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entretiens et videos - Page 817

  • La hantise des tenants du « pédagogisme » ?

    Le roman national !

    Alain de Benoist

    La dernière réforme scolaire, associée à un énième projet de refonte des programmes, vaut en ce moment à Najat Vallaud-Belkacem une volée de bois vert. Outre l’abandon programmé du grec et du latin, la grande victime est l’enseignement de l’histoire. Il fut pourtant un temps où la gauche aimait l’histoire ; la sienne, tout au moins…

    « Occulter la continuité permet de gommer la nécessité de transmettre. »


    De quoi l’histoire est-elle le nom ?

    Elle est le nom du monde d’avant. Ceux qui veulent faire du passé table rase, ceux qui prétendent faire apparaître un « homme nouveau » n’aiment pas le monde d’avant. Pourquoi ? Parce qu’il témoigne d’un autre système de pensée, d’un autre modèle d’organisation politique, d’autres valeurs que celles dont ils se réclament.

    Aux premiers siècles de notre ère, les moines chrétiens battaient les campagnes pour abattre et mutiler les statues païennes, scier les colonnades, détruire et incendier les temples, pour la même raison que les djihadistes s’en prennent aujourd’hui aux chefs-d’œuvre de la culture pré-islamique : faire disparaître les témoignages du monde d’avant. Cet iconoclasme n’épargne pas l’Histoire.

    Ceux qui se réclament aujourd’hui de la « République » ont apparemment oublié que les auteurs de la Révolution française avaient constamment à l’esprit l’exemple de Sparte et de Rome. Relisons Rousseau :

    « Quand on lit l’histoire ancienne, on se croit transporté dans un autre univers et parmi d’autres êtres. Qu’ont de commun les Français, les Anglais, les Russes avec les Romains et les Grecs ? […] Les fortes âmes de ceux-ci paraissent aux autres des exagérations de l’Histoire. Comment eux qui se sentent si petits penseraient-ils qu’il y ait eu de si grands hommes ? Ils existèrent pourtant » (Considérations sur le gouvernement de Pologne).

    Comme Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem est, de toute évidence, une idéologue. Mais ramener la réforme à sa personne ne mène pas loin, sinon à des invectives, c’est-à-dire à rien du tout. Elle inscrit en fait ses pas dans le sillage de ceux qui l’ont précédée, à commencer par les gouvernements de droite, du « collège unique » de René Haby (1975) à la suppression de la formation des maîtres (2008). Sa réforme est d’ailleurs clairement d’inspiration libérale, car il n’y a rien de plus conforme à l’idéologie libérale que de considérer l’élève comme un individu appelé à « construire lui-même ses savoirs ». Il ne faut par ailleurs pas s’y tromper : les parents sont très souvent complices d’une conception économiste et utilitariste de l’école. Najat Vallaud-Belkacem a beau répéter pieusement que le goût du grec et du latin est le fait d’une « élite », les élites bourgeoises ne jurent aujourd’hui que par la langue anglaise et par l’économie.

    Plus inquiétant encore, à en croire Eric Zemmour, l’enseignement de l’histoire pourrait bientôt se résumer à celui du « bien » contre le « mal ». A quand l’overdose ?

    La hantise des tenants du « pédagogisme », ils le disent eux-mêmes, c’est le « roman national ». Certes, l’histoire et la mémoire sont deux choses bien distinctes. Mais dans l’enseignement scolaire, les deux se confondent inévitablement : pour un jeune Français, apprendre l’histoire de France, c’est apprendre qu’il n’est pas seulement le fils de son temps, mais l’héritier d’une longue lignée d’hommes et de femmes qui se référaient à d’autres valeurs que celles qu’on lui enseigne aujourd’hui. Il risque alors de les comparer, et peut-être de finir par penser que « c’était mieux avant ». Voilà ce que l’on veut éviter. Occulter la continuité permet de gommer la nécessité de transmettre.

    Il y a pour cela trois moyens : ne plus enseigner l’histoire, la démanteler ou la noyer dans le flou de « l’interdisciplinaire », n’en retenir que les événements dévalorisants. L’esclavage, la traite négrière, la colonisation, les persécutions antijuives (« Shoah ») sont désormais prétextes à d’incessantes repentances par lesquelles les pouvoirs publics veulent suggérer à quel point nous sommes coupables (on remarquera au passage que, parmi les pages noires, on n’évoque ni la dévastation du Palatinat par les troupes de Louis XIV ni le génocide vendéen).

    La transformation des programmes d’histoire en cours de morale, oblative et lacrymale, développe ainsi une « forme de culpabilité nationale », révélatrice d’une France ouverte à tout sauf à elle-même, d’un pays « qui ne sait pas trop où il va et ne sait donc pas dire d’où il vient » (Pierre Nora).

    Le résultat a bien été décrit par l’écrivain tchèque Milan Hübl, mort en 1989 :

    « Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever leur mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Puis quelqu’un d’autre écrit d’autres livres, leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite. »

    Autrefois, une réforme scolaire de gauche se voyait contrer par des trublions de droite, et une réforme de droite par des opposants de gauche. Mais là, l’opposition semble unanime. Qu’est-ce qui est en train de changer ?

    Le fait nouveau, c’est le grand divorce de la « gauche » et des intellectuels. La droite, qui n’a jamais beaucoup aimé les intellectuels, a longtemps cru que « intellectuel de gauche » était un pléonasme. Aujourd’hui, nous avons un premier ministre, Manuel Valls, qui s’en prend publiquement à Michel Onfray et à Emmanuel Todd. Le premier riposte en le traitant de « crétin », le second en se demandant s’il est « vraiment bête ». Najat Vallaud-Belkacem traite de « pseudo-intellectuels » tous ceux qui ont dénoncé son projet de réforme : Pascal Bruckner, Pierre Nora, Jacques Julliard, Régis Debray, Danièle Sallenave et tant d’autres. Au même moment, dans Libération, un collectif d’intellectuels de gauche, et non des moindres (José Bové, Sylviane Agacinski, Yvette Roudy, Martine Segalen, Nathalie Heinich, Marie-Josèphe Bonnet, etc.), publie un manifeste « Pour l’arrêt immédiat de la gestation pour autrui ». Le divorce, décidément, est consommé.

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier, 21/05/2015

    Source Metamag.fr

    http://www.polemia.com/la-hantise-des-tenants-du-pedagogisme/

  • Gollnisch: « j’appelle volontiers à une clarification »

    Bruno Gollnisch a accordé fin avril un  assez long entretien à l’institut Civitas. Il a répondu, sans langue de bois et sans les esquiver, aux questions portant parfois sur des « sujets sensibles ». Le député européen frontiste donne ici son sentiment sur la capacité du Front National à incarner une résistance à la culture de mort et à défendre les valeurs traditionnelles. Il apporte aussi son éclairage sur « l’affaire Jean-Marie Le Pen », la doctrine et le programme du FN (« nouveau » et « ancien »?), les nouveaux enjeux, l’évolution du clergé catholique, les perspectives pour les élus nationaux au Parlement européen, le drame de l’immigration de peuplement… Nous reproduisons ici questions et réponses in extenso

    Civitas : Tout d’abord, merci Monsieur Gollnisch d’avoir répondu à notre invitation pour cet entretien.Les circonstances actuelles sont un difficiles pour la droite nationale et ses sympathisants. Alors, si vous le permettez, nous allons essayer de vider l’abcès dès le début de cet entretien en évoquant un sujet qui importe beaucoup aux sympathisants de Civitas. Vous me contredirez si notre interprétation des choses est erronée. En fait, depuis l’élection de la présidente du Front National, on sent que s’accélère l’amenuisement ou l’enfouissement d’une tendance catholique traditionnelle au sein du FN. Cette tendance est connue pour son regard critique sur une République identifiée au génocide vendéen ou au laïcisme virulent, laïcisme qui ne semble pas mort d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, lorsqu’un catholique perçoit les appels incessants des personnalités FN à la République, la défense de la loi Veil, lorsqu’il constate que les évolutions des mœurs de la maison…, comprenez-vous qu’un catholique patriote qui aurait des velléités de militer au FN finisse par se dire : « mais qu’est-ce que je vais faire dans cette galère ? »

    Bruno Gollnisch : Je crois tout de même que votre appréciation est exagérée. D’une part, s’agissant par exemple de la loi Taubira, sur le mariage dit « pour tous » – qui est en fait une dénaturation du mariage –, le Bureau politique du FN, à l’unanimité, a condamné cette loi et a manifesté son intention de l’abroger, ce que ne fait aucune autre formation politique et surtout pas l’UMP qui, comme vous le savez – même si quelques-uns de ces parlementaires, d’ailleurs très largement favorisés par les organisateurs de cette manifestation, y ont pris part – y est elle-même très réticente.

    M. Juppé a même annoncé qu’on ne changerait plus rien à cette loi, selon d’ailleurs l’habitude de l’UMP qui consiste à protester plus ou moins du bout des lèvres, ou à protester par l’intermédiaire de certaines de ses composantes contre les projets présentés par la gauche, puis une fois qu’ils sont passés, à les avaliser et à les faire siens au motif qu’il serait impossible de revenir dessus. Ce n’est pas le cas du Front National.

    En ce qui concerne la loi Veil, je regrette en effet que nous n’ayons pas voté contre l’indécente célébration de cette législation à l’Assemblée Nationale. En fait nous n’avons pas voté pour : nous n’y ayons simplement pas pris part. Les propos de Marine Le Pen tendent à dire que la situation actuelle est pire que celle de la loi Veil, puisque cette loi, aussi critiquable qu’elle soit, interdisait la propagande en faveur de l’avortement, et proposait malgré tout une tentative de dissuasion de la femme en restreignant soi-disant l’avortement aux situations de détresse. Ces fragiles barrières, comme on pouvait s’y attendre évidemment, ont volé en éclats. Mais il n’y a pas au F.N. d’apologie de la loi Veil, simplement le fait de constater que la législation actuelle a encore empiré depuis la loi Veil.

    En ce qui concerne la laïcité, je crois qu’il ne faut pas confondre la laïcité avec le laïcisme. La laïcité, c’est une forme de tolérance dans nos sociétés qui, malheureusement, ne sont plus spirituellement cohérentes. Cette tolérance mutuelle est instaurée en vue d’éviter un mal plus grand, qui résulterait d’affrontements civils. Cela signifie donc que, pour sauvegarder la paix civile, l’Etat ou la puissance publique ne fait pas acception de l’appartenance religieuse des uns ou des autres. Chacun le comprend très bien. En tout cas Marine Le Pen interrogée par moi-même, m’a dit très clairement que si elle ou d’autres invoquent la laïcité, c’est essentiellement pour éviter les empiétements sur notre législation civile de l’Islam qui, comme vous le savez, n’est pas seulement une religion mais aussi un ordre social et juridique, et qui par conséquent, prétend naturellement, (je veux dire : par nature), à empiéter sur le domaine social, politique, légal, législatif, etc. C’est en ce sens que nous parlons de laïcité.

    Si les musulmans qui sont en France, la plupart d’origine immigrée, et à qui les gouvernements successifs ont donné la nationalité française, se convertissaient au christianisme, ce serait préférable, de mon point de vue. Mais on ne peut pas exiger du FN qu’il fasse ce que ne fait pas ou fait assez peu le clergé, y compris le haut clergé, ni ce qui reste de fidèles catholiques dans ce pays. Nous sommes obligés de tenir compte de la situation où nous nous trouvons, c’est-à-dire d’une France déchristianisée en grande partie. Certes, l’on sent de part et d’autre un retour des valeurs traditionnelles, et on a l’impression que dans beaucoup de franges de la population, y compris d’ailleurs de la jeunesse, le balancier revient en quelque sorte dans le bon sens.

    Mais nous, en tant que responsables politiques d’un parti qui d’ailleurs n’est pas un parti confessionnel, nous sommes obligés de tenir compte de la situation actuelle du pays et d’évoluer dans ce cadre, en essayant de restaurer, au moins partiellement, l’ordre naturel. C’est là notre devoir d’état. Pour ce qui est de la restauration de l’ordre surnaturel, cela demande d’autres forces que les nôtres…

    Ce que je peux dire en conclusion aux catholiques qui seraient réticents à l’engagement politique à nos côtés, c’est ceci : en dehors de tout esprit partisan, à la rigueur, je pourrais personnellement  comprendre leur démarche s’ils parvenaient à faire mieux à côté. Mais je suis obligé de constater que, même si le FN est forcément très imparfait comme toute entreprise humaine, c’est de très loin malgré tout la formation politique qui est la moins éloignée de leurs convictions ; la seule grande formation politique qui puisse faire élire des gens, et même quelquefois en position de gouverner, au moins des mairies, peut-être même demain des Conseils Régionaux, et après-demain peut-être l’ensemble de l’Etat.

    Pour être tout-à-fait clair sur ce sujet, je rencontre souvent des catholiques qui ont été formés, voire très bien formés. Ils ont suivi des cursus de formation doctrinale, puis ils ont formé d’autres formateurs, etc. Mais ce que je constate avec regret, c’est que cette excellente formation, bien souvent, ne se traduit par aucun engagement concret, et ce au motif que les engagements concrets peuvent être des occasions de compromis, voire de compromissions, d’erreurs, de chutes, etc. C’est Péguy qui a dit : « ils ont les mains propres, mais ils n’ont pas de mains ». Il disait cela des moralistes Kantiens. Mais il a dit aussi de certains chrétiens « Parce qu’ils n’ont pas la force d’être de la nature ils croient qu’ils sont de la grâce. Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde ils croient qu’ils sont de Dieu. »

    C’est malheureusement le cas de beaucoup de catholiques qui, restant sur le bord du fleuve, voient les autres se débattre, essayer de ramer à contre-courant, et trouvent qu’ils ne le font pas avec assez de vigueur.

    Civitas : Justement, par rapport à la problématique de formation doctrinale, on dirait que la droite nationale au sens large commet une erreur soit par excès soit par défaut. D’un côté, nous avons des mouvements groupusculaires dont certains travaillent énormément la question doctrinale en faisant preuve d’un pointillisme qui empêche toute action de rassemblement et tout développement d’un mouvement qui disposerait d’une taille critique pour une politique nationale. De l’autre, nous avons un Front National qui dans le contexte démocratique dans lequel il a choisi d’agir (mais qui s’impose aussi à lui), veut réunir tous les patriotes sincères au risque de foncer dans le mur des crises successives, faute d’une doctrine suffisamment pensée et surtout partagée. L’élection présidentielle sera en 2017. N’est-il donc pas temps pour le FN de prendre un peu ses distances avec l’événementiel et de redéfinir clairement sa doctrine afin de permettre à ses divers militants, sympathisants et électeurs de s’y retrouver et de définir cette doctrine partagée, sans quoi on évitera difficilement les crises successives que l’adversaire ne manquera d’ailleurs pas de provoquer ?

    BG : Oui, je suis assez de votre avis. Même si les crises n’ont pas toujours exclusivement une source doctrinale. Aucune organisation, même pas l’Eglise catholique qui fait profession d’universelle charité, n’est à l’abri de conflits qui peuvent avoir leurs sources dans des querelles personnelles, dans des ambitions, et pas seulement dans un désaccord sur le fond. Ceci étant dit, je partage assez largement votre opinion. Il se trouve que nos deux précédents congrès, celui qui a assuré la succession de Jean-Marie Le Pen et au cours duquel, en 2011, Marine Le Pen a été élue présidente, et le dernier congrès, pour des raisons pratiques, n’ont pas été des congrès doctrinaux. Il n’y a donc pas été procédé à la mise à jour de notre programme. Il y a cependant, au sein du FN, un effort intellectuel. Il y a des commissions (les « CAP ») qui réunissent des gens compétents dans divers domaines, et qui s’efforcent d’élaborer un programme. Celui-ci doit, selon moi, tenir compte de nos valeurs fondamentales, de nos traditions, de nos combats passés, mais aussi proposer des solutions qui sont adaptées à la situation de notre société, qui évolue très rapidement et malheureusement pas toujours en bien.

    Toutefois, j’appelle volontiers à une clarification, d’autant plus que j’ai été un peu déçu et même choqué, par des propos récents à l’occasion de la crise provoquée par les réactions à l’interview de Jean-Marie Le Pen à Rivarol, et aux problèmes des investitures des régions Provence, Alpes, Côte d’Azur. Marion Maréchal-Le Pen, que j’apprécie, et dont beaucoup avait salué la participation à la « Manif pour Tous », où je me trouvais d’ailleurs avec elle et bien d’autres élus à ce moment-là, aurait tenu au journal Le Figaro  des propos qui suscitent mon interrogation, je le dis sans absolument aucune animosité à l’égard de sa personne. Ces propos paraissaient affirmer que je serais l’un des tenants d’un Front National en quelque sorte révolu, que c’est à tort qu’on l’aurait assimilée, elle, à cette famille d’esprit, et qu’elle se rangeait résolument sous la bannière d’un Front National nouveau, dirigé par Marine Le Pen. J’ai été assez étonné parce que, même si la campagne avait été très déséquilibrée du point de vue médiatique, j’avais accepté sans réserve la décision de notre congrès d’élire Marine Le Pen avec laquelle je me trouvais à l’époque, par la force des choses, en concurrence. En conséquence, je n’ai pas l’impression d’appartenir à un Front National « ancien », ni de ne pas appartenir au Front National de Marine Le Pen.

    En revanche, je suis assez fondé à demander en quoi, s’il y a un Front National « nouveau », il se distinguerait du Front National « ancien ». D’ailleurs, Marine Le Pen elle-même m’a assuré vivement qu’il n’y avait pas, si j’ai bien compris, d’autres différences que celle de rechercher la dédiabolisation de notre mouvement. On aurait d’ailleurs tort de me faire un partisan de la « diabolisation », car j’ai toujours considéré la diabolisation comme anormale et comme injuste. La diabolisation nous a été imposée par nos adversaires. Peut-être y avons-nous prêté le flanc. Mais si on peut éviter d’être diabolisé, ce n’en est que mieux, bien sûr.  Quoi qu’il en soit, au-delà des personnes, je crois quand même que ce problème doctrinal doit être posé car il est fondamental.

    Qui sommes-nous ? Que voulons-nous ? Pourquoi nous battons-nous ? Quel but poursuivons-nous ? Du fait encore une fois de l’absence de contenu doctrinal de nos derniers congrès, et de l’afflux-dont je me réjouis- de membres et de cadres nouveaux, y compris au sommet de la hiérarchie, Il est possible qu’il y ait à cet égard un certain flou préjudiciable à notre action future, si surtout, comme je le souhaite, nous avons part à l’exercice du pouvoir. Parce qu’après, nous n’aurons plus le temps de la réflexion.

    Civitas : Vous avez parlé d’un point important, c’est la dédiabolisation, c’est un processus déjà ancien. Et on comprend que certains responsables du Front National, pressés d’arriver au pouvoir, compte tenu de la gravité de la situation, cherchent légitimement à s’enlever des barrières. Cela dit, est-ce qu’il faut en venir à se comporter en communicants rassurants plutôt qu’en militants dérangeants ? On a vu parfois des responsables du Front National se déshonorer à condamner des personnes ayant tenu des propos pourtant bien fondés, exprimés sans haine, au-delà même de ce qu’espérait l’adversaire. Sans parler de l’affaire Le Pen toute récente, on pourrait parler par exemple de l’affaire Vanneste. On peut quand même supposer que ces responsables du FN savent lire et ont le sens de la nuance, et donc ne faut-il pas conclure que la sur-réaction de ces responsables, sur-réaction que vous avez d’ailleurs dénoncée, me semble-t-il, plutôt que de traduire une certaine prudence dans la communication, dénote en réalité, au moins chez certains, une volonté d’opérer une révolution doctrinale ?

    BG : Ce n’est pas moi qu’il faut interroger sur ce sujet. Ce serait les auteurs de cette sur-réaction. Je crois que cette sur-réaction n’est pas forcément le produit de la volonté d’opérer un virage doctrinal. Elle est peut-être la volonté de s’affranchir des interprétations de tels propos, malveillantes évidemment, qu’en donne majoritairement le monde médiatique. A partir du moment où la radio, les journalistes, etc., sur un ton de procureur, disent à Marcel : « Avez-vous lu les propos scandaleux qu’a tenus Jean ? », Marcel pris de crainte, est porté à répondre : « mais moi je n’ai rien à voir avec ça, je désapprouve, je les désavoue », au lieu de dire simplement, « eh bien, je vais d’abord demander à Jean quelle portée il donne à ses propos. Et puis si vous voulez les commenter, vous n’avez qu’à l’inviter lui-même »…

    Je crois qu’il y a quelquefois un manque de sang-froid, et, c’est vrai, une complaisance excessive à l’égard des médias qui n’attendent que cela. Parce que, une fois que Marcel a condamné les propos de Jean, évidemment ils se retournent vers Jean en disant, « même votre ami Marcel trouve que vous avez dit des choses scandaleuses ». Jean va alors être porté à dire que Marcel est un traître, etc. C’est ainsi que prend une mayonnaise qui, à mon avis, ne prendrait pas, si tous nos amis opposaient à cette dialectique le calme des vieilles troupes et la solidarité qu’on doit observer entre camarades de combat, à supposer même que l’on pense que tel ou tel d’entre eux a commis une erreur ou une faute.

    Civitas : Vous avez parlé de certaines évolutions envisageables en matière doctrinale. Est-ce que vous pourriez nous dire rapidement quelles seraient les évolutions qui vous sembleraient indispensables, voire simplement souhaitables ? Quelles sont les principales ?

    BG : Oui, bien sûr. Par exemple : l’Europe. Nous avons été pendant très longtemps partisans d’une autre Europe, d’une Europe des Nations qui, au cours de nos différentes campagnes européennes au cours de ces dernières années, a eu un contenu qui s’est exprimé dans un certain nombre d’ouvrages, de brochures, de documents électoraux, etc. Il semble que nous soyons majoritairement d’accord aujourd’hui pour considérer que l’Union Européenne est parvenue à un point où elle est irréformable. Dans ces conditions, évidemment, il faut savoir si nous proposons une autre forme de coopération ou d’association avec nos voisins, ou si nous n’en proposons aucune. Je pense que l’on ne détruit véritablement que ce que l’on remplace. Personnellement, j’ai un certain nombre d’idées sur ce sujet.

    Deuxième sujet : Le développement, en relation avec la question de l’immigration. Bien sûr, la France ne peut pas prendre à son compte toute la misère du monde. Elle ne peut pas la prendre sur son territoire parce qu’elle se déstabiliserait elle-même, ce qui est d’ailleurs largement entamé. Comme le disait mon ami Bernard Antony, ce n’est pas en « tiersmondisant » la France que l’on résoudra les problèmes du Tiers-monde. Cependant, pouvons-nous malgré toutcontribuer à la résolution de quelques-uns des problèmes du Tiers-monde ? Et si oui, de quelle façon ?

    J’ai mon idée, je pense que le libre-échange mondial empêche le décollage des économies du Tiers-monde, et notamment le passage de l’artisanat à l’industrie. C’est un point de vue personnel. Je pense qu’il faut améliorer notre réflexion économique, parce que je constate qu’un certain nombre d’intellectuels, de dirigeants africains, asiatiques ou américains du sud sont en relations amicales avec nous, et ont compris qu’en défendant notre identité, nous défendions aussi implicitement la leur. C’est un domaine qui doit être exploré.

    Autre sujet que nous nous devons d’affronter : le réchauffement climatique. Il paraît aujourd’hui à peu près établi. En revanche, a-t-il véritablement sa cause dans l’activité humaine ou pas ? C’est un point tout à fait central, et sur lequel nous devons approfondir notre réflexion, mais à partir d’expertises scientifiques indépendantes. J’avais moi-même, quand je dirigeais le comité scientifique du Front National, organisé un colloque à ce sujet où des spécialistes éminents avaient exprimé un point de vue sensiblement différent de celui qui est aujourd’hui communément admis. Parce que la réaction du politique doit être tout à fait différente, selon qu’il se confirme ou pas que ce réchauffement a une origine humaine.

    L’efficacité des politiques familiales et natalistes est aussi un domaine qui doit aussi être exploré. Parce que le problème démographique de l’Europe occidentale en particulier, est évidemment posé. On se gargarise régulièrement du fait qu’en France la situation serait moins dramatique qu’elle ne l’est chez nos voisins. En réalité, c’est par l’effet de notre Code de la nationalité qui donne la nationalité française à tout enfant né en France, même de parents étrangers, et de façon automatique. Chacun le pressent, mais c’est un tabou.

    Il y a beaucoup de choses comme cela : le problème de l’immigration, ne se pose plus évidemment de la même façon pour des personnes d’origine étrangères employées à l’usine Flins de Renault avec un contrat de travail temporaire, ou lorsqu’on en est à la troisième génération. C’est un sujet qui doit être abordé à la lumière de nos convictions chrétiennes et aussi du souci du bien commun qui doit être le nôtre.

    Nous avons une volonté légitime, d’arrêter, et même d’inverser le courant de l’immigration. Mais il est très clair que certaines personnes, qui l’ont manifesté par leur attitude et par le fait qu’elles n’ont plus d’attaches avec leur pays d’origine, peuvent avoir vocation à rester en France. Et alors, à quelles conditions ? Et selon quelles modalités, compatibles avec leur dignité et avec l’intérêt et l’identité nationaux ? C’est un champ de réflexion. Mais il y en a bien d’autres.

    Autre exemple : nous étions, à juste titre, hostiles à l’économie dirigée infiniment moins efficace que l’économie de marché. Par voie de conséquence, nous étions hostiles aux nationalisations. Nous constatons cependant que la privatisation ou le démantèlement de tel ou tel groupe industriel aboutit à faire basculer les actifs de ces entreprises dans l’escarcelle du mondialisme, et à en priver le peuple français. Les destins récents, par exemple de Péchiney ou d’Alstom, etc. sont les dernières manifestations de cet état de chose. Par réaction, nous avons pris la défense d’un certain nombre de ces quasi monopoles, même très imparfaits, comme EDF, SNCF, ou d’autres.

    Jusqu’où devons-nous aller dans ce domaine ? Jusqu’à quel point, cette défense est-elle compatible avec la restauration nécessaire des libertés économiques dans notre pays, et notamment de la liberté d’entreprendre ?  Compatible avec notre lutte contre les excès du fiscalisme qui spolie, et de la bureaucratie qui paralyse ?

    Car voilà un problème nouveau qu’évoquait devant moi il y a plusieurs mois Jean-Marie Le Pen qui me disait que nous avions désormais aussi un problème d’émigration en France, c’est-à-dire que nos jeunes élites les mieux formées, désireuses d’entreprendre, de créer, quittent la France, souvent à destination du monde anglo-saxon beaucoup plus pragmatique, où elles pressentent qu’il leur sera beaucoup plus facile d’exercer leurs talents et éventuellement de recueillir les fruits de leur travail et de leur esprit d’initiative. Cette émigration de personnels jeunes les plus qualifiés et les plus entreprenants est évidemment un appauvrissement considérable pour notre pays. Nous commençons à connaître les problèmes qui sont ceux d’un certain nombre de pays du tiers-monde, à savoir la fuite des cerveaux.

    Voilà des sujets nouveaux qui ne nécessitent pas un renoncement à nos fondamentaux, encore moins un reniement, bien évidemment, mais qui nécessitent une nouvelle déclinaison de ces fondamentaux sur les sujets qui sont plus récemment apparus dans notre société.

    Civitas : Monsieur Gollnisch, vous êtes un habitué du Parlement européen et notre revue a publié récemment deux articles sur la victoire des euro-sceptiques qui se transformerait en quelque sorte en échec, nous voulons évidemment parler des difficultés pour constituer un groupe à ce Parlement. Pouvez-vous nous dire aujourd’hui quelles sont les perspectives de réalisation d’un tel groupe ? Pouvez-vous espérer trouver un terrain d’entente avec Nigel Farage ?

    BG : C’est à M. Farage qu’il faudrait poser la question. Nous, nous y sommes disposés, mais là on voit les effets de la diabolisation qui, sans doute, fonctionne de moins en moins sur le plan intérieur, mais subsiste au plan international. Si l’on dit que le FN est un parti raciste ou violent, personne ne le croit plus en France. En revanche, dans les médias internationaux qui répandent leurs mensonges à l’égard de publics étrangers qui ne nous connaissent pas, ou qui n’ont pas l’occasion de vérifier, ça peut encore faire impression.

    On s’aperçoit que cette diabolisation obéit absolument aux mêmes règles, aux mêmes principes, aux mêmes méthodes sur le plan international, dès lors qu’émerge une nouvelle formation décidée à défendre l’indépendance des nations et son identité. Une telle formation sera en butte aux mêmes méthodes. Personnellement – j’ai une divergence de ce point de vue avec Marine Le Pen, mais c’est Marine Le Pen la présidente, et je suis respectueux de la hiérarchie – je considère que parmi les élus au Parlement européen, élus qui se sont soumis à un processus pacifique, légal, démocratique, il me suffit personnellement que ces personnes partagent sur l’Union Européenne notre diagnostic.

    Et nous n’avons pas à juger si certains ont des comportements différents du nôtre dans certains pays qui n’ont pas forcément la même culture que nous.  Je pense à ces pays de l’est européen qui ont subi pendant des décennies des formes très violentes d’oppression. Qu’il y ait des comportements qui puissent nous surprendre, à la limite ce n’est pas notre problème. Il me suffit que ces personnes partagent notre diagnostic sur les dysfonctionnements de l’Union Européenne, son instrumentalisation par le mondialisme, sa volonté implacable de régir, contrairement au principe de subsidiarité, l’ensemble des aspects politique, économique, socio-culturel, sexuel, etc. de la vie de 500 millions d’Européens, en rupture complète avec les traditions européennes. Il me suffit que les intéressés partagent ces opinions et je serais prêt à m’entendre avec eux. Je pense en particulier à mes amis hongrois du parti Jobbik.

    Ce n’est pas la stratégie choisie par Marine Le Pen, qui souhaite davantage de précautions. Je m’incline,  mais je constate qu’on est toujours le diable de quelqu’un. A partir du moment où les médias anglo-saxons, qui sont pires que les médias français – et pourtant il y a de la concurrence ! – ont dit beaucoup de mal à notre sujet, M. Farage, est devenu réticent au fait de s’entendre publiquement avec nous. Peut-être aussi par goût personnel, car pour certains Britanniques, l’Afrique commence au sud de la Manche. Je vous dirai que ça n’a pas grande importance. On a sans doute attaché trop d’importance à cette affaire de groupe parlementaire. J’ai été membre d’un groupe parlementaire pendant quinze ans, et président de celui que nous avions réussi à constituer dans des conditions acrobatiques, qui s’appelait « Identité, Traditions, Souveraineté »… tout un programme !

    Mais on a eu tort à mon avis de communiquer là-dessus pendant plusieurs mois avant l’élection européenne, sans être assuré de pouvoir le constituer, ce qui a focalisé évidemment l’attention médiatique sur ce sujet. Je le crois par expérience : les élections ont lieu,  et ensuite les groupes se constituent ou ne se constituent pas, très rapidement après. D’autre part, il ne faut pas non plus se bercer d’illusions. Il y a eu une poussée très importante, et je m’en réjouis, de ce qu’on appelle l’euro-scepticisme ou le souverainisme, que ce soit Nigel Farage, le Front National ou mes amis hongrois qui viennent de gagner une élection partielle.

    Nos adversaires sont obligés d’en tenir compte. Ceci étant, nous sommes encore minoritaires. Nous avons encore des chances de parvenir à constituer un groupe en cours de mandature, autour d’un noyau qui fonctionne déjà en très bonne intelligence. Mais si nous parvenions à obtenir deux nationalités de plus pour faire un groupe, cela ne changerait pas substantiellement notre situation qui est malgré tout minoritaire. Cela nous donnerait davantage de moyens, mais cela ne changerait pas la face de l’Europe et cela n’empêchera pas la majorité acquise au mondialisme de poursuivre dans sa voie. Voilà ce que je peux dire sur ce sujet.

    Civitas : Nous avons commencé cet entretien en évoquant les catholiques, nous allons finir en parlant d’eux. Bien que soutenu ou peut-être parce que soutenu amplement par de nombreux catholiques dits traditionalistes, le Front National a longtemps souffert de l’opposition de l’Eglise catholique en France, notamment sur le problème de l’immigration. Il semble que l’Eglise catholique, du moins celle que l’on voit officiellement et qui a l’appui des autorités vaticanes, reste rangée sur une position globalement intégrationniste. Tout se passe comme si les clercs oubliaient le bien commun de la Cité au profit d’une vision uniquement centrée sur les droits des migrants. Est-ce que vous partagez ce constat ou bien percevez-vous une évolution du clergé sur ces problématiques ?

    BG : Je perçois, mais je peux me tromper, une évolution positive d’une façon générale du clergé catholique. Je perçois un renouveau du spirituel, et malgré tout une plus grande prudence à l’égard des questions politiques, une moindre influence des idées marxisantes qui ont eu en leur temps leur influence sur le clergé comme elles l’avaient sur l’ensemble de la société. Le clergé n’échappe pas totalement à l’esprit du temps. Je vois beaucoup de jeunes prêtres, je ne parle pas seulement de la Tradition bien sûr, qui portent de nouveau l’habit ecclésiastique. Je suis moi-même un laïc très imparfait et je ne suis donc pas en mesure de porter des jugements sur le clergé. Simplement, ce que je peux dire c’est que cette question de l’immigration a été une pierre d’achoppement, compte tenu de la doctrine chrétienne de charité qui fait obligation de venir en aide et au secours, des pauvres, des déshérités, de ceux qui fuient des situations intolérables et qui fait obligation de leur tendre la main, de les accueillir, de les recevoir, de les réconforter, de les héberger, etc.

    Et il est certain que pour une partie assez large du clergé catholique, mais aussi des fidèles, notre message était irrecevable parce que notre opposition à la politique d’immigration paraissait être une position de sécheresse de cœur, d’égoïsme, contraire à la parole de l’Ecriture : « Tu accueilleras l’étranger puisque tu as été toi-même étranger au pays d’Egypte ». Sauf que, quand on accueille un million, puis trois millions, puis cinq millions, puis dix millions d’étrangers dans une société comme la société française, cela pose de graves problèmes.

    Mon épouse est d’origine japonaise et avant de faire une carrière politique, si l’on peut appeler ça une carrière, j’ai enseigné la langue, la culture, la civilisation japonaises. Je suis donc dépourvu de préjugés hostiles à ce pays ! Mais  ce que je dis cependant, c’est que s’il y avait dix millions de Japonais en France, quelle que soit la bonne tenue des Japonais, cela poserait à la France un très sérieux problème social, politique, économique, culturel… Et s’il y avait dix millions de Français au Japon, je pense que la société japonaise exploserait ! Je dis cela avec humour pour faire comprendre que ça n’est pas une question d’hostilité viscérale à l’égard de tel ou tel. C’est la vertu de prudence, qui est une vertu chrétienne, qui nous oblige à nous inspirer de l’expérience des peuples. Et cette expérience, produit de l’Histoire, nous montre que la coexistence de communautés hétérogènes à l’intérieur d’un même territoire n’est pratiquement jamais pacifique. Que les dynamiques de groupes sont telles qu’elles conduisent à des affrontements. Or la France était relativement exempte de ces problèmes. Le crime, car c’est vraiment un crime, des dirigeants des décennies passées depuis la Vème République, a été d’introduire ces ferments de division que constitue cette immigration de peuplement, sur laquelle le peuple français n’a d’ailleurs jamais été consulté. Je crois qu’il faut faire comprendre au clergé qu’encore une fois, ce n’est pas en « tiersmondisant » la France qu’on résoudra les problèmes du Tiers-monde.

    Forcément, je suis touché par ce qu’a dit le Pape, notamment dans un discours au Parlement européen, qui était assez sévère envers les institutions européennes, et qui comportait d’ailleurs beaucoup de rappels de la doctrine chrétienne, mais aussi c’est vrai, nous interpellait sur le sort des malheureux qui traversent la Méditerranée et qui souvent y perdent la vie. Mais ce qu’il faut que le clergé, notamment le haut clergé français comprenne, c’est que nous sommes aussi dans notre rôle en voulant protéger la communauté nationale dont nous sommes les élus, des risques d’atteinte à son unité, des risques de conflits, des risques de dépossession des Français de leur indépendance, de leur culture. Il faut que les Français retrouvent la priorité naturelle qu’ils doivent avoir dans leur pays. La préférence nationale a été défendue par le cardinal Feltin, il y a longtemps La préférence nationale est parfaitement légitime. Enfin, il est un devoir pour les Français d’être reconnaissants aux générations qui les ont précédés, car le patriotisme est une des formes de la piété filiale, comme le rappelait souvent le regretté Jean Madiran.

    Civitas : Merci Monsieur Gollnisch.

    http://gollnisch.com/2015/05/26/gollnisch-jappelle-volontiers-a-une-clarification/

  • Trois questions à Lucien Cerise (1/3)

    img6.pngDes lecteurs de Scriptoblog et des éditions Le Retour aux Sources adressent parfois des questions aux auteurs et membres de l’équipe. Deux personnes qui souhaitent rester anonymes et Lucien Cerise vous proposent des extraits de cette correspondance privée qui pourront intéresser un plus large public.


    La page Wikipédia sur Gouverner par le chaos vous accuse de faire de l’entrisme à l’extrême-gauche. Que répondez-vous à cela ?

    Lucien Cerise. Je fais de l’entrisme absolument partout, parce que tout m’intéresse. Quand on fait des études de terrain en observation participante, on doit fréquenter tous les milieux, tous les groupes sociologiques, sans exclusive et sans a priori idéologique. En outre, je dirai toujours « oui » à toutes les propositions de conférences et sollicitations médiatiques d’où qu’elles viennent car les informations que j’ai à diffuser intéressent tout le monde, même le diable. Je fais donc de l’entrisme partout, mais aussi du « sortisme » partout. Conséquence : les gens de droite pensent que je suis de gauche, et les gens de gauche pensent que je suis de droite. Cela marche à tous les coups et c’est plutôt bon signe, une garantie d’objectivité. Évidemment, la police de la pensée a horreur des gens qui bougent, qui restent curieux dans leur tête et libres dans leurs fréquentations. Les flics veulent développer le communautarisme, que les gens restent à leur place, les gauchistes à gauche, les droitistes à droite, et surtout que les groupes ethniques ou religieux ne se rencontrent pas, car ils sont plus faciles à gérer et à utiliser ainsi. Dans ces conditions, c’est un acte politique critique que d’aller partout et de parler avec tout le monde, de l’ultra-droite à l’ultragauche et avec toutes les communautés identitaires.

    Je dis ceci bien que le militantisme politique soit secondaire pour moi, ma priorité étant de respecter une bonne méthodologie scientifique. En effet, ce qui m’intéresse en premier lieu en politique est de comprendre comment fonctionnent les diverses cultures, de l’ultragauche à l’ultra-droite, quels sont leurs mythes fondateurs et comment certains lobbies s’en emparent et les piratent pour les manipuler. Au-dessus des organisations politiques, il y a les organisations d’influence, les fameuses minorités agissantes, ou minorités actives, dont parlait Serge Moscovici en 1976, qu’on appelle encore des lobbies, ou groupes de pression. Quand on étudie ce domaine, il devient clair que si les tendances politiques qui vont de l’UMP à l’ultragauche se rejoignent finalement au-delà d’un clivage apparent, c’est parce que les groupes d’influence qui les dirigent sont d’accord sur l’essentiel du dogme libéral-libertaire, qui se résume ainsi : « Il faut ouvrir toujours plus la société, sans jamais commencer à la refermer un peu pour se protéger ». C’est d’ailleurs ça, le capitalisme : l’abolition de toutes les frontières et de toutes les limites, au moyen des traités de libre-échange européens et transatlantiques, TAFTA, TISA, CETA, ou par la marchandisation du vivant, les OGM, le « mariage homo », la PMA, la GPA, l’euthanasie, etc. Les milieux souverainistes sont encore préservés de ce fanatisme de l’ouverture totale ; le bon sens, le sens des limites, c’est-à-dire la nécessité du protectionnisme et de la fermeture sélective, ne les a pas encore quittés.

    Paradoxalement, ces idées de base de la lutte contre le capitalisme sont aujourd’hui minoritaires à gauche. Qui comprend encore à gauche qu’il faut sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et relocaliser la production, c’est-à-dire limiter drastiquement l’immigration et annuler la dette du Tiers-monde pour en tarir les flux ? L’anticapitalisme a donc migré. L’échiquier politique a bougé. Si un jour, la critique authentique du capitalisme renaît dans les organisations de gauche, j’y retournerai. Et si des médias ou des organisations de gauche me proposaient aujourd’hui des créneaux d’expression, je les saisirai volontiers, pour les raisons exprimées plus haut. Mais que voit-on depuis les années 1980 ? Des communistes qui passent au Front national par centaines de milliers et qui ne reviennent pas en arrière. Il faut dire que le terrain intellectuel de la Gauche a été entièrement stérilisé par Terra Nova et le GODF. Conséquence : les seuls individus, médias et organisations qui se sont intéressés à mon livre sont ceux que le politiquement correct diabolise en les qualifiant d’extrême-droite. Mais je récuse également cette étiquette réductrice qui n’est qu’un stéréotype. Aujourd’hui, il faut avancer et porter la critique sociale par-delà la Droite et la Gauche, c’est-à-dire dans les faits et au-delà des idées. Alors, on découvre quelle est vraiment l’idéologie au pouvoir en Europe, en Amérique du Nord et en Israël : c’est le transhumanisme, c’est-à-dire le capitalisme intégral.

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/actu-videos-auteurs/140-entretiens/1704-trois-questions-a-lucien-cerise-1-3

  • Alain Soral à Marseille - Vers l'insoumission généralisée - 2014 - Complet en HD

  • « 1 % des Terriens est plus riche que les 99 % restants. À quand un peu de justice sociale ? »

    Entretien avec Alain de Benoist

    À en croire un récent sondage Cevipof, publié par Le Figaro, un adhérent sur deux du Front national voudrait « établir la justice sociale en prenant aux riches pour donner aux pauvres » et serait favorable à une « réforme en profondeur » du système capitaliste. Révolution ?

    Les électeurs du FN, dont beaucoup proviennent des classes populaires, ne sont pas totalement aveugles. Comme beaucoup de Français, ils constatent que les inégalités économiques ne cessent de croître entre les pays comme à l’intérieur des pays, ce qui montre qu’elles n’ont plus rien à voir avec les capacités ou les mérites.

    La richesse cumulée des 1 % les plus riches de la planète est aujourd’hui en passe de dépasser celle détenue par les 99 % restants. Dans les pays développés, les salaires n’ont cessé de stagner ou de diminuer depuis un quart de siècle, obligeant les salariés à s’endetter toujours plus conserver leur niveau de vie, avec les résultats que l’on sait. Aux États-Unis, où l’inégalité économique a atteint son niveau le plus élevé depuis les années 1930, la somme des bonus octroyés à Wall Street en 2014 a représenté à elle seule le double du total des revenus de tous les salariés américains travaillant à plein temps au salaire minimum. En France, la seule Société générale a distribué l’an dernier 467 millions d’euros de bonus à ses salariés, soit en moyenne une prime équivalente à ce que gagne en dix ans un salarié au Smic. Tout récemment encore, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, déjà rémunéré 450 000 euros par an, s’est vu accorder un parachute doré d’au moins 200 000 euros, tandis que l’ancien patron de PSA Peugeot-Citroën, Philippe Varin, bénéficiait d’une retraite chapeau de 299 000 euros par an.

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  • Jean-Pierre Maugendre : « Le débat avec le Front national n'est pas facultatif »

    Jean-Pierre Maugendre, militant catholique de toujours, est aujourd'hui président de l’association Renaissance catholique. Il exprime parfaitement les inquiétudes de beaucoup de catholiques face à une évolution économiste et matérialiste du programme du Front national.

    Pourquoi avez-vous tenu à engager un débat en tant que catholique avec le Front national ?

    La question de fond est de savoir si la crise que nous vivons est d'abord une crise économique et financière avec pour conséquence un chômage important ou surtout une crise de civilisation identitaire, culturelle voire spirituelle. L’actualité de ce sujet est, bien sûr, liée à l’ambition présidentielle de Marine Le Pen et aux résultats électoraux de son parti. Il est intéressant noter que Marion Maréchal, souvent présentée comme la représentante d'un courant catholique au sein du Front national, du fait de sa participation aux Manifs pour tous que sa tante avait préféré ignorer, affirmait récemment, à propos de Bruno Gollnisch : « Qu'on le veuille ou non, en termes d'image, il incarne le Front d'une certaine époque qui me semble révolue. » Qu'est-ce que l'Ancien Front ? Qu'est-ce que le Nouveau Front ? Au-delà d'une allusion générationnelle et une formule rhétorique, rien n'est très clair. S’agirait-il de jeter par dessus bord la référence à l’anthropologie chrétienne ? J'ai eu l'occasion récemment de rencontrer Marine Le Pen et de lui parler de l'évolution de son programme politique. Je crois que le moins que l'on puisse dire est que ce débat n'est pas facultatif. Dans l'ancien programme de 1993, les rédacteurs avaient utile onze fois le mot « civilisation » dans la seule introduction. Dans le nouveau texte on ne l'utilise pas une seule fois. Il n'y a plus que Madame Taubira qui emploie le terme de « changement de civilisation ». Et le Front national ?

    Mais d’un point de vue électoral, que pèse ce combat « civilisationnel » ?

    Du simple point de vue électoral, le mauvais report des voix de droite vers le Front national, que l'on a pu constater lors des élections départementales en particulier dans le Vaucluse, devrait susciter chez ses dirigeants une certaine inquiétude. En effet, de nombreux électeurs de l'UMP qui, sur beaucoup de sujets, seraient prêts à voter pour le Front national, en particulier en raison de ses positions sur l'identité nationale et l'immigration, dans les faits ne reportent pas leurs voix au deuxième tour sur le candidat FN, parce que le nouveau programme économique que défend Marine Le Pen, est considéré par beaucoup d'entre eux comme étatiste, voire socialisant.

    Vous insistez particulièrement sur la pauvreté du nouveau programme en matière d’éducation…

    C'est à propos de l'école en effet que l'on peut observer les propositions les plus surprenantes. « L'école est un service organique de la République » affirme le programme en insistant sur la « préparation à la citoyenneté », et « L’école de la République ». Il n'y a aucune remise en cause du fonctionnement du Ministère de l'Education nationale. Il n'est fait aucune mention d'une possible autonomie accordée aux directeurs d'école ni de la remise en question de la cogestion de l'enseignement par le tandem ministère-syndicats. Le programme de 93 affirmait une réelle volonté réformatrice qui allait jusqu'aux principes, il soutenait ainsi, par exemple, que « les familles sont maîtresses de l'éducation et de l'enseignement de leurs enfants » et proposait un chèque scolaire déductible des impôts pour aider les parents à mettre leurs enfants dans l'établissement de leur choix sans être pénalisés financièrement. Dans le nouveau programme, il n'est pas question de l'enseignement privé, qu'il soit sous contrat d'association avec l'Etat ou hors contrat, alors que ces établissements représentent 20 % des élèves. Et donc évidemment, il n'est plus question du chèque scolaire.

    Et qu’en est-il des propositions concernant la famille ?

    Partons simplement du vocabulaire employé : il préconise une politique nataliste à propos de la famille plutôt qu'une politique vraiment familiale. Dans le programme de 93 était proposée la mise en place immédiate d'un salaire parental égal au SMIC. Dans le nouveau programme ce salaire parental est égal à 80 % du salaire minimum et seulement : « lorsque les Finances le permettront. » Autant dire jamais... Il est clair que la politique familiale n'est plus une priorité. Ce nouveau programme affirme également que : « Notre déséquilibre démographique est provisoire ». Heureuse perspective dont on ignore les moyens préconisés pour qu'elle se réalise. De même il n'est pas prévu la remise en cause de la mise sous condition de ressources des allocations familiales. Or les allocations ne sont familiales que dans la mesure où elles visent à faire en sorte que les familles qui ont des enfants ne soient pas financièrement pénalisées par rapport à celles qui ont les mêmes revenus mais qui n'ont pas d'enfants. Pourquoi ne pas proposer de revenir sur cette loi typiquement socialiste ?

    Vous reprochez au nouveau programme d’être trop axé sur les questions économiques ?

    Il y a une intuition qui est juste c'est la lutte nécessaire contre la Finance internationale. Mais la vraie réponse à la lutte contre la Finance internationale est de mire en sorte que la Finance soit soumise au Politique. Dans notre anthropologie chrétienne, l'homme n'est pas d'abord producteur ou consommateur, il est un héritier qui reçoit et transmet ce qu'il a reçu : ses biens matériels, mais surtout les biens immatériels que lui ont procurés des millénaires de civilisation. Les gens le sentent bien. Ils se sont mobilisés pour la défense du mariage naturel avec beaucoup plus d'ampleur qu'ils ne l'ont jamais fait pour le pouvoir d'achat. L'homme ne vit pas que de pain !

    Que reprochez-vous au programme économique du Front national ?

    Je voudrais poser une simple question en guise de réponse : par quel miracle la France serait-elle le seul pays d'Europe à pouvoir maintenir la retraite à 60 ans ?

    Propos recueillis par l'abbé G. de Tanouarn

     

    monde & vie 30 avril 2015 

  • Interview d’Alain Soral par la chaîne Arte : les images d’ERTV

    Malhonnêteté Arte: La chaîne de référence prise en flagrant délit de tricherie


    Interview d’Alain Soral par la chaîne Arte… par ERTV

    La chaîne franco-allemande Arte est venue interroger Alain Soral à Paris pour un reportage sur le thème de la « théorie du complot ». Les images obtenues ont été diffusées dans l’émission Yourope du 18 avril 2015, intitulée « Absurdité ou réalité ? Zoom sur les théories conspirationnistes qui prospèrent en Europe ». Sans surprise, le montage tente de nuire au président d’Égalité & Réconciliation. Fort heureusement, ERTV a contre-filmé l’interview, permettant ainsi de rétablir la vérité sur les propos d’Alain Soral…

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • TVL : Roger Holeindre : "il faut apprendre aux jeunes à aimer la France"