » à ses instincts de destruction et celui qui, pareillement dépourvu de toute formation théologique, rêve seulement d’une aventure guerrière qui le fera passer à la télévision ?

    Les termes employés pour présenter ce projet sont à eux seuls révélateurs. Il n’y est question que de la tarte à la crème des « valeurs républicaines » et de l’urgence de créer des « lieux de recherche et d’accompagnement ». Bref, des lieux pour se « reconstruire », grâce à des « cellules psychologiques » qui sauront mettre le « dialogue citoyen » au service de la normalisation. Faudra-t-il pour cela faire intervenir des psychologues ou des théologiens, des assistantes sociales ou des spécialistes du crime organisé ? Le fond du problème, de toute façon, est ailleurs.

    Et quel est le fond du problème ?
    Le fond du problème, c’est qu’une société qui n’est porteuse d’aucun modèle attractif, d’aucune puissante conviction, d’aucun projet collectif, d’aucun idéal est très mal armée pour ramener dans le droit chemin des individus qui se réclament d’un idéal, fût-il criminel et dévoyé. Qu’une société qui ne donne que des moyens d’exister est très mal armée face à ceux qui cherchent des raisons de vivre, lesquelles ne font qu’un à leurs yeux avec des raisons de mourir.
    Tel est le véritable contraste.
    Aux « fous de Dieu » qu’on veut sauver d’eux-mêmes, qu’avons-nous à proposer en matière de « réinsertion » ? De devenir d’honnêtes vigiles ou de gentils livreurs de pizza qui regarderont docilement « Les Jeux de 20 heures » à la télévision ? Et qu’espère-t-on obtenir avec des « modules de citoyenneté » qui font rire tout le monde, assortis d’invocation rituelles à une « laïcité » qui se borne à interdire les crèches de Noël pour rendre invisible dans la sphère publique ce qu’elle ne tolère, provisoirement, que dans la sphère privée ?

    Certaines des réactions, proprement infantiles, aux attentats du 13 novembre ont été très justement stigmatisées sur le site du Point par Gabriel Matzneff, dans un article (« Trois petits cochons ») qui a fait quelque bruit.
    Il visait ceux qui s’imaginent que la meilleure réponse à apporter aux terroristes islamistes est de continuer à s’amuser comme de si rien n’était. « Le manque de spiritualité, de courage et de profondeur de cette prétendue “génération Bataclan” me fait horreur », écrivait-il, ajoutant que dans la cour des Invalides, haut lieu de l’Histoire de France, ce ne sont pas des chansons de variétés qu’on aurait dû entendre, mais bien plutôt les accents solennels du Dies irae.

    L’État libéral se fait gloire de sa neutralité en matière de « vie bonne », et la société postmoderne n’a pour mots d’ordre que rigoler et consommer, gagner du fric et partir en vacances sans « se prendre la tête ». Tant qu’au don de soi, on n’aura à opposer que le souci de soi, tant qu’au sacrifice et à la volonté de se battre, on n’aura à opposer que le confort et le calcul de son meilleur intérêt, il ne faut pas s’étonner que certains tentent de donner un sens à leur vie en s’engageant dans les plus folles aventures.

    À sa façon, c’est aussi ce que Christophe Geffroy, directeur de la revue catholique La Nef, dit dans le dernier numéro de cette publication : « Quel est le mode de vie que nous voulons défendre ? Celui consumériste, matérialiste, hédoniste, qui mène droit au nihilisme et qui n’a rien à offrir d’exaltant et d’alternatif aux futurs djihadistes de nos territoires […] Il y a comme une incohérence chez certains chrétiens à prétendre préserver notre mode de vie quand c’est justement ce que les papes nous exhortent à remettre en cause. »

    Quel rôle donner alors à la religion ?
    Régis Debray observait récemment que « ce sont bien des croyants qui, en Syrie, combattent résolument Daech sur le terrain, les Kurdes au nom d’une mystique nationale, les combattants du Hezbollah et les forces spéciales iraniennes au nom d’une mystique chiite ». Mais il disait aussi que deux catégories d’êtres humains menacent le monde actuel : ceux qui ont trop de religion et ceux qui n’en ont pas assez.
    La « religion » est évidemment à prendre au sens large : croyances, convictions fortes, philosophie de l’existence, conception du monde. Mais l’image est juste : le trop vide attire irrésistiblement le trop-plein. Comment une société qui ne veut plus affirmer son identité ni savoir d’où elle vient, qui interdit la valorisation de son histoire nationale, mais s’épuise en repentances et autoflagellations historiques, pourrait-elle susciter un désir d’aimer la France chez ceux qui la haïssent ?
    Normalement, ce serait le rôle de l’école de s’y employer, mais c’est impossible puisque le « roman national » y est désormais proscrit.

    http://fr.novopress.info/

  • Engagé sur le front en Irak ( Kurdistan), un volontaire français témoigne [ interview]

    Qalubna Ma’Kum est une brigade de volontaires (américains, français…) située en Irak, au Kurdistan plus précisément, et qui combat les islamistes de Daesh et d’Al Nosra. Guillaume est arrivé très récemment au sein de cette brigade. Ce jeune français n’est pas un inconnu pour nos lecteurs : nous l’avions interrogé sur un autre front , dans le Donbass cette fois-ci, il y a quelques mois, alors qu’il s’était engagé avec les séparatistes.
    Erreur
    Après avoir quitté l’Est de l’Europe et après avoir fait une pause, le temps notamment d’écrire le récit de ses aventures qui devraient paraitre dans l’année 2016, le voilà reparti en guerre, cette fois-ci contre les islamistes, aux côtés des Kurdes. Nous l’avons interrogé sur ses motivations et sur la situation sur place.
    Breizh-info.com : Après le Donbass, vous voici désormais en Irak. Pour quelles raisons ?
    Guillaume : Je voulais combattre les wahhabites et les takfiris. Quand j’ai commencé à y penser sérieusement, en 2012, c’était le Front Al-Nusra en Syrie. Daesh (nommé ISIL à cette époque) a commencé son ascension en Irak, et même si c’est en Syrie que ce groupe est devenu célèbre, c’est en Irak que demeure son assise réelle et son origine.
    En 2014, j’étais au Donbass, j’y ai acquis des compétences et une expérience que je n’avais pas envie d’oublier, mais plutôt d’utiliser à bon escient. La guerre s’est quasiment terminée au Donbass, du moins au niveau du fantassin, ce que je suis.
    On ne nous y laissait plus « travailler » ni aider sans nous mettre des bâtons dans les roues (ce que j’explique assez longuement dans mon livre à paraître, sur cette petite aventure).
    Le travail, le terrain, la camaraderie me manquaient pourtant, je ne pouvais pas me résoudre à me « poser » tout de suite, donc j’ai trouvé une autre zone de travail. De plus, j’ai toujours eu envie d’aller en Irak, un très beau pays qui hérite d’une longue histoire.
    Breizh-info.com : Quelle est la situation sur place ?
    Guillaume : Je ne suis arrivé que très récemment, dans une seule zone, je ne peux donc pas prétendre à avoir une vue d’ensemble. Nous sommes dans un secteur partagé, sous contrôle Peshmergha (les troupes régulière du Kurdistan irakien) mais dans lequel une partie de la population est chiite et défendue par ses propres milices. Il y a parfois des frictions et des heurts entre chiites et les peshmerghas.
    Les peshmerghas se concentrent sur le renforcement de leur ligne de fortification. Cette ligne est ce qu’ils veulent la frontière permanente de territoire « final ». Le front est relativement calme et stable, les positions de Daesh sont à trois kilomètres des nôtres. Les types de Daesh profitent du mauvais temps (brouillard, pluie) pour attaquer, comme le soir de notre arrivée.
    Breizh-info.com : Quelles unités avez-vous rejointes finalement ? Comment s’organise la vie là bas?
    Guillaume : Nous avons rejoint les peshmerghas parcequ’ils sont les seuls, à ma connaissance, à accepter des volontaires occidentaux (mis à part Daesh !). Un autre groupe de volontaires, des Français, se trouve dans la même brigade. Arrivés avant nous, ils ont déjà accompli beaucoup de choses et nous ont aidé à nous installer.
    Nous manquons de matériel, que nous devons acquérir nous-même. Il faut récupérer, acheter, bricoler, comme au Donbass. C’est un travail important, ne serait-ce que pour la vie quotidienne, mais au moins, ici, on nous encourage à améliorer la situation, on ne nous « bloque » pas trop.
    Les Kurdes sont bien plus organisés et logiques que les milices que j’ai pu côtoyer au Donbass: c’est normal, ils font la guerre depuis plus longtemps. Ils sont également habitués à travailler avec des Occidentaux. Alors, les choses avancent bien plus rapidement qu’avec les Russes (mais toujours très différemment que dans une armée occidentale).
    Breizh-info.com : Quelles vont être vos missions ? Avez-vous déjà été engagés au combat ?
    Guillaume : Le soir même de notre arrivée, nous avons été déployés à l’improviste sur le front pour combler un vide dans la ligne. Les étrangers de notre brigade sont utilisés comme QRF (Quick Reaction Force = force de réacton rapide), ce qui est un honneur et un poste relativement important, et potentiellement très intéressant.
    Mais comme je l’ai dit, nous ne sommes arrivés que depuis trés récemment, d’autres Occidentaux ont commencé bien avant nous et font également, parfois, du travail d’escorte pour les officiers supérieurs. Nous savons que certains, dans la hiérarchie, tentent de garder les étrangers à l’arrière, c’est inévitable et prévisible dans ce genre de conflit. Mais d’autres commandants ont la volonté de nous utiliser dans leurs opérations. Nous espérons nous rendre le plus utile possible, et aller au contact, tôt ou tard. Nous sommes déjà mieux employés qu’au Donbass.
    Le but final de notre groupe (Qalubna Maa’kum) est de créer une antenne médicale armée et mobile pour travailler dans les zones « grises » du front. Les blessés meurent pour la plupart sur le chemin de l’hopital et il faut pouvoir les « stabiliser » avant qu’ils n’y arrivent. Nous comptons aussi travailler au plus prés possible de la population civile et éviter de nous mêler aux conflits sectaristes.
    Au final, l’Irak sera sauvé par les Irakiens (qu’ils soient Kurdes, chiites, yézidis, chrétiens ou sunnites) et pas par nous. Nous sommes juste là pour offrir une aide modeste.
    Breizh-info.com : Les autorités françaises sont-elles sur votre dos en raison de votre participation à des opérations extérieures ?
    Guillaume : Pour le moment, pas que je sache. Nous ne sommes pas payés, donc on ne peut pas nous considérer comme « mercenaires ». La France est alliée aux Peshmerghas (sur le papier) et nous ne faisons rien d’illégal.
    Personnellement, je ne vis plus en France, mais aux Etats-Unis, dont je suis citoyen. Les Américains sont habitués à ce que les leurs aillent combattre dans des conflits lointains, çà ne les choque pas. Tant que nous ne joignons pas d’organisation listée comme terroriste, nous n’avons pas grand chose à craindre. Pour les Français, ça peut être plus compliqué, selon la politique du gouvernement et l’état d’urgence qui a été instauré.
    Le gouvernement français n’a pas vraiment besoin de prétexte solide pour s’en prendre à ceux qu’il souhaite éliminer.

    Le site breizh-info.com