géopolitique - Page 590
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Manifestation d'amitié envers Vladimir Poutine à Paris
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Le retour au réel – par Bernard Lugan
Source : Blog de Bernard Lugan
Comme l’écrit Thomas Flichy dans un article intitulé « Géopolitique : retour aux règles du jeu »[1], les faux paradigmes d’hier ont volé en éclats cependant que les paradigmes prétendument désuets, se sont au contraire révélés opérants.C’est donc à un retour au réel que nous assistons. Obstinément nié depuis 1945 au nom d’une idéologie désincarnée, ce réel revient en force depuis l’éclatement des blocs à travers la renaissance de la vieille Russie, le retour de l’Iran, l’éveil de la Chine et de l’Inde.
Aveugles à la perte du monopole intellectuel découlant de ce basculement géographique et géopolitique, les responsables « occidentaux » ont continué à vouloir régir le monde au nom de leurs vieilles lunes. Ils y ont même ajouté de nouveaux impératifs catégoriques comme la féminisation de la société et la place réservée aux minorités sexuelles. Sans voir que ces règles, applicables à eux-mêmes, soit à moins de 15% de la population mondiale, sont rejetées par 85% de l’humanité…Prisonniers de leurs dogmes, autistes et sourds à la fois, ils sont désemparés quand le réel leur explose à la figure. Comme en Syrie où, au nom des « droits de l’homme », ils ont armé les pires fanatiques et mis à bas une société multi-confessionnelle. Or, voilà qu’après avoir parlé du président Assad comme d’un nouvel Hitler, acculés par les évidences, ils se préparent, toute honte bue, à discuter avec lui.
En Afrique, le mythe universaliste négateur des ethnies (lire des enracinements et des différences) a gravement mutilé le continent. N’est-on pas allé jusqu’au bout de l’absurde avec ces africanistes français (Jean-Pierre Chrétien, Catherine Coquery-Vidrovitch, Jean-Loup Amselle et leurs élèves), qui ont osé soutenir que les ethnies africaines étant des créations coloniales, elles devaient être écartées des grilles d’analyse politiques et géopolitiques. Or, ces errements intellectuels sont une insulte faite à l’Afrique car ils sous-entendent que les peuples africains ont tout reçu des colonisateurs, jusqu’à leur nom et leur identité. Avant la colonisation, le continent n’était-il donc peuplé que de masses indifférenciées ?
Mais là encore, le réel est de retour et ces arrogantes prétentions universalistes n’apparaissent plus aujourd’hui que comme la butte témoin d’une pensée prisonnière d’impératifs idéologiques anachroniques car nés dans les années 1950.L’exemple de la Libye est éloquent à cet égard. Désintégrée au nom des « droits de l’homme » et de la démocratie universelle, puis plongée dans un chaos sans nom, voilà qu’elle se tourne vers le réel pour sortir de l’abîme. Or, ce réel prend l’exact contre-pied des principes abstraits au nom desquels fut déclenchée la guerre contre le colonel Kadhafi : c’est celui des tribus dont on nous disait hier encore qu’elles appartenaient au passé.
Le 14 septembre 2015, un coup de tonnerre a ainsi retenti dans le ciel serein des certitudes démocratiques européo centrées quand le Conseil suprême des tribus de Libye désigna Seif al-Islam Kadhafi comme son représentant légal. Désormais, voilà donc un fils du défunt colonel seul habilité à parler au nom des vraies forces vives du pays… Contre les universalistes. Qu’ils soient islamistes ou démocrates.[1] Thomas Flichy est professeur aux Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan et cet article est à paraître dans la revue Le Casoar.
http://fr.novopress.info/193201/retour-au-reel-bernard-lugan/#more-193201
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Aymeric Chauprade évalue la politique au Moyen-Orient de la France et de l’Union européenne
Intervention sur le rôle de l’UE dans le processus de paix au Moyen-Orient
Script de la vidéo:
Madame la Haute-Représentante, chers collègues,
Le Moyen-Orient est à feu et à sang. Il a sombré dans un chaos indescriptible : destruction des hommes, destruction de la mémoire, destruction des différences, au profit du totalitarisme islamique, qui s’étend au Moyen-Orient et qui s’infiltre partout en Europe.
Le Moyen-Orient saigne et son sang s’écoule à flots maintenant vers l’Europe.
Mais qui a détruit les Etats-nation ? L’Irak, la Libye, la Syrie ?
Qui a détruit les gouvernements arabes qui avaient soumis le religieux au politique, qui maintenaient la cohabitation pacifique entre les communautés ethno-religieuses, qui permettaient aux femmes d’accéder à l’autonomie et à la dignité ?
Qui a réveillé partout le tropisme djihadique de l’islam ?
Qui a créé ce monstrueux Etat islamique qui transforme les enfants en égorgeurs et détruit nos héritages multi-millénaires ?
Qui soutenait le fondamentalisme islamique en Afghanistan à la fin des années 80 ? -
Propagande de guerre, propagande de paix
À partir de la façon dont nos médias ont relaté les conflits en Irak entre 1991 et 2003, ce film énumère les principes généraux de la propagande de guerre et ses prolongements en temps de paix.
Des intellectuels étasuniens et européens, par le jeu de leurs regards croisés, nous permettent de comprendre les enjeux médiatiques -et idéologiques- des deux côtés de l’Atlantique.
Un écrivain, Jean Bricmont, deux historiennes, Anne Morelli et Annie Lacroix-Riz, un expert militaire, le Général Forget, et une journaliste, Diana Johnstone, comparent ces thèmes de propagande en Irak avec ceux développés lors d’autres conflits, tels celui de 1914-18, les coups de force impunis hitlériens des années ’30, les guerres de Yougoslavie ou celle d’Afghanistan.
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New York, septembre 2015 : Poutine reprogramme le « Nouvel ordre mondial » en sept heures
Trafic dense, ces deux dernières semaines à New York, entre le Saint-Père, le président chinois, la kyrielle de roitelets onusiens… et Vladimir Poutine.
Alors que septembre produit urbi et orbi un substrat de « sauts qualitatifs » notables :
– L’Europe démissionne face aux mouvements migratoires massifs et renonce de facto au principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes,
– Elle s’attire derechef la méfiance des Américains, considérant l’immense potentiel terroriste du cheval de Troie migrant,
– Une coalition orthodoxe-chiite se met en place (Russie, Irak, Iran, Syrie) afin de verrouiller le califat islamique avant son expansion à l’est, au nord et à l’ouest,
– Netanyahou se réajuste vis-à-vis de la Russie, ayant perdu des points aux États-Unis,
– Bill Clinton considère souhaitable un accord avec Poutine sur la Syrie et l’éradication de l’État islamique, tandis que Trump donne un « A » (10/10) à Poutine en termes de leadership, tout en rajoutant que c’est « merveilleux » que Poutine et Assad s’occupent du califat,
– Candidat républicain aux primaires, le chirurgien afro-américain Ben Carson pulvérise les sondages, et remplit sa caisse électorale en postulant que tout futur candidat musulman au poste de président devra répudier la charia pour être éligible,
– La Chine évite les sanctions relatives à son cyber-espionnage, et continuera à quadriller les îlots des détroits de la mer de Chine méridionale,
– Le pape présente aux Américains, peuple « exceptionnel », les facettes de leur devoir familial communautaire comme de leurs responsabilités internationales et provoque involontairement la démission du Speaker de la Chambre des représentants (un catholique fervent sous le stress de récents débats partisans, qui découvre ainsi son chemin de Damas),
– Les démocrates et républicains perdent le nord, comme à la fin de la guerre du Vietnam.
Cependant que Poutine, lui, ne chôme pas :
– D’abord, il enregistre le 20 septembre, pour la chaîne CBS/PBS (« 60 Minutes »), une leçon de realpolitik et de dialectique, se mettant dans la poche le retors journaliste Charlie Rose, répondant à toutes les questions les plus gênantes, mêlant fermeté, politesse et ironie. À voir absolument, surtout par ses adversaires…
– Ensuite, le 28 septembre, de passage aux Nations unies, c’est la leçon de blitzkrieg où, en position de faiblesse, malgré une économie exsangue, il devient l’expert et le passage obligé en diplomatie mondiale sur le terrorisme, redéfinit ensuite le rôle de l’ONU, préempte ce faisant une attaque des oligarques ukrainiens sur le maintien du droit de veto de la Russie, pour enfin gagner le soir même la bataille des médias américains qui, agréablement surpris, et à défaut d’approuver sa conduite, adulent son professionnalisme et la substance de son discours… tout en assassinant le saturnien Obama.
Premiers bombardements russes en Syrie le 30 septembre. La diabolisation a ses avantages…
André Archimbaud
source : Boulevard Voltaire :: lien
http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuuFZyEkVyzexcmWqS.shtml
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Marine Le Pen : « Poutine fait ce que la France aurait dû faire » – Immigration, économie, régionale, race blanche, etc.
Liberté d’expression… Marine Le Pen fait surtout attention de ne surtout pas dire ce qu’on veut lui faire dire.
Le Pen : « Je n’ai aucune raison d’accueillir… par Europe1fr -
Nouvelles frappes de la Russie en Syrie
Cela s’est passé hier. Les Russes continuent à frapper sur les terroristes qui s’opposent au régime de Bachar El Assad, et ils frappent fort. Ils affirment avoir détruit plusieurs bases, ainsi que des dépôts de munitions, un quartier général des groupes terroristes, une fabrique de voitures piégées. Ils ont déployé un grand appareil militaire, et sont basés au nord ouest du pays.
Lundi dernier, à New York, Vladimir Poutine avait présenté une résolution au Conseil de sécurité afin de « coordonner toutes les démarches contre l’État islamique » par une « véritable coalition mondiale contre le terrorisme, semblable à la coalition anti Hitler » durant le dernier conflit mondial.
Et la veille, on apprenait que la Russie avait conclu avec la Syrie, mais aussi avec l’Iran et l’Irak, un accord de partage du renseignement. Et ce sans en avoir averti Washington. De toute manière, les vues paraissent inconciliables. Pour Washington, c’est sur Damas qu’il faut rejeter la responsabilité de l’avancée du groupe Etat islamique. Pour Moscou, le responsable n’est autre que Washington. Et le meilleur rempart contre cette déferlante de l’EI serait la Syrie.
Vladimir Poutine sera reçu en France aujourd’hui même
Avant de le recevoir, François Hollande déclarait hier à la presse qu’une « transition politique » ne pourra pas passer par Bachar El Assad. Il répète que c’est Daech et seulement Daech qu’il faut abattre, et non les « rebelles ». Il ajoute qu’il faut arrêter les « bombardements odieux contre les populations civiles ».Poutine était paré à contrer ces attaques médiatiques, auxquelles il a répondu hier
Il dénonce une manœuvre politique
Je dois souligner que les premières informations sur les victimes parmi les civils ont été publiées (par les journaux) avant même le décollage de nos avions.
Car il faut bien dire qu’en Occident, on s’agite, on pontifie sur la pertinence des cibles choisies par les raids aériens russes. Mais qui sont les « terroristes » à abattre ? Les Européens, les Arabes et les Américains font le distinguo entre l’EI, le Front Al Nosra et les rebelles qu’ils soutiennent. Pour Moscou, tout opposant armé au régime d’Assad est un « terroriste ».
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Oui, le peuple français est historiquement de race blanche et de religion chrétienne
Les réactions aux récents propos tenus par Nadine Morano sur un plateau de télévision révèlent, une fois encore, l’acharnement de l’oligarchie politico-médiatique à nier l’identité de la nation française, sans pour autant opposer d’arguments sérieux aux mots du général de Gaulle, repris à son compte par l’intéressée : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »
La question de l’identité nationale conduit à réfléchir à la notion de peuple. Dans La République, Cicéron affirme : « Par peuple, il faut entendre, non tout un assemblage d’hommes groupés en un troupeau d’une manière quelconque, mais un groupe nombreux d’hommes associés les uns aux autres par leur adhésion à une même loi et par une certaine communauté d’intérêt. »
Pour compléter cette approche, je rappellerai la formule de Charles Maurras : « La France n’est pas une réunion d’individus qui votent, mais un corps de familles qui vivent. » Un peuple, malgré ses querelles intestines, est en effet constitué par l’ensemble de ces cellules de base de la société qui assurent la pérennité de la nation par le renouvellement des générations, qui partagent la même langue, la même culture, les mêmes valeurs morales, la même religion et qui acceptent souverainement l’autorité d’un pouvoir jugé légitime capable de les défendre à l’intérieur de frontières protectrices.
Si la France a reçu quelques apports, au demeurant très marginaux et d’origine européenne, de populations immigrées à compter du milieu du XIXe siècle et jusqu’aux années 1970, il reste que depuis les premiers siècles de son existence, elle a connu une stabilité raciale, ethnique et culturelle remarquable reconnue par tous les historiens honnêtes.
Chrétienne et même catholique par la grâce du baptême de Clovis, converti « au Dieu de Clotilde » après la bataille de Tolbiac en l’an 496, la France a construit une civilisation singulière, expression du génie propre de son peuple.
Alors qu’est refusée aux Français, comme à l’ensemble des Européens, toute velléité de revendication de leur identité particulière, la plupart des autres peuples peuvent, sans encourir la condamnation des grandes consciences onusiennes, réclamer le droit à perdurer dans leur être en refusant l’immigration de populations exogènes.
Ainsi, à l’intérieur même de l’Afrique, bien des États cherchent à préserver leur intégrité en refusant l’arrivée d’étrangers issus de tribus différentes, venus pourtant de contrées limitrophes. Soucieux de l’intérêt de son peuple, un dirigeant de Côte d’Ivoire revendiqua naguère le droit de protéger « l’ivoirité » de son pays. Quant au poète et homme politique antillais Aimé Césaire, n’a-t-il pas évoqué le « génocide par substitution » de la population de la Martinique ?
Enfin, le destin du peuple juif apparaît emblématique à cet égard : pour ne pas disparaître en tant que communauté spécifique, il veille à assurer sa descendance en appelant ses enfants à convoler exclusivement entre coreligionnaires.
Si elle renonce à préserver son identité raciale, ethnique, culturelle et religieuse en abandonnant tout projet de « remigration » des populations inassimilables présentes sur son sol, alors, ajouterait le Général, « la France ne sera plus la France ! »
Laure Fouré
source Boulevard Voltaire :: lien
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Le TAFTA/TTIP à l'article de la mort ?
Pas sûr, non, mais il fait eau de toutes parts. C'est notamment l'analyse de Dedefensa. Extrait.
"Il faut ajouter qu’en Europe, la situation n’est pas meilleure pour le TTIP. Le fait est qu’un front commun de facto s’est formé entre la France et l’Allemagne, non pas contre mais dans tous les cas extrêmement réticent vis-à-vis de la position US dans les négociations, pouvant aller jusqu’à une menace de retrait au moins temporaire des négociations. La France a une position d’autant plus dure que la chose semble avoir l’autorisation d’Angela Merkel, en position difficile et soucieuse de retrouver un soutien du public, – et en Allemagne, il y a seulement 39% du public qui soutient le TTIP. Les sujets de controverse sont nombreux, allant de la question de la cour d’arbitrage, de la rigidité de la position US (Obama est dos au mur avec le Congrès dans les dispositions qu’on a vues), voire du secret et de l’opacité des négociations qui irritent jusqu’au gouvernement lui-même (le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl, au journal Sud-Ouest : « Les négociations du traité transatlantique se déroulent dans un “manque total de transparence”, et une “grande opacité”, ce qui pose un “problème démocratique” »). Cette indignation du gouvernement français pour la forme des négociations est sincèrement touchante et émouvante... Euractiv.fr (en français) et CommonDreams.org, tous deux le 28 septembre, résument cette détestable situation européenne (pour le TTIP)."
Vous pouvez contribuer à abréger ses souffrances (cas légitime d'euthanasie !) en rejoignant cette pétition !
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Bouleversement géopolitique : Obama prêt à travailler avec la Russie et l’Iran pour combattre l’État Islamique
Avec une certaine réticence, Barack Obama a accepté à la tribune des Nations Unies l’idée de travailler avec l’Iran, la Russie – et donc Bachar El-Assad — pour lutter contre Daesh. Le résultat d’un bouleversement des équilibres géostratégiques majeur… et lourd de menaces. Par Charles Dewotine
C’est un revirement qui laisse – une fois de plus — la diplomatie française sur le carreau.
Obama a admis l’idée de travailler avec la Russie et l’Iran et donc avec leur allié Bachar El-Assad, contre l’État Islamique en Syrie. Bien sûr, le président américain a dénoncé le président syrien, traité de « tyran » et accusé de « massacrer des enfants innocents », mais le Département d’État a déjà accepté de revoir « le calendrier de son départ ». En clair, le renversement d’Assad n’est plus à l’ordre du jour… Sauf pour Hollande, ce dont tout le monde se moque.Obama, en avalant des couleuvres de la taille d’un boa constrictor – collaborer avec la Russie, Grand méchant devant l’éternel et l’Iran, naguère encore sur la liste des États-voyous — répondait ainsi au vœu de Poutine, formulé le jour même, à la même tribune des Nations Unies.
Le président russe plaidait la nécessité de former une vaste coalition anti-djihadiste qui serait « semblable à celle contre Hitler » dans laquelle Russie, Iran, États-Unis, mais aussi pays arabes et le gouvernement légal syrien auraient tous un rôle à jouer. Il a insisté sur le fait que refuser de coopérer avec le gouvernement syrien et son armée dans cette lutte serait « une énorme erreur » et a sévèrement taclé -sans les nommer bien sûr- les USA, leurs alliés et leur politique de «révolutions démocratiques» dont on subit les conséquences :Sous la forme de vagues de migrants fuyant les régions ravagées par la guerre et cherchant une vie meilleure en Europe.
[…]
Est-ce que vous comprenez ce que vous avez fait ? Personne n’y répondra. Au lieu du triomphe de la démocratie, nous voyons la violence et le désastre social, personne ne pense aux droits de l’Homme et aux droits à la vie.Au vu des résultats bien minces de l’US Air Force dans la lutte contre l’État islamique… et des preuves du soutien yankee, turc et saoudien – au grand minimum passif ou involontaire — à ce même « Califat » qui s’accumulent, Obama n’avait d’autre choix que de manger son chapeau. Il ne peut en effet laisser la situation pourrir ou lui échapper totalement alors que l’opinion américaine pense à près de 70 % que l’EI est la principale menace pour leur pays et que les élections présidentielles approchent. Même s’il ne sera pas candidat, Obama doigt en tenir compte.
Pourtant, les enjeux de ce spectaculaire rebondissement vont toutefois bien au delà du sort de Daesh ou d’Assad. Il suffit pour s’en convaincre de regarder de plus près les acteurs en scène.
La Russie s’est spectaculairement remise au centre du jeu en intensifiant récemment son aide à son allié Bachar El-Assad, par l’envoi d’éléments aériens et maintenant terrestres, appuyant sa position par le déploiement en Méditerranée du plus grand sous-marin nucléaire du monde, le Dimitri Donskoï (TK-208, classe Typhoon). Le message est clair : Moscou ne laissera pas les États-Unis entraver son intervention militaire.L’Iran est de son côté sorti de son isolement diplomatique grâce aux accords sur son programme nucléaire et joue à nouveau son rôle de puissance régionale, tenant par tous les moyens – notamment la projection de troupes plus ou moins régulières de contrer l’encerclement fondamentaliste sunnite dont il fait l’objet de la part des USA et des pétromonarchies du golfe persique.
Même la Chine, dont des rumeurs persistantes – quoiqu’officiellement démenties — se joindrait à la coalition anti-État islamique. Les motifs ? La Chine pourrait souhaiter ainsi faire pièce aux manœuvres américaines et affirmer son rôle de grande puissance diplomatique et militaire, et pas uniquement « d’atelier du monde ».
Elle pourrait aussi tenter de limiter la contagion fondamentaliste à ses propres régions musulmanes, en neutralisant sur site les volontaires islamistes ouïghours, originaires de la province chinoise du Xinjiang à majorité musulmane. C’est un cas de figure similaire à celui des Russes, qui ne veulent à aucun prix que les djihadistes originaires de Tchétchénie et du Caucase reviennent chez eux porter la « bonne parole » du califat.Bref, deux pays leader de l’Organisation de coopération de Shanghai, la Russie et la Chine – puissances nucléaires de surcroît — et l’Iran, pays observateur (donc potentiellement bientôt membre) de cette organisation iraient coopérer militairement avec Assad contre l’État Islamique. Ce qui n’était au départ qu’un organe de collaboration économique et politique a mué en organe de coopération militaire et sans doute bientôt en alliance stratégique de facto entre puissances continentales, en concurrence géopolitique naturelle avec la puissance maritime par excellence, les États-Unis.
Nous sommes proches du scénario-catastrophe pour les stratèges américains, comme le relevait dès 1997 dans son ouvrage « Le Grand échiquier » Zbigniew Brzezinski, futur conseiller de Barack Obama :L’Amérique est aujourd’hui la seule superpuissance, et l’Eurasie constitue le centre de ce monde. Les glissements de pouvoir sur le continent eurasiatique seront d’une importance décisive pour l’hégémonie américaine… Une grande coalition entre Chine, Russie et peut-être Iran serait le scénario le plus dangereux.
Et c’est en Syrie, pays pivot du Moyen-Orient tant sur les plans géographique que culturel ou religieux, que ledit scénario-catastrophe serait en train de se concrétiser. Un théâtre d’opérations syrien, sur lequel les USA et leurs alliés turcs et saoudiens étaient jusqu’à présent seuls maîtres – du chaos — à bord.
Pourtant, face à la convergence de forces en présence, Obama n’avait guère le choix que d’assouplir sa position… D’autant que l’objectif affiché des russes, iraniens et – officieusement — chinois coïncide avec buts de guerre officiels américains : lutter contre le terrorisme islamique.Pourtant, ce rééquilibrage militaro-diplomatique n’est pas le seul point à considérer. Si l’on agrandit la focale, on s’aperçoit que les forces en présence regroupent les deux puissances dominantes des BRICS, ce groupe de pays qui cherche à contrer la domination économique américaine et qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ces mêmes BRICS, qui, sous l’impulsion de la Russie et de la Chine, contestent la domination du dollar, mettent en place des réseaux de transactions financières et de carte de crédit rivaux de systèmes américains existants ou créent un concurrent au FMI.
Ce qui se joue sous nos yeux, c’est une tentative globale de rééquilibrage des rapports de force dans le monde, le passage d’un monde unipolaire à un monde réellement multipolaire, sur les plans économique, diplomatique et militaire.
Naturellement, les États-Unis ne sont pas décidés à laisser contester leur domination globale.
La Chine est un trop gros morceau à avaler militairement et surtout économiquement. Que ce soit par le nombre d’entreprises yankees qui y fabriquent leurs produits ou le volume de Bons du Trésor et autres avoirs financiers détenus par l’Empire du Milieu, ce dernier tient l’Amérique par les… cordons de la bourse.
C’est donc sur la Russie que Washington a mis une pression maximale et tous azimuts pour disloquer l’ensemble des « non-alignés ». La pression militaire avec le déploiement de matériels lourds de l’OTAN dans les pays de l’Est et le renforcement des capacités nucléaires tactiques et stratégiques en Europe. Elle est aussi économique avec les sanctions déclenchées à l’occasion de la crise ukrainienne ou avec le maintien au plus bas des prix du pétrole par l’OPEP et les USA, qui conservent leur production au plus haut malgré la surproduction de brut généralisée et des stocks de produits finis à un niveau jamais enregistré depuis 1930.En bon judoka, Poutine déplace le centre de gravité de son adversaire pour le déséquilibrer. Trop de pression en Europe ? On s’efface, offrant le moins de prise possible sur ce point sensible et on appuie au Moyen-Orient, abcès purulent de la politique étrangère Yankee. Obama parle droits de l’homme ? Poutine réplique lutte contre le terrorisme. Les USA ont l’Europe dans leur poche ? Poutine active ses alliés régionaux (Syrie, Iran) et va chercher plus loin d’autres soutiens (Chine). Gageons que le prochain mouvement sera sur le plan économique.
Une chose est sûre : si les Américains ont dû lâcher du lest sur le dossier syrien, leur volonté de conserver leur suprématie globale est intacte et ils sont prêts à tout pour y parvenir, d’autant que le rapprochement de puissances continentales est, nous l’avons évoqué, un cauchemar géopolitique pour eux.
Pour réjouissante que soit la nouvelle de ce rééquilibrage des forces, elle n’augure que d’une nouvelle crise, modus operandi habituel de Washington.L’Europe étant durablement – et opportunément — hors-jeu du fait de la crise migratoire, le Moyen-Orient et une bonne partie de l’Afrique déjà plongés dans le chaos, l’Asie constituera-t-elle le prochain terrain de déstabilisation pour Washington?
Charles Dewotine