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géopolitique - Page 719

  • L’État islamique sort-il affaibli de la bataille de Kobané ?

    L’État islamique (EI) a été chassé de Kobané, en Syrie, mardi 27 janvier. Les djihadistes ont subi des pertes importantes, mais ils ont résisté quatre mois sous les bombardements de la coalition internationale, dans une bataille ultra-médiatisée.

    Kobané n’était pas un objectif stratégique de premier plan pour l’EI. C’est une région kurde, dans laquelle les arabes sunnites, sur lesquels s’appuie l’organisation, sont minoritaires. Certes, parvenir à la contrôler aurait pu donner à l’EI le contrôle d’une centaine de kilomètres de frontière entre la Syrie et la Turquie. Cela aurait facilité son trafic de pétrole, qui représente une part importante de son budget, et l’arrivée de djihadistes étrangers.

    (…)

    L’État islamique a été chassé de Kobané et de quelques villages alentours, à travers lesquels les forces kurdes progressent désormais, appuyées par des frappes aériennes. Mais les djihadistes tiennent encore la province. Ils disposent de chars et d’armes lourdes pour empêcher l’avancée des Kurdes en terrain ouvert.

    (…)

    Sur le plan militaire, la perte de Kobané répond au moins en partie à un choix stratégique : l’EI a mieux à faire à l’Est, dans la région kurde de Qamishli et sur l’axe, vital pour l’EI, qui relie la province irakienne d’Anbar à la ville syrienne de Deir ez-Zor (région riche en pétrole), suivant l’axe de l’Euphrate.

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  • Général V. Desportes : « les Etats-Unis ont crée Daech » !

    Le 17 décembre 2014, la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées tenait un débat en séance publique à propos de la prolongation de l’opération Chammal en Irak. Présidée par Jean-Pierre Raffarin la Commission a interrogé lors des débats le Général Henri Bentégeat (2S), ancien chef d’état-major des armées, le Général de corps d’armée Didier Castres, sous-chef d’état-major Opérations, Monsieur Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, le Général de division (r) Vincent Desportes, professeur associé à Sciences Po Paris et Monsieur Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. 
    Revenons en détail sur l’intervention du Général Vincent Desportes. Commençant son intervention sur un mot de présentation de Daech, soulignant notamment le danger réel du groupe sur nos intérêts vitaux, ce dernier déclara sans ambages : 
    Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les États-Unis. Ce mouvement, à la très forte capacité d’attraction et de diffusion de violence, est en expansion. Il est puissant, même s’il est marqué de profondes vulnérabilités. Il est puissant mais il sera détruit. C’est sûr. Il n’a pas d’autre vocation que de disparaître. 
    Voilà qui a le mérite d’être clair ! 
    Alertant les membres de la Commission sur les incidences d’une guerre menée dans un contexte de réduction de nos forces, le Général Desportes déclara : 
    Au bilan, quelle que soit l’armée considérée, nous sommes engagés au-dessus des situations opérationnelles de référence, c’est-à-dire que chaque armée est en train d’user son capital sans avoir le temps de le régénérer. Nous avons des forces insuffisantes en volume. Pour compenser, tant au niveau tactique qu’au niveau stratégique, nous les faisons tourner sur un tempo très élevé qui les use. C’est-à-dire que si ce suremploi continue, l’armée française sera dans la situation de l’armée britannique sur-employée en Irak et en Afghanistan et obligée pendant quelques années d’arrêter les interventions et de régénérer son capital « at home ». L’effort considérable produit aujourd’hui au profit des interventions a des répercussions fortes et mesurables sur les forces en métropole, en terme de préparation opérationnelle en particulier. Le sens des responsabilités exige de tordre définitivement le cou au mythe de la guerre courte. 
    Après quelques mots sur les bases de la stratégie militaire, le Général Desportes énonça une série de principes, au nombre de cinq, devant guider toute décision d’intervention. 
    Selon ce premier principe, il ne faut s’engager que si l’on peut influencer au niveau stratégique. Le risque d’user ses forces armées si ce précepte n’est pas respecté, avec le discrédit et le déficit d’image qui s’en suit, est mis en avant. 
    C’est le cas de la France en Afghanistan : elle y a conduit une « guerre américaine » sans influence stratégique globale, sans influence sur le cours des opérations, sans influence sur la direction de la coalition. 
    Deuxième principe : il ne faut intervenir que là où cela a du « sens stratégique ». 
    La France est grande dans le monde, en particulier par sa place au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais cette place lui est contestée tous les jours, et il faut qu’elle la défende, qu’elle la légitime tous les jours. Et elle ne peut le faire que par sa capacité de gestion utile des troubles du monde. Ce qui, au passage, impose absolument la nécessité de conforter notre capacité à agir comme « nation-cadre » et à « entrer en premier ». N’en doutons pas : notre place parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et notre influence dans les affaires du monde sont d’abord fondées sur notre capacité à agir de manière concrète dans les crises (capacité et crédibilité). 
    Troisième principe : il faut définir des objectifs atteignables. Prenant l’exemple de l’Afghanistan, le Général déclare que « les objectifs ont très vite dérivé et dépassé les moyens dont la coalition disposait (en termes de temps et de capacité de contrôle de l’espace terrestre en particulier). » 
    Quatrième principe : il ne faut intervenir que quand l’action envisagée est compatible avec les moyens disponibles, immédiatement et à terme. Faisant partie des premiers à avoir critiqué publiquement le Livre blanc de la Défense 2013, le Général Desportes déclara : 
    Le Livre blanc 2013 parle de « volume de forces suffisants ». Dans les faits, l’opération Serval était un pari extrêmement risqué, chacun le sait, en raison du très faible volume de forces déployées, conjugué à la grande vétusté de la majorité des équipements utilisés. L’opération Sangaris est un pari qui a échoué : le pari fait de la « sidération initiale » a échoué. Ensuite, le déni de réalité conjugué à notre manque de moyens a empêché l’adaptation de la force à la réalité du terrain et au déploiement immédiat des 5 000 hommes qui étaient indispensables. 
    Cinquième principe : il ne faut pas faire le premier pas sans envisager le dernier. Cela veut dire qu’il faut évaluer sans idéologie, sans aveuglement, les conséquences d’une intervention, surtout si l’on n’a pas l’intention d’aller jusqu’au bout. 
    A la fin de son intervention, le Général Desportes a continué à alerter les membres de la Commission sur le délitement de nos forces armées. 
    Le sous-dimensionnement patent du budget OPEX a des effets pervers considérables dont doivent être conscients ceux qui en décident. D’abord, laisser dire par les media, sans démenti formel, que les armées dépensent indûment le maigre budget français relève de la faute morale, au moment où nos soldats se battent sur tous les fronts, pour la France et à ses ordres, avec des ressources beaucoup trop comptées. Ensuite, parce que nous sommes toujours en dessous de la « taille critique », ce sous-dimensionnement du budget a des conséquences directes tant sur le succès des opérations que sur la sécurité de nos soldats : ils s’en retrouvent mis en danger. 
    A propos de l’opération Chammal, le Général déclare : 
    J’en arrive à Chammal. Après quelques détours, j’en conviens, mais l’on ne perd jamais son temps à prendre un temps de recul stratégique, à une époque où, justement, la tendance est de raisonner dans le temps court, en termes de dépenses de comptoir, des problèmes qui relèvent du temps long et d’investissements lourds. Je ne m’attarde pas sur l’ahurissante contradiction actuelle entre, d’une part, l’embrasement du monde à nos portes, à notre est, à notre sud-est, à notre sud, la multiplication de nos interventions et, d’autre part, la détérioration profonde et rapide de nos capacités budgétaires avec, en aval, celle de nos capacités militaires. Tout le monde le sait, à droite et à gauche. Certains, trop peu nombreux, le disent. (…) Alors ? Tenons-nous au principe bien connu de la guerre : le principe de concentration … ou à sa version populaire : « qui trop embrasse mal étreint ». Arrêtons de nous éparpiller ! Regardons les choses en face. 
    État islamique. « Daech delenda est » : certes ! Nous sommes profondément solidaires, mais nous ne sommes aucunement responsables. Nos intérêts existent, mais ils sont indirects. Nos capacités sont limitées et dérisoires, là-bas, par rapport à celles des États-Unis et notre influence stratégique est extrêmement limitée. 

  • Documentaire « Au-delà d’Internet : PRISM, ECHELON ou la surveillance généralisée » (3/4)

  • La souveraineté contre le terrorisme ? par Alexandre Latsa

    Les émotions et la compassion pour toutes les victimes sont aux antipodes du pragmatisme froid et sans idéologie qui serait souhaitable pour faire face à la situation actuelle.

    Dans mon précédent texte, qui exposait quelques réflexions à chaud sur la « France Charlie Hebdo », j’ai esquissé un concept qui me semble fondamental pour expliquer la situation, critique à plusieurs titres, que connaît notre beau pays, la France. Ce concept est celui du vide politique et de l’effondrement conséquent de l’autorité de l’État.

    Cet effondrement de l’autorité de l’État nous été vendu comme un processus logique, cohérent, moderne et inévitable, s’inscrivant dans une forme d’évolution de la démocratie libérale et pacifique. Ainsi, l’avenir consisterait à transformer nos nations développées en simples territoires sans frontières, en zones de commerces ou même en hôtels.

    Au cours des années 90 et 2000, l’intégration supranationale et la « bruxellisation » généralisée ont accentué ce processus de limitation des prérogatives de l’État puisque, du moins c’est ce que l’on nous disait : « ON » s’occupait désormais de tout à un niveau supérieur, supranational. En ce début 2015, on se rend compte à quel point notre élite politique « bruxellophile » a fait preuve de légèreté.

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  • Syriza au pouvoir: une victoire souverainiste?

    C'est l'avis de Jacques Sapir, lu ici. Extrait.

    "Mais, au-delà du symbole, il y a des actes. Et les premiers actes de Tsypras ont été des signaux très forts envoyés aux autorités de Bruxelles. Tout d'abord, il a constitué son gouvernement en passant une alliance avec le parti des « Grecs Indépendants » ou AN.EL. Beaucoup disent que c'est une alliance hors nature de l'extrême-gauche avec la droite. Mais ce jugement reflète justement leur réduction du combat de SYRIZA à la seule question sociale. Ce qui justifie l'alliance entre SYRIZA et les « Grecs Indépendants », c'est le combat pour la souveraineté. Tsypras, dans son premier discours, a d'ailleurs parlé de l'indépendance retrouvée de son pays face à une Union Européenne décrite ouvertement comme un oppresseur. Le deuxième acte fort du nouveau gouvernement a été de se désolidariser justement de la déclaration de l'UE sur l'Ukraine. Une nouvelle fois, l'UE condamnait la Russie. Tsypras a dit, haut et fort, que la Grèce n'approuvait pas cette déclaration, ni sur le fond ni dans sa forme, car elle avait été prise sans respecter les procédures internes à l'UE. Il est désormais clair que l'UE ne pourra plus raconter n'importe quoi sur la crise ukrainienne. La règle de l'unanimité s'applique encore. Le troisième acte a été la décision du gouvernement, annoncée par le nouveau ministre des Finances M. Varoufakis, de suspendre immédiatement la privatisation du port du Pirée. Cette décision signifie la fin de la mise à l'encan de la Grèce au profit de l'étranger. Ici encore, on retrouve la nécessité d'affirmer la souveraineté de la Grèce."

    Sur le même sujet, on pourra lire avec profit ceci.

    Paula Corbulon  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Proche-Orient, ces catholiques persécutés

    C'est le dernier numéro hors-série de l'Homme Nouveau, de 68 pages, comprenant notamment des entretiens avec les évêques orientaux :

    • Couv-HS18Mgr Youssef-Thomas Mirkis, archevêque de l'Église chaldéenne de Kirkouk et Souleïmaniyé (Irak)
    • Mgr Michel Youssef Chafik, recteur de la Mission copte-catholique de Paris
    • sa Béatitude ignace Joseph III Youman, patriarche d'Antioche et de tout l'Orient de l'Église syro-catholique
    • Mgr Nasser Gemayel, évêque de l'éparchie maronite Notre-Dame du Liban à Paris et visiteur apostolique des maronites en Europe
    • Mgr Jean Teyrouzian, éparche des Arméniens-catholiques de France
    • sa Béatitude Grégoire III Laham, patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem de l'Église grecque-melkite
    • sa Béatitude Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem

    Philippe Maxence, directeur de l'Homme Nouveau, explique :

    Michel Janva

  • Irak : une province autonome pour les chrétiens ?

    C'est ce que demandent 17 sénateurs américains, qui estiment que la situation de souffrance vécue par les chrétiens et par les autres minorités contraintes à fuir la plaine de Ninive rend urgent un engagement direct du Département d’Etat américain pour

    « soutenir l’institution de la part du gouvernement irakien, d’une province administrative autonome dans la plaine de Ninive ».

    Michel Janva

  • Chronique des temps présents : la lente descente aux enfers des peuples d’Ukraine

    Au cours des 3 dernières semaines, on a pu observer dans le Donbass une dégradation significative des conditions du conflit qui oppose les forces loyalistes Ukrainiennes (FU) aux forces séparatistes du Donbass (FD). Le point de rupture de cette dégradation fut la perte par l’armée ukrainienne de l’aéroport de Donetsk entre le 18 et le 21 janvier, qui porta un coup très rude au moral des FU et qui entraina une contre-attaque des séparatistes dont l’issue reste encore incertaine.

    Dans l’état actuel de l’information, il est hasardeux de produire une analyse équilibrée tant les sources d’information se sont polarisées, au point de n’appréhender les évènements que de manière exclusivement téléologique – l’ennemi est coupable des pires crimes par nécessité, car il est l’ennemi – et cela au mépris des règles les plus élémentaires d’objectivité ou de vérification des sources. On peut toutefois observer les faits suivants.

    La perte de l’Aéroport de Donetsk

    Dans les deux premières semaines de janvier et après 4 mois d’une trêve fragile imposée tant bien que mal à la suite de la première débâcle de l’armée ukrainienne de l’été dernier à Ilovaisk et des accords de Minsk du 5 septembre 2014, les autorités de Kiev semblèrent décidées à reprendre l’offensive. En déclarant une nouvelle mobilisation de 65.000 hommes supplémentaires afin de remplacer les forces positionnées dans le Donbass – plus spécialement autour de l’aéroport de Donetsk – et en focalisant sa rhétorique sur une reconquête du Donbass, le président Poroshenko commença à envoyer des signaux clairs : l’option militaire était de retour.

    Parallèlement à cette intensification des préparatifs militaires du coté ukrainien, le groupe de contact de Minsk (France, Allemagne, Russie, Ukraine) continuait la préparation du sommet d’Astana des chefs d’États concernés pour le mois de février, et ce, afin de cimenter une solution négociée à la crise. Les déclarations relativement conciliantes de Mme Mogherini, le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, ainsi que l’initiative de 7 pays de l’UE – dont la France – de proposer une atténuation des sanctions contre la Russie, tout cela pouvait laisser espérer des signes de bonne volonté de la part des deux parties en présence. La reprise intensive des combats dans la semaine du 12 Janvier a mis un terme à la voie diplomatique dans l’immédiat.

    L’Ukraine lança à partir du 18 janvier une “opération militaire massive” qui se solda par la perte de l’aéroport de Donetsk après 242 jours de combats de plus ou moins grande intensité. À la suite d’intenses tirs d’artillerie ukrainiens sur le centre de Donetsk et d’une petite percée vers le centre de la ville d’une colonne de blindés ukrainiens dont la progression fut stoppée par l’explosion du pont de Putilov, les forces séparatistes lancèrent une contre-attaque vers Piske la base arrière du bataillon du Pravii Sektor (son chef Dimitri Yarosh y fut d’ailleurs blessé au bras et au visage) et de l’armée régulière à l’Ouest de l’aéroport. À l’heure qu’il est les combats s’y déroulent toujours.

    La reprise de l’aéroport par les FD a sérieusement mis à mal des troupes ukrainiennes toujours mal préparées, mal équipées et mal coordonnées. Les chefs des Bataillons Donbass (Semenchenko) et Azov (Beletskii) ont d’ailleurs déjà fait savoir publiquement leur écœurement vis-à-vis de la hiérarchie militaire ukrainienne, ce qui laisse présager des débats à venir houleux à la Rada.

    Le nombre de victimes, tant du côté séparatiste que du côté loyaliste, se chiffre en centaines ou même peut-être en milliers de morts avec la majorité des pertes (morts, blessés, prisonniers) se comptant du coté ukrainien. [....]

    La suite sur realpolitik

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Chronique-des-temps-presents-la