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géopolitique - Page 404

  • «Les raisons cachées du désordre mondial»

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    Valérie Bugault : Conférence Newhorizon au Liban
    Présentation du livre « les raisons cachées du désordre mondial »
    Chers organisateurs, chers auditeurs, Mesdames et Messieurs,
    Je suis très honorée d’être invitée à présenter mon livre « Les raisons cachées du désordre mondial » devant vous, qui cherchez des solutions politiques pour sortir de la nasse économico-monétaire dans laquelle la finance anglo-saxonne projette l’avenir politique planétaire.
    Le mouvement de globalisation, tant et souvent décrié, est, à mon sens, mal compris, pour ne pas dire « très mal compris ». Or, pour combattre utilement, il est nécessaire d’identifier clairement non seulement l’ennemi qui est en face mais encore et surtout les armes et les méthodes qu’il utilise. Or si les techniques financières de la globalisation à la mode anglo-saxonne sont parfaitement identifiables, et de plus en plus souvent identifiées, les méthodes utilisées par l’ennemi sont trop peu souvent, pour ne pas dire jamais, évoquées ; elles sont pourtant intéressantes à plus d’un titre.
    Parmi les méthodes utilisées pour développer la globalisation économique et financière, se trouve un point de référence qui, à lui seul, explique l’extrême efficacité des processus mis en œuvre. Les partisans de la globalisation planétaire ont réussi le tour de force de dissocier le pouvoir politique de la responsabilité qui, dans un ordre politique naturel, accompagne immanquablement le pouvoir. Alors que le terme de « politique » suppose un pouvoir identifié qui va, en conséquence, de pair avec une responsabilité identifiée, les financiers à la manœuvre dans le processus de globalisation mondiale ont instauré, par le double mécanisme :
    • du parlementarisme anglais dominé par des « partis politiques » et des « banques centrales indépendantes »,
    • un système permettant, au sein de chaque État, l’irresponsabilité politique totale des véritables donneurs d’ordre, qui sont les « tenanciers du système économique ». Dans cet « ordre politique » nouveau, issu des Révolutions occidentales du XVIIIème siècle – les premières Révolutions colorées de l’histoire –, les « hommes politiques » ne sont que des hommes de paille, des courroies de transmission des véritables donneurs d’ordre anonymes qui sont les principaux détenteurs de capitaux.
    Après avoir organisé, par l’instauration de réformes politiques ad hoc, leur irresponsabilité politique, les principaux propriétaires de capitaux ont pu organiser les règles du jeu économiques et monétaires dans un sens qui leur soit totalement et irrémédiablement favorable. Dans ce contexte, le capitalisme, loin d’être l’idéologie dont on le pare volontiers, est en réalité une arme de guerre permettant de générer encore plus d’anonymat au profit de ceux qui en contrôlent, et édictent, les règles du jeu. Cet anonymat permettant, en retour, l’organisation « spontanée » c’est-à-dire mécanique, de la plus vaste concentration des richesses qui ait jamais eu lieu sur cette terre ; concentration des richesses qui se fait en toute impunité sans aucun compte à rendre à personne.
    Le régime parlementaire de type anglais est une organisation sociale perverse
    La perversité de ces mécanismes a pour principale raison d’être de supprimer la possibilité de l’existence de contrepouvoir. Plus précisément, les contrepouvoirs apparents, hautement claironnées comme étant la quintessence de la démocratie, sont en réalité tout à fait, et structurellement, inefficaces.
    En particulier, le principe de « séparation des pouvoirs » théorisé par Montesquieu est, en régime parlementaire de type anglais, inopérant, neutralisé par le fait que les partis politiques qui gagnent les élections occupent en réalité toutes les places au sein des pouvoirs législatif et exécutif.
    Quant au pouvoir judiciaire – troisième pouvoir identifié par Montesquieu – il n’existe tout simplement pas pour la simple raison que les instances juridictionnelles sont techniquement chargées de la mise en œuvre du pouvoir législatif, qui leur échappe, et que la force nécessaire pour faire appliquer une décision de justice appartient au pouvoir exécutif, qui leur échappe tout autant. Le prétendu « pouvoir judiciaire » est en réalité étroitement dépendant des pouvoirs législatif et exécutif. Il ne peut, d’ailleurs, pas en être autrement tant il est vrai que le concept de « justice » est au cœur de l’émergence du « pouvoir politique ». Autrement dit : le pouvoir politique, qui consiste à organiser la vie de la Cité, est, par essence, doté de la capacité de « rendre justice ».
    Par ailleurs, si le pouvoir politique nécessite évidemment, pour ne pas être tyrannique, des contrepouvoirs, dissocier de façon autoritaire les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire tout en ignorant le pouvoir monétaire revient à faire disparaître la réalité du pouvoir politique. Ou plutôt, la nature ayant horreur du vide, cela revient à transformer le pouvoir politique en un théâtre d’ombres occupé par des pantins avec, derrière la scène les véritables acteurs qui œuvrent en secret – c’est-à-dire de façon anonyme. Ces acteurs politiques réels sont représentés par la caste des « banquiers commerçants » dont les intérêts, de nature privé, sont uniformes.

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    Or, d’un point de vue méthodologique, « les intérêts privés » s’opposent de façon mécanique aux « intérêts publics » qui sont justement à l’origine du pouvoir politique. Car il faut revenir à la substance des choses et des idées. Le « pouvoir politique » correspond à la nécessité d’organiser la vie de la « Cité » ; ce qui suppose la prise en compte institutionnelle des différents intérêts qui traversent ladite « Cité ». Organiser la vie de la Cité consiste à faire de choix, à opérer des arbitrages entre les différents intérêts qui existent dans la Société ; or, en régime parlementaire de type anglais, ces intérêts ne sont tout simplement pas politiquement représentés. Par ailleurs, les arbitrages politiques n’ont, à terme, de réelles efficacités, de capacités propres, que s’ils sont perçus par l’ensemble des membres de la collectivité comme relevant d’un sacrifice nécessaire de certains intérêts privés catégoriels au profit de l’intérêt général, collectif, du groupe. Encore faut-il que le sacrifice consenti soit identifié, ce qui n’est pas le cas lorsque les intérêts privés qui dirigent restent dans l’ombre.
  • Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz, par Antoine de Lacoste

    (article rédigé pour Politique magazine, publié ici avec l'aimable autorisation et du journal et d'Antoine de Lacoste)

    Depuis que Donald Trump a choisi de se retirer de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les principales puissances de la planète, la tension est à son comble au Proche-Orient.

    Trump avait d’ailleurs annoncé la couleur tout au long de sa campagne électorale. Pour lui, ce traité signé en 2015 faisait la part trop belle à l’Iran et il convenait de le renégocier. C’était bien sûr un argument électoral pour contrer le camp démocrate, mais pas seulement. Cet engagement de retrait relevait également de la ferme volonté de contenir la montée en puissance iranienne afin de protéger Israël et l’Arabie Saoudite, piliers des alliances américaines au Proche-Orient.

    Le retrait fut décidé en mai 2018, assorti de sanctions économiques destinées à mettre l’Iran à genoux. La manœuvre, dite de « pression maximum », devait obliger le régime des mollahs à négocier un nouvel accord en échange de la levée des sanctions. Cet accord serait naturellement plus contraignant pour l’Iran, allant au-delà du problème nucléaire, englobant en particulier les missiles balistiques. Bien évidemment, le noyau dur des sanctions concernait le pétrole dont les exportations seraient rendues impossibles. Privé de cette ressource vitale, l’Iran ne pouvait que demander grâce.

    La lutte pour le pétrole

    Ce que Trump n’avait pas suffisamment anticipé, ce sont les luttes de pouvoir au sein du régime iranien. Le clan des conciliants, emmené par le Président Rohani, était farouchement pour cet accord nucléaire, premier pas vers un apaisement des relations avec le monde occidental qui serait suivi d’une relance des investissements et du tourisme. Le clan des durs, symbolisé par les gardiens de la révolution, perdit de l’influence après la signature solennelle du traité à Vienne. Naturellement, la décision de Trump les remit en selle et, aujourd’hui, ce sont eux qui organisent la résistance au diktat américain.

    Cette résistance, l’Iran a décidé de la faire porter principalement sur le terrain du pétrole, tout en poursuivant sa politique d’implantation en Irak et en Syrie. A cela s’ajoute un soutien actif aux rebelles houthis en guerre contre le régime yéménite et l’Arabie Saoudite.

    Ainsi des pétroliers de diverses nationalités naviguant dans le Golfe persique ont subi des attaques non revendiquées. Les Américains ont accusé l’Iran haut et fort et ont fait procéder à Gibraltar par son allié anglais à l’arraisonnement d’un pétrolier iranien soupçonné de vouloir ravitailler la Syrie en pétrole. De provocations en rodomontades réciproques, la tension est allée croissante. Le point d’orgue fut atteint lorsqu’un drone américain fut abattu par un missile iranien. A cent millions de dollars le drone, le monde attendait une réaction américaine violente.

    Elle n’eut pas lieu et Trump affirma dans un de ses fameux tweets (quelle époque étrange…) qu’il avait, à la dernière minute, rappelé ses avions partis bombarder l’Iran afin d’éviter de nombreux morts. Personne ne croit à cette thèse et, au fond, il apparaît bien que Trump veuille éviter la guerre à tout prix.

    Sa grande idée était plutôt de convaincre les Européens de participer à l’escorte militaire des pétroliers franchissant le détroit d’Ormuz.

    Bloquer le détroit Ormuz ?

    Depuis 1945 et le début de la grande alliance américano-saoudienne, pétrole contre protection, le détroit d’Ormuz est considéré comme le lieu stratégique de l’approvisionnement du monde en pétrole. Chaque jour, ce sont 18 millions de barils qui y transitent, assurant ainsi 20% de la consommation mondiale. Large de seulement 50 kilomètres il constituerait un point de fragilité majeur en cas d’aggravation du conflit. C’est pourquoi Trump a eu cette idée de coalition internationale.

    Mais les Européens n’ont guère montré d’enthousiasme. Outre le coût considérable de telles patrouilles, leur utilité n’est pas apparue comme évidente. En fait, personne ne croit que l’Iran tentera de bloquer le détroit d’Ormuz. Ce serait un défi absurde, complexe à mettre en œuvre et suicidaire. Même les Européens seraient obligés de forcer l’Iran à ne pas menacer la libre circulation du pétrole et du gaz.

    Le détroit d’Ormuz aujourd’hui, s’il reste très important, n’est plus vital pour l’économie mondiale. Depuis que les Américains ont ouvert la voie du pétrole et du gaz de schiste, leur production s’est considérablement accrue au point d’en faire maintenant le premier producteur mondial de pétrole. L’Europe, pour des raisons purement idéologiques, s’est interdit d’explorer cette voie et l’on reste accablé par un tel aveuglement doublé d’une telle veulerie face aux « khmers verts ».

    La dépendance américaine vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et donc du détroit d’Ormuz a disparu, ce qui rebat les cartes de ses alliances et de son interventionnisme potentiel. L’Europe est également moins dépendante : la Russie, les pays du Caucase, l’Algérie sont des fournisseurs stables et, en cas de besoin, les énormes ressources du Venezuela (les plus importantes de la planète) sont potentiellement disponibles.

    Ce qui se passe au Proche-Orient relève donc d’avantage d’une lutte idéologique que d’une guerre du pétrole. Et cette lutte idéologique, Trump a décidé de ne pas en faire un conflit armé. Le début de sa campagne électorale préparatoire à un éventuel deuxième mandat, y est pour beaucoup bien sûr. Ses engagements avant son élection ont été entendus par le peuple américain et une aventure militaire en Iran pourrait sonner le glas d’une réélection.

    Les Emirats arabes unis ont également joué un rôle dans cette retenue américaine. Situés juste en face de l’Iran, de l’autre côté de du détroit, ils seraient en première ligne en cas de conflit. Peu désireux d’y participer, ce très fidèle allié des Américains a pris du champ. Il s’est permis de signaler qu’un peu de prudence dans cette région explosive serait de bon aloi et des échanges courtois ont eu lieu avec le voisin iranien, initiative bien osée de la part d’une puissance sunnite envers l’hérétique chiite.

    De plus les Emirats sont les seuls à disposer d’une armée à peu près fiable parmi les pays sunnites et ils sont las de pallier, au Yemen, l’invraisemblable incurie de l’armée saoudienne. Leurs pertes augmentent face aux rebelles houthis (d’obédience chiite) et leur sortie progressive de ce conflit calamiteux déclenché par les Saoudiens n’est plus à exclure.

    Une attaque surprise de drones

    Trump n’ignore rien de la faiblesse de son allié saoudien. Les frasques de son nouveau dirigeant Mohamed ben Salman (MBS pour les intimes), en particulier la séquestration du Premier ministre libanais Hariri et l’assassinat d’un journaliste d’opposition dans les locaux de son consulat en Turquie, ont durablement dégradé son image. D’allié stratégique, l’Arabie Saoudite devient progressivement un allié nécessaire mais parfois encombrant.

    Dans ce contexte, la retenue américaine prend tout son sens ainsi que le renvoi du pire faucon, John Bolton, l’homme qui ne regrette même pas l’intervention en Irak.

    Mais les gardiens de la révolution iraniens ne l’entendent pas ainsi et, eux aussi, appliquent la méthode de la pression maximum.

    La récente attaque de drones contre deux installations pétrolières stratégiques de l’Arabie Saoudite a surpris tout le monde. On ne sait pas encore très bien d’où sont partis ces missiles mais la main iranienne semble évidente. Là aussi, l’absence (pour l’instant) de réaction américaine est très frappante alors que les dégâts sont tout de même très importants pour l’économie pétrolière saoudienne. Accessoirement, la vulnérabilité de ses installations est apparue criante. Les Américains viennent d’ailleurs d’envoyer quelques renforts en urgence pour protéger les-dites installations.

    La doctrine américaine évolue donc et pression maximum semble se substituer à « changement de régime hostile ». Sauf nouvelle escalade imprévue (et tout est possible), il n’y aura sans doute pas de guerre pour le détroit d’Ormuz.  

    Par Antoine de Lacoste

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    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/10/03/trump-l-iran-et-le-detroit-d-ormuz-6180086.html

  • Donald Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz

    Donald Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz

    D’Antoine de Lacoste sur Politique Magazine :

    Depuis que Donald Trump a choisi de se retirer de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les principales puissances de la planète, la tension est à son comble au Proche-Orient. Trump avait d’ailleurs annoncé la couleur tout au long de sa campagne électorale. Pour lui, ce traité signé en 2015 faisait la part trop belle à l’Iran et il convenait de le renégocier. C’était bien sûr un argument électoral pour contrer le camp démocrate, mais pas seulement. Cet engagement de retrait relevait également de la ferme volonté de contenir la montée en puissance iranienne afin de protéger Israël et l’Arabie Saoudite, piliers des alliances américaines au Proche-Orient.

    Le retrait fut décidé en mai 2018, assorti de sanctions économiques destinées à mettre l’Iran à genoux. La manœuvre, dite de « pression maximum », devait obliger le régime des mollahs à négocier un nouvel accord en échange de la levée des sanctions. Cet accord serait naturellement plus contraignant pour l’Iran, allant au-delà du problème nucléaire, englobant en particulier les missiles balistiques. Bien évidemment, le noyau dur des sanctions concernait le pétrole dont les exportations seraient rendues impossibles. Privé de cette ressource vitale, l’Iran ne pouvait que demander grâce.

    Ce que Trump n’avait pas suffisamment anticipé, ce sont les luttes de pouvoir au sein du régime iranien. Le clan des conciliants, emmené par le Président Rohani, était farouchement pour cet accord nucléaire, premier pas vers un apaisement des relations avec le monde occidental qui serait suivi d’une relance des investissements et du tourisme. Le clan des durs, symbolisé par les gardiens de la révolution, perdit de l’influence après la signature solennelle du traité à Vienne. Naturellement, la décision de Trump les remit en selle et, aujourd’hui, ce sont eux qui organisent la résistance au diktat américain.

    Cette résistance, l’Iran a décidé de la faire porter principalement sur le terrain du pétrole, tout en poursuivant sa politique d’implantation en Irak et en Syrie. A cela s’ajoute un soutien actif aux rebelles houthis en guerre contre le régime yéménite et l’Arabie Saoudite.

    Ainsi des pétroliers de diverses nationalités naviguant dans le Golfe persique ont subi des attaques non revendiquées. Les Américains ont accusé l’Iran haut et fort et ont fait procéder à Gibraltar par son allié anglais à l’arraisonnement d’un pétrolier iranien soupçonné de vouloir ravitailler la Syrie en pétrole. De provocations en rodomontades réciproques, la tension est allée croissante. Le point d’orgue fut atteint lorsqu’un drone américain fut abattu par un missile iranien. A cent millions de dollars le drone, le monde attendait une réaction américaine violente.

    Elle n’eut pas lieu et Trump affirma dans un de ses fameux tweets (quelle époque étrange…) qu’il avait, à la dernière minute, rappelé ses avions partis bombarder l’Iran afin d’éviter de nombreux morts. Personne ne croit à cette thèse et, au fond, il apparaît bien que Trump veuille éviter la guerre à tout prix.

    Sa grande idée était plutôt de convaincre les Européens de participer à l’escorte militaire des pétroliers franchissant le détroit d’Ormuz.

    Depuis 1945 et le début de la grande alliance américano-saoudienne, pétrole contre protection, le détroit d’Ormuz est considéré comme le lieu stratégique de l’approvisionnement du monde en pétrole. Chaque jour, ce sont 18 millions de barils qui y transitent, assurant ainsi 20% de la consommation mondiale. Large de seulement 50 kilomètres il constituerait un point de fragilité majeur en cas d’aggravation du conflit. C’est pourquoi Trump a eu cette idée de coalition internationale.

    Mais les Européens n’ont guère montré d’enthousiasme. Outre le coût considérable de telles patrouilles, leur utilité n’est pas apparue comme évidente. En fait, personne ne croit que l’Iran tentera de bloquer le détroit d’Ormuz. Ce serait un défi absurde, complexe à mettre en œuvre et suicidaire. Même les Européens seraient obligés de forcer l’Iran à ne pas menacer la libre circulation du pétrole et du gaz.

    Le détroit d’Ormuz aujourd’hui, s’il reste très important, n’est plus vital pour l’économie mondiale. Depuis que les Américains ont ouvert la voie du pétrole et du gaz de schiste, leur production s’est considérablement accrue au point d’en faire maintenant le premier producteur mondial de pétrole. L’Europe, pour des raisons purement idéologiques, s’est interdit d’explorer cette voie et l’on reste accablé par un tel aveuglement doublé d’une telle veulerie face aux « khmers verts ».

    La dépendance américaine vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et donc du détroit d’Ormuz a disparu, ce qui rebat les cartes de ses alliances et de son interventionnisme potentiel. L’Europe est également moins dépendante : la Russie, les pays du Caucase, l’Algérie sont des fournisseurs stables et, en cas de besoin, les énormes ressources du Venezuela (les plus importantes de la planète) sont potentiellement disponibles.

    Ce qui se passe au Proche-Orient relève donc d’avantage d’une lutte idéologique que d’une guerre du pétrole. Et cette lutte idéologique, Trump a décidé de ne pas en faire un conflit armé. Le début de sa campagne électorale préparatoire à un éventuel deuxième mandat, y est pour beaucoup bien sûr. Ses engagements avant son élection ont été entendus par le peuple américain et une aventure militaire en Iran pourrait sonner le glas d’une réélection.

    Les Emirats arabes unis ont également joué un rôle dans cette retenue américaine. Situés juste en face de l’Iran, de l’autre côté de du détroit, ils seraient en première ligne en cas de conflit. Peu désireux d’y participer, ce très fidèle allié des Américains a pris du champ. Il s’est permis de signaler qu’un peu de prudence dans cette région explosive serait de bon aloi et des échanges courtois ont eu lieu avec le voisin iranien, initiative bien osée de la part d’une puissance sunnite envers l’hérétique chiite.

    De plus les Emirats sont les seuls à disposer d’une armée à peu près fiable parmi les pays sunnites et ils sont las de pallier, au Yemen, l’invraisemblable incurie de l’armée saoudienne. Leurs pertes augmentent face aux rebelles houthis (d’obédience chiite) et leur sortie progressive de ce conflit calamiteux déclenché par les Saoudiens n’est plus à exclure.

    Trump n’ignore rien de la faiblesse de son allié saoudien. Les frasques de son nouveau dirigeant Mohamed ben Salman (MBS pour les intimes), en particulier la séquestration du Premier ministre libanais Hariri et l’assassinat d’un journaliste d’opposition dans les locaux de son consulat en Turquie, ont durablement dégradé son image. D’allié stratégique, l’Arabie Saoudite devient progressivement un allié nécessaire mais parfois encombrant.

    Dans ce contexte, la retenue américaine prend tout son sens ainsi que le renvoi du pire faucon, John Bolton, l’homme qui ne regrette même pas l’intervention en Irak.

    Mais les gardiens de la révolution iraniens ne l’entendent pas ainsi et, eux aussi, appliquent la méthode de la pression maximum.

    La récente attaque de drones contre deux installations pétrolières stratégiques de l’Arabie Saoudite a surpris tout le monde. On ne sait pas encore très bien d’où sont partis ces missiles mais la main iranienne semble évidente. Là aussi, l’absence (pour l’instant) de réaction américaine est très frappante alors que les dégâts sont tout de même très importants pour l’économie pétrolière saoudienne. Accessoirement, la vulnérabilité de ses installations est apparue criante. Les Américains viennent d’ailleurs d’envoyer quelques renforts en urgence pour protéger les-dites installations.

    La doctrine américaine évolue donc et pression maximum semble se substituer à « changement de régime hostile ». Sauf nouvelle escalade imprévue (et tout est possible), il n’y aura sans doute pas de guerre pour le détroit d’Ormuz.

    https://www.lesalonbeige.fr/donald-trump-liran-et-le-detroit-dormuz/

  • L’écologisme, faux-nez des mondialistes, par Ivan Rioufol

    Les mondialistes, rejetés par les peuples fragiles, se maquillent désormais en vert forêt. Sans doute espèrent-ils ainsi, sous la bannière écologiste, passer inaperçus, voire sympathiques. Les plus exaltés, qui annoncent la fin du monde si l’actuel système libéral et financier n’est pas démembré en urgence, ont néanmoins la subtilité des promoteurs du communisme de jadis. Ceux-ci promettaient un monde meilleur à coups de triques et de propagandes. A l’époque, la jeunesse embrigadée n’était pas en reste pour sublimer le nouvel universalisme fraternel du prolétariat. Celle d’aujourd’hui, qui partout dans le monde répond aux peurs (“I want you to panic”) du jeune robot Greta Thunberg, a gardé un même air de famille, avec son fanatisme juvénile et sa croyance post-religieuse en l’apocalypse.

    Difficile à ce stade de faire la part entre l’endoctrinement, la rééducation, l’inquiétude raisonnée. Reste néanmoins un profond malaise devant cette nouvelle idéologie mondialiste, qui ne supporte pas les contradictions. Qui ose émettre des réserves sur l‘urgence climatique est bon pour la camisole et le cabanon. Or c’est ce monde enfiévré qu’est parti rejoindre, ce lundi à New-York, Emmanuel Macron, à l’occasion du sommet des Nations-Unies sur le climat.

    L’échec de la Marche pour le climat, samedi à Paris, rassure sur la lucidité de la jeunesse française. Il est vrai que l’infiltration du défilé par les black blocs et leur violence a pu avoir un effet répulsif. Encore que ceci mériterait d’être approfondi. Car il existe des similitudes entre le projet révolutionnaire des black blocs – lutte contre le capitalisme, le libre-échange, les démocraties libérales – et celui des écologistes radicaux qui rêvent pareillement de la table rase au nom d’une conviction totalitaire. En revanche, ceux qui espèrent une convergence des luttes avec les Gilets jaunes n’ont rien compris de cette autre révolte populaire : elle rejette la mondialisation et ses effets dévastateurs pour les nations souveraines.

    Les Gilets jaunes du 17 novembre 2018 – qui ont progressivement laissé le terrain à l’extrême gauche – se sont d’abord mobilisés contre l’écologisme punitif, qui entendait faire payer à la classe moyenne française les pollutions en CO2 de la Chine, de l’Inde ou d’ailleurs. Si leur mouvement s’est inscrit en rupture avec des élites aveugles et sourdes, il est resté libéral dans son essence : ce sont des additions d’initiatives privées et de débrouillardises individuelles qui ont su ébranler la République. Et ce n’est probablement pas fini.

    Ivan Rioufol

    Texte daté du 23 septembre 2019 et repris du blog d’Ivan Rioufol

    https://fr.novopress.info/

  • La mascarade Greta Thunberg

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    Par Franck Deletraz

    Insultant et donc inadmissible par son ton, insupportable par sa mise en scène pleurnicharde, et totalement inepte sur le fond, le violent discours prononcé lundi par la Suédoise Greta Thunberg à la tribune de l’ONU, en offrant le spectacle consternant de dirigeants de la planète à la tête chenue écoutant sagement avant de l’applaudir en chœur la ridicule leçon d’une écolière de 16 ans, restera peut-être dans les annales de l’organisation internationale comme le symbole de l’inversion des valeurs qui caractérise, hélas, notre époque. Culpabilisation, accusations, menaces : tout y est passé, sans même susciter la moindre réaction d’agacement de la part d’un auditoire visiblement béat d’admiration devant cette gamine insolente. Question : pendant combien de temps encore allons-nous devoir supporter les états d’âme et les invectives de cette marionnette du GIEC ?

    Greta, à la limite de l’hystérie

    Pour détendre un peu l’atmosphère, et aussi nous faire rire, on aurait aimé que cette brave Greta nous raconte encore une fois comment sa venue très médiatisée aux Etats-Unis à bord d’un voilier zéro carbone, censé polluer moins, avait en réalité produit davantage de CO2 que si elle et son entourage avaient pris l’avion. Mais la nouvelle égérie des écolos était là pour tout autre chose. Particulièrement agressive, elle n’a pas hésité à réprimander les dirigeants de la planète pour leur pseudo inaction contre le prétendu « réchauffement climatique ». En effet, a-t-elle déclaré, « vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. [...] Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez, c’est d’argent, et des contes de fées de croissance économique éternelle ? Comment osez-vous ! » Et Thunberg de menacer alors : « Vous nous avez laissés tomber. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. [...] Je vous le dis : nous ne vous pardonnerons jamais. Nous ne vous laisserons pas vous en sortir comme ça. »

    La France visée par une plainte

    Une menace que la Suédoise et ses petits camarades en culottes courtes n’ont pas tardé à mettre à exécution puisque, dans la foulée, on apprenait que 16 jeunes, dont Greta Thunberg, conseillés par le cabinet international d’avocats Hausfeld et avec la bénédiction de l’Unicef, venaient de déposer une plainte auprès du Comité des droits de l’enfant de l’ONU contre la France, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie, pour... violation et non-respect de la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant ! Une information que le président de la République, invité mardi matin sur Europe 1, s’est, hélas, abaissé à commenter en expliquant que si « toutes les mobilisations de notre jeunesse ou des moins jeunes sont utiles », « il faut qu’elles se concentrent maintenant sur ceux qui sont le plus loin, ceux qui essaient de bloquer ». Or, a-t-il ajouté, « je n’ai pas le sentiment que le gouvernement français ou le gouvernement allemand, aujourd’hui, sont en train de bloquer ». Et le chef de l’Etat, après avoir appelé les jeunes à agir concrètement sur le terrain, de lancer alors en direction de la harpie suédoise : « Là, des positions très radicales, c’est de nature à antagoniser nos sociétés. »

    Source : Présent 25/9/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/09/25/la-mascarade-greta-thunberg-6178218.html

  • Le nouveau numéro de Conflits est consacré à la guerre du droit.

    Le numéro de Conflits n°23, (septembre-octobre 2019) est consacré à la guerre du droit. Affaire Alstom, piège américain, amendes imposées à BNP PARIBAS, le droit est plus que jamais une arme de guerre. Une arme de la guerre économique. Et le droit est utilisé par les grandes puissances, notamment les Etats-Unis, pour faire valoir leur ordre du monde et pour s'imposer à leurs alliés et à leurs adversaires. Le droit entre ainsi dans une configuration plurielle : il y a la question de la fiscalité, qui est une arme géopolitique au service des Etats ; c'est évidemment la question monétaire et en premier lieu le dollar, concurrencé par le renminbi chinois, ainsi que par l'émergence des crypto monnaies. Le droit pose également la question de la guerre et du droit de la guerre, de cette conception militaire qui a été forgée avec le procès de Nuremberg et qui continue aujourd'hui de prévaloir dans un grand nombre de conflits : peut-on intervenir au nom du droit ? Peut-on faire la guerre pour préserver le droit ? Pour rétablir un droit qui a été aboli ? Cela pose aussi la question des différents territoires, notamment l'espace et la mer. Le droit est ainsi pluriel et dans cette guerre du droit, ce sont deux visions juridiques différentes qui s'opposent, une tradition anglo-saxonne et une tradition romaine ; deux visions géopolitiques qui montrent que les idées sont toujours à la conduite de la géopolitique et façonnent le monde qui est le notre. Nous avons aussi voulu montrer dans ce numéro consacré à la guerre du droit qu'il y a la question de l'outil militaire, la question du cyber espace, et qu'il y a aussi la possibilité de répondre à cette guerre du droit, de l'affronter, afin de la gagner.

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  • Donald Trump à l’ONU : « L’avenir n’appartient pas aux mondialistes, l’avenir appartient aux patriotes »

    VOST

    Version Française

    http://www.fdesouche.com/1266459-donald-trump-a-lonu-lavenir-nappartient-pas-aux-mondialistes-lavenir-appartient-aux-patriotes
  • Géostratégie : Trump et les jeteurs de sort qui se trompent tout le temps

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    Qu’on ne se méprenne pas sur le sens de ces lignes : un patriote cherche simplement le mieux pour sa nation ; s’il choisit un camp pro-russe ou pro-américain, anti ou pro-Trump, c’est en fonction du seul intérêt national. Or, le clapot des actualités quotidiennes ne doit pas dissimuler que, dans l’Atlantique et le Pacifique, s’installe le fort « courant Trump », qui renverse les axes diplomatiques et économiques américains anciens.

    Trump veut rendre sa puissance économique aux États-Unis, et donc :
    – faire des économies de dépenses de fonctionnement militaire improductives, de l’OTAN aux OPEX meurtrières, et réinvestir dans la recherche de supériorité stratégique ;
    – casser la tentative chinoise d’hégémonie mondiale qui détruit le tissu économique américain et sape les alliances asiatiques ;
    – empêcher l’Iran d’avoir la bombe et de disséminer ses énormes milices religieuses surarmées partout dans le Moyen-Orient.

    Ceci, simple et de bon sens pour les États-Unis, important et clair pour les tiers, est enseveli par les paresseux de la pensée sous des fatras de tweets, de ragots de caniveau. Des « sorts » – vite oubliés – sont lancés contre le « milliardaire » (sic). Rappelons-les : Trump ne serait pas élu ; il serait destitué ; il trahirait les États-Unis avec la Russie ; il provoquerait à court terme un chaos économique (selon trois Nobel d’économie discrédités à jamais) ; il provoquerait une crise avec le Canada et le Mexique ; il ne ferait pas « son mur » à la frontière mexicaine ; il serait un va-t-en-guerre incohérent et instable ; il ne sera pas réélu… Comme on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps sans perdre lecteurs et auditeurs (New York TimesWashington PostCNN…), on tente alors une nouvelle rhétorique, que les médias français se contentent de traduire.

    Désormais, Trump n’aurait pas tort, mais se tromperait de méthode diplomatique (on ne parle plus économie par crainte du ridicule) et sa diplomatie aurait même déjà échoué. Et cela, selon l’inquisition, car son fameux « art of deal » aurait échoué en Corée du Nord, Iran, avec les talibans : Trump ayant proclamé qu’il ne ferait pas la guerre, plus personne ne le craint, et ses sanctions économiques sont impuissantes. Il est simpliste et hâtif de dresser un constat d’échec au bout de 34 mois sur des dossiers calcifiés depuis 66 ans (Corée), 39 ans (Iran), 18 ans (Afghanistan), 17 ans (entrée de la Chine dans l’OMC) !

    Sur l’Iran – sujet brûlant –, Trump n’a pas épuisé la gamme de sanctions visant à anémier l’Iran, le diviser, voire le soulever ou conduire ses dirigeants à commettre une autre faute qui sera sanctionnée, en cas de réélection dans 14 mois, impitoyablement. L’Iran n’a aucun allié militaire (même pas la Chine) et le catalogue des sanctions américaines comporte encore une gradation : blocus sélectif du Golfe, blocus des lignes aériennes, embargo sur les avions et les navires civils, et même tirs de rétorsion et d’avertissement sur des cibles symboliques stratégiques (raffineries, ponts, voies ferrées), ne faisant aucune victime et n’engageant pas les boys. On n’en est heureusement pas là mais Trump, qui est aussi un homme de télé, connaît bien les réactions de son public électoral : dans les séries, les westerns, les combats de catch, quand le « gentil pacifique » a été longtemps injustement malmené, tout le monde applaudit lorsqu’il se rebelle et vainc le « méchant » : happy end et justice immanente.

    Les Français doivent anticiper et se demander comment tirer le meilleur profit de cette situation géostratégique inédite. Il est difficile de croire que la France, avec trois bases militaires aux Émirats, à 200 km de l’Iran, radars et satellites, ne sache pas d’où venaient les missiles tirés sur les raffineries arabes.

    Henri Temple

    https://www.bvoltaire.fr/geostrategie-trump-et-les-jeteurs-de-sort-qui-se-trompent-tout-le-temps/

  • Petites et grandes manoeuvres

    Temps incertains et passionnants, faits de continuités et de recompositions, d'alliances inamovibles ou d'étonnants retournements de veste...

    Le limogeage de John Bolton continue de faire couler de l'encre. Peut-être trop d'ailleurs car, malgré l'erratisme du Donald, il n'est pas du tout sûr que Washington change de ligne du jour au lendemain. Ces précautions d'usage formulées, le toujours excellent Bhadrakumar s'essaie au petit jeu du qui gagne/qui perd. A première vue, le débarquement du néo-con moustachu est une bonne nouvelle pour l'Iran et pour la Chine, une mauvaise pour Israël. Quant à la Russie, c'est business as usual.

    Curieusement, et contrairement à la grande majorité du Deep State US, Bolton n'a en effet jamais présenté Moscou comme l'ennemi absolu à abattre. Ceci ne devrait nous étonner qu'à moitié, tant il est vrai que l'Etat profond, constitué de courants variés, n'est pas un tout homogène. Si sa stratégie fondamentale - diviser l'Eurasie - est forgée dans le bronze, les moyens pour y arriver font l'objet de débats et de divisions parfois importantes.

    A ceux (establishment de la CIA, hauts pontes Démocrates) qui considèrent l'ours comme la Némésis suprême s'oppose la branche "kissingérienne", souhaitant au contraire jouer la Russie contre la Chine. Cette ritournelle est dans l'air depuis quelques années, autour de revues influentes (The National Interest), depuis que la folie des grandeurs impériale de la fin des années 90 puis les gaffes bushesques et obamesques ont fortement rapproché Moscou et Pékin.

    Cette stratégie consistant à diviser les deux poids lourds continentaux est un grand classique de la thalassocratie anglo-saxonne. En 1900, âge d'or de l'Angleterre victorienne, Joseph Chamberlain (père de Neville, signataire des fameux accords de Munich en 1938), résumait parfaitement l'objectif fondamental de l'empire maritime : "Il est de notre intérêt que l'Allemagne s'oppose aux Russes. Notre principale crainte est de les voir s'allier. Nous devrions faire tout notre possible pour accentuer la cassure entre l'Allemagne et la Russie, ainsi qu'entre la Russie et le Japon". Londres tentait tour à tour, selon ses gouvernements, de s'allier avec l'Allemagne contre la Russie ou avec la Russie contre l'Allemagne, l'essentiel étant que ces deux-là demeurent dans des camps opposés.

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  • Sommes-nous les alliés des Saoudiens ?

    6a00d8341c715453ef0240a484e9a4200c-320wi.jpgOn a pu constater, une fois encore ce 16 septembre, l'impact de l'approvisionnement en pétrole sur les anticipations des marchés financiers, sur les perspectives économiques, et bientôt sur la vie de tous les jours. En une seule journée l'or noir monte de 12 %, et même 19 % pour le baril de Brent de la mer du Nord.

    Le coût de l'essence à la pompe est certes tributaire, en France, au 2/3 environ, de la taxation étatique mais, comme le souligne le président de l’Union française des industries pétrolières "5 centimes, à supposer que ça reste à ce niveau, c’est tout à fait considérable. C’est peut-être ce qu’il y a de plus inquiétant pour les Français". Premières victimes : les classes moyennes, les ruraux, tous ceux que la carence des transports publics du monopole étatique contraint à utiliser l'automobile, etc.

    Or, l'attaque contre des installations saoudiennes, à vrai dire elle-même sans précédent, quoique de provenance partiellement non-élucidée, est assez clairement liée cependant à la guerre du Yémen. Ce conflit a ébranlé la situation en 3 jours depuis le 14 septembre

    Cette guerre du Yémen est en partie le reflet de l'atroce conflit millénaire interislamique, opposant de façon inexpiable sunnites et chiites. Elle représente aussi la première aventure militaire saoudienne depuis un siècle. Il est sans doute temps que les Occidentaux, c'est-à-dire les Européens comme les Américains, les Israéliens comme les Japonais, voire les Indiens, en prennent sérieusement la mesure et s'interrogent autant sur les acteurs et leurs motivations réelles que sur les stratégies de nos dirigeants.

    Face à cette montée des périls au Proche Orient, devons-nous nous comporter, en effet, en alliés de l'Arabie saoudite ?

    Ainsi, ce même 16 septembre, Zineb El Rhazoui, qu'on ne devrait plus avoir besoin de présenter, dénonçait, au nom des valeurs que nous entendons constamment invoquées par nos États, la venue en France du secrétaire général de la Ligue islamique mondiale Mohammed Abdelkarim Al-Issa.

    Celui-ci a été ministre saoudien de la Justice de 2009 à 2015, il est donc par définition impliqué dans les mesures répressives islamistes qui disqualifient ce pays.

    Les défenseurs des Droits de l'Homme, Zineb El Rhazoui en tête, demandent la libération de Raïf Badawi, écrivain saoudien créateur en 2008 du site Free Saudi Liberals sur lequel il militait pour les libertés en Arabie saoudite. Depuis juin 2012, accusé d'apostasie et d'insulte à l'islam, il est emprisonné à la prison centrale de Dahaban. Il a été condamné à 1 000 coups de fouet et 10 années de prison. Son avocat Waleed Abu al-Khair est lui aussi emprisonné. L'application de la sentence de flagellation a débuté le 9 janvier 2015. Elle a vainement suscité les protestations de plusieurs gouvernements puis de l'ONU.

    La Ligue islamique mondiale a été fondée en 1962 à La Mecque par le prince Fayçal d'Arabie saoudite avec le concours de représentants de 22 pays.

    En 2016, Mohammad Abdelkarim Al-Issa, qui est âgé aujourd'hui de 54 ans a succédé à Abdallah Ben Abdel Mohsen At-Turki, personnage sans doute plus "religieux" atteint par la limite d'âge. Comme nouveau Secrétaire Général de la Ligue Islamique, il l'a sérieusement prise en main.

    En 2017, le Pape a cru bon de le recevoir, et de lui permettre de diffuser en cette occasion ses paroles mensongères et sirupeuses selon lesquelles, "la sensibilisation et la dissémination du vrai message de l’islam dans le monde, qui est un message de paix, d’amour et de respect, et notamment le respect, par les musulmans, des lois et des institutions des pays et territoires où ils vivent". Respect des lois de notre pays que nous pouvons mesurer chaque jour…

    En 2018, c'est le quotidien Le Monde[1], qui lui donne complaisamment l'occasion de débiter ses sornettes et d'appeler à "lutter contre les mouvances qui ont instrumentalisé l’islam et aussi contre l’islamophobie, [tiens tiens] qui, osait-il soutenir, a beaucoup servi à des mouvements terroristes".

    Nous ne devons pas nous laisser prendre à cette rhétorique.

    En 1828, Chateaubriand, soutenant la cause des Grecs en lutte contre l'oppression ottomane pouvait dire, de la Turquie d'alors : "Un peuple dont l’ordre social est fondé sur l’esclavage et la polygamie est un peuple qu’il faut renvoyer aux steppes des Mongols, ( ...) En principe de grande civilisation, l’espèce humaine ne peut que gagner à la destruction de l’Empire ottoman."

    Ce questionnement me semble très actuel, nonobstant le peu de sympathie que nous inspire, par ailleurs, depuis 40 ans, le régime des mollahs en Iran.

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] Édition du 4 mai 2018

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    https://www.insolent.fr/2019/09/sommes-nous-les-allies-des-saoudiens-.html