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géopolitique - Page 442

  • La FED, les grands prédateurs et la condition humaine

    Bernard Plouvier

    Chaque année depuis l’entre-deux-guerres, paraissent une vingtaine d’articles de par le vaste monde, fatigants par leurs stéréotypes, consacrés à la Federal Reserve des USA, donc au dieu-dollar et à ses très puissants manipulateurs, car, contrairement aux clergés, les financiers savent exactement pour quelle raison ils roulent le vulgum pecus, ce troupeau humain qui, depuis des millénaires, réclame, non du pain et des jeux, mais de quoi se remplir la panse abondamment et tromper son ennui, par le travail et les loisirs dépaysant.

    Tout le monde sait que le système monétaire des USA, donc celui de la quasi-totalité de la planète – soit directement, soit par le jeu de la convertibilité –, est une arnaque où de richissimes familles de financiers (et leurs employés de haut vol) s’enrichissent à mesure que l’économie mondiale croît et embellit.    

    Et n’en déplaise aux pisse-vinaigres anti-US (groupe auquel l’auteur de ces lignes est fier d’appartenir), ce système fonctionne depuis plus d’un siècle : il est né en décembre 1913. Certes, il s’est déréglé en 1929 et en 1937, parce que des ânes bâtés ont très stupidement réagi par un réflexe archaïque de repli sur soi, après l’explosion de bulles spéculatives new-yorkaises.

    Depuis lors (grâce en soient rendues aux mânes de Franklin Delano Roosevelt, authentique canaille de génie), les dirigeants du cartel mondialiste ont compris que le système tournera à la façon d’une vis sans fin tant qu’il y aura des marchandises à consommer (quelles qu’en soient la qualité et la provenance) et des consommateurs, le système étant alimenté en faisant tourner ad libitum la planche à billets (quelles qu’en soient la couleur et l’unité de compte).

    Et que nul ne nous casse les pieds avec la Dette mondiale (étatique ou privée). Les expériences du Directoire français (1796-99) ou de l’après-1918 en Europe prouvent qu’on peut fort aisément tout annuler ou presque, en ruinant les citoyens-créanciers, puis recommencer, car la leçon est perpétuellement oubliée du public.

    Les vrais riches achètent de l’or, du platine, des pierres précieuses, des objets d’art (dont l’unicité fait la valeur, bien plus que leur qualité esthétique), des propriétés autosuffisantes (au point de pouvoir assurer une survie de grande qualité si « tout pète » ailleurs), des mines (qui a la différence des usines ou des navires restent immuables), en plus d’armes et de mercenaires.

    Le seul aléa, incontrôlable, est le génial illuminé qui embrase une grande Nation, lui proposant une grande aventure, fondée sur un idéal (politique ou religieux, il importe peu) et sur « l’étalon-travail », plutôt que sur les dieux habituels : or, stupéfiants, dollar (ou équivalents exotiques).

    Au pis-aller, après la période guerrière où de jeunes excités se sont éclatés, tout en détruisant des milliards en biens ainsi que des milliers ou des millions de vies « sans importance », on recommence le cycle économique. En clair : on repeuple et on rebâtit.

    Autant que peut en juger un sujet qui a un peu étudié l’histoire, c’est comme cela que fonctionne l’humanité depuis l’Antiquité. La FED et ses imitatrices régionales ne font que réguler le fait humain : à la tragédie succède la bouffonnerie hédoniste… certains nomment cela Comédie humaine. L’essentiel est de s’occuper durant la période de vie sur Terre, avant de sombrer dans le néant… en n’oubliant pas trop la phrase d’un grand moraliste : « Jouir rend vulgaire ».

    La guerre (ou tout autre activité destructrice – en médecine, on parle de catabolisme) et l’économie (ou tout autre système constructeur – l’anabolisme) participent du même processus que l’on peut résumer simplement par l’adage populaire : « L’argent, c’est fait pour rouler »… quant aux experts, ils n’ont jamais rien prévu et ont rarement proposé de mesures efficaces, les « amateurs » s’avérant généralement plus inventifs, il n’est que d’étudier l’histoire pour s’en assurer.

    On peut toujours critiquer « le monde comme il va », ça fait passer le temps et ça donne l’impression d’être un grand penseur. Mais une vie d’homme est peut-être une activité plus sérieuse : transmettre son héritage génétique, participer à une grande aventure collective ou laisser une œuvre… jouer les Cassandre participe-t-il de cet idéal ? À chacun d’en décider souverainement.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Une conférence islamiste pour Jérusalem

    6a00d8341c715453ef01bb09df8590970d-320wi.jpgCe 12 décembre à Istanbul arrivaient l'un après l'autre les représentants de la plupart des États majoritairement musulmans, convoqués par Erdogan. La Turquie n'exerce pas seulement en effet une présidence symbolique ou tournante de cette Organisation de la Conférence Islamique regroupant 57 pays, elle se considère comme leur chef de file naturelle.

    Outre les États membres de l'OCI étaient invités, comme observatrice la RTCN république fantoche créée par l'armée turque d'occupation au nord de Chypre, qu'aucun pays ne reconnaît, et plus curieusement, le Venezuela dont le président dictateur Nicolas Maduro n'a pas à ce jour rendu publique sa conversion.

    Sa présence, essentiellement motivée par son propre contentieux avec les États-Unis, ravive un vieux souvenir, celui de la conférence de Bakou de 1920, marquant la volonté du Komintern de récupérer les forces anti-occidentales de l'islam.(1)

    Au total 48 pays seront représentés à ce sommet d'Istanbul. Les chefs d’État ou les souverains de 16 pays ont confirmé leur participation : Afghanistan, Azerbaïdjan, Bangladesh, Indonésie, Palestine, Guinée, Iran, Qatar, Koweït, Libye, Liban, Somalie, Soudan, Togo, Jordanie et Yémen. Djibouti, la Malaisie et le Pakistan seront représentés par leur chef de gouvernement. Les Comores seront représentés par leur secrétaire d’État, Oman par le vice-Premier ministre, l’Algérie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan par les présidents de leurs parlements.

    On se souviendra que, pratiquement et matériellement, depuis 1948, tous ces gens n'ont pas fait grand chose pour leurs frères Palestiniens.

    Inutile de souligner que le motif de ce rassemblement repose sur la décision, évidemment unilatérale et inattendue, de Donald Trump de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël, et d’y transférer l’ambassade des États-Unis qui était jusqu’ici maintenue comme toutes les autres à Tel Aviv.

    Mais l'hypocrisie est totale.

    On ne rentrera pas ici dans la polémique islamologique tendant à s'interroger, scientifiquement, sur le caractère de troisième lieu saint de l'islam d'une ville et d'une mosquée dont on ne trouve aucune trace dans le Coran. Soulignons par exemple que les chiites ne rentrent pas dans ce raisonnement. Ils reconnaissent en effet 5 (cinq) villes saintes, au nombre desquelles celle-ci ne figure pas.

    Le fait objectif est que la controverse agite les foules en colère, de façon bien concrète, dans la plupart des pays musulmans et que même le président iranien Rouhani sera de la fête.

    La réalité de cette conférence est que la Turquie et son président entendent en tirer un grand prestige.

    Mais ce qui pourrait interpeller, aussi, les commentateurs agréés est le fait que le président turc Erdogan a d'ores et déjà annoncé une déclaration d'Istanbul qu'il s'apprête, d'avance, à faire avaliser par ses coreligionnaires.

    Il n'entend tenir aucun compte des Nations Unies qui pourtant ont formulé de longue date des résolutions dont il pourrait se servir. Des procédures diplomatiques civilisées et de la communauté internationale, les islamistes, Erdogan en tête, n'ont cure. Seules comptent pour eux, leur communauté mondiale et sa mobilisation pour n'importe quel prétexte, que ce soit celui que vient de leur fournir le président américain, venant après les caricatures danoises ou le livre de Salman Rushdie de naguère.

    Ne parlons même pas de l'Union européenne à laquelle la Turquie feint encore  d'être candidate sans daigner se concerter avec les représentants de sa politique extérieure.

    Le seul statut que les islamistes reconnaissent aux autres, c'est, rappelons-le, dans le meilleur des cas, celui de dhimmis.

    Que des gens se réclamant de la gauche, de l'égalité entre les hommes, etc., qui ne nous décevrons décidemment jamais, fassent un bout de chemin aux côtés de cette forme de subversion mondiale ne nous surprend même plus.

    (1) Retrouver le livre "La Faucille et le Croissant"

  • Les adeptes de la théorie du complot russe

    6a00d83451619c69e201b8d2c75536970c-800wi.jpgLu sur le blog d'Yves Daoudal :

    "'Une commission parlementaire britannique avait demandé à Facebook d’enquêter sur l’intolérable ingérence russe dans la campagne pour le Brexit.

    Facebook a publié son rapport. Explosif. On y apprend en effet qu’une ONG russe, l'Internet Research Agency, la fameuse « usine à trolls » pilotée du Kremlin, a dépensé 0,97 dollar pour trois annonces qui ont été vues par 200 internautes pendant quatre jours…

    Et c’est tout.

    Nigel Farage ne s’est pas privé de souligner : « Où est la théorie du complot russe sur le référendum pour la sortie de l'Union européenne, maintenant que nous savons qu'ils ont dépensé moins de 1 dollar sur Facebook ? »"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • L'accord secret entre Erdogan et Tsipras

    6a00d8341c715453ef01b8d2c68530970c-320wi.jpgLe 7 décembre, le président mégalomane turc se rendait en visite officielle en Grèce. L'événement en lui-même était de nature à recevoir les meilleurs encouragements de la bien-pensance internationale. Pour la première fois depuis 65 ans en effet un gouvernement athénien déroulait le tapis rouge devant son vieil adversaire auquel l'oppose un contentieux, incompréhensible aux yeux des bureaucraties d'Europe occidentale, pour lesquelles la notion même d'ennemi est devenue inaudible.

    Le dernier chef de gouvernement turc à s'être rendu à Athènes avait été, en 1952, Adnan Menderes. Renversé dans son pays par le coup d'État militaire du 27 mai 1960, il fut condamné à mort et pendu, le 17 septembre 1961.

    La comparaison avec Erdogan s'arrête là, du moins pour le moment.

    À l’époque en effet les relations étaient excellentes, les deux pays ayant adhéré en même temps à l'alliance atlantique. Une forte communauté grecque prospérait à Istanbul. Elle allait être contrainte à l'exil à partir des pogroms de septembre 1955, dont on sait aujourd’hui qu'ils avaient été fomentés par les futurs putschistes de 1961.

    Par la suite les rapports se sont envenimés, en particulier du fait de la question de Chypre.

    Un rapprochement s'est certes dessiné à partir de 1999, à la faveur de l'intervention humanitaire des sauveteurs grecs lors du grave tremblement de terre d'Istanbul et les deux gouvernements ont pris l'habitude d'entretenir un dialogue civilisé.

    Or, Recep Tayyip Erdogan a saisi l'occasion de son déplacement pour multiplier les provocations à propos de la minorité musulmane de Thrace occidentale comme à propos des frontières en mer Égée.

    Il parle comme s'il préparait la guerre, même si en fait il semble bien que ses menaces soient essentiellement destinées à flatter la part la plus chauvine de l'opinion turque. Son propos le plus explosif et le plus dangereux visait ni plus ni moins à remettre en cause le traité de Lausanne de 1923, lequel n'est nullement un simple "accord frontalier" comme on a pu le lire, mais le règlement régional définitif de la Première guerre mondiale, le traité de Sèvres de 1920 n'ayant pas été appliqué. Cette menace d'une remise en cause extrêmement dangereuse pour tout le sud-est européen n'est pas nouvelle dans les discours d'Erdogan : elle a commencé avec l'anniversaire de la république kémaliste à laquelle Erdogan, son parti et leurs inspirateurs islamistes reprochent en fait d'avoir aboli l'Empire ottoman et d'avoir cherché à faire entrer leur pays dans l'Europe et dans la modernité.

    Pourquoi donc le grotesque Tsipras, qui se ridiculise chaque fois qu'une réunion européenne ou internationale lui en donne l'occasion, a-t-il accepté cette incursion provocatrice d'Erdogan ? Pourquoi a-t-il cherché le 9 décembre à obtenir, après coup, l'approbation du Comité politique de Syriza ? Pourquoi son ministre des Affaires étrangères Kotzias en a-t-il rajouté le 11 décembre, une couche en faisant l'apologie de ces accords ?

    Tout simplement parce que Tsipras sait que les quelques milliers de réfugiés, parqués dans des camps financés par l'Europe, dans les îles de la mer Égée orientale, où la population n'en peut plus, constituent un matériau explosif et qu'il va bientôt se trouver contraint d'en rendre compte : dans le meilleur des cas lors d'élections prochaines, sinon devant les tribunaux appropriés.

    C'est sur ce terrain qu'il a cru pouvoir se contenter de la promesse d'Erdogan d'appliquer tout simplement les accords de rapatriement, en échange de quoi on a laissé ce personnage multiplier ses provocations, allant jusqu'à une prédication islamiste dans la mosquée de Komotini, en territoire grec, c'est-à-dire en terre d'Europe.

    http://www.insolent.fr/2017/12/laccord-secret-entre-erdogan-et-tsipras.html

  • De la Catalogne à la Corse : vers l’éclatement des nations ?

    2614059888.jpgPar François Marcilhac

    L’heure serait-elle à l’éclatement des États-nations  ? Voire de toute structure politique un peu importante  ?

    Le moins qu’on puisse dire est que nos médias ne font pas dans le détail, en amalgamant des situations qui, pourtant, n’ont pas grand-chose à voir entre elles. Comparaison n’est pas raison, et faire des parallèles entre la Catalogne, l’Écosse, la Corse, la Nouvelle-Calédonie voire le Brexit peut se révéler extrêmement risqué, même si cela excite la curiosité de l’auditeur. Non, la Catalogne n’est pas à l’Espagne ce que la Corse est à la France ou l’Écosse au Royaume-Uni.

    Comparaison n’est pas raison

    Le Brexit, lui, ne traduit pas une volonté de rompre avec une unité politique fondée sur l’histoire, l’Europe ne s’étant jamais réalisée, ni même sérieusement pensée comme telle depuis 1957. Quant à la Nouvelle-Calédonie, l’irrédentisme d’une partie des Canaques a été, sur fond de sous-développement économique surtout de la province Nord que dirigent les séparatistes du FLNKS, savamment entretenu, dans un premier temps du moins, par ses puissants voisins anglo-saxons, désireux de voir la France chassée d’une partie du monde considérée comme leur zone exclusive d’influence, et encouragés en cela par… le pouvoir politique français lui-même (Mitterrand, au premier chef) au nom de l’idéologie anticolonialiste et d’une France faisant profil bas sur le plan géopolitique. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Dans le précédent numéro, Roch Cauvigny a montré comment la situation commençait d’évoluer. Fort heureusement, aujourd’hui, Valls, président de la mission parlementaire d’information sur l’avenir institutionnel de l’archipel, se voit plus en Clemenceau qu’en Mitterrand. Mais le Premier ministre, qui est venu, le week-end dernier, lancer l’année référendaire, sera-t-il à la hauteur  ? Faire profil bas serait la pire façon de chercher le consensus.

    Et que peut signifier ce lointain territoire pour Macron, qui veut enfermer la France dans les limites étroites d’une Europe sous hégémonie allemande à laquelle il veut abandonner notre politique extérieure, comme en Afrique – une Allemagne qui, soit dit en passant, ne cesse de l’humilier, comme l’a montré l’affaire du glyphosate, prorogé par l’Europe sur ordre de Merkel contre l’avis de Paris  ? Espérons seulement – mais ne rêvons pas trop – que nos compatriotes de l’océan Pacifique sentent le désir du pays légal de voir l’archipel rester français, ce qu’il est pleinement de par l’histoire, seul guide en la matière  : les séparatistes rêvent d’un État ethnique, voire racial, alors que, comme le rappelait Bainville, «  la France, c’est mieux qu’une race, c’est une nation  ». En ce sens, la Nouvelle-Calédonie est une France en miniature, puisqu’elle s’est prêtée, depuis notre arrivée, comme la métropole, «  à tous les échanges de courants, ceux du sang, ceux des idées  ». D’autant que l’archipel n’est pas viable économiquement et que les investisseurs trouvent désormais urgent d’attendre… le résultat du référendum qui aura lieu à la fin de 2018.

    Quoi de commun, donc, entre la Catalogne, la Corse, l’Écosse, sinon que, face à l’instabilité toujours plus grande d’espaces géopolitiques et économiques mondialisés, qui se cherchent un nouvel équilibre – Carl Schmitt parlait de nomos –, les forces centrifuges demeurent minoritaires  ? Ce qui se vérifiera peut-être aussi, espérons-le du moins, pour la Nouvelle-Calédonie. Certes, les Corses ont voté «  nationaliste  », ce dimanche 3 décembre, au premier tour des élections territoriales visant à nommer leurs représentants à la toute nouvelle collectivité unique qui, regroupant les compétences de la région et des deux départements actuels, entrera en fonction le 1er janvier 2018  : la liste «  nationaliste  » Pé a Corsica (Pour la Corse), que l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni a conduite avec l’autonomiste Gilles Simeoni (un contrat de mandature les lie), est arrivée largement en tête avec plus de 45  % des voix. Les «  nationalistes  » avaient déjà remporté Bastia en 2014 et la région en 2015 et envoyé trois députés à l’Assemblée nationale aux législatives de juin dernier. Le second tour n’aura pas encore eu lieu à l’heure où paraîtront ces lignes, mais, même si les «  nationalistes  » ont profité de la large abstention du premier tour (quelque 52  %), décevante compte tenu de l’enjeu, les résultats définitifs, même avec un léger sursaut des électeurs – ou grâce à celui-ci –, devraient confirmer leur victoire  : les «  nationalistes  » dirigeront la nouvelle collectivité unique.

    L’indépendance dans dix ans  ?

    C’est pourquoi Talamoni a eu soin de rappeler au soir du premier tour qu’il ne souhaitait aucun processus d’indépendance avant dix ans, conformément au contrat de mandature  : il sait, et reconnaît d’ailleurs, que le courant indépendantiste est très minoritaire (les autonomistes, au premier tour des régionales de 2015, pour lequel ils n’avaient pas fait alliance avec les indépendantistes, avaient obtenu 2,5 fois plus de voix qu’eux). Aussi ne doit-il pas effrayer les électeurs pour le second tour, les Corses n’ayant voté aussi massivement pour les listes «  nationalistes  » que parce que les autonomistes y paraissent neutraliser les revendications indépendantistes, qui supposent du reste, pour être crédibles, que la Corse puisse acquérir une certaine autonomie économique et financière. Or le développement économique de l’île de Beauté, dont les anciens possesseurs génois ne s’étaient guère souciés, doit tout à ses relations avec le “continent”, un continent que les élites corses ont toujours considéré comme le complément naturel de l’île. Ce n’est pas demain que la Corse représentera 20  % du PIB de la France (comme la Catalogne pour l’Espagne). L’importance de l’emploi public le montre  : l’île, qui est pauvre, pour vivre et se développer, a besoin de la solidarité nationale.

    Il n’en reste pas moins que Talamoni a raison lorsqu’il prévient, à propos du résultat  : «  Il faudra que Paris le prenne en compte  !  » Et de rappeler déjà à Macron ses exigences  : la reconnaissance officielle de la langue corse, un statut de résident pour réserver l’immobilier aux Corses, l’amnistie des prisonniers «  politiques  », dont l’assassin Yvan Colonna. Les indépendantistes comptent, à terme, sur d’éventuelles fautes politiques de Paris pour décrédibiliser la voie autonomiste et radicaliser – le modèle catalan servant alors à leurs yeux – leurs objectifs. Pourtant, comme le remarque Gilles Simeoni  : «  le modèle catalan n’est pas applicable  ». Ni l’autonomie actuelle de la Catalogne, ni la puissance économique de cette généralité, ni le jusqu’au-boutisme d’un pays légal catalan qui se savait minoritaire et qui a voulu forcer le destin ne sont applicables à la Corse. D’ailleurs, il n’y a pas de modèle catalan… pour la Catalogne elle-même. Comment serait-il valable pour la Corse  ?

    Quand la République n’a plus les moyens d’imposer un jacobinisme asséchant, mâtiné d’intérêts bassement partisans, qui provoque un légitime rejet, elle brade… De la cause à l’effet. Toute son histoire tient dans ce mouvement de balancier, qui jure avec la patience de nos rois et leur respect de la diversité des peuples composant la France. Les «  nationalistes  » corses jouent sur l’incapacité de la République à avoir une juste conception de l’unité nationale pour promouvoir leur vision fantasmée de l’histoire,. Ils savent qu’elle est incapable de donner à la Corse un statut qui ne mette pas en cause son appartenance à la collectivité nationale tout en préservant l’identité de l’île. Une identité où joue à plein, également, la question de l’immigration, la conception du vivre-ensemble n’étant pas la même à Bastia et à Paris.   

  • L'École de Guerre et "le jour d'après"

    L'École de Guerre, qui forme les futurs cadre de haut niveau des armées françaises, semble vouloir enfin concrétiser son intention, longtemps rester pétition de principe, de "penser en dehors de la boite" ? (pour les non-initiés, il s'agit de la mauvaise traduction en français d'une expression de globish : "to think out of the box", sensée stimuler, dans les organisations, une pensée alternative et non contrainte par les conformismes et les conservatismes).

    C'est ce que peut donner à penser une conférence récente et passionnante, où des perspectives d'effondrement du système économique ont été abordées ("le jour d'après"), avec l'énoncé de réalité géo-économiques souvent niées, voire cachées sous le tapis par l'oligarchie au pouvoir: comme le lien entre démographie et prospérité, la nécessité d'apporter un soin tout particulier aux territoires ruraux, d'éviter la trop grande spécialisation des pays en terme de production, la fiction de richesse que représentent les bulles spéculatives. Mais aussi une mise en perspective sur les différentes énergies à la disposition des systèmes économiques, les enjeux qu'elles représentent, leur part dans la croissance, et notamment celle du pétrole (cette partie est parfois un peu moins accessible, voire un peu confuse, au moins pour un amateur peu éclairé comme nous, mais les perspectives sur les transports sont très intéressantes (20 dernières minutes)) ...

    Beaucoup d'informations et de mises en perspective dont nous espérons que nos officiers feront leur miel dans les années à venir, pour voir les choses avec la hauteur de vue qui sied à leur état, et à celui de la France.

    Une video proposée par Thinkerview.

    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Kiev ou Moscou ?

    ukraine-russie_drapeaux.jpg

    Analyse sommaire sur les motivations et les engagements des militants identitaires dans le conflit du Donbass. Pour des raisons de commodité et de clarté de l’exposé les tenants de la ligne kiévienne seront appelés ici « occidentalistes » et leurs adversaires de la ligne moscovite seront désignés comme « eurasistes ».

    Il est clair pour tout esprit lucide que la guerre opposant dans l’est de l’Ukraine les partisans de Kiev à ceux de Moscou depuis le printemps 2014 a provoqué, sur cette question, une profonde dissension dans le camp des identitaires 1 européens et singulièrement en France. Ainsi on a vu récemment cette ligne de fracture s’exposer dans le N° 70 de la revue Terre et Peuple 2 du néo-païen Pierre Vial ou encore plus récemment lors d’un débat organisé par le Cercle de Flore de l’Action Française et opposant les deux lignes à travers la participation d’un « pro-Russe » Nikola Mirkovic et d’un « pro-Ukrainien » Florian Lemarchand. Le débat ayant d’ailleurs clairement tourné à l’avantage de ce dernier (écouter ici le débat et lire l’analyse critique intéressante faite sur le site Agoravox).

    Si l’on poursuit l’examen rapide de la situation dans d’autres pays européens, et sans prétendre à l’exhaustivité, on peut observer en Italie par exemple une ligne de fracture identique opposant la Casa Pound ayant suivi une ligne majoritairement occidentaliste aux partisans de la Ligue du Nord, ayant suivi une option clairement eurasiste.

    Dans les milieux « identitaires » allemands (PEGIDA, Alternative für Deutschland…) et en y incluant également une assez large majorité de la CDU/CSU et même certaines factions du Parti Die Linke on peut observer un très net tropisme philo-russe et un assez faible engagement en faveur du camp occidentaliste.

    Dans la majorité des pays de l’ex-pacte de Varsovie en revanche (Pologne, pays Baltes, République tchèque, Roumanie…) et pour des raisons historiques essentiellement, la majorité des populations, et pas seulement des mouvements identitaires locaux, a pris fait et cause depuis l’éclatement de l’Union soviétique pour le camp occidental. Ce phénomène étant particulièrement marqué dans les pays baltes, et singulièrement en Lituanie, et bien évidemment en Pologne. En revanche, un pays comme la Hongrie, malgré le souvenir de l’insurrection de Budapest en 1956, a clairement manifesté un choix eurasiste dès le commencement du conflit dans le Donbass en 2014. Cela peut s’expliquer en partie par la présence d’une minorité hongroise en Transcarpatie ukrainienne pour laquelle la quasi-totalité de la classe politique hongroise, et pas seulement le Jobbik, milite pour éviter l’enrôlement de ces Hongrois de l’étranger dans la guerre de Porochenko contre les populations du Donbass.

    En Grèce, le mouvement identitaire Aube Dorée a pris fait et cause de manière tranchée pour le camp eurasiste. Cet engagement pouvant en partie s’expliquer par la politique de sanctions inouïes que l’Occident fait subir à la Grèce depuis 2008.

    En ex-Yougoslavie en revanche, les clivages sur la question ukrainienne recoupent essentiellement les divisions religieuses entre catholiques, musulmans et orthodoxes, nonobstant la couleur politique de chacun. Les Serbes orthodoxes étant naturellement, sur la question ukrainienne et tous partis politiques confondus, dans le camp eurasiste, et les catholiques croates avec leurs « alliés » musulmans restant dans le camp occidental.

    Venons-en maintenant à l’analyse des racines de cet antagonisme qui sépare de manière radicale les partisans de Kiev et ceux de Moscou. Il faut pour cela à mon avis remonter au bouillonnement intellectuel que l’on vit en Europe après l’immonde guerre civile européenne de 1914 et qui marqua entre autres des personnalités comme Bertrand de Jouvenel, Emmanuel Berl, Henri de Man ou encore Pierre Drieu la Rochelle. Même si ces intellectuels suivirent des chemins différents, ils partagèrent avec beaucoup d’autres l’horreur que fut la Première Guerre mondiale, et ils tentèrent, chacun à leur façon, d’inventer un monde où ces affrontements fratricides entre nations européennes seraient abolis.

    Ils ont de ce fait été des précurseurs dans le monde intellectuel européen de la mise en avant des idées européistes et ont accompagné ou précédé, consciemment ou inconsciemment, des personnalités telle que le fameux Richard de Coudenhove-Kalergi, agent patenté du Nouvel ordre mondial à travers notamment le concept de Paneurope qu’il inventa. De manière plus tangible, la transcription de cet idéal paneuropéen dans les milieux nationalistes français s’est concrétisée dans le tournant des années 1960 du XXe siècle. Un des hommes clé de cette évolution en a été Dominique Venner. Militant nationaliste, engagé dans le combat pour l’Algérie française, il passera dix-huit mois à la prison de la Santé en raison de son engagement dans le camp des réprouvés. C’est à sa sortie de prison en 1962 qu’il écrit le manifeste Pour une critique positive dans lequel il oppose « nationaux » et « nationalistes ». C’est dans cette filiation intellectuelle que s’est construit un nationalisme révolutionnaire européen qui se détachera de plus en plus de l’idée de la nation française. Par la suite, cette évolution naturelle conduira à l’émergence de deux courants, proches mais distincts, l’un politique et qui aboutira à la création de plusieurs mouvements nationalistes révolutionnaires, l’autre métapolitique duquel émergera le GRECE en 1968, présenté comme « nouvelle droite » par les médias au tournant des années 1980.

    Dominique Venner naquit en 1935 et a donc vécu de plain-pied dans son âme et dans sa chair, avec ceux de sa génération, toutes les défaites et les reculs que la France a connus depuis l’entre deux-guerres. Mai 1940, l’Indochine et l’Algérie enfin auront eu raison de son amour pour la mère patrie. Il n’y a qu’un amour déçu pour engendrer une haine inexpiable ou pire encore, un mépris infini. Cette France vaincue par les Allemands en 1940, puis asservie à nouveau par les vainqueurs anglo-saxons, humiliée et trahie en Indochine, et puis trahie encore par celui qui prétendait la sauver en Algérie, cette accumulation de défaites et de reculades a probablement été le principal facteur de perte de confiance dans la capacité de la nation à se régénérer.

    Dans ces années 1960, devant tant de honte et avec aussi peu d’espoir de voir surgir une alternative politique, des hommes comme Dominique Venner ont essayé d’imaginer une alternative à ce qui pouvait sembler à l’époque, pour un militant révolutionnaire, une société bloquée et sans avenir. C’est ainsi qu’a été forgée cette idéologie politique nationaliste européenne, d’abord à travers le périodique Europe-Action, puis par le prisme de multiples revues et mouvements politiques et métapolitiques.

    C’est dans cette matrice idéologique, conjuguée avec l’idée de « Fédéralisme européen » et incarnée par exemple dans la pensée de Yann Fouéré auteur de L’Europe aux cent drapeaux, que s’est constituée une idéologie supranationale destinée dans l’esprit de ses promoteurs à dépasser le cadre étroit et oppresseur de l’État-nation pour le transcender dans une construction européenne mythique.

    Dans ce projet d’abolition de la nation dans sa version jacobine, on retrouve le mythe de l’empire carolingien originel, empire qui unissait sous sa férule les peuples celtes, latins et germaniques. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui encore le mythe de cet empire européen perdu est utilisé par les chantres de l’Union européenne à travers le prix Charlemagne qu’ils décernent chaque année à une personnalité ayant œuvré pour la promotion de cette Europe coupée de ses véritables racines. C’est là, à travers cette escroquerie de la pensée que constitue l’idée européenne sous contrôle de l’idéologie anglo-saxonne, que se sont fourvoyés les militants du nationalisme révolutionnaire européen et avec eux, nombre de leurs alliés ou compagnons de route régionalistes.

    Je pense qu’une des origines probables du clivage qui sépare les occidentalistes partisans de Kiev des eurasistes qui soutiennent les républiques rebelles du Donbass se situe dans cette perception, en partie erronée de mon point de vue, d’une Europe mythique constituée de patries charnelles qu’il faudrait détacher des États-nations actuellement existants pour les regrouper dans une structure supra-étatique de type impérial. Quand l’Ukraine en 1991 et avec elle de nombreux peuples « soviétiques »trouvent ou retrouvent une indépendance, les partisans de l’Europe aux cent drapeaux, ayant pour nombre d’entre eux longtemps baigné dans un anticommunisme primaire, voire supérieur, épousent la cause de ces nouvelles nations ayant échappé à l’ogre russe. Mais c’est avoir une vision bien primaire et bien superficielle de la réalité pour imaginer une Ukraine unifiée sur les plans linguistique et culturel. Outre le nombre important de minorités ethniques vivant sur le territoire ukrainien (Russes, Moldaves, Roumains, Polonais, Biélorusses, Grecs, Hongrois, Ruthènes, Tatars…), la langue véhiculaire qui unit tous ces peuples, y compris les locuteurs de la langue ukrainienne, est le russe. Le meilleur exemple en étant le grand écrivain « ukrainien » Nicolas Gogol qui n’a jamais écrit que dans la langue de Pouchkine.

    Pour suivre le raisonnement plus avant, les partisans de Kiev pensent soutenir une juste cause, luttant pour une ethnie « charnelle » en butte à un oppresseur fanatique désireux d’annihiler leur singularité alors qu’ils occultent totalement le fait, objectif celui-là, que l’Ukraine, surtout depuis la révolution du Maïdan, s’est vendue corps et âme au camp occidental, livrant son peuple, ses peuples plutôt, aux vautours du FMI et à la férule de l’OTAN.

    La question des patries charnelles n’est pas à évacuer pour autant, et une réflexion devra être menée pour la sauvegarde des langues vernaculaires et des traditions culturelles de tous les peuples menacés par la mondialisation, mais aujourd’hui, et je conviens qu’il s’agit là d’un paradoxe, le meilleur rempart contre les effets délétères de la mise en place d’un gouvernement mondial dirigé par la haute finance, c’est l’État-nation, avec tous ses défauts et ses insuffisances. Ce n’est pas pour rien que le Système ne ménage pas ses efforts pour achever la mise à mort de nos institutions, de notre langue, de notre culture, de notre droit et c’est la raison impérieuse pour laquelle il faut protéger ce cadre national, aussi imparfait soit-il mais qui constitue la dernière digue avant l’effondrement total.

    Ceux qui ont choisi le camp des rebelles séparatistes du Donbass – et c’est encore un paradoxe – se sont inscrits dans cette logique. Ils considèrent que la Russie – ensemble multiculturel et multinational – représente la dernière grande force sur le territoire eurasiatique qui ne soit pas encore tombée dans les griffes des Anglo-Saxons. Il ne s’agit pas d’aimer ou de ne pas aimer Poutine, il s’agit d’un raisonnement froid et objectif : l’Europe occidentale, centrale et orientale, et avec elle l’Ukraine, est tombée tout entière dans le camp occidental et l’enjeu de ce Grand Jeu est l’achèvement de la conquête du monde que les élites anglo-saxonnes ont programmé depuis des siècles.

    J’ajouterai une réflexion sur la question de l’engagement des occidentalistes dans le camp ukrainien, à savoir qu’il existe une véritable continuité dans ce combat pro-occidental qui a commencé d’une certaine manière dès les années 1950 du siècle dernier par l’engagement français sous l’égide de l’ONU dans la guerre de Corée aux côtés des forces anglo-américaines. Les années gaulliennes verront au contraire un arrêt brutal de la collaboration entre la France et les Anglo-Saxons (cf. sortie de l’OTAN) mais en revanche, dès la chute de de Gaulle en 1969, on assistera rapidement à la reconstitution des politiques pro-occidentales, notamment en Afrique (Angola, Cabinda, Namibie…) et donc à nouveau à l’asservissement de la France aux intérêts de la City et de Wall Street.

    Cette continuité aux services des intérêts anglo-saxons s’incarne parfaitement dans le personnage de Gaston Besson que j’avais croisé à Paris au début des années 2000. Nous ne nous étions pas vraiment entendus ni compris : quelques années plus tôt, lui avait choisi le camp croate et donc occidental, et moi le camp serbe et donc anti-occidental. De son propre aveu il avait participé comme mercenaire à toutes les guerres sales au service des intérêts du Système : Birmanie, Laos, Cambodge, Colombie, Croatie, Bosnie. Son engagement pour l’Ukraine en 2014 est dans la droite ligne de ses guerres au service des intérêts anglo-saxons. Est-il seulement conscient de servir la cause de nos ennemis mortels ? Je ne le pense pas ! Il est seulement dans une logique de réseaux, probablement passablement infiltrés par les services et il doit se voir comme une espèce de condottière mettant sa vie en jeu dans un engagement dont ne sont pas capables les bourgeois, ce qui n’est pas faux. Le seul problème est que son combat est mis au service de la plus mauvaise des causes qui soit.

    Ceux qui comme lui ont choisi le camp du bataillon Azov parce que les symboles utilisés par ces militants sont fortement inspirés des runes scandinaves qu’affectionnait la SS se trompent de combat une fois de plus et sont utilisés à nouveau comme chair à canon comme leurs ancêtres les Galiciens et les Allemands l’ont été au siècle dernier et pour le même combat contre le dernier grand peuple libre du continent eurasiatique.

    En ce qui me concerne, je ne suis pas de ceux qui se réjouiront de la présence à Kiev le Jeudi 24 août 2017 de James Mattis, secrétaire à la Défense des États-Unis, pour assister à la fête nationale ukrainienne. Je m’en réjouirai d’autant moins qu’il sera accompagné par le vice-ministre Britannique de la Défense. Les assassins reviennent toujours sur les lieux de leur crime.

    Le 24 août, en ce qui me concerne, je serai en route une nouvelle fois pour Donetsk afin d’apporter mon soutien aux populations martyres du Donbass en lutte contre l’Occident, ses Gay Prides et ses idiots utiles qui croient lutter pour la libération des peuples.

    Урра ! Победа ! Les initiés et les locuteurs de russe comprendront.

    L’auteur collabore à la revue « Sans Frontières », la revue officielle de l’Institut franco-russe de Donetsk et du département français des sciences et techniques de l’Université nationale technique de Donetsk qui pour but premier le partage des cultures russe et française et le développement du Donbass.

    https://voxnr.com/48905/kiev-ou-moscou

  • La fin du califat de Daesh

    La proclamation du califat par l'Etat islamique le 29 juin 2014

    3034693255.pngPar Antoine de Lacoste

    La dernière ville tenue par Daesh en Syrie a été reprise par l'armée syrienne il y a quelques jours : elle s'appelle Abou Kamal et se situe le long de l'Euphrate, près de la frontière irakienne. Cet évènement n'a été, à de rares exceptions près, que peu souligné par les médias. Il est vrai que ces derniers ont traité la guerre en Syrie de façon assez particulière depuis son déclenchement...

    Pourtant, l'événement est d'importance.

    La proclamation du califat par l'Etat islamique le 29 juin 2014 a été un événement considérable car dans le monde musulman, le califat a une portée symbolique très forte. Il rappelle les grandes puissances que furent les califats de Damas, de Bagdad, du Caire et bien sûr le califat ottoman tout au long des siècles. Age d'or de l'islam, parfois très amplifié, mais qui continue à séduire et à susciter des engagements fanatiques comme l'a prouvé la guerre en Syrie.

    Ce vieux rêve d'une unification musulmane qui abolit les frontières, héritage pour beaucoup de la colonisation occidentale, a repris corps lorsque Abou Bakr al-Baghdadi a proclamé le califat et exigé un serment d'allégeance des musulmans du monde entier.

    Cet acte symbolique a eu un retentissement tel que des dizaines de milliers de volontaires sont venus en Syrie accomplir un devoir considéré comme sacré, car prélude à la conquête mondiale du monde par l'islam.

    Les islamistes syriens se sont pourtant divisés sur cette question. Une partie des militants d'Al Nosra, affiliés alors à Al Quaida, étaient hostiles à cette proclamation car ils pensaient qu'une concrétisation territoriale avant la victoire en Syrie ne pourrait qu'aider le régime. En effet, un acte aussi symbolique risquait de faire basculer beaucoup d'indécis sunnites dans le camp de Bachar.

    C'est en effet ce qui s'est passé tant la perspective de vivre sous la loi de l'Etat islamique était peu attrayante pour l'élite sunnite syrienne qui s'était toujours accommodée du régime alaouite.

    Elle a également renforcé la volonté des alliés de la Syrie, Iran et Hezbollah libanais en tête, de ne pas laisser les islamistes sunnites gagner la guerre. La perspective de se retrouver avec un califat islamiste à leurs portes ne les enchantait pas vraiment...

    En suscitant des milliers de volontaires caucasiens, elle a également aidé à l'intervention russe, guidée par bien d'autres raisons il est vrai. Mais la perspective de pouvoir éliminer l'élite islamiste tchétchène, ouzbeke ou turkmène a intéressé Poutine comme il l'a lui même déclaré.

    Et pourtant l'Etat islamique a failli gagner : si la France et les Etats-Unis avaient effectivement bombardé la Syrie comme François Hollande et ses conseillers en rêvaient en août 2013, nul doute que cela aurait accéléré la déliquescence d'une armée syrienne assez démoralisée.

    Al Nosra, d'où sont issues les forces vives de Daesh, était alors le mouvement islamiste le plus puissant et la proclamation de l'Etat islamique aurait pu se faire non à Raqqa mais à Damas...

    Mais aujourd'hui Daesh est vaincu et il faut saluer cette bonne nouvelle.

    Il faut la saluer mais il ne faut pas se faire d'illusion : de nombreux militants de l'Etat islamique sont dans la nature et, pour certains, déjà en Europe.

    De plus, Al Nosra a profité des derniers mois exclusivement consacrés à la lutte contre Daesh pour se renforcer. Ce mouvement a beau s'appeler maintenant Fatah al Cham et ne plus être affilié à Al Quaida, il est exactement le même et ses militants sont aussi sanguinaires que ceux de Daesh. Seule la question tactique divisait ces deux organisations.

    Les Syriens sont encore loin d'en avoir fini avec les islamistes.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Les paroles d'un vrai chef, d'un vrai État, ayant remporté une vraie victoire

    et ayant vraiment respecté le droit international dans l'engagement de ses forces au profit d'un État souverain. Simple, concis. On ne fera pas de comparaison.

    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Haj Qassem Soleimani aux USA : Quittez la Syrie, sans quoi les portes de l’enfer s’ouvriront

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    Des sources bien informées affirment que le commandant du Corps des gardiens de la révolution, le brigadier général Haj Qassem Soleimani, a transmis, par l’entremise de la Russie, une missive verbale à l’intention du commandant en chef des forces américaines en Syrie, lui conseillant de retirer ses troupes jusqu’au dernier soldat, « sans quoi les portes de l’enfer s’ouvriront ».

    « Mon message au commandement militaire américain est le suivant : quand la lutte contre Daech (le groupe armé État islamique) prendra fin, la présence d’aucun soldat américain ne sera tolérée en Syrie. Je vous conseille de partir de votre propre chef, sans quoi vous serez forcés de le faire », a déclaré Soleimani à un officier russe. Soleimani a demandé au Russe responsable d’exposer la position iranienne à l’endroit des USA : leurs troupes seront considérées comme une armée d’occupation s’ils décident de rester dans le Nord-Est de la Syrie, où des Kurdes et des Arabes cohabitent.

    Les Russes ne s’opposent pas à la présence américaine et peuvent s’adapter une fois établies des lignes de démarcation pour éviter tout conflit. Mais l’Iran a une position claire et ne veut pas laisser le président syrien seul face aux forces armées américaines si elles restent sur place.

    La lettre de Soleimani aux USA énonce clairement la promesse de « mesures surprises » contre les USA : « Vous serez confrontés à des soldats et à des forces que vous n’avez jamais connus jusqu’ici en Syrie et vous quitterez le pays tôt ou tard. »

    La Russie a transmis aux USA l’intention de l’Iran de rester en Syrie tant que le président Assad le voudra, lui qui affirme avec force sa volonté de libérer l’ensemble du territoire de toutes les forces armées sans exception. La Russie a confirmé aux USA qu’elle n’avait pas l’intention d’accorder un soutien aérien à l’Iran et à ses alliés en cas d’attaque contre les forces américaines. Du point de vue de la Russie, le conflit entre l’Iran et les USA ne la concerne pas et n’est pas au centre de ses préoccupations.

    Mike Pompeo, le directeur de l’agence centrale de renseignement des USA, a dit la semaine dernière qu’il a envoyé une lettre à Soleimani, pour exprimer ses inquiétudes au sujet de l’intention de l’Iran de s’en prendre aux intérêts américains et « qu’il tiendra Soleimani et l’Iran responsables de toute attaque en Irak ».

    Mohammad Mohammadi Golpayegani, un des principaux adjoints du grand ayatollah Ali Khamenei, a confirmé que Pompeo a tenté de remettre une lettre, en précisant que « Soleimani a refusé de la lire ou de la prendre parce qu’il n’avait rien d’autre à ajouter ».

    Des sources dans la région affirment qu’il se pourrait que les groupes kurdes actifs à Hassaké et fidèles au gouvernement de Damas deviennent le fer de lance des combats contre les forces américaines. Bon nombre de ces groupes sont demeurés loyaux à la Syrie. Ils rejettent toute présence d’une force occupante sur leurs terres et toute partition du pays.

    Hassaké 2018 n’est pas sans rappeler les événements de 1983, lorsque des centaines de « marines » américains et de parachutistes français ont été tués à la suite du double attentat suicide perpétré par des islamistes à Beyrouth. La force multinationale était considérée comme hostile et non comme une force de maintien de la paix et a été poussée à quitter le Liban à la hâte à la suite de cette attaque. L’avenir pourrait bien reproduire ces événements passés.