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géopolitique - Page 486

  • François Lenglet : « Les responsables de la crise : les élites mondialisées et leur libre-échangisme »

    Les prochaines échéances électorales seront dominées par les populistes, explique l’éditorialiste François Lenglet dans Tant pis ! Nos enfants paieront (Albin Michel), un livre où il retrace la généalogie de la profonde mutation idéologique en train de s’opérer, du libéralisme au protectionnisme.

    Vous expliquez que les inégalités entre générations n’ont jamais été aussi criantes. Est-ce un phénomène inédit ?

    C’est d’abord un constat. Pour la première fois dans l’histoire, les seniors profitent – malgré des disparités importantes – de revenus et de conditions de vie bien supérieurs à toutes les autres tranches d’âge. C’est une inversion inédite, observable dans la plupart des pays mais qui est plus marquée encore en France que chez nos voisins. Les grands bénéficiaires de cette inversion sont ceux qu’on appelle les « baby-boomers », nés dans les années 1940 et 1950.

    Cette génération s’est intégrée sans difficulté sur un marché du travail en pleine santé, grâce à la croissance exceptionnelle des Trente Glorieuses. Elle s’est enrichie en achetant à faible prix un patrimoine immobilier avec des créances remboursées en monnaie de singe, grâce à l’inflation. Elle a organisé un état-providence financé à crédit grâce auquel elle prend – ou prendra – une retraite dans des conditions de confort sans précédent.

    En quoi cela a-t-il un impact sur les générations suivantes ?

    Parce que les règles ont changé. Nicolas Sarkozy et François Hollande, nés au mitan des années 50, sont les meilleurs représentants de cette génération de favorisés qui a toujours su tirer profit de circonstances avantageuses. Faut-il expliquer autrement le changement radical d’environnement économique au début des années quatre-vingt ? Un renversement opéré sous l’impulsion de la banque centrale des états-Unis, bientôt imitée par la plupart des pays : on remonta d’abord les taux d’intérêts pour favoriser l’épargne et on désindexa ensuite les salaires des prix afin de juguler l’inflation, destructrice de dette.

    C’est ainsi que le modèle des Trente Glorieuses, fondé sur l’investissement, laissa la place au modèle actuel, fondé sur la rente et le capital. Depuis trente ans, les jeunes et les travailleurs doivent donc supporter non seulement leurs emprunts privés, mais aussi le poids de la dette publique qui n’a jamais été aussi élevée. Dette qui sert, en particulier, à financer la retraite, la santé et autres transferts à destination des seniors ! C’est tout le problème qui se pose actuellement dans la gestion des crises, particulièrement en Europe. On voit bien que la préoccupation principale est de préserver la valeur des dettes accumulées et, in fine, du capital.

    C’est le cas de la Grèce…

    La Grèce est un cas d’école d’erreur économique. Et d’erreur majeure… D’un côté, on lui interdit de s’endetter davantage et, de l’autre, sa compétitivité est structurellement obérée par une monnaie qui ne correspond pas à son niveau de spécialité. C’est dramatique. Les crises asiatiques ont été surmontés à l’aide de dévaluations qui ont fait baisser le coût des exportations, ramené la croissance et permis à l’économie de redémarrer en quelques mois. Rien de tel pour la Grèce qu’on maintient à tout prix dans la zone euro pour qu’elle s’acquitte de dettes… qu’elle est bien incapable de rembourser !

    Si la Grèce aurait intérêt à sortir de l’euro pour dévaluer sa monnaie, la solution ne pourrait-elle pas s’appliquer pareillement à la France ?

    L’histoire, le contexte, les économies ne sont pas comparables. Sortir de la monnaie unique ne résoudrait pas tous nos problèmes comme par magie. En France, les promoteurs d’une sortie de l’euro en font le préalable au financement d’un programme absurde de distribution généralisée et d’allocations en tout genre. Soyons sérieux. On ne répare pas le moteur d’une voiture en changeant les pneus ! En revanche, il est certain que l’euro a aggravé nos faiblesses.

    Quid des questions de compétitivité ou de la montée en gamme de notre économie ? L’union monétaire a été bâtie sur des illusions, sans tenir compte des déterminants de long terme de la croissance. Il est d’ailleurs de plus en plus probable que la zone euro ne subsiste pas telle qu’on la connaît. Des sorties, des changements de périmètre et d’organisation sont à prévoir à court terme. Mais la génération libérale qui l’a mise en place s’y accrochera, même si c’est au mépris de l’évidence. On l’a vu avec la Grèce.

    Sauf que les partis hostiles à l’Union et à la monnaie unique ont le vent en poupe. D’une façon générale, les positions protectionnistes, souverainistes, voire nationalistes, se multiplient…

    En effet, c’est d’ailleurs la thèse principale de mon livre. La prochaine présidentielle sera dominée par ceux qu’on appelle les populistes. C’est vrai pour la France, mais c’est le cas partout dans le monde et cela n’a rien d’étonnant. La crise financière a donné le sentiment que les règles de l’économie mondialisée n’étaient pas les mêmes pour les petits et pour les gros. La période de très forte mondialisation qui l’a précédée a accru les inégalités entre ceux qui profitent de l’ouverture, les plus qualifiés et les plus mobiles, et les autres, qui en subissent les conséquences en termes de revenu et d’emploi.

    Elle a créé des désordres, déstabilisant les communautés par une immigration incontrôlée sur laquelle se focalisent les peurs. Ajoutez à cette potion amère les attentats qui sont venus renforcer le sentiment d’insécurité générale et vous obtenez tous les ingrédients d’une très forte poussée de populisme. Populisme qui exacerbe le ressentiment des citoyens contre l’impunité dont semblent jouir les responsables de la crise : les élites mondialisées et leur libre-échangisme.

    D’aucuns prétendent que le phénomène n’est que passager. Est-ce votre sentiment ?

    Absolument pas. Les crises économiques et migratoires ont cristallisé une révolution idéologique progressive, comparable à celle déclenchée par le libéralisme il y a cinquante ans. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère idéologique où le besoin de protection est plus fort que le désir de liberté. Maints exemples en attestent. Je pense par exemple à l’usage des nouvelles technologies, hier symboles de la mondialisation et de l’ouverture au monde et aujourd’hui de plus en plus utilisées comme des outils de surveillance.

    Si l’on vous suit bien, vous nous annoncez le Front national au pouvoir ?

    Pas nécessairement. Généralement, les partis populistes cèdent le pas à partir du moment où les partis traditionnels comprennent les peurs qui sont à l’origine de leur extension. Ils s’approprient les thèmes populistes mais avec leur humanisme, ce qui change quand même la donne. C’est ce qui se passe au Royaume-Uni, avec la nouvelle orientation des Conservateurs. Teresa May a une très grande intelligence du Brexit et répond exactement au bon niveau pour couper l’herbe sous le pied des populistes.

    Ce n’est pas encore le cas sur le continent, d’où les scores énormes des populistes en France et, désormais, en Allemagne. Mais le corset craque de partout. Schengen explose. Que la Commission européenne mène une enquête sur Barroso est aussi le signe d’un changement d’époque, comme la récente polémique sur les travailleurs détachés, inimaginable il y a seulement cinq ans. Nous vivons actuellement l’exact contraire de la fin des années quatre-vingt qui, avec la chute du mur de Berlin, fut le sommet de la vague libérale et mondialisante portée par une génération de « baby-boomers » alors dans la maturité de son âge. D’autres générations montent aujourd’hui en puissance et elles n’ont pas les mêmes aspirations.

    Vous établissez un parallèle entre la situation actuelle et les années 30. L’histoire est-elle un éternel recommencement ?

    Il y a des récurrences, des phénomènes qui se reproduisent à intervalles réguliers et dans des formes relativement similaires. C’est le cas, grosso modo, tous les quatre-vingt ans, ce qui correspond à peu près à la durée d’une vie humaine. Comme si les mêmes erreurs étaient commises dès que les témoins de la catastrophe précédente n’étaient plus là. Même si l’intégralité du schéma n’est pas forcément réplicable, les similitudes sont frappantes entre la situation actuelle et la crise des années trente ou celle de 1873 : crise financière, longue période de stagnation, montée des populismes, reflux de la mondialisation, retour des frontières… Tout cela met vingt ans à se matérialiser. Le temps que la génération qui a créé les conditions de la crise quitte le pouvoir et soit remplacée par une autre.

    Le retour du protectionnisme, est-ce la fin de la mondialisation ?

    C’est plutôt le protectionnisme qui se mondialise ! On pense toujours que la mondialisation est un phénomène récent, linéaire et irréversible. Rien n’est plus faux. Nous sommes au cœur d’un processus démarré il y a 500 ans, qui connaît avancées et reculs. La première réaction à la mondialisation, dans une période de grandes découvertes à l’origine de fortunes inouïes, c’est la Réforme de Luther dont un texte très important est une critique féroce du commerce international. Libre-échange ou protectionnisme, il n’y a jamais de victoires définitives. En la matière, il n’y a pas de loi éternelle. L’un et l’autre progressent et régressent alternativement en fonction des époques, des intérêts nationaux et du degré de tolérance des peuples à l’ouverture. Or le nôtre, et c’est rien de le dire, est de plus en plus faible… 

    Tant pis ! Nos enfants paieront, de François Lenglet, éditions Albin Michel, 240 pages, 18€

    Entretien repris du numéro d’Octobre de Politique magazine. A commander ici pour 5€ seulement !

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Comment Poutine réduit le minotaure américain

    On assiste depuis trois ans à un définitif basculement historique et géostratégique. Il y a deux ans John Mearsheimer, auteur d’un très bon livre sur un fameux lobby, reprochait à ces élites de Washington, qui n’ont rien d’américain (elles se disent « mondiales ») d’avoir rapproché la Chine et la Russie.

    Le rapprochement de ces deux pays était inévitable. Il avait fallu la maladresse proverbiale de Khrouchtchev pour éloigner ces alliés naturels et géostratégiques, dont la mission est de couper l’herbe sous le pied de McKinder et de l’obsession anglo-saxonne pour l’île-monde. L’île-monde sera russo-chinoise, elle ne sera pas anglo-américaine, malgré l’Ukraine et le reste, malgré le fanatisme d’une presse occidentale qui confine au suicide. Car à ce niveau de propagande inepte, trash et de mauvaise foi, on aboutit au suicide. L’imprécation a remplacé l’information en occident. Ce n’est pas moi qui le constate, c’est Donald Trump qui rappelle l’effondrement du très hostile NYT ou de CNN, auxquels on adjoindra en France les russophobes Express, le Nouvel Obs ou Libération, sans oublier ABC en Espagne ou les si peu toniques et teutoniques titres germaniques pro-Merkel.

    Les chiens aboient, la caravane passe, a dit un beau proverbe arabe. Il y a deux ans, le présent président zombi des Etats-Unis (sait-il que dans son beau pays 70% des gens n’ont pas mille dollars d’économies devant eux ?), se demandait où «étaient les capacités de joueur d’échecs » de Vladimir Poutine. Tout ce que l’on sait maintenant, c’est qu’il n’y a pas d’hyperpuissance américaine, au sens du diplomate socialiste Védrine recyclé chez LVMH. Il y a une dette immonde, une hyper-impuissance, qui certes a maîtrisé, et brillamment encore, et avec quelques décennies de retard, la ridicule question cubaine (cinquante ans de blocus minable). L’hyper-impuissance se réfugie derrière les sarcasmes, les menaces, les blagues de l’écraseur de mouches John McCain (« on va lui couper l’envie de chasser l’ours »), sans oublier les massacres de civils en Syrie, que l’on impute bien sûr après aux russes.

    L’occident ruine son économie, détruit la Méditerranée, précipite l’invasion de l’Europe, sème le chaos dans les républiques arabes, établit un régime de terreur à Kiev ; il menace maintenant la survie de l’humanité. Il faut rebaptiser cette notion qui oxyde tout ce qu’elle touche.

    Ceci dit Poutine et le monde libre progressent. Les armes russes sont sûres d’elles, Philippe Grasset (sur dedefensa.org) ou Constantin Vasilescu ne cessent de le rappeler, sans parler des démonstrations virtuoses des soldats russes en Syrie. Il ne reste à Washington que la vocifération incompétente à la Hillary qui, si elle est élue, devra faire un choix difficile : l’annihilation de l’humanité ou la soumission yankee au nouvel ordre mondial qui se profile enfin, et nous sortira un jour de ce labyrinthe (dixit Varoufakis) où nous avons été enfermés par des élites folles et nulles.

    Nicolas Bonnal

    http://www.voxnr.com/4539/poutine-reduit-minotaure-americain

  • Vers une troisième guerre mondiale : Les piteuses rodomontades des vassaux de l’Empire

    Le président russe Vladimir Poutine "a décidé d'annuler" sa visite à Paris prévue le 19 octobre, a annoncé le Kremlin, mais il y rencontrera François Hollande quand son homologue français "se sentira à l'aise" pour cette entrevue. Le président a noté qu'il était prêt à se rendre à Paris à une date qui conviendra à (François) Hollande. 

    Le monde est au bord du chaos qui s’est emparé de la Syrie depuis que les dirigeants occidentaux surfant sur la vague des printemps arabes ont décidé de s’occuper de la Syrie comme ils l’ont fait pour l’Irak, l’Afghanistan. On trouve toujours à la manœuvre l’empire qui dicte a norme et les vassaux qui font assaut d’allégeance pour être dans les bons papiers de l’Empire. Ce qui arrive en Syrie est une tragédie. La Russie et la Chine échaudées par la résolution 1773 ayant amenée la mort de Kadhafi ne laissent plus rien passer. La Russie s’est résolument placée du côté de la légalité et intervient à la demande du président syrien pour mettre de l’ordre. Ou aurait cru que le dernier accord russo-américain allait permettre un peu de répit il n’en fut rien. Une bavure américaine a causé la mort de 80 soldats de l’armée syrienne et les convois furent attaqués. Le cessez le feu n’a pas tenu.

    La France donne l’impression de faire une faveur à la Russie et que si Poutine vient il doit rendre des comptes comme l’a déclaré Jean-Marc Ayrault, lundi 10 octobre, que, s’il était reçu par l’Elysée, le président russe ne viendrait pas pour des« mondanités » mais pour parler de la crise syrienne et de la situation en Ukraine.  « Soyons clair lit-on dans la contribution suivante : Poutine n’a aucun besoin de rencontrer François Hollande, et n’en n’a peut-être pas envie, pour la bonne et simple raison que Hollande n’a aucune décision sur rien, même pas en matière de politique intérieure. Si Poutine vient à Paris le 19 octobre, c’est pour un évènement beaucoup plus important qu’une rencontre vide avec un dirigeant qui va lui parler de choses qu’il ne maîtrise pas. Il vient perpétuer des liens autrement plus profonds entre la France et la Russie, et se place sur une sphère historique qui semble échapper à François Hollande. (1) 

    La comédie diplomatique qui repose sur du vent

     Caroline Galactéros, Docteur en Science politique dans une analyse sans concession fait le procès de la diplomatie de la France et ds rodomontades des dirigeants : «  la décision de Poutine de ne pas venir à Paris - suite aux atermoiements et au mépris de Hollande qui s’interrogeait dans une émission de variété s’il doit le reçoit ou pas - n'est que la suite logique d'un amateurisme complet de la France en Syrie et ailleurs dans le monde.. Elle écrit : « Accusant avec l'ONU le régime syrien et la Russie de crimes de guerre à Alep, elle a déposé en hâte un projet de résolution au Conseil de Sécurité des Nations Unies demandant l'arrêt des combats et des bombardements sur l'est de la ville (dont elle feint de croire qu'il n'est peuplé que de civils innocents qui resteraient là de leur propre gré et que la Russie et le régime pilonneraient par pure cruauté), l'acheminement de l'aide humanitaire et la reprise du processus de négociation. Que dire de cette initiative, à un moment où la tension russo-américaine monte dangereusement et peut faire craindre un dérapage militaire sur le terrain que certains, à Washington et à l'OTAN, appellent ouvertement de leurs vœux ?

    Caroline Galactéros Elle poursuit : « une gesticulation habile mais dangereuse qui n'a pour but, en prétendant débloquer la situation, que de jouer les utilités au profit de Washington en fossilisant un peu plus les positions des deux camps qui s'affrontent désormais ouvertement sur le corps exsangue de la nation syrienne ? (…) Ce cinéma diplomatique vient évidemment de se solder par un véto russe (…) L'évidence crève l'écran. « L'Occident » ne mène pas la guerre contre l'islamisme sunnite ou alors de façon très résiduelle : il le nourrit, le conseille, l'entraine. DAECH, dont la barbarie spectaculaire des modes d'action sert d'épouvantail opportun et de catalyseur de la vindicte occidentale, permet de juger par contraste « respectable » l'avalanche de djihadistes sunnites d'obédience wahhabite ou Frères musulmans qui ne combattent d'ailleurs pas plus que nous l'Etat islamique mais s'acharnent sur le régime syrien. Et l'Amérique comme la France cherchent avec une folle complaisance, dans ce magma ultraviolent, des interlocuteurs susceptibles d'être intronisés comme « légitimes » et capables de remplacer un autocrate indocile qui a le mauvais goût de résister à la marche de l'Histoire version occidentale et à la vague démocratique censée inonder de ses bienfaits un Moyen-Orient politiquement arriéré ».

    « Elle aborde ensuite la reconfiguration du monde et met en évidence les errements de la diplomatie française combattant les sunnites au Mali les aidant en Syrie : « (…) Dans ce Grand jeu explosif de reconfiguration de l'équilibre du monde et notamment du nouveau duel cardinal, celui de Washington avec Pékin (…) Comment justifier en effet notre combat au Mali contre les djihadistes sunnites, notre soutien en Irak aux chiites contre les sunnites, et en Syrie notre appui aux groupuscules sunnites les plus extrémistes contre Bachar el Assad...tout en prétendant profiter du marché iranien entre ouvert …. et vendre des armes aux Saoudiens et Qataris sunnites qui sont by the way les financiers du djihadisme mondial dont nous subissons la haine et la violence terroriste sur notre sol désormais à un rythme soutenu ? (…) L'exigence américaine - reprise à son compte par Paris - d'une cessation des bombardements aériens sur Alep-Est « pour raisons humanitaires » aurait permis en fait de laisser les islamistes de la ville (soit rien moins qu'Al Nosra et consorts) se refaire une santé militaire en se servant des civils comme de boucliers humains, de poursuivre leurs tirs d'obus sur la partie ouest de la ville et d'empêcher Damas et Moscou de faire basculer décisivement le rapport de force militaire en faveur de l'Etat syrien dans le cadre d'une négociation ultime. Qui a d'ailleurs fait échouer le cessez le feu signé le 9 septembre dernier à Genève ? Les groupes terroristes qui n'en voulaient pas et les Etats-Unis qui ont bombardé les forces syriennes à Deir el Zor et ouvert la voie aux forces de l'Etat Islamique. Encore un accord de dupes ». (2)

     « Par dogmatisme conclut-elle, par moralisme, par notre parti pris immodéré pour les puissances sunnites de la région, nous nous sommes engouffrés dans un alignement crédule sur la politique américaine qui s'est en plus retourné contre nous dès l'été 2013, lorsque Barack Obama a dû renoncer à frapper directement Damas Un camouflet d'autant plus lourd à porter que notre ancien ministre des affaires étrangères avait jugé bon, dès août 2012, de dire que « Bachar el Assad ne méritait pas d'être sur terre » et, en décembre 2012, « qu'Al Nosra faisait du bon boulot(…) N'en déplaise à Monsieur Ayrault, la France n'est ni écoutée, ni considérée, ni attendue sur le dossier syrien. Elle en est réduite à servir de go between entre Washington et Moscou (…) Nous combattons l'Etat islamique pour la galerie, sans grande conviction ni détermination politique, Pour Moscou, au contraire, il n'existe pas « d'islamistes modérés » ; (…) Au moment où il est d'une extrême urgence de se parler enfin à cœur ouvert, de dire la vérité, le président de la République française s'interroge publiquement, de bon matin, dans une émission de divertissement, devant l'animateur Yann Barthes sur TMC, sur l'opportunité de recevoir Vladimir Poutine à Paris le 19 octobre ! « P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non … » La réponse de Moscou à cette insulte ne s'est pas fait attendre : le Président russe ne viendra pas. Nous sommes au fond du fond du fond de l'impuissance politique ». (2)

    La France n’est pas la seule à faire ce que l’Empire demande : Michael Fallon, secrétaire d’Etat britannique à la Défense, qui a accusé la Russie de prolonger la guerre en Syrie et d’être responsable de la situation à Alep. Ce qui fait réagir le ministère russe de la Défense : « Au lieu de se plonger dans le flou des réflexions sur la responsabilité de la Russie sur la situation en Syrie et à Alep, en particulier, il ferait mieux de se rendre compte de ce qui est fait par le Royaume-Uni dans ce malheureux pays » (3)

    Ceux qui détestent la Poutine et ceux qui l’adulent

    Pourquoi La Russie est haïe ? : « L’impopularité de la Russie en Europe nordique et orientale a quelque chose d’horrible mais elle est facile à comprendre. Elle ne repose pas sur le passé ou sur d’anciens contentieux territoriaux ou historiques ; simplement sur le fait que peu à peu Washington remplace les élites européennes par des élites hostiles au service de Wall Street et du pentagone. Cela donne les Young leaders en France ou carrément des citoyens nord-américains formatés mentalement à l’université de Georgetown. L’Europe du sud, moins portée sur l’anglais et l’Amérique, est justement moins hostile à la Russie, et moins contrôlée par la CIA. On oubliera Barroso passé du Portugal à Goldman Sachs » (4)

    A l’autre bout du curseur il se trouve des français fascinés par le personnage . nous lisons cette contribution : « Alors que le chef de l'Etat russe s'oppose à toute la communauté internationale sur le dossier syrien, de plus en plus de Français semblent séduits par la personnalité et la stratégie de Vladimir Poutine. "Bravo monsieur Poutine, encore une belle leçon donnée aux laquais occidentaux." "Respect au président russe qui, lui, ne se couche pas devant l’Etat islamique !"" Depuis que Vladimir Poutine a annoncé, mardi 11 octobre, qu'il reportait sa visite en France prévue le 19 octobre en vue de l’inauguration d’un "centre spirituel et culturel orthodoxe russe" à Paris, les commentaires postés sur les forums ou sur les réseaux sociaux fleurissent pour afficher un soutien indéfectible au chef de l'Etat russe. Alors qu’une partie de l’arc politique français – de Marine Le Pen à François Fillon et Jean-Luc Mélenchon – milite activement pour un rapprochement avec Moscou, l’image du président russe bénéficie d’une forme de bienveillance dans une partie de l'Hexagone ». (5)

    « Dans un sondage BVA pour Le Parisien datant de 2014, 25% des sympathisants de droite (et 36% de ceux du FN) et 4% des sympathisants de gauche (dont 5% à la gauche de la gauche) déclaraient avoir une bonne opinion de Vladimir Poutine. "La force de Poutine, assure Nicolas Hénin, c'est qu’il tient un discours pour tout le monde. Aux anti-Américains, il promet un rééquilibrage des relations internationales. Aux militaires, de faire la guerre contre l’Etat islamique. Aux chrétiens, de défendre leurs valeurs..." Poutine est un des seuls leaders à assumer clairement les conséquences de ce qu’il se passe en Syrie. Nos dirigeants répètent à longueur de journée que nous sommes en guerre. Poutine, lui, fait la guerre et on vient le lui reprocher ? » . (5)

    Peut on éviter une troisième guerre mondiale ?

    Pour Thierry Meyssan, le conflit syrien peut dégénérer à tout instant en Guerre Mondiale. Les États-Unis ne sont plus en mesure de tenir leurs engagements, comme on l’a vu avec l’accord de l’Aïd, mais ne veulent pas pour autant abandonner son objectif (empêcher le développement de la Chine et de la Russie afin de maintenir un ordre mondial unipolaire). Moscou et Pékin, de leur côté, estiment être désormais en position de force. Nous approchons du moment clé de renversement de l’ordre mondial ou de la Guerre nucléaire. Jamais Moscou n’a cru à la sincérité de Washington. Pourtant, depuis le 30 juin 2012, il n’a cessé d’enchaîner les accords, jamais tenus. Washington a alors rendu public des extraits choisis d’une discussion entre John Kerry et des représentants de l’opposition de salon syrienne, prétendument enregistrée « à son insu », le 22 septembre à New York [2Washington renonce à la guerre, mais rien ne change vraiment sur le terrain. Elle se poursuit sous l’unique responsabilité de ses vassaux. (6)

    « Les médias font état d'une très vive altercation entre le Président russe, Vladimir Poutine et son homologue français, François Hollande autour de la Syrie. Le contact téléphonique entre les deux hommes a tourné à une passe d'arme verbale, avec en toile de fond un approfondissement des divergences de part et d'autre. (…) En réponse à Hollande qui demandait l'arrêt des frappes aériennes russes contre les positions des terroristes d'Al-Qaïda et de l'ASL à Alep, Poutine aurait fulminé :" Vous n'avez plus aucun autre choix, si ce n'est le fait d'abattre les avions russes et là vous allez déclencher une nouvelle guerre mondiale. Si la France, la Grande Bretagne et les États-Unis veulent la guerre, ils l'auront" » (7)

    Encore une fois les vassaux vont intervenir sur ordre de l’empire : « Pour Washington écrit Thiery Meyssan, il est désormais clair que la République arabe syrienne ne tombera pas et qu’il ne sera pas possible de juger et de condamner sans preuves le président Bachar el-Assad. Cette mise en scène s’inscrit dans le conditionnement des Occidentaux, « défenseurs du Bien face aux cruels Syriens ». La France, successivement porte-parole des intérêts turcs, puis qataris, puis saoudiens et aujourd’hui israéliens, espère donc juger les 120 dirigeants syriens (déjà condamnés sur le papier) devant la Cour Pénale Internationale… par contumace. Le 10 octobre, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a annoncé qu’il avait demandé à un groupe de juristes de trouver un moyen pour saisir la CPI malgré l’opposition prévisible du Conseil de sécurité. Il semble que Washington se prépare à accepter la fin du monde unipolaire. Dans ce cas, les accusations les plus farfelues et plus terrifiantes contre la Syrie serviront à noircir l’image du camp russe » (8)

    On pense aussi comme scenario de fuite en avant à des attaques sous fausse bannière. Après l’échec de la diplomatie américaine : « La frustration du Secrétaire d’État John Kerry, engendrée par l’échec de la diplomatie américaine, est apparue clairement lors d’une réunion avec un groupe de civils syriens, la semaine dernière, où il défendait les efforts des États-Unis pour mettre fin à la guerre civile de cinq ans en Syrie, selon un enregistrement audio de CNN. (…) Le Parlement russe a ratifié un accord avec la Syrie au sujet du stationnement, sans limites précises, des forces russes en Syrie. (…) 82 soldats syriens sont morts et plusieurs autres ont été blessés. La frappe a permis à ISIS d’avancer vers la ville assiégée de Deir Ezzor. Ce n’était pas une« erreur » comme les États-Unis l’ont prétendu. La Russie défendra ses forces en Syrie et elle défendra la souveraineté de la Syrie. Elle n’est pas seule. Une frégate chinoise vient d’arriver dans le port syrien de Tartous. Toute attaque contre les forces russes ou syriennes serait illégale La Russie a bien raison d’avertir des conséquences éventuelles d’une violation. Il n’y a rien de « belliqueux » là-dedans. » (9)

    Se pose alors, la question de l’Après Assad et évalue les possibilités toutes aussi tragiques les unes que les autres pour le peuple syrien En clair après - 300.000 morts des dizaines de milliards de dégâts 6 millions de déplacés plus tard – on reviendrait à une situation d’un chaos avec une barbarie d’Etat : « Si Assad, « bourreau de son propre peuple » selon l'expression consacrée, était finalement militairement et politiquement mis hors-jeu, par qui compte -on le remplacer ? Jean Marc Eyraut a la solution : « la Syrie future devra être unitaire, avoir des structures étatiques stables, être protectrice de toutes ses minorités, mettre en place des institutions solides, contrôler son armée et ses Services » « A qui sera livrée la Syrie conclut Caroline Galactéros, « utile » ou pas, une fois que DAECH en aura été progressivement « exfiltré » vers d'autres macabres « territoires de jeu », en Libye par exemple ? Quelle alternative pour la survie des communautés, notamment chrétiennes, encore présentes dans le pays qui passe par la survie des structures laïques d'Etat ? Quels individus veut-on mettre au pouvoir ? Les pseudo « modérés » qui encombrent les couloirs des négociations en trompe l'œil de Genève ? Le Front al Nosra, sous son nouveau petit nom - Fateh al Sham -, Ou un mixte de tous ces rebelles - apprentis démocrates férus de liberté (…) Croit-on sérieusement que l'on pourra contrôler une seule minute ces nouveaux « patrons » du pays qui se financent dans le Golfe -dont nous sommes devenus les obligés silencieux-, Ne comprend-on pas qu'ils vont mettre le pays en coupe réglée » (2)

    Que devons-nous faire en tant que citoyens lamda pour savoir ce qui se passe réellement ?

    Nous devons honnêtement déconstruire le message qui nous vient des médias aux ordres et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont pas honnêtes. A titre d’exemple, ce qui se passe à Alep est répréhensible, mais à qui la faute ? Voilà un pays et un dirigeant qui n’est ni pire ni meilleur que les autres qui du jour au lendemain est diabolisé au nom de la démocratie aéroportée. Ce pays qui s’est porté garant depuis plus d’un millénaire de la coexistence des ethnies et des spiritualités par les fils invisibles du vivre ensemble se trouve du jour au lendemain démoli, déstructuré . les minorités chrétiennes ont beau dire qu’elles soutiennent le pouvoir actuel à l’image du Père Elias Zahraoui dans un courrier sans concession adressé à Alain Juppé alors ministre de Sarkozy qui voulait rééditer le scénario libyen pour un pays qui a connu l’enfance de la civilisation humaine 

    Il écrit :«  N’est-il pas vrai écrit il que vous êtes intervenus en Lybie, pour soi-disant protéger les droits humains des civils, contre un dictateur, que, pourtant, la France et l’Italie n’ont cessé de flatter, et que l’Angleterre et les États-Unis ont fini par chérir ! Et vous vous en êtes acquittés en laissant sur le sol de la Lybie, un charnier de 50000 morts, pour la plupart des civils. Plus loin il ajoute « Si, en Occident, vous êtes si sensibles au problème des Droits de l’homme, pouvez-vous me dire ce qui vous rend totalement aveugles à ce que fait Israël en Palestine, depuis plus de 60 ans, en décimant systématiquement le peuple palestinien, et en dévorant même la portion de terre, qui lui a été dévolue par les fameuses Nations Unies en 1947  ? ».(10).

    Même appel de mère Agnès Marie Mariam, et il est important de lire la contribution suivante pour expliquer la complexité de ce qui se tramait réellement. Rien n’y fit , la religieuse est traitée de personnalité ambigüe par le journal le Monde dont on connait les dérives ? Rien n’y fit on veut la peau de Assad qui ne « mérite pas d’être sur terre » disait Fabius, un autre boutefeux cette fois-çi avec Hollande encourageant de ce fait des mouvements extrémistes comme Al Nosra, dont le même ministre décidément boutefeux affirme qu’il fait du « bon boulot ». tellement bon que l’on s’aperçoit sur le tard que c’est un mouvement terroriste. (11)

    Assad qui combat l’hydre terroriste soutenu par l’Empire et ses vassaux mais aussi par les potentats du golfe et Israël est du bon coté de l’histoire. Car la propagande occidentale est digne de celle du IIIe Reich . Quand on dit qu’Alep est démolie que c’est le chaos, on « oublie de dire que cette opération de recouvrement de souveraineté concerne un quartier d’Alep où les terroristes ont pris en otage la population et armés par l’Occident ils veulent un partage pour créer un glacis qui sera de facto la partition de la Syrie. 

    Que l’on regarde la vidéo suivante et nous verrons que dans Alep, il y a la vie, il y a ce qu’il faut il y a une exhuberance de la jeunesse qui danse et qui respire la vie. Nullement les scènes d’horreur trafiqués par les médias mains stream où on montre un enfant ,une ambulance avec en toile de fond l’OSDH un organisme qui compte les morts et s’intronise détenteur de la norme , et des droits de l’homme à partir de Londres … (11)

    Aux dernières nouvelles les islamistes de la partie est de la ville d’Alep négocieraient leur capitulation. Rien à ajouter Paix et empathie pour ce peuple qui n’arrête pas de souffrir.

    1.http://reseauinternational.net/recevra-ou-ne-recevra-pas-poutine-la-pitoyable-mise-en-scene-de-hollande/#J2FsOCXdchA6F73H.99

    2. http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/10/11/31002-20161011ARTFIG00146-caroline-galacteros-la-decision-de-vladimir-poutine-humilie-la-diplomatie-francaise.php

    3.https://fr.sputniknews.com/international/201610101028123934-accusations-reponse/

    4.http://reseauinternational.net/les-raisons-cachees-de-la-russophobie-en-europe/#5QvcqpWKRYPhpzLo.99

    5.http://www.2012un-nouveau-paradigme.com/2016/10/pourquoi-certains-francais-adulent-vladimir poutine.html ?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_ campaign=_ob_pushmail

    6.http://reseauinternational.net/lepreuve-de-force/#lYe9iZ30JAcPXfgT.99

    7.http://parstoday.com/fr/news/middle_east-i15874-syrie_le_clash_hollande_poutine !

    8.Thierry Meyssan  http://www.voltairenet.org/article193601.html

    9.http://lesakerfrancophone.fr/syrie-les-etats-unis-preparent-ils-une-attaque-aerienne-sous-fausse-banniere

    10. http://arretsurinfo.ch/lettre-ouverte-dun-pretre-arabe-de-syrie-a-alain-juppe-2/

    11. http://lintegral.over-blog.com/2015/03/la-confe-rence-de-me-re-agne-s-mariam-de-la-croix-et-la-partialite-des-medias-traditionnels-francais.html

    12. Alep Syria https://www.youtube.com/watch?v=L2u1lG_7SaA&feature=youtu.be

    Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/251886-les-piteuses-rodomontades-des-vassaux-de-l-empire.html

    Professeur Chems Eddine Chitour : Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vers-une-troisieme-guerre-mondiale-185532

  • La géographie sacrée de Douguine: la Russie au coeur de la tradition

    Régulièrement sous le feu des projecteurs pour sa supposée influence sur le Kremlin, Alexandre Douguine a repris et développé le concept géopolitique d’Eurasie. À travers cette notion, il prône le recours à la géographie sacrée et à la tradition dans la géopolitique contemporaine.

    Pour Douguine, la géopolitique n’est pas une science comme les autres. Si l’alchimie et la magie ont disparu au profit de leurs formes modernes et séculières que sont la chimie et la physique, la géographie sacrée des Anciens reste vivante à travers la géopolitique. Rappelant la théorie du Heartland du géopoliticien britannique Mackinder, Douguine fait de l’Eurasie la pièce maîtresse de la géographie sacrée. Avec la Russie en son centre, l’Eurasie incarnerait le dernier bastion de la tradition dans l’hémisphère nord, seul capable de lutter efficacement contre la modernité.

    Le penseur russe prétend que la géographie façonne les idéologies, les cultures et les religions. Les civilisations des plaines, des steppes ou des déserts, propices à l’expansion et à la conquête, diffèrent par exemple des civilisations des montagnes et des forêts, lesquelles sont plus enclines à conserver les traditions des peuples. Douguine défend également la pertinence de l’opposition traditionnelle thalassocratie – tellurocratie, utilisée pour qualifier deux types distincts de puissances. Celles qui dominent par la maîtrise de la mer et celles qui dominent par la maîtrise de la terre, étant précisé que ces modes de domination ne seraient pas anodins sur le plan idéologique.

    Selon Douguine, la tellurocratie incarnerait la stabilité, la pesanteur, la fixité et le politique, tandis que la thalassocratie promouvrait la mobilité, la fluidité, la dynamique et l’économie. Alors que les empires terrestres, souvent militaires, seraient de forme tellurocratique, les empires coloniaux, plus commerciaux, seraient davantage thalassocratiques. Cependant, le géopoliticien remarque que cette typologie ne se résume pas à une simple opposition eau/terre et à un déterminisme géographique strict. Il existerait ainsi des terres maritimes (les îles) et des eaux terrestres (les fleuves et les mers intérieurs). De même, Douguine remarque que la géopolitique japonaise est de type tellurocratique malgré son caractère insulaire, tandis qu’il voit dans la puissance du continent nord américain une thalassocratie qui repose sur le dynamisme de ses interfaces maritimes et commerciales. En appliquant cette grille de lecture, le penseur russe considère que l’Eurasie, continent terrestre allant de l’Europe à l’Asie et dont le centre de gravité se situe en Russie, pourrait constituer le modèle tellurocratique opposé aux atlantistes États-Unis d’Amérique.

    Géographie sacrée et religions

    Dépassant le strict cadre de la géographie, ce dualisme se retrouverait au sein des systèmes religieux. Les valeurs de la terre transposées au religieux se manifesteraient par la profondeur, la tradition, la contemplation et le mysticisme. Le principe atlantiste serait au contraire plus superficiel et matérialiste, accordant la primauté au rite, à l’organisation de la vie quotidienne et pouvant aller jusqu’à méconnaître la part de divin dans l’homme. Douguine voit ainsi dans l’orthodoxie l’aspect terrestre du christianisme, tandis que le catholicisme et le protestantisme en constitueraient la face atlantiste. De même, au sein de l’islam, le principe terrestre se retrouverait davantage dans certaines branches du chiisme et dans le soufisme. Au contraire, le salafisme et le wahhabisme seraient davantage atlantistes par l’importance accordée au rite et par leur dogmatisme religieux désireux d’éradiquer les spiritualités traditionnelles des peuples convertis. Face au protestantisme américain et au salafisme saoudien, dont Douguine fait remarquer les alliances géopolitiques depuis 1945, le monde russe réunit au contraire des religions de type tellurique avec l’orthodoxie russe mais aussi l’islam caucasien et d’Asie centrale.

    Quant au judaïsme, non seulement il n’échapperait pas à cette opposition interne, mais celle-ci se retrouverait aussi dans les formes séculières de la pensée juive. Douguine analyse les branches mystiques du judaïsme (hassidisme, sabbataïsme, kabbalisme) comme l’expression de l’aspect terrestre de cette religion. Au contraire, le talmudisme en représenterait l’aspect atlantiste notamment par l’accent mis sur la rigueur dogmatique et le rationalisme. Par ailleurs, rappelant l’influence du messianisme juif sur le développement du marxisme et du bolchevisme, Douguine voit dans ces derniers des formes séculières du judaïsme terrestre. Au contraire, le judaïsme atlantiste sécularisé aurait contribué à l’essor du capitalisme et de l’esprit bourgeois. Le géopoliticien russe voit dans cette tension interne au judaïsme l’explication d’un récurrent « antisémitisme juif ». Les propos de Karl Marx, affirmant notamment que l’argent serait le Dieu profane du judaïsme (La question juive), seraient l’incarnation empirique du juif mystique s’attaquant au juif talmudiste, soit une émanation de la tradition contre une forme de la modernité.

    Actualisation de l’éternelle lutte entre tellurocratie et thalassocratie, mais aussi fondement sous-jacent de la guerre entre tradition et modernité, l’opposition entre eurasisme et atlantisme ne résume pas la vision de la géographie sacrée selon Alexandre Douguine. Celui-ci s’appuie également sur les dualismes Orient – Occident et Nord – Sud. Pour le chantre de l’eurasisme, l’Orient incarne l’archaïsme, la tradition et la primauté du supra-individuel sur l’individu. L’Occident représente au contraire le progrès matériel, la modernité et l’individualisme. Fidèle aux représentations géographiques de nombreuses traditions (biblique, égyptienne, iranienne ou encore chinoise), cette opposition est également corroborée par les représentations contemporaines fréquentes du « monde occidental » et de l’Orient. Cependant, dans la géographie sacrée, ce sont les valeurs orientales qui sont supérieures aux valeurs occidentales. On peut observer l’exact inverse dans la géopolitique moderne pour laquelle les valeurs occidentales de la démocratie libérale et des individualistes droits de l’homme associées à une stricte économie de marché sont érigées en modèle.

    La tradition du Nord

    Aux yeux de Douguine, le couple Orient – Occident ne serait cependant qu’une transposition horizontale tardive du couple géographique primordial opposant le Nord au Sud. Terre divine par excellence, le Nord serait la terre de l’esprit et de l’être. S’il refuse l’idée d’un Nord purement objectif qui désignerait uniquement un pôle géographique, le philosophe russe écarte toutefois la définition d’un Nord réduit à une idée. Certes, la tradition primordiale serait issue du nord géographique, mais cette époque serait révolue. L’homme du Nord, presque divin, aurait aujourd’hui disparu en tant que tel mais serait toujours présent de façon diffuse et dans des proportions variables au sein de tous les peuples. Il en est de même de l’homme du Sud, celui-ci incarnant la tendance au matérialisme et à l’idolâtrie. Si l’homme du Sud vénère le cosmos, souvent sous la forme de la Terre – Mère, il ne l’appréhende que par son instinct et se montre incapable d’en saisir la part spirituelle. Ces deux types d’homme ne s’opposeraient plus aujourd’hui frontalement mais à l’intérieur même des peuples et des civilisations. En aucun cas, cette opposition ne peut être comparée à un combat manichéen du bien contre le mal. Le Nord et le Sud sont complémentaires, le premier s’incarnant dans le second. Néanmoins, Douguine estime que le respect de l’ordre divin nécessite la supériorité du principe spirituel du Nord sur le principe matériel du Sud.

    Bien que l’opposition entre le Nord et le Sud prime pour lui sur celle entre l’Est et l’Ouest, le stratège russe remarque que le premier couple prend une coloration différente selon les transpositions géographiques qui s’opèrent. Diverses combinaisons peuvent être formées par la spiritualité du Nord, le matérialisme du Sud, le holisme de l’Est et l’individualisme de l’Ouest. Douguine établit ainsi que les valeurs sacrées du Nord sont conservées stérilement par le Sud, mises en valeur par l’Est et fragmentées par l’Ouest. Quant aux valeurs du Sud, selon leur milieu d’immersion elles opacifient l’esprit du Nord, transforment le holisme oriental en négation pure de l’individu, et génèrent un matérialisme individualiste en Occident. C’est sous cette dernière forme que la modernité occidentale apparaît aux yeux du philosophe eurasiste. Fruit de la combinaison la plus négative de la géographie sacrée, la réussite supposée des pays occidentaux pourtant essentiellement situés au nord géographique prône des valeurs opposées à la tradition. Cette inversion des pôles constituerait une caractéristique de l’âge sombre, ou Kali Yuga, dans lequel le monde se trouverait aujourd’hui.

    Néanmoins, Alexandre Douguine ne considère pas que le salut doive venir du Sud. Stérile par essence, celui-ci serait uniquement apte à conserver des fragments de tradition nordiste que le mystique russe perçoit dans le monde islamique, dans l’Inde hindouiste, voire dans la Chine malgré sa conversion partielle à la modernité. Le salut viendrait donc de l’alliance entre ce sud conservateur et les îlots de tradition authentique encore présent au nord, et particulièrement au nord-est. Douguine situe donc dans le monde russe le cœur actuel de la tradition et de la lutte contre la modernité. Incluant la Russie mais également ses diverses périphéries, le monde russe réunirait des qualités géographiques (être situé au nord-est au sens de la géographie sacrée), religieuses (orthodoxie, islam eurasiste, judaïsme russe) et les caractéristiques d’une puissance tellurique qui lui permettraient de jouer un rôle déterminant dans la lutte contre la modernité atlantiste, occidentale et opposée à l’esprit du Nord.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • 12 et 13 novembre à Bobigny : FOCUS SUR LE CINEMA SYRIEN EN PRESENCE DU CINEASTE BASEL AL KHATIB..

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    En savoir plus cliquez ici

     
  • Le Parlement français face à la toute-puissance américaine

    Que les Etats-Unis ne respectent pas la souveraineté française, on le savait. Mais que cela soit officiellement reconnu dans un rapport parlementaire, voilà qui est nouveau ! Des élus de tout bord, y compris parmi ceux réputés atlantistes, ont même planché durant plus de six mois sur le sujet. Maintenant, il faut des actes !

    Minute-Couv-2791-251x350.jpgL’extraterritorialité des lois américaines : le sujet peut sembler terriblement technique, si ce n’est ennuyeux. C’est pourtant avant tout une question de politique et de souveraineté. En résumé, aujourd’hui, la loi américaine s’applique à toutes les entreprises et tous les individus qui ont un lien, quel qu’il soit, avec les Etats Unis. Toutes les entreprises qui ont des activités ou des filiales aux Etats-Unis sont concernées. Pire encore, toutes celles qui effectuent des transactions en dollars tombent également sous les fourches caudines de la justice américaine. Quand on sait que près de 80 % des transactions mondiales se font en dollars, on se rend vite compte des enjeux.

    Pour les Etats-Unis, l’objectif est clair : protéger les intérêts américains. « Nous sommes devant un mur de législation américaine extrêmement touffu, avec une intention précise qui est d’utiliser le droit à des fins d’imperium économique et politique, dans l’idée d’obtenir des avantages économiques et stratégiques », explique Pierre Lellouche, député LR de Paris, à la réputation très atlantiste et président de la mission d’information sur l’extraterritorialité de certaines lois des Etats-Unis, qui, constituée en mars dernier, vient de rendre son rapport. Et, « comme toujours aux Etats-Unis, cet impérium, ce rouleur compresseur normatif se déroule au nom des meilleures intentions du monde » : lutte contre la fraude fiscale, le blanchiment d’argent ou le terrorisme, etc.

    Bloquer tout business avec l’Iran

    Ainsi, si la justice américaine estime qu’une entreprise française ou belge a obtenu un contrat dans des conditions qu’elle juge douteuses, elle peut la traduire devant ses propres tribunaux. Conséquence de cela, ces dernières années, les entreprises françaises ont payé presque 20 milliards de dollars d’amende au Trésor américain, pour deux motifs principaux. Le premier est la violation de la loi FCPA (Foreign Corrupt Practices Act) contre la corruption. Sur les dix-sept entreprises condamnées, dix sont européennes dont quatre françaises. L’exemple le plus connu est celui d’Alstom, contraint de signer un chèque de près de 800 millions de dollars pour des faits de corruption.

    Le deuxième motif de condamnation est la violation, selon la justice américaine, des sanctions internationales qui visent des Etats. En 2015, BNP Paribas était ainsi condamné à 9 milliards de dollars pour le viol des embargos américains de Cuba, du Soudan et de l’Iran. Un an auparavant, c’était le Crédit agricole qui payait presque 800 millions de dollars d’amende pour les mêmes motifs !

    Le problème, c’est que chaque Etat n’impose pas forcément les mêmes sanctions. L’exemple de l’Iran est ainsi extrêmement révélateur. Si les sanctions internationales ont bien été levées début 2016, « dans la pratique, explique Lellouche, les sanctions dites primaires américaines sont maintenues. En fait, les relations économiques avec l’Iran sont gelées sauf à aller demander l’autorisation des autorités américaines […]. Aujourd’hui, les entreprises françaises demandent à Washington l’autorisation de faire telle ou telle chose en fonction de la législation américaine ». Et d’illustrer ainsi son propos : Airbus n’a pu vendre des avions à l’Iran qu’après que Boeing lui avait vendu les siens !

    Aujourd’hui, estime Karine Berger, député socialiste des Hautes-Alpes et rapporteur de la mission d’information, « nous ne pouvons pas, à ce stade, recommander aux entreprises françaises, et encore moins aux banques françaises, de renouer le business avec l’Iran », malgré la levée des sanctions internationales. Ce que confirme Marion Maréchal-Le Pen, député FN du Vaucluse : « Les grandes banques françaises n’osent plus soutenir les groupes industriels français désireux de parapher des contrats, notamment en Iran et en Russie, alors que des groupes américains, à l’instar de General Motors et Boeing, obtiennent des dérogations du Congrès américain pour investir sur le marché iranien à la place de nos fleurons industriels. »

    Bref, pour Pierre Lellouche, « clairement la souveraineté de la France et accessoirement celles des autres pays européens, les intérêts politiques, économiques et stratégiques de ces pays sont directement mis en cause par ces législations » extraterritoriales américaines.

    Représailles ou gentleman agreement ?

    Pour Jacques Myard, député LR des Yvelines et membre de cette mission d’information, « il y a un autre trait qui doit être souligné, c’est notre propre faiblesse et surtout l’absence de réactions de notre gouvernement face aux agissements d’un Etat étranger en France qui sont autant de violations de notre souveraineté ». Parce que si le constat est très clair, les solutions pour régler cette ingérence américaine sont beaucoup plus difficiles à trouver. De l’aveu même de Pierre Lellouche, c’est « la lutte du pot de terre contre le pot de fer ».

    Plusieurs propositions sont donc avancées. Certaines sont d’ailleurs prévues dans la loi Sapin II : la création d’un principe de réciprocité, permettant à la France de condamner des entreprises américaines pour les mêmes motifs et selon les mêmes conditions ; la création d’une « convention judiciaire d’intérêt public », permettant aux entreprises françaises accusées de corruption de « plaider coupable » devant des juridictions françaises et de payer leurs amendes à la France et non aux Etats-Unis.

    Mais ce que demandent les auteurs du rapport, c’est avant tout un « rapport de force » politique et diplomatique pour que les Etats-Unis renoncent à ces procédures clairement abusives. Il faut, estime Pierre Lellouche, « signaler à nos amis américains que cette situation ne peut plus durer »… Là, tout de suite, c’est beaucoup plus compliqué…

    Jean Masson

    Article paru dans Minute daté du 12 octobre 2016

    http://fr.novopress.info/201039/le-parlement-francais-face-a-la-toute-puissance-americaine/

  • Absence de politique française en Syrie: l'article qui résume tout

    Alors que votre blog préféré s'efforce de relayer autant que c'est possible les initiatives de réinformation au sujet de la Syrie, qui fait l'objet d'une campagne générale d'intoxication à "l'Ouest", le site du Figaro s'honore réellement de donner la plume à Caroline Galactéros, docteur en science politique, colonel de réserve et animatrice du blog "bouger les lignes", qui fait une synthèse percutante de la situation en Syrie et de la honte sans retour que représente pour la France la malfaisance de ceux qui, à vrai dire, usurpent les titres qu'ils portent et les fonctions qu'ils font mine d'occuper. Merci donc au Figaro, et bravo à Madame Galactéros. Extraits.

    L'impensé du discours français n'en reste pas moins le suivant: si Assad, «bourreau de son propre peuple» selon l'expression consacrée, était finalement militairement et politiquement mis hors-jeu, par qui compte -on le remplacer? A qui sera livrée la Syrie, «utile» ou pas, une fois que DAECH en aura été progressivement «exfiltré» vers d'autres macabres «territoires de jeu», en Libye par exemple? Quelle alternative pour la survie des communautés, notamment chrétiennes, encore présentes dans le pays qui passe par la survie des structures laïques d'Etat? Quels individus veut-on mettre au pouvoir? Les pseudo «modérés» qui encombrent les couloirs des négociations en trompe l'œil de Genève? Le Front al Nosra, sous son nouveau petit nom - Fateh al Sham -, que les Américains persistent à soutenir en dépit des objurgations russes et qui a fait exploser le cessez-le feu? Ou peut-être certains groupuscules désormais armés de missiles américains TOW qui n'attendent qu'un «go» pour tenter de dézinguer un avion ou un hélico russe, «par erreur» naturellement? Ou encore les représentants des Forces démocratiques syriennes, ou ceux de «l'Armée de la Conquête» qui renait opportunément de ses cendres… Ou un mixte de tous ces rebelles - apprentis démocrates férus de liberté et qui libèreront enfin le peuple syrien du sanglant dictateur qui le broyait sous sa férule depuis trop longtemps? (...)

    Croit-on sérieusement que l'on pourra contrôler une seule minute ces nouveaux «patrons» du pays qui se financent dans le Golfe -dont nous sommes devenus les obligés silencieux-, et dont l'agenda politique et religieux est aux antipodes de la plus petite de nos exigences «démocratiques»? Ne comprend-on pas qu'ils vont mettre le pays en coupe réglée, en finiront dans le sang avec toutes les minorités, placeront les populations sunnites sous leur contrôle terrifiant, et que tout processus électoral sera une mascarade et ne fera qu'entériner une domination communautaire et confessionnelle sans appel? … «Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir? je ne vois que l'herbe qui verdoie et la terre qui poudroie» … Quelle naïveté, quelle ignorance, quelle indifférence en fait! (...)

    Nous combattons l'Etat islamique pour la galerie, sans grande conviction ni détermination politique, de très haut, par des frappes qui sans présence terrestre demeurent symboliques. Pour Moscou, au contraire, il n'existe pas «d'islamistes modérés» ; combattre le terrorisme revient à combattre l'EI mais aussi ses avatars locaux innombrables à tout prix, y compris au prix de pertes civiles importantes. Et c'est aujourd'hui la Russie qui, dans les airs mais aussi au sol, avec l'Iran et le régime syrien, «fait la guerre», se bat contre le terrorisme islamiste qui menace tout l'Occident, gangrène nos vieilles sociétés repues et pacifiques et nous prend pour cible. Ils «font le job». Un horrible job. Dans l'immédiat, il faut choisir entre le soutien à l'Etat syrien - que le régime d'Assad incarne-, et DAECH et Cie. (...)

    Hauteur de vue et profondeur de champ, véritable souci pour la souffrance humaine: la realpolitik est la solution, pas le mal. La confusion permanente entre l'Etat syrien et le régime syrien nourrit la guerre. C'est l'Etat qu'il faut aider à survivre à l'offensive islamiste au lieu d'encourager les mouvements terroristes à le déstructurer. Le sort de Bachar el Assad est à la fois central et accessoire. Si l'Etat syrien devait tomber sous la coupe de DAECH ou sous celle d'Al Nosra et de ses avatars, alors ce seront les massacres communautaires et le chaos. Qui aura alors des comptes à rendre pour les avoir laissé advenir?

    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Syrie : "J’aimerais vous secouer pour que vous vous réveilliez et voyiez ce qu’il se passe réellement dans mon beau pays"

    Antoine de Frémicourt, habitant Cholet, âgé de 21 ans, a effectué trois séjours en Syrie, soit quatre mois et demi au total, avec SOS Chrétiens d’Orient. Un Syrien lui a dit :

    6a00d83451619c69e201b8d228fc5b970c-200wi.jpg« Dis-leur ce que tu as vu, ce que tu as entendu, ce que tu as vécu. »

    Alors il témoigne dans Ouest France :

    "À son arrivée en Syrie, il s’attendait « à ce que ça tire de partout, qu’il n’y ait que des ruines, de la désolation ». Or, dit-il, « j’ai vu des Syriens sourire, des jeunes s’amuser, étudier… La vie continue, même si la menace est réelle. » Pour preuve, lors d’une partie de foot avec des enfants, il entend comme souvent les tirs de « Kalach », les bruits d’obus. « On les comptait, c’était presque un jeu. » Sauf qu’un obus explose tout près d’eux. « Un bruit hyper-fort, j’ai vraiment eu peur. » Les enfants ont crié de joie, applaudi. Étonné, il leur a demandé pourquoi. « Il ne nous est pas tombé dessus, ça nous fait plus de temps pour vivre », lui ont répondu les jeunes Syriens.

    Même si Antoine est « très vite redescendu sur terre », il s’est aussi très vite « senti comme à la maison. Au bout de deux ou trois semaines, ils me disaient tu es Syrien, tu es comme nous ». Il faut dire que le jeune homme a fait l’effort d’apprendre l’arabe. Un vrai plus pour passer certains check-points. « Ça les faisait sourire, un p’tit Français qui parle un peu leur langue. »"

    Les messages aux Français des amies syriennes d’Antoine

    Yana : « J’aimerais crier, j’aimerais pleurer quand je vois mes amis mourir, quand je vois le visage de nos enfants morts et les larmes de nos mères. J’aimerais vous secouer pour que vous vous réveilliez et voyiez ce qu’il se passe réellement dans mon beau pays. Ne nous oubliez pas. »

    Marie-Claire : « La Syrie veut la paix. Nous n’avons jamais souhaité la guerre et ses destructions. La Syrie perd ses enfants, ses jeunes et les plus âgés tous les jours. Pas seulement les victimes dues aux migrations mais aussi aux attaques terroristes. Arrêtez de financer le terrorisme, parce que par cela, vous participez à la destruction de mon pays. »

    Yolla : « Chaque jour, j’ai l’occasion de voir ce que cette stupide guerre fait subir au peuple syrien, aux enfants. Nous faisons l’expérience de la mort à chaque instant alors que nous sommes à l’aube de notre vie. Parce que je sais ce que c’est d’être sans abri, affamée et sans rien, je peux vous dire que ce n’est rien à côté du sentiment de se faire rejeter par tout le monde, d’avoir peur à chaque instant, non pas de la mort, mais à l’idée de perdre un être cher. »

    Nathalie : « Je pense que nous devons prier ensemble pour la Syrie, pour ceux qui ont été tués et qui sont tués, ainsi que pour ceux qui détruisent la Syrie. Que Dieu leur permette de revenir vers le droit chemin. […] La Syrie est blessée et nous avons besoin que la guerre s’arrête, pour que le sang, notre sang ne coule plus. »

    Nancy : « Je n’ai pas grand-chose à dire si ce n’est que j’ai quitté Alep il y a maintenant deux ans. J’y ai laissé mon cœur ainsi que mes amis qui perdent leurs frères et leurs sœurs. La Syrie vit une guerre atroce, mais vous pouvez nous aider par vos prières. »

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html/page/2/

  • Il faut à un moment que ça s’arrête!

    Le site sputnik a relayé  cette semaine «un message (…) entre Hillary Clinton et le directeur de sa campagne présidentielle John Podesta. Mme Clinton écrit ainsi « que les USA devraient être prêts à armer l’Agence fédérale de sécurité contre le gouvernement syrien ainsi qu’à mettre la pression sur l’Arabie saoudite et le Qatar. (…) nous avons besoin d’utiliser nos atouts diplomatiques pour mettre la pression sur les gouvernements du Qatar et de l’Arabie saoudite qui fournissent un soutien financier et logistique à Daech et à d’autres groupes radicaux dans la région. Ces allégations ne sont pas nouvelles — Hillary Clinton a en fait vraiment accusé l’Arabie Saoudite et le Koweït d’avoir supporté le terrorisme dans la région plus tôt cette année -»  mais le courriel écrit par Mme Clinton a été rédigé  «en août 2014, juste après que la coalition US a commencé à lutter contre l’EI en Syrie, coalition dont le Qatar et l’Arabie saoudite font partie. De plus, la Fondation Clinton — une organisation à but non lucratif fondée par (…) Bill Clinton — a accepté des dons importants de la part de l’Arabie saoudite et du Qatar.»

    Un sujet qui revient régulièrement dans la campagne présidentielle américaine, notamment dans les débats  Hillary Clinton et Donald Trump, notamment au cours du dernier débat télévisé  plutôt rude qui a opposé les deux candidats . A contrario, hormis un langage corporel mal maîtrisé, quelques regards assassins plus ou moins, furtifs, Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet,  Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy,  Jean-Frédéric Poisson, candidats à la primaire de la droite et du centre réunis hier pour un premier débat,  ont évité de s’écharper en public.

    Certes, au nombre des remarques vachardes adressées hier à Nicolas Sarkozy, lequel a indiqué le 26 septembre sur Europe 1 qu’il «(souhaitait) la victoire d’Hillary Clinton» à la présidentielle américaine de novembre, il convient cependant de noter l’allusion de Bruno Le Maire aux amitiés (coupables) de certains avec le Qatar.

    Pour le reste, nonobstant quelques vacheries entre «amis», ce débat des candidats est resté maîtrisé. D’abord parce qu’ils savent parfaitement que leur électorat ne le supporterait pas, ensuite parce qu’ils sont peu ou prou, à quelques détails près, en phase  sur l’essentiel. Ou plus exactement sur la même ligne de promesses, eux qui quand ils étaient au pouvoir ont le plus souvent  trahi méthodiquement les engagements.

    Ce qui rend forcément douteuses et assez inaudibles les propositions et analyses formulées, notamment sur le nécessaire choc fiscal, par les candidats en question qui, à l’exception notable de NKM, la seule par ailleurs à citer le nom de Marine Le Pen hier soir,  ont bien pris  soin d’envoyer de signaux pour satisfaire les exigences identitaires d’un corps électoral qui  s’est aussi droitisé  sur le plan des valeurs.

    Il convient aussi de souligner que  le député des Yvelines Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien démocrate (PCD) associé à LR est sorti du lot. Il est de loin le plus atypique par son refus d’un intégrisme laïcard qui met sur le même plan  nos racines chrétiennes et l’islamisme, sa défense d’une politique  familiale et d’accueil de la vie, son opposition assumée à l’Europe de Bruxelles et à l’atlantisme, son soutien au régime de  Bachar el Assad, son vœu d’une alliance avec la Russie (sur ces points de politique étrangère il va plus loin que François Fillon pourtant  critiqué dans son camps pour sa «russophilie») , son souhait d’un dialogue avec le FN hors de tout «cordon sanitaire».

    Rappelons  tout de même que M. Poisson a pu participer à ces primaires  en tant que chef d’un  parti autonome de LR. Il n’aurait en effet jamais atteint les critères pour s’aligner dans cette compétition -les parrainages de 250 élus d’au moins 30 départements, différents  dont au moins 20 parlementaires, et  2500 adhérents sur 15 départements…

    Si M. Poisson est indéniablement en phase avec les aspirations d’un assez large partie de la base de LR, Renaud Dély dans Marianne s’inquiète plus largement  du sondage que l’institut Harris Interactive a réalisé pour ce magazine. « La  barrière des espèces est franchie. La maladie de la droite folle se répand» (sic) indique le docteur Dély : «en cas de duel entre Marine Le Pen et François Hollande, 21% des sympathisants de la droite et du centre penchent pour la candidate d’extrême droite. Un peu plus des deux tiers d’entre eux se refusent à choisir… Et seulement 10% de ces mêmes électeurs de droite et du centre optent pour le président sortant ! ».

    Autre enseignement de ce sondage, «au cas, probable, où leur camp n’aurait pas de candidat qualifié pour le second tour de la présidentielle en mai prochain, la quasi-totalité des sympathisants de gauche (92% !) refusent de choisir entre la peste sarkoziste et le choléra lepéniste. (A contrario)  45 % des sympathisants de gauche préfèrent sans hésiter voir (Alain Juppé) entrer à l’Elysée, contre 3% seulement qui penchent pour la présidente du FN. Malgré les efforts démesurés de Nicolas Sarkozy pour racoler les électeurs frontistes, ils sont à peine 31% à le soutenir en cas de duel final (improbable) face à François Hollande, soit une proportion équivalente à celle qui rallie Alain Juppé, lequel ne se livre pourtant pas à la même surenchère frontiste que son rival. Douloureuse ingratitude…» Douloureuse lucidité serait une formule autrement plus juste.

    Électeurs de gauche qui peuvent aussi s’interroger sur le  nouveau  discours d’un François Hollande  tenu devant  les  journalistes  Gérard Davet et Fabrice Lhomme , auteurs de «Un président ça ne devrait pas dire ça…». C’est donc  sciemment qu’il explique qu’ «Il y a des choses qui  taraudent les Français quand), ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées…»; souligne « l’accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue»; affirme «qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là.» ; évoque le mythe de «Sisyphe » pour analyser le désarroi des professeurs devant l’immigration planétaire massive : «On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s’arrête jamais (…). Donc, il faut à un moment que ça s’arrête.»

    Un président socialiste qui, loin des propos d’estrade sur le vivre-ensemble, les joies de la société plurielle,  reprend  les avertissements de Jean-Marie Le Pen, il y a trente ans,  les craintes actuelles du FN, de Marine Le Pen, de Bruno Gollnisch devant la montée d’un communautarisme ethnico-religieux sans cesse renforcé par les flux migratoires non européens,  craint une implosion territoriale  de la France : «Comment peut-on éviter la partition? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.»

    Il en va bien  sûr de M Hollande, comme des frères ennemis de LR, leurs postures, leurs  (in)sincérités successives, variables et antinomiques – on ne démêle le faux du vrai qu’une fois qu’ils se sont fait élire et toujours au détriment des Français -  est  proprement insupportable pour tout observateur un peu sérieux de notre vie politique. Alors oui, pour la France,  il faut à un moment que ça s’arrête! 

    http://gollnisch.com/2016/10/14/faut-a-moment-ca-sarrete/