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géopolitique - Page 665

  • L'ombre des taliban


     
    A lire:
    Ahmed RASHID : L'ombre des taliban, Editions Autrement, Paris, 2001, 19,95 Euro, ISBN 2-7467-0173-1.

    Ahmed Rashid est un journaliste pakistanais, correspondant de la BBC et de CNN. Il n'empêche que son ouvrage nous révèle des aspects intéressants du phénomène taliban. D'abord, Rashid croque une histoire de ce mou­ve­ment dans l'Afghanistan en proie à des dissensions civiles graves, consécutives de l'évacuation du pays par les troupes soviétiques. 
    Cette histoire commence en 1994 et se termine à la suite de l'intervention américaine en oc­­­tobre 2001. Pour Rashid, le mouvement taliban est un défi à l'islam, car il interdit absolument toute forme de compromissions avec des idéologies musulmanes moins rigides ou, a fortiori, avec l'Occident. Mais ce mou­ve­­ment a été "dopé" à l'héroïne, sans le trafic de cette substance, jamais il n'aurait tenu le coup. Rashid nous ex­­plique d'un point de vue pakistanais quels sont les nouveaux éléments dans le "Grand Jeu", montre que l'af­fai­re des oléoducs trans-afghans a été déterminante dans l'évolution des rapports entre les Etats-Unis et les Ta­li­­bans. 
    Dans un chapitre 15, Ahmed Rashid analyse un conflit au sein de l'Islam, entre Chiites et Sunnites, soit en­­­tre deux puissances antagonistes, l'Iran et l'Arabie Saoudite, cette dernière, plus fondamentaliste et plus ri­go­­riste, étant un allié privilégié des Etats-Unis. L'intérêt de cet ouvrage est de montrer que drogues et pétrole sont les enjeux majeurs du conflit en cours, que les unes et l'autre vont servir à asseoir la puissance financière des Etats-Unis (comme les guerres de l'opium contre la Chine avaient permis de remplir les caisses de certaines ban­ques londoniennes au 19ième siècle) et leur donner la maîtrise du commerce des hydrocarbures, au dé­tri­ment des puissances énergétiquement faibles et pauvres, en dépit de leurs immenses potentialités industrielles et commerciales: l'Europe et le Japon.

    http://robertsteuckers.blogspot.fr/

  • Persécutions : le pape dénonce notre silence complice

    Hier, au terme du chemin de croix :

    "Ô Christ crucifié et victorieux, ton Chemin de Croix est la synthèse de ta vie, il est l’icône de ton obéissance à la volonté du Père; il est la réalisation de ton amour infini pour nous, pécheurs ; il est la preuve de ta mission ; il est l’accomplissement définitif de la révélation et de l’histoire du salut. Le poids de ta croix nous libère de tous nos fardeaux.

    Dans ton obéissance à la volonté du Père, nous prenons conscience de notre rébellion et de notre désobéissance.

    En toi, vendu, trahi et crucifié par ton peuple et par ceux qui t’étaient chers, nous voyons  nos trahisons quotidiennes et notre infidélité habituelle.

    Dans ton innocence, Agneau immaculé, nous voyons notre culpabilité.

    Dans ton visage giflé, couvert de crachats, et défiguré, nous voyons toute la brutalité de nos péchés.

    Dans la cruauté de ta Passion, nous voyons la cruauté de notre cœur et de nos actions.

    Dans ton sentiment d’ « abandon », nous voyons tous ceux qui sont abandonnés de leurs familles, de la société, de l’attention et de la solidarité.

    Dans ton corps écorché, écartelé et déchiré, nous voyons les corps de nos frères abandonnés au long des routes, défigurés par notre négligence et notre indifférence.

    Dans ta soif, Seigneur, nous voyons la soif de Ton Père miséricordieux qui, en Toi, a voulu embrasser, pardonner et sauver l’humanité.

    En toi, amour divin, nous voyons encore aujourd’hui nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux, et souvent avec notre silence complice.

    Imprime, Seigneur, en nos coeurs, des sentiments de foi, d’espérance, de charité, de douleur pour nos péchés et conduis-nous au repentir de nos péchés qui t’ont crucifiés.

    Conduis-nous à transformer notre conversion en paroles en conversion de vie et en actes.

    Conduis-nous à conserver en nous un souvenir vivant de ton visage défiguré, pour ne jamais oublier le prix immense que tu as payé pour nous libérer.

    Jésus Crucifié, fortifie en nous la foi, pour qu’elle ne s’écroule pas devant les tentations ; ravive en nous l’espérance, pour qu’elle ne se perde pas en suivant les séductions du monde ; garde en nous la charité, pour que nous ne nous laissions pas tromper par la corruption et par la mondanité. Enseigne-nous que la Croix est le chemin de la Résurrection.

    Enseigne-nous que le Vendredi Saint est la route de la Pâque de lumière : enseigne-nous que Dieu n’oublie jamais aucun de ses enfants et ne se lasse jamais de nous pardonner et de nous embrasser dans sa miséricorde infinie.

    Mais enseigne-nous aussi à ne jamais nous lasser de demander pardon et de croire dans la miséricorde – sans limites - du Père.

    Âme du Christ, sanctifie-nous,

    Corps du Christ, sauve-nous,

    Sang du Christ, enivre-nous,

    Eau du côté du Christ, lave-nous,

    Passion du Christ, fortifie-nous.

    Ô bon Jésus, exauce-nous.

    Dans tes blessures, cache-nous.

    Ne permets pas que nous soyons séparés de toi.

    De l’ennemi défends-nous.

    À notre mort appelle-nous.

    Ordonne-nous de venir à toi,

    Pour qu’avec tes saints nous te louions,

    Dans les siècles des siècles, Amen.

    Michel Janva

  • Comment interpréter l'accord sur le nucléaire iranien ?

    De Thomas Flichy de La Neuville, membre du Centre Roland Mousnier Université de Paris IV - Sorbonne :

    La question nucléaire iranienne est elle en passe d’être résolue ?

    Contrairement aux apparences, la question nucléaire n’est pas centrale dans le dossier iranien. Il s’agit essentiellement d’un enjeu de communication, et ceci pour l’ensemble des protagonistes. Pour le gouvernement iranien, l’aspiration à l’enrichissement nucléaire permet de stigmatiser l’enrichissement nucléaire clandestin d’Israël tout en faisant miroiter à la population l’acquisition d’une bombe nucléaire. Ceci a pour effet immédiat d’aiguiser la fierté patriotique de la population. L’image de la bombe nucléaire a été utilisée de manière symétrique par le gouvernement israélien : en désignant un ennemi extérieur prêt à semer l’apocalypse, celui-ci a pu rassembler une population intérieure minée par les divisions. Ceci est également vrai pour les chancelleries européennes, en perte de vitesse, pour lesquelles la question nucléaire iranienne a permis de maintenir l’illusion de politiques étrangères autonomes. Pour Barack Obama enfin, l’action de communication sur sa victoire diplomatique en Iran permet de masquer l’ensemble des désastres militaire dont il a dû assumer l’héritage. En réalité, l’image mentale de l’explosion nucléaire est d’une telle puissance, qu’elle a été instrumentalisée par l’ensemble des protagonistes afin de manipuler les émotions des foules en coupant court à toute réflexion.

    Dans ces circonstances, que faut il retenir de l’accord qui vient d’être signé ?

    Il faut retenir essentiellement les visites des inspecteurs de l’AIEA. La filière industrielle nucléaire irrigue en effet l’ensemble de l’industrie de pointe iranienne. En la contrôlant à intervalle régulier, les inspecteurs de l’AIEA peuvent se faire une idée très précise des avancées technologiques iraniennes dans le domaine industriel. Or c’est précisément l’innovation iranienne qui inquiète l’Occident, dans la mesure où ce pays est aujourd’hui allié à la Chine et à la Russie. Quant à la bombe nucléaire, l’Iran n’a nullement besoin de la fabriquer lui même. Il lui suffirait de l’acheter à ses alliés, qui lui fournissent d’ores et déjà, une aide militaire importante.

    Quels sont les véritables enjeux pour l’Iran ?

    L’Iran représente un enjeu géopolitique majeur dans la mesure où ce carrefour commercial relie depuis l’Antiquité, l’Europe aux Indes. Qui plus est, ses réserves gazières en font un objectif stratégique de premier plan. Il suffit d’ailleurs de se transporter un demi siècle en arrière pour s’apercevoir que l’Iran constitue l’objectif majeur des forces de l’Axe, pendant la seconde guerre mondiale, afin de couper la Grande-Bretagne de son ravitaillement en provenance des Indes. Si les verrous de Stalingrad et de Singapour sautent, alors les colonnes de chars de la Wehrmacht se précipiteront vers l’Iran tandis que les cuirassiers japonais, feront soudain irruption dans le golfe Persique. Mais le plan échafaudé par les Allemands en 1942 échoue et l’Iran devient la plus grande plate-forme logistique d’acheminement des armes américaines vers l’Union Soviétique. Aujourd’hui, la situation reste inchangée, à la différence près que le centre de gravité économique mondial, en se déplaçant progressivement vers l’Orient, a rendu les sanctions américaines caduques. Il n’aura servi à rien aux Etats-Unis d’user de l’arme des sanctions pour balayer les entreprises françaises, italiennes ou allemandes implantées en Iran. Ce sont les Chinois qui les ont remplacées. Aujourd’hui, au cours de la gigantesque bataille d’influence, qui a eu lieu à Washington, entre les tenants de la ligne dure israélienne et ceux – beaucoup plus discrets – d’une réouverture d’un marché iranien combinée à la possibilité d’agir à nouveau sur les affaires du Moyen-Orient, ce sont les seconds qui l’ont emporté.

    Quelles conséquences géopolitiques et économiques ?

    En premier lieu, l’avancée américaine, met en pleine lumière l’impasse d’une politique étrangère française faisant fi de l’expertise de ses propres diplomates. L’accord donne raison a posteriori aux diplomates dont les positions réalistes et nuancées ont été réduites au silence au bénéfice d’une dangereuse fuite en avant. En second lieu, l’imminence du rapprochement irano-américain a forcé l’Arabie Saoudite à démasquer ses batteries. En lançant violemment son aviation sur le Yémen afin de faire échouer ce rapprochement, l’Arabie Saoudite a montré en creux qu’elle pouvait parfaitement agir militairement à l’encontre de l’Etat islamique mais s’en abstenait soigneusement. Elle va devoir aujourd’hui s’accommoder d’un rééquilibrage de la politique américaine à son détriment. Il est possible que cela l’engage à se rapprocher davantage encore d’Israël. Pour autant, les équilibres géopolitiques sont loin d’êtres bouleversés. La politique désastreuse de confinement de l’Iran a eu pour résultat de structurer une solide alliance continentale eurasiatique, un nouvel empire mongol constitué par l’Iran, la Chine et la Russie, et auquel Poutine vient de raccrocher la Turquie. Aujourd’hui, les Etats-Unis tentent d’introduire une brèche dans ce dispositif. Il s’agit enfin d’une inflexion intelligente, mais bien tardive et seule une reconnaissance éclatante de la légitimité de l’Iran à exercer le leadership régional serait susceptible d’entraîner un véritable renversement géopolitique. Pour l’instant, la conclusion d’un accord n’entraîne qu’une conséquence : la bataille économique entre la Chine et les Etats-Unis est ouverte. Par conséquent, l’Iran retrouve sa place géopolitique centrale. Il n’a aucun intérêt à un règlement trop rapide de la question. L’essentiel pour lui est de se positionner au centre en tant qu’arbitre imprévisible et silencieux.

    Michel Janva

  • [Aix] café d’actualités du 07 avril 2015

     

    Le prochain café d’actualités d’Aix-en-Provence se tiendra le mardi 7 avril au café « Le Festival » cours Mirabeau sur le thème suivant traité par Antoine de Crémiers, conférencier, directeur éditorial de la Nouvelle revue universelle :

    " DE QUOI TAFTA EST-IL LE NOM ? "

    Le très opaque et secret Transatlantic Free Trade Agreement est la plus grande négociation commerciale bilatérale de l’histoire, et s’inscrit dans une stratégie américaine qui entend entraîner l’Europe dans un bloc soustrait à l’influence de la Russie et de la Chine. Présenté comme un magnifique relais de croissance, ce traité, véritable « OTAN » économique mérite qu’on en scrute les éléments essentiels qui apparaissent comme autant d’écueils et de catastrophes futures.

    18:45 : accueil. 19 h : début de la séance. 20:30 : fin de la réunion. Renseignements : 06.16.69.74.85. Entrée libre. Participation sous la forme d’une consommation. Merci de commander et de régler vos consommations à la caisse en arrivant.

     

  • Les Etats‑Unis s’impliquent toujours plus dans le conflit en Ukraine

    290 parachutistes américains débarqueront en Ukraine le 20 avril pour une durée de 2 mois. Leur mission sera de former la garde nationale ukrainienne, celle composée de volontaires qui ont combattu les rebelles prorusses.

    Cette annonce a été faite par le ministre ukrainien de l’Intérieur : Arsen Avakov. Il a ajouté aussi que « Nos partenaires américains fourniront des équipements militaires spéciaux et des moyens de liaison ». A cela viendront s’ajouter 75 millions de dollars d’équipements militaires ainsi que 230 véhicules.

    Cela ne conforte pas les accords de Minsk qui faisaient miroiter une paix. Au contraire, cela attise l’idée d’un conflit alimenté par les Etats‑Unis.

    http://fr.novopress.info/

  • Attentats de Tunis, une stratégie globale – Par Guillaume Faye

    Le massacre du musée Bardo de Tunis n’est que la continuation logique d’une guerre qui commence en Europe et à ses portes, menée par l’islam radical, et qui implique de plus en plus une partie des populations musulmanes immigrées. Cette attaque militaire au fusil d’assaut est la suite de celles de Bruxelles, Paris et Copenhague, selon une fréquence désormais soutenue. Comme je le prévoyais dans un récent article, la série noire continue et va s’amplifier.

    Un acte de guerre inscrit dans une stratégie globale

    Les moudjahidines visaient d’abord à tuer des Européens (20 touristes abattus, de nombreux blessés), mais aussi à déstabiliser la Tunisie (1), le seul pays musulman qui essaye d’instituer une fragile démocratie, où le ”printemps arabe” n’a pas complètement échoué, où une bonne partie de la population est révulsée par l’islamisme et où le parti Ennahda a échoué à monopoliser le pouvoir.

    Les islamistes de ce parti qui se présentent comme des ”modérés” méritent toutes les méfiances. La duplicité est leur loi, comme en Turquie, avec le parti d’Erdogan au pouvoir. Refusant la distinction entre islamistes modérés et radicaux, la militante laïque syrienne Randa Kassis, explique « Islamisme rime avec obscurantisme. Un islamiste modéré n’est guère moins dangereux qu’un islamiste radical. Le premier manie parfaitement l’art de la dissimulation afin d’instaurer, lui aussi, un État islamique, avec la même volonté d’asservir tous ceux qui refusent de se soumettre ».(2)

    L’attentat de Tunis, le plus meurtrier dans le pays et le premier au cœur de la capitale, dans l’enceinte même du Parlement, a été commis par des tueurs tunisiens formés au combat ; il a été revendiqué par l’ État islamique, Daech,  qui ronge la Syrie et l’Irak et qui, en compétition avec les groupes d’Al-Qaida, suit une stratégie sanglante et méthodique. Celle-ci vise à installer l’islam radical sunnite de type archéo-médiéval, totalitaire et seul jugé authentique (le ”Califat ”), dans le monde musulman d’abord, mais aussi dans une Europe en proie à une immigration de masse où les jeunes populations musulmanes allochtones se radicalisent.

    Outre la submersion démographique progressive, l’objectif est à terme (l’islam a le temps, pas comme la mentalité occidentale noyée dans le présentisme et l’immédiateté) la destruction de la civilisation européenne pour la remplacer par le Dar al-Islam . Complètement aveuglés, nos dirigeants parlent de ”terrorisme”, sans oser nommer ou comprendre ce qu’il y a derrière : une stratégie de conquête et d’instauration de la charia totalitaire islamique.

     

    3.000 combattants musulmans venus des rangs des immigrés en Europe sont partis rejoindre Daech. 600 sont déjà revenus (il y a un sinistre ”turn over”) et vivent comme des poissons dans l’eau ici même, dans un milieu qui épouse leur cause, les protège et leur sert de logistique et de base de recrutement.

    La nation française désignée comme ennemi

    Dans une note confidentielle, le Service central de renseignement territorial (SCRT) observe un « repli communautaire plus marqué depuis les attaques contre Charlie Hebdo et l’HyperCacher  » Le rapport de police, révélé par Le Parisien, précise  que les « communautarismes identitaires et religieux s’affichent de façon plus évidente »dans les ”zones sensibles” du territoire français.

    Donc les attentats de janvier 2015 ont encore accru l’hostilité envers la France et l’attachement au djihad. On mesure la naïveté sidérante des manifestations ”Je suis Charlie”. Les jeunes musulmans y ont d’ailleurs très peu participé, beaucoup approuvant les attentats. Le SCRT a noté « une faible représentation de la communauté musulmane à Marseille » à ces manifestations. Ils ont moins manifesté que les musulmans à Tunis, après l’attaque du musée ! Preuve que la radicalisation des musulmans issus de l’immigration en France (notamment les jeunes), comme en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni est plus forte que celle des musulmans de Tunisie ! Le SCRT note aussi « une poussée du courant salafiste dans le Var » depuis les attentats de janvier. Tout cela démontre que ces attentats ont bel et bien porté leurs fruits et rempli leur objectif  auprès d’une population  inassimilable : exalter, pousser à la guerre, radicaliser, fanatiser.

    Sans mâcher ses mots, Yves de Kerdrel écrit : « Notre démocratie, baignée d’angélisme et gangrénée par des élites qui préfèrent le multiculturalisme à la nation, a bien du mal à s’adapter à cette guerre de religion ». Puis il ose cette comparaison :«  Les jeunes filles qui vont à l’université coiffées d’un voile le font pour revendiquer une identité. Elles le font par soumission aux règles des cités où elles résident et aux lois des ”grands frères ” qui y sèment la terreur. Ce n’est pas seulement un refus d’intégration, c’est une forme de racisme anti-français. Et toutes proportions gardées, il n’y a pas de différence entre ce gamin de 12 ans qui part de son collège à Toulouse pour mener des exécutions de sang-froid et ces jeunes filles qui revendiquent le port du voile à l’université avec l’encouragement de professeurs aveuglés par le démon du multiculturalisme ». (Valeurs Actuelles, 19-25/03/2015)

    Propagande sanguinaire comme technique de communication

    Le 10 mars, une vidéo diffusée par EI/ Daech sur Internet montrait en effet un garçon de 12 ans en djellaba qui abattait puis achevait au pistolet un Arabe israélien soupçonné d’être un agent du Mossad, au cri de « Allah Akbar ! » Il s’agit de Rayan, un jeune maghrébin de nationalité française, scolarisé à Toulouse et parti en Syrie. Derrière lui se tenait pour l’encourager celui dont il est le beau-fils, un barbu au regard exalté, Sabri Essid, qui prononça la sentence de mort en français en faisant référence à l’HyperCacher où Coulibaly avait commis son massacre. C’est le demi-frère du tueur Mohamed Merah (auteur en 2012 de 7 meurtres de juifs et de militaires) dont il avait organisé l’enterrement. Il n’a jamais été  interrogé par la DGSI, le service de renseignement intérieur, débordé. Il fait partie du milieu salafiste de la région de Toulouse et a rejoint la Syrie sans problèmes avec sa femme et ses quatre enfants.

    Plusieurs vidéos comme celle-ci ont été visionnées près d’un million de fois dans le monde. Dans certaines d’entre elles, les moudjahidines font connaître leur programme : s’aguerrir en Irak et en Syrie et revenir en Europe pour semer la terreur et  « s’offrir le martyre ». Très inquiétant : des enfants et pré-adolescents fanatisés sont souvent filmés. L’un d’eux, Abdullah, menace en fixant la caméra : « je serai votre égorgeur, ô mécréants, je serai un moudjahid, si Dieu le veut ». Diffusée en janvier 2015, une vidéo de 7 minutes montre un enfant bourreau qui abat deux hommes entravés, présentés comme des ”espions russes ”. Sur une autre vidéo, on voit un jeune combattant de Daech accroupi, avec treillis et turban, kalachnikov posé sur les genoux, qui brandit un poignard et menace, en français, avec l’accent des banlieues. Il promet un carnage, utilisant un argumentaire djihadiste sommaire (c’est un pléonasme), éructant de haine. Une vindicte revient souvent, s’adressant à la fois aux ”mauvais musulmans ”, supposés collabos, et aux Occidentaux : « nous reviendront vous tuer, vous, tous les tarouts (impies) ». C’est une déclaration de guerre.

    Ces vidéos de propagande ne peuvent que se multiplier et inonder la Toile. Elles sont un puissant facteur de recrutement et de fanatisation, notamment en France. La technique psychologique utilisée contre les ennemis (dans le monde musulman et maintenant en France et en Europe) est celle de la sidération par la terreur, en vue d’obtenir la soumission, si possible sans combattre vraiment, par intimidation. Avec le binôme : attentats et grignotage démographique.

    Une nouvelle forme de guerre

    Chaque nouvel attentat crée du fanatisme, de l’enthousiasme, attise le besoin de passer à l’acte. Il mobilise, il exalte, il suscite des émules. Les exploits sanguinaires diffusés sur la Toile font chauffer un peu plus la bouilloire de ce fanatisme islamique, dont les ressorts – ce qu’on n’ose jamais dire – sont en grande partie ethniques. C’est une réalité sociologique qui s’impose d’autant plus qu’on la dissimule. Le peuple le sent parfaitement alors que l’oligarchie s’acharne à le nier. Le déni de réalité est le visage de la trahison des clercs.

    Dans deux ou trois ans, en France, en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas , en Espagne et dans d’autres pays de l’UE, on vivra peut-être au rythme d’un massacre par jour ou de plusieurs simultanés, alternant bombes, tueurs suicidaires, attaques au fusil d’assaut et à l’arme de guerre. Les forces de sécurité et de renseignement sont déjà débordées.

    De plus, on note un mélange explosif associant djihadisme et criminalité, impliquant notamment le trafic de drogues, les violences de délinquance, les émeutes, l’économie mafieuse souterraine, l’extension des zones de non-droit ”défrancisées”, la constitution de stocks d’armes. Les États européens sont totalement impuissants face à cette menace intérieure, avec leurs frontières passoires et leurs législations laxistes. Les avions français qui vont jeter quelques bombes au dessus de EI/Daech au Moyen-Orient, est-ce bien utile ? Les maigres troupes envoyées en Afrique, est-ce la solution ? C’est possible, mais en tout cas, c’est insuffisant.

    La guerre est chez nous et c’est là qu’il faut combattre et se défendre. Cette guerre larvée qui commence a déjà un coût, non seulement financier mais surtout psychologique. Cette stratégie de la tension plombe le moral de la nation, en diffusant un sentiment de méfiance, d’insécurité, de pessimisme.

    Nous sommes en proie à une invasion par le bas, à une guerre d’un type nouveau, à la fois démographique, criminogène, ethno-culturelle et religieuse, et terroriste. Nous ne la gagnerons qu’en changeant radicalement de méthodes et de paradigme, c’est-à-dire en prenant le problème à  bras-le-corps, en s’attaquant à la cause centrale : l’immigration.

     NOTES :
    1) La cible est le tourisme qui représente en Tunisie 7% du PIB et 400.000 emplois,  sans compter les emplois indirects. Les Frères musulmans avaient en Égypte le même objectif, en attaquant les sites touristiques : casser un secteur économique majeur pour engendrer le chaos, préalable à la prise du pouvoir.

    2) Entretien dans Valeurs Actuelles par Frédéric Pons. 19-25/3/2015. Randa Kassis cosigne avec Alexandre del Valle, Le Chaos syrien, Dhow Éditions.

    Guillaume Faye

    http://fr.novopress.info/184995/attentats-tunis-strategie-globale-guillaume-faye/

  • Sahel : les coups de râteau de l’armée française

    Après les grands « coups de marteau » sur la tête des djihadistes en 2013, l’armée française est passée à une stratégie des « coups de râteau », explique-t-on à l’état-major des armées.

     

    C’est beaucoup moins spectaculaire, mais, alors que la situation budgétaire se tend à Paris, les militaires ressentent le besoin d’expliquer ce qu’ils font désormais en plein milieu du désert. 3300 hommes y sont déployés dans le cadre de l’opération Barkhane, le nom du dispositif français au Sahel.

    « Nous menons des opérations en permanence ; ça ne s’arrête jamais » indique une source militaire. « Il s’agit d’entraver les flux logistiques des groupes armés terroristes (GAT) et de leur dénier la liberté d’action ». Le théâtre est immense : 2000 kilomètres entre la frontière Niger-Libye au nord-est et celle entre le Mali et la Mauritanie, au sud-ouest, où des actions ont conduites par l’armée française avec ses partenaires régionaux. Mais c’est toujours au nord du Mali, dans le massif des Iforas, entre les villes de Kidal et de Tessalit, que se concentrent les opérations les plus dures, conduites par la seule armée française. Depuis le début de l’année, pas moins de huit opérations ont ainsi été menées dans la bande sahélo-saharienne. Toutes s’inscrivent dans le cadre de l’opération Barkhane.

    La dernière, baptisée Tigharghar, vient de s’achever cette semaine dans ce massif des Iforas, où des combats très durs avaient eu lieu au printemps 2013. Deux ans plus tard, l’armée française a dû y retourner. En 2013, il s’agissait de déloger les combattants ennemis, au nombre de 1500 à 2000, qui s’y étaient retranchés ; Aujourd’hui, cette région de petite montagne, vaste comme la Haute-Savoie, est « une zone de passage et de stockage » logistique pour 100 à 200 « terroristes ». Fin février, 770 militaires français, appuyés par une quinzaine d’hélicoptères, y ont été engagés pour « reconnaître, contrôler et fouiller » la région. C’est ici que s’est déroulé, le 2 mars, le seul récent combat contre un groupe ennemi, au cours duquel quatre « terroristes » ont été tués, les autres prenant la fuite. « Ils fuient les combats » expliquent une source française, précisant qu’ils préférant le harcèlement des bases militaires avec des tirs de roquettes ou les attentats terroristes, comme à Bamako le 7 mars. La cinquantaine de sites fouillés a permis de découvrir des munitions stockées sur place, dont les explosifs servent à la fabrication de mines (IED). [....]

    La suite dans Secret Defense

    via http://www.actionfrancaise.net/craf/?Sahel-les-coups-de-rateau-de-l

  • État Islamique : L’apocalypse au nom d’Allah – 6e et dernière partie

    V Dissuation

    Il serait trop facile, voire disculpatoire, de qualifier le problème posé par l’État islamique de “problème avec l’Islam.” La religion permet de nombreuses interprétations, et les partisans de l’EI sont moralement tenus de suivre la leur. Pourtant, dénoncer simplement l’EI comme étant non conforme à l’Islam peut être contre-productif. Surtout si ceux à qui s’adresse ce message ont lu les textes sacrés et y ont clairement vu une adéquation avec la plupart des pratiques du califat.

    Par Graeme Wood - Traduction libre réalisée par Fortune.

    Des musulmans peuvent dire que l’esclavage n’est pas légitime aujourd’hui, et que la crucifixion est une erreur dans le contexte historique actuel. Beaucoup l’affirment d’ailleurs. Mais ils ne peuvent pas condamner l’esclavage ou la crucifixion purement et simplement sans contredire le Coran et l’exemple du Prophète.
     

    “La seule voie que les adversaires de l’État islamique pourraient prendre serait de dire que certains textes et enseignements traditionnels de l’Islam ne sont plus valides», explique Bernard Haykel. Ce qui serait vraiment un acte d’apostasie.

    L’idéologie de l’État islamique exerce une puissante emprise sur une frange de la population. Les hypocrisies et les incohérences de la vie disparaissent à son contact. Musa Cerantonio et les salafistes que j’ai rencontrés à Londres sont imbattables : pas une question que je leur ai posée ne les fit bégayer. Ils m’ont tenu des discours de façon très convaincante, à condition que l’on accepte leurs arguments.
    Les qualifier de non-islamiques revient pour moi à les convier à un débat qu’ils sont en mesure de remporter. S’ils s’étaient présentés comme des cinglés écumant et crachant de rage, j’aurais été en mesure de prédire que leur mouvement s’épuiserait à mesure que les psychopathes se feraient exploser eux-mêmes, un par un, ou deviendraient la cible de drones.

    Mais ces hommes parlaient avec une exactitude académique, ce qui m’a placé dans l’état d’esprit d’un séminaire d’études supérieures de bon niveau. J’ai même apprécié leur compagnie, c’est d’ailleurs ce qui m’a le plus effrayé.

    Les non-musulmans ne peuvent pas dire aux musulmans comment ils doivent pratiquer leur religion convenablement. Mais il y a longtemps que les musulmans ont entamé ce débat au sein de leurs propres rangs. “Vous devez avoir des normes,” m’a dit Anjem Choudary. “Quelqu’un peut se prétendre musulman mais s’il croit en l’homosexualité ou qu’il boit de l’alcool, alors il n’est pas musulman. Ce n’est pas comme être végétarien non pratiquant ».

    Il y a, cependant, une autre branche de l’Islam qui offre une alternative à la ligne dure de l’État-islamique – presque aussi intransigeante, mais parvenant à des conclusions opposées.

    Ce volet s’est avéré attrayant pour de nombreux musulmans, maudits ou bénis, ayant le désir psychologique de voir chaque iota des textes sacrés mis en application comme ils l’étaient aux premiers jours de l’Islam.

    Les partisans de l’État islamique savent comment se comporter face à des musulmans qui ignorent les subtilités du Coran : par l’excommunication et la moquerie. Mais ils savent aussi que d’autres musulmans lisent le Coran aussi assidûment qu’eux, ceux-là constituent une réelle menace idéologique à leur encontre.

    Baghdadi est salafiste. Le terme salafiste a été galvaudé, en partie parce que d’authentiques scélérats se sont lancés dans la bataille en brandissant la bannière salafiste. Mais la majorité des salafistes n’est pas djihadiste, et la plupart d’entre eux adhère aux sectes qui rejettent l’État islamique.

    Ils sont, comme le note Haykel, déterminés à élargir la Dar al-Islam, la terre de l’Islam, même, peut-être, avec la mise en œuvre de pratiques monstrueuses telles que l’esclavage et l’amputation, mais pour des temps futurs.

    Leur priorité numéro un est la purification personnelle et de pratique religieuse. Ils estiment que tout ce qui contrecarre ces objectifs – tels que causer la guerre ou de troubles qui perturbent les vies, la prière et l’érudition – est interdit.

    Ils vivent parmi nous

    L’automne dernier, j’ai rencontré Breton Pocius, un imam salafiste de 28 ans qui répond au nom d’Abdullah. Sa mosquée de Philadelphie est située à la frontière entre le quartier de Northern Liberties (où l’on assiste à une montée de la criminalité) et une zone d’embourgeoisement que l’on pourrait qualifier de Dar al-Hipster; sa barbe lui permet de passer presque inaperçu dans ce secteur.

    Une alternative théologique à l’État islamique existe, sans compromis elle non plus, mais qui aboutit à des conclusions opposées.

    Pocius s’est converti il y a 15 ans après avoir reçu une éducation catholique polonaise à Chicago. Comme Cerantonio, il parle comme une vieille âme, doué d’une connaissance profonde des textes anciens. Son engagement pour eux est motivé par la curiosité,  l’érudition et la conviction qu’ils représentent le seul moyen d’échapper à l’enfer.

    Quand je l’ai rencontré à un café du coin, il transportait une thèse coranique en arabe et un livre pour apprendre le japonais. Il préparait un sermon sur les obligations de la paternité à destination des quelque 150 fidèles de sa congrégation du vendredi.

    Pocius déclare que son objectif principal est d’encourager une vie halal pour les fidèles de sa mosquée. Mais la montée de l’État islamique l’a forcée à examiner des questions politiques qui sont généralement très éloignées de l’esprit des salafistes.

    “La plupart de ce qu’ils vont dire sur la façon de prier et comment se vêtir est exactement ce que je vais déclarer dans ma masjid [mosquée]. Mais quand ils en arrivent à des questions sur les bouleversements sociaux, ils ressemblent à Che Guevara.“

    Lorsque Baghdadi a présenté l’EI, Pocius a adopté le slogan “Pas mon khalifa.”

    “Les temps du Prophète furent un moment de grande effusion de sang,” m’a t-il dit, “le prophète savait que le pire scénario pour tous était le chaos, en particulier dans l’oumma [communauté musulmane] ».

    Par conséquent Pocius déclare que l’attitude correcte pour les salafistes n’est pas de semer la discorde en divisant et en traitant d’autres musulmans d’“apostats”.

    Au lieu de cela, Pocius – comme la majorité des salafistes – estime que les musulmans devraient se retirer de la politique. Ces salafistes quiétistes, comme on les appelle, sont d’accord avec l’État islamique pour affirmer que la loi de Dieu est la seule loi, ils s’abstiennent de pratiques comme le vote et la création de partis politiques.

    Mais ils interprètent la détestation du Coran pour la discorde et le chaos comme une obligation à ne s’aligner sur aucun dirigeant, surtout ceux qui sont manifestement coupables de pêchés.  “Le Prophète a dit: tant que celui qui commande n’entre pas clairement dans la mécréance, offre-lui une obéissance totale,” m’a expliqué Pocius, et les «livres de croyance” classiques mettent tous en garde contre ce qui provoque un bouleversement social.

    Il est strictement interdit aux salafistes quiétistes de créer des discordes entre eux, notamment par l’excommunication de masse. Vivre sans Baya’a [l’acte par lequel le peuple prête serment au maître du moment - NDLR], déclare Pocius, ne rend ni ignorant, ni plongé dans les ténèbres.

    Mais Baya’a ne signifie pas nécessairement prêter allégeance directe à un calife, et certainement pas à Abu Bakr al Baghdadi. Il peut signifier, plus largement, faire allégeance à un contrat social religieux et à un engagement pour une société de musulmans, qu’elle soit gouvernée par un calife ou non.

    Les salafistes quiétistes croient que les musulmans devraient orienter toutes leur énergie dans le but de perfectionner leur vie personnelle, y compris par la prière, le rituel et l’hygiène.

    Un peu à la manière des juifs ultra-orthodoxes lorsqu’ils débattent entre eux, afin de déterminer s’il est casher ou pas d’arracher des morceaux de papier toilette pendant le sabbat (cela compte t-il comme “déchirer un chiffon“?), ils passent énormément de temps à s’assurer que leurs pantalons ne sont pas trop longs, que leurs barbes sont taillées dans certaines zones et hirsutes dans d’autres.

    Grâce à ces observations pointilleuses, ils croient que Dieu les favorisera par la force et le nombre et peut-être qu’un califat verra le jour. A ce moment-là, les musulmans se vengeront et, oui, ils remporteront la victoire glorieuse dans la bataille finale.

    En revanche, Pocius cite un grand nombre de théologiens salafistes modernes qui soutiennent qu’un califat ne peut advenir, en étant dans une juste voie, que par la volonté sans équivoque de Dieu.

    L’État islamique, bien sûr, serait d’accord pour dire que Dieu a oint Baghdadi. La réplique de Pocius équivaut à un appel à l’humilité. Il cite Abdullah Ibn Abbas, l’un des compagnons du Prophète, qui s’est assis avec les dissidents et leur a demandé comment ils osaient, en tant que minorité, dire à la majorité ce qui était mal.

    Constatant lui-même que toute effusion de sang ou que la division de l’oumma ont été interdites. Même la manière dont le califat de Baghdadi a été créé est contraire aux attentes, dit-il. “Le khalifa va être établi par Dieu, il fera consensus entre savants de la Mecque et de Médine. Ce n’est pas ce qui s’est passé. ISIS est sorti de nulle part “.

    L’État islamique déteste ce discours et sur Tweeter ses fans tournent en dérision les salafistes quiétistes. Ils les appellent les “salafistes de la menstruation,” en référence à leurs jugements obscurs sur le moment où les femmes sont pures ou non, ainsi que sur d’autres aspects secondaires de l’existence.

    “Ce qu’il nous faut maintenant, c’est une fatwa pour savoir s’il est haram [interdit] de faire du vélo sur Jupiter,” a sèchement tweeté l’un d’entre eux. “C’est ce sur quoi les chercheurs devraient se concentrer. C’est plus urgent que  l’état de la Oummah.” Anjem Choudary, pour sa part, précise qu’aucun pêché ne mérite d’opposition plus vigoureuse que l’usurpation de la loi de Dieu, et que l’extrémisme dans la défense du monothéisme n’est pas un vice.

    Pocius ne bénéficie d’aucun soutien officiel des États-Unis, en tant que contrepoids au djihadisme. En effet, un soutien public tendrait à le discréditer. Ceci étant, il est amer envers l’Amérique qui le traite, d’après ses propres mots, de “citoyen de seconde zone.” (Il prétend que le gouvernement a payé des espions pour infiltrer sa mosquée et a harcelé sa mère sur son lieu de travail afin de savoir si son fils était un potentiel terroriste.)

    Pourtant, son salafisme quiétiste offre un antidote au djihadisme islamique du style Baghdadi. Les personnes qui en arrivent à ce que la foi devienne un combat ne peuvent pas toutes être empêchées de basculer dans le djihadisme. Mais celles dont la motivation principale est de trouver une version ultraconservatrice et sans compromis de l’Islam peuvent y trouver une alternative.

    Il ne s’agit pas d’un islam modéré; la plupart des musulmans le considèreraient même plutôt comme extrémiste. Il représente cependant, une forme de l’islam qu’un esprit intégriste ne trouverait pas instantanément hypocrite ou blasphématoire, expurgé de ses inconvénients. L’hypocrisie n’est pas un péché que l’esprit des jeunes hommes endoctrinés tolèrent bien.

    Les responsables occidentaux feraient probablement mieux de s’abstenir complètement de vouloir peser sur les débats théologiques islamiques. Barack Obama lui-même a dérivé dans les eaux takfiris [fatwa de déchéance du statut de musulman NDLR] quand il a affirmé que l’État islamique n’était «pas islamique» – ironiquement il pourrait être considéré lui-même comme un apostat, en tant que non-musulman et fils de musulman.

    Le takfir pratiqué par des non-musulmans suscite les rires de djihadistes (“Comme un cochon recouvert de fèces donnant à autrui des conseils en matière d’hygiène,” a tweeté l’un d’entre eux).

    Je présume que la majorité des musulmans apprécie la position d’Obama: le président s’est tenu à leurs côtés à la fois contre Baghdadi et contre les chauvins non-musulmans qui tentaient de les relier à des crimes.

    Mais la plupart des musulmans ne sont pas susceptibles de rejoindre le djihad. Ceux qui y sont sensibles seront seulement confirmés dans leurs convictions: les États-Unis s’appuient sur la religion pour servir leurs seuls intérêts.

    Dans les limites étroites de sa théologie, l’État islamique vrombit avec énergie, et même avec créativité. En dehors de ces limites, il pourrait difficilement être plus aride et silencieux: une vision de la vie basée sur l’obéissance, l’ordre et la destinée.

    Musa Cerantonio et Anjem Choudary pourraient mentalement passer de la contemplation de massacres de masse et de la torture éternelle à une discussion sur les vertus du café vietnamien ou celles d’une pâtisserie sirupeuse, avec apparemment autant de délices dans chacune de ces considérations.

    Mais il me semble qu’embrasser leur point de vue serait comme voir toutes les saveurs de ce monde se développer de façon insipide par rapport aux bizarreries saisissantes de l’au-delà.

    Jusqu’à un certain point, je pourrais apprécier leur compagnie, comme un exercice intellectuel coupable. En examinant Mein Kampf en mars 1940, George Orwell a avoué qu’il n’avait «jamais été en mesure de détester Hitler“; même si ses objectifs étaient lâches et répugnants.

    “S’il avait été en train de tuer une souris il aurait su comment la faire ressembler à un dragon.” Les partisans de l’État islamique ont en quelque sorte la même attitude. Ils croient qu’ils sont personnellement impliqués dans les luttes au-delà de leurs propres vies.

    Que le simple fait d’être emportés dans un drame, d’être du côté de la justice, est un privilège et un plaisir, surtout quand c’est également un fardeau.

    Pour Orwell, le fascisme est psychologiquement beaucoup plus attractif que n’importe quelle conception hédoniste de la vie… Alors que le socialisme, et même de manière plus réticente, le capitalisme, annonçaient aux gens “je vous offre du bon temps,” Hitler leur a dit, “je vous offre le combat, le danger et la mort“, et une nation toute entière s’est jetée à ses pieds … Nous ne devons pas sous-estimer son attrait émotionnel.

    Dans le cas de l’État islamique, il s’agit d’une attirance religieuse ou intellectuelle. Que l’EI considère la réalisation imminente de la prophétie comme une question de dogme nous en apprend déjà un peu plus sur le courage de notre adversaire. Même en étant cerné, il sera prêt à célébrer sa propre destruction tout en restant confiant dans ce qu’il recevra le secours divin, s’il reste fidèle au modèle prophétique.

    Des outils idéologiques peuvent convaincre certains convertis potentiels que le message du groupe est faux et les solutions militaires peuvent limiter leurs horreurs. Ceci étant, pour une organisation aussi imperméable à la persuasion que l’État islamique, quelques-unes de ces petites mesures peuvent avoir leur importance, la guerre peut être longue, même si elle ne durera pas jusqu’à la fin des temps.

    The Atlantic

    http://fortune.fdesouche.com/378693-etat-islamique-lapocalypse-au-nom-dallah-6e-et-derniere-partie