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entretiens et videos - Page 887

  • JEAN-YVES LE GALLOU Libertés et civilisation en régression

    Haut fonctionnaire, intellectuel et homme politique français, Jean-Yves Le Gallou a fondé en 2003 la Fondation Polémia, très présente sur Internet. Au lendemain d'un colloque sur le coût de l'immigration auquel il a participé, nous l'avons notamment interrogé sur la liberté d'expression et les libertés politiques, sujets qui sont au coeur de son combat.

    ❏ L'Action Française 2000 – Pouvez- vous présenter la fondation Polémia à nos lecteurs qui ne la connaîtraient pas encore ?
    ❏ Jean-Yves Le Gallou – Polémia, c'est d'abord un cercle de pensée dissidente à l'opposé du système oligarchique dominant. Son rôle est d'être un incubateur d'idées nouvelles et un brise-glace idéologique du politiquement correct.
    Polémia c'est également une encyclopédie numérique politiquement incorrecte. Les 4 500 textes mis en ligne sont rigoureusement sourcés et référencés. Polémia est une source précieuse de réflexion et de documentation que son moteur de recherche rend facilement accessible. Polémia, c'est aussi un site phare de la réinfosphère. Polémia contribue à faire entendre les points de vue de tous ceux qui sont attachés aux libertés, à l'identité et à la souveraineté, ce sont les valeurs du "LIS", ou du Lys si vous préférez. Polémia, c'est enfin un centre de décryptage des médias.
    Les médias ne sont pas un contrepouvoir, ils sont le pouvoir. Le pouvoir sur les esprits. Polémia a consacré plusieurs publications à l'analyse des phénomènes médiatiques : La Tyrannie médiatique, le Dictionnaire de Novlangue, le Dictionnaire de la réinformation - 500 mots pour la dissidence et Les Médias en servitude. Polémia s'apprête à lancer l'Observatoire des journalistes et des médias pour placer sous le projecteur de la critique ceux qui fabriquent l'opinion. Polémia organise aussi chaque année une journée d'étude de la réinformation et la cérémonie - parodique - des Bobards d'or distingue les "meilleurs des journalistes", ceux qui n'hésitent pas à bobarder, c'est-à-dire à mentir délibérément pour servir le politiquement correct.
    ❏ L'immigration est, à vos yeux, un des enjeux majeurs de la décennie à venir. D'abord sur le plan économique bien sûr...
    ❏ En terme d'emploi, l'immigration est une absurdité dans un pays qui compte 10 % de chômeurs à temps plein (et 15 % à temps plein ou partiel). Un pays où le chômage des étrangers hors Union européenne est trois fois supérieur au taux moyen. Un pays où le taux de chômage des enfants d'immigrés (de quinze à vingt-quatre ans toujours hors Union européenne ) dépasse 35 %. Mais il est vrai que l'immigration est voulue par le Medef pour peser à la baisse sur le niveau des salaires. L'immigration joue ici le même rôle que les délocalisations ; l'immigration c'est la délocalisation à domicile dans le cadre d'un monde sans frontières 1.
    En termes budgétaires, l'immigration est aussi une folie dans un pays surendetté. Yves-Marie Laulan, de l'Institut de géopolitique des populations, a chiffré le coût de l'immigration présente actuellement en France à 72 milliards d'euros. Il faut y ajouter le coût des investissements nécessaires pour accueillir les 200 000 étrangers qui entrent chaque année : 15 milliards pour construire les logements, les transports, les places d'école, d'université, d'hôpital et de prison. En tout, près de 100 milliards, l'équivalent du déficit public 2.
    ❏ Mais peut-être l'immigration constitue-t-elle un enjeu plus grave encore sur le plan de la cohésion sociale et celui de l'identité nationale. Considérez-vous que nous sommes à un tournant en la matière ?
    ❏ Vous avez raison, « l'économie n'est pas le destin ». Et l'immigration de masse que nous subissons pose un problème crucial en termes d'identité nationale. Certes, quelques individualités parviennent à s'assimiler, mais, globalement, l'intégration est un échec. Chaque année, le gouvernement donne la nationalité française à plus de 100 000 personnes. Malheureusement, beaucoup de ces Français administratifs ne sont pas des Français par la culture, par la civilisation, par le sentiment. C'est de la fausse monnaie nationale. Et des pans entiers du territoire se transforment par l'islamisation ou l'africanisation. Nous sommes en train d'importer le choc des civilisations en France.
    ❏ Plutôt que d'une islamisation rampante de la société, ne conviendrait-il pas de parler d'une communautarisation ?
    ❏ Bien sûr, il y a communautarisation quand le gouvernement et les médias déroulent le tapis rouge aux organisations communautaristes telles que le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), le Cran (Conseil représentatif des associations noires) et le CFCM (Conseil français du culte musulman).
    Mais au-delà, il y une islamisation de la société, c’est-à-dire que la minorité musulmane (un peu moins de 10 % de la population) impose progressivement ses règles de vie à tout le monde : là où le voile islamique s'impose, la vie devient de plus en plus difficile pour les jeunes femmes qui ne le portent pas. Que les musulmans mangent halal (ou les israélites casher), c'est une chose. Que l'ensemble des Français se voient imposer ces pratiques, c'en est une autre. Et pourtant, aujourd'hui en France, 60 % des moutons et 30 % des bovins sont abattus selon les pratiques rituelles orientales. De même, il est anormal de financer des mosquées avec l'argent des contribuables et d'accorder des dérogations aux règles d'urbanisme pour permettre l'édification de minarets. Le pire est que, dans les écoles, la transmission de la mémoire française soit abandonnée pour complaire aux nouveaux arrivants.
    ❏ Un autre de vos combats est celui pour les libertés. Vous avez, dans un récent éditorial, souligné les dérives en la matière : Lopsi, Acta, persécutions policières et judiciaires contre ceux qui refusent le politiquement correct, censure à la télévision, sans oublier ces lois « scélérates » (dixit Anne Le Pourhiet) que sont, notamment, les lois communautaristes, mémorielles ou antidiscriminatoires adoptées successivement en France depuis 1972. Les historiens y sont de plus en plus opposés, mais le pays légal dans son ensemble est favorable à ces lois liberticides. Quel combat mener ? Comment ? Quel espoir avoir en la matière ?
    ❏ Cette formidable régression des libertés s'accompagne d'une régression civilisationnelle. À travers l'antiquité gréco-latine, la première Renaissance du XIIe et XIIe siècle, la grande Renaissance, la pensée européenne a toujours distingué deux ordres de vérité : les vérités religieuses, où le dogme s'impose comme article de foi ; les vérités scientifiques ou historiques, qui se déterminent par le libre débat. Dans ces domaines peut être dit vrai (ou faux) ce qui est librement réfutable. Philosophiquement, un fait, une opinion, un point de vue, une analyse qui ne peut être librement réfuté ne peut être dit ni vrai, ni faux (sauf dans l'ordre religieux). Ainsi les lois mémorielles transforment-elles des événements historiques en dogmes religieux. C'est une formidable régression. En retirant des pans entiers d'histoire au libre examen, les lois mémorielles (Gayssot, Taubira ou Boyer 3) ne sont pas seulement des atteintes à la liberté d'expression, ce sont aussi des fautes contre l'esprit. Que faire ? Ne pas se laisser intimider ; résister ; ne pas se laisser imposer l'historiquement correct ; ne pas "plier" ; continuer à réclamer l'abolition des lois scélérates. Grâce à internet, c'est possible.
    ❏ Vous avez enfin évoqué la tentative de truquage de l'élection présidentielle, visant à empêcher Marine Le Pen de se présenter. Que pensez-vous de la décision du Conseil constitutionnel sur la publicité des signatures des maires ?
    ❏ Il y a effectivement la volonté d'imposer une élection présidentielle croupion, comme il y a des parlements croupions. Un certains nombres de candidats ont déjà été sortis du jeu : Boutin, Nihous, Morin ou Lepage. Qu'on soit d'accord ou non avec eux, c'est regrettable. La tentation existe aussi d'éliminer Marine Le Pen, mais ce sera évidemment plus difficile. Mais déjà les médias manipulent l'opinion : sans attendre le premier tour, ils scénarisent le "duel" du deuxième tour qu'ils programment entre Hollande et Sarkozy, qui sont d'accord sur l'essentiel et feignent de s'opposer sur l'accessoire. Le parrainage des candidats à l'élection présidentielle par les maires a fait son temps. Mais le sujet le plus grave reste la tyrannie médiatique.
    Propos recueillis par François Marcilhac L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 1er au 14 mars 2012
    1 - « Immigration : l'illusion de l'intégration » ; http://www.polemia.com/article.php?id=1730
    2 - Synthèse des travaux du colloque "Peut-on raisonnablement calculer le coût de l'immigration ?" ; http://www.polemia.com/article.php?id=4596
    3 - « Loi sur le génocide arménien : une régression civilisationnelle »

  • Pierre Sidos : « Il faut d'urgence une révolution intellectuelle et morale »

    Fondateur de Jeune Nation et de l'Œuvre française (4 bis rue Caillaux, 75013 Paris. Tél. : 01· 44-24-22-54, < www.oeuvrefrancaise.com >). Pierre Sidos est le symbole du nationalisme intransigeant. Alors que la situation de notre pays ne cesse de se dégrader et que le camp national se trouve à une période charnière de son histoire, nous avons jugé intéressant de donner la parole à ce vétéran du combat nationaliste sans concession. 

    RIVAROL : Que vous inspire la situation actuelle, la politique de Nicolas Sarkozy et les scènes de guérilla urbaine qui se multiplient dans notre pays ?
    Pierre SIDOS : Il faut d'urgence en revenir à une politique qui soit morale. Et de la même façon que Renan disait après la guerre de 1870 qu'il fallait à la France une réforme intellectuelle et morale, il faut aujourd'hui beaucoup plus qu'une réforme mais une véritable révolution intellectuelle et morale. Face à la décomposition des constituants du Système, qui se manifestent par des scènes de guérilla urbaine avec tirs à balles réelles contre les forces de l'ordre à Grenoble, dans le centre de la France dans le Loir-et-Cher, une gendarmerie mise en pillage et une situation insupportable sur le plan de l'insécurité. Quant au pouvoir, il est fragilisé au point que l'actuel président de la République est contraint de prendre la parole à la télévision pour se justifier. Le lendemain la presse a relevé le nombre d'erreurs de faits et d'appréciations que le chef de l'État a commis.
    Parallèlement, s'amorce une recomposition du mouvement national dans son ensemble. La situation actuelle, en référence à l'Ancien Testament, c'est à la fois Sodome et Gomorrhe et l'adoration du veau d'or. Or, on constate que nous sommes dirigés par des saltimbanques qui jouent le rôle de comédiens. D'ailleurs, c'est à peu près la définition de la politique actuelle, c'est se faire voir, même si l'on n'a rien à dire, c'est remuer, voyager, bouger. Ces saltimbanques sont accompagnés de gourgandines, de femmes de mauvaise vie ou de mauvais comportement dans les activités politiques, le féminisme étant le contraire de ce qui est utile aux femmes et à la société.

    R. : Que peut-on faire de politiquement utile actuellement ? Comment combattre ? Quels pièges et erreurs devons-nous éviter ?
    P. S. : Nous sommes devant la plus grande invasion de notre histoire. Même ce que l'on a appelé et ce que l'on appelle encore les grandes invasions, tant en nombre qu'en importance, qu'en transformation de la population et des modes de vie, est sans comparaison avec ce que nous subissons actuellement. En même temps que l'on commémore quasi quotidiennement un événement antérieur qui rappelle prétendument des faits de préservation de l'indépendance nationale, les dirigeants, du président de la République jusqu'aux ministres en passant par les membres des différents partis, pratiquent une politique d'asservissement à la plus grande invasion de notre histoire.
    Face à cela, il y a à penser global et à agir national. Et au nom de cette politique morale que j'appelle de mes vœux les personnes de notre camp doivent être des exemples de moralité. Tous les militants nationaux, mais plus encore ceux qui sont amenés à se mettre en avant pour prendre des responsabilités, doivent rechercher la compétence, l'initiative et le dévouement. La première chose nécessaire pour lutter contre un système déliquescent, c'est de s'affirmer dans toute son existence en contradiction totale avec lui. On se définit évidemment au fond par rapport à soi-même mais dans l'action politique on se définit en contradiction par rapport à ses mœurs, à ses pratiques, à ses habitudes et à ses rites. Or, désormais, il est convenu que la plupart des gens se tutoient même quand ils ne se connaissent pas. C'est impropre à la langue française ; évidemment en anglais on tutoie Dieu et la Reine exclusivement mais tutoyer tout le monde n'est pas acceptable. À la télévision, plutôt que d'appeler un correspondant par son nom, on dit : « Paul, qu'est-ce que tu en penses ? » , « Je te remercie Marie ». C'est une pratique proche-orientale : on est fils de, fils de... Avec cette difficulté que lorsqu'il y a plusieurs Paul ou plusieurs Louis, on ne sait pas auquel l'on a affaire. On est donc amené à le définir : celui qui a des lunettes, celui qui a des cheveux longs. On en arrive à une dépersonnalisation de l'individu tout en glorifiant les droits de l'homme et la dignité humaine.
    Il y a également à s'opposer à toute forme de débraillé vestimentaire. Sitôt qu'il arrive un rayon de soleil l'impudicité féminine à l'heure actuelle en France atteint un degré tel que l'on a l'impression qu'il est écrit : si tu en veux, sers-toi ! C'est contraire à la dignité féminine et c'est choquant par rapport à notre mode de vie. Désormais il y a le fait que couramment les hommes ne se rasent pas et portent une barbe d'un, de deux ou de trois jours. On le voit à la télévision et c'est également une pratique de fin de semaine pour certaines religions !
    Outre le tutoiement, l'usage exclusif des prénoms, le débraillé vestimentaire, le défaut de propreté, il y a la question du vocabulaire. Il n'y a pas à vouloir réfuter en permanence le vocabulaire qui est utilisé pour nous désigner. J'entends par là que pour l'adversaire l'on sera toujours ceci ou cela, quoi que l'on fasse. Par conséquent, s'il y a à se définir et à affirmer des principes catégoriques, il n'y a pas à se dire identitaire, radical ou autre. On est d'extrême France. Ainsi les media du Système auront le mot extrême, ils seront contents, et le grand public saura que nous sommes l'extrême France.

    R. : Comment définir actuellement ce que doit être un groupement politique d'opposition totale au Système ?

    P.S : Un groupement politique n'est pas une unité militaire, ni une affaire commerciale, ni une entreprise quelconque. Et en ce qui concerne le mouvement national en général, il ne doit pas être exclusivement une écurie électorale. Que ce soit une nation ou une organisation d'opinion, il faut savoir que la direction des personnes, les contacts entre elles, vis-à-vis des adversaires, le comportement politique, le vocabulaire employé sont aujourd'hui marqués par l'existence du transistor, du portable et d'Internet. À l'heure actuelle les moyens de communication et d'information ne sont plus du tout ceux qui avaient cours il y a quelques décennies. Les méthodes de direction et de propagation des idées n'ont rien à voir avec ce que cela pouvait être dans le temps passé.
    Une formation politique doit préconiser la connaissance de l'histoire, la promotion du patriotisme et la défense de la langue. Dans quel but ? Les objectifs fondamentaux sont de remilitariser l'armée, de resociabiliser la société, de resacraliser la famille, de refranciser l'État, de reconquérir le territoire. Cela fait peut-être beaucoup de "re" mais il faut savoir que le retour en arrière est bien souvent une avancée en ce sens que c'est un retour en arrière de recouvrer sa santé lorsque l'on a été malade, de corriger des erreurs lorsque l'on en a commises, de se remettre dans la droite ligne lorsque l'on est en voiture et que l'on a été déporté. Le retour en arrière en question, c'est un retour à la normale. Une révolution intellectuelle et morale doit commencer par un retour à la normale, à ce qui a été consacré par des siècles et par notre civilisation. Qui dit morale dit référence à une croyance. Car il n'est pas de morale qui ne trouve son origine dans le respect des hautes valeurs spirituelles, dans la croyance en Dieu, en la Création. Lorsqu'a été instituée l'école laïque, on a posé la question à Jules Ferry : « Quelle morale enseignerez-vous aux enfants dans cette école ? », il a répondu : « La morale de toujours ». En réalité, cette morale n'était pas de toujours. C'était la morale issue de la civilisation chrétienne.
    Appartenant à la civilisation du Christ et à la nation française, par respect pour notre histoire nationale, nous devons proscrire l'athéisme, le judaïsme, l'islamisme, le bouddhisme, le shoahtisme car ils ne sont pas des éléments constitutifs de la nation française mais ont au contraire été introduits récemment dans le composé français pour le perturber fortement.
    L'on doit préconiser un nationalisme organique, à la fois classique et rustique, celui du sol, de la terre et des morts de Maurice Barrès. Il s'agit aussi de faire revivre les morts qui sont en nous. Par conséquent, cette révolution intellectuelle et morale doit s'inspirer de la formule : « vers l'avenir, fidèle au passé » et l'action politique doit se conjuguer au futur antérieur. Le but étant la conquête de l'État et non pas une petite élection par-ci ou un petit succès par-là. Quels en sont les moyens ? Il y en a qu'il ne faut pas exagérer car il trouve ses limites, ce sont les élections. Se présenter aux élections peut être parfois utile pour diffuser des idées, se faire connaître auprès de nos compatriotes mais ce qu'il faut proscrire, c'est le tout-électoral qui, conçu comme l'unique chemin du succès, constitue en réalité une voie de garage.
    Actuellement en France nous avons un président de la République qui touche 20 000 euros par mois, un Premier ministre (18 500 euros), 39 ministres (12 000 euros chacun), 998 parlementaires (5 500 euros chacun), 1 880 conseillers régionaux et 4 220 conseillers généraux (qui touchent entre 1 200 et 4 000 euros mensuels, les présidents de conseil général et de conseil régional obtenant 5 500 euros), 36 838 maires et 492 000 : conseillers municipaux (bénévoles, sauf dans les communes importantes). Soit un total de 536 000 fonctions électives, en ne comptant pas toutes les autres élections professionnelles ou associatives. Ce qui fait qu'avec les renouvellements périodiques de consultations électorales internes et en plus la relation imposée par les media de consultations de la sorte se déroulant à l'extérieur de la France, tout le monde vit dans un état de fièvre électoral permanent, à la fois agressif, coûteux et inutile. On ne le dira jamais assez, l'électoralisme est la tare et la sauve-garde du système, désormais à l'échelle planétaire. Cela pour le plus grand profit des mafias cosmopolites, avec l'octroi de pourboires compensatoires à des individus élus plus ou moins frauduleusement pour les servir en se servant au passage.
    De toute façon, ce n'est pas aux media, aux éléments d'information du Système que l'on combat de nous désigner les objectifs, de nous indiquer les personnes qui doivent être les dirigeants du mouvement national. Il y a même à s'en méfier. Couramment des personnes qui luttent contre un système disent : si j'entends parler en bien de moi, je me méfie et je me demande quelles erreurs j'ai bien pu commettre. Il y a des exemples récents qui montrent que les media peuvent créer un personnage et ensuite le délaisser, c'est le cas d'Olivier Besancenot. La ville de Neuilly-sur-Seine où il était facteur est décidément la référence de ce qu'il ne faut pas faire, c'est-à-dire se soumettre à la fantaisie de l'opinion des media.

    R. : Dans un entretien à France-Soir daté du 30 juin et dans lequel Jean-Marie Le Pen apporte son entier soutien à sa fille et égratigne au passage Bruno Gollnisch, le président du Front national vous met en cause. Comment expliquez-vous que votre nom ait été cité ?
    P. S.: J'ai jugé cette allusion d'autant plus singulière qu'il était affirmé par France-Soir que j'avais toujours été un adversaire du Front national, ce qui est faux de par mes positions publiques, écrites, orales, par mes votes. Je me considère même comme un actionnaire minoritaire du Front national en ce sens qu'avec le système de financement public des partis politiques, ayant toujours voté pour le FN aux élections législatives qui servent de repère exclusif pour le calcul des subventions étatiques, j'ai donc apporté ma part financière. De plus, mon nom est cité dans un entretien donné à un journal du Système. France-Soir, et où Jean-Marie Le Pen prend parti dans une compétition interne au Front national et cela, contrairement à ce qui avait été déclaré, deux mois auparavant, le 2 mai 2010, lors du conseil national du FN par le président du mouvement qui, dans son discours de clôture, avait dit qu'il fallait être serein, ne pas jeter d'huile sur le feu, éviter comme la peste d'exagérer, présenter les candidats de manière modérée, ne pas s'attaquer entre soi. Or là il y a eu des propos extrêmement désobligeants vis-à-vis d'un des postulants à la présidence du Front national de la part de l'actuel président et de sa fille qui est également postulante. Propos surprenants à plus d'un titre puisqu'ils ont été exprimés brutalement dans une publication du Système, à partir d'un domicile privé, chez la seconde épouse de Jean-Marie Le Pen à Rueil-Malmaison, et correspondant précisément à la date de clôture (30 juin) du recueil des parrainages pour pouvoir postuler à l'élection à la présidence du Front national. Mon nom a été mêlé très abusivement car si j'ai de l'estime pour Monsieur Bruno Gollnisch, je ne suis pas son ami, au sens où je ne suis pas un intime comme l'entendait la formule de Jean-Marie Le Pen.
    C'est d'autant plus étonnant que dans l'un des sites principaux du mouvement en question, < nationspresse.info > animé par Louis Aliot et Jacques Vassieux, on trouve en date du 15 juillet une contribution de quatre pages dans laquelle il est écrit : « Reste Marine Le Pen. Tous les regards sont tournés vers elle. Elle incarne dans son parti une rupture avec le discours traditionnel du FN. N'ayant jamais cautionné les dérapages de son père ni les positionnements douteux de certaines franges de son parti, elle débarrasse le FN de l'aura sulfureuse qui le diabolisait et le maintenait à distance des responsabilités politiques. » J'en arrive à me poser la question : est-ce que c'est la température estivale qui provoque ces extravagances ? C'est en tout cas très fâcheux pour le mouvement national.

    R. : Dans le dernier bulletin interne du Front national des Landes (n°16), Marine Le Pen est considérée comme la nouvelle sainte Jeanne d'Arc. Qu'en pensez-vous ?
    P. S.: C'est excessif d'autant plus qu'elle est explicitement mise sur un pied d'égalité avec la Pucelle ! Ce sont là des arguments non politiques. Bien que je ne sois pas adhérent ni votant, vu de l'extérieur, je ne peux que déplorer de voir une succession de Jean-Marie Le Pen se dérouler dans de si mauvaises conditions. J'ajouterai seulement pour finir que lorsque l'on est Français et donc l'héritier de toute notre histoire nationale, et notamment des siècles constitutifs de notre nation, l'on doit se référer aux bases fondamentales de la constitution de la nationalité française. La nation française n'avait pas de constitution écrite mais elle avait des principes qui n'avaient pas besoin d'être retranscrits tant ils étaient répétés. Premier principe : le Roi appartient au Royaume et pas le Royaume au Roi. Le second principe qui était particulier à la nation française et qui lui a permis d'exister et de se maintenir alors que la plupart des autres nationalités étaient fluctuantes, c'est que le Royaume ne doit pas tomber en quenouille.
    Dans l'immense respect qui était accordé aux femmes, aux reines, y compris aux reines veuves que l'on appelait les reines blanches, et qui était en relation directe avec la foi catholique, dans l'immense vénération que l'on éprouvait envers la Vierge Marie, la mère du Christ, les hommes devaient diriger. Parce que les responsabilités d'État font que la sensibilité féminine, les qualités spécifiques aux femmes sont en partie incompatibles avec les difficultés du combat politique, ses horreurs parfois. C'est ainsi qu'un ancien chancelier d'Allemagne à qui l'on demandait pourquoi il n'y avait pas d'élue ni de candidate au Parlement de son pays répondait : « Un homme en colère, ce n'est déjà pas-beau à voir. Une femme en colère, ce serait pire ! » C'est donc par considération pour la condition féminine que le Royaume de France ne devait pas tomber en quenouille ! Pourquoi ce qui était valable hier ne le serait-il plus aujourd'hui ?
    Propos recueillis par Jérôme BOURBON. Rivarol du 30 juillet au 2 septembre 2010

    (Le nouveau président d'Oeuvre française est Yvan Bendetti, l'ancien bras doit de B. Gollnisch. Pat )

  • Jacques Bompard : « Il est temps de se pencher sur les comptes d’associations comme SOS Ra­cisme »

     

    Jacques Bompard, le député du Vaucluse, maire d’Orange et président de la Ligue du Sud, de­mande la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur les associations antiracis­tes vivant des subventions publiques.

    Face au développement du racisme anti-Blanc et au déni de réalité de certaines associations antiracistes, le député Bompard estime qu’il devient nécessaire de se pencher sur le fonctionnement de la lutte contre le racisme en France. Interview.

    Jacques Bompard, les associations antiracistes profitent-elles de subventions publiques ?

    Oui, et dans une large mesure.

    Une commission d’enquête parlementaire devrait faire la lumière à ce sujet.

    Je vais vous citer quelques exemples : en 2012, les associations dépendant de la mission « Intégration et accès à la nationalité française » ont vu leurs subventions passer de 11,5 millions à 42 millions €, celles affectées aux associations dépendant de la mission « Développement solidaire et immigration » ont progressé de 50% en passant de 6,9 millions à 9,3 millions €.

    Il est temps de se pencher sur le fonctionnement de la lutte contre le racisme en France et notamment sur le finance­ment d’associations de type SOS Racisme qui ne font, par ailleurs, rien pour lutter contre le racisme antifrançais.

    De plus, SOS Racisme et d’autres ne publient pas leurs comptes. C’est anormal. Les Français ont le droit de savoir qui vit de quoi et comment on utilise l’argent public.

    Quelle est l’attitude des collectivités locales quant au financement d’associations comme SOS Racisme ?

    Elles les subventionnent largement. Chaque année, il se crée de nouvelles associations de défense de ceci, de cela. Beaucoup d’entre elles vont chercher des subsides locaux et les obtiennent. Les élus préfèrent les financer pour éviter d’être mis en cause et y voient aussi le moyen de s’assurer un réservoir de voix.

    Pensez vous que les subsides publics devraient être réservés aux associations bénéficiant d’une « certification » ?

    Je pense que la bureaucratie française est déjà très lourde et que l’obtention d’une certification se­rait aussi une occasion de tricher.

    La meilleure formule consisterait plutôt à ce que les associations comme le DAL, SOS Racisme… n’emploient pas de salariés mais uniquement des bé­névoles. Ainsi, elles n’entretiendraient pas de permanents qui sont souvent grassement payés.

    On l’ignore, mais les salaires que les associations versent à leurs permanents, à fonction équivalente, sont généralement plus élevés que dans le privé !

    Historiquement, qu’est-ce qui explique que ces associations aient pris un tel pouvoir ?

    Beaucoup d’associations sont des structures politisées qui militent en faveur du politiquement cor­rect. Peu à peu, leur rôle s’est institutionnalisé et certaines revendiquent aujourd’hui une sorte de magistère moral.

    Certaines ont même obtenu le droit de défendre et d’aider les hors-la-loi sans qu’elles puissent être incriminées pour cela, notamment dans le cas de l’assistance aux clandestins. Ces associations se sont placées en état d’impunité avec l’appui de députés pourtant chargés de faire appliquer les lois de la République.

    Le pire est que quand on parle avec ces députés en pri­vé, ils ne sont pas dupes. Mais, la plupart votent ces textes comme un seul homme, qu’ils soient de droite ou de gauche. Si le discours diffère entre le PS et l’UMP, dans les faits, la politique qu’ils mè­nent, une fois au pouvoir, est la même.

    Pourquoi les médias ne critiquent-ils pas ce système ?

    Parce que les médias, les politiques et les associations font partie du même ensemble. Du même système. Il y des intérêts communs, des collusions idéologiques.

    Un de vos confrères a récemment indiqué que 85 % des journalistes se disent de gauche et que les 15% restants, se cachent. Ces chif­fres expliquent pas mal de choses, non ?

    Le Cri du Contribuable

    http://fortune.fdesouche.com

  • Pierre Routhier : un universitaire devenu nationaliste

    • Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, successivement directeur du laboratoire de Géologie appliquée de l'université Pierre et Marie Curie, directeur de la Branche exploration du Bureau de Recherches géologiques et minières (BRGM), directeur de recherches au CNRS, ci-devant président de la Société européenne de Géologie appliquée aux gisements minéraux, Pierre Routhier est un brillant scientifique. On lui doit plusieurs ouvrages de référence destinés à l'enseignement supérieur (Les gisements métallifères. Géologie et principes de recherche, Masson, 1963 ; Essai critique sur les méthodes de la Géologie. De l'objet à la genèse, Masson, 1969 ; où sont les métaux pour l'avenir ? Les provinces métalliques. Essai de métallogénie globale. Bureau de recherches géologiques et minières, Orléans, 1980, version anglaise en 1983) mais aussi plus récemment deux livres de vulgarisation dont Voyage au monde du métal. Inventions et aventures (Belin, 1999).
    Par ailleurs, sur le plan politique, Pierre Routhier est depuis 1984 un nationaliste français qui ose s'affirmer tel. Adhérent du Front national, il en vice-présida longtemps le Conseil scientifique. Ses deux ouvrages de réllexion politique : Contrepoisons (Editions nationales, 1996) et Pour flinguer Big Brother. Bréviaire de la Contre-Révolution (Godefroy de Bouillon, 2000) firent pas mal de bruit.
    Enfin, il vient de publier « Des cailloux et des hommes », un livre souriant, écrit avec aisance, performance plutôt rare chez un scientifique, fourmillant d'anecdotes et d'épisodes contés d'une manière drolatique, tels sa rocambolesque évasion aérienne de Nouméa eu 1949 ou l'échec de sa candidature à l'Académie des sciences en 1979.

    RIVAROL: Pourquoi avoir cboisi comme sous-titre de votre livre « Mémoires d'un géologue nationaliste » (1) ? Qu'est-ce qui vous a poussé à utiliser ce qualificatif ? N'y a t-il pas une contradiction, au moins apparente, entre le métier que vous avez exercé pendant quarante ans et qui vous a conduit à vous intéresser de près à la Terre dans son ensemble et l'attachement exclusif et viscéral que vous manifestez à une seule nation, la France ?
    Pierre ROUTHIER : Le terme "nationaliste" est celui qui m' est apparu comme le plus clair et le plus évident. Je sais que la mode actuelle est plutôt d'utiliser le mot "souverainiste" ou le terme "identitaire". Mais la nation, ce n'est pas seulement l'Etat (auquel fait référence le souverainisme) ni la langue (on parlerait alors de francophonie) ni la race (à laquelle renvoie de manière feutrée l'adjectif identitaire) mais c'est l'ensemble de ces composants. Sans doute aurais-je pu me définir comme un national à l'image du Front du même métal car les mots en -isme sont vecteurs d'une absoluité qui en effraie plus d'un. Néanmoins si l'on parle d'un nationalisme pacifique et défensif, je me reconnais tout à fait dans la définition.
    Géologue, j'ai séjourné dans trente-sept pays. Partout j'ai rencontré des gens excellents dans ma profession, partout j'ai vu des paysages sublimes. A cet égard, c'est la cordillère des Andes qui m'a le plus impressionné. Mais précisément la découverte d'autres patries que la sienne, d'autres peuples que le sien n'implique pas nécessairement l'adhésion au cosmopolitisme ou au mondialisme. On peut s'intéresser de près à d'autres pays, les aimer et préférer quand même le sien.
    R. : Quel a été votre itinéraire politique ?
    P. R. : Ce n'est que sur le tard que je suis devenu droitier ou réactionnaire. Issu d'un milieu assez dépolitisé mais plutôt de gauche, j'ai éprouvé à la Libération de la sympathie pour des intellectuels communistes. Je n'ai en effet jamais été séduit par la mystique de la France libre, ma brève expérience militaire en 1940 m'ayant fait perdre toute confiance dans les officiers, tant supérieurs que subalternes, de l'armée française qui s'étaient montrés incompétents aussi bien dans la préparation que dans l'exécution de la guerre contre les Allemands. Mais, dès 1948, l'affaire Lyssenko m'a définitivement ouvert les yeux sur le système soviétique. Cet agronome soviétique vanté par Staline prétendait que des modifications imposées à des végétaux en agissant sur les conditions de leur développement se transmettaient à leur descendance ; en d'autres termes qu'il y avait hérédité des caractères expérimentalement acquis. C'était faux bien sûr car ces modifications ne touchaient pas les gènes, alors postulés mais non identifiés et manipulés. Mais on comprend l'intérêt de cette théorie pour Staline : on pourrait ainsi créer des générations successives de communistes !
    Je me souviens qu'en 1949 mon ancien professeur de zoologie, Marcel Prenant, membre du Comité central du Parti communiste "français", fut chargé par ce comité d'aller s'informer sur les mirobolantes réussites proclamées par Lyssenko. Profondément honnête, il osa déclarer à son retour qu'il s'agissait de "fabrications" ou de fautes expérimentales. Sa rigueur intellectuelle lui valut d'être exclu du Parti.
    R. : Mais ce sont surtout les événements de 1968 qui vous font définitivement basculer à droite ...
    P. R. : En mai 1968, je suis professeur d'université et j'assiste en direct et avec effroi à l'installation d'une révolution gauchiste au sein de l'enseignement supérieur.
    Je vois avec quelle facilité et quelle célérité le désordre peut envahir et subvertir un pays. Je constate aussi le poids des manipulations juives dans cette explosion de fièvre juvénile. Il est clair qu'il fallait faire payer à De Gaulle ses mâles déclarations sur « le peuple sûr de lui et dominateur »  surtout sa décision de mettre en place un embargo sur les armes à destination d'Israël. Crime inexpiable s'il en est !
    Mais ce n'est vraiment qu'au moment de ma retraite, en 1984, que je me plonge dans la documentation politique. La première grande prestation médiatique de Le Pen, L'Heure de vérité, le 13 février, me fait découvrir un homme d'une dimension exceptionnelle. J'achète et je dévore aussitôt son premier livre paru chez Carrère Laffon : Les Français d' abord, puis l'année suivante La France est de retour. Et depuis bientôt vingt ans, je lis avec intérêt toute la littérature marquée aujourd'hui à l'ultra-droite et j'y ai bien sûr beaucoup appris.
    R. : A cet égard vous vous dites navré par le recul massif et croissant de la lecture dans les nouvelles générations et vous regrettez que nos milieux ne lisent et ne s'informent pas davantage. A quoi attribuez-vous cette évolution en effet préoccupante ?
    P. R. : Pour être adhérent au Front national depuis bientôt deux décennies, je puis vous dire hélas que la plupart des militants et sympathisants du courant nationaliste lisent trop peu. Bon nombre d'entre eux n'achètent même pas la presse nationale ; a fortiori ils ne vont pas se procurer de livres politiques. Or, le public ne se rend pas toujours compte de la difficulté qu'il y a pour des écrivains classés à l'extrême droite à publier et surtout à diffuser : tirage très restreint, publicité quasiment nulle. A ces handicaps s'ajoute la circonstance aggravante que plusieurs éditeurs "amis" ou prétendus tels, indépendamment de leur peu de moyens, ne sont pas toujours très délicats dans leurs procédés vis-à-vis des auteurs ...
    R. : Votre livre est aussi une galerie de portraits fort intéressants et souvent très spirituels. Parmi toutes les personnalités dont vous parlez, vous n'êtes pas tendre pour Claude Allègre qui fut votre assistant ...
    P. R.: Claude Allègre était incontestablement un garçon prometteur et doué mais, j'en donne plusieurs exemples dans le livre, c'est un manipulateur de données scientifiques doublé d'un autocrate qui a exercé une véritable terreur dans le milieu scientifique. Ce néo-mandarin a su, grâce à ses amitiés politiques, à ses engagements idéologiques et à la lâcheté de nombre d'universitaires, se hausser du col.
    R.: Vous confessez votre incroyance religieuse dans vos mémoires. Est-ce à dire qu'il est impossible pour vous d'être à la fois scientifique et très engagé sur le plan religieux ?
    P. R. : Je respecte ceux qui ont la foi et je ne m'inscris nullement dans un courant de pensée anticlérical ou antireligieux par principe. Pour autant, c'est vrai, je ne suis pas croyant. Je ne dis pas que Dieu n'existe pas mais mes études scientifiques, mes observations m'ont conduit à conclure que l'idée d'un Dieu intervenant à chaque instant dans l'univers, exerçant à chaque minute sa providence, n'était pas tenable. De même, le créationnisme défendu, et avec quelle vigueur, par un certain nombre de chrétiens fondamentalistes, notamment aux Etats-Unis, me semble négateur des progrès de la science moderne. Je me désole que, dans nos milieux, par refus tout à fait justifié du scientisme qui érigea au XIXe siècle la science en véritable religion susceptible non seulement d'apporter le progrès matériel et technique mais aussi de répondre aux inquiétudes métaphysiques de l'homme, l'on adopte généralement une attitude de défiance voire de rejet systématique de la science en tant que telle, ce qui nous aliène beaucoup de monde et ce qui nuit, me semble-t-il, à la cause noble et légitime que nous défendons. Qu'il y ait beaucoup de littéraires parmi nous est en soi une excellente chose mais il est regrettable qu'on ne dispose pas de scientifiques en aussi grand nombre qui puissent répondre aux accusations et aux thèses des adversaires de la droite nationale avec une solide argumentation qui fait parfois cruellement défaut.
    Cela dit, loin de moi de vouloir alimenter une détestable querelle interne entre scientifiques et littéraires ou entre croyants et incroyants. Globalement je suis très satisfait par la qualité de la presse nationale, et singulièrement de votre excellent hebdomadaire d' opposition nationale et européenne. Quant au Front national, je me réjouis qu'il dispose à sa tête d'un homme qui n'a jamais failli à l' honneur. Désormais, cela suffit à mon bonheur, croyez-moi. Et dans les ténèbres qui nous environnent et qui semblent avoir tout recouvert, tout submergé, c'est là un réel et puissant motif d'espérance.
    Propos recueillis par Jérôme BOURBON, < jeromebourbon@aol.com >. RIVAROL 21 novembre 2003
    (l) Des cailloux et des hommes. Editions de l' AEncre. 271 pages avec index et quatre planches-couleur, 23 euros, 28 euros franco. Egalement en vente à nos bureaux. Chèque à l'ordre d'Editions des Tuileries.

  • PIERRE CHAUNU « II faut faire renaître le désir de la vie » (archive 2000)

    Professeur d'histoire moderne à la Sorbonne, membre de l'Institut, l'œuvre de Pierre Chaunu - une soixantaine d'ouvrages - traite de la culture, de l'Église, de la société, de la décadence et de la démographie. Nous l'avons rencontré pour nous entretenir avec lui de la démographie, clef de la quasi-totalité des problèmes que rencontre notre société.
    En quoi l'hiver démographique que connaît la France est-il sans précédent ?
    P.C. : Votre question me semble mal posée du fait que la crise démographique que nous vivons est une crise mondiale, européenne, et non exclusivement française comme votre question le laisse à penser. La France n'est certainement pas le pays le plus touché. Même «Le Monde» vient de découvrir - ce que j'annonce depuis quinze ans - que le processus que nous connaissons en Europe est aussi engagé dans les pays d'Afrique du Nord, qui sont passés en quelques années de 7 enfants par femme à 3. La situation démographique est d'autant plus grave que c'est un phénomène qui atteint la totalité de l'Europe, certes, mais aussi le reste du monde. C'est cela qui est inquiétant.
    Et, en ce qui concerne la France, quelle est la situation ?
    P.C. : La France a connu un phénomène de baisse démographique, de la fin du XVIIIe jusqu'au milieu du XXe siècle, qui s'est révélé catastrophique pour nous et qui a contribué à notre déclassement. Nous avons ainsi anticipé ce qu'ont connu les autres pays. Si vous comparez l'hiver démographique actuel avec celui d'avant 1939, vous constatez que la situation était moins grave, car vous aviez 2,3 enfants par femme, alors qu'à l'époque, pour remplacer la génération, il fallait 2,5 ou 2,6 enfants par femme.
    Nous avions alors un déficit de 0,2. C'était beaucoup moins grave que maintenant, car on pouvait imaginer qu'avec quelques progrès de la médecine, on pouvait remplacer la génération. Ces 2,4 étaient obtenus grâce à « une France catholique » qui était autour de 5 ou de 6 enfants et une « France laïque » qui était aux alentours de 1.
    L'hiver actuel démographique de la France est en effet différent de celui qu'elle a connu . Mais, ce que vit le monde est absolument sans précédent.
    Quel est le rôle de la contraception dans cette évolution ?
    P.C. : Jusqu'ici, il y avait un couple. Il y avait surtout une décision qui était prise à deux. Avec la nouvelle contraception, il est bien évident que l'homme n'existe plus. C'est la femme qui est absolument maîtresse de son destin. Non seulement de son destin, mais du destin du couple et de l'humanité entière.
    Que faire ?
    P.C. : Il est à espérer que les femmes comprennent que le désir d'enfant n'est pas suffisant, et qu'il faut qu'il y ait le désir d'une suite. Il est donc impératif de convaincre les femmes, car les hommes n'ont plus à prendre de décision. Auparavant, elle était double, voire masculine.
    Quelle est l'étendue exacte du phénomène mondial que vous venez de mettre en évidence ?
    P.C. : La Chine et le Brésil ne remplacent plus la génération. L'Inde baisse rapidement. Avant dix ans ce sera toute l'Afrique du Nord. À l'heure actuelle, les pays qui s'effondrent sont les pays musulmans alors qu'il y a dix ans, ils résistaient. Près de la moitié du tiers monde ne remplace plus la génération.
    Aujourd'hui, quels sont les pays d'Europe qui sont autour de 1, voire en dessous ? Ce sont l'Italie et l'Espagne, autrefois catholiques et fécondes, qui sont aujourd'hui les plus malades. Tout cela était prévisible et m'attriste. Je l'avais prévu !
    Pour vous, quelles peuvent être les conséquences sociales et politiques du vieillissement de la population européenne ?
    P.C. : Je ne sais pas si c'est une chance ou une malchance, mais nous ne sommes pas le pays d'Europe le plus atteint. Tout autour de nous, la situation est catastrophique. Nous aurons à coup sûr un phénomène un peu moins brutal que chez nos voisins. Regardez ce qui se passe chez nos voisins allemands, ils ont un taux de fécondité qui règle son sort au mythe de la puissance allemande. Autour de nous, nous sommes dans un champ de ruines.
    Comment expliquez-vous cette situation ?
    P.C. : On a tout fait pour cela. Regardez les médias qui nous entourent, regardez la télévision ... II faut jouer sur les mécanismes qui peuvent être encore actionnés. Il faut faire naître, il faut faire renaître le désir de la vie. Il faut que les gens comprennent que l'avenir de cette magnifique aventure qui s'est constituée sur la planète est entre leurs mains. Il faut donc faire naître un élan d'amour en leur disant : « Vous n'allez tout de même pas sacrifier tout ceci ? » La petite enfance, c'est la plus belle chose au monde. Voilà le véritable enjeu. Il se produira bien quelque chose !
    Les récentes manifestations qui se sont déroulées au Maroc sont très révélatrices. Lorsque les barbus sont dans la rue, c'est qu'ils se sentent cocus. Ils se sentent menacés, en réalité. En fait, on est en train de fabriquer la planète des vieux ! En fait, on a juxtaposé un phénomène d'explosion, qui est exact, avec un phénomène d'ultra-vieillissement.
    J'imagine qu'il existe aussi des conséquences économiques à la dépression et au vieillissement ?
    P.C. : Les quelques jeunes qui vont apparaître seront littéralement écrasés par cette pile de vieillards. Qui ose affirmer qu'il ne faut pas travailler plus de 35 heures ?
    Mais certains observateurs affirment qu'au plan international il existe un risque de surpopulation ...
    P.C. : Ecoutez, c'est stupide. Je sais que cette vue de l'esprit continue d'être enseignée. Ce discours conduit à faire croire que mettre des enfants au monde est un crime contre l'humanité.
    Les arguments que vous avez développés semblent sous-entendre que vous partagez les idées du Pape. qui parle souvent « de culture de mort »...
    P.C. : Bien évidemment. Je n'oublie pas que je suis le fondateur des Universitaires pour le respect de la vie, et que je me suis battu contre l'avortement. Les églises chrétiennes, l'Église catholique plus que les autres paient la culpabilisation excessive du plaisir. Saint Augustin l'a emporté sur Saint Thomas d'Aquin. Cette espèce de culpabilisation fait oublier que le plaisir, le désir, et la satisfaction du désir sont légitimes et que la récompense c'est la vie. Le plaisir n'est pas coupable en soi, car il est voulu par Dieu.
    On peut donc parler d'une véritable crise de civilisation ?
    P.C. : C'est la crise par excellence.
    Quels pourraient être les signes réels d'une véritable volonté de changement en matière de politique démographique ?
    P.C. : Il faudrait que nos contemporains aient conscience de l'enjeu dont nous venons de parler. Il faut que les gens puissent choisir. Père de six enfants, j'ai découvert en 1980 que la réduction « famille nombreuse » n'était valable que dans les secondes classes, j'en déduis que les premières classes doivent être réservées aux couples sans enfant, avec un chien !
    Ce fait. mais aussi la démolition du quotient familial sont de véritables insultes aux familles. Les enfants sont la récompense suprême.
    Mais tout ce que vous dites risque de heurter les féministes.
    P.C. : Pourquoi ? C'est entendu, les femmes ont le pouvoir et de toutes les façons, elles le méritent. J'ai toujours pensé que les femmes étaient la partie la plus intéressante de l'humanité. Je préfère une jolie femme à une compagnie de CRS, dont je ne conteste pas l'utilité. Nous sommes des gens joyeux, c'est pour cela que nous aimons la vie. Le sommet du plaisir, c'est l'enfant. C'est une chose merveilleuse que de donner la vie.
    Propos recueillis par François Delancourt
    français d'abord! . 2e quinzaine avril 2000

  • Serge Ayoub : « Priorité au national et au social »

    Serge Ayoub a une réputation sulfureuse. il tut le célèbre Batskin, leader des skins, il y a 20 ans. Aujourd'hui, il mène une action à la fois politique et culturelle dans ce qu'il est convenu d'appeler la mouvance nationale.
    Le Local, son local qui est un bar associatif, est situé au 92 rue de Javel à Paris XVe (métro Charles Michel ou Boucicaut). Il est ouvert du mardi au samedi de 18h à minuit et le vendredi et le samedi jusqu'à l'aube. Chaque semaine, un conférencier s'exprime, le jeudi soir.
    Rivarol étant soucieux de donner la parole à toutes les composantes sans exclusive du mouvement national en France, il était naturel d'interroger Serge Ayoub même si certains de ses propos et prises de position pourront surprendre.
    Rivarol : Serge Ayoub, on vous connaît, aujourd'hui, d'abord pour votre implication dans une association, le Local. Pourriez-vous nous le présenter ?
    Serge AYOUB : Le Local est un espace ouvert à tous les patriotes où tous les jeudis, depuis trois ans, des conférences sont organisées dans le but de nous ouvrir au monde, d'acquérir, grâce au savoir partagé, des armes pour l'améliorer. Dans ce cadre nous avons invité des professeurs d'universités, de l'Institut, des conseillers à la cour des comptes, des sociologues, des artistes, des généraux, un ancien ministre et des historiens. Si le choix des conférences et des conférenciers peut paraître éclectique, il est en fait délibéré. La culture en générale ouvre l'esprit, aide à la compréhension et à la solution des problèmes et pour être franc, dans une société qui fabrique volontairement ; des abrutis, se tourner vers le savoir est un acte révolutionnaire en soi.
    R. : Quatre ans déjà ! C'est le moment d'un premier bilan, que tirez-vous de toutes ces années au Local ?
    S. A. : Un sentiment de fierté, car j'ai tenu mes engagements. On m'avait dit : « un Local natio à Paris, ça ne tiendra pas ! ».
 C'était il y a plus de quatre ans. 
Il y a évidemment la joie d'être toujours là malgré nos si nombreux ennemis. Extérieurs bien sûr, comme les nervis d'extrême gauche qui voulaient nous faire taire les armes à la main (toujours dans ce souci de liberté d'expression et de démocratie qui les anime je suppose...). La victoire fut obtenue par forfait ! Le combat cessa faute de combattants... Mais aussi ce fut une victoire contre une partie de la Mairie de Paris qui s'ingénia à nous faire fermer. Il est bon de renouer avec la victoire si petite soit-elle ! Il y a le plaisir des conférences, du dialogue intelligent, de cet esprit de salon si français. Et puis il y a toute une somme de petits bonheurs : l'imprévu d'une rencontre, le fait de partager un verre, un bon mot, un éclat de rire avec les visiteurs d'un soir.
    R. : Vous êtes aussi le responsable et le porte-parole du mouvement Troisième Voie que tous avez fondé il y a maintenant un an. Quel en est l'objectif ?
    S. A. : Il est vrai qu'on pourrait se dire : « à quoi bon un énième mouvement ? » Il faut rappeler d'abord que lorsque je suis revenu en politique, ma démarche a d'abord été œcuménique : j'avais conçu le Local comme un espace ouvert à tous, ce qu'il est toujours, et non comme le foyer d'un mouvement ou d'une doctrine spécifique. C'était l'accord entre moi et Egalité et Réconciliation d'Alain Soral, ce que ce dernier avait d'ailleurs accepté. Cette démarche est une franche réussite, puisque voilà quatre ans que le Local est ouvert. J'ai rapidement eu le sentiment qu'il manquait, dans notre petite nébuleuse, une voix franchement neuve, profondément patriotique mais avec une perception sociale des questions qui travaillent le nationalisme. J'ai la conviction que c'est un axe fondamental de notre combat, voire le seul qui puisse donner aux idées nationalistes la chance d'exister de manière audible dans le monde du travail. Or pour moi, être présent électoralement sans être crédible dans les entreprises, c'est nous condamner nous-mêmes à n'être qu'une tribu de râleurs impuissants et irréalistes. Combien de fois dans ma jeunesse et plus tard ai-je entendu « Vos idées ne sont pas mauvaises, mais elles sont inapplicables. » ! Tant que nous délaisserons le monde du travail en tant que militants, nous souffrirons d'un manque de crédibilité devant des Français dont le principal problème est l'évolution de leur niveau de vie, leur capacité à trouver ou à garder leur emploi, à financer l'éducation des enfants, etc. C'est pour ne pas céder ce terrain décisif à nos ennemis que j'ai créé Troisième Voie, car il est temps pour nous aussi de s'intéresser à la France qui se lève tôt.
    R. : Quelle est la stratégie de Troisième Voie pour y parvenir ?
    S. A. : Ma stratégie, c'est d'abord un changement d'état d'esprit ; on a assez des mouvements de replis, de défense de tel ou tel terroir dont tous les Français se moquent, du camp des saints, de la peur, du repli, de cette trouille victimaire, de la décroissance, de la peur de tel ou tel anti-blanc. Il faut concevoir le destin de notre peuple comme un vol de gerfauts. La priorité c'est donc de structurer un mouvement de militants disciplinés et capables, qui ne viennent pas à nous par peur ou désespoir mais comme des combattants. Nous sortons, en France, de décennies d'une tutelle d'extrême droite sur le nationalisme. Cette tutelle est néfaste et tourne aujourd'hui à la pleurnicherie ou à la victimisation. Nous avons donc commencé par faire une révolution au sein du camp patriotique lui-même.
    Une fois que le mouvement est structuré, l'objectif est de percuter la société civile, de bousculer ses habitudes idéologiques, pour casser le cordon sanitaire dressé autour d'elle contre nous. Après, le but est de pénétrer durablement la société civile, s'y implanter, prioritairement dans le monde du travail, parce que c'est là que tout se joue. Là nous toucherons réellement au but. Enfin, une fois tout ce travail accompli, on peut organiser une révolution, par la grève générale soutenable. Pour résumer : il nous faut un effort de guerre, une guerre éclair, une occupation durable du terrain.
    R. : Une stratégie qui rappelle Heinz Gudérian...
    S. A. : Ou Napoléon.
    R. : Quel bilan faites-vous de cette première année de militantisme ?
    S. A. : Pour faire court, nous avons organisé une manifestation, sous la bannière du Front Populaire Solidariste, qui a réuni 800 personnes à Lille le 8 octobre dernier. C'est cette base militante que nous sommes en train de structurer en un mouvement solide et discipliné, ce qui est la base de toute action politique qui veut s'inscrire dans la durée et l'efficacité. Et puis, cette formidable manifestation du 8 mai, où 1300 militants ont défilé pour rendre hommage à Jeanne d'Arc mais aussi pour affirmer leur attachement à l'idée nationale et sociale. De nombreux mouvements, dont la NDP, le GUD et le Renouveau Français marchaient côte à côte... 
Mais avant tout un bilan, c'est des chiffres. 
Pour moi Troisième Voie c'est : un manifeste, une doctrine le solidarisme, un site internet, un site d'information mis à jour quotidiennement, une maison de production vidéo, une maison d'édition, deux livres sortis dont une introduction programmatique (G5G) et la 1ère Inter-Nationale Solidariste, un local à Paris, vingt sections en France, une antenne Troisième Voie au Québec, une présence européenne avec quatre meetings (Anvers, Bruxelles, Madrid et Montréal), un congrès international, une dizaine de conférences à travers la France, la reformation d'un groupe de sécurité solide (JNR) et surtout la fédération de groupes politiques se revendiquant du solidarisme (Nation, Opstaan et la Maison flamande), sous le nom de Front Populaire Solidariste. Cette confédération nous propulse comme la seconde organisation politique après le Front national en nombre de militants et cela en un an. Cette première année a tous les airs d'une campagne menée au pas de charge !
    R. : Quelle est la différence entre votre Troisième Voie et celle de Jean-Gilles Malliarakis ?
    S. A. : L'ancienne Troisième Voie peut se définir en deux mots : esthétisme et culture. Ce furent de bons concepts, de belles idées, et c'est même un bon souvenir.
    R. : Au meeting de Synthèse Nationale, vous avez parlé de rompre avec l'extrême droite. Pourquoi ?
    S. A. : Déjà, se définir d'extrême droite, c'est faire soi-même une concession : quand on se dit de droite ou de gauche c'est qu'on est déjà une partie de la droite et de la gauche. Le socialisme a trahi quand il s'est défini de gauche, le nationalisme a trahi quand il se dit de droite ou d'extrême droite. Je ne suis pas l'extrême d'une droite ou d'une gauche pourrie. C'est pour ça que je veux que le nationalisme s'en émancipe, car nos idées n'ont rien à gagner à cette tutelle obsolète qui nous réduit et nous affaiblit. Le véritable état d'esprit du solidarisme, c'est cet appétit de liberté qui exige d'abord que nous fassions table rase des anciennes habitudes.
    R. : Pourquoi le faire à Synthèse Nationale, qui assume l'étiquette de droite nationale ? N'est-ce pas en contradiction avec votre ligne « Ni droite ni gauche » ?
    S. A. : Troisième Voie et son porte-parole vont partout où on les invite pour diffuser leurs idées. De plus nous sommes à notre place aux côtés de tous ceux qui défendent la nation et notre peuple. Alors pour nous il est évident que nous avons notre place dans cette synthèse nationale. Le terme lui-même est la meilleure réponse à votre question. Si nous voulons sauver notre pays et son peuple il faudra bien rassembler toutes les bonnes volontés. Et le jour où nous serons au pouvoir nous aurons bien besoin de cette synthèse nationale pour gouverner la France et tous les Français au-delà des clivages et des chapelles. Nous sommes donc en harmonie avec notre slogan solidariste qui est « Ni droite, ni gauche ». Je tiens d'ailleurs à remercier ici Roland Hélie pour tout le travail qu'il accomplit pour notre cause au sein de sa revue Synthèse nationale et de son mouvement la NDP (Nouvelle Droite Populaire) qui est un vrai pont entre nos différents courants.
    R. : Vous n'êtes pas de droite, très bien. Êtes-vous un extrémiste ?
    S. A. : Pour le lâche et le tyran la liberté est toujours extrémiste. Je veux renverser un ordre établi dans lequel le peuple dont je fais partie est perdant. Moi, comme tous les Français, nous n'avons strictement rien à gagner au libre-échange, à la globalisation financière, à l'immigration, et à la mise sous tutelle de mon pays par l'UE. Alors pour ceux qui ont intérêt à préserver cet ordre établi, je suis forcément extrémiste.
    R. : Qu'est-ce que le solidarisme ?
    S. A. : Dans le mot solidarisme il y a solidaire et la solidarité est la base de la civilisation. Un peuple, c'est ça, une collectivité dont les individus sont solidaires les uns des autres. C'est le vrai sens du socialisme, et le vrai sens du patriotisme. Ni droite ni gauche, est notre slogan, pour nous il est évident que la gauche et la droite sont les deux faces d'un même libéralisme économique, et d'un même système politique qui n'a pas davantage à voir avec une clique de patriciens dégénérés qu'avec une république.
    R. : Vous vous êtes plusieurs fois revendiqué de la république et vous présentez-vous-même comme "hyperdémocrate" ? N'est-ce pas faire, comme Marine Le Pen, des concessions au système ?
    S. A. : En tant que solidaristes, nous sommes républicains, sans arrière-pensées. Je respecte les lois de la Ve République et cherche à parvenir au pouvoir de manière légale. Quand je dis que je suis républicain, j'exprime un authentique idéal, qui est pour moi de gouverner dans l'intérêt de mon peuple : la respublica, la chose, l'intérêt public. Un solidariste est républicain parce qu'il veut un gouvernement pour le peuple. Il est démocrate, parce qu'il veut un gouvernement par le peuple. Il n'y a que de cette manière que la vertu reviendra en politique. Sans elle, aucun bon gouvernement, monarchique ou républicain... et ce n'est pas moi qui le dit mais Robespierre.
    R. : Vous parlez beaucoup dans vos interventions de réinvestir les syndicats. Quelle est votre analyse sur le monde syndical français ?
    S. A. : Un grand éclat de rire. Vous saviez que l'union des syndicats CGT de la RATP était propriétaire d'un château dans l'Essonne ? Avec des fêtes à 500 000 € ? Voilà où sont ceux qui sont censés représenter les intérêts des travailleurs : de purs "jaunes" (les "jaunes" étaient, à la fin du 19e siècle, les syndicats accusés d'être collabos du patronat) qui profitent de leur situation pour faire cracher la direction au bassinet, sans compter qu'ici l'actionnaire est public, c'est-à-dire le contribuable. Les syndicats sont exactement ce que sont nombre de gouvernants politiques : des petits malins qui profitent de leur situation d'intermédiaires entre le grand capital et les travailleurs. Ce que nous proposons c'est de supprimer les intermédiaires et de parler directement au responsable de notre situation. Mais ça m'étonnerait que le ton soit le même.
    R. : Quelque chose à ajouter ?
    S. A. : Oui, notre aventure continue : nous ouvrons une nouvelle « base autonome » dans un lieu bien connu de beaucoup d'entre nous : l'ancienne librairie Primatice ouvre un espace de contre-culture où seront accessibles des vêtements, des accessoires, de la musique, des revues et des livres qui soutiennent notre combat.
    R. : Dernière question, quel est pour vous le plus beau mot de la langue française ?
    S. A.: Chargez !
    Propos recueillis par Robert SPIELER.
    La boutique Primatice est située au 10 rue Primatice dans le XIIIe arrondissement de Paris. Elle est ouverte du mardi au vendredi de 13h à 19h et le samedi de 11h à 19h.

  • « “ Casa Pound ” ? “ Casa Pound ” ! » (entretien avec Adriano Scianca)

    Zentropa : Votre livre et l’expérience de Casa Pound en général suscitent un débat assez virulent en France. Que pensez-vous de cette agitation ?

     

    Adriano Scianca : Cela me rend très heureux. Cela signifie qu’il y a beaucoup de jeunes gens en Europe qui s’intéressent à ce mouvement. Et il est bien sûr normal qu’il y ait aussi des critiques. Si celles-ci sont constructives et raisonnées, elles sont les bienvenues. Mais si elles sont au contraire basées sur l’envie, la médisance, l’incompréhension et la volonté de détruire, la question est évidemment bien plus triste …

     

    Z. : Certains semblent voir d’un mauvais œil la sympathie croissante pour Casa Pound en imaginant qu’il s’agit là du fruit d’un « prosélytisme » hors de l’Italie…

     

    A.S. : La vérité est que nous sommes ouvert à tous, mais ne voulons absolument pas « coloniser » l’espace politique français, espagnol ou allemand. Nous n’avons jamais eu l’intention d’ouvrir des Casa Pound France, Casa Pound Espana, Casa Pound Deutschland. Par ailleurs, à chaque fois que des camarades européens nous ont demandé des avis ou des conseils, nous les avons toujours mis en garde contre l’imitation facile et souvent boiteuse de modèles étrangers, y compris le nôtre, et que le seul secret du succès était de travailler dur au quotidien. Les prétendus « camarades » qui attaquent Casa Pound parce qu’ils craignent notre concurrence peuvent donc être rassurés : personne ne veut percer dans leur arrière-cour…

     

    Z. : L’une des observations les plus fréquentes de ceux qui regardent Casa Pound de l’extérieur est la suivante : « En Italie, c’est plus facile. » Est-ce vraiment le cas ?

     

    A.S. : Je ne vais pas entrer dans une fastidieuse comparaison des mérites et des difficultés rencontrées par les camarades européens dans leurs différents pays. Je dis juste que celui qui peint une Italie où les fascistes disposent d’un tapis rouge est simplement quelqu’un à la recherche d’une excuse pour justifier ses propres échecs. Casa Pound Italie a subi plus de cinquante agressions antifascistes. Il y a à peine quelques jours un cocktail Molotov a été lancé sur la porte de notre siège à Bologne. Nous avons eu jusqu’à cinq prisonniers politiques en même temps. Le Parti démocrate – héritier de l’ancien Parti communiste et maintenant probablement premier parti en Italie – est un ennemi déclaré de Casa Pound et a entrepris plusieurs fois des démarches au Parlement pour demander notre dissolution. À Cuneo, notre permanence a été attaquée et un militant a été transporté à l’hôpital, la tête ouverte par un jet de pierres. Il y a quelques années, le Cutty Sark, notre pub à Rome, a été complètement détruit par une bombe. Et il y aurait encore beaucoup d’exemples à citer…

     

    Z. : Certaines personnes, en vous lisant, vous accuseront de jouer les victimes…

     

    A.S. : Certainement pas. Nous avons choisi un certain chemin et nous en assumons les conséquences. Dans un sens, cela fait partie du « jeu ». Si je répète ces faits ici, c’est seulement parce que parfois, j’ai entendu dire que Casa Pound est simplement un mouvement de jeunes dont l’engagement se base uniquement sur les tatouages, la mode vestimentaire, et la sous-culture pop. Mais Casa Pound est basé sur la lutte quotidienne, sur la défense, même physique, de notre liberté, d’un bâtiment occupé pendant dix ans 24 heures sur 24, 365 jours par an par des volontaires. Qui fait de l’ironie sur nous (et fait à son tour de la victimisation en inventant une prétendue menace de notre part…), insulte sciemment tout ce travail, ces prisonniers, ces blessés, ces sacrifices, et faire preuve d’une immense insolence surtout lorsque l’on a soi-même rien réalisé …

     

    Z. : Et quant à vos liens supposés avec le P.D.L. [Parti du Peuple de la Liberté, berlusconien - N.D.L.R.] et le maire de Rome Alemanno ?

     

    A.S. : Ici aussi, ce point doit être clarifié. Un récent article paru sur un site N.-R. français prétend expliquer le succès de la C.P.I. par sa proximité avec les institutions au pouvoir. Il est regrettable que l’auteur démontre si peu de connaissance des faits réels. On parle notamment beaucoup d’Alemanno, l’actuel maire de Rome, par exemple, en oubliant que Casa Pound a été occupée alors que le maire était Veltroni, membre de l’ancien Parti communiste. Il est vrai que le fils du maire actuel milite dans les rangs du Blocco Studentesco, mais au moment de la prise de Casa Pound, il n’avait que huit ans et son père n’était même pas encore candidat à la mairie. Il est également dit que le parti La Destra faisait partie du gouvernement Berlusconi IV et que Gianluca Iannone, le président de Casa Pound, a été candidat de ce parti, donc tout se tient : Casa Pound est l’alliée de Berlusconi. Il s’agit là encore d’un mensonge : lors des élections qui ont conduit au quatrième gouvernement Berlusconi (2008), La Destra n’a pas obtenu de sièges au Parlement, et ne faisait donc pas partie du gouvernement. Par ailleurs les membres de Casa Pound n’ont plus aucun rapport avec La Destra depuis plusieurs années.

     

    Se répète enfin, avec une absolue mauvaise foi, le mensonge que la ville de Rome aurait acheté notre immeuble, et je cite, « l’aurait laissé à la disposition des amis de Gianluca Iannone ». De toute évidence, l’extrême droite est la même dans tous les pays et n’hésite pas, pour attaquer ses ennemis de la mouvance, à reprendre et utiliser les mensonges et diffamations propagés par la gauche. Maintenant, les documents de la Ville de Rome sont disponibles en ligne, n’importe qui, même de France, peut y avoir accès. Tout y est clair et toute personne honnête peut donc vérifier la réalité de la situation. Si l’auteur de l’article en question peut étayer son propos d’un document officiel dans lequel il est dit que le bâtiment Via Napoleone III est « à la disposition de Casa Pound » cela est fort bien, sinon il faut en conclure qu’il est un menteur.

     

    Z. : L’immeuble a été attribué ?

     

    A.S. : Non, le bâtiment est occupé et le restera. La Ville a proposé à l’État d’acquérir cet immeuble, parmi d’autres édifices, mais cela n’a rien à voir avec Casa Pound, puisque pour un occupant « illégal » comme nous le sommes, peu importe qui est le propriétaire « officiel » du bâtiment. En outre, la proposition n’a jamais été discuté, pourquoi continuer à en parler sinon pour diffamer ?

     

    Z. : Certains croient que Casa Pound est trop « mou » sur la question de l’immigration et vis à vis de la communauté juive : qu’en pensez-vous ?

     

    A.S. : Casa Pound a inscrit en toutes lettres dans son programme l’exigence de la fermeture des frontières et de la lutte contre l’immigration. Que dire de plus ?

     

    Quant aux Juifs, il est simplement honnête de dire, comme je l’ai fait, que pendant le Risorgimento et sous le fascisme, au moins jusqu’en 1938, la communauté juive était fondamentalement patriote. Je comprends que ces faits historiques puissent contrarier ceux qui ne se préoccupent que de poursuivre leurs fantômes personnels, mais les obsessions ne peuvent pas changer l’histoire. L’équité voudrait, cependant, quand il s’agit d’évoquer ce sujet, qu’on rappelle aussi les pages de mon livre où sont critiquées les politiques de l’État d’Israël, celles où je cite les observations de Norman Finkelstein sur l’exploitation politique de la douleur juive ou celles où je dénonce les dérives pro-sionistes de certains mouvements de droite. Et peut-être, dans un souci d’exhaustivité, faudrait-il aussi se souvenir que chef de la communauté juive de Rome, Ricardo Pacifici a menacé à plusieurs reprises publiquement notre président Gianluca Iannone.

     

    Z. : Sur l’islam également, certains trouvent Casa Pound trop « tiède »…

     

    A.S. : C’est le Manifeste de Vérone de la République sociale italienne et non Bart Simpson qui a recommandé le « respect absolu » pour les peuples musulmans. Cela ne fait pas de nous, bien entendu, les partisans de l’invasion et de l’immigration de masse et si demain quelqu’un veut m’imposer la charia, je me battrais évidemment de toutes mes forces contre lui. Cependant, ce que certains ne comprennent pas, c’est que Casa Pound n’a à l’esprit que les intérêts du peuple italien dans son ensemble et celui-ci ne veut pas être embarqué dans un fumeux et mortifère « choc des civilisations » voulu et instrumentalisé par les néo-cons américains. Tout le reste est subordonné à cette bataille pour notre peuple avant tout. La référence au fascisme nous donne une vue d’ensemble qui ne laisse pas de place à des visions simplistes et unilatérales. Pour le reste, ce sont ceux qui sont violemment contre l’islam et approuvent la thèse de Huntington et Fallaci tout en se prétendant en même temps « anti-sionistes » qui devraient fournir une explication, pas nous.

     

    Z. : En France, est vivement ressentie la division entre catholiques et païens. C.P.I. semble être plus proche de la deuxième catégorie, qu’en est-il au juste ?

     

    A.S. : Casa Pound Italia est un mouvement non-confessionnel, il y a parmi nous des catholiques comme des païens, et tous sont traités sans différenciation aussi longtemps que personne ne vient mélanger sa foi avec l’activisme politique. Ainsi en a voulu le fascisme, pourquoi devrions-nous faire autrement? Par ailleurs le dernier article français ouvertement hostile à Casa Pound provient d’un site de tendance néo-païenne…

     

    Z. : Certains lecteurs de votre livre ont évoqué une approche un peu naïve, presque libérale des questions philosophiques. Que voulez-vous répondre ?

     

    A.S. : Mes professeurs sont, entre autres, Pound, Gentile, Heidegger, Nietzsche. Je ne pense pas que ces écrivains sont si superficiels ou même « libéraux ». Cependant, il était très drôle de voir un article m’accusant d’être un libéral cosmopolite en citant des propos qui, en fait, n’étaient pas les miens, mais de ceux de Giovanni Gentile, philosophe officiel du fascisme, assassiné par les partisans en 1944. Mais peut-être que même le fait de mourir pour ses idées ne suffit pas pour trouver grâce aux yeux des gardiens de l’orthodoxie intransigeante qui combattent le sionisme sur Facebook.

     

    • D’abord mis en ligne sur Zentropa, le 10 décembre 2012.

    http://www.europemaxima.com/

  • Entretien avec Jean-Claude Michéa

    Jean Cornil a rencontré le philosophe français Jean-Claude Michéa, chez lui, à Montpellier. Philosophe « inclassable », Jean-Claude Michéa a un parcours singulier. Venant d’un milieu communiste, anarchiste, penseur critique du libéralisme et singulièrement du libéralisme culturel qu’il assimile à la gauche. Dans cette émission, Jean Cornil ira à la rencontre de ce philosophe étonnant, très éloigné des schémas traditionnels de la pensée politique.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • La pensée stratégique russe : guerre tiède sur l’échiquier eurasien. Les révolutions arabes, et après ?

    La pensée stratégique russe : guerre tiède sur l’échiquier eurasien. Les révolutions arabes, et après ? « Ce livre montre bien à quel point les dirigeants occidentaux, en commençant par ceux des États-Unis, ont eu tort de croire qu’avec l'effondrement de l'URSS, la Russie elle-même à son tour disparaîtrait de la scène mondiale en tant qu'acteur majeur. »

    Andreï Gratchev
    Dernier porte-parole et conseiller de Mikhaïl Gorbatchev

    Pourquoi cette seconde édition, sous-titrée : « Les Révolutions arabes, et après ? » ?

    Je voulais expliquer la spécificité de la position russe sur la scène internationale, au regard de l’évolution géopolitique récente accélérée par le « mirage arabe » et, dans ses grandes lignes, verrouillée par la gouvernance néo-libérale sous leadership américain.

    Cette évolution touche, d’une manière plus ou moins directe, les intérêts nationaux de la Russie – élargis à sa proche périphérie, la Communauté des Etats indépendants (CEI), qui couvre prés de 99% du territoire de l’ex-URSS. En la définissant comme son « Etranger proche », la Russie veut montrer à l’Occident que la CEI reste sa zone exclusive de responsabilité et, par ce biais, dissuader ses velléités expansives.
    Fondamentalement, mon livre vise à présenter la réaction russe face aux doubles menaces constituées par le futur bouclier anti-missiles américain et la propagation du « Printemps arabe », au delà de son cadre régional. A la base, il y a une totale incompréhension de l’Occident global sur le comportement russe, perçu à travers le prisme désuet de la Guerre froide. Cette seconde édition enrichie du livre, recentrée sur l’imminence d’un hiver islamiste – selon l’expression de Poutine –, s’efforce d’éclairer ce point particulièrement délicat.

    Depuis la disparition officielle de l’URSS, le 25 décembre 1991, la Russie a le sentiment d’avoir été volontairement marginalisée par l’axe occidental. Au moyen de son levier USA-OTAN, cet axe s’est montré avide de profiter de la faiblesse temporaire de la puissance russe, issue d’une transition post-communiste désastreuse sur le plan économique et rythmée par la terrible « thérapie de choc » imposée par le premier ministre de Boris Eltsine, Yegor Gaïdar. Comme si, selon Andreï Gratchev, ancien conseiller du président Gorbatchev, il y avait eu une volonté inavouée de l’Occident – surtout des Etats-Unis – de voir la Russie post-communiste disparaître de la scène mondiale, en tant qu’acteur majeur, et de la réduire au rang de simple puissance régionale.

    Entre 1992 et 1998, après l’application du « modèle de Washington », cette transition néo-libérale en Russie se traduit par une inquiétante décroissance – croissance économique négative, sanctionnée par une compression de prés de 50% du PIB russe sur cette période ! Moscou regrette, aujourd’hui, la volonté occidentale d’étendre son influence en périphérie post-soviétique, considérée comme son pré-carré historique et, en définitive, de renforcer son unilatéralisme armé dans la gouvernance mondiale.
    Le vieux rêve gorbatchévien d’un monde post-guerre froide multipolaire, repris par la nouvelle direction russe à la suite d’Evgueni Primakov et poursuivi désormais par Vladimir Poutine, a été brisé.

    Le discours de Poutine à la Conférence de Munich sur la sécurité en 2007, marque t’il une inflexion radicale dans la politique étrangère russe ?

    Tendanciellement, depuis son arrivée au pouvoir présidentiel, le 30 mars 2000, V. Poutine s'efforce de s'opposer à l'orientation qu’il juge « anti-russe » de la diplomatie occidentale et cela, sur la base de la défense prioritaire de ses intérêts nationaux.

    Il le fait en s’appuyant de plus en plus sur un axe eurasien avec la Chine – avec aussi, l’Inde et l’Iran –, surtout depuis la désillusion de 2003 avec l’intervention américaine en Irak, en violation des règles internationales et ce, en dépit de l’opposition sino-russe. Cette orientation eurasienne, catalysée par l’axe sino-russe, est d’ailleurs reprise dans le cadre d’une structure politico-militaire commune, l’OCS. Depuis 2003, et sous l’impulsion du vieux « soviétique » Primakov, on assiste donc à une inflexion asiatique de la diplomatie russe, en réaction à l’attitude occidentale.

    De manière spectaculaire, Poutine a dénoncé l’attitude provocante de l’Occident lors de son célèbre discours de Munich, le 10 février 2007. Il n’accepte pas la sacralisation du « facteur force » – selon son expression – dans la régulation mondiale et dans la stratégie d’ingérence de l’axe USA-OTAN, très politiquement orientée. Il n’accepte pas non plus l’élargissement de l’OTAN à l’ancienne zone d’influence soviétique et l’extension douteuse du bouclier américain ABM, via sa composante otanienne en Europe, aux portes de la Russie. Pour le président Poutine, il s’agit d’une stratégie d’encerclement à finalité politique, consciemment focalisée contre la Russie restée, dans le prisme occidental, l’ennemi héréditaire de la Guerre froide.

    En poursuivant le reflux (roll back) de la puissance russe et la neutralisation de son potentiel nucléaire stratégique – via son bouclier anti-missiles –, la politique actuelle de l'administration Obama s’inscrit dans une logique atténuée de Guerre froide. Ce faisant, elle oblige la Russie, soucieuse de rééquilibrage stratégique, à renforcer les deux organisations politico-militaires de sa ligne sécuritaire sur l’espace eurasien, l’OCS et l’OTSC*.

    Au final, la politique américaine apparaît donc, dans la pensée stratégique russe, comme une menace latente majeure – en quelque sorte, « officialisée » par l’avertissement de Munich.

    Vous parlez de « pensée unique », pour caractériser les analyses dominantes sur les révolutions arabes, pourquoi ?

    Oui, le plus troublant est ce relatif consensus sur les « révolutions » arabes qui s’exprime, désormais, de manière unilatérale contre le régime Assad, devenu soudainement gênant – un peu à la manière de feu Kadhafi. Comme un ennemi (idéologique) à abattre.
    Pour caractériser cette configuration, associée à une structure d’intérêts relativement complexes et contradictoires, mais motivés par la volonté d’éliminer un « dictateur qui massacre son peuple », Moscou parle de scénario libyen. Par cette expression, la Russie sous-entend la mise en œuvre d’une stratégie manipulatoire soumise à un objectif politique précis visant, en réalité, autre chose que les intérêts légitimes du « bon peuple syrien » et la défense des droits de l’homme, en général.

    En référence à l’expérience libyenne, Moscou redoute une possible instrumentalisation d’une résolution de l’ONU avec la complicité tacite de l’OTAN, en vue d’une intervention militaire et réaliser, par ce biais, un vieil objectif de la Guerre froide visant à l’expulser de la région. Selon moi, il y a une volonté délibérée de créer un seuil critique conduisant le « système » (le régime syrien) à surréagir et à « perdre la tête » – pour, à terme, légitimer un devoir d’ingérence. La stratégie de harcèlement continu contre les forces pro-Assad s’inscrit, de manière indiscutable, dans la réalisation de cet objectif. La multiplication des incidents avec la Turquie, plus ou moins suscités par cette dernière, s’explique à partir de cette problématique qui a, il y a peu, justifié l’installation par l’OTAN de missiles Patriot à visée (théoriquement) défensive, à la frontière turco-syrienne. Depuis peu, les prétextes d’une intervention se multiplient – dont celui, redondant, de l’utilisation d’armes chimiques par « celui qui massacre son peuple ».

    Et, cela, à partir d’une simple rumeur, allègrement reprise par les médias occidentaux sans la moindre vérification – une fois de plus. Inquiétant.

    Pourquoi parler d’ « évolutions » arabes, et non de révolutions ?

    Au départ, ces « révolutions » semblent spontanées et répondent au juste désir d’émancipation de peuples longtemps privés de droits et de libertés. « Semblent », car Moscou n’écarte pas l’idée – depuis le début de la crise – d’une main extérieure pour précipiter l’éclosion précoce d’un « Printemps démocratique ». Et, a priori, mes informations personnelles accumulées depuis 2 ans le confirment. Les dés sont, donc, politiquement pipés.

    Même dans l’hypothèse de véritables « révolutions », ces dernières ont été progressivement soutenues et guidées de l’Etranger au profit, notamment, de puissances ambitieuses enclines à renforcer leur pouvoir régional. Sans parler du rôle trouble des grandes puissances occidentales adeptes, dans un premier temps, d'un encouragement aveugle de la rébellion et, dans un second temps, de son soutien armé. Au nom de droits de l’homme à géométrie variable.

    Cette orientation est évidente dans le cas syrien, avec l'implication insidieuse des puissances saoudienne, qatarienne et turque – en totale violation du principe westphalien de souveraineté des Etats-nations. A cela, s’est greffée l’ingérence croissante des services secrets occidentaux. Je préfère donc parler d’évolutions consciemment orientées. Le terme « révolutions » est idéologiquement connoté et traduit un déterminisme excluant toute critique ou vision alternative.

    C’est la porte ouverte à la pensée unique et, surtout, à la justification morale d’une ingérence politique programmée.

    Quelle est la position officielle de la Russie sur la Syrie. Et comment mieux la comprendre ?

    Officiellement, et conformément aux lois internationales sur la souveraineté des Etats, la Russie ne veut pas s’impliquer militairement dans un conflit interne pour éviter son exacerbation et aggraver le chaos. Et cela, d’autant plus qu’elle sort d’un lourd traumatisme.

    Elle n’a pas oublié le « piège afghan » de 1979, tendu par Zbigniew Brzezinski, alors conseiller à la sécurité du président Carter, pour l’enliser dans un conflit périphérique. La « leçon » afghane – comme plus tard, celle de 1999 en ex-Yougoslavie, avec le bombardement de l’OTAN – est profondément ancrée dans la mémoire stratégique russe. En outre, l’indépendance auto-proclamée du Kosovo, le 17 février 2008, a été ressentie par elle comme une véritable gifle diplomatique. Trop longtemps occultée, la Russie veut désormais s’affirmer sur la scène mondiale et, dans cette optique, elle veut faire de la question syrienne, une « preuve » de son retour comme grande puissance, respectée et écoutée. Pour Moscou, seule une solution négociée permettrait de sortir de l’impasse syrienne – conformément aux accords de Genève, du 30 juin 2012.

    Moscou s’efforce donc d’adopter une attitude neutre et équilibrée, privilégiant une reprise du dialogue entre les parties prenantes à la crise, comme pierre angulaire de la future transition démocratique – qu’elle n’exclut pas sans Assad, si le peuple le décide (c’est d’ailleurs, aussi, la position du président syrien). Ce faisant, la Russie s’oppose ouvertement à la coalition arabo-occidentale qui exige, comme préalable incontournable, le départ d’Assad. Un non sens, auto-destructeur pour la Syrie et donc, pour la région.

    Cette configuration explique le veto russe – associé à la Chine – aux résolutions successives du Conseil de sécurité de l’ONU, portées par les membres de cette coalition et structurellement favorables à l'opposition anti-Assad. Comme d’ailleurs, l’information médiatique quotidiennement diffusée par l’OSDH* sur la crise syrienne, asymétrique et non contrôlée, donc potentiellement manipulable. Avec, en définitive, une désinformation choquante – la fin justifiant les moyens.

    Or, l'extrême hétérogénéité et islamisation de cette coalition ne présage rien de bon sur la transition post-Assad.

    Vous parlez « d’enjeux cachés » dans le déroulement de la crise syrienne. Pouvez-vous expliquer ?

    Aux traditionnels enjeux politiques de contrôle d’une zone névralgique, il y a la volonté de gagner la bataille de l’énergie, via le contrôle des sources et circuits énergétiques majeurs. Par ailleurs, à l’instar d’autres acteurs de la région, le Qatar aurait un projet gazier stratégique passant par le territoire syrien pour « rentabiliser » ses exportations énergétiques et garantir ses débouchés. Le potentiel gazier syrien, a priori considérablement sous-évalué, serait donc un objectif implicite de cette guerre qui ne dit pas son nom et qui est aussi, par ricochets, une guerre contre l'Iran.

    Dans le même temps, il y a en effet le désir de toucher l’Iran en affaiblissant un de ses principaux alliés (syrien) de la région et, par ce biais, fragiliser le nouvel axe du mal émergent Chine-Iran-Russie. Car la puissance économique et politique montante de cet axe eurasien est de plus en plus redoutée par le leadership américain, contraint à une reformulation de sa stratégie dans la région. Nouveau réalisme oblige.
    Au final, « l’hyperpuissance américaine », pour reprendre l’expression de Hubert Védrine, doit aussi gérer son déclin économique, aujourd’hui rendu inéluctable par la pression concurrentielle accrue des « émergents ». Ce déclin est accéléré par un interventionnisme politico-militaire de moins en moins soutenable et économiquement épuisant – parfaitement anticipé par Paul Kennedy, en 1987, dans son fameux livre : « The Rise and fall of the great powers ».

    En conséquence, le redécoupage régional des cartes géopolitique et énergétique se présente comme l’enjeu clé de cette guerre sans nom.

    A vous suivre, il s'agit aussi d'une « guerre de l'information » ?

    Oui, sans aucune ambiguïté. Pour mémoire, rappelons que lorsque G.W. Bush a lancé sa fameuse croisade en Irak en 2003, il a reconnu – et ce n'est pas par hasard – que la première guerre à gagner était celle de l'information. Les révolutions libérales (« colorées ») en zone post-soviétique à partir de 2003, et plus tard, les révolutions arabes depuis 2010, sont une stricte application de ce principe bushien.

    Noam Chomsky démontre, dans ses œuvres, le rôle crucial des stratégies de désinformation dans les démocraties. Pour V. Poutine, l'information a un rôle politique, via l'activité décisive d'ONG à financement étranger dans la structuration et la manipulation de l'opinion publique. Il l'a personnellement vérifié lors des dernières campagnes législatives et présidentielles russes, avec Golos – ONG russe chargée du monitoring des élections, mais très liée aux dollars et donc, aux intérêts américains via NED et USAID*. Pourrait-on imaginer un scénario inverse aux Etats-Unis ? Cela a conduit, fort justement, Vladimir Poutine à renforcer la législation russe contre ces nouveaux « agents d’influence », soutenus de l’étranger – et, dés lors, définis comme des agents politiques.

    Dans les années 2000, dans le cadre des « révolutions de couleur », les ONG à financement américain ont eu un rôle clé dans l'arrivée au pouvoir des « libéraux » dans certaines républiques post-soviétiques, comme la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005). En 1989, lors de la révolution polonaise, elles ont aussi joué un rôle non négligeable – avec, encore, le soutien de NED. Troublante inertie.
    En conséquence, Poutine définit l'information comme levier des nouvelles stratégies du soft power, moins coûteuses sur les plans politique et économique, mais terriblement efficaces dans le monde inter-connecté d'internet, fondé sur l’immédiateté communicationnelle. « L’hyper-information » mal contrôlée peut, en effet, alimenter des stratégies politiques de déstabilisation des pouvoirs en place. Une telle tentative a été observée au Kazakhstan en décembre 2011, contre le président pro-russe et ami de V. Poutine, Nazarbaïev. A la même époque, ce scénario s’est répété contre le candidat Poutine qualifié, lors des manifestations de rue successives, de nouveau « dictateur soviétique ». Les clichés ont, décidément, la vie (trop) longue.

    Le discours de Poutine souligne le danger de futures révolutions portées par le « soft power » et la manipulation de l'information pour renverser des régimes hostiles, comme cela se passe au Moyen-Orient et bientôt, comme il le redoute, en périphérie post-soviétique. Poutine redoute, en particulier, une extension du « Printemps arabe » dans les régions musulmanes de l’espace russe économiquement sous-développées, donc fragilisées et courtisées par les idéologies de l’Islam radical – ce qu’il dénonce comme la menace imminente d’un hiver islamiste.

    Dans ce cadre, ne pas comprendre la réaction russe relève d’une ineptie intellectuelle.

    A la fin de votre livre, dans le post-scriptum, vous développez le concept de « Guerre tiède »…

    En opposant à nouveau russes et américains, via des axes géopolitiques relativement hétérogènes mais structurés autour de la défense d’intérêts communs, cette guerre s’inscrit dans le prolongement d'une forme actualisée et désidéologisée de la guerre « froide ». Structurellement, il s’agit toujours d’une guerre d’influence, par alliés interposés – mais recentrée sur l’économique. C’est ce que j’appelle la guerre « tiède ».
    Ainsi, la transition post-communiste du nouvel ordre international est caractérisée par une nouvelle forme de conflictualité bipolaire opposant, dans un terrible face-à-face, l’axe arabo-occidental (soutenu par la Turquie) et l’axe eurasien sino-russe (soutenu par l’Iran). En creux, c’est aussi la question d’un monde post-occidental plus démocratique qui se joue – selon le terme utilisé par Hélène Carrère d’Encausse dans son livre de 2011, « La Russie entre deux mondes ». Cette question est portée par le pouvoir économique et politique croissant des puissances émergentes du 21° siècle, contestant la traditionnelle domination du Nord. Ces puissances, principalement les BRICS, revendiquent leur place dans la nouvelle gouvernance mondiale et ses instances décideuses – ce qui, selon la phraséologie gorbatchévienne, passe par une « Perestroïka internationale ».

    Fondamentalement, cette Guerre tiède est axée sur le contrôle des Etats stratégiques, en particulier les « pivots géopolitiques », pour reprendre la terminologie de Brzezinski. Ces Etats « pivots » fondent leur force moins sur leur puissance intrinsèque que sur leur capacité de nuisance et sur leur localisation au cœur d’espaces et de carrefours stratégiques. Zbigniew Brzezinski* l’explique fort bien dans son ouvrage majeur, véritable bible de la politique étrangère américaine depuis 1997, « Le grand Echiquier ». De ce point de vue, l'Arabie saoudite peut être considérée, selon moi, comme le nouveau pivot géopolitique de la stratégie américaine sur l'Echiquier arabe.
    Aujourd’hui, ce pivot régional est activé contre les intérêts russes au Moyen-Orient, pour poursuivre le reflux de l’ancienne puissance communiste. Par ce biais, Washington transforme la Syrie en pièce maîtresse de cette impitoyable partie d’échecs. Or, en s’appuyant sur le facteur religieux, elle provoque une inquiétante politisation de ce dernier – exprimée par la montée de l’Islam radical, comme vecteur identitaire et accélérateur des « révolutions ». Au final, la crise syrienne cache donc un enjeu géopolitique majeur, médiatisé par de puissants rapports de force.

    Au coeur de la Guerre tiède, les coûts collatéraux humains et politiques sont déjà énormes et, sans doute, irréversibles – avec, en particulier, le renforcement de la fracture chiites/sunnites comme levier d’une terrible conflictualité inter-confessionnelle. Et l’hiver naissant, aux couleurs politiques incertaines, risque d’être très long…

    (*) Précisions

    Pivots géopolitiques et géostratégiques

    Selon Brzezinski (2000, pp. 68-69) : « La notion de pivots géopolitiques désigne les Etats dont l’importance tient moins à leur puissance réelle et à leur motivation qu’à leur situation géographique sensible et à leur vulnérabilité potentielle, laquelle influe sur le comportement des acteurs géostratégiques ».

    Les acteurs géostratégiques sont définis comme « des Etats dotés d’une capacité et d’une volonté nationale suffisantes pour exercer leur puissance et leur influence au-delà de leurs frontières. De ce fait, ils sont en mesure de modifier les relations internationales, au risque d’affecter les intérêts de l’Amérique (…) ». Certains de ces Etats ont la capacité d’atteindre « une position régionale dominante ou une influence mondiale » (Brzezinski, 2000, p. 68).

    Brzezinski Z. (2000) : « Le grand Echiquier – L'Amérique et le reste du monde », éd. Hachette (1° éd. : Bayard, 1997).

    Organisation syrienne des droits de l’homme (OSDH)

    Organisation basée à Londres et représentée par un seul homme (Rami Abdelrahman), proche des frères musulmans et opposant anti-Assad. Il opère dans un studio londonien sous haute protection des services de sécurité britanniques. Ses informations, nourries par de mystérieux coups de fils, sont reprises sans aucun contrôle par AFP, CNN, CBS, BBC… De manière systématique, il incrimine le régime syrien et glorifie l’Armée Libre Syrienne (ALS). Il a dévoilé ses idées dans un article, consultable en anglais.

    Communauté des Etats indépendants (CEI)

    La CEI contient l’ex-URSS moins les Etats baltes et la Géorgie. Elle couvre 99% du territoire de l’URSS et peut être considérée comme la zone d’influence traditionnelle de la Russie. Cette forme atténuée et désidéologisée de l’Union soviétique a une fonction essentiellement politique, quasi-symbolique, et elle s’inscrit dans la nécessité de préserver l’unité de l’espace post-soviétique. A la disparition de l’URSS, la CEI a permis un « divorce à l’amiable » entre la Russie et ses anciennes Républiques, tout en préservant un fort lien identitaire entre ces dernières – dans le prolongement du soviétisme. Aujourd’hui, V. Poutine s’efforce de réactiver la CEI sous leadership russe, en y développant les liens économiques via l’extension d’une zone de libre échange. L’objectif latent est de dissuader l’expansionnisme américain dans l’ex-URSS, perçu comme une nouvelle forme d’impérialisme économique.

    Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC)

    L’OTSC, qualifiée d’ « OTAN russe », est une structure politico-militaire sous domination russe, selon la « tradition » soviétique. Elle vise à assurer une défense commune des Républiques les plus proches de Moscou – le « noyau dur » de la CEI – face aux menaces extérieures. Elle regroupe actuellement sept Etats : Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan – qui couvrent près de 70% du territoire de l’ex-URSS. L’Ouzbékistan vient de quitter pour la seconde fois l’OTSC (une première fois en 1999, réintégration en 2006). Son objectif est de se rapprocher de l’axe OTAN-USA en vue de développer un partenariat économico-stratégique, plus sécurisant et financièrement plus intéressant que le paternalisme protecteur de la Russie. A terme, on peut prévoir le retour d’une base américaine en Ouzbékistan – et, peut être, au Tadjikistan, également très courtisé par le « protecteur » américain ». Dans cette hypothèse, la fiabilité, voire l’existence même de l’OTSC serait menacée et, par ce biais, le statut – donc le pouvoir – régional de la Russie.

    Organisation de coopération de Shanghai (OCS)

    L’OCS est une structure politico-militaire eurasiatique, dominée par l’axe sino-russe. Fondamentalement, elle exprime l’inflexion asiatique de la politique russe, depuis 2003. Elle vise à renforcer la stabilité et la sécurité de l’Asie centrale, en prise aux « nouvelles menaces » alimentées par le chaos afghan, le « Printemps arabe » et la triple montée concomitante de l’extrémisme, du séparatisme et du nationalisme. Elle regroupe actuellement six Etats : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan. L'Inde, le Pakistan et l'Iran (bientôt l’Ukraine) ont le statut de « pays observateurs » – véritable antichambre à l’adhésion à l’OCS. De manière implicite, cette organisation permet à la Russie d’avoir un droit de regard sur la politique chinoise, autrement dit, d’exercer une forme de contrôle soft sur un concurrent redoutable et qui, à long terme, deviendra une réelle menace pour son leadership en Asie centrale. Mais, dans le même temps, l’OCS donne une légitimité à la présence chinoise en périphérie centre-asiatique. Désormais, la Chine y exerce en effet une influence croissante, heurtant de plus en plus les prérogatives historiques de la Russie dans la région – et amorçant, de ce fait, un véritable « jeu à trois » entre les puissances américaine, chinoise et russe.

    USAID, NED, Golos : le nouveau « soft power » américain

    Une institution clé dans le contrôle et la contestation des résultats des législatives russes du 4 décembre 2011 a été une ONG nationale, Golos (« Voix »), sous influence américaine. Ainsi, cette ONG est, d’une part, alimentée par des fonds américains (via l’agence gouvernementale USAID : United States Agency for International Development) et, d’autre part, liée à la National Endowment for Democracy (NED), fondation créée en 1983 par le président R. Reagan pour combattre le communisme et qui, depuis 1991, cherche à étendre l’influence américaine (et son idéologie libérale) dans l’espace post-soviétique. Personnellement, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec les modèles des révolutions colorées ayant placé en Géorgie (2003), en Ukraine (2004) et au Kirghizstan (2005) des dirigeants libéraux pro-américains, après des procédures électorales douteuses supervisées, voire soutenues et financées par des ONG sous contrôle américain. Le scénario des révolutions colorées en zone post-communiste est le suivant : développement – sous la pression d’institutions (de type ONG) de défense des libertés et des droits de l’homme – de manifestations massives dans les rues, succédant à des élections contestées (à l’origine, par les ONG) et finissant, à terme, par provoquer le départ d'un leader considéré comme autoritaire et non démocratique. La politique (américaine) a, parfois, ses raisons, que la démocratie (post-guerre froide) ignore…

    Jean Géronimo http://www.voxnr.com

    notes :

    Livre disponible sur Amazon, Fnac et Decitre.
    Cet entretien a été réalisé pour l'IRIS et publié le 28 janvier 2013 sur son site (http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article7647) dans une version plus courte que celle figurant ci-dessus.