Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 455

  • L'organisation islamique qui valait 3 milliards

    6a00d83451619c69e20224e034d9ff200d-800wi.jpgLe groupe Etat islamique possèderait 3 milliards d'eurosselon les dernières estimations des services de renseignement. Une somme qui fait de cette organisation terroriste la plus riche que l'on ait jamais connue.

    Daech aurait fait sa fortune en confisquant des biens, des amendes distribuées par les tribunaux islamiques et en réinvestissements. L'EI aurait amassé cet argent en trois ans alors que le Califat a exploité le nord de l'Irak et de la Syrie où le pétrole est très présent. L'organisation aurait alors empoché près d'une centaine de millions de dollars par an. Une somme à laquelle il faut ajouter le grenier agricole : 40% de la production céréalière de l’Irak et 80% du coton syrien. Après avoir confisqué les terres agricoles, les terroristes ont récolté pour plus d'un milliard et demi d'euros. Les logements et les voitures également confisqués ont été redistribués aux djihadistes étrangers. Cet argent a été largement réinvesti dans des affaires parfaitement légales avec notamment l’achat de fermes piscicoles qui élèvent des carpes en Irak. L'EI a également investi au Proche Orient et en Turquie.

    70 pays sont réunis en ce moment à Paris pour assécher les ressources de Daech et d'al-Qaida. «No money for terror» (pas d'argent pour le terrorisme) est le titre de la réunion, qui a commencé mercredi et se poursuivra ce jeudi dans les locaux de l'Organisation de coopération et de développement économique à Paris.

    Il reste à connaître le rôle exact joué par le Qatar et l'Arabie saoudite dans ce financement.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Trump - Macron : accords et désaccords - Journal du Mercredi 25 Avril 2018

  • LE PRIX DE L’OR N’ATTEND PLUS QUE LE KRACH POUR EXPLOSER !

    prix-lingot-d-or-45.jpg

    Marc Rousset

    Lors d’un discours devant le Global Entrepreneurship Congress à Istanbul, Erdoğan a rappelé une suggestion qu’il avait faite au G20 : « Pourquoi tous les crédits sont-ils libellés en dollars ? Utilisons une autre devise. J’ai suggéré d’utiliser l’or. » Erdoğan pressent, en fait, le rôle à jouer de l’or qui, inéluctablement, remplacera un jour le dollar en tant que seule valeur crédible reconnue dans les réserves monétaires des grandes devises internationales : dollar, euro – s’il n’éclate pas -, yen et surtout yuan chinois.

    Le yuan se positionne actuellement pour devenir une monnaie de référence, en remplacement partiel ou total du dollar, en s’adossant à l’or dans un avenir plus ou moins proche. Quant aux traders, aux fonds spéculatifs (hedge funds), à Goldman Sachs & Co, ils achètent d’ores et déjà de plus en plus d’or comme valeur refuge. Le nombre de contrats sur le marché du COMEX est passé de 14 millions, au premier trimestre 2016, à 23 millions au premier trimestre 2018.

    Il est bien connu, également, que les banques centrales d’Allemagne et de Hongrie viennent de rapatrier dans leur pays une grande partie de l’or détenu en France, en Angleterre ou aux États-Unis, tandis que la Russie et la Chine augmentent de plus en plus le montant de leurs réserves en or.

    Autre signe, Alexander Mooney, issu du Tea Party, a déposé tout récemment au Congrès le projet de loi H.R.5404 prévoyant le retour à l’étalon-or pour les États-Unis, afin d’empêcher la Fed et les banques centrales de faire fluctuer à leur guise le montant de la masse monétaire. Il a même écrit un éditorial, dans le Wall Street Journal, comme quoi le système de référence devait être celui du XIXe siècle avec sa croissance record et son inflation nulle entre 1834 et 1913. Ce projet de loi n’a aucune chance d’être adopté, mais il a le mérite de soulever les problèmes du prix de l’or manipulé par les banques centrales, de sa réévaluation et de l’étalon-or.

    Tobias Adrian, conseiller financier du FMI, vient de déclarer lors de la présentation du Global Financial Stability Report : « La route qui se présente devant nous s’annonce cahoteuse, avec les risques associés à une hausse des taux d’intérêt, une volatilité élevée des marchés et une escalade des tensions commerciales. » Quant à Vítor Gaspar, directeur du département des finances publiques du même FMI, il considère que « la réforme fiscale [de Trump] et l’accord budgétaire de deux ans avec le Congrès vont creuser les déficits américains de 1.000 milliards de dollars sur les trois prochaines années, soit plus de 5 % du PIB. La dette publique passera de 108 % du PIB en 2017 à 117 % en 2023. » Christine Lagarde, elle, met en garde la Chine sur le risque d’endettement des « initiatives de la route de la soie ».

    En Europe, les banques centrales détiennent une trop grande partie de leurs dettes nationales souveraines. La Banque de France détient un peu moins de 20 % de la dette négociable de l’État, alors que le pourcentage n’était que de 5 % en 2014. Malgré l’euro, tout se passe comme si la Banque de France continuait à financer directement le déficit de l’État français – signe de début de banqueroute. Les faucons ont pris les rênes de la BCE tout comme celles de la Fed aux États-Unis, ce qui signifie la fin de l’accroissement des masses monétaires et l’augmentation à venir des taux d’intérêt.

    La confiance perdure aujourd’hui sur les marchés, mais elle diminue suite à l’avertissement sans frais de début 2018, et pour combien de temps encore ? Les cygnes noirs sont revenus provisoirement dans leur nid, mais tout est en place pour qu’à la moindre étincelle, un krach se produise d’ici deux ans au plus tard, avec à la clé une explosion du prix de l’or.

  • Que reste-t-il de Daesh en Syrie ?

    Syrie: le camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas

    3034693255.pngPar Antoine de Lacoste

    L’Etat islamique est vaincu. Il a subi des pertes considérables et de nombreux volontaires venus de pays étrangers sont repartis. Certains vers leurs pays d’origine, d’autres vers de nouveaux points de conflits : Afghanistan, Mali, Libye.

    Ceux qui sont encore présents en Syrie tiennent quelques poches d’où ils parviennent à mener des raids meurtriers.

    La plus emblématique, et la plus restreinte, est celle de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. A  l’origine c’est un camp de réfugiés palestiniens. Lorsque ces derniers ont été chassés de leurs terres en 1948, plusieurs dizaines de milliers ont trouvé refuge là. Au fil des décennies il est devenu une vraie ville comptant 250 000 habitants.

    Yarmouk a vu de nombreux combats depuis 2011 entre Palestiniens, islamistes et armée syrienne. Finalement, en 2015, c’est Daesh qui l’a emporté contre Al Nosra et les islamistes palestiniens, l’armée syrienne ne tenant plus qu’une partie du camp aidée par des palestiniens loyalistes.

    Depuis, c’était le statu quo. Il a été rompu lors de l’attaque syrienne contre la Ghouta. Daesh a profité du relâchement de l’armée dans son secteur pour attaquer de nouveaux quartiers faisant plusieurs victimes et étendant son territoire.

    Maintenant que la Ghouta a été vaincue, la reconquête de Yarmouk est à l’ordre du jour. Des troupes ont été déployées à proximité depuis quelques jours et seront épaulées par des Palestiniens bien décidés à prendre leur revanche. Ce ne sera pas facile tant le réseau de tunnels creusés par Daesh est dense et profond.

    Tout en pilonnant les positions islamistes depuis le 21 avril, Damas a ouvert des négociations afin d’obtenir une évacuation qui lui éviterait de lourdes pertes.

    Le deuxième territoire tenu par Daesh est plus vaste et plus mouvant. Il se situe tout à fait à l’est, à la frontière avec l’Irak. C’est une zone désertique, mais le terrain y est accidenté, permettant les caches. Nous sommes à l’est de l’Euphrate, là où l’armée américaine s’est installée avec ses alliés kurdes. Cela permettait aux Américains de combattre Daesh et de mettre la main sur les puits de pétrole syriens…

    Mais depuis que les Turcs ont attaqué les Kurdes à Affrine, ceux-ci, mécontents du lâchage des Américains, ont, pour beaucoup, quitté la région et rejoint leurs frères dans le nord afin les aider en cas de nouvelle attaque turques. La lutte contre Daesh a donc quasiment cessé, lui permettant de se réorganiser et de se déplacer à cheval sur les deux frontières. Malgré cela, les Américains interdisent toujours à l’armée syrienne de passer l’Euphrate pour le plus grand bonheur de Daesh qui s’est même permis une attaque éclair contre la ville de Mayadin il a quelques jours.

    Quelques centaines de combattants de Daesh se déplacent également dans le désert entre Palmyre et Mayadin, sans constituer un réel danger pour l’instant.

    L’Etat islamique constitue donc encore une menace et la libération de Yarmouk est donc incontournable. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/04/24/que-reste-t-il-de-daesh-en-syrie-6045914.html

  • « FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

    Duginddddddddd.jpg

    COMPTE RENDU ANALYTIQUE: « FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

    Philosophe, professeur, politologue, sociologue, idéologue, Aleksandr Dougine aime brouiller les pistes. Dans ses « Fondements de géopolitiques », somme de 600 pages paru en 1997, il revient sur un siècle de théorie géopolitique et propose une analyse programmatique de ce que devrait être l’orientation stratégique russe dans une perspective résolument « néo-eurasiste ». Il concerne ainsi plus de 13 chapitres non seulement à la Russie, mais aux pays constituant sa périphérie immédiate, destinés dans l’optique de Dougine à faire partie d’un bloc eurasiatique sous influence russe. Ces thèses, appuyées sur une lecture manichéenne du monde inspirée entre autre de Carl Schmitt, font l’objet de vives inquiétudes occidentales depuis l’annexion de la Crimée et le conflit à l’Est de l’Ukraine.

    LA RUSSIE, SON ESPACE ET L’EURASIE SELON DOUGINE

    L’homme, décrit dans les médias russes comme « l’idéologue du néo-eurasisme » 1, adhère très tôt à des courants extrémistes marginaux, dès la fin des années 80, telle l’organisation russe anti-sémite, Pamyat 2 créée dans l’illégalité en 1984 puis médiatisée durant la Glasnost à l’occasion de manifestations dénonçant le complot juif international et le sionisme. Dougine est également membre du cercle secret Yuzhinsky 3, crée dans les années 1960, composé d’intellectuels versés dans le mysticisme, le paganisme et le fascisme. Au gré des bouleversements politiques de la Russie de l’après-URSS et de ses relations avec l’appareil politique et le milieu intellectuel, Alexandre Dougine enrichit son discours initialement nationaliste et développe une version d’extrême droite d’une idéologie présente depuis le XIXème siècle dans le paysage intellectuel russe, l’eurasisme. Ce néo-eurasisme consiste “à s’appuyer sur une commune conception de l’identité russe et de son destin impérial : les peuples vivant sur le territoire de l’entité eurasienne appartiennent à une seule et même communauté de destin, leur unité est fondée sur l’alliance turko-slave ainsi que sur le rejet de l’Occident » selon la définition proposée par Marlène Laruelle 4.

    Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe se taille la part du lion.

    La théorie géopolitique de Dougine, novatrice selon son auteur, puise pourtant ses sources dans l’histoire intellectuelle européenne et russe du 19ème et du 20ème siècle. Il convient de souligner que la géopolitique russe ne s’est pas fondée sur les sciences politiques, géographiques ou stratégiques mais sur l’histoire et principalement la philosophie 5 d’où la prédominance dans l’ouvrage d’Alexandre Dougine et bien d’autres, de concepts tels que les « facteurs de civilisations » (présents chez Danilevski et plus tard chez Spengler dans «Le Déclin de l’Occident»). 

    L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe

    Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe s’y taille la part du lion. Cette « spécificité russe » a été pensée dès le début du XIXème par ceux qui à l’époque de la Russie tsariste se qualifiaient de « slavophiles ». Opposés à l’idée, défendue par les intellectuels « occidentalistes », selon laquelle l’imitation de l’Occident serait un facteur de progrès, les slavophiles, issus de différentes disciplines, ont cherché à démontrer que la Russie a une trajectoire historico-politique propre, qu’en raison de sa dimension eurasiatique et de sa proximité avec l’univers de la steppe on ne peut la comprendre à l’aide des grilles d’analyse purement occidentales. Cette spécificité russe, d’aucuns comme Lev Gumilev 6 l’ont expliquée par des facteurs naturalistes ; d’autres comme Alexandre Panarin 7 privilégient l’explication culturaliste. Ainsi, en raison de ses filiations idéologiques complexes et de ses nombreux référents culturels, l’eurasisme peut simultanément prendre la forme d’une philosophie, une conception du monde, une politique ou une doctrine. Le néo-eurasisme de Dougine en reprenant cette tradition – qui a pu prendre souvent la forme d’une pensée de la « troisième voie » entre occidentalisme et slavophilie, comme le rappelle Jeffrey Mankoff 8– et en la mâtinant d’une idéologie décadentiste aux accents fascistes l’amène à ses conclusions les plus extrêmes, justifiant comme nous allons le voir une stratégie géopolitique d’influence à peine voilée.

    russieeurasie-A.jpg

    LA RUSSIE ET SON ESPACE SELON DOUGINE

    « Rassembler l’Empire »

    Elaboré dans le contexte de détresse sociale et économique post-soviétique qu’à connu la Russie dans les années 1990 9 le courant néo-eurasiste d’Alexandre Dougine reprend à son compte l’idéologie impérialiste russe du 19ème siècle pour « rassembler un nouvel Empire : l’Eurasie » « ni nation-état, ni pouvoir régional » (p.96) car « la Fédération de Russie n’est pas un Etat russe 10 …n’est pas un Etat historique, ses frontières sont aléatoires, ses marqueurs culturels vagues» (p.103).

    Rappelons ici que la Russie n’a connu de puissance internationale que sous la forme « impériale » : tsariste ou soviétique et qu’il est difficilement concevable, chez de nombreux penseurs russes, d’imaginer une autre forme de rayonnement ou de « participation à la civilisation » (p.112) autrement que sous cette forme. L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe, et ce dès le début de l’expansion de la Moscovie, au XVIème siècle à travers le territoire eurasiatique.

    Lire la suite sur Euro-Synergies

  • Macron aux Etats-Unis :”I will make France great again” - Journal du Lundi 23 Avril 2018

  • Les chrétiens d’Orient critiquent le bombardement de la Syrie

    Trump-Syrie-600x451.jpg

    Jean X, patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et tout l’Orient, Ignace Ephrem II, patriarche syriaque-orthodoxe d’Antioche et tout l’Orient, et Joseph Absi, patriarche grec-melkite catholique d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem ont condamné et dénoncé ce qu’ils appellent une agression brutale, le 14 avril, contre la Syrie par les Etats-Unis, la France, et le Royaume-Uni selon les allégations de recours aux armes chimiques par le gouvernement syrien.

    Voici les principaux éléments de cette déclaration :

    Nous élevons nos voix pour affirmer ce qui suit :

    1. Cette agression brutale constitue une violation manifeste des lois internationales et de la charte des Nations Unies, car il s’agit d’une agression injustifiée contre un pays souverain, membre de l’ONU.

    2. Nous souffrons de constater que ces bombardements aient été perpétrés par de puissants pays auxquels la Syrie n’a causé aucun préjudices d’aucune sorte.

    3. Les allégations des États-Unis et d’autres pays selon lesquelles l’armée syrienne utilise des armes chimiques et que la Syrie est un pays qui possède et utilise ce type d’arme, sont injustifiées et non étayées par des preuves suffisantes et claires.

    4. Le calendrier de cette agression injustifiée contre la Syrie sape le travail de la Commission d’enquête internationale indépendante, sur le point de se rendre en Syrie.

    5. Cette agression brutale détruit les chances d’une solution politique pacifique et entraîne une escalade de la violence et davantage de complications.

    6. Cette agression injuste encourage les organisations terroristes et leur donne un élan pour poursuivre leurs actes barbares.

    7. Nous demandons au conseil de sécurité de l’organisation des Nations Unies de jouer son rôle en apportant la paix au lieu de contribuer à l’escalade des guerres.

    8. Nous appelons toutes les églises des pays qui ont participé aux frappes, à remplir leurs devoirs chrétiens, selon les enseignements de l’Évangile, à condamner cette agression et à appeler leurs gouvernements à s’engager dans la protection de la paix internationale.

    9. Nous saluons le courage, l’héroïsme et les sacrifices de l’armée arabe syrienne qui protège courageusement la Syrie et assure la sécurité de son peuple. Nous prions pour les âmes des martyrs et la guérison des blessés. Nous sommes convaincus que l’armée ne s’inclinera pas devant les agressions terroristes externes ou internes ; elle continuera à lutter courageusement contre le terrorisme jusqu’à ce que chaque centimètre de la terre syrienne soit purifié du terrorisme. Nous saluons également la position courageuse des pays alliés de la Syrie et de son peuple.

    Pour lire, la déclaration intégrale, c’est par ici

    https://fr.novopress.info/

  • « La Chine constitue aujourd’hui un modèle intéressant à observer sinon à imiter » (entretien avec Robert Steuckers – 3e partie)

    Europe Maxima Dans le dernier tome « L’Europe, un balcon sur le monde », vous ouvrez la perspective européenne sur le reste du monde. Il fut un temps où l’Europe dominait le globe. Dorénavant on pourrait presque dire l’inverse. La multipolarité est-elle vraiment un avantage pour l’Europe ? L’opposition Nord – Sud n’est pas pour autant caduque…

    Robert Steuckers : Ne nous faisons pas d’illusions. La domination véritable de l’Europe sur le reste du monde n’a été que de courte durée. Je dirais qu’elle a duré de l’installation des Anglais à Aden jusqu’à leur départ des Indes en 1947. Soit à peu près 124 ans, le huitième d’un millénaire. Jusqu’à la mainmise totale des Anglais sur les Indes en 1847, année où Victoria devient « Impératrice », les grands pôles économiques de la planète sont l’Inde et la Chine, qui valent à elles deux plus de 35 % de l’économie mondiale. Le XIXe siècle voit le triomphe, en Europe, d’une révolution industrielle basée sur le charbon et l’acier, puis, dans la première décennie du XXe, sur le pétrole, qui sera d’abord américain, caucasien (donc russe) ensuite, puis, finalement moyen-oriental (iranien et arabe-saoudien). Nous assistons à un ressac économique de l’Europe, malheureusement accompagné d’un déclin moral sans précédent, qui fait de nous la risée de la planète : libéraux, soixante-huitards, maniaques du sociétal et du gendérisme contribuent à rendre ce qui reste de notre civilisation complètement ridicule et aberrant. Bon nombre de peuples non européens rejettent à juste titre ce pandémonium et nous couvrent de leur mépris. La haine du Blanc est aussi (mais pas seulement) la haine envers un homme qui a profondément et ridiculement dégénéré, ce que l’on n’attendait pas du tout de lui, à qui on reproche désormais de nier les assises du réel social, biologique, ontologique. Certes la haine due au ressentiment, à un sentiment d’infériorité mal placé, existe aussi mais elle n’osait pas, jusqu’ici, s’exprimer avec la même frénésie. Le déclin de l’Europe est bien sûr tributaire des effets désastreux des deux guerres mondiales, avec les épouvantables saignées qui en ont découlé et que l’on repère dans une France qui a dû faire appel très tôt à des immigrations non européennes, dans une Allemagne où le ressac démographique atteint des proportions très inquiétantes, dans une Russie qui ne s’est jamais vraiment remise des pertes humaines du communisme et de la guerre de 1941-1945. Moralement, nous assistons à une implosion de la civilisation européenne. Paul Valéry, Thomas Mann (dans La montagne magique), Christopher Isherwood (qui a décrit le Berlin décadent sous la République de Weimar) et bien d’autres encore ont observé les premiers balbutiements de cet effondrement. Après la Seconde Guerre mondiale, les services américains vont induire, par les médias, le cinéma, certaines revues, une junk culturedécadente, dans le but à peine dissimulé était d’affaiblir l’Europe et de l’empêcher à jamais de retrouver ses lustres d’antan. Ce travail de sape va s’effectuer sur deux tableaux, d’une part, une culture de frivolités et de distraction totale pour empêcher élites et classes populaires d’avoir une pensée véritablement politique, au service de la Cité et du long terme, et d’autre part, une culture de la culpabilité et de la repentance pour empêcher ces mêmes catégories sociales de poursuivre la trajectoire éternelle de leur histoire propre, en les amenant à juger celle-ci toujours imparfaite et toujours criminelle.

    La multipolarité est, dans ce cadre, une revendication d’autonomie de la part d’autres grandes puissances ou de quelques puissances régionales dites émergentes, aujourd’hui essentiellement russe et chinoise (puisque l’Europe est hors du jeu sous la double chape de cette junk culture et de cette culture de la repentance). Cette revendication d’autonomie conteste aux États-Unis le droit de gérer seuls la planète et de promouvoir uniquement leur ordre du jour dans les affaires de tous les continents. À terme, cette revendication de multipolarité, à laquelle l’Europe devrait participer, vise la juxtaposition pacifique d’entités s’assimilant à des empires ou des « grands espaces » selon la conception de Carl Schmitt, lequel définissait, tout comme son disciple Bernhard Willms, le monde comme un pluriversum et non un universum, ainsi que le voulait le Président presbytérien Woodrow Wilson, l’homme politique américain dont Schmitt a toujours vivement contesté les visions et cela, dès le début de son itinéraire intellectuel dans les années 1920.

    Quand vous parlez de la résilience de l’« opposition Nord – Sud », je suppose que vous évoquez le terrible problème des immigrations africaines en Europe, accentué davantage encore depuis l’effondrement total de la Libye du Colonel Khadafi, suite aux prises de décision les plus calamiteuses de l’histoire récente, notamment dans la tête du Président bling-bling Nicolas Sarközy. Cette « opposition », comme vous dites, doit être regardée sous deux angles :

    1) elle est possible uniquement parce que l’installation de tous les migrants imaginables est désormais possible et financièrement avantageuse pour eux, sans que ne soit pratiquée une discrimination positive et qualitative à l’égard de ces migrants, et sans une évaluation objective, et très stricte, de l’utilité sociale de cette installation massive. Un filtrage restrictif serait utile, justement sur base de la possible utilité sociale que pourrait éventuellement revêtir le migrant. Toute installation sauvage, comme cela se passe aujourd’hui, est à proscrire;

    2) la politique des portes ouvertes, préconisée par les médias dominants, les bonnes consciences (que Hegel appelait les « belles âmes » dans des textes incisifs que l’on ferait bien de relire, surtout à gauche de l’échiquier politique conventionnel), est ni plus ni moins qu’un instrument des réseaux dominés par Washington pour noyer l’Europe dans une population qui ne dépend, finalement, que des allocations sociales, généreusement distribuées depuis les « Trente Glorieuses », devenues bien vite les « Quarante Piteuses ». Comme on l’observe dans l’Allemagne de Merkel depuis 2015, quand les portes se sont ouvertes toutes grandes aux flots de migrants en provenance de partout et de nulle part, le magnifique édifice du système allemand de sécurité sociale s’est lézardé dangereusement, avec un nombre croissant et finalement assez impressionnant d’Allemands, surtout des retraités ou des jeunes ménages (ce qui est très grave démographiquement parlant), qui plongent tous dans une effrayante précarité. En France, cet afflux massif, sans réelle utilité sociale, empêche les pouvoirs publics de s’occuper des régions périphériques, qui plongent dans une récession très inquiétante. On reste pantois en constatant que les partis politiques dominants, sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, œuvrent aujourd’hui à détruire totalement les systèmes de sécurité sociale qu’ils ont édifiés jadis, à la suite de longs combats, menés par des militants socialistes ou JOCistes exemplaires, dont le travail est allègrement trahi et dont les bénéficiaires potentiels sont grugés sans vergogne.

    Sans même mentionner les budgets démesurés que les pays européens vont devoir consacrer au maintien de l’ordre dans leurs villes suite à ces immigrations incontrôlées, celles-ci entraîneront un gonflement démesuré des frais sociaux, des allocations familiales et de substitution et des nouveaux logements sociaux à construire en lisière des grandes villes. Donc ces migrations, socialement et économiquement inutiles, même si elles ont été tolérées au départ par les principes généreux des socialistes et des jocistes, ont pour but politique, non pas d’assimiler des populations africaines, moyennes-orientales ou autres, au nom d’un eudémonisme éclairé ou caritatif, mais de lester les budgets des États européens afin qu’ils n’investissent plus dans un enseignement de qualité, dans la recherche et le développement en hautes technologies (satellites, nanotechnologie, avionique de pointe, télécommunications, etc.) et surtout pour qu’ils ne développent plus leurs forces armées, dont les budgets et les effectifs sont, en effet, constamment réduits. Nous déboucherons alors très vite, si ce n’est déjà fait, sur la ruine de l’État napoléonien ou clausewitzien ou encore gaullien, bâti sur le principe romain du Si vis pacem, para bellum. Et sur la ruine de l’État-Providence, construit par les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, depuis la Deuxième Internationale et depuis l’encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII.

    Les médias, qui, en bout de course, finissent toujours par reprendre des mots d’ordre préalablement lancés par des officines médiatiques américaines, habilement téléguidées par les services spéciaux, favorisent cette immigration massive et inutile, non pas pour pratiquer une politique d’assimilation ou pour concrétiser un programme charitable basé sur l’importante vertu éthique et politique qu’est la générosité, mais pour torpiller tous projets européens dans les domaines cruciaux que sont le développement technologique et les forces armées. À cause des budgets nationaux déséquilibrés par l’hypertrophie subite et inattendue du social, les investissements impératifs, pour toute entité politique vivante, sont impossibles à réaliser. Le mixte idéologique, couplant gauchisme sociétal et néolibéralisme, et les immigrations massives sont des armes de quatrième génération pour paralyser le seul « grand espace » qui pourrait réellement défier Washington en tant qu’unique superpuissance, soit en s’autonomisant soit en forgeant des alliances conditionnelles avec des puissances petites et grandes de son environnement eurasien immédiat.

    Europe Maxima : La Chine pèse dorénavant dans l’équation économico-politique mondiale. Où la situeriez-vous parmi les forces en présence ?

    Robert Steuckers : La Chine, qu’on le veuille ou non, qu’on le déplore ou non, constitue aujourd’hui un modèle intéressant à observer sinon à imiter. On dit, notamment en Allemagne avec le sinologue Aust, qu’elle doit sa renaissance à la réactivation des principes de Confucius, après la parenthèse communiste et maoïste. Cette affirmation est évidemment exacte, Confucius, d’après la thèse de Karl Jaspers sur les « périodes axiales de l’histoire », étant l’un de ces indépassables fondateurs de valeurs créatrices et consolidatrices de civilisations, qui ont émergé entre le VIIe et le Ve siècles avant l’ère chrétienne en Chine, en Inde, en Iran, en Palestine juive et en Grèce. Confucius a joué en Chine un rôle similaire à celui d’Aristote dans l’orbe hellénique, en proposant une vision réaliste et pragmatique des choses politiques, des res publicae. Yvan Blot a raison de nous rappeler, très souvent, que la lecture des œuvres d’Aristote est un impératif d’hygiène intellectuelle, surtout celles qui sont relatives à la politique et à l’éthique (dont l’indispensable Éthique de Nicomaque). Une Chine qui opère un retour aussi net à Confucius devrait être flanquée d’une Europe qui retournerait sans détours inutiles à la Politique d’Aristote et à son Éthique de Nicomaque. Car, il y a, pour notre sous-continent, la nécessité urgente de revenir aux humanités classiques, battues en brèche depuis l’avènement calamiteux des biblismes iconoclastes au XVIe siècle, qui ont été, avant tout, une révolte, profondément imbécile, contre le retour aux racines pré-chrétiennes de l’Europe grecque et latine. La Renaissance n’est pas autre chose que ce retour. Cet iconoclasme imbécile constitue la base première, la source idéologique initiale, de l’État profond américain et des hystéries destructrices du wahhabisme saoudien. Les adversaires principaux et secondaires de l’Europe classique s’articulent sur un dispositif idéologico-théologique qui cultive l’intention bien arrêtée de détruire tous les acquis de civilisation antérieurs à l’avènement de leurs faux prophétismes.

    Dans un tel contexte, la Chine, le Japon, l’Inde hindouiste (rassemblée derrière les étendards du BJP), constituent tous trois de puissants môles de résistance à toutes les théologies hostiles aux valeurs ancrées dans la profondeur temporelle ainsi qu’aux idéologies modernistes éradicatrices, en dépit de la terrifiante parenthèse communiste que la Chine a connue. Ces trois pôles non abrahamiques peuvent nous aider à nous débarrasser de toutes les scories théologiques et idéologiques qui se sont malheureusement incrustées dans notre psyché depuis les catastrophes du XVIe siècle et des guerres de religion en Europe occidentale et depuis les révolutions jacobines et communistes, qui se prétendaient « éclairées », pour mieux plonger l’Europe dans la confusion et dans l’horreur. De même, les principes confucéens, shintoïstes et védiques qui animent la Chine, le Japon et l’Inde actuels peuvent parfaitement constituer des antidotes à la piètre mixture de soixante-huitardisme, de néo-libéralisme et de gendérisme qui immerge nos sociétés occidentales dans la bouffonnerie la plus abjecte.

    Enfin, si la Chine de Xi Jinping est à nouveau confucéenne, elle est aussi inspirée par des théoriciens de la politique et de l’économie qui sont purement européens. Après les Guerres de l’opium, menées par le Royaume-Uni et la France contre la Chine impériale dans la première moitié du XIXe siècle, le Céleste Empire a connu un siècle de honte et d’humiliation, qu’il n’est pas prêt d’oublier. Marx a eu des disciples qui ont donné mauvaise réputation à son œuvre, dont les protagonistes de la « Révolution culturelle » dans la Chine maoïste et la fameuse « Bande des Quatre ». Le XIXe siècle allemand a toutefois révélé un autre penseur politique, bien plus important, et dont les retombées pratiques ont toutes été positives et incontournables. Je veux parler de Friedrich List, théoricien du développement économique et infrastructurel des nations, surtout celles qui étaient sur la voie d’un développement. List a préconisé le développement de la Zollunion allemande par la création d’un système de douane particulier et par la création de voies de communication ferroviaires. Tout à la fois sujet prussien et citoyen américain, List a préconisé le creusement de canaux entre les Grands Lacs du continent nord-américain et la côte atlantique pour acheminer vers les ports le surplus de blé cultivé dans le Wheat Belt, de même, il a proposé de relier par chemins de fer l’Atlantique au Pacifique, donnant aux États-Unis la puissance démultipliée que donne toute forme de bi-océanité. En France, il a proposé la « colonisation intérieure » du territoire. Ses idées n’ont pas manqué de séduire les mandarins clairvoyants qui entendaient sortir au plus vite du siècle de honte, imposé surtout par les Anglais. Les républicains chinois, qui arriveront au pouvoir à Pékin en 1911, ont eu des ministres et des hauts fonctionnaires qui avaient retenu la leçon de List. L’idée actuelle des routes de la soie est bel et bien un avatar contemporain de la pensée de List et de ses disciples chinois. Un projet listien pour le XXIe siècle !

    Certes, le phénomène connexe au néo-libéralisme qu’est la délocalisation des petites industries, dont les industries textiles et du jouet, par exemple, est un expédient qui a favorisé la montée de la Chine au détriment de notre petit tissu industriel localisé et disséminé sur l’ensemble de nos territoires nationaux. Si nous devons applaudir la Chine de Xi Jinping aujourd’hui, c’est pour le projet des routes de la soie. Si nous devons nous en méfier, c’est parce que nous devons absolument reconstituer chez nous notre petite industrie qui a été délocalisée à cause des élucubrations des théoriciens irréalistes du néo-libéralisme.

    Europe Maxima : Que pensez-vous du réveil de l’islam ? Adhérez-vous à la thèse du choc des civilisations ou avons-nous affaire, en fait, à une instrumentalisation des franges radicales de l’islam par certaines officines occultes ?

    Robert Steuckers : Je ne pense pas que l’hystérie fondamentaliste qui agite le monde islamique aujourd’hui soit un « réveil ». C’est une crise, un cri de colère face à une incapacité fondamentale et phénoménale de participer aux synergies fécondes des autres civilisations. Cette incapacité n’est pas un propre à la civilisation islamique puisque celle-ci, grâce à d’habiles et ingénieux syncrétismes, a pu, à certains moments-clés de l’histoire, atteindre des niveaux d’excellence incontestable et développer ce que d’aucuns nomment, un peu abusivement, des « Lumières » musulmanes (Islamic Enlightenment). Le terme est abusif car on ne peut transposer des phénomènes euro-occidentaux comme le Moyen Âge ou les Lumières dans des contextes civilisationnels différents. C’est là une importante leçon que nous ont léguée Oswald Spengler et son disciple tunisien Hichem Djaït. S’il n’y a pas eu de phénomènes entièrement assimilables aux Lumières ouest-européennes dans les autres civilisations, dont l’Islam, il y a eu, en revanche, des syncrétismes féconds, là-bas, qui ont donné des résultats positifs qui doivent être étudiés, analysés et imités, si cela s’avère utile. Or, les fondamentalismes wahhabites et salafistes qui font rage aujourd’hui dans le monde musulman et ont plongé la Syrie dans une horreur qu’elle ne méritait vraiment pas, rejettent avec véhémence les syncrétismes qui ont fait la gloire de bon nombre de phénomènes civilisationnels musulmanisés. Ce rejet sanctionne simultanément l’incapacité à se brancher sur d’autres excellences civilisationnelles et à se nourrir des acquis concrets d’autrui. Reproche que l’on peut évidemment adresser au fondamentalisme américain, incapable de reconnaître de l’excellence en dehors de ses messages étriqués.

    La vigueur des syncrétismes ne se vérifie pas seulement dans certaines phases de l’histoire de la civilisation islamique. Elle se vérifie également dans notre propre civilisation. La chevalerie européenne, qui fut vectrice de progrès organisationnels, notamment dans le chef des ordres hospitaliers, est un syncrétisme romano-germano-sarmate christianisé. Le thomisme est un syncrétisme helléno-chrétien qui restitue à Aristote toute la place qu’il doit avoir dans les vastes cités politiques, qu’elles soient nôtres ou autres (mais alors sous d’autres oripeaux, dont les oripeaux confucéens). En Islam, il y a eu des syncrétismes irano-islamiques ou aristotélo-islamiques : ceux précisément que les fondamentalismes salafistes veulent détruire de fond en comble aujourd’hui, tout en étant ouvertement ou secrètement alliés au puritanisme de l’État profond américain, désireux, lui, de détruire les racines vives de la civilisation européenne.

    Europe Maxima Nous serons d’accord que l’Europe ne pourra jamais incarner une troisième voie autonome tant qu’elle sera inféodée au bloc occidental. Comment pourrions-nous nous émanciper de cette tutelle ?

    Robert Steuckers : Est-il encore opportun de parler de « Troisième Voie » ? On en parlait, du temps où se dressaient le Rideau de Fer et le Mur de Berlin, séparant une orbe capitaliste d’un orbe où régnait le communisme. La « Troisième Voie » voulait biffer les aspérités du communisme, tout en proposant un socialisme solidariste et en cherchant à réduire les excès du capitalisme en régulant « corporativement » les instances productrices de l’économie, selon les théories suggérées par Proudhon, De Man, de Mun, Sorel, etc. Aujourd’hui, le communisme est mort. Il n’y a plus que le capitalisme sous le signe extrême du néo-libéralisme qui soit en piste en Europe, face à des « grands espaces » ou de petits pays qui optent parfois pour l’illibéralisme, en désirant gommer les aspects les plus déplaisants du néolibéralisme, les dérives folles du sociétal et les affres incapacitants de la repentance perpétuelle. La « Troisième Voie » d’hier est aujourd’hui une « Deuxième Voie », pluraliste et contextualisée, en révolte contre la volonté frénétique de vouloir tout universaliser. Les pays illibéraux adhèrent partiellement à cette « Deuxième Voie » alternative, en refusant l’alignement sur la pensée unique propagée par la superpuissance thalassocratique dominante, qui ne veut qu’un seul modèle économique, celui du néo-libéralisme. L’objectif est d’infléchir l’illibéralisme, réaction partielle et incomplète, vers une alternative plus radicale, dans le sens où l’adjectif qualificatif « radical » ne doit pas être confondu avec le qualificatif/substantif « extrémiste » car il indique une volonté de retour à ce qui relève des racines donc des profondeurs (temporelles et telluriques) de toute histoire particulière. La « Deuxième Voie » n’est pas aujourd’hui un corpus tout fait mais un corpus en gestation et en devenir qui vise l’érosion de toutes les pesanteurs, et demain de toutes les traces, de la « Première Voie » dominante. Dilthey, penseur allemand du XIXe siècle, disait que l’on ne pouvait définir que les formes mortes et que l’on ne pouvait jamais définir ce qui était vivant, en marche, en devenir. Une des faiblesses de notre mouvance métapolitique est de ne pas avoir suffisamment étudié les méthodes de Dilthey, héritier de Herder, précurseur de Spengler et de toutes les pensées organicistes du XXe siècle, au-delà même des excellences de la « Révolution conservatrice » allemande dont bon nombre d’entre nous se posent comme les seuls héritiers.

    Être inféodé au bloc occidental dominé par les États-Unis, c’est être inféodé à une puissance qui veut notre affaiblissement perpétuel comme l’explique aujourd’hui, en Espagne, le colonel Pedro Banos. Peut-on raisonnablement vouloir son affaiblissement perpétuel ? Sa déchéance ? Non, bien sûr. Seuls les fous veulent un tel état de choses (et ils sont hélas fort nombreux aujourd’hui au sein même de nos États…). Pour se dégager de cette inféodation, un front du refus est nécessaire, articulé entre tous les Européens au-delà des frontières étatiques et linguistiques. Ce front du refus, ce front de la rétivité générale comme j’ai déjà eu l’occasion de l’appeler, est une œuvre métapolitique d’envergure à laquelle pas un seul combattant métapolitique ne peut se soustraire. Elle peut se décliner sous de multiples formes, par exemple, en proposant par la parole et l’écrit une géopolitique alternative, en luttant de toutes les manières possibles et imaginables contre la fameuse junk culture, dénoncée par l’Américaine Suzanne Jacoby, en revalorisant tout ce qui est vernaculaire contre les habitudes universalistes de consommation alimentaire, de consommation culturelle, en boycottant systématiquement tous les produits venus d’outre-Atlantique (portables, voitures, ordinateurs, loisirs, boissons, parcs d’attraction …), en s’insurgeant contre les fusions industrielles et financières qui livrent des entreprises historiquement européennes à des cartels américains, en luttant contre toutes les injustices socio-économiques qu’entraîne le néolibéralisme, en revalorisant les héritages classiques européens dans l’enseignement et en littérature, en philosophie, en art. Il va de soi qu’il convient de militer, comme militaient les mouvements communistes des années 1950 jusqu’à l’affaire des missiles en Allemagne entre 1979 et 1982, contre l’OTAN, contre la participation de nos États aux opérations de l’OTAN, contre l’expansion de cette alliance contraire à nos intérêts, contre la présence de puissances non européennes dans cette organisation. En France, cela signifie un retour à la politique gaullienne de non inféodation. En Suisse, en Autriche, en Suède et en Finlande, cela signifie une volonté de demeurer des États neutres, non alignés. Le travail nécessaire pour se dégager de cette inféodation, qui nous mène à une mort lente mais en phase d’accélération rapide et de plus en plus imminente, est le plus important qui soit, le plus ample à parfaire.

    • Propos recueillis par Thierry Durolle

    • Réponses formulées à El Campello/Alicante, avril 2018.

    • Robert Steuckers, Europa, Éditions Bios, 2017, 75 € les trois + 5 € de port, tome I, « Valeurs et racines profondes de l’Europe », 338 p., 25 €; tome II, « De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale », 316 p., 25 €; tome III, « L’Europe, un balcon sur le monde », 342 p., 25 €.

    http://www.europemaxima.com/la-chine-constitue-aujourdhui-un-modele-interessant-a-observer-sinon-a-imiter-entretien-avec-robert-steuckers-3e-partie/

  • A Marseille : le Bastion social avec la Syrie de Bachar

    31143721_601930596832012_6128532909616791552_o.jpg

    Samedi après-midi des militants marseillais du Bastion social ont manifesté leur soutien à la Syrie baassiste en lutte à la fois contre l'islamisme terroriste et contre la coalition mondialiste menée par les Etats-Unis.

    31166882_476271146125606_2798486826195615744_n.jpg

    Ce fut aussi le cas à Lyon devant le consulat américain.

  • Un garçon de Douma révèle des détails sur le tournage de la vidéo sur «l’attaque chimique»

    Le garçon syrien Hassan Diab, présenté par les Casques blancs comme une personne touchée par la présumée attaque chimique le 7 avril à Douma, a raconté à un journaliste russe comment la vidéo sur «l’attaque» a été filmée.

    Il n’y a eu aucune «attaque chimique» à Douma, une banlieue de Damas, le 7 avril dernier et les personnes qui «auraient été touchées par un agent chimique» ont été invitées par les Casques blancs, a annoncé mercredi Hassan Diab, un garçon de 11 ans qui figurait dans la vidéo.

    «Nous étions dans un sous-sol. Maman m’a dit qu’il n’y avait rien à manger et qu’on mangerait demain. Nous avons entendu des cris dans la rue, on criait "Allez à l’hôpital". Nous avons accouru à l’hôpital et dès que j’y suis entré, on m’a attrapé et on a commencé à m’asperger d’eau. Ensuite, on nous a mis sur des lits à côté d’autres personnes», a indiqué le garçon à la chaîne de télévision Rossiya 24.

    Le correspondant de guerre de la chaîne, Evguéni Poddoubny, a noté qu’on avait obligé le garçon à tourner dans cette vidéo.

    Lire la suite sur Sputniknews