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géopolitique - Page 932

  • Deux poids, deux mesures

    Le candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, affuté et maîtrisant ses dossiers,  a  sévèrement surclassé de l’avis général  Barack Obama lors du débat télévisé  les ayant opposé à Denver le 3 octobre. Pour la première fois, dans un sondage Reuters/Ipsos  publié dimanche il devance le président sortant. Le candidat républicain  a tenu hier,  devant l’Institut militaire de Virginie, son discours de politique étrangère…qui a reçu un accueil mitigé des commentateurs. Au nom d’un  think  tank mondialiste très influent aux Etats-Unis le  Council on Foreign Relations (CFR),  James Lindsay a affirmé qu’ «il n’y (avait)   absolument rien dans ce discours. Si Romney a une stratégie politique internationale, il ne nous a pas encore montré ce que c’est. » Le CFR a compté dans ses rangs  plusieurs  personnalités et politiciens de premier plan (douze Ministres des Affaires étrangères  dont Madeleine Albright, Colin Powell, Henry Kissinger, un ponte de la CIA comme Allen Dulles) et beaucoup d’entre eux sont aussi membres du groupe Bildelberg et de la Commission Trilatérale.

     Ce jugement du Council on Foreign Relations conforte l’idée que les idéologues du Nouvel ordre mondial se satisfont parfaitement de la  politique menée par M. Obama.

    Autant dire que cet avis compte car il est aussi repris par nombre de médias progressistes des deux côtés de l’Atlantique… même si le CFR n’a pas compté que des « flèches » dans ses rangs. On se souvient ainsi  d’un membre de ce groupe de pression,  le républicain  Gerald Ford,  affirmant au futur président démocrate Jimmy Carter,  lors d’un débat en 1976,  qu’il était faux d’affirmer que  l’Europe de l’Est vivait sous le joug de dictatures communistes !

     Lundi,  Mitt Romney, dans un discours d’une vingtaine de minutes, a évoqué de  grands principes , prônant sans surprise une Amérique plus forte, la fermeté face à la Russie et à l’Iran,  des relations plus poussées  avec Israël pour faire face « aux menaces ».

     Il s’est ainsi prononcé en faveur d’un « Etat palestinien démocratique, prospère et vivant aux côtés de l’Etat hébreu, en paix et dans la sécurité ».  Pourtant, dans une vidéo, filmée à son insu en mai dernier, il affirmait  qu’une solution au conflit était « presque absolument impensable », les Palestiniens « ne (s’intéressant) absolument pas à la paix »…

     M. Romney  a également  renouvelé son souhait de mettre à bas le régime de Bachar-al-Assad en Syrie, à « identifier et organiser les membres de l’opposition qui partagent nos valeurs » (sic), promettant de faire « en sorte qu’ils obtiennent les armes dont ils ont besoin ».  M. Romney n’a pas précisé si les 1200 à 1500 combattants étrangers  se trouvant en Syrie,  selon le centre d’analyse britannique Quilliam Foundation, sont au nombre de ceux-ci…

     Invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN, le 27 juin dernier, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, rappelait pourtant que  le « printemps arabe  n’a mis que six mois à se transformer en hiver islamiste (…). Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d’islamisation au prix d’une incompréhension généralisée et de l’opprobre internationale (…) ».

     D’autant que « les théocraties pétrolières n’ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d’en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l’ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité et les mettent à l’abri de toute forme de contestation démocratique. »

     « Le régime syrien poursuivait-il,  n’est pas la dictature d’un homme seul, ni même d’une famille(…). Il y a derrière lui 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d’une mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que l’Occident semble encourager et promouvoir dans la région (…) »

     « Il existe en Syrie d’authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde relève M. Chouet, qui s’accommodent mal de l’autoritarisme du régime et qui espéraient de Bachar al-Assad une ouverture politique (…). Ils n’ont pas la parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage médiatisé du  dictateur  comme cela a été fait en Libye. »

     « Si vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et audiovisuels, en particulier en France (…)  toutes les informations concernant la situation sont sourcées  Observatoire syrien des droits de l’homme  (OSDH) ou plus laconiquement  ONG , ce qui revient au même, l’ONG en question étant toujours l »Observatoire syrien des droits de l’homme (…) une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information privilégiée voire unique (…) ».

     « C’est en fait une émanation de l’Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants   islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L’Osdh s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds saoudiens et maintenant qataris. »

     « (…) Je suis tout de même surpris poursuit-il,  que les médias occidentaux et en particulier français, l’utilisent comme source unique sans jamais chercher à recouper ce qui en émane. »

     « Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s’emparer d’un pouvoir qu’elles guignent depuis près d’un siècle n’a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent. »

     Et comment ne pas voir en effet,  relève Bruno Gollnisch,   la  partialité de « nos »  médias dans leur traitement du conflit  syrien.  Ce qui   ne manque pas de nous rappeler  que nous vivons dans une démocratie confisquée,  dont  les grands canaux d’informations  sont soigneusement verrouillés en fonction d’intérêts qui ne sont pas forcément ceux du peuple français et des Européens.

     Jamais nous ne verrons sur nos antennes pas exemple ce reportage édifiant diffusé sur la chaîne Russia 24, dans lequel des journalistes russes ont suivi pendant deux mois l’Armée syrienne dans sa lutte contre l’ Armée Syrienne Libre (ASL) et notamment contre les brigades internationales djihadistes Al-Farouk et Ansar al islam.

     Même pudeur des médias  français quand il s’agit  de minorer ou de passer carrément sous silence, la mise hors d’état de nuire d’une centaine de mercenaires wahhabites  et autres salafistes   à Alep fin septembre  (afghans, maghrébins, yéménites, saoudiens, qataris…) ou encore l’attentat terroriste à la voiture piégée,  revendiqué  par le   groupe djihadiste, le Front al-Nosra,  qui a  fait mercredi au moins 48 morts dans cette même ville.

     Bruno Gollnisch dénonce plus globalement  ce  règne du deux poids deux mesures qui permet  notamment au ministre des Affaires étrangères  Laurent Fabius de s’émouvoir  hier  du  développement du  radicalisme islamiste dans nos banlieues tout en l’encourageant implicitement ailleurs en soutenant la rébellion en Syrie…

    9 octobre 2012 http://www.gollnisch.com

  • Le rendez-vous des civilisations (Y. Courbage et E. Todd)

    Le propos d’Emmanuel Todd et Youssef Courbage est d’examiner l’islam dans son rapport à la modernité, plus particulièrement sous l’angle démographique. Leur conclusion est que le discours aujourd’hui largement véhiculé par les médias institutionnels correspond à une analyse superficielle, simple habillage d’un propos propagandiste : non, l’islam n’est pas réfractaire à la modernité. Et bien loin d’assister à un « choc des civilisations », nous assistons, selon Todd et Courbage, à leur convergence – le « rendez-vous des civilisations ».
    A l’appui de leur thèse, Todd et Courbage font valoir que le nombre d’enfants par femme a fortement décru dans le monde musulman en trente ans : de 6,8 en 1975 à 3,7 en 2005. Fait complémentaire à prendre en compte : on observe une grande amplitude dans la situation actuelle des pays musulmans, de 7,6 enfants par femme au Niger à 1,7 en Azerbaïdjan. L’indice de fécondité de pays comme la Tunisie et l’Iran est égal à celui de la France, tandis que la zone sahélienne, qui n’a pas entamé sa transition démographique, reste « scotchée » sur des taux très élevés.
    Ce qu’en déduisent en premier lieu Todd et Courbage, c’est qu’il ne faut pas prendre les prêches natalistes des théologiens wahhabites comme référence des attitudes musulmanes : le monde musulman est divers, et cette diversité ne doit pas être masquée par quelques cas extrêmes, souvent mis en avant dans les médias pour décrire « les musulmans », artificiellement amalgamés dans un tout réputé homogène.
    L’analyse que propose Todd et Courbage, au rebours de la vision d’amalgame et d’essentialisme promu par le discours dominant, consiste fondamentalement à décortiquer cette diversité du monde musulman comme la traduction d’une période de transition – transition plus ou moins avancée selon les pays. Et jusque dans sa diversité, cette transition, ajoutent-ils, se déroule selon des modalités finalement comparables à celles expérimentées, avec quelques décennies d’avance, par des pays aujourd’hui entrée en stabilisation, voire en implosion démographique. Il y a eu historiquement, soulignent-ils, une grande hétérogénéité en la matière : l’alphabétisation a toujours provoqué, partout, une baisse des naissances – mais pas partout au même rythme. En Europe du Nord, par exemple, l’alphabétisation a été plus rapide que dans l’Europe latine, mais sa traduction en termes de natalité a été plus lente.
    L’analyse des évolutions historiques des pays extérieurs au monde musulman indique que le délai de latence entre alphabétisation et révolution démographique peut avoir deux causes : d’une part le retard relatif de l’alphabétisation féminine, d’autre part l’interaction de l’alphabétisation avec d’autres variables – on observe, par exemple, que les populations minoritaires sur leur habitat, ou menacées d’invasion, ont tendance à « se défendre », dans un réflexe collectif, en différant leur transition démographique.
    Le monde musulman expérimente aujourd’hui les mêmes mécanismes que le monde occidental et la Russie, il y a dix à quatre décennies. En ce qui concerne le « cœur » du monde musulman (Maghreb et Moyen-Orient), la plupart des grands pays marquent à peu près 40 ans de retard sur le monde russe, 80 ans sur le monde latin et un siècle sur l’Europe du Nord, tant pour la courbe de l’alphabétisation que pour celle de la natalité : c’est ce qu’on observe en Algérie, au Maroc, en Turquie. Des pays musulmans comme l’Iran, la Tunisie sont légèrement en avance sur ce « cœur ». D’autres sont légèrement en retard, comme l’Egypte ou la Syrie. Bien sûr, les évolutions sont complexes, et un pays légèrement en avance sur l’alphabétisation peut être légèrement en retard dans la stabilisation démographique : exactement comme ce fut, 80 ans plus tôt, le cas en Europe. Mais globalement, l’histoire démographique de l’Occident de la fin du XIX° siècle est reproduite par le « cœur » du monde musulman, aujourd’hui. La « conquête musulmane par les ventres » et le « Califat mondial » redouté par certains ne sont, pour ce qui concerne l’essentiel du monde arabe proprement dit, plus d’actualité.
    C’est si l’on s’éloigne de ce « cœur » du monde musulman que l’on peut effectivement trouver des « bombes démographiques » encore à désamorcer. On en trouvera une, très médiatisée, dans la péninsule arabique – mais, si la démographie de la zone wahhabite reste explosive, les effectifs concernés sont en réalité assez faibles : « cœur » spirituel du monde musulman, la péninsule arabique est, sur le plan démographique, une périphérie secondaire.
    Plus significatif, on trouvera des « bombes démographiques » surtout dans deux zones significatives  démographiquement : le Pakistan et l’Afrique subsaharienne musulmane.
    Ici, Todd et Courbage sont plus réservés sur la vitesse à laquelle les transitions démographiques vont se produire. Ils supposent qu’elles finiront par advenir, mais ils admettent que la transition, à peine entamée au mieux, sera beaucoup plus difficile que dans le « cœur » du monde musulman – et ils s’interrogent sur l’existence possible, dans ces zones, d’un « plancher » de natalité, aux environs de 4 enfants par femme.
    Pourquoi ce retard ? Pourquoi ces incertitudes ?
    Ce qui fait ici barrage à la transition n’est pas l’application de la Charia (laquelle, soit dit en passant, n’est appliquée quasiment nulle part en Dar-el-Islam), mais des donnes largement extérieures à l’islam, parfois solidifiées par lui – au Pakistan, une très forte endogamie ; en Afrique Noire, un très fort retard d’alphabétisation.
    L’endogamie n’est pas en soi un obstacle à la transition démographique. Très forte historiquement en Tunisie, elle n’a dans ce pays nullement été un frein au recul de la natalité. Mais au Pakistan, expliquent Todd et Courbage, on a affaire à un cas particulier : une forme de « paranoïa démographique » contre le monde indien, au sein de laquelle l’endogamie fonctionne comme un marqueur identitaire. Dans ce monde-là, le modèle familial endogame est vu comme la clef de voûte d’un système très sécurisant pour les individus, assurant une forte armature sociale et une grande stabilité de la coutume. Ici, Todd et Courbage soulignent qu’il existe donc un véritable phénomène de retard dans la transition démographique, mais que ce retard n’a absolument pas les causes que les « islamophobes » de tous poils mettent généralement en avant : en réalité, le Pakistan, du fait de son système d’endogamie coutumière, est dominé majoritairement par un système faussement patriarcal, où l’autorité des oncles est souvent plus réelle que celle des pères (marqueur immanquable des systèmes matriarcaux). Le patriarcat islamique n’est donc pas la véritable cause du retard de transition de ce pays – au contraire, c’est l’existence d’un système finalement peu patriarcal, de type tribolinéaire, qui explique le retard.
    L’autre bombe démographique est l’Afrique Noire. Bien sûr, une première spécificité de l’Afrique Noire est la réalité de la polygamie. Fait exceptionnel dans le reste du monde musulman (moins de 5 % des familles sont concernées), elle est une norme alternative au sud du Sahara (taux de polygamie : environ 35 %). Cependant, Todd et Courbage ne pensent pas que ce soit la cause première de la forte natalité africaine ; la cause principale est selon eux à rechercher dans le retard d’alphabétisation. Ils font remarquer, à ce propos, que toute l’Afrique est caractérisée par une forte natalité, indépendamment du poids de la polygamie et de celui de l’islam : l’Afrique centrale non-musulmane présente des indices de fécondité équivalents à ceux de l’Afrique musulmane. Dans les pays où cohabitent musulmans et chrétiens, il n’y a pas de règle générale : au Nigéria, les musulmans sont plus prolifiques, mais au Tchad, les chrétiens font plus d’enfants qu’eux.
    Et, concernant l’Afrique Noire, Todd et Courbage de conclure par une sentence ambiguë, qu’il est amusant de reporter ici en toutes lettres : « La forte inertie des mouvements démographiques garantit qu’il surviendra, au cours du XXI° siècle, un déplacement du centre de gravité de l’islam vers le sud. Il n’est pas impossible qu’un jour la problématique fondamentale associée à l’islam ne concerne plus ses rapports avec le nord « chrétien » ou « post-chrétien », mais le basculement de ses équilibres internes. »
    http://www.scriptoblog.com

  • Ni Chavez ni Hessel ne seront béatifiés

    130319 Dans l'incertitude que comporte le nouveau pontificat, une chose au moins semble certaine. On sait qu'aucun des deux disparus encensés ces jours-ci à Paris ne sera canonisé demain à Rome, ni Chavez ni Hessel.

    Dans l'Hexagone, certains sont allés jusqu'à suggérer la "panthéonisation" de Hessel. Une pétition circule, et sans préjuger de son échec souhaitable, cette impudente initiative devrait à elle seule nous instruire de l'état de déliquescence de l'esprit public.

    La glorification du caudillo vénézuélien Chavez, d'autre part, a donné à notre ministre de l'Outremer l'occasion de se faire connaître en Métropole. En même temps, Victorin Lurel ridiculisait un peu plus le gouvernement Ayrault. Le 28 janvier l'intellocratie parisienne avait pris les devant. Un colloque où le parti socialiste trônait en bonne place avait déjà jeté les bases de la reconnaissance du culte "chaviste" dont on peut espérer pourtant qu'il ne durera pas à Caracas.

    Premier constat par conséquent : il est aboli le temps où l'on saluait la France comme le lieu "où se cuisait le pain intellectuel de la chrétienté." Le pape Paul VI évoquait encore la formule. Elle remonte à saint Thomas d'Aquin. Mais beaucoup d'eau a coulé depuis sous les ponts de la Seine comme du Tibre.

    Sur le terrain de l'évaluation des mérites le grand écart continue de s'accentuer entre la capitale du jacobinisme et ce qui demeure de la civilisation européenne.

    Ainsi Stéphane Hessel aura-t-il connu, au soir de sa vie, une sorte de gloire littéraire parisienne et même hexagonale incroyable. Absolument imméritée, elle fut orchestrée autour d'un petit opuscule intitulé "Indignez-vous". D'une étroitesse affligeante, ce texte fut diffusé à des centaines de milliers d'exemplaires. Il s'agit, sur quelques pages d'un véritable bréviaire de l'imbécillité et de l'inquiétante immaturité de nos contemporains. Si la mode qui l'a propulsé devait perdurer en Europe on pourrait y voir le signe que notre continent, nos sociétés gavées et leurs enfants gâtés sont devenus gâteux.

    Très probablement pourtant Hessel échappera à toute hypothèse de canonisation par l'Église romaine.

    Un obstacle majeur s'opposera bientôt à la perpétuation de ces louanges imméritées. Car en vue de sa canonisation Hessel souffre d'un handicap plus grave encore que le fait d'être soutenu par Éva Joly (1)⇓.. En juillet 2012, en effet, il s'attirait les foudres d'une chronique qu'on peut lire sur le Huffington Post (2)⇓.. Rédigée par Jacques Tarnero elle souligne un certain nombre de zones d'ombres dans les prises de position du grand homme. Outre une surestimation systématique de son propre rôle dans certaines circonstances, quand il prétend par exemple être un des corédacteurs de la Déclaration dite "universelle" des droits de l'Homme, il a osé dans un entretien publié par la Frankfurter Allgemeine Zeitung en janvier 2011, prétendre revoir à la baisse les duretés de l'occupation allemande en France. Plus grave encore il les met en parallèle avec les mesures israéliennes dans les territoires occupés. S'il n'avait été déporté lui-même, si le texte de son entretien n'était surtout consacré à "Comment j'ai survécu à Buchenwald et autres camps", s'il avait été supposé lié à "l'extrême-droite" Hessel aurait certainement passé un sale quart d'heure judiciaire. Heureusement, la polémique peut s'éteindre avec la disparition de l'intéressé.

    Sur Chavez, le portrait se résume à ceci : 96 % des exportations du pays sont assurées par le pétrole. La capitale est une des plus dangereuses du monde. La corruption bat tous les records. Le ministre français Lurel a fait scandale en assimilant Chavez à De Gaulle et à Léon Blum. (3)⇓.

    Le New York Times aurait laissé entendre que le maître du Venezuela aurait amassé une fortune personnelle de 2 milliards de dollars : nous n'en croyons rien : il semblerait plutôt que tout a été dilapidé ;

    Disparu le 5 mars, son successeur par intérim Maduro annonçait le 8 mars qu'il serait embaumé "pour l'éternité (...) comme Lénine, Ho Chi Minh ou Mao Tse-Toung". Le 13 l'opération se révélait techniquement impossible. On respire.

    Tout le monde le sait, ou du moins chacun pourrait l'apprendre : tout ce que le caudillo de Caracas a pu distribuer à ses partisans n'est jamais venu que de la rente pétrolière. De celle-ci la Venezuela aurait pu tirer un outil de développement économique national. La démagogie l'a seulement utilisé en vue de son clientélisme politique, des dépenses économiquement stériles pour l'avenir du pays.

    Or, puisque tous les médiats même de gauche ont pu repérer l'imposture de cette prétendue politique "sociale", on aurait pu imaginer que les Français se seraient détournés de cette fausse gloire.

    Sur un site dérivé du quotidien Le Monde on a pu lire, parmi tant d'autre, cette réaction approuvant la présence d'un Ahmadinejad éploré aux funérailles de son camarade : "L’important est d’être à ces funérailles d’un grand chrétien de gauche qu’est Chavez… la honte c’est notre lâcheté et nos commentaires sur ce grand homme qui a gagné 13 élections sur 14 et que la presse et TV française accuse d’être dictateur…"

    "Ce grand chrétien de gauche qu’est Chavez" : voilà quand même qui laisse rêveur.

    Fait-il répondre que ce grand homme a gagné presque autant de victoires électorales que Joseph Staline. Mais à l'époque la Constitution soviétique était la plus démocratique du monde. La perfection "bolivarienne" n'est plus de ce monde. Tant pis. Déjà Milton écrivait, dans "Lost paradise" en nostalgique de Cromwell et de l'Utopie "mieux vaut régner en enfer que servir en paradis".

    À la samba pour les funérailles de Chavez, Ahmadinejad aurait, dit-on "scandalisé les conservateurs iraniens" en embrassant la mère de Ugo Chavez, attouchement impudique au regard de l'islamisme. (4)⇓.

    Pour le successeur désigné de Fidel Castro : il y a en avait pour tous les goûts, tous les dingues de la Planète, ceux de Paris comme ceux de La Havane ou de Téhéran.

    Au moment où la messe d'intronisation du Pape François se déroule en présence des hiérarques de l'Église orthodoxe, saluons sincèrement ce beau symbole et remercions d'avance les autorités spirituelles de l'occident de ne pas entrer dans cette danse.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. BFM le 27 février à 18h28 .
    2. Sous le titre "Stéphane Hessel, l'indigné", elle est datée du 3 juillet sur ce site elle figure aussi sur le site du CRIF en date du 29 juin.
    3. Certains risqueraient d'ailleurs de se demander un jour si la double comparaison ne mérite pas d'être explorée, horresco referens.
    4. cf. Blog Le Monde du 11 mars 2013.
  • Tea Party : L’Amérique à la reconquête de ses libertés

     

    <em>Tea Party : L’Amérique à la reconquête de ses libertés</em>

    RENNES (NOVOpress Breizh) – À lire la presse française de ces dernières années, on s’étonne que Barack Obama n’ait pas été réélu avec 99 % des voix tant le président américain cumule les vertus et ses adversaires les défauts. À lire le livre Tea Party : L’Amérique à la reconquête de ses libertés, on comprend surtout que les commentaires usuels relèvent soit de la désinformation, soit de la nullité crasse. D’origines vendéennes et bretonnes, Évelyne Joslain connaît à fond les arcanes des idées politiques américaines et les expose ici avec passion.

     

     

    Loin de la caricature présentée de ce côté-ci de l’Atlantique – front bas, intégrisme biblique et winchester en pogne – on découvre que le Tea Party est une « nébuleuse » où coexistent féministes conservatrices dégoûtées d’une « gent masculine à l’évidence dépassée par la situation », mâles blancs exaspérés par la discrimination à l’envers, et patriotes identitaires désireux de retrouver les valeurs fondatrices des États-Unis. De nombreuses idées infusent dans la théière du Tea Party : sur le plan intellectuel, le mouvement n’a rien à envier au clan « progressiste ».

     

    Obama occupe une grande place dans ce livre, mais pas l’Obama sanctifié qu’on connaît en France. Évelyne Joslain s’étonne de « l’écart entre le mythe Obama et l’inquiétante personnalité de cet étrange président », élevé à Hawaï par des grands-parents maternels blancs et de gauche. Elle dénonce ses « mauvaises fréquentations » comme Jon Corzine, ancien trader de Goldman Sachs devenu gouverneur démocrate du New Jersey avant de diriger MF Global qui sera l’une des dix plus grosses faillites de l’histoire américaine suite à des spéculations financières malheureuses. Elle a des mots très durs sur le dilettantisme géopolitique d’Obama, son indulgence envers l’islamisme, sa gestion invraisemblable de la guerre d’Afghanistan (où la « guerre contre la terreur » s’accommode d’assassinats « ciblés » en territoire pakistanais) et son immigrationnisme qui, au-delà du simple calcul électoral, pourrait dénoter une haine viscérale de l’Amérique blanche. Impitoyable, elle conclut : « C’est bien aux névroses d’Obama que l’Amérique doit d’avoir vu en trois ans s’exacerber les tensions raciales et se créer des clivages sociaux tandis que s’aggravaient rapidement la politisation et la racialisation de toutes les questions, sans oublier le chaos géopolitique au Moyen-Orient ».

     

    Si les dérives européennes (alliance entre universalisme et financiarisation, entre business et immigration, etc.) ressemblent fort à celles de l’Amérique, la France n’a rien produit d’analogue au Tea Party à ce jour. Ce livre très documenté est donc une exploration utile d’un puissant courant émergent encore très mal connu.

     

    François Kernan http://fr.novopress.info

     

    *** Évelyne Joslain, Tea Party : L’Amérique à la reconquête de ses libertés, éditions Jean Picollec, 298 p., 21 €.

  • « Des destinataires pas très recommandables »

    « C’est toujours  intéressant de jouer des ordures », «  (un personnage)  passionnant, pas tellement pour lui-même, c’est vraiment une crevure, mais par son époque et le succès invraisemblable de ses écrits  infâmes ». Rassurez-vous chers lecteurs,  ce jugement  de l’acteur  versaillais Denis Podalydés  ne concerne pas Jean-Paul Sartre qu’il incarna avec le talent qui  est le sien dans un  téléfilm  tourné en 2006, mais le publiciste et pamphlétaire  antisémite Edouard Drumont.  Le comédien endosse ce rôle  ce soir    dans un « docu-fiction »  qui sera diffusé sur France 2. Le producteur en est le  célèbre militant d’extrême gauche  Jacques Kirsner  (alias   Charles Stobnicer dit Berg), ancien membre dirigeant  du groupuscule trotskiste  Organisation communiste internationaliste  (OCI)   dans lequel  Jean-Luc Mélenchon fit aussi ses premières armes. Pour la petite histoire,  c’est ce même Kirsner  qui confirma   le passé trotskyste  et les relations avec l’OCI de Lionel Jospin dans un article publié dans Libération en 1999.  Les médias rapportent ce matin que Denis Podalydés et  Jacques Kirsner se sont beaucoup  battus pour que ce téléfilm soit diffusé à une heure de grande écoute  et non pas en seconde partie de soirée comme  cela était initialement  prévue par la chaîne. Faut-il que ces derniers soient persuadés de  l’urgence  du message pédagogique qu’il délivre, à défaut de son originalité. Mais un an après  les assassinats commis par Merah, ne doutons pas que les jeunes notamment,  boycotteront les derniers épisodes de Docteur House  pour se précipiter sur France 2. Piqure de rappel pédagogique qui a été faite aussi magistralement par le  président israélien Shimon Peres dans l’hémicycle  du Parlement européen le 12 mars, dernière étape de sa tournée européenne .  

     Pour être tout à fait honnête M. Peres est un peu comme chez lui quand il visite les assemblées et les instituions européennes. Javier Solana, ex  secrétaire général de l’OTAN (199599), ancien Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l’Union européenne (1999-2009), en avait fait l’aveu en octobre  2009 en Israël   lors de la seconde édition de la conférence  organisée sous l’égide de Shimon Peres , Facing Tomorrow . En présence notamment du philosophe Bernard-Henry Lévy, Javier  Solana  avait déclaré: « Israël permettez-moi de le dire, est un membre de l’Union européenne sans être membre de ses institutions ». M. Solana avait  poursuivi en notant qu’Israël est « partie prenante à tous les programmes de l’Union » et en soulignant  qu’aucun des États en cours d’adhésion à l’Union n’a de relation aussi étroite avec l’Union qu’Israël, bien que cet État n’ait jamais été officiellement  candidat.

    Aussi, la semaine dernière,  et pour faire bref, M. Peres s’est contenté dans son allocution officielle,  la première intervention d’un président israélien devant le Parlement européen depuis 30 ans,   de rappeler bien sûr en filigrane  la dette  imprescriptible des Européens vis-à-vis d’Israël.  Il  a rejeté aussi  toutes les critiques émises concernant la Palestine, la politique de colonisation de la Cisjordanie. Il a enjoint fermement l’Europe à inscrire le Hezbollah pro iranien  sur la liste des organisations terroristes. Il a dressé un réquisitoire implacable contre l’Iran : « Téhéran soutient le terrorisme »,  « Téhéran met en cause l’existence d’Israël », « Téhéran nie l’Holocauste et veut en créer un autre », avant de demander  à l’Europe d’empêcher ce pays  de se doter,  à l’instar de l’Etat hébreu,  de l’arme nucléaire et de missiles à longue portée.

      Evoquant la Syrie ravagée par le terrorisme, M Peres a affirmé que  le Hezbollah aidait sur le terrain le régime de Bachar el-Assad,  notamment dans sa lutte  contre les djihadistes qui rêvent d’instaurer le califat islamique en Syrie. Il a précisé aussi  son souhait  de voir se déployer  des casques bleus de la Ligue Arabe.  Vœu que l’on peut juger irréaliste dans sa capacité à ramener la paix mais qui ne soulève pas l’indignation suscitée par  les récentes déclarations de Laurent Fabius. Prenant acte du fait que la Russie, l’Iran livraient des armes au régime syrien, le ministre des Affaires étrangères a  annoncé que   « la France » - qui fournit déjà une aide non « létale »  aux « rebelles » -  et le gouvernement britannique allaient demander aux Etats de l’Union européenne la levée de l’embargo sur la livraison des armes aux forces armées dites modérées de  l’opposition syrienne. Et qu’en l’absence  de feu vert, Paris et Londres passeraient outre d’ici fin mai.

    M. Fabius entend par là accélérer la chute du régime syrien par ce qu’il espère être  un règlement militaire du conflit, en  emboitant le pas au  Qatar et à  l’Arabie Saoudite  qui fournissent déjà les brigades internationales islamistes  en armes.  Dans les faits, cette précipitation se nourrit de  la même inquiétude qui agite François Hollande. Ils ont lu tous deux les rapports  qui pointent les  rivalités entre factions rebelles et l’emprise croissante  des djihadistes dans ce conflit.   Aussi, à  Bruxelles le 15 mars,  M.  Hollande, qui redoute l’incapacité de la coalition hétéroclite des  anti-Assad a arracher la victoire sur le terrain,  a-t-il plaidé   en faveur des livraisons d’arme.  Au motif que  « le plus grand risque, ce serait de ne rien faire, de laisser faire (…). Ce serait le chaos (…). Le plus grand risque, c’est l’inaction. » Le plus grand risque a affirmé  jusqu’alors la diplomatie russe, c’est de croire que  la situation de la Syrie se réglera uniquement en faisant parler la poudre.

    Relevons encore que  le  comble de la  bêtise et/ou de la malhonnêteté  a été atteint par   la propagande gouvernementale distillée dans les médias,   expliquant que les armes qui seront  fournies aux milices anti Assad  seront « traçables » pour éviter qu’elles ne tombent aux mains des terroristes fondamentalistes.

     Sur le site de France TV Info , Jean-Pierre Maulny, spécialiste de l’armement à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris)  expliquait qu’ «  Il faut absolument mettre en place un système de traçabilité ». « Numéroter, avoir un système d’identification indélébile pour chaque arme, et récupérer le matériel après.  Comment ? On doit pouvoir désigner un interlocuteur, pour savoir à qui réclamer les armes.Reste que rien ne garantit que l’arme sera rendue. Sur les armes légères, on n’a jamais trouvé de système efficace pour les contrôler, admet le chercheur. Mais pour lui, les choses vont dans le bon sens. Il vaut mieux que les livraisons d’armes soient officielles. Aujourd’hui, le système passe par les Saoudiens et les Qataris, avec des intermédiaires en Turquie. »

    « Autre solution, plus perfectionnée qu’un simple traçage, imaginée par les industriels : des systèmes permettant de localiser et neutraliser les armes à distance. Cette technologie serait aujourd’hui répandue sur les armes sophistiquées comme les missiles. Mais cela ne garantit pas une sécurité à 100%. » «  Chargé de plaidoyer paix et conflit au CCFD-Terre solidaire,  Zobel Behalal  signale qu’une arme disponible  « une minute entre les mains d’un irresponsable peut faire beaucoup de dégâts ».  « Autre innovation, pendant le conflit libyen, des armes à usage unique, avec une durée de vie limitée, auraient été livrées aux rebelles. Mais encore une fois, pour Zobel Behalal, le problème est plus large : A-t-on la garantie que les destinataires sont tous recommandables ? Si oui, que le gouvernement nous communique leurs noms… »

     Une fois n’est pas coutume,l’ex ministre  de la Défense et député UDI Hervé Morin a fait sien l’avis du FN et de  Bruno Gollnisch  en  parlant  de «foutaise »  à propos de  l’idée d’une « traçabilité »des armes.    «Ajouter la guerre à la guerre ne mènera à rien »  et ne saurait « fléchir un tant soit peu le régime de Bachar el-Assad ou la position russe ou chinoise ». Les mouvements qui constituent cette résistance at-il ajouté,  « sont en grande partie des jihadistes ou des salafistes ». « Qui vous dit que dans six mois, ces mêmes armes ne seront pas retournées contre nous-mêmes ? C’est une attitude de pompier-pyromane, comme si on voulait se donner bonne conscience » a déclaré M. Morin.

        Marine Le Pen, Bruno Gollnisch ou encore Marion  Maréchal l’ont dit et répété,   la France  n’a pas à soutenir la rébellion syrienne ; Marion le résumait sur l’antenne de BFM  hier matin : « On va aller armer une résistance extrêmement hétérogène dont on sait qu’une grande partie est composée d’islamistes. On va faire tomber un régime qui est, certes, éminemment critiquable, mais qui avait deux mérites.Le premier était de préserver relativement le droit des femmes. Le second était de faire cohabiter pacifiquement des minorités qui demain vont se faire massacrer . »

     http://www.gollnisch.com

  • L'Europe face à la question afghane

    Archives: 2001
    L'attentat du 11 septembre 2001 contre les deux gratte-ciel de Manhattan et contre le bâtiment du Pentagone a finalement servi de prétexte pour asseoir une présence militaire américaine dans une région hautement stratégique. Elle est située sur l'ancien tracé de la fameuse Route de la Soie entre l'Europe et la Chine et dans un massif montagneux, proche du Pamir et de l'Himalaya, qui permet, à ceux qui le maîtrisent et en font un refuge inexpugnable, de contrôler les zones plus basses qui l'entourent. Depuis Alexandre le Grand, en passant par le conflit qui a opposé l'Empire russe, empire terrestre, à l'Empire britannique, empire maritime, au 19ième siècle, l'Afghanistan a toujours été un enjeu stratégique primordial. Dès la fin du siècle dernier, le géographe américain Homer Lea, ancien élève de Westpoint dont la carrière fut entravée pour des raisons de santé, rédige, pour le compte des Britanniques, une série d'articles et d'ouvrages qui énoncent en clair la doctrine stratégique clé pour la région: il faut empêcher les Russes (et toute autre puissance européenne) de franchir la ligne Téhéran-Kaboul et de s'approcher de l'Océan Indien. Il faut rappeler ici que les doctrines élaborées par les états-majors anglais sont toujours d'application, même si elles ont été élaborées, il y a fort longtemps. La doctrine de l'équilibre entre puissances continentales en Europe (où l'Angleterre s'allie toujours à la seconde puissance contre la première: avec la Prusse contre Napoléon, avec la France contre Guillaume II, avec Staline contre Hitler, etc.) a longtemps été une constante, reprise par les Etats-Unis, mais dans une perspective eurasienne cette fois, qui s'allient à la Chine en 1972 contre l'URSS de Brejnev. En août 1941, les Britanniques et les Américains permettent à des unités soviétiques d'occuper l'Iran, pour faire de ce pays la base logistique des arrières du front de l'Est, mais cette occupation ne peut s'étendre au-delà de Téhéran. En cela, la doctrine Lea, définitivement parachevée en 1912, a une nouvelle fois été appliquée à la lettre. En décembre 1978, quand les troupes soviétiques envahissent l'Afghanistan, elles dépassent forcément la ligne Téhéran-Kaboul, du moins sa portion qui se situe sur le territoire afghan. Ni Londres ni Washington ne peuvent le tolérer, justement au nom de cette doctrine Lea, qui reste vraiment un axiome de leur politique dans la région.
    Vu la situation internationale et la présence d'armes nucléaires de destruction massive dans les arsenaux soviétiques et occidentaux, une intervention directe des Etats-Unis s'avère impossible. Il faut donc procéder autrement, sans intervention apparente, en pariant sur des opposants locaux. Les instituts stratégiques anglo-saxons disposent de méthodes éprouvées depuis très longtemps: appui des insurgés espagnols et allemands contre Napoléon, armement des tribus arabes contre les Turcs en 1916-18 (l'aventure de Lawrence d'Arabie), appui à Tito contre les Allemands, les Italiens et les Croates (cf. les mémoires du chef des SAS, Sir Fitzroy MacLean), appui à certains maquis soi-disant "communistes" dans l'Ouest de la France en 1943-44, doctrines de la "counter-insurgency" aux Philippines et en Malaisie, appui aux "Contras" au Nicaragua, etc. Plus tard, on parlera plutôt de "low intensity warfare" (guerre à basse intensité), qui sera appuyée par le SOF ("Special Operations Forces") et doublée par des réseaux civils, notamment d'aide "humanitaire". L'UÇK au Kosovo constituant un autre exemple éloquent de cette façon de procéder. Dans le cas afghan, l'appui occidental aux Mudjahiddins anti-soviétiques a constitué une première phase, qui a duré jusqu'au retrait définitif des dernières unités soviétiques en 1989, puis, quand des éléments non défavorables à la nouvelle Russie dé-soviétisée ont fini par contrôler Kaboul, les Etats-Unis parient sur une nouvelle "opposition", celle des Talibans, d'abord actifs dans les zones habitées par l'ethnie pachtoune, à cheval sur les territoires afghan et pakistanais. L'ISI, service secret pakistanais, dévie l'effervescence talibane vers l'Afghanistan en espérant ainsi se donner une profondeur stratégique face à l'Inde, qui vient de retrouver une réelle vigueur politique avec le BJP nationaliste, qui s'est dotée de missiles "Agni" à plus longue portée et reste un allié tacite de la Russie. L'ISI, les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite financent donc de concert les unités talibanes pour renverser le régime russophile de Nadjibullah. Comment cette alliance entre les USA et les talibans s'est-elle muée en hostilité?
    Les troupes talibanes sont composées de deux éléments: les Pachtounes afghans et les volontaires islamistes venus de tous les pays musulmans (qui suivent les doctrines rigoristes des Wahhabites saoudiens). Les Pachtounes sont d'accord pour que des oléoducs venus des républiques musulmanes ex-soviétiques transitent par l'Afghanistan et le Pakistan. Les légions arabes-islamistes, elles, travaillent plutôt pour l'Arabie Saoudite et ne souhaitent pas que le pétrole vienne d'ailleurs. Elles s'opposent donc, Ben Laden en tête, à ce projet et visent à le torpiller. Si Clinton et son administration démocrate ont joué longtemps la carte saoudienne en fermant les yeux sur les opérations téléguidées par les islamistes wahhabites en Tchétchénie, en Ouzbékistan et en Afghanistan, qui visaient à couper le flux des pétroles ex-soviétiques, de même que l'UÇK albanaise, l'administration républicaine de Bush, elle, entend prendre le pétrole là où il est et n'entend pas jouer exclusivement la carte saoudienne. D'où le conflit avec Ben Laden, homme des Saoudiens, et ancien instrument des services américains.
    De ce fait:
    - Les attentats du 11 septembre ont été sans doute préparés par Ben Laden, et derrière lui, l'aristocratie saoudienne qui craint de perdre ses immenses dividendes pétroliers, mais les services américains, avertis par les Français et les Allemands, ont fait la sourde oreille afin d'avoir un prétexte en or pour intervenir en Afghanistan, occuper le pays et assurer le transit pétrolier.
    - Il existe sans doute un accord Bush-Poutine pour concrétiser cette nouvelle organisation des "Balkans eurasiens". On se rappellera à ce propos les entretiens Bush-Poutine du début de l'année, où le Président russe réclamait une lutte contre le "terrorisme international", qui, pour lui comme pour les actuels géostratèges russes, est une émanation du wahhabitisme saoudien.
    - L'Europe est absente du jeu, n'ayant aucune politique cohérente ni aucune doctrine stratégique valable ni aucun personnel politique de valeur.
    - Les intérêts d'une Europe idéale, que nous appelons de nos v¦ux, seraient d'assurer un partenariat stratégique avec la Russie dans la région, en s'appuyant sur un principe anti-impérialiste (donc anti-britannique et anti-thalassocratique, dans les définitions données par Lénine, Roy, Gandhi, Niekisch, Schmitt, etc.): tous les Etats ont droit à avoir une façade sur l'Océan Indien ou à nouer des accords solides de coopération avec les pays riverains de l'Océan Indien sans immixtion intempestive de la part des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.
    - Autre intérêt de l'Europe: se dégager d'une trop forte dépendance à l'endroit du pétrole et de jouer, comme l'avait voulu De Gaulle, sur la pluralité des sources énergétiques. Aujourd'hui, avec leur présence en Arabie Saoudite (de 10.000 à 20.000 soldats américains, sans compter l'aviation et la flotte, et 24.000 soldats britanniques à Oman, ce qui est un motif de "guerre sainte" pour Ben Laden) et en Afghanistan, les puissances maritimes anglo-saxonnes conservent une maîtrise totale sur le pétrole, en excluant ipso facto l'Europe et le Japon de ce jeu. Les concurrents géo-économiques potentiels des Etats-Unis sont affaiblis pour longtemps. Nous devons cette situation à l'impéritie de nos dirigeants politiques.
    - Vu l'avance foudroyante des troupes de l'³Alliance du Nord² (devenue sans doute malgré elle l'instrument d'une "counter-insurgency"), on peut énoncer l'hypothèse d'une prochaine partition ethnique de l'Afghanistan. Les zones ouzbeks et tadjiks reviendraient à l'Ouzbékistan et au Tadjikistan; le massif montagneux central deviendrait le domaine des Hazaras chiites (et encore partiellement bouddhistes; c'est dans leur territoire que se trouvaient les magnifiques Bouddhas de Bamiyan, détruits par les Talibans en février dernier) et les zones pachtounes seraient davantage liées au Pakistan, qui obtiendrait ainsi, en guise de compensation, la profondeur stratégique qu'il souhaitait obtenir pour faire face au réarmement de l'Inde. Kaboul serait administrée par l'ONU. Le précédent du Kosovo, où une province ethnique reçoit le droit de faire sécession, servirait de modèle à la partition de l'Afghanistan. Pour revenir à la doctrine Lea, signalons que les Hazaras et les Pachtounes habitent au sud de la ligne Téhéran-Kaboul. Cqfd.
    - L'objectif d'une Europe idéale et impériale serait de libérer la Route de la Soie de toute immixtion étrangère, a fortiori de toute immixtion venue d'une puissance thalassocratique. Les voies terrestres doivent être libres, comme le veut l'actuel président kirghize Askar Akaïev. Une voie centre-asiatique devrait relier l'Europe occidentale et la Russie, d'une part, à la Chine et à l'Inde, d'autre part. La croisée de ces chemins continentaux se situe notamment dans la fameuse Vallée de la Ferghana, menacée par les extrémistes islamistes, avant l'intervention américaine en Afghanistan.
    La voie que notre Europe idéale entend promouvoir est celle de l'harmonisation grande-continentale, "eurasienne", dans ces fabuleuses régions de rencontres entre les hommes et non une politique de "containment", comme le veulent les doctrines anglo-saxonnes d'Homer Lea à Zbigniew Brzezinski. C'est sous le signe de Marco Polo que l'Europe, si elle était bien gouvernée, devrait agir dans cette partie du monde et non sous le signe de la guerre et de l'égoïsme impérialiste.
    Robert STEUCKERS.http://robertsteuckers.blogspot.fr/
    (21 novembre 2001).

  • Le piège syrien

    [tribune libre] Grosse polémique déclenchée par F.Hollande suite à sa proposition, sans l’accord du Conseil de Sécurité, de vouloir armer la rébellion syrienne.

    Cette déclaration a aussi une incidence politique. Compte tenu du climat de tension qui existe entre Angéla Merkel et lui, cette proposition lui permet cette forme de provocation sachant qu’elle y est opposée pour des raisons bien précises qui vont être énumérée ci-après.

    Suite à cette proposition de F.Hollande, un sondage vient d’être effectué dont le résultat aujourd’hui est de 76% contre l’armement par la France des rebelles syriens.

    Bien que F.Hollande ait voulu satisfaire une partie bien précise de son électorat, de nombreux politiques s’y opposent tant à gauche qu’à droite, tirant les leçons de ce qui s’est passé en Libye. D’autre part, la Russie et la Chine s’opposant au sein de l’ONU et du Conseil de Sécurité à toute intervention étrangère, l’implication de la France pourrait avoir des conséquences plus graves qu’on ne le pense, sachant aussi que l’Iran, pour des raisons bien, apporte son soutien aux  opposants à Bachar el-Assad.

    Personne ne peut nier les massacres qui se perpétuent depuis maintenant deux ans dans cette guerre civile et, entre ceux qui se battent contre la dictature de Bachar souhaitant instaurer un gouvernement démocratique et ceux de plus en plus nombreux qui sont des Djihadistes voulant le remplacer par une dictature islamiste, le choix d’un soutien de la part des Nations Unies et du Conseil de Sécurité est loin d’être acquis et voté.

    Personne en Occident n’envisage voir des armes très sophistiquées données à la rébellion syrienne devenir la propriété des islamistes qui, après avoir renversé la dictature syrienne, se retourneront tôt ou tard contre ceux qui les ont offertes.

    L’exemple actuel des armes livrées par la France à la rébellion libyenne se sont retrouvées face à l’armée française au Mali.

    D’autre part, l’armée française se plaint actuellement du manque de pièces détachées qui oblige, pour réparer certains matériels, à prélever des pièces sur d’autres matériels en état : comment peut-on envisager de donner -je dis bien donner car il n’est pas envisagé de les vendre- à des groupuscules qui ne peuvent les payer ?

    L’exemple du printemps arabe démontrant qu’à chaque révolution, tunisienne, égyptienne et libyenne ce sont toujours les islamistes qui ont pris le pouvoir, qui peut prendre le risque d’étendre cette invasion islamiste dans cette zone géostratégique très instable avec le risque d’une invasion salafiste à tous les territoires voisins dont le Liban voisin d’Israël.

    Ayant personnellement entendu des témoignages de syriens des deux bords, il ressort que personne ne nie le régime dictatorial  en place mais où, entre autres, toutes les communautés religieuses ont encore le droit de cohabiter dans une liberté totale, ce qui ne sera plus le cas si les islamistes prennent le pouvoir.

    Dans cette région, c’est d’abord à la ligue arabe de se prononcer : mais comme d’habitude, elle en est encore incapable, paralysée par les nombreuses rivalités et oppositions tribales.

    Aussi pour beaucoup, ce que n’a pas encore compris F.Hollande et qui émane du sondage de ce jour où 76 % s’opposent à son projet, c’est ce choix qui peut paraître cynique mais où entre deux maux et deux risques il faut toujours savoir choisir le moindre.

    Il ressort aujourd’hui, qu’entre deux dictatures, la plus haïssable et la plus dangereuse à éviter à tous prix  est d’abord celle des barbus.

    JCC http://www.contre-info.com

  • Le gouvernement affirme n'avoir plus d'argent pour l'armée française... mais en trouve pour armer les rebelles syriens

    Le gouvernement affirme n’avoir plus d’argent pour l’armée française… mais en trouve pour armer les rebelles syriens

    Alors que le ministère de la Défense a dû procéder à 54 000 suppressions de postes au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, les contraintes budgétaires fixées par François Hollande dans le but de « sauver l’euro » ont de fortes probabilités d’accélérer la destruction de nos armées.

    LES ORIENTATIONS BUDGÉTAIRES INTENABLES DE FRANÇOIS HOLLANDE

    Pour que l’on juge du caractère proprement intenable de la situation, il faut savoir trois choses :

    1°) les résultats obtenus par la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) lancée par Nicolas Sarkozy ont abouti à des économies budgétaires cumulées d’environ 15 milliards d’euros sur 5 ans. Je rappelle que c’est cette RGPP qui est à l’origine du non-remplacement de 1 fonctionnaire sur 2 partant à la retraite, de la fermeture massive d’écoles, de services hospitaliers, de postes, de commissariats de police, etc. Je souligne au passage que de nombreuses administrations commencent à être complètement désorganisées, des services entiers, dans les préfectures ou les administrations déconcentrées de l’État, n’étant désormais plus qu’imparfaitement assurés.

    2°) nonobstant ces coupes extraordinairement drastiques, le déficit budgétaire de l’État n’a fait qu’empirer sous Nicolas Sarkozy. Il s’agit de l’illustration de ce que j’ai maintes fois expliqué, dans mes conférences et entretiens, à savoir qu’il est puéril de croire que l’on réduit le déficit d’un État en coupant dans ses dépenses. Car un État n’a rien à voir avec un ménage de salariés, dont les recettes – les salaires – sont constants quelles que soient les dépenses du ménage. Les recettes d’un État (TVA, IR, IS et TIPP pour les principaux en France) dépendent étroitement de l’activité économique et si celle-ci dégringole, les recettes s’effondrent encore plus vite. Or si l’on coupe drastiquement dans les dépenses de l’État, notamment en période de crise, cela va contribuer à faire chuter l’activité économique, donc les recettes encore plus vite. Et l’on risque de voir se creuser encore plus le déficit que l’on prétendait combler.

    3°) les orientations fixées par François Hollande – sur instruction de la BCE et de la Commission européenne – consistent à vouloir réduire les dépenses de l’État de 60 milliards d’euros au cours des 5 prochaines années. Cela signifie que le chef d’État “socialiste” prétend qu’il va falloir faire 4 fois plus d’économies au cours des 5 prochaines années qu’au cours des 5 années écoulées. Dans les allées du pouvoir, dans les administrations, personne de sérieux ne sait comment de telles coupes à la hache pourraient être encore possibles.

    LE GOUVERNEMENT S’APPRÊTE À TAILLER DE FAÇON INOUÏE DANS DES PANS ENTIERS DE L’ARMÉE

    Quoi qu’il en soit, c’est dans ce contexte général que le ministère de la Défense risque de voir son budget subir une nouvelle coupe sans précédent historique. [...]

    La suite sur le site de l’Union populaire républicaine

    http://www.actionfrancaise.net

  • 911 - Spéciale 11 septembre 2001 sur Méridien Zéro - Le programme guerre des étoiles en action