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géopolitique - Page 489

  • Iran : « Occupez-vous de nous, plutôt que de vous occuper de la Syrie, du Yémen, du Liban, des Palestiniens »

    François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran, estime que les manifestations en Iran ne menacent pas, dans l’immédiat, l’existence de la République islamique mais elles aggravent ses contradictions internes qui pourraient, à terme, lui être fatales :

    6a00d83451619c69e201bb09e6194a970d-250wi.png"Les six jours de manifestations et d’émeutes sporadiques qui viennent de se dérouler en Iran démontrent la persistance dans la population d’une souffrance diffuse et profonde, alimentée par le chômage, la pauvreté, l’absence de perspectives économiques et politiques, alors que prospère d’autre part une richesse insolente, soutenue par l’État et alimentée par la corruption.

    « Occupez-vous de nous, crient les manifestants, plutôt que de vous occuper de la Syrie, du Yémen, du Liban, des Palestiniens ». Il s’agit donc d’un appel au secours, mêlée à la colère qui ose s’exprimer contre le gouvernement, et même contre le Guide suprême. Mais pas de figures de proue, pas de ligne directrice. On peut parier que la plupart des gens qui défilent n’ont jamais voté, ou, s’ils ont voté, le faisaient pour ne pas se faire remarquer. À noter que le Mouvement réformateur, qui aurait pu les soutenir, ou au moins leur marquer un peu de sympathie, n’a fait aucun geste en ce sens.

    Entre France et Iran, petit air de famille ?

    Mutatis mutandis, cette désespérance n’est pas sans évoquer celle de nos banlieues, de nos quartiers, alimentée par des phénomènes un peu comparables. Les images dramatiques des incendies et des destructions de 2005 avaient donné au monde extérieur le sentiment que notre République vacillait sur ses bases. Il n’en était évidemment rien. La République islamique n’a pas été plus ébranlée par ce qui vient de se passer, décevant tous ceux qui guettent avec constance les signes de son effondrement.

    Une des grandes différences du mouvement avec nos propres troubles, c’est qu’il a provoqué une vingtaine de morts. C’était d’emblée faire apparaître la férocité du régime, qui n’a jamais lésiné pour garantir sa sécurité. Et faire apparaître aussi l’écart qui le sépare d’un État de droit. Encore n’a-t-il pas eu besoin de faire monter en ligne ses Basidji et ses Pasdaran. C’est dire la disproportion des forces en présence, qui condamnait les manifestations à l’échec, dès lors qu’après leur première diffusion à travers le pays, elles ne parvenaient pas à monter en puissance au-delà d’une ou quelques dizaines de milliers de participants, au mieux, pour l’ensemble de l’Iran.

    Dans de telles circonstances, les tweets de Donald Trump ont atteint le grotesque et ont aidé le régime à dénoncer, comme il se plaît tant à le faire, la main de l’étranger. Ils ont donc nui au mouvement. La réaction mesurée des Européens a été plus adaptée. Mieux valait en effet, pour la protection même des protestataires, éviter de prendre des positions avantageuses devant leur propre opinion mais qui ne feraient qu’attiser les braises. Comme vient de l’écrire le chercheur et activiste irano-américain Reza Marashi : « les problèmes sont iraniens, les manifestants sont iraniens, et la solution sera iranienne ».

    Et maintenant, l’avenir

    Quid de la suite ? À l’heure qu’il est, la position du président Rohani n’est pas enviable. Ses marges de manœuvre sont limitées.Il est pris dans l’étau du mécontentement populaire, d’une part, et d’autre part de la surveillance tatillonne du cœur conservateur du régime, qui ne fait rien pour l’aider. Malgré des efforts louables et quelques succès, il ne parvient pas à faire émerger la prospérité que la conclusion de l’accord nucléaire laissait espérer, en raison du sabotage de son application par l’administration de Donald Trump.

    Il est enfin confronté au chantier gigantesque de la rénovation d’un système économique sclérosé, atteint par la corruption, plombé par les ardoises laissées par Mahmoud Ahmadinejad. Certes, il va faire quelques gestes, en matière de subventions, de distribution de produits de première nécessité. Il a prononcé des paroles de compréhension et d’apaisement. Mais rien à l’horizon qui modifie la donne. On peut donc se préparer à l’idée que dans quelques mois, un an ou deux peut-être, les mêmes causes produiront à peu près les mêmes effets.

    Un mot pour ceux qui guettent comme l’aurore la chute du régime. La société iranienne se détache peu à peu, de façon irréversible, des fondements de cette République islamique. Elle n’est cependant pas prête à ce jour à se lancer dans un nouveau cycle révolutionnaire. Celui qu’elle a vécu il y a bientôt quarante ans lui a trop coûté. Mais que le régime n’en retire pas un sentiment de sécurité. S’il ne parvient pas à évoluer, à profondément se réformer, il finira en implosant sous le poids de ses propres blocages, dissensions et contradictions, un peu comme l’Union soviétique ou encore le régime de Franco. À cet égard, le choix du prochain Guide de la Révolution, qui devrait intervenir d’ici à quelques années – Ali Khamenei, né en 1939, a aujourd’hui 78 ans – pourrait jouer un rôle décisif."

    Michel Janva

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  • US GO HOME !

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    Pieter Kerstens

    Sous ce slogan, des millions de manifestants s’exprimaient régulièrement durant la « guerre froide ».

    Mais on l’entend toujours de Téhéran à Caracas et de Budapest à Harare, parce que les Etats-Unis soutiennent encore des oppositions ou des conflits armés dans de nombreuses régions du monde.

    Il y a déjà trois ans, lors d’un de mes séjours à Damas, un diplomate syrien me déclarait que « soit on accepte les dollars des USA, soit ceux-ci vous envoient leurs missiles ! » Formule, certes imagée, qui résume bien des situations conflictuelles fondées sur l’odeur du gaz et les intérêts pétroliers en priorité, qui justifie l’équilibre géostratégique des USA.

    Au fil du temps et des révélations des hauts responsables américains, on apprend que les Etats-Unis ont créé Al-Qaïda et Daesh par la suite. Ainsi, selon les témoignages du Général Wesley Clarck, Al-Qaïda a officiellement été soutenu par l’administration Reagan à partir du 27 mars 1985 selon la directive nationale n°166. Les fonds provenaient de la CIA et transitaient par l’Arabie Saoudite qui les envoyait à Ben Laden et aux moudjahidines afghans et leurs amis talibans.

    Mais c’est bien dès 1981 que le recrutement, le financement, l’entrainement et l’armement de Ben Laden et consorts avaient été mis en place par les USA et les Séoud, pour contrer l’invasion soviétique en Afghanistan.

    Toutes les manigances, désinformations et manipulations concernant l’invasion en Afghanistan, les deux guerres en Irak contre Saddam Hussein, l’intervention en Syrie, l’ingérence en Lybie et ailleurs en Afrique ont été mises au jour par les analyses du groupe Judicial Watch, les études de Grégory R.Copley et celles de Philippe Hugon. Aucun démenti de la part des autorités américaines.

    On sait aussi que DAESH synonyme de Al-Dawla al Islàmiyya fi al-Iràq Wa al Chàm (E.I ou ISIS) avait été créé en avril 2006 à Bagdad par le regroupement de 5 branches d’Al-Qaïda. Ce sont les américains qui eux-mêmes ont placé El-Bagdhadi à la tête de cette organisation terroriste en le sortant des geôles de Guantanamo !

    Au vu de l’évolution des divers conflits au Yémen, en Irak, en Lybie, au Sahel, en Syrie, en Egypte ou au Liban, on peut se demander si en 2018 l’Europe ne devrait pas changer radicalement de politique envers le monde arabe, alors qu’elle avait suivi aveuglément et naïvement les Etats-Unis et leurs complices du Qatar, de la Turquie et de l’Arabie Saoudite, en aidant les mouvements terroristes et les multiples milices rebelles aux gouvernements souverains.

    Non seulement les Européens vont subir une vague d’immigrations incontrôlées, mais ils vont payer le prix du sang, consécutif à leur complaisance envers les djihadistes partis en Irak et en Syrie combattre les « tyrans » locaux.

    Qui peut encore croire aujourd’hui en la sincérité de Donald Trump, parlant de la paix dans le monde ? Ou de J-C Juncker, Angela Merkel et Emmanuel Macron, qui nous affirment que l’immigration clandestine sera mieux contrôlée ?

    Sept ans après l’euphorie des « Révolutions de Jasmin », le décompte des centaines de milliers de victimes de ces crises a masqué le souvenir de la prise de pouvoir des islamistes, l’application de la charia et l’existence de marchés aux esclaves.

    OUI, du temps de Ben Ali, de Moubarak ou de Kadhafi, avant le « Printemps Arabe », les populations vivaient mieux qu’aujourd’hui. Comme en Irak, à l’époque de Saddam Hussein, assassiné après un jugement inique !

    Il serait temps également que les Etats-Unis cessent de mettre leur nez dans les affaires des autres, qu’ils retirent leurs troupes d’occupation dont les peuples ne veulent plus et qu’ils fassent acte de contrition pour leurs crimes passés.

    Que ce soient les banksters de Wall Street, les magnats de la pharmacie et des agro-aliments, les multinationales de la malbouffe et des sodas répugnants ou encore les multimilliardaires des GAFAM, tous ces prédateurs de nos us et coutumes sont réellement les ennemis de l’Europe !

    NB : en 2018 l’Afrique va connaitre plusieurs élections présidentielles, au Mali, en Egypte, au Cameroun, à Madagascar, au Zimbabwe, au Soudan du Sud et en RD Congo. Ambiance garantie…

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Hervé Juvin : la fin de la mondialisation et le retour des identités

    On croyait que la mondialisation conduirait à l'uniformisation du monde sous la bannière du modèle occidental. Mais l'auteur de La grande séparation montre que celle-ci réveille au contraire les particularismes identitaires.
    Hervé Juvin est un écrivain et essayiste français. Il poursuit un travail de réflexion sur la transformation violente de notre condition humaine qui, selon lui, caractérise ce début de XXIè siècle. Il est par ailleurs associé d'Eurogroup Consulting. Son dernier livre La grande séparation, pour une écologie des civilisations a été publié aux éditions Gallimard (Le Débat, 2014). 
    Figarovox : Votre livre s'intitule La grande séparation. Qu'est-ce que cette grande séparation ? De quoi nous séparons nous ? 
    Hervé Juvin : La condition politique repose sur la séparation des groupes humains qui assure leur diversité. Jusqu'ici cette séparation entre les hommes provenait de la langue, des mœurs, des lois et des cultures, et se traduisait par le phénomène universel de la frontière: on traçait des séparations matérielles entre «nous» et les «autres». Il s'agissait d'une séparation géographique, matérielle, et horizontale. La Nation était la traduction politique de cette séparation. Depuis une trentaine d'années, on assiste à un phénomène nouveau, une forme de transgression qui se traduit par le «tout est possible» ou «le monde est à nous». Tout cela est en train de faire naitre une nouvelle séparation qui bouleverse radicalement tout ce qui faisait le vivre-ensemble et le faire société. Ce que j'appelle «grande séparation», c'est cet espoir un peu fou, très largement dominant aux États-Unis, notamment à travers le transhumanisme, de s'affranchir totalement de la condition humaine. L'ultra-libéralisme, l'hypertrophie du capitalisme financier, le retour du scientisme sont l'une des faces d'un visage dont le transhumanisme, la transexualité, le transfrontiérisme sont l'autre face. Il faut en finir avec toutes les limites, toutes les déterminations de la nature. Ainsi Google a pour objectif affiché de lutter contre la mort à travers sa filiale Calico. L'idéologie transgenre veut que chaque homme et chaque femme puisse choisir leur sexe. Des entreprises très «humanistes» comme Goldman Sachs remboursent les opérations de changement de sexe de leurs employés ! 
    Cette idéologie des «trans» vise à construire un homme hors-sol, délié de toute origine, et déterminé uniquement par sa propre volonté. C'est le retour du mythe de l'homme nouveau appuyé sur un délire scientiste qui voudrait que chacun soit à lui-même son petit Dieu autocréateur, pur produit de son désir, de ses intérêts ou de sa volonté propre. C'est cela, la grande séparation: la fabrique d'un homme sans origines, sans liens et sans foi, mais qui a chaque instant se choisit lui-même et choisit qui il est. 
    «Plus rien ne nous est étranger», tel est le résultat de la mondialisation. Pourtant à mesure que l'on cherche à détruire le même, l'autre revient toujours plus fort. L'uniformisation a pour conséquence un retour des particularismes. Comment expliquez-vous ce paradoxe ? 
    On peut considérer qu'à bien des égards la mondialisation est achevée. J'ai la chance de voyager beaucoup dans le monde: il n'y a plus de jungles, de mangroves, de déserts, aussi perdus soient-ils où vous n'avez pas des gens qui sortent un téléphone portable de leur poche. La mondialisation des outils techniques - pour la plupart conçus en Occident- est à peu près aboutie. Le phénomène auquel on ne s'attendait pas, ce que j'appelle dans mon livre «l'aventure inattendue», c'est que l'uniformisation du monde est en train de réveiller les différences. L'exemple le plus frappant est celui de l'islam radical. Malraux parlait de «l'invincible sommeil de l'islam»: il y a trente ou quarante ans, l'islam était quelque chose d'endormi, d'immobile et d'assez pacifique. On peut dire ce qu'on veut sur les dérives extrémistes de l'islam, mais une chose est sûre: le retour (et dans certains cas l'invention) d'un fondamentalisme musulman (pratiques, cultes et doctrines rigoureux et agressifs) est généralement le produit direct d'une confrontation avec la modernité occidentale. Ceux qui vont combattre le djihad, en Syrie ou ailleurs, ceux qui ont commis des attentats en Occident, notamment le 11 septembre n'étaient pas des pauvres sans boulot ni éducation, mais des ingénieurs, des gens diplômés, parfaitement intégrés à la civilisation moderne. Il est intéressant de voir qu'une partie des mouvements fondamentalistes en Afrique - je pense notamment à Boko Haram- sont directement l'effet de l'agression de sociétés traditionnelles par les évangélistes et les missionnaires financés souvent par les fondations américaines. La mondialisation, dans laquelle on a voulu voir une homogénéisation du monde est en train de déboucher sur son contraire : le retour des particularismes identitaires, des singularités, et plus généralement un retour du «nous».
    L'illusion du multiculturalisme du «village monde» a-t-elle vécu ? 
    Depuis 40 ans on avait assisté à la proclamation de l'individu absolu, sans aucune appartenance, seul face au monde. On a aujourd'hui un retour de bâton de la réalité : on ne vit pas riche et seul dans un océan de ruines, on ne vit bien que quand on sent qu'on appartient à un ensemble, à un groupe, quand on est dans le faire-société avec d'autres, et c'est probablement ce que cette phase très déroutante de la mondialisation est en train de nous révéler. 
    Est-ce à dire que chacun va retourner chez soi et se confiner dans le séparatisme ethnique ? 
    Quelle forme la séparation politique va-t-elle prendre en réaction à cette grande séparation ? Difficile de le dire. Mais ce qu'il est important de comprendre c'est qu'on ne peut dire «nous» que lorsqu'on a déterminé qui sont les «autres». Il y a quelque chose de profondément mensonger et dangereux dans la grande séparation qui fait de tous les hommes sont les mêmes - les hommes réduits à l'idiot utile des économistes! Si tous les hommes sont les mêmes, je suis absolument isolé, seul et incapable de dire «nous». Dans la plupart des pays occidentaux, on assiste à cet isolement croissant des individus, qui n'ont plus de repères, plus de structures, plus de capacité à dire «nous». Pour dire «nous», il faut qu'il existe des «autres» qui ne sont pas appelés à devenir les mêmes. Nos amis américains disent volontiers : tout homme ou femme sur cette terre n'aspire qu'à une chose: devenir un américain comme les autres. C'est la négation absolue de l'altérité. C'est aussi l'inverse du respect pour l'Autre, celui qui ne sera jamais le même, celui qui à ce titre m'aide à sentir mon identité. La paix dans le monde repose sur l'idée inverse : indépendance et différence. j'ai trop longtemps vécu et travaillé à Madagascar, eu des amis marocains, fréquenté l'Inde, je respecte trop les Malgaches, les Marocains, les Indiens, pour vouloir qu'ils deviennent des Français comme les autres. Ils ont leurs identités, leurs coutumes religieuses, leurs mœurs, qui sont éminemment respectables: au nom de quoi puis-je dire que je suis supérieur à eux ? Quel droit m'autorise à dire que l'avenir d'un malgache, d'un marocain ou d'un hindou est de devenir un Français comme moi ? 
    C'est quelque part le crime de l'universel : de penser que ce qui est bon pour moi est bon pour le reste de l'humanité. 
    Oui, mais nier l'universel, n'est-ce pas nier le propre de la culture européenne ? 
    C'est le grand débat des Lumières et de la prétention au règne universel de la raison. L'idée que nous, Occidentaux, Européens, Français, Américains, aurions mis en place depuis les Lumières un modèle idéal de vie pour l'humanité, entre la croissance économique et la révolution industrielle, la démocratie et les droits de l'homme. Je ne le crois absolument pas. Je crois que d'autres sociétés qui vivent avec d'autres lois, d'autres mœurs, selon d'autres règles, ont su offrir les conditions du bonheur à leurs habitants. Je ne souscris pas à l'idée selon laquelle notre régime politique, notre musique, notre art, notre culture seraient le point d'aboutissement de l'humanité vers lequel tous les autres peuples devraient converger. Il y a une voie chinoise, une voie hindoue, des voies africaines, qui feront des sociétés équilibrées et heureuses, sûres de leurs identités, différentes de la voie américaine ou de la voie européenne. 
    Toutes les civilisations se valent, alors ? Il n'y a pas de valeurs transcendantes, pas de droits de l'homme, pas d'universel… L'excision et le mariage forcée des petites filles est de même valeur que la quasi égalité hommes-femmes en Occident ? 
    On a le droit de défendre un système de valeurs qu'on croit universel. Vous n'allez pas me faire dire que je suis pour la lapidation ! Personne évidement ne peut souhaiter être mis en détention sans jugements, être torturé, etc… Mais on ne peut pas ne pas constater les désastres que produit l'imposition par le haut du modèle occidental dans les sociétés traditionnelles. L'universalisme européen et américain n'a abouti qu'à des champs de ruines : en Afrique, en Afghanistan, en Irak, en Libye… Et la folle course en avant du développement menace la survie de l'humanité ; au nom de quoi arracher ces millions d'hommes qui vivaient hors de l'économie du capitalisme, de l'accumulation, dans un équilibre avec la nature, pour les précipiter dans un système qui détruit les biens vitaux et les services gratuits de la nature ? 
    Les motifs humanitaires masquent souvent des ingérences guerrières. Le «droit au développement» masque l'agression impitoyable de l'obligation de se développer, qui a fait des ravages en Asie et en Afrique. Les limites à l'universel ne sont pas seulement morales, mais physiques. La pénétration sans limites d'internet répand dans des populations entières des rêves qu'elles n'auront aucun moyen de satisfaire, à moins de faire exploser la planète. Il est impossible que 9 milliards d'humains vivent comme un Américain moyen. Ne pas se rendre compte de cela, c'est créer les conditions d'une humanité frustrée. Non seulement cet universalisme sème les graines du malheur, mais il est contre-productif : plus il essaie de s'imposer, plus il réveille des particularismes de plus en plus agressifs. 
    C'est là un point essentiel en géopolitique aujourd'hui : l'agression des modèles universels réveille les logiques de la différence politique. Je cite dans mon livre celui que je considère comme le plus grand ethnologue du XXème siècle Elwin Verrier, pasteur britannique marié avec une fille de la tribu des Muria : au bout de quarante ans passés à côtoyer les tribus indiennes, il a abouti à la conclusion suivante : laissons-les vivre comme ils sont, hors du développement économique. Mêlons-nous de ce qui nous regarde : sagesse qui nous éviterait bien des bêtises !

  • Des milliers d’Iraniens ont réclamé le retour du prince Reza Shah II Pahlavi

    Lu dans L'Action française 2000 :

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    6a00d83451619c69e201bb09e54216970d-200wi.jpgReza Pahlavi, né le 31 octobre 1960 à Téhéran, fils aîné du dernier chah d'Iran, est, selon la Constitution iranienne de 1906, l'héritier du trône perse, dit « Trône du paon » et, pour ses partisans, empereur de jure « Reza II ». Après une éducation aux États-Unis pour obtenir un diplôme à l'Air Force Academy, il rejoint en 1979 ses parents en exil au Maroc avant de partir avec eux pour les Bahamas et le Mexique. Il achèvera des études de sciences politiques à l'Université de Southern California aux États-Unis. Conformément à la Constitution de l'ex-État impérial d'Iran, le jeune prince prête serment le 31 octobre 1980 au jour de son 20e anniversaire. Il vit aujourd'hui en exil comme de nombreux Iraniens, actuellement dans le Maryland aux États-Unis. Proche des milieux néoconservateurs américains Reza Pahlavi propose l'alternative d'une monarchie constitutionnelle au gouvernement de la République islamique d'Iran et tente régulièrement de rassembler les Iraniens en exil autour d'un projet de séparation de la religion et de l'État et de tenue d'élections libres. Il appelle régulièrement, par l'intermédiaire des médias, à des actes non violents de désobéissance civile.

    Michel Janva

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  • Quand la chute de la Monarchie iranienne a changé le cours de l'histoire du monde.

    Des manifestations qui secouent actuellement l'Iran, nous n'avons que quelques photos et les images, désormais rares depuis le blocage par le Pouvoir en place des réseaux sociaux et des plateformes de vidéos, de jeunes en colère et des fumées de lacrymogène qui leur répondent. Mais la contestation, d'abord économique et sociale, prend parfois des accents politiques et des slogans hostiles à la République islamique se font entendre... Cela nous rappelle aussi la responsabilité de l'Occident dans l'établissement de ce régime dont, aujourd'hui, les Iraniens peinent à se défaire, près de 40 ans après le renversement de la Monarchie perse

    Dans les années 1970, l'Iran était dirigé par le Shah Reza Pahlavi d'une main de fer et les ayatollahs ne dictaient pas leur loi religieuse ni à l’État ni à la société. La Monarchie modernisait le pays à marche forcée, trop vite sans doute et dans l'imitation d'un mode de vie occidental qui n'était pas le mieux adapté à la société iranienne. Mais les femmes avaient des droits visibles et pouvaient s'habiller comme elles voulaient, et l'impératrice Farah Diba jouait un rôle non négligeable dans la promotion de la place de la femme dans la société, au-delà des traditions parfois, dans une sorte d'application contemporaine et féminine de la « tradition critique » chère à Maurras... En ce temps-là, l'Iran était considéré comme la principale puissance militaire de la région et une « puissance émergente » sur le plan économique comme sur le plan géopolitique : le pays, sous l'égide de son souverain francophile, apparaissait comme un facteur d'ordre et de modernisation, et se voulait l'héritier de la grande civilisation de la Perse ancienne. Jusqu'aux hommes de la Garde impériale qui étaient nommés « les Immortels » en référence aux troupes d'élite de l'Antiquité dont les figures s'étalaient sur les murs de Persépolis.

    Un bel avenir était promis à l'Iran, comme il l'avait été, en d'autres temps et d'autres lieux, à la France monarchique de Louis XVI qui, à la veille de 1789, se préparait, pensait-on, à dominer le nouveau siècle qui s'annonçait...

    La révolution islamiste, soutenue par les « classes discutantes » occidentales et favorisée par des États occidentaux inquiets des velléités d'indépendance du Shah d'Iran à l'égard des multinationales pétrolières, en a fini avec ce destin apparemment tout tracé et, à peine deux ans après le début d'icelle, la guerre éclatait avec l'Irak voisin, alors soutenu par les États-Unis avant que, dix ans plus tard, ceux-ci ne se retournent contre ce dernier et débutent une nouvelle guerre dans cette région, guerre qui n'a plus vraiment quitté depuis lors ces terres d'Orient... Mais, surtout, 1979, année du renversement de la Monarchie iranienne, est la véritable date de naissance d'un nouvel islamisme idéologique toujours problématique aujourd'hui. En effet, la révolution islamique iranienne était menée par des mollahs chiites, et le voisin saoudien, de confession sunnite, y a vu un risque de perte d'influence dans toute la région, voire au-delà, sur les musulmans du monde qui pouvaient considérer l'Iran chiite (donc hérétique aux yeux des dignitaires sunnites) comme le nouveau porte-drapeau d'un Islam plus politique et revendicatif, peut-être même menaçant pour son propre Pouvoir. En réaction, l'Arabie Saoudite mais aussi d'autres États de confession sunnite ont financé de nombreuses mosquées de par le monde et suscité l'apparition de groupes que l'on qualifierait aujourd'hui de « radicaux » (et fort peu laïques malgré ce qualificatif qui renvoie, dans notre histoire politique française, aux anticléricaux de la IIIe République...) pour contrecarrer le « risque chiite » : ainsi est née la « Créature » qui, aujourd'hui, porte de multiples noms et prend, y compris au sein de nos propres sociétés, de multiples formes, frappant parfois notre pays dans sa propre chair... 

    Ce qui se passe ces jours-ci dans l'ancien empire perse nous renvoie ainsi et aussi à notre histoire et à ses conséquences, mais aussi aux inconséquences des Démocraties occidentales : mais, si la République islamique d'Iran s'effondrait, ce qui semble encore bien lointain (sans être totalement impossible), cela marquerait-il pour autant la fin de la « Créature » ? Rien n'est moins sûr car les extrémistes sunnites y verraient la confirmation de la justesse de leur combat contre « l'hérésie » chiite... Et un Iran à nouveau déstabilisé ferait le bonheur des puissances voisines et pourrait entraîner de nouvelles configurations et conflagrations dans toute la région, de la Syrie au Yémen, du Liban à l'Afghanistan.

    Néanmoins, doit-on se satisfaire de cet État islamique iranien qui, par la faute et la lâcheté des puissances occidentales (dont la France giscardienne de l'époque), règne encore sur un pays qui mériterait de renouer avec sa grandeur passée et sur une jeunesse qui mériterait un autre avenir que celui imposé par les gardiens sourcilleux d'une « révolution islamique » si peu favorable aux libertés domestiques comme intellectuelles ? Que de jeunes monarchistes iraniens participent aux affrontements du soir à Téhéran ou à Tabriz ne signifie pas que la Monarchie reviendra, loin de là, mais que l'Histoire n'est jamais finie et que la révolte, dont on ne sait quel est son destin, ouvre des perspectives qui ne sont pas forcément désespérantes...

    Jean-Philippe Chauvin

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Comment le Hamas a aidé les islamistes en Syrie

    Analyse d'Antoine de Lacoste pour les lecteurs du Salon beige :

    6a00d83451619c69e201b7c9417343970b-800wi.jpgLe Hamas, mouvement islamiste palestinien, a été créé en 1987 par des militants affiliés aux Frères musulmans. Il est entré en conflit avec le Fatah, autre mouvement palestinien mais non islamiste, qu'il a réussi à chasser de la Bande de Gaza. Le Fatah a conservé le contrôle de la Cisjordanie et, depuis, la résistance palestinienne est coupée en deux pour le plus grand bonheur d'Israël.

    Idéologiquement proche des islamistes égyptiens, le Hamas a organisé la survie de la Bande de Gaza par le biais de multiples tunnels qui la reliait au Sinaï. Armes, nourriture et argent transitaient par là. Le système s'est perfectionné au fil des ans et, malgré de nombreux bombardements, l'armée israélienne n'est pas vraiment parvenu à détruire ce réseau dense et complexe. Les hommes du Hamas ont ainsi acquis une véritable expertise dans ce domaine.

    C'est cette expertise qu'ils vont mettre au service des islamistes syriens.

    Ce soutien n'allait pourtant pas de soi. En effet, Israël multipliant les assassinats ciblés de dirigeants du Hamas, la branche politique du mouvement s'est réfugiée à Damas il y a plusieurs années. C'est l'Iran, financeur historique du Hamas, qui a joué les intermédiaires. Assad a accepté, malgré ses réticences contre les affidés des Frères musulmans, pour trois raisons : ne pas déplaire à son allié iranien, ne pas rompre la solidarité arabe face à Israël et faire un geste symbolique en direction de sa population sunnite, majoritaire dans le pays.

    Depuis plusieurs années, Khaled Mechaal, chef de la branche politique du Hamas, avait donc ses bureaux à Damas, tout comme plusieurs de ses adjoints. Lorsque la guerre a éclaté en Syrie, c'est pourtant ce même Mechaal qui appelé le peuple sunnite syrien à la révolte contre "le tyran" Bachar.

    Ce revirement en a surpris plus d'un mais il a sa logique : le Qatar avait en effet décidé de soutenir massivement l'insurrection islamiste et, entre Frères musulmans, la solidarité est totale. Or les dirigeants du Qatar sont eux aussi issus de cette obédience (c'est d'ailleurs une des causes de leur brouille avec l'Arabie Saoudite).

    Naturellement Mechaal et ses amis ont dû déménager et se sont fort logiquement installés à Doha, capitale du Qatar.

    Quelques mois après, des insurgés islamistes syriens, notamment ceux d'Al Nosra, ont appelé au secours le Hamas : leurs réseaux de tunnels destinés à se cacher dans les grandes villes et à prendre à revers l'armée syrienne ne donnaient pas du tout satisfaction. De nombreux combattants furent même ensevelis sous les éboulements.

    Dans le plus grand secret, deux cents spécialistes du Hamas se sont donc rendus en Syrie afin d'apprendre à leurs nouveaux alliés comment construire correctement des tunnels...

    Ils y sont même allés avec du matériel iranien et c'est ce qui a permis de découvrir l'affaire, les Iraniens n'ayant pas été longs à reconnaître leurs perceuses ultra-perfectionnées après la prise de plusieurs tunnels.

    Beaucoup de militants d'Al Nosra ayant ensuite rejoint Daech, l'expertise nouvellement acquise a donc profité à tous...

    Récemment Erdogan, qui parle un peu à Bachar entre deux insultes, lui a demandé d'accueillir à nouveau le Hamas, trop loin de ses bases au Qatar. Erdogan est en effet, lui-aussi, proche des Frères musulmans, et sa réconciliation avec la Russie (feinte ou réelle, l'avenir le dira), lui permettait cette requête.

    Bachar ne pouvait évidemment accepter le retour des traîtres et a logiquement opposé une fin de non recevoir à Erdogan. Ce dernier n'a d'ailleurs pas trop insisté : l'efficacité des tunnels a coûté cher à l'armée syrienne et à ses alliés libanais et iraniens. Même l'Iran, soutien historique du Hamas, n'a pas relayé la demande turque et Bachar avait donc les mains libres pour refuser.

    Depuis, le Hamas multiplie les tentatives de réconciliation vers l'Iran mais en pure perte pour l'instant. Le Hamas a perdu deux alliés précieux et pourra ainsi méditer les conséquences de son ingratitude et de son engagement dans une guerre perdue.

    Michel Janva

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  • Un an de Trump et toujours pas de guerre mondiale

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    De Jérusalem à Pyongyang, esquisse d'un bilan par Matthieu Baumier

    Alors que le président des États-Unis a soulevé un hypocrite tollé en reconnaissant la réalité de Jérusalem comme capitale d’Israël, et que l’ONU annonçait le 17 décembre 2017 examiner – à la demande de l’Égypte – la possibilité d’une résolution contre cette reconnaissance, comment la crédibilité des États-Unis en matière de politique étrangère est-elle perçue à l’issue de cette première année de pouvoir de Donald Trump ?

    Les États-Unis ne cessent de perdre leur crédibilité en matière de politique étrangère. C’est ce qu’écrit, dans un article de la revue Foreign Affairs, l’universitaire de Princeton Keren Yarhi-Milo, dont l’essai à paraître mi-2018 est attendu1. Selon elle, ce fut déjà le cas avec Obama. Et cela s’accentuerait avec Trump : « Trump suffers from a credibility gap » (« Trump souffre d’un déficit de crédibilité »), écrit-elle. Pour des raisons psychologiques. L’usage veut, dans les milieux opposés à Trump, aux États-Unis comme en Europe, de lui accorder un cerveau plus proche de celui de Stallone dans Rambo que de celui d’un « sage » néo-new âge/new-yorkais nourri au quinoa, au cannabis et aux algues bio depuis sa plus tendre enfance. La côte Est des États-Unis et Paris ne parviennent toujours pas à accepter la victoire d’un Trump.

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  • MONNAIE ET POUVOIR, LA MONNAIE, UN ENJEU GÉOPOLITIQUE (février 2016)

    Le 25 décembre, sur TV Libertés, Olivier Pichon et Jean-Christophe Mounicq ont reçu Ludovic Greiling, journaliste, ancien collaborateur du Revenu français, spécialisé dans l'économie des grandes entreprises. Il travaille dans différents journaux, nationaux et internationaux ainsi qu'à Politique Magazine. [www.politiquemagazine.fr]

    L'émission consiste en 40 minutes d'un entretien tout à fait remarquable et passionnant bien qu'il aborde un domaine considéré comme complexe, ardu et généralement mal connu. Ludovic Greiling a ici le mérite de le faire découvrir, avec simplicité, élégance et clarté. Et de faire toucher du doigt qu'il s'agit là d'un grand sujet éminemment géopolitique.

    Cet entretien est une réalisation de TV Libertés, à qui, d'ailleurs, il convient de rendre hommage au passage pour l'excellente qualité de ses émissions. Il va sans dire que nous recommandons de suivre les programmes de cette excellente chaîne de télévision.  LFAR  

     

    La présentation de TV Libertés

    Olivier Pichon et Jean-Christophe Mounicq reçoivent Ludovic Greiling journaliste pour son livre Monnaie et pouvoir, les dessous du système bancaire et des crises financières, éditions APOPSIX. 

    1ère partie : Actualité économique : la guerre monétaire (article de Politique Magazine).

    - La vraie question n’est pas le taux de change mais avec quoi achetons-nous ? Toutes les monnaies sont dérivées du dollar.
    - La Chine et la Russie sont entrées en guerre monétaire, feutrée pour la première ouverte pour la seconde.
    - La monnaie est un enjeu géopolitique JC Trichet l’ex président de la BCE : « le processus européen et un processus politique ».
    - Comment les fonds américains profitent du recyclage des $ aux USA.

    2ème partie : Le livre : Monnaie et Pouvoir. La monnaie si proche et si lointaine.

    - Retour sur la crise de 2008 quand le marché de la dette s’est arrêté.
    - La monnaie sans contrepartie, dématérialisation et centralisation.
    - Qui en profite ? L’oligarchie financière et la puissance publique.
    - L’impôt gage de la dette, les bienfaits vénéneux des déficits.
    - L’or toujours plus fort 2400 tonnes pour la France et 600 vendues par Sarkozy.

    3ème partie : L’euro, un $ européen.

    -  Une monnaie oligarchique : le rêve d’un état central.
    -  Quand les Etats freinent les euros obligations.
    -  Le cas de la Grèce : irrévocable euro !
    - Les monnaies alternatives, monnaies « privées » bitcoin, Euskos…la liberté monétaire interdite. 

    TV Libertés  (Site recommandé)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/02/02/monnaie-et-pouvoir-la-monnaie-un-enjeu-geopolitique-5753669.html

  • Zoom - 2ème colloque eurasiste de Chișinău : L’anti-Davos

  • Vladimir Poutine remercie Donald Trump

    Il l’a remercié pour des informations transmises par la CIA qui ont permis d’éviter une attaque terroriste contre une cathédrale de Saint-Pétersbourg.

    Le président russe a précisé qu’une cellule terroriste préparant une attaque contre la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan de Saint-Pétersbourg avait été déjouée et ce grâce aux informations des services de renseignement américains transmises à la Russie. Un peu plus tôt, le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) avait annoncé avoir arrêté plusieurs individus liés au groupe terroriste Daesh dans la seconde ville de Russie. Les extrémistes projetaient une série d’attaques dans des lieux publics, dont un attentat suicide dans la cathédrale.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html