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insécurité - Page 1013

  • Il faut dissoudre l’Otan

    L’Alliance Atlantique et son bras armé l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Otan, datent de la fin de la deuxième guerre mondiale. Elles avaient été créées pour assurer la sécurité de l’Occident devant la menace que constituait l’Union Soviétique. Depuis l’Union Soviétique a disparu, la Russie ne constitue pas une menace et devrait intégrer à terme l’Europe, même si elle ne fait pas partie de l’Union Européenne et pourtant l’Otan existe toujours. 
’Europe et la France ont elles intérêt à son maintien ? N’empêche-t-il pas la constitution d’une défense européenne digne de ce nom, et n’entraine-t-il pas l’Europe et la France dans des interventions extérieures où elles n’ont pas d’intérêt ?

    L’Alliance Atlantique
    Alliance défensive, l’Alliance Atlantique a été fondée par le traité de l’Atlantique Nord à Washington, le 4 avril 1949. Créée pour développer la capacité de résister à toute attaque armée, elle s’est également fixée une mission complémentaire de prévention et de gestion des crises qui peuvent porter atteinte à la sécurité européenne. Elle a théoriquement pour objectif de sauvegarder la liberté, l’héritage commun et une civilisation qui déclare se fonder sur les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’état de droit comme le stipule son préambule repris de la Charte des Nations-unies.
    L’article 5 du traité sur la solidarité entre ses membres en cas d’agression, en est le point primordial. Le traité va finalement être l’élément qui soudera réellement le bloc occidental derrière les États-Unis, installant peu à peu une hégémonie américaine et une vassalisation de l’Europe. L’Alliance Atlantique rassemble vingt-huit nations raccordant l’Europe de l’Ouest à l’Europe de l’Est. Elle dispose d’une organisation militaire intégrée sous commandement américain.
    Le Sommet du Cinquantenaire de l’Organisation qui s’est tenu à Washington du 23 au 25 avril 1999 a débattu, entre autres, de la transformation de l’Otan dans le nouveau contexte géopolitique de l’après guerre froide, un débat centré en Europe sur la nature des relations entre l’Union et l’Alliance atlantique. La guerre du Kosovo menée alors, au même moment, a symbolisé le triomphe de la conception anglo-américaine : d’alliance défensive, l’Organisation tend à devenir l’instrument d’interventions offensives et l’Union européenne s’est placée sous sa tutelle.

    L’organisation militaire intégrée
    L’alliance ayant pour but de protéger l’Europe d’une attaque du bloc soviétique, les européens furent heureux de bénéficier du parapluie américain. Ils l’ont instamment réclamé à l’origine. L’organisation militaire fut donc dominée par l’Amérique qui en exerça les principaux commandements.
    Voulant secouer la tutelle américaine et garder l’indépendance de décision, le général de Gaulle décida de constituer une force nucléaire autonome et de quitter le commandement militaire intégré de l’Otan. Le siège de l’Otan quitta Paris pour Bruxelles en 1966 et toutes les infrastructures étrangères quittèrent la France. Celle-ci ne quitta pas pour autant l’Alliance Atlantique et des accords prévoyaient la réintégration des forces armées françaises en cas de conflit ouvert entre les deux blocs. Elle maintint des forces en République fédérale d’Allemagne (RFA). Déjà en 1962, au moment de la crise de Cuba, la France avait montré sa solidarité avec l’Alliance. De fait les forces françaises continuèrent à s’entrainer avec les forces de l’Otan et à s’aligner sur leurs normes, c’est à dire les normes américaines.
    Après la chute du mur et la disparition de la menace soviétique, la France participa pour la première fois à une opération de l’Otan dans les Balkans. C’était le début d’une réorientation de l’Otan qui avait perdu son ennemi naturel. Les attentats du 11 septembre lui ont offert un nouveau rôle, la lutte contre le terrorisme. L’islamisme remplace ainsi le communisme comme principale menace du monde libre. En 2009, la France réintègre l’Otan.

    Interventions de l’Otan
    La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, est la date symbolique de la fin de la guerre froide et marque la victoire sans combat de l’Alliance Atlantique sur l’Union Soviétique. La menace ayant disparu on aurait pu penser que l’Alliance, défensive, ou au moins son organisation militaire, allait disparaître. Il n’en a rien été, l’Europe n’ayant pas voulu ou pas pu constituer une défense crédible préféra rester sous le parapluie américain. Certains pays de l’Europe de l’Est, la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque choisirent même de la rejoindre, voulant se protéger d’un éventuel retour de la menace russe.
    D’une alliance défensive contre un ennemi défini, elle devint une alliance politique dont les objectifs furent peu à peu définis par les Etats-Unis qui assuraient, il est vrai, la plus grande part de la charge. Néanmoins, quand on récapitule les interventions militaires auxquelles l’Otan et ses alliés participèrent on peut se demander si elles servaient vraiment les intérêts de l’Europe et singulièrement de la France.
    En 1990, si l’intervention était bien cautionnée par l’ONU, ce sont les Etats-Unis qui entrainèrent une coalition de 34 états dans la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein pour la défense du Koweit. Le principal mobile de cette guerre était la défense des intérêts pétroliers et économiques des Etats-Unis. En 2003 la France refusera de suivre les Etats-Unis dans la guerre qui éliminera Saddam Hussein. Cette guerre durera jusqu’en décembre 2011 jusqu’au retrait du dernier soldat américain, laissant l’Irak dans le désordre et la violence.
    Dans les Balkans cela commencera avec l’éclatement de la Yougoslavie. D’abord en Bosnie où en 1995, l’Otan intervient contre les milices Serbes au profit des Bosniaques et des Croates. En 1999, avec l’accord implicite des Nations unies, l’Otan attaque la Serbie pour la contraindre à évacuer la Kosovo où la majorité albanaise est en rébellion, les bombardements durent 70 jours et obligent les forces Serbes à quitter le Kosovo. Le Kosovo est maintenant indépendant, mais la situation n’est toujours pas stabilisée et l’Otan y maintient encore des troupes (KFOR).
    La guerre d’Afghanistan débute en 2001 à la suite des attentats du 11 septembre, dans le but de capturer Oussama Ben Laden, elle est menée par une coalition réunie par l’Otan et à laquelle le France prend part, sous commandement américain. Peu à peu les buts de la guerre changent : on veut établir un gouvernement démocratique et chasser les taliban. La mort de Ben Laden en mai 2011 n’arrête donc pas les combats. Les Américains transfèrent peu à peu la responsabilité du conflit à l’armée afghane en annonçant leur retrait pour 2014. Il est peu probable que l’Afghanistan y gagne le calme et la démocratie.
    L’intervention en Libye en 2011, se fit apparemment à l’initiative de la France et de la Grande Bretagne mais fut en fait une intervention de l’Otan : les Etats-Unis assurèrent le succès de l’opération par des frappes initiales détruisant la défense anti aérienne de la Libye et fournissant un soutien en renseignements, en transports aériens, en ravitaillement en vol. Sans les Etats-Unis, quoiqu’on pense par ailleurs du bien-fondé de cette intervention, elle n’aurait pas abouti dans les mêmes conditions.
    La question que l’on peut d’abord se poser, c’est de savoir si ces interventions voulues par les Américains et motivées par la défense de leurs intérêts surtout en Irak et en Afghanistan, ont été d’un quelconque bénéfice pour la France et même pour l’Europe. Elles ont en général abouti à la déstabilisation des zones de conflit et à la propagation d’un l’Islam radical.
    L’intérêt des Etats-Unis se porte de plus en plus vers l’océan Indien et le Pacifique, faut-il les suivre ? En réalité la défense de l’Europe ne passe pas par-là, nous n’allons pas nous battre pour les Spratleys et les Paracels.
    Remarquons de plus que là où il s’agit de défendre les intérêts de la France, actuellement au Mali, l’Otan ne nous est d’aucune aide. Dans l’océan Indien pour lutter contre la piraterie, l’Europe s’est organisée et a mis sur pied l’opération Atalante à laquelle participe neuf nations européennes, ce qui prouve que, quand on veut on peut.

    L’OTAN nous impose les choix d’équipements
    L’Otan fonctionne aux normes américaines, ce qui revient à dire qu’elle s’aligne sur les méthodes de combat américaines ce qui est toujours couteux et pas forcément efficace.
    On est étonné quand on a connu les méthodes de combat du temps de Bigeard de voir crapahuter des hommes chargés de quarante kilos d’équipement, ce qui oblige à les véhiculer sur des itinéraires obligés et accroit leur vulnérabilité. Mais surtout la conception et les performances de nos matériels sont peu ou prou alignées sur les matériels américains.
    Prenons un exemple évident, le Rafale, un avion dit polyvalent supposé bon pour toutes missions. Il s’agit en fait d’un intercepteur bi-sonique adapté à l’assaut et à l’appui au sol. C’est un excellent avion mais fort cher. Pour quelles missions avons-nous besoin d’un intercepteur bi-sonique ? Sommes-nous menacés par des avions de son niveau ? Il ne semble pas et pour faire la police de l’espace aérien français ou même européen, le Mirage 2000 n’était-il pas bien suffisant. D’ailleurs les Suisses sont sur le point de lui préférer le Gripen suédois, mono-réacteur moins performant mais moins cher.
    Le Rafale est adapté à l’assaut et à l’appui au sol mais pour ces missions, il n’est nul besoin, bien au contraire, d’un avion bi-sonique si cher qu’on n’ose pas le risquer à basse altitude. Il aurait fallu développer un avion rustique, d’une grande autonomie et capable de grande capacité d’emport en armes, en quelque sorte un successeur de l’A-10 Thunderboldt II américain. Le Rafale de Dassault se trouve de plus confronté à l’Eurofighter Typhoon construit par un consortium européen. Les deux avions européens sont en concurrence, à ce jour Dassault n’a vendu aucun appareil hors de France, le Typhoon étant retenu par l’Autriche et l’Arabie Saoudite.
    On constate de plus que la tendance mondiale, y compris en Europe, est d’acheter, pour des raisons souvent politiques, le matériel américain, en l’occurrence le F-35 encore en développement et dont le prix ne cesse d’augmenter. Parmi les acheteurs du F-35 on trouve même des pays européens développant le Typhoon.
    Il est donc inutile de vouloir concurrencer un matériel américain fabriqué à des milliers d’exemplaires et qui devient la norme. Mieux vaudrait concevoir à l’échelle de l’Europe des matériels correspondant à nos besoins réels sans chercher à s’aligner sur les Etats Unis. Ajoutons que le Rafale, excellent avion qu’on n’arrive pas à vendre, est une lourde charge dans le budget des armées.

    Organiser la défense européenne
    Tant qu’il n’y aura pas d’union politique, totale ou partielle, l’organisation d’une défense européenne intégrée n’est pas envisageable. Si l’Otan est dissous il faudra cependant organiser au moindre coût la défense des différentes nations et faire ensemble ce qui peut l’être, en ne comptant plus sur le soutien américain.
    Certaines tâches communes peuvent être assumées dès maintenant par l ‘ensemble de l’Union si elles ne dépendent pas de choix politiques, pensons en particulier à la police de l’espace aérien européen qui devrait être organisée globalement sans tenir compte des frontières en regroupant les moyens actuellement dispersés. Cette défense serait centralisée aussi bien pour la surveillance et la police du ciel européen que la gestion des moyens qui lui sont affectés, installations de détection, avions. Déjà la police du ciel des Etats Baltes est assurée par les autres pays.
    Il pourrait en être de même pour la surveillance des frontières maritimes où les marines de l’Union seraient compétentes dans l’ensemble des eaux territoriales. Cela nécessiterait évidemment une unification des procédures et une compatibilité des moyens de détection et de transmissions. L’opération Atalante qui regroupe un certain nombre de bateaux de l’Union pour la lutte contre la piraterie montre que, nécessité faisant loi, les moyens de plusieurs pays européens peuvent être mis en commun efficacement.
    L’Europe constitue un marché important pour l’industrie de l’armement. Des exemples comme la concurrence actuelle sur le marché de l’avion multi-rôle qui finalement profite à l’industrie américaine ne devraient pas être. Cela nécessiterait la constitution d’une véritable Agence Européenne de l’Armement capable de définir les spécifications des matériels adaptés aux besoins des armées européennes, de faire des appels d’offre et de passer des marchés. Bien entendu il faudrait qu’elle se dégage de l’influence américaine et choisisse les matériels les mieux adaptés à nos besoins dans une perspective d’efficacité mais aussi d’économie. L’échec de la fusion EADS-BAE, ne va pas dans ce sens.
    La mise en commun pourrait s’étendre à de nombreux domaines : le transport aérien avec des appareils standardisés, gérés et entretenus en commun même si chacun reste la propriété d’un seul Etat, avec les procédures de location ou de compensations nécessaires, le ravitaillement en vol, les avions de patrouille maritime ou de guet aérien, la guerre des mines.
    Les satellites de transmission et de surveillance seraient bien entendu mutualisés, chacun ayant accès à leurs moyens selon des procédures à définir. Mais la mise en commun pourrait être étendue à d’autres domaines : achat de munitions et de combustibles et gestion des stocks, formation, entrainement, y compris pour l’utilisation des camps d’entrainement, des simulateurs, des champs de tir et des centres d’essais.
    Cela nécessiterait bien entendu la mise en place de structures qu’il faudrait définir les plus légères possibles et l’existence d’un état-major opérationnel commun permanent capable de gérer des interventions impliquant plusieurs pays. La dissolution de l’Otan et de ses structures surabondantes permettrait de récupérer, et au-delà, le personnel nécessaire. Ainsi, petit à petit, les militaires des différents pays de l’Union apprendraient à travailler ensemble sans la tutelle américaine.

    Les Etats-Unis se désengagent de l’Europe
    Comme le dit le général Jean Cot dans le numéro de mai de la RDN "Il est scandaleux que les gouvernements des vingt-sept pays européens et les plus grands dont le nôtre, puissent s’en remettre pour leur défense, au travers de l’Otan, à une puissance extérieure", d’autant que les Etats-Unis sont en train de réorienter leur défense vers l’Asie et le Pacifique, l’Europe n’étant absolument plus prioritaire.
    L’Otan nous a déjà entrainés dans des interventions où nous n’avions rien à gagner comme la Serbie, l’Irak et encore l’Afghanistan. Quand nous avons jugé bon d’intervenir en Libye nous n’avons pu le faire qu’avec l’aide des Etats Unis. Pour la Syrie même avec l’Otan, nous serions bien incapables d’y agir. Quant au Mali, où nous avons des intérêts à défendre contre la conquête du Nord-Mali par des islamistes radicaux, nous en sommes à rechercher le soutien de pays européens, d’ailleurs pas intéressés, les Américains et l’Otan ne nous suivront pas.

    Nous avons donc perdu toute indépendance de décision
    Pourquoi donc rester dans l’Otan, nous risquons d’être entrainés dans des conflits, où nous et les Européens n’avons rien à gagner notamment en Iran et peut être plus tard en Asie. Irons-nous nous battre pour les archipels de la mer de Chine sous lesquels il y a peut-être du pétrole alors que nous sommes incapables d’assurer la garde de nos Zones économiques exclusives ? Veut-on vraiment financer le bouclier antimissile américain, alors que nous finançons déjà notre dissuasion ?
    La dissolution de l’Otan mettrait l’Europe devant ses responsabilités, la nécessité de constituer une défense crédible, avec un niveau plus ou moins grand d’intégration.
    Il faut commencer par mettre en commun tout ce que l’on peut sans perdre son autonomie de décision puis, peut-être, aller vers des regroupements industriels ou nationaux. Mais tant que l’Otan existera, rien ne se passera et l’Europe restera une vassale des Etats Unis.
    Dernier argument géopolitique, la Russie considère l’Otan comme une menace, sa dissolution permettrait un rapprochement avec ce pays dont la place est maintenant dans le concert européen tant nous avons d’intérêts, économiques et politiques communs.

    François Jourdier http://www.voxnr.com

    notes : François Jourdier, est contre-amiral et membre des "Sentinelles de l’Agora"

    source : Revue Défense Nationale

  • Pays du goulag levant (ex-USA): La mise au silence des voix dissidentes continue…

    La mise au silence de la dissidence continue au pays du goulag levant. Les voix des nations natives se lèvent de plus en plus, alors que de plus en plus de gens en Amérique du nord et du sud entrevoient la sagesse inhérente aux nations indigènes à intégrer dans notre société future.

    Pour comprendre l’empire, il faut comprendre comment le colonialisme occidental a géré la question indienne en Amériques du nord et du sud.

    La sortie du capitalisme et de l’étatisme doit devenir une priorité de notre réflexion.

    – Résistance 71 –

    “Le gouvernement américain fait de la discrimination raciale contre les natifs”

    Press TV  Le 12 Décembre 2012

    url de l’article original:

    http://www.presstv.ir/detail/2012/12/12/277725/native-americans-suffer-discrimination/

    ~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~ 

    Le gouvernement américain fait de la discrimination systématique contre les natifs améridiens lorsqu’ils parlent de leurs problèmes, rapporte Press TV.

    “Quand j’ai commencé à dire la vérité sur le nombre de natifs qui vivaient en Amérique du Nord lorsque l’invasion européenne a commencé, et que j’ai dit aux gens que le chiffre est passé de 100 millions de personnes en 1492 à 797 000 en 1934, je pense que quelqu’un n’a pas voulu que je dise la vérité”, a dit Jay Winter Nightwolf, un hôte radiophonique du American Indian’s Truth Show sur la chaîne de radio WPFW à Washington D.C

    Nightwolf a critiqué les manageurs de la station de radio pour avoir récemment changé son émission de tranche horaire, qui était diffusée à une heure de grande écoute en soirée depuis 11 ans.

    “Pour moi, cela revient à une forme de discrimination contre les diffuseurs natifs et les retransmissions natives, c’est également une façon de réduire au silence la voix des nations natives, mais nous ne serons pas une nouvelle fois réduits au silence.” A dit Nightwolf, ajoutant que cette manœuvre est une tentative de limiter son audience et un pas de plus vers son éviction de l’antenne.

    Les critiques disent que WPFW est en train de changer d’une station communautaire en une chaîne de radio corporative et qu’elle retire un certain nombre de voix des minorités de l’antenne.

    “Des programmes ont été changés à des horaires qui ne seront pas du tout efficaces pour communiquer avec leur audience ciblée. Dans certain cas, cela est fait de manière délibérée de façon à ce qu’il puisse être prouvé que vous n’êtes pas efficaces avec votre audience car votre taux d’écoute ne progresse pas, ainsi vous n’êtes plus indispensables pour cette station de radio et vous pouvez être viré”, a dit Ramon Grimaldi, un directeur d’émission sur une station financée par ses auditeurs.

    http://resistance71.wordpress.com/

  • La tragédie de Gaza à l’aune du « printemps » arabe

    Il s’agit d’un nouveau rite israélien. Entre l’« Election Day » et l’« Inauguration Day », dates phares de la démocratie étasunienne, Israël marque cette période et prépare ses propres élections en bombardant sans vergogne Gaza et ses habitants. Tel un chasseur godiche canardant au gros calibre tout ce qui bouge dans une volière sous prétexte qu’un volatile l’a malencontreusement becqueté, l’état hébreu extermine hommes, femmes et enfants de Gaza, cette Terre palestinienne volontairement transformée en prison à ciel ouvert. Et cela ne l’empêche pas de se bomber le torse et de se vanter de ses « hauts faits d’armes » sous les regards approbateurs de pays occidentaux qui ne voient, dans l’utilisation des canardières, que l’équivalent de coups de becs.

    Cependant, entre l’opération meurtrière israélienne « Plomb durci » (fin 2008-début 2009) et celle étrangement baptisée « Pilier de défense » qui a eu lieu récemment, le monde arabe a connu son fameux « printemps ». Et une question fondamentale se pose : ce bouleversement politique considéré par certains comme fondamental, a-t-il une incidence quelconque sur le sort des Gazaouis en particulier et celui de la cause palestinienne en général?

    En dressant la liste des protagonistes arabes ou musulmans qui se sont accaparés le devant de la scène médiatique et qui s’activaient autour d’une éventuelle médiation entre le Hamas et Israël, il est possible d’avoir des éléments de réponse. De ce point de vue, la bousculade au portillon du Caire enregistrée le 17 novembre dernier est assez éloquente.

    Ce jour-là, le président égyptien Mohamed Morsi, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al Thani et le chef du Hamas Khaled Mechaal étaient tous simultanément dans la capitale égyptienne. Et cet « alignement des planètes » était loin d’être fortuit.

    L’Égypte de Morsi

    Après son élection post-printanière, Mohamed Morsi, président islamiste « de secours » à la suite de l’inéligibilité de Khaïrat al Chater (éminence grise de la confrérie des Frères Musulmans), sait pertinemment que le règlement du dossier gazaoui est, pour lui, d’une importance capitale à plusieurs égards.

    Primo, il lui permettrait de gagner une crédibilité dans le dossier palestinien, crédibilité malmenée par la fermeture récurrente du passage frontalier de Rafah,  par la destruction des tunnels de contrebande entre les deux pays (provoquant pour la première fois l’ire des Palestiniens depuis que Morsi est au pouvoir) et surtout par la divulgation de lettres très « affectueuses » entre Morsi et le président israélien Shimon Peres. En effet, cet échange de courrier en apparence anecdotique a profondément choqué les Égyptiens qui vouent à ce qu’ils appellent « l’entité sioniste » une haine viscérale. Il est vrai que des expressions telles que  « mon cher et grand ami » et « votre ami fidèle » [1] adressées par Morsi à Peres ont de quoi abasourdir, surtout quand on sait qu’elles ont été écrites par un membre des Frères Musulmans, confrérie qui a toujours prôné la lutte contre l’occupant sioniste. La réaction de la rue égyptienne a été tellement vive que la présidence a tout d’abord prétendu qu’il s’agissait d’un faux [2] avant de la reconnaître en expliquant que les expressions utilisées relevaient du style « protocolaire » (sic) [3].

    Les amabilités entre les deux présidents se sont poursuivies ces jours-ci: le président Peres a déclaré aux médias qu’il saluait les « efforts » du président Morsi « pour introduire un cessez-le-feu » dans le conflit à Gaza [4].

    Il est à noter que ces familiarités inter-présidentielles contrastent nettement avec le comportement naturel de certaines personnalités égyptiennes piégées, à la même période, dans une émission de type « caméra cachée » dans laquelle on leur faisait croire qu’elles étaient interviewées par une chaîne israélienne [5]. Les réactions des invités ont été invariablement à fleur de peau, nerveuses et très violemment anti-israéliennes, ce qui a irrité la presse de l’état hébreu et a permis aux accusations d’antisémitisme d’inonder la blogosphère [6].

    En ce qui concerne la destruction, par l’armée égyptienne, des tunnels de contrebande dans la région frontalière entre l’Égypte et Gaza, elle a été décidée par le gouvernement Morsi à la suite des attentats meurtriers perpétrés le 5 août 2012 par un commando qualifié de djihadiste par les autorités [7]. Cependant, les Frères Musulmans dont est issu le président Morsi ont accusé le Mossad d’être derrière ces attaques, affirmation qui a été reprise par Ismaïl Haniyeh, le chef du gouvernement du Hamas à Gaza [8]. Ce qui est très plausible dans la mesure où la démolition des tunnels ne sert principalement que la sécurité de l’état d’Israël. Le plus étrange dans cette affaire, c’est la célérité avec laquelle la décision de détruire ces passages souterrains a été prise. De là à penser qu’il y a eu connivence, il n’y a qu’un pas. D’autant plus que les autorités israéliennes ont curieusement accepté la présence de soldats égyptiens dans la zone « C » du Sinaï, zone normalement permise à la police égyptienne, mais totalement interdite aux militaires égyptiens selon les accords de Camp David [9]. Rappelons que cette zone est une bande de terre de la péninsule du Sinaï qui longe la frontière israélo-égyptienne et le golfe d’Aqaba, et qui s’étend de Rafah à Charm el-Cheikh.

    Secundo, Morsi sait pertinemment que des gesticulations bien orchestrées dans le conflit israélo-palestinien le débarrasseraient de cette image négative de président « roue de secours » sans envergure et n’ayant que peu de charisme [10]. C’est ce qui explique, par exemple, le rappel de l’ambassadeur égyptien en poste en  Israël et l’envoi de son premier ministre à Gaza dès le début de l’agression sur Gaza. Ces décisions présentées comme « héroïques » n’expliquent toutefois pas pourquoi il a fallu attendre des bombardements pour qu’un haut responsable égyptien se rende dans l’enclave palestinienne. En effet, compte tenu du voisinage, de l’affinité idéologique entre le Hamas et les Frères musulmans égyptiens et de la liesse populaire gazaouie à l’annonce de l’élection de Morsi à la magistrature suprême, on se serait attendu à ce que le président égyptien se rende à Gaza juste après son élection. Mais non : Morsi ne s’y est jamais rendu alors que l’Émir du Qatar y a récemment effectué une visite officielle.

    Néanmoins, après la brouille du Hamas avec les responsables syriens, le gouvernement égyptien a autorisé l’organisation palestinienne à procéder au transfert de son principal siège de Damas vers le Caire. Cette brouille a eu pour cause la reconnaissance par le Hamas de la rébellion syrienne, coalition essentiellement composée de combattants islamistes. Bien que la décision égyptienne d’offrir un bureau au Hamas ait fait grincer les dents de nombreux observateurs, elle a été favorablement accueillie par les Frères musulmans égyptiens [11]. Ces observateurs y ont vu un changement majeur de la politique égyptienne qui considérait l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) comme l’unique représentant légitime des Palestiniens. Évidemment, il ne pouvait en être autrement pour la confrérie. Est-il utile de rappeler que pour sa première visite officielle, le Premier ministre du Hamas, Ismaël Haniyeh, s’était rendu chez les Frères musulmans égyptiens? Et que ce même chef de gouvernement avait déclaré que le Hamas était « un mouvement djihadiste des Frères musulmans avec un visage palestinien » [12]?

    Il faut se rendre à l’évidence que dans le contexte du « printemps » arabe, cette décision d’héberger le Hamas au Caire relève aussi bien d’une volonté d’isolement de Bachar el-Assad par le président Morsi que du désir égyptien d’influencer la stratégie future de ce mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza, de concert avec d’autres intervenants influents comme le Qatar.

    Tertio, le Raïs égyptien n’ignore pas que l’obtention d’un cessez-le-feu dans le conflit israélo-palestinien aurait aussi pour effet de redonner un rôle central à l’Égypte dans le dossier palestinien. En outre, il permettrait à sa diplomatie dans le monde arabe de redorer son blason, après avoir été fortement marginalisée, ces dernières années, au profit de celles de certaines monarchies du Golfe. Ainsi, outre le problème de Gaza, la réunion tripartite Égypte-Qatar-Turquie avait certainement un autre point dans son agenda : celui de la Syrie. En effet, deux jours après la rencontre cairote on apprenait que la nouvelle coalition de la rébellion syrienne, constituée à Doha, allait être basée au Caire [13], alors que le défunt Conseil national syrien (CNS)  avait son quartier général à Istanbul.  Quatre jours plus tard, le Qatar annonçait de son côté la nomination d’un ambassadeur de la coalition syrienne, organisation constituée de groupes rebelles disparates dont il avait, sous la pression des États-Unis, « contraint » la coalescence [14].

    Notons au passage l’absence remarquée, dans cette réunion du Caire, de l’Arabie Saoudite, joueur majeur dans la « printanisation » de la Syrie. Et cette absence est loin d’être fortuite si on en croit la différence du traitement médiatique de l’agression israélienne sur Gaza entre la chaîne Qatarie Al-Jazira et la chaîne saoudienne Al-Arabiya qui traduit implicitement les divergences politiques entre ces deux pays dans le dossier de Gaza [15].

    Alors qu’il avait annoncé à maintes reprises sa volonté de  réviser les accords de Camp David, Morsi a changé d’avis lorsqu’Israël a opposé une fin de non-recevoir à cette idée [16]. Cette apparente « réussite » de Morsi dans l’arrêt des hostilités entre le Hamas et Israël lui permet toutefois de justifier son changement de fusil d’épaule, confortant ainsi l’idée de la nécessité pour l’Égypte d’être un interlocuteur « officiel » et crédible de l’état hébreu et ce, grâce aux accords signés entre les deux pays. Dans ce domaine, Morsi n’est donc pas tellement différent de son prédécesseur Moubarak, emporté par la vague printanière.

    Mais cette absence de témérité politique du président islamiste n’a rien changé à l’ardeur de certains militants pro-démocratie qui ont présenté, devant le tribunal administratif du Caire, une demande d’annulation du traité de Camp David afin que leur pays  puisse  jouir d’une pleine souveraineté politique et militaire dans la péninsule du Sinaï. Le 30 octobre dernier, les plaignants furent déboutés pour motif « d’incompétence en la matière » du tribunal arguant que les domaines de la politique internationale et de souveraineté du pays sont de la compétence du président de la république  [17].

    Morsi daignera-t-il un jour aller de l’avant avec cette promesse qui était aussi celle de la confrérie dont il est issu?

    Dans le contexte géopolitique actuel, il est permis d’en douter.

    Le Qatar et la « printanisation » des arabes

    Le 23 octobre 2012, soit exactement trois semaines avant la sauvage agression israélienne baptisée « Pilier de défense », l’émir du Qatar effectua un visite officielle à Gaza. Cette courte visite, qualifiée d’« historique » par certains observateurs car étant la première d’un chef d’état depuis 2007, année de prise (démocratique) du pouvoir du Hamas à Gaza, n’aurait jamais été possible sans l’approbation de l’Égypte et surtout d’Israël. Évidemment, ce voyage de l’émir s’est accompagné d’une généreuse distribution de pétrodollars, mais il apparaît clairement que son but n’est pas uniquement philanthropique. Sinon, comment expliquer que la générosité qatarie ne profite qu’au gouvernement islamiste du Hamas et non à toute la population palestinienne? Et pourquoi l’émir du Qatar n’a-t-il pas profité de l’occasion pour aller en Cisjordanie et rendre visite à l’Autorité palestinienne?

    D’ailleurs, sur ce point, le Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)  n’a pas du tout apprécié cette visite. « Les pays arabes ne devraient pas  poursuivre la politique d’établissement d’une entité séparatiste dans la bande de Gaza, qui sert fondamentalement les desseins israéliens », a-t-il déclaré [18].

    En fait, le comportement qatari à l’égard de la Palestine est en parfaite adéquation avec la volonté d’omniprésence de cet émirat dans la « printanisation » du monde arabe, action qui s’articule sur le soutien indéfectible des islamistes du monde arabe et en particulier des Frères musulmans. Cette politique est visible en Égypte, en Tunisie, en Libye, en Syrie et actuellement à Gaza.

    D’autre part, comme le Qatar possède des relations privilégiées avec les États-Unis et nombre de pays occidentaux (relations qu’il n’a jamais cherché à dissimuler, bien au contraire), on est en droit de penser que cette visite a une portée politique qui servirait également d’autres intérêts que ceux de la Palestine. Dans cet ordre d’idées, Jean-Pierre Bejot se pose les questions suivantes : « Les Américains, qui aiment à laisser penser qu’ils coachent les Qataris, ont-ils donné leur feu vert à cette visite ? Cette visite vise-t-elle à isoler la Syrie et l’Iran qui étaient, jusqu’à présent, les principaux partenaires du Hamas ? » [19].

    Rachid Barnat va encore plus loin : « A moins que son “jeu” [celui du Qatar] n’entre dans la stratégie des États-Unis: 1- neutraliser les extrémistes de “l’intérieur”, tout en les soustrayant à une probable récupération iranienne chiite! Ce que vient de faire l’émir du Qatar avec le Hamas de la bande de Gaza qui flirtait avec le régime des Ayatollahs et soutenait Bachar el-Assad, l’autre «ami» des iraniens. Et 2- permettre une reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens afin qu’Obama […] concrétise son beau discours-programme lors de sa prise du pouvoir: en finir avec un problème qui empoisonne les relations internationales depuis plus de 60 ans ! » [20].

    À ce sujet, certaines sources bien informées ont rapporté une discussion extrêmement intéressante entre Hamad ben Khalifa Al Thani et Ismaël Haniyeh, lors de la visite de l’émir à Gaza. Selon elles, la rencontre s’est achevée par un désaccord manifeste car l’aide qatarie était soumise à des conditions précises : a) la rupture de l’alliance avec l’Iran, b) l’ouverture de négociations avec l’entité sioniste  sans conditions préalables, c)  la reconnaissance d’Israël, d) la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et l’abandon de  la récupération  de sa partie orientale et e) l’annonce de la fin de la résistance  armée et l’ouverture des  négociations comme seule option de solution [21].

    En définitive, il semblerait que la présence du Qatar au Caire comme médiateur important dans le dossier palestinien soit reliée à un double agenda. Le premier est relatif à la « printanisation » de la cause palestinienne en favorisant la prépondérance du Hamas par rapport aux autres groupes rivaux de Gaza et en marginalisant, de facto, l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le but ultime serait-il la constitution d’un seul gouvernement islamiste dirigé par le Hamas dans tous les territoires palestiniens?

    Le second est relatif à l’abandon par le Hamas de sa branche militaire et de son éloignement de l’ « Iran chiite » qui lui fournit des armes.

    À la lumière de ce qui précède, tout laisserait à penser à ce que la trame de fond de ces manœuvres soit la négociation d’une « paix à rabais » avec l’état hébreu sous la bénédiction israélo-américaine.

    Et l’émir du Qatar détient une carte importante pour réussir son projet : Khaled Mechaal, le chef du Hamas qui vient de s’aligner ouvertement avec la politique du Qatar en reconnaissant la rébellion syrienne, en rompant avec Bachar el-Assad (qui l’a soutenu et financé pendant des années) et en quittant Damas où il vivait pour s’installer à l’hôtel Four Seasons de Doha, « sous protection de ses hôtes qataris » [22].

    L’émir du Qatar ne maîtrise-t-il pas l’art de débaucher ceux qui deviennent par la suite ses hommes de main?

    Moins d’une semaine après la fin de l’opération « Pilier de défense », cette volonté du Hamas de s’éloigner de l’Iran s’est confirmée par la voix de Moussa Abou Marzouk, chef adjoint du bureau politique du Hamas. Depuis ses nouveaux bureaux du Caire, il déclara que « l’Iran doit reconsidérer son soutien au régime syrien » [23].

    Ce désir d’affranchissement de l’Iran a aussi été formulé, mais prudemment, par Ziad Nakhal, le secrétaire général adjoint du Jihad Islamique Palestinien. Tout en reconnaissant que « sans l’appui militaire de l’Iran, la résistance palestinienne n’aurait pas pu combattre depuis de nombreuses années », il ajoute que « si les Arabes veulent remplacer l’Iran, ils seront les bienvenus et nous remercierons l’Iran » [24].

    Cette invitation s’adresse tout particulièrement au Qatar. En effet, comment se fait-il que ce richissime émirat du Golfe qui arme les rebelles islamistes dans tous les pays arabes en quête d’un éventuel « printemps » et qui soutient leur lutte contre des gouvernements arabes naguère amis, puisse demander aux militants du Hamas d’abandonner leur lutte armée contre l’état israélien, un état spoliateur, xénophobe et assassin? Pourquoi, à l’inverse, n’armerait-il pas les combattants d’une cause aussi juste et aussi sacrée que celle de la Palestine −ne serait-ce que pour qu’ils acquièrent une force de dissuasion qui leur permettrait de négocier en position de force− comme il le fait ouvertement en Syrie? Bachar el-Assad serait-il un ennemi et Netanyahou un ami?

    La réponse de l’émir du Qatar est sans équivoque : lors de la conférence de presse tenue le 19 novembre 2012 (alors qu’Israël bombardait Gaza), à l’occasion de la visite à Doha de Mario Monti, chef du gouvernement italien, il  affirma que « le soutien du Qatar pour la bande de Gaza est limité à l’aide humanitaire et à la reconstruction, mais exclut l’armement » [25].

    Les armes du Hamas et la filière soudanaise

    La nuit qui suivit la visite de l’émir du Qatar à Gaza (du 23 au 24 octobre 2012), plusieurs avions israéliens bombardèrent le complexe militaire soudanais de Yarmouk, situé au sud de Khartoum. L’attaque ne dura que quelques minutes, mais les explosions qui suivirent durèrent plusieurs heures, ce qui indique que le stock de munitions qu’il contenait était considérable. Les photos satellitaires prises avant et après l’attaque israélienne montrent une destruction totale du site [26]. Le ministre soudanais de l’information, M. Ahmed Bilal Osman, a déclaré que  quatre avions étaient impliqués dans l’attaque et que des preuves matérielles (des armes qui n’auraient pas explosé) accusaient directement Israël [27]. Bien qu’il ait assuré que ce complexe ne fabriquait que des « armes traditionnelles », de nombreux rapports affirment qu’il servait aussi de dépôt de missiles iraniens Shehab et qu’il était très plausible que des expert iraniens fournissent une assistance technique pour la fabrication d’autres type d’armes.

    Israël n’a jamais reconnu cette attaque, mais des responsables israéliens ont accusé le Soudan d’être un point de transit névralgique pour l’envoi des armes iraniennes à destination des combattants du Hamas [28]. Des missiles iraniens, tels que les « Fadjr-5 » qui ont atteint Jérusalem durant le récent conflit israélo-gazaoui, ont certainement été acheminés de l’Iran vers Gaza, en passant initialement par le Soudan et, par la suite, introduits dans l’enclave palestinienne via les tunnels du Sinaï [29]. Ainsi, il est aisé de comprendre l’intérêt d’Israël d’impliquer l’Égypte dans la fermeture de ces passages clandestins.

    Mais ce qui attire le plus l’attention dans cette affaire c’est le fait que les avions israéliens ont parcouru, dans cette mission, près de 3600 km (aller-retour) sans qu’ils ne soient détectés, ni par le Soudan, ni par les pays « amis » limitrophes comme l’Égypte, la Jordanie ou l’Arabie Saoudite.

    Dans un article détaillé sur l’attaque du complexe soudanais publié par le Sunday Times, Uzi Mahmaini et Flora Bagenal expliquent que les avions israéliens avaient  emprunté un trajet qui longe la mer Rouge en contournant le système de défense aérien de l’Égypte [30]. Certains journalistes égyptiens se sont même demandé si les avions n’avaient pas transité par l’espace aérien de leur pays. Dans sa chronique intitulée « Morsi a-t-il peur d’Israël? », Mohamed Dassouki Rachdi écrit : «  Je ne mets pas en doute les capacités égyptiennes et je n’ai pas à le faire, mais je revendique simplement le droit du peuple à savoir si son territoire ou son ciel ont été utilisés dans l’attaque d’un pays frère ou non ». Et d’ajouter : « Comment se fait-il qu’Israël a réussi à mettre en œuvre l’opération de destruction du complexe soudanais avec toute  cette précision  et tout ce silence, sans que l’Égypte ne s’en rende compte ou sans qu’il y ait de réaction des autorités égyptiennes? Comment se fait-il que des avions puissent voler pendant quatre heures pour détruire une partie d’un pays frère sans que le sommeil des responsables égyptiens ne soit perturbé? » [31]. C’est la présidence de la République elle-même qui s’est chargée de répondre (ce qui révèle la gravité des soupçons), niant toute utilisation de l’espace aérien égyptien par les avions israéliens mais ne démentant pas l’information concernant l’itinéraire avancé par le Sunday Times [32].

    Si l’hypothèse avancée par le journal britannique est vraie, il est légitime de se poser de sérieuses questions sur les capacités du système de défense aérien de l’Égypte, sauf si le pays des pharaons a volontairement fermé les yeux sur le bombardement du Soudan pour s’assurer que les armes stockées au Soudan soit détruites et que les nouveaux missiles iraniens ne transitent plus par les tunnels du Sinaï.

    Une autre hypothèse concernant le trajet emprunté par les avions israéliens a été avancée par  Ali Akbar Salehi, le ministre iranien des Affaires étrangères. Selon ses informations, l’escadrille aurait survolé la Jordanie, l’Arabie saoudite et l’Érythrée avant de bombarder la cible soudanaise, ce qui expliquerait le fait que des témoins soudanais aient noté que les avions ennemis venaient de l’est  du pays [33].

    Quelle que soit l’hypothèse retenue, de sérieux doutes planent sur l’implication de différents pays arabes dans l’agression du Soudan, un pays « frère » qui est, de surcroît, membre de la Ligue Arabe.

    À moins qu’Israël n’ait utilisé directement une de ses bases situées sur l’archipel érythréen des Dahlak [34], mais cette éventualité n’a été avancée par aucun observateur.

    La Turquie et le néo-ottomanisme

    La politique étrangère du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et de son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu relève plus de l’opportunisme que de la realpolitik.  Prônant à l’origine la doctrine de « zéro problème » avec les pays voisins, cette politique a progressivement évolué d’une non-ingérence à une ingérence active à mesure que le « printemps » arabe poursuivait sa progression, du Caire à Damas.

    Ainsi, bien qu’il déclarât initialement « qu’il n’avait pas non plus l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays arabes » [35], Erdogan s’engagea en faveur des rebelles du Conseil national de transition libyen (CNT), oubliant que seulement quelques mois auparavant, il recevait, à Tripoli, le prix Kadhafi 2010 des Droits de l’homme décerné par le colonel Kadhafi [36]. Mais le glas de la politique de « zéro problème », qui somme toute n’a été qu’éphémère, a sonné lorsque le conflit syrien a éclaté. Sous l’impulsion des États-Unis, Erdogan a lâché le président syrien, celui-là même qu’il considérait naguère comme un « ami », donnant à la Turquie un rôle de premier plan dans cette sanglante guerre civile.

    Cette position belliqueuse envers un pays avec lequel la Turquie avait signé des accords de libre-échange en 2004 et avait aboli les visas en 2009 (et qu’Erdogan visita la dernière fois le 17 janvier 2011 à l’invitation de son « ami » Bachar el-Assad) n’a rien à voir avec des principes moraux dictés par l’instauration d’une éventuelle démocratie en Syrie. Le précédent libyen est très instructif à ce sujet. La Turquie veut plutôt surfer sur la vague de l’éclosion des gouvernements islamistes qui ont pris le pouvoir dans les pays arabes « printanisés » et qui désirent se donner comme modèle l’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi ou Parti de la justice et du développement) d’Erdogan.

    Le néo-ottomanisme, mis de l’avant par Erdogan et Davutoglu, se définit comme la volonté turque de réinvestir, aux niveaux diplomatique et économique, sa sphère d’influence ottomane [37]. Ainsi, la mise en œuvre de cette politique de reconquête tire profit de l’accession au pouvoir de l’Islam politique sunnite dans bon nombre de républiques arabes tout en présentant la Turquie comme un modèle de réussite économique réalisée par un gouvernement islamiste.

    Ajoutons à tout cela que la Turquie s’est constitué un remarquable capital de sympathie dans le monde arabe en optant pour des positions pro-palestiniennes médiatisées et très populistes. Le clash provoqué par Erdogan à Davos le 29 janvier 2009 en est un exemple très explicite [38] et sa présence à la réunion tripartite Égypte-Qatar-Turquie du 17 novembre 2012 au Caire rentre très certainement dans ce cadre.

    Mais il faut souligner que pour la Turquie, être pro-palestinien ne veut en aucun cas dire être anti-israélien. Et même si les relations politiques entre la Turquie et Israël se sont fortement refroidies depuis l’opération « plomb durci » et l’affaire de la flottille de la liberté, dans le domaine militaire ou économique c’est «  business as usual ».

    Voici quelques exemples éloquents. Près d’un an après l’incident de Davos, Ehud Barak, le ministre de la défense israélien, a été reçu à Ankara avec toute sa délégation. À l’issue de la visite, le ministre turc de la défense a déclaré que : « Tant que nous avons les mêmes intérêts, nous travaillons ensemble, pour résoudre les problèmes communs. Aussi, nous sommes alliés, nous sommes des alliés stratégiques, tant que nos intérêts nous force à l’être ». De leur côté, des officiels israéliens ont commenté la visite en précisant que « malgré les tensions diplomatiques […], leur impression est que la visite a été un succès et que les Turcs sont intéressés à préserver de bonnes relations » [39].

    En juin 2011, le journal israélien Haaretz rapporte des « discussions directes secrètes Israël-Turquie pour réduire la rupture diplomatique ». On y apprend que « des responsables israéliens et turcs ont tenu des pourparlers directs secrets pour tenter de résoudre la crise diplomatique entre les deux pays » et que « les négociations ont le soutien des Américains » [40].

    Dans un article au titre révélateur « Israël répare et renvoie quatre drones à la Turquie en signe possible de réchauffement des relations », publié le 19 mai 2012 par le « Times of Israël », il est mentionné qu’Erdogan aurait déclaré qu’« il peut y avoir des problèmes entre les gens et des ressentiments, ils peuvent s’abstenir de se rencontrer. Tout cela est possible, mais quand il s’agit des accords internationaux, il y a une éthique du commerce international » [41].

    Ainsi, il est clair que le néo-ottomanisme de la Turquie d’Erdogan et de Davutoglu ne se fait pas au détriment des relations israélo-turques, même si les apparences montrent un discours vindicatif contre l’état hébreu, discours destiné aux peuples arabes pour qui la cause palestinienne est un sujet très sensible.

    Obama et les petits plaisirs asiatiques

    L’agression israélienne contre Gaza a coïncidé avec une courte mais agréable tournée asiatique du président Obama. Ainsi entre quelques postures et regards coquins de la séduisante Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra et quelques bises « volées » à l’icône de l’opposition birmane Aung San Suu Kyi [42], le président américain savourait son séjour pendant que les bombes israéliennes détruisaient Gaza et les Gazaouis.

    Il faut se rendre à l’évidence que les Prix Nobel de la Paix ne valent plus grand-chose par les temps qui courent. Sinon, comment expliquer l’absence de compassion de deux lauréats de cette prestigieuse distinction, en l’occurrence Obama (2009) et Aung San Suu Kyi (1991), pour les victimes de Gaza et qu’aucun appel à la Paix ne soit lancé, de concert, par ce couple nobélisé du haut du perron de la résidence de l’ex-dissidente birmane à Rangoun? Bien au contraire, Obama n’a cessé de réaffirmer « le droit d’Israël à se défendre », c’est-à-dire de bombarder à l’arme lourde tout un peuple assiégé.

    Force est d’admettre que le soutien inconditionnel du président américain à l’état hébreux est en complète contradiction avec son fameux discours du Caire où il prétendait que « depuis plus de soixante ans, il [le peuple palestinien] connaît la douleur de la dislocation. Beaucoup attendent dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et dans des terres voisines de connaître une vie de paix et de sécurité à laquelle ils n’ont jamais eu le droit de goûter. Ils subissent au quotidien les humiliations […] la situation du peuple palestinien est intolérable. L’Amérique ne tournera pas le dos à l’aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un État à lui ».

    À propos de ce fameux « droit à l’auto-défense » d’Israël, la journaliste israélienne Amira Hass le qualifie de « formidable victoire de la propagande » en ajoutant qu’« en soutenant l’offensive israélienne sur Gaza, les dirigeants occidentaux ont donné carte blanche aux Israéliens pour faire ce qu’ils savent le mieux: se vautrer dans leur statut de victime et ignorer la souffrance des Palestiniens » [43].

    Après une semaine de conflit, Hillary Clinton se rendit en Israël et en Égypte pour discuter avec les protagonistes du conflit. Le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël fut proclamé le jour même de son arrivée au Caire et tout le crédit fut octroyé au président Morsi. Étrange consécration pour le président égyptien qui avait, sans succès, annoncé la fin des hostilités pour la veille et qu’il n’avait même pas pu arrêter les bombardements sur Gaza (ne serait-ce que momentanément et malgré les promesses israéliennes) alors que son premier ministre Hicham Kandil se trouvait en visite dans l’enclave palestinienne [44].

    Le lendemain de l’annonce du cessez-le-feu, le New York Times publiait un article sur les motivations réelles de l’opération « Pilier de défense ». Les auteurs, David E. Sanger et Thom Shanker, nous expliquent que « pour Israël, le conflit de Gaza est un test pour une confrontation avec l’Iran ». En effet, selon certains responsables américains et israéliens, cette opération militaire qui a duré une semaine est un entrainement pour une éventuelle future confrontation avec l’Iran [45]. Ces exercices ont permis aussi bien d’analyser l’efficacité des nouvelles roquettes de fabrication iranienne capables d’atteindre Jérusalem que de tester la fiabilité du système anti-missiles « Dôme de fer » mis en place par Israël. Élément hautement intéressant : l’article rapporte également que le bombardement israélien du complexe soudanais de Yarmouk n’était que le premier volet d’un plan plus général d’affaiblissement de l’Iran qui s’est poursuivi avec le conflit de Gaza.

    Force est de constater que, pour Israël,  les deux attaques ont des objectifs stratégiques similaires: i) la destruction de stocks d’armes ennemis et ii) l’entrainement des troupes israéliennes pour un éventuel conflit armé direct avec l’Iran. En effet, la précision et la maîtrise avec laquelle l’opération contre le site soudanais a été menée (distance parcourue, ravitaillement en vol, brouillage des communications ennemies, frappes chirurgicales) prouvent que  l’état hébreu possèdent les moyens techniques pour opérer une frappe aérienne sur les sites nucléaires iraniens qui, eux, sont située à des distances égales ou inférieures à celle séparant Israël de Yarmouk. D’autre part, l’anéantissement des réserves d’armement destiné ou utilisé (respectivement au Soudan et à Gaza) par la résistance palestinienne permet de minimiser les risques d’ouverture de fronts de combat supplémentaires si la décision d’attaquer l’Iran venait à être prise. Si on ajoute à cela la participation active de l’Égypte dans la fermeture des tunnels du Sinaï et l’implication du Qatar pour persuader le Hamas d’accepter un changement de paradigme révolutionnaire, les conditions d’une attaque israélienne contre des cibles iraniennes deviennent de plus en plus favorables pour Israël et, évidemment, pour les États-Unis, leur allié indéfectible dans cette « croisade ».

    Effectivement, commentant l’article de David E. Sanger et Thom Shanker, Lucio Manisco écrit que « l’enquête du New-York Times éclaire l’étroite collaboration entre Washington et Jérusalem dans les préparatifs de l’offensive contre Gaza, et dans celle à plus ample portée prévue dans de prochains mois contre l’Iran » [46].

    Il existe, d’autre part, de fortes présomptions de collaboration entre ces deux pays dans l’attaque sur le complexe de Yarmouk. Ainsi, le quotidien arabe Al-Hayat a cité des responsables soudanais qui ont affirmé que les États-Unis étaient au courant de la frappe puisqu’ils ont rapidement fermé leur ambassade à Khartoum par crainte de représailles [47].

    Si on tient compte de tout cela, on comprend aisément la nonchalance et le flegme du président Obama lors de son voyage asiatique : il attendait patiemment que l’entraînement planifié par les forces israélo-américaines prenne fin pour envoyer sa secrétaire d’État afin de ficeler un cessez-le-feu entre les belligérants.

    On comprend aussi pourquoi Israël, contrairement à ses habitudes, n’a ni exercé de représailles à la suite de l’attentat du 21 novembre 2012 visant un autobus de Tel-Aviv, ni reporté la date de la fin des hostilités.

     Sunnisme-Chiisme : un schisme politique

    La reconfiguration géopolitique de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à la suite du « printemps » arabe a provoqué un schisme politique sunnite-chiite. Ce schisme, qui est devenu prépondérant dans le conflit syrien à cause de la diversité cultuelle de ce pays, a une incidence directe sur la cause palestinienne. Deux  axes ont vu le jour dans la région: l’axe sunnite représenté, entre autres, par l’Égypte, le Qatar et la Turquie et l’axe chiite constitué par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah.

    Le premier axe possède de très bonnes relations avec les pays occidentaux alors que le second groupe représente actuellement « l’axe du mal » pour ces mêmes pays.

    On voit bien que la réunion du 17 novembre au Caire regroupait exclusivement des pays sunnites et que la présence de Khaled Mechaal avait certainement pour but de soutirer le Hamas du giron chiite (en particulier l’Iran) qui lui fournit ses armes. Il est clair que les Américains et les Européens jouent sur cette division pour mieux isoler, et donc affaiblir, l’axe chiite.

    Le schisme politique a son pendant religieux, moins sournois mais tout aussi virulent. Ainsi, le téléprédicateur vedette de la télévision qatarie Al-Jazira, Cheikh Al-Qardaoui, a attaqué les Iraniens sur leur rôle en Syrie, déclarant qu’ils « ont manqué à leur mission et ils tuent désormais les musulmans [i.e. les Syriens sunnites] qui ne sont pas du même courant religieux qu’eux ». Il appela ensuite tous les pèlerins musulmans à implorer Dieu pour punir l’Iran [48].

    On est loin du temps où le Cheikh fustigeait Israël, priant Dieu de lui donner l’opportunité, au crépuscule de sa vie, de « de tirer une balle sur les ennemis d’Allah, les juifs » [49]. Le « printemps » arabe étant passé par là, son allégeance à l’émir du Qatar ne lui permet d’émettre des condamnations à mort qu’envers les Arabes ou les musulmans : un alignement exemplaire du politique et du religieux.

    C’est pour cette raison sans doute qu’on ne l’a guère entendu condamner la sauvage agression israélienne contre le peuple de Gaza.

    En conclusion, on peut affirmer que la cause palestinienne est indéniablement influencée par le « printemps » arabe. Le bloc sunnite représenté par l’Égypte, le Qatar et la Turquie (pays ayant tous trois d’excellentes relations avec les États-Unis) cherche à soustraire le Hamas de la zone d’influence chiite iranienne qui lui fournit les armes nécessaires à sa résistance contre l’occupation israélienne. La rupture de Khaled Mechaal avec Bachar al-Assad, son allégeance envers l’émir du Qatar et le déménagement du principal siège du Hamas de Damas vers le Caire sont tous des signes avant-coureurs qui ne trompent pas. La seule inconnue dans cette affaire est la position de la résistance palestinienne qui œuvre à l’intérieur de Gaza et qui a un besoin vital d’armes pour asseoir sa légitimité conformément à l’idéologie de son mouvement. À moins que le Qatar ne réussisse le tour de force de les convaincre d’abandonner les armes et d’opter pour une vision plus pacifiste, ce qui pourrait les amener à s’affranchir de leur étiquette d’ « organisation terroriste »  qui leur a été attribuée par de nombreux pays occidentaux et rejoindre la table de négociations. Cependant, considérant la faiblesse des résultats obtenus par l’Autorité palestinienne en adoptant une telle approche, on peut s’attendre à ce que le Hamas n’ait pas plus de succès. Quoi de plus clair que la déclaration de Leïla Shahid, la déléguée générale de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union européenne : « Notre stratégie non-violente face à Israël est un échec […] on a arrêté la lutte armée […] et Israël nous a donné une claque » [50].

    Par ailleurs, et contrairement aux apparences : i) le gouvernement islamiste de Morsi semble entretenir des relations privilégiées avec l’état hébreu (correspondance affectueuse, destruction des tunnels du Sinaï, aucune réaction à l’attaque du complexe soudanais); ii) la politique néo-ottomaniste de la Turquie ne se fait pas au détriment des relations turco-israéliennes qui demeurent stratégiques; iii) les relations israélo-américaines sont au beau fixe et, sur les dossiers palestinien et iranien, la collaboration est exemplaire.

    Quant à la Ligue arabe, qui faisait jadis de la question palestinienne le cœur de ses préoccupations, elle est actuellement complètement inféodée aux intérêts américains. Ce qui fait dire à certains que cette institution ne peut réellement décider que des actions qui nuisent au Monde arabe!

    Finalement, il est intéressant d’observer le mouvement de balancier qui s’opère en Palestine : à Gaza, tout est fait pour que le Hamas devienne fréquentable au grand plaisir d’Israël et des États-Unis; en Cisjordanie, l’autorité palestinienne  provoque l’ire de Tel-Aviv et de Washington en obtenant, malgré les pressions et les intimidations, son statut d’État observateur à l’ONU.

    Ce qui nous ramène à la question existentielle : avant de discuter du rôle de pays tiers,  peut-il y avoir une quelconque solution au problème de la Palestine sans la réunification politique des deux territoires palestiniens?

    Ahmed Bensaada http://www.mondialisation.ca

    Montréal, le 6 décembre 2012

    Références

    1-       May Al-Maghrabi et Noha Ayman, « Morsi joue la realpolitik », Al Ahram Hebdo, 24 octobre 2012, http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/1/130/532/Morsi-joue-la–realpolitik.aspx

    2-       Jonathan-Simon Sellem, « Égypte: “ la lettre amicale de Morsi à Peres est une fausse ” », JSSNews, 1er  août 2012, http://jssnews.com/2012/08/01/egypte-la-lettre-amicale-de-morsi-a-peres-est-une-fausse/

    3-       Al-Masry Al-Youm, « Morsy’s letter to Peres not friendly, just protocol, say diplomats », Egypt Independent, 18 octobre 2012, http://www.egyptindependent.com/news/morsy-s-letter-peres-not-friendly-just-protocol-say-diplomats

    4-       L’Orient le jour, « Peres salue les ”efforts ” de Morsi pour une trêve », 19 novembre 2012, http://www.lorientlejour.com/category/Moyen+Orient+et+Monde/article/788325/Peres_salue_les_%3C%3C+efforts+%3E%3E_de_Morsi_pour_une_treve.html

    5-       Il s’agit d’un programme de télévision égyptien intitulé « El Hokm baad El Moudawala ». Il est possible de visionner des extraits d’émissions ayant obtenu un grand succès à l’adresse URL suivante : http://www.youtube.com/watch?v=KmUBWkDdXx4

    6-       Salma Abdelaziz,  « Egyptian prank show exposes anti-Israeli sentiment », CNN, 11 août 2012, http://edition.cnn.com/2012/08/10/world/africa/egyptian-prank-show/index.html?hpt=hp_t3

    7-       Hélène Jaffiol, « Gaza: la fin des tunnels », Slate.fr, 29 septembre 2012, http://www.slate.fr/story/61031/gaza-fin-tunnels

    8-       AFP, « Égypte : selon les Frères musulmans, l’attaque du Sinaï peut être attribuée au Mossad », Radio-Canada, 6 août 2012, http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/08/06/003-egypte-deuil-attaque-sinai.shtml

    9-       Une excellente carte interactive du Sinaï peut être consultée sur le site de la FMO (Force Multinationale d’Observateurs au Sinaï) à l’adresse URL : http://mfo.org/sinai

    10-   Ian Black, « Mohammed Morsi: Brotherhood’s backroom operator in the limelight », The Guardian, 25 mai 2012, http://www.guardian.co.uk/world/2012/may/25/mohammed-morsi-muslim-brotherhood

    11-   Majdi Abou Eleil et Ahmed Tahar, « Le Hamas transfèrera au Caire son principal siège », El Watan News, 12 septembre 2012, http://www.elwatannews.com/news/details/48396

    12-   Ramzy Baroud, « Hamas and the Brotherhood: Reanimating History », Palestine Chronicle, 2 janvier 2012, http://www.onislam.net/english/politics/middle-east/455243-hamas-and-the-brotherhood-reanimating-history-.html

    13-   AFP, « La nouvelle Coalition syrienne basée en Égypte », 24 Heures, 19 novembre 2012, http://www.24heures.ch/monde/nouvelle-coalition-syrienne-basee-egypte/story/16399120

    14-   Dedefensa.org, « Les dessous coquins de l’accord de Doha », 14 novembre 2011, http://www.dedefensa.org/article-les_dessous_coquins_de_l_accord_de_doha_14_11_2012.html

    15-   Amin Hamadé, « Comment Al-Jazira et sa rivale Al-Arabiya couvrent-elles la guerre à Gaza ? », Courrier International, 22 novembre 2012, http://www.courrierinternational.com/article/2012/11/22/comment-al-jazira-et-sa-rivale-al-arabiya-couvrent-elles-la-guerre-a-gaza

    16-   Ria Novosti, « Égypte: aucune révision des accords de Camp David (officiel) », 26 septembre 2012, http://fr.rian.ru/world/20120926/196154839.html

    17-   Chimaa El Karanchaoui, « Le tribunal administratif se déclare non compétent dans l’annulation ou la modification de “Camp David” », El Masry El Youm, 30 novembre 2012, http://www.almasryalyoum.com/node/1208641

    18-   AFP, « Visite “historique” de l’émir du Qatar à Gaza », Le Monde.fr, le 23 octobre 2012, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/10/23/visite-historique-de-l-emir-du-qatar-a-gaza_1779825_3218.html

    19-   Jean-Pierre Bejot, « Qatar est-il le nouveau nom de “l’impérialisme”, de “la mondialisation”, de ”l’Internationale islamique”… ? (3/4) », La Dépêche diplomatique, 31 octobre 2012, http://www.lefaso.net/spip.php?article50905

    20-   Rachid Barnat, « À quoi joue l’émir du Qatar? », Kapitalis, 8 novembre 2012, http://www.kapitalis.com/63-fokus/12733-a-quoi-joue-l-emir-du-qatar.html

    21-   Al Manar, « Hamad bin Khalifa à Haniyeh: rompez votre alliance avec l’Iran et… », 17 novembre 2012, http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=85451&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=20&s1=1

    22-   Georges Malbrunot, « L’émir du Qatar affiche son parti pris pro-Hamas à Gaza », Le Figaro.fr, 23 octobre 2012, http://www.lefigaro.fr/international/2012/10/23/01003-20121023ARTFIG00323-l-emir-du-qatar-affiche-son-parti-pris-pro-hamas-a-gaza.php

    23-   AFP, « Hamas: L’Iran devrait reconsidérer sa position à l’égard du régime syrien », Al-Masry Al-Youm, 26 novembre 2012, http://www.almasryalyoum.com/node/1270486

    24-   Déclaration de Ziad Nakhal à Nile News, le 27 novembre 2012.

    25-   Qatar Ministry of Foreign Affairs, « The joint press conference by H.E. Sheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr Al Thani, the Prime Minister and Minister of Foreign Affairs and Italian Prime Minister Mario Monti regarding the situation in Gaza », 19 novembre 2012, http://english.mofa.gov.qa/minister.cfm?m_cat=2&id=163

    26-   Alain Rodier, « Israël-Soudan-Gaza : Frappe aérienne et riposte du Hamas », Note d’actualité n°291, Centre Français de Recherche sur le Renseignement, Novembre 2012.

    27-   AFP, « Le Soudan accuse Israël de l’avoir bombardé », Le Monde.fr, 24 octobre 2012, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/10/24/le-soudan-accuse-israel-de-l-avoir-bombarde_1780414_3212.html

    28-   AFP, « Le Soudan nie tout rôle de l’Iran dans son usine d’armes de Yarmouk », Courrier International, 29 octobre 2012, http://www.courrierinternational.com/depeche/newsmlmmd.d6c0a760d0f4e9b5a7145c93a75c54a6.501.xml

    29-   Global Security.org, « Hamas Rockets », Novembre 2012, http://www.globalsecurity.org/military/world/para/hamas-qassam.htm

    30-   Uzi Mahmaini and Flora Bagenal, « Israeli Jets Bomb Sudan Missile Site in Dry Run for Iran Attack », The Sunday Times, 28 octobre 2012, http://www.thesundaytimes.co.uk/sto/news/world_news/Middle_East/article1156457.ece

    31-   Mohamed Dassouki Rachdi, « Morsi a-t-il peur d’Israël? », El Youm Essabaa, 31 octobre 2012, http://www1.youm7.com/News.asp?NewsID=831787

    32-   Almesryoon, « La présidence nie que l’aviation israélienne ait pénétré dans l’espace aérien égyptien », 31 octobre 2012, http://www.almesryoon.com/permalink/43705.html

    33-   Gérard Fredj, « Bombardement israélien au Soudan – Des pays arabes auraient ouvert leur espace aérien aux avions israéliens », Israël Infos, 6 novembre 2012, http://www.israel-infos.net/Bombardement-israelien-au-Soudan–Des-pays-arabes-auraient-ouvert-leur-espace-aerien-aux-avions-israeliens-9284.html

    34-   Muhammed Salahuddin, « Israel’s second largest base is on Eritrea’s Dahlak Islands», Arab News, 31 août 2006, http://www.ethiomedia.com/carepress/israel_on_dahlak.html

    35-   Jean Marcoux, « L’expérience turque de transition politique, un modèle pour l’Égypte post-Moubarak ? », LeJMed.fr, 12 février http://www.lejmed.fr/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=895

    36-   Ahmed Bensaada, « Le double jeu de Recep Tayyip Erdogan », Mondialisation.ca, 7 décembre 2011, http://www.mondialisation.ca/le-double-jeu-de-recep-tayyip-erdogan/28097

    37-   Samia Medawar, « Les limites du « néo-ottomanisme » face aux ambitions de la diplomatie turque », L’Orient le jour, 11 juin 2012, http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/763241/Les_limites_du_%3C%3C+neo-ottomanisme+%3E%3E_face_aux_ambitions_de_la_diplomatie_turque.html

    38-    Ahmed Bensaada, « La valse à quatre temps de Amr Moussa ou l’évanescence de l’arabité politique », Le Quotidien d’Oran, 12 février 2009, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=53:la-valse-a-quatre-temps-de-amr-moussa-ou-levanescence-de-larabite-politique-&catid=37:societe&Itemid=75

    39-   Amos Harel, « Barak lauds Turkey visit as successful, despite degraded ties », Haaretz , 18 janvier 2010, http://www.haaretz.com/print-edition/news/barak-lauds-turkey-visit-as-successful-despite-degraded-ties-1.261597

    40-   Barak Ravid, « Israel and Turkey holding secret direct talks to mend diplomatic rift», Haaretz, 21 juin 2011, http://www.haaretz.com/print-edition/news/israel-and-turkey-holding-secret-direct-talks-to-mend-diplomatic-rift-1.368792

    41-   Yifa Yaakov, « Israel fixes, returns four aerial drones to Turkey in possible sign of warming ties », The Times of Israel, 19 mai 2012, http://www.timesofisrael.com/israel-reportedly-sends-fixed-herons-back-to-turkey/

    42-   AP and Daily Mail Reporter, « The charmer-in-chief: Obama gets flirty as he schmoozes with Thai prime minister on first stop of historic Asia visit », Daily Mail, 18-19 novembre 2012, http://www.dailymail.co.uk/news/article-2234978/President-Barack-Obama-schmoozes-Thai-PM-Yingluck-Shinawatra-stop-historic-Asia-visit.html

    43-   Amira Hass,  « Israel’s ‘right to self-defense’ – a tremendous propaganda victory », Haaretz, 19 novembre 2012, http://www.haaretz.com/news/features/israel-s-right-to-self-defense-a-tremendous-propaganda-victory.premium-1.478913?localLinks=&block=true

    44-   AFP, « Israël viole la trêve et bombarde Gaza lors de la visite de Kandil », El Youm Essabaa, 16 novembre 2012, http://www1.youm7.com/News.asp?NewsID=847648

    45-   David E. Sanger et Thom Shanker, « For Israel, Gaza Conflict Is Test for an Iran Confrontation », The New York Times, 22 novembre 2012, http://www.nytimes.com/2012/11/23/world/middleeast/for-israel-gaza-conflict-a-practice-run-for-a-possible-iran-confrontation.html

    46-   Lucio Manisco, « Bombardements aéronavals sur Gaza pour essayer les nouvelles armes israéliennes en vue de l’imminente guerre contre l’Iran », Global Research, 24 novembre 2012, http://www.mondialisation.ca/bombardements-aeronavals-sur-gaza-pour-essayer-les-nouvelles-armes-israeliennes-en-vue-de-limminente-guerre-contre-liran/5312835?print=1

    47-   Jonathan Schanzer, « Israël et les États-Unis viennent-ils juste de coopérer pour un Galop d’essai, en vue d’une Intervention en Iran? », Israël Magazine, 2 novembre 2012, http://israelmagazine.co.il/israel-et-les-etats-unis-viennent-ils-juste-de-cooperer-pour-un-galop-dessai-en-vue-dune-intervention-en-iran/

    48-   Al-Quds Al-Arabi, « Al-Qardaoui: l’Iran, la Russie et la Chine sont les ennemis de la Nation et les pèlerins doivent implorer Dieu pour les punir », 13 octobre 2012, http://www.alquds.co.uk/index.asp?fname=online%5Cdata%5C2012-10-13-10-07-51.htm

    49-   Youtube, « Al-Qaradawi praising Hitler’s antisemitism », Vidéo mise en ligne le 10 février 2009, http://www.youtube.com/watch?v=HStliOnVl6Q&feature=player_embedded

    Leïla Shahid, « Notre stratégie non-violente face à Israël est un échec », RTBF, 18 novembre 2012, http://www.rtbf.be/info/monde/detail_violences-a-gaza-entretien-exclusif-avec-leila-shahid?id=7876355

  • Le peuple palestinien face aux équivoques du « monde libre » et à la félonie du « monde arabo-monarchique »

    Amar DJERRAD

    Par cette agression sanglante et incessante, sur Gaza, contre les Palestiniens, un peuple spolié de sa terre par un « Israël » factice encrassé par une idéologie colonialiste et fasciste que soutient par allégeance et ressemblance un Occident à histoire jalonnée de contradictions, surtout de déshumanisation, on doit retenir la résurgence sinon la persistance des idéologies extrémises et nihilistes entraînant de récurrentes ruptures d’équilibres qui se manifestent par des souffrances et des incertitudes.

    Ce qui se déroule dans le monde arabe, avec cette tempête controuvée baptisée « Printemps arabe », ne saurait être dissociée des crises économiques cycliques du Grand capital et de ses conséquences sociales, politiques et institutionnelles. La solution de ce Capital, pour surmonter ses crises, a toujours été, au travers de son évolution historique, de conquérir encore plus d’espaces économiques par la force des armes, sinon par des artifices de plus en plus subtiles. Ainsi, il est passé de l’esclavagisme au colonialisme, puis au néo-colonialisme pour aboutir au chemin inverse dans une tentative de recolonisation et Dieu seul connait la suite. Comme le monde a changé grâce à la Science et la Technologie, leurs stratégies, leurs tactiques, leurs moyens et leurs procédés ont également changés, mais pour les mêmes buts et les mêmes objectifs issus d’idéaux, qui eux n’ont pas changés, même dissimulés dans de grossiers sophismes.

    Dans ce jeu de partage et de domination du monde on a imposé un « État » factice, un corps étranger, là où les richesses pétrolières sont abondantes, presque simultanément avec la création d’ « États arabes » liges sous forme d’oligarchies héréditaires où la puissance de l’argent est prépondérante ; de grandes ploutocraties rigides et féroces : un “État d’Israël” sans foi ni loi jouant le rôle de gendarme du Moyen-Orient et des Émirats/roitelets – liges dévoués à leurs protecteurs qui leur assurent la pérennité de leurs dynasties.

    Depuis les accords secrets de Sykes-Picot de 1916 et la Déclaration Balfour de 1917 – qui aboutit à la partition de la Palestine en « deux Etats juif et arabe » en 1947 - le monde, en particulier le Moyen-Orient, n’a cessé de connaitre l’instabilité. L’ensemble des peuples arabes et musulmans refusent à ce jour cette injustice, d’inspiration opportuniste sioniste, décidée dans le sillage du démantèlement de l’empire ottoman suite à sa capitulation.

    La question palestinienne reste, depuis, la pomme de discorde entre un monde occidental, pro-israélien et pro-sioniste, à histoire sulfureuse jalonnée d’immoralité, qui ne s’est pas guéri de ses velléités colonialistes et un monde anti-colonialiste et anti-impérialiste, dont les arabes, qui refusent cette hégémonie inhumaine contraire à la morale et à la raison. « Les splendeurs et les horreurs de demain résident dans les décisions ou éclairées ou malavisées d’aujourd’hui. » (Yves Breton)

    L’Organisation de la Conférence islamique (OCI), crée en 1969, devenue « de la coopération » en juin 2011 ( certainement pour accabler la Syrie qu’elle suspend d’ailleurs 1 mois et demi après) avec 57 États membres regroupant plus de 2,5 milliards des musulmans à travers le monde (dont un des buts est de « soutenir la lutte du peuple palestinien et l’aider à retrouver ses droits et à obtenir, par la diplomatie, les territoires revendiqués comme leurs ») avec aussi sa soixantaine Conférences islamiques au Sommet et sa quarantaine de Conseil des Ministres des ministres des AE, ainsi que la Ligue dite des « États arabes », créée en 1945 regroupant 22 États arabes (dont l’objectif est d’« d’unifier la ‘nation arabe’, de défendre les intérêts des États membres, de faire face à toute ingérence des puissances dans la région ») avec sa trentaine de sommets, dont 12 en ‘urgence’ concernant la Palestine, n’ont toujours pas réglé le problème de colonisation de la Palestine. 60 années de tergiversations pour aboutir à l’effet inverse avec plus de colonies, plus de morts, plus d’instabilité, plus de divisions, plus de domination. L’Occident « des lumières » qui a imposé la « liberté » et « l’égalité » ne veut pas voir chez les autres peuples les mêmes injustices qu’il a subi. Il y trouve, par contre, un prétexte pour plus d’iniquité et de supériorité. Nietzsche y voyait déjà, dans « Le Déclin de l’Occident » une décadence par une crise d’une civilisation malade. « On veut la liberté aussi longtemps qu’on n’a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie » affirme-t-il.

    Les arabes qui voulaient l’Union pour imposer « une force de proposition et d’impulsion » se sont avérés, avec le temps, profondément divisés, incapables d’une quelconque initiative, même de paix. Plus grave, ils se servent désormais de leurs propres « Organisations » pour nuire à leurs membres au profit de ceux qu’ils prétendent combattre ! La limite de la perversion. Deux visions politiques antinomiques s’affrontent. L’une « pro-occidentale » que mène l’axe monarchique, l’autre plus « indépendantiste » que mène l’axe républicain. D’où leur putréfaction et leur neutralisation.

    Dès-lors, la question palestinienne ne saurait, désormais, être réglée par les arabes. Il devient impossible, voire dangereux pour eux, qu’ils prennent en charge le problème de colonisation de la Palestine ; du moins dans leur configuration politique actuelle basée sur la félonie. Seuls les palestiniens, unis, sont à mêmes de trouver la solution à leurs tourments selon leurs intérêts exclusifs. Se voir dicter les choses par certains États arabes, spéculateurs, opportunistes et corrompus, pour de l’argent, est une tactique perdante qui mène à la faillite. La preuve, 60 ans déjà sans arriver à un semblant de paix ! Même le projet d’une reconnaissance pourtant « partielle » s’était vu « torpiller » par des actions d’apparences pour la « cause », mais qui en fait va dans le sens d’une dilution de la Palestine et de son peuple, du moins d’envoyer la « question » aux calendes grecs en attendant, peut-être, le fait accompli, c’est-à-dire quand tout sera fini.

    Plusieurs régimes arabes vivent et se maintiennent grâce à ce statuquo sur la Palestine. Ils useront de tous les artifices, dont financiers et politico-socio-religieux, pour que leur problème ne se règle pas. Bien plus, ils s’emploient à neutraliser tous les États arabes et autres de l’axe de la résistance au sionisme en leur fomentant des « révolutions » dites « printemps arabe » sur des principes aux antipodes des fondements de leur régime ! Les pétromonarchies du Golfe, en particulier l’Arabie Saoudite et le Qatar sont la cause des désespoirs du monde arabe, de leur impuissance pour leur félonie, leur corruption et leur illégitimité.

    La puissance d’un pays se constate plus par la faiblesse de l’adversaire. C’est le cas d’Israël, une entité de 7 millions d’habitants (avec une PIB de 245 milliards de dollars), face à un monde arabe composé de 24 pays regroupant 400 millions de personnes (avec une PIB de 2,4 billions de dollars) ! Un « monde arabe » - factice car plein de contradictions, d’adversités et de disparités - inconciliable. Un simple exemple économique : le PIB de l’Arabie Saoudite est de 560 Milliards de dollars (2011), Mauritanie 4 milliards. Le Qatari jongle avec un PIB par tête de 76 ?000 dollars pendant que le palestinien se débat avec 1000 dollars et sans perspective.

    Il est étrange d’observer que, subitement, un « printemps arabe » se déclenche presque simultanément, en l’espace de moins de 2 ans dans plusieurs pays arabes. Les ‘vraies’ révoltes, pour dégager les régimes vassaux à l’occident, vite confisquées ou contenues, ont été accompagnées des révoltes ‘fabriqués’ dans les États à régimes hostiles à Israël et à l’hégémonie occidentale créant ainsi, avec l’accaparement des médias lourds du monde, la plus grande diversion, confusion et manipulation ! Les pétromonarchies du Golfe ont été les pourvoyeuses de fonds, de chair à canons et les guides dans l’endoctrinement, par la religion, pour imposer l’idéologie rétrograde wahabo-salafiste. La Palestine n’est, pour eux, rien d’autre qu’un faire-valoir, un paravent qui assure la pérennité de leur dynastie.

    La dernière agression contre Gaza en est un des exemples, sinon l’exemple le plus significatif qui montre, le vrai visage, la putréfaction de ce ‘monde arabe’. Les occidentaux soutiendront encore et toujours Israël tant qu’il est utile aux dictatures arabes qui s’en servent pour détourner l’attention de leur peuple dans le sens qu’ils le souhaitent, tant que le tourment des palestiniens leur reste imputable à cause de leur division et ce, quelle que soit la justesse de leur cause et quelle que soit aussi la barbarie des israéliens. Les 3 morts israéliens comptent plus que la centaine de morts et le millier de blessés palestiniens. Pendant que l’on assassine des enfants, que l’on tue des femmes, la presse française titre « Israël tire sur des bureaux du Hamas ». Quelle déchéance ! À chaque fois qu’il y a poussé de violence par Israël cela se termine par 1, 2, 3 morts Israéliens contre des centaines de morts palestiniens et c’est toujours ces derniers qui sont fautifs avec cet occident dépravé ! De quel côté et la terreur et le terroriste ? Ils n’oseront pas dire la vérité de crainte des lobbies sionistes.

    Sitôt que les israéliens se trouvent en difficultés ou embourbés par leurs provocations, ils demandent vite à leurs protégés occidentaux, en particulier les États-Unis, le Royaume uni, la France, l’Allemagne, de les sortir. Mais les choses ont évolué en pire puisque ce sont maintenant les arabes - par lâcheté, déshonneur, indignité et absence de solidarité - qui sont chargés maintenant de mettre fin aux risques d’enlisement des sionistes d’Israël. Surtout après qu’ils ont eu la surprise d’une riposte par missiles sur leurs colonies, jusqu’à Tel Aviv, créant la panique générale ! Une équation nouvelle s’impose donc.

    Des informations, rapportées par Al Manar font état que c’est Israël qui aurait demandé au félon Qatari de charger le frère musulman Morsi de faire pression sur son équivalent le Hamas pour une trêve. Mais lors de la visite du ministre Qandil les différents groupes de la résistance palestinienne auraient refusé. Ceci montre que le Hamas n’est pas le seul sur la scène. En assassinant un leader militaire d’importance (Al Djaabari) qui fera escalader les choses vers un conflit armé - dont ils ont programmé qu’il aboutirait à l’anéantissement, à jamais, de la cause palestinienne – les stratèges sionistes en ont eu pour leur frais ! C’est les habitants israéliens aussi, dont Netanyahou lui-même, qui passent la nuit dans les abris ; c’est les bâtiments officiels qui sont touchés par les missiles, c’est un F16 qui se fait abattre et les pilotes disparus, par une résistance pourtant sous embargo, même alimentaire, depuis une décennie.

    Ce seraient donc nos bienfaisants pourvoyeurs de fonds et de logistiques, pour les rebelles qui détruisent la Syrie, qui se seraient précipités au Caire pour faire pression sur Hamas afin d’arrêter les tirs de missiles et ce, selon certains analystes, pour éviter des déclarations qui offusqueraient leur maitre d’une part et pour donner à leur ami israélien une carte favorable à sa campagne électorale d’autre part notamment l’acceptation par le Hamas d’une trêve « sans conditions » qui « craindrait une opération terrestre après l’anéantissement de ses bases de lancement de missiles ».

    Si une dizaine de simples missiles « fadjr 5 » ont créé l’affolement en Israël que dire si des centaines de ces redoutables missiles iraniens, de haute technologie, s’abattent sur les israéliens ?

    Incontestablement, le « Dôme de fer » n’est plus désormais qu’une imposture, qu’un ‘couscoussier’ et l’entité sioniste sera dorénavant à la portée de tous les missiles de la résistance ; un colosse aux pieds d’argile. Et dire que ces bandits sionistes veulent attaquer ce pays qui peut en faire une bouchée y compris les roitelets du golfe !

    Même si la réaction limitée de la résistance palestinienne ne peut ébranler un régime fasciste surarmé que soutien tout l’occident, il demeure que les sionistes ont été surpris par la réaction farouche qui a mis à néant la fable de leur invincibilité. D’où cette diversion par la « fausse victoire du Hamas ». Passons !

    En fait, ce qui a été obtenu de l’accord du Caire est d’abord un droit basique inaliénable qui ne devrait pas constituer un élément de négociation. Où est donc cette victoire quand vous obtenez le droit de manger, de boire etc. après vous en avoir privé par un embargo illégal et inhumain ? C’est une des tactiques ignobles des sionistes qui n’ont d’humain que l’apparence. Ils trompent le monde en montrant qu’ils sont vertueux alors qu’ils ne font que restituer, par la pression, un droit. Comme si on vous autorisait de mettre un pantalon après vous avoir mis nu ! Un commentateur éclairé compare cet « accord » du Caire à cette histoire de Jeha (personnage légendaire de contes et anecdotes populaires au Maghreb) : A chaque assemblée des gens d’un douar, un villageois ne cesse de perturber les débats avec ses sempiternelles lamentations sur ses conditions de vie en particulier l’exiguïté de son gourbi. Il avait âne, un bouc, 2 chèvres et 2 moutons. Jeha connu pour sa sagesse et ses capacités à résoudre les problèmes intervient en lui promettant de résoudre son problème en 5 jours à condition qu’il respecte à la lettre ses recommandations. La 1ère du 1er jour est qu’il doit mettre, dans son gourbi, tous ses animaux. Le paysan s’exécuta. Le lendemain il s’en plaint pour avoir vécu un ‘enfer’ surtout à cause de l’âne. Jeha l’autorise au 2ème jour de sortir l’âne. Le lendemain il s’en plaint de l’odeur du bouc, mais il est ‘mieux qu’hier’. Jeha le débarrasse du Bouc. Le 3ème jour il déclare ‘commencer à respirer ‘ et ce jusqu’à le débarrasser de tous les animaux. Au dernier jour le paysan annonce, avec soulagement, avoir ‘passé la nuit la plus paisible de ma vie’ ! Conclusion du commentateur : « croire qu’une réunion de 2 jours entre les représentants des spoliateurs sionistes et des hypocrites puissent apporter un rayon de lumière aux palestiniens est une vue de l’esprit ».

    Au-delà du gain politique et stratégique, les palestiniens savent mieux que quiconque qu’ils n’ont encore rien obtenu de leurs droits fondamentaux légitimes qui leur terre, leur droit au retour. Le combat demeure entier face à la réalité et les leçons à tirer après chaque action et épreuve.

    La réalité et que les palestiniens pouvaient régler leur problème avec Israël si leurs congénères arabes, du golfe en particulier, avaient cette volonté. La même volonté et promptitude qui a permis, par leur « Ligue », de se réunir plusieurs fois en quelques mois, dont 2 fois en 24 heures, pour décider d’une série de sanctions contre la Syrie pour faire tomber son régime qui se trouve être le nœud gordien politiques des sionistes sur la Palestine avec l’Iran et le Hezbollah. Contre Israël, il suffit de se réunir une seule fois prendre des mesures radicales, comme menacer l’occident par l’arme du pétrole (proposition de l’Irak), pour voir, par enchantement, le problème réglé définitivement ! Ce n’est pas dans leurs intérêts…. « stratégiques ».

    Serait bien naïf celui qui attend des organisations dites « arabes » ou « islamiques » une quelconque prise de position contre Israël et ceux qui les soutiennent tant que des États perfides œuvrent pour leurs intérêts personnels ; qui pour accaparer le pouvoir (les frères musulmans), qui pour perpétuer leur dynastie (les ploutocraties du golfe) qui, tel un Cheval de Troie, rêve en ‘Otanien’, de devenir le nouvel Ottoman des arabes !

    Tous sont d’accord avec ce projet « Nouveau Moyen-Orient » américano-sioniste qui devait ôter toute puissance aux arabes en les pulvérisant en petit États sur des bases religieuses, sectaires et ethniques pour en faire des peuplades amorphes et obéissantes. La Palestine étant la question nodale qui unie, il fallait donc anéantir toute forme de résistance à son sujet.

    Il faut comprendre la visite, autorisée par Israël, du cheikh qatari plus comme une tentative alléchante de corrompre la résistance armée, en espèce et en nature, pour l’emmener à abandonner le combat de leurs ascendants qu’un acte de bienfaisance visant à soutenir une cause et à rebâtir une ville martyr. N’est-il pas bizarre que c’est au lendemain de cette visite qu’Israël assassine un important responsable de la résistance, « récalcitrant » ?

    La leçon est que rien ne vaut la lutte armée contre un colonisateur en comptant sur ses propres forces, unies, avec les aides d’amis sûrs. C’est pénible, coûteux, long, mais l’issue est certaine. Les exemples dans le monde ne manquent pas. Il reste, cependant, ces deux pétromonarchies perfides qui constituent l’obstacle majeurs des arabo-musulmans qu’il faudra, par tous les moyens réduire, car ne cessant pas d’affaiblir la large coalition anti-sioniste en la simplifiant à une coalition « sunnite » inopérante pour enterrer, définitivement, la lutte d’un peuple pour un État viable.

    Des palestiniens, victimes permanentes des exactions d’un « Israël » - englué dans les contradictions d’une idéologie colonialiste et fasciste - avec la bénédiction de l’Occident et de certains états arabes sans que l’on reconnaisse leur droit à se défendre, les voilà défier par eux-mêmes et par les armes leur bourreau en mettant à nu, irrémédiablement, sa vulnérabilité. Pour le faire, ils n’avaient pas eu besoin de l’aval de la « Ligue Arabe » ou de son soutien. Ils avaient compté sur leurs propres forces soutenues par leurs amis… non arabes. Il ne reste donc aux arabes, encore fidèles, aux musulmans sensés et aux pays épris de paix et de liberté qu’à accabler ces scélérats pour les neutraliser, à jamais, avec leur funeste idéologie.

    Il faut croire que le sionisme est arrivé au point nodal de son évolution historique dont il est impératif d’exploiter la situation pour en faire un moment de rupture. Le monde est assez convaincu qu’il est face à un gouvernement israélien hypocrite, paranoïaque et usurpateur que pilotent des bandits sans origines et sans vertus, sous tutelle de lobbies influents dotés de moyens redoutables et immoraux.

    L’offensive doit être engagée, à notre avis, sur trois directions : économique, politique, médiatique.

    • Lier les intérêts économiques des Américano-sionistes et de certains pays européens au règlement définitif et juste du problème palestinien. Lier toute adversité par des conséquences économiques. L’arme la plus décisive est celle du pétrole/gaz qui a donné ses preuves par le passé.

    • L’action politique doit passer par la refondation des institutions arabes, les regroupements régionaux d’intérêts communs en intégrant sans attendre l’Iran, l’offensive diplomatique doit viser la réorganisation des instances et organisations internationales qui se caractérisent par leur partialité tout en améliorer les politiques intérieures afin d’enlever tout prétexte sur la question des droits de l’homme.

    • L’action médiatique et fondamentale pour contrer leur propagande. Elle doit se faire en anglais, espagnol, français et viser à démystifier le sionisme en dévoilant son vrai visage, c’est-à-dire une idéologie coloniale inhumaine qui ne survie que par l’agression et le mensonge. Elle doit toucher les opinions occidentales qui influent sur les décisions politiques.

    Toute chose a ses limites. Les limites de l’adversité et du chantage des États sont leurs intérêts qui peuvent être compromis par les excès de celui qu’ils sont censés protéger.

    La Palestine vient d’être admise à l’ONU, comme État observateur non membre, avec 138 voix pour, 9 voix contre et 41 abstentions (dont 4 pays africains). Une autre victoire d’importance. Un cauchemar pour les sionistes d’Israël et d’Amérique. Quelques jours avant, il était inimaginable que des missiles palestiniens s’abattent aux portes de Tel-Aviv, montrant que désormais aucune ville ne sera à l’abri en cas d’agression. La Syrie, le Hezbollah et l’Iran (ainsi que d’autres) restent, en le réaffirmant à toutes les occasions, leurs soutiens puissants et inconditionnels. Les États du golfe, surtout les pétromonarchies Saoudiennes et du Qatar restent les seuls États à l’origine du malheur arabe, par leur félonie, qui empêche toute évolution et émancipation. Les délégués du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui ont montré leur « indignation » devant les crimes de l’armée israélienne lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de la « Ligue arabe » est de la pure comédie. C’est lors de la réunion du 13 novembre 2012 au Caire que le Ministre des AE Tunisien, et non moins gendre de Ghannouchi, réplique à son homologue algérien ainsi - alors qu’il s’adressait au Ministre Qatari auquel il demandait des « solutions concrètes dans le soutien à Gaza » - comme un ignorant et un « brosseur » : « En cinquante ans, qu’a-t-elle donc fait l’Algérie pour la cause palestinienne ? ». Mal lui en pris, il a reçu la foudroyante réponse suivante : « « A ceux qui s’interrogent où était l’Algérie, je répondrai que nous n’avions pas à renvoyer un ambassadeur sioniste qui ne rêve même pas de mettre les pieds chez nous. Devons-nous par exemple cesser d’exporter notre gaz à l’Etat sioniste ? Devons-nous expulser les bases américaines et celles de l’OTAN de nos territoires dont nous avons juré qu’ils n’y mettront jamais les pieds ? Dites-nous ce que nous devons faire, partir au djihad contre Israël ? C’est ce qu’il y a de plus facile pour un algérien libre, mais garantissez nous votre non trahison, assurez nous que vous ne nous poignarderiez pas dans le dos comme à chaque fois…garantissez nous l’ouverture de vos frontières et nous… Nous avons été éduqué dans la haine du sionisme et vous avez été éduqué dans la trahison ».

    La levée complète du blocus sur Gaza est une exigence non négociable et indiscutable ! Qu’est-ce que c’est ce monde qui ferme les yeux sur une immoralité et une illégalité imposée par un ramassis des voyous, colonialistes, sans origines et mercenaires, sur un peuple chez lui, qui ne fait que défendre sa terre et sa dignité ? Sinon, il faut dissoudre toutes ces institutions dites « internationales » en se retirant au plus vite, car complice d’une idéologie qui sème le désordre et la désolation là où elle s’y introduit !

    Il appartient, impérativement, au Monde de l’équité et de la liberté de riposter pour extirper, sans appréhensions, cet “abcès purulent”, de la planète, que condamnent la raison et l’histoire. Ils l’avaient fait pour les systèmes et idéologies qui visent la domination et l’avilissement de l’homme, pourquoi pas pour le sionisme qu’il faut en urgence mettre au rebut de l’Histoire !

    Djerrad Amar

    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5176416

    http://www.legrandsoir.info

  • "Rues barbares" de Piero San Giorgio et Vol West

    Comment survivre en ville ?

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    La planète est au bord de l’abîme. La mondialisation débridée et la globalisation qu’elle engendre nous précipitentdans une période d’accélération et de convergence de problèmes considérables. Crises économiques, politiques et sociales, dérèglements climatiques, surpopulation, pénurie de pétrole et de matières premières, dettes colossales des Etats, périls alimentaires et sanitaires, l’effondrement de toute vie « normale » menace à tout instant. Le chaos, temporaire ou de longue durée prendra le plus grand nombre d’entre nous au dépourvu, et la majorité de la population mondiale qui vit dans les villes, se retrouvera plongée dans un environnement de violence, sans pitié, piégée dans de véritables rues barbares livrées aux révoltes, aux guerres et à la famine.

     

    La survie, en cas de crises majeures, est une préoccupation quotidienne  pour Piero San Giorgio, auteur du bestseller « Survivre à l’effondrement économique », et Vol West, auteur du blog « Le Survivaliste ». Ils nous proposent dans ce livre de partager leur réflexion, leurs expériences et leur savoir-faire sur ce sujet.

     

    Eau, nourriture, hygiène, défense, lien social… Comment se préparer aux conditions extrêmes   d’un anéantissement de la « normalité ». Vous saurez tout sur la mise en place d’une véritable Base Autonome Durable urbaine pour augmenter vos chances de survie ! Si vous ne lisez pas ce livre, nous ne donnons pas cher de votre peau de citadin ! Etes-vous prêts ? Attachez vos ceintures, enfilez votre gilet pare-balles, c’est parti !

    "Rues barbares" est disponible dans notre boutique

  • Arrêtez le génocide des Boers en Afrique du Sud !

    Grand merci à tous d'assurer la diffusion de ce texte le plus largement possible !

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    Sunnette Bridges, citoyenne sud-africaine, porte-parole de la minorité "BOER"
    Plus de 4000 fermiers blancs (Boers) ont été tués ces dernières années lors d'attaques brutales de fermes et ce nombre augmente tous les jours ; des milliers de Boers sont assassinés dans nos villes sans aucune autre raison apparente que le fait d'être blanc.
    En 1994 il y avait 12 millions de Blancs en Afrique du Sud. Aujourd'hui nous sommes moins de 7 millions !
    Nous avons été placés au niveau 6 sur une échelle de 8 par Genocide Watch, une ONG qui surveille non seulement le nombre de personnes assassinés en raison de leur race, mais également l'environnement socio-économique dans lequel se trouvent ces victimes.
    Nous (Les Européens) sommes désignés par la population noire d'Afrique du Sud par différents noms comme “Boer”, “Whitey”, “iBhunu” etc.
    En voyant ce que l'on fait à notre peuple, la révulsion n'existe clairement plus. Des bébés sont tués à bout portant ! Des femmes âgées sont violées et torturées en les brûlant avec des fers à repasser et en introduisant n'importe quel objet, de manches à balai à des tessons de bouteille dans leur vagin. D'autres sont hâchés à mort à la machette, leur tête éclatée avec des briques et des pierres, leur gorge coupée avec des couteaux de cuisine… Il n'y a aucune limite à la brutalité nauséabonde avec laquelle mon peuple est en train d'être assassiné ! Si vous en doutez encore, tapez les mots “Boer genocide” sur Google !
    Des lois sont adoptées sur la base de critères raciaux qui oppressent le groupe déjà marginalisé... dans ce cas le peuple blanc des Boers.
    L'Afrique du Sud est actuellement le seul pays au monde qui possède des lois pour "protéger" une majorité de 60 millions contre une minorité de 7 millions d'individus ! Nous ne sommes pas obligés de porter des signes distinctifs puisque nous sommes blancs ! En moins de 10 ans, plus de 600 000 Blancs ont fini dans des squats ou des ghettos principalement parce qu'ils ont perdu leur emploi en raison de la législation sur la discrimination positive (… à cause de la couleur de leur peau).
    Ces gens vivent dans des conditions horribles avec absolument aucun espoir de recevoir une aide quelconque du gouvernement afin de s'acheter un abri et de la nourriture.
    Il n'y a plus que deux niveaux restants avant que mon peuple, ou plutôt ce qu'il en reste, ne doivent "courir pour survivre !". Plus d'un million de Sud-Africains blancs ont déjà quitté le pays, dont certains après avoir vécu des expériences d'assassinat de très près. Certains parce que les propres membres de leur famille ont été tués et d'autres enfin pour trouver un emploi à l'étranger où la couleur de leur peau ne sera pas une disqualification de facto.
    La terrifiante vérité c'est que bien que nous n'ayons pas encore été placés à ce niveau, nous devons d'ores et déjà faire face à un niveau d'extermination que le monde semble ignorer de manière flagrante. En 1994 il y avait 133 000 fermiers commerciaux en Afrique du Sud. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 33 000. Plus de 4 000 de ces fermiers ont été assassinés ! Beaucoup de nos fermiers ont vendu leurs terres par peur de ces attaques et beaucoup plus encore ont été contraints de les vendre au gouvernement dans le cadre de leur "Plan de redistribution".
    Nos fermiers ne sont toutefois pas les seules cibles ! Des milliers de Boers sont assassinés dans les villes et villages. Plus fréquemment, ce sont les personnes âgées qui sont les victimes de ces crimes haineux et la brutalité avec laquelle ces gens sont tués est extrêmement choquante !
    Le gouvernement sud-africain nier le génocide des Boers.
    Après avoir lu ce texte, je ne peux qu'espérer que vous réaliserez que nous avons vraiment besoin de votre aide afin d'éviter encore plus de meurtres barbares, qui réduiraient notre nombre à un point où toute résistance serait impossible. Si vous décidez d'ignorer le problème, ce sera un bien triste jour ...
    Diffusez s'il vous plaît cet article à autant de gens que possible ! Assurez-vous que vous montriez bien notre souffrance à vos partis politiques, vos politiciens et à vos gouvernements ! Pour nous, c'est une question de vie ou de mort !

    Jacques-Yves Rossignol

  • L’Afghanistan divisé, les Américains doivent s’en remettre au Mollah Omar

    Alors que de l’ensemble du monde arabe se sont élevées les protestations contre le documentaire « L’innocence des musulmans », en Afghanistan il n’y a pas eu de manifestations. Les insurgés afghans sont occupés par des blasphèmes bien plus sérieux ; ils doivent se battre contre la plus puissante, la plus technologique, et il faut bien le dire, la plus lâche armée du monde. Dimanche dernier, une cinquantaine de talibans ont pris d’assaut une base de la police afghane dans la vallée de Noarlam Saib. Vu que les soldats occidentaux n’ont plus le courage de se battre sur le terrain, d’homme à homme, au lieu de dépêcher des troupes au sol pour contrer les assaillants, l’OTAN a envoyé les bombardiers qui ont tué neuf femmes (dont des gamines de dix ans) et blessé 8 autres, qui ramassaient du bois dans un bosquet. Les pilotes les avaient confondues avec des guerriers talibans. 

    C’est cela la méthode de combat, ou plutôt de ne pas combattre, qui fait enrager les Afghans, et pas seulement les insurgés. Le peuple afghan est, par nature et par son histoire, un peuple guerrier (mais si on évite de lui marcher sur la tête, c’est aussi un peuple gentil. Lisez le bel ouvrage « La bataille quand le raisin est mûr » de Pellizzari), mais lors de l’affrontement, il faut pouvoir faire face à l’ennemi. Un ennemi invisible est inconcevable et abject. Si les envahisseurs occidentaux se sont aliénés la sympathie des Afghans, c’est aussi et surtout à cause de leur façon de combattre, ou plutôt de ne pas combattre.

    L’attentat à la bombe perpétré par un kamikaze à Kaboul mercredi est d’une tout autre portée et signification, il visait un car d’étrangers travaillant pour une agence américaine, l’USAID, et a tué 14 personnes. Il n’a pas été revendiqué par les talibans, mais par Hezb-e-Islami, un groupe ultraradical qui l’a justifié comme une réaction au documentaire blasphématoire. Le fait est qu’une profonde division est en train de se créer dans le monde des insurgés. Le Mollah Omar, jusqu’ici chef indiscuté de la résistance, a ouvert une ambassade au Qatar où ses émissaires traitent actuellement avec les Américains pour trouver avec eux une « exit strategy » [porte de sortie] dont ils ont l’absolue nécessité. Les conditions qu’il pose sont bien sûr indigestes pour les USA, à savoir le démantèlement des quatre bases aériennes installées en Afghanistan. Le Mollah Omar, qui n’est ni un terroriste ni un fou, mais un homme très pragmatique, veut parvenir à la « pacification nationale » et il est disposé à faire pour cela quelques concessions à la mentalité occidentale. Au cours de deux longs communiqués, qui ne sont rien d’autre qu’un programme de gouvernement, il s’est attelé entre autres à garantir le droit des femmes à l’instruction (en réalité, ce droit existait déjà quand le Mollah Omar gouvernait – il suffit de lire les décrets de l’époque – mais seulement en théorie, pour des raisons que la longueur de cet article ne me permet pas d’expliquer ici).

    Cependant, tout le monde sait bien que si les Occidentaux s’en vont vraiment, le gouvernement Karzaï tombera dans la semaine. Il est composé pour la moitié d’infiltrés talibans, et pour l’autre de pauvres bougres originaires de Kaboul qui n’ont pas d’autres moyens de joindre les deux bouts. Il se créera un vide de pouvoir dans lequel tenteront de s’infiltrer des groupes comme le Hezb-e-Islami et le réseau Haqqauni qui ont en tête le Djihad universel contre l’Occident, à la différence du Mollah Omar qui ne pense qu’à son pays. Nous en sommes ainsi arrivés au paradoxe que les Américains, après avoir traité le Mollah Omar de «  monstre » et de « terroriste » et avoir mis une prime de 25 millions de dollars sur sa tête, sont aujourd’hui contraints d’espérer qu’il parvienne à conserver la force de mater ces djihadistes universels.

    Massimo Fini
    Il Gazzettino, 21 sept. 2012

    Article traduit et publié par le site www.massimofini.fr

    Massimo Fini, Le vice obscur de l'Occident, à paraître en janvier 2013 aux éditions Le retour aux sources

    http://www.scriptoblog.com

  • Syrie : va-t-en guerre et pousse au crime

    Encore une minute Monsieur le bourreau : les ministres des Finances de l’UE  se sont entendus ce matin à l’aube,  après d’âpres discussions,  sur les modalités du mécanisme de supervision bancaire par la Banque centrale européenne qui prendra effet le 1er mars 2014.   Le mécanisme de supervision unique rapporte l’Afp  « est une condition pour permettre la recapitalisation directe des banques en difficulté par le fonds de sauvetage de la zone euro. » Errare humanum est, perserverare diabolicum…mais les euromondialistes qui nous dirigent sont-ils capables d’admettre qu’ils font fausse route, de remettre en question l’idéologie constructiviste, déconnectée du réel qui est la leur,  en capacité d’imaginer une alternative à  leur Europe…étrangère au vrai génie européen ?  La question se pose aussi avec la fuite en avant des pays de l’UE dans le dossier syrien, soutenue dans leur folie par une large fraction des faucons du département d’Etat à Washington.

     Le mois dernier, sous l’égide de ce parangon d’Etat démocratique qu’est le Qatar, les différentes factions de l’opposition syrienne au régime de Bachar al-Assad  signaient un accord visant à ne  former qu’une seule et même entité.   Cet accord a été immédiatement salué par la France et les Etats-Unis.  «Nous avons hâte de soutenir la Coalition nationale -largement contrôlée par les Frères musulmans, NDLR- qui ouvre la voie à la fin du régime sanglant d’Assad et à l’avenir de paix, de justice et de démocratie que méritent tous les Syriens», avait  déclaré avec un bel aplomb le porte-parole adjoint du Département d’Etat américain Mark Toner.

     De son côté, Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, estimait qu’il s’agissait  là d’une «étape majeure», pour «constituer une alternative crédible au régime de Bachar al-Assad».

    Un  pas supplémentaire a été franchi   hier, à Marrakech (Maroc) , puisque  ladite Coalition a reçu le soutien des alliés et  supplétifs des Etats-Unis dont la France à travers la voix de M. Fabius.  Son chef Ahmed Moaz al-Khatib, a été reconnu comme  le « représentant légitime » du peuple syrien, recevant une invitation officielle à se rendre à Washington.

     Alors qu’on évoque déjà le chiffre de 42 000 morts depuis le début de l’insurrection armée en avril 2011, les « rebelles « ,  avec l’aval des « démocraties » ne chôment pas sur le terrain.  Entre 125 à 150 civils ont été tués mardi  après l’assaut de terroristes islamistes contre un quartier alaouite   au centre de la Syrie, tandis que trois attentats à la voiture piégée faisaient hier à Damas des dizaines de morts  et de blessés. Selon la chaîne Ukraine rapportait le site La voix de la Russie , « les rebelles syriens qui ont enlevé le 10 octobre dernier la journaliste ukrainienne Anhar Kotchneva, menacent désormais  d’attaquer les ambassades russe et ukrainienne en Syrie. »

     Une nouvelle preuve que l’Armée syrienne libre (ASL), branche « présentable » ou en tout cas présentée  comme telle  de l’opposition armée au régime de Damas,  n’est pas en mesure en terme de rapport de force, de  contenir  les velléités sanglantes  des bandes djihadistes. Ce qui laisse supposer un bain de sang généralisé en  cas de victoire des « combattants de la liberté » . Ce qui plonge les Etats-Unis dans un certain embarras.

     La milice appelée  Front djihadiste Al-Nosra qui a écarté l’ASL dan le nord-ouest du pays en prenant notamment le contrôle de  la base Cheikh Souleimane,   a été placée hier  sur la liste des organisations terroristes par Washington,  après  l’avoir présenté comme une émanation de la branche irakienne d’Al-Qaïda. Ahmed Moaz al-Khatib, une marionnette actionnée à tour de rôle par Mme Clinton et les fous d’Allah,   a immédiatement demandé aux Américains de revenir sur leur décision…

     Au moment ou  l’Otan vient également  d’installer des missiles Patriot en Turquie, Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe,  a dénoncé ce nouveau soutien apporté à la Coalition y voyant un prélude à « une intervention militaire  étrangère» et relevé  que Washington mise ainsi « sur une victoire par les armes » de l’opposition. La Russie ne permettra pas l’évolution des événements en Syrie sur le « le scénario libyen » a averti en début de semaine  M.  Lavrov.

     Cela n’étonnera personne, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner,  a relayé la propagande officielle   ce jeudi matin sur Europe 1, en  affirmant que « le  vent est en train de tourner » (dans le  bon sens atlantiste)  en Syrie et a déroulé son discours anti-russe en affirmant que Moscou «  qui est le principal obstacle pour une intervention efficace afin d’arrêter les combats et les meurtres, est en train de perdre. »

     M. Kouchner plaidait il y a déjà plusieurs mois  pour une intervention militaire en Syrie à l’instar de son ami Bernard-Henry Lévy. Ce dernier, fort d’avoir contribué activement à semer le chaos en Libye, et indirectement  aujourd’hui au Mali avec la prolifération par contrecoup  des métastases terroristes islamistes,  a pondu ce matin un de ces bloc-notes dont il a le secret.

     Le  stratège pipo(le) de Saint-Germain-des-Prés y plaide de nouveau pour une   intervention militaire aérienne de l’Otan  et/ou la livraison d’armes aux rebelles comme « (il l’a) dit et  redit, en privé, aux responsables français et américains qui ont bien voulu (l’)’écouter. » « Je sais que les deux options sont à l’étude dans les états-majors. Il manque un feu vert politique » note-t-il .

     Aussi pour contourner  le  « veto » « chinois » et « russe », recommande-t-il  de faire « ce  que les Américains ont fait en Irak, c’est-à-dire en ignorant une obstruction qui, avec le temps, devient une farce macabre » et «  en faisant ce qu’avec leurs alliés les Américains firent jadis au Kosovo. »

     Deux exemples particulièrement  frappants  en effet,  d’agressions militaires atlantistes iniques qui ont conduit à une somme colossale de souffrances, de destructions,  de sangs et d’exils pour les populations  des pays concernés, et notamment pour les chrétiens  irakiens  et les orthodoxes serbes du Kosovo.

     Minorités il est vrai qui ne sont apparemment que   quantité négligeable sur le chemin du sens de  l’histoire  mondialiste emprunté par le navrant BHL et sur lequel il veut nous entraîner avec ses amis…

     Encore une fois souligne Bruno Gollnisch, l’honneur de l’opposition nationale est de dénoncer ce  sinistre discours belliciste, de pointer les mécanismes de  la propagandastaffel du Nouvel ordre mondial qui prépare les esprits  à un  conflit généralisé dans cette partie du monde.

     La France, l’Europe et plus largement tous les résistants-défenseurs des indépendances nationales ont tout à y perdre et rien à y gagner.

    http://www.gollnisch.com

  • CHRÉTIENS D'ISLAM Au risque du martyre

    Dans un monde musulman déstabilisé, les chrétiens, assimilés à l'ennemi occidental, sont redevenus les cibles privilégiées du fanatisme haineux, comme le prouve l'actualité des derniers mois. Mais le phénomène est ancien, et récurrent.
    La philosophie de l'histoire qui prévaut dans nos sociétés occidentales, imprégnée du dogme du progrès, du respect des droits de l'homme, du modèle démocratique et libéral, apparaît, s'agissant des minorités chrétiennes en pays musulmans, battue en brèche par la réalité ; l'intervention américaine en Irak, les mouvements insurrectionnels, loin d'améliorer le sort des chrétientés locales, ont marqué le début d'un calvaire dont elles désespèrent de voir le bout. Pour prendre la mesure du phénomène, il faut se référer à l'ouvrage de Claude Lorieux, Chrétiens d'Orient en terres d'islam, paru en 2001, avant la tragédie du 11 Septembre et ce qui s'ensuivit. Constat accablant.
    Synthèse remarquable
    Spécialiste du Proche-Orient, Lorieux avait eu de nombreuses occasions de visiter les Églises de Turquie, Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Palestine, Iran, Égypte, Soudan, et même les communautés réduites à la clandestinité de la péninsule arabique. Si l'on excepte le drame des chrétiens de Khartoum, qui devrait trouver un dénouement heureux du fait de la partition du pays, la situation, partout ailleurs, loin de s'améliorer, n'a cessé de se dégrader tandis que les mouvements islamistes, favorisés par la chute des dictatures laïques, prenaient de l'ampleur. Le cas irakien en donne l'exemplaire démonstration puisque des communautés, protégées par Saddam Hussein, se sont, depuis la chute du régime, retrouvées exposées à la vindicte de leurs concitoyens musulmans, acculées à la fuite ou à la mort. Par ces aspects liés à l'actualité, le travail de Lorieux a vieilli, mais reste, outre un instantané de l'état des chrétientés d'Orient avant 2001 qui a pris valeur historique, l'une des plus claires et remarquables synthèses tentées sur le passé de ces communautés, leurs espoirs, leurs rêves, leurs malheurs. Ce qui en fait un ouvrage de référence indispensable.
    Récent, celui de Jean-Michel Cadiot, Les Chrétiens d'Orient, ne saurait ni l'égaler, ni le remplacer. Certes, il fait le point sur cent millions de catholiques, orthodoxes, nestoriens, coptes, maronites, syriaques, chaldéens, protestants, invraisemblablement regardés, tant par leurs compatriotes que par la communauté internationale, comme convertis à la foi de l'Europe, eux qui demeurèrent fidèles à leur religion ancestrale quand leurs voisins passaient à celle du conquérant arabe ou turc. Certes, il y a là des points de vue intéressants. Hélas, tout cela apparaît embrouillé dans des pages où se mêlent considérations historiques trop vastes, jugements désolés sur l'incapacité chrétienne à se fondre dans un oecuménisme fraternel, et impuissance à cerner le sujet, de sorte que l'on ne sait plus ni où ni quand commencent et finissent ces chrétientés d'Orient.
    Épuration ethnique
    Si l'on se souvient des massacres d'Arméniens orchestrés, dès 1896, par Abdul Hamid, puis, en 1915, par les Jeunes Turcs désireux d'en finir avec une communauté soupçonnée de tendre la main aux Alliés, l'épuration ethnique de la Cilicie, en 1909, prise entre ces bains de sang, a sombré dans l'oubli. La réédition des reportages de la journaliste arménienne Zabel Essayan, Dans les ruines, remet en pleine lumière ces massacres d'Adana. Il demeure malaisé de comprendre les raisons de la sauvage flambée de violence qui tua trente mille Arméniens, souvent rescapés des tueries de 1896 réfugiés dans la paisible Cilicie. Arrivée sur les lieux deux mois après ce déchaînement d'atrocités, Zabel Essayan, intellectuelle francophone pénétrée d'idéologies des lumières, constata, ramenée brutalement à ses origines, ce dont la barbarie humaine est capable. Son récit est un témoignage halluciné, incantatoire : tueries, tortures, enfants et adolescentes convertis de force, abjurations de désespérés que l'apostasie ne sauva pas toujours, détresse des survivants, héroïsme d'hommes qui firent tête aux égorgeurs et réussirent parfois à couvrir la fuite des leurs, avant de succomber sous le nombre, ou d'être pendus pour rébellion... Tout cela emblématique de la tragédie arménienne, du cortège de souffrances d'un peuple qui paya cher l'honneur d'avoir été le premier royaume chrétien du monde, mais d'une telle force, d'une telle violence que ce texte terrifiant devient hymne poignant à la mémoire de toutes les victimes de toutes les tueries d'une Histoire définitivement tragique.
    Aux massacres d'Arméniens succéda l'exode des Grecs, achevé en 1955, de sorte qu'il ne demeure dans ce qui fut l'Empire byzantin qu'une poignée de chrétiens dispersés, en but aux persécutions d'un État décidé à éradiquer ce qu'il considère comme des minorités allogènes potentiellement hostiles. Cette réalité, occultée à l'heure où l'on cherche à nous convaincre de l'intérêt d'une adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, contrebalance rêveries et sympathies engendrées par la lecture de Loti ou Farrère... Sébastien de Courtois connaît cette attristante ambivalence et cherche à la comprendre à travers un Périple en Turquie chrétienne aux accents de requiem. Il y a cette haine qui ne désarme pas, absurde, sanglante, illustrée par l'assassinat annoncé d'un journaliste arménien coupable de rappeler certains faits, dire certaines choses, que les poursuites judiciaires n'avaient pas fait taire. Les chrétiens assassinés en Turquie ne sont pas rares ; cela explique la prudence des autres. Ces expropriations qui privent les Églises de leurs biens et favorisent leur disparition. Entre un présent inquiétant et un passé grandiose dont les traces deviennent indiscernables dans un pays qui ne favorise pas la restauration de monuments chrétiens, la promenade, documentée, passionnante, jamais hostile ni partisane, invite à se poser nombre de questions, d'une brûlante actualité.
    Voyage en Palestine
    Qui s'est rendu à Bethléem voilà trente ans se souvient de l'accueil chaleureux réservé aux pèlerins par les Palestiniens chrétiens, majoritaires. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 10 % d'une population arabe prise au piège de l'Intifada et de l'occupation israélienne. Les autres ont eu le choix entre l'exil et la conversion à l'islam qui leur rendait une identité malmenée de toutes parts. Telle est l'une des réalités de ces Chrétiens en Terre Sainte dont les médias ne parlent que pour moquer leurs divisions et leurs querelles autour du Saint Sépulcre. Le mérite de Catherine Dupeyron est d'aller plus loin, de souligner qu'au-delà d'une diminution évidente de leur nombre, nous assistons à une redistribution des cartes. Tandis que disparaissent les Églises orientales, surgissent des mouvements évangélistes apocalyptiques venus chercher dans la vallée de Josaphat les signes des derniers temps... Tout cela éclaire un aspect intéressant d'une certaine politique américaine au Proche-Orient. Il n'y a pas de quoi être rassuré.
    Le triomphe mérité du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, a popularisé la quête mystique et fraternelle du prieuré trappiste Notre-Dame de l'Atlas. Donné envie, aussi, de mieux connaître ces moines qui avaient choisi de rester dans une Algérie déchirée au risque d'en mourir. Force est cependant d'admettre que les ouvrages remis en vente à cette occasion se révèlent décevants. Passion pour l'Algérie de l'Américain John Kiser a servi de référence durant le tournage. Cela s'admet si l'on considère le soin mis à retracer le parcours, le quotidien, les motivations, la vie des sept frères martyrs. Cette recherche est unique, énorme, précieuse. Mais Kiser est américain. Il pense, analyse, commente en Américain dont l'ignorance profonde, quasi-invincible des façons d'être et de l'histoire du reste du monde n'entame pas l'arrogance et la prétentieuse bonne conscience. Peu importe qu'il ne saisisse rien à ce que furent les rapports franco-algériens. Il s'est fait sa vision des événements, anticolonialiste et sereine. Il explique, péremptoire, que, face à un FLN bon et héroïque, l'armée française et l'OAS ont multiplié les crimes, avant de pousser leurs compatriotes à fuir le pays indépendant et fraternel qui allait naître. C'est odieux. Reste la possibilité de sauter les premiers chapitres. Si le coeur vous en dit.
    L'Église en Algérie
    Publié à l'origine sous le titre Une espérance à perte de vie, le reportage que Jean-Luc Barré consacra à l'été 1996 à l'état de l'Église en Algérie ressort sous le label Tibhirine. Or, il n'est presque jamais question des moines dans ce texte qui met en évidence les désillusions de prêtres, religieux, prélats jadis acquis à la cause FLN, par idéalisme chrétien sincère, semble-t-il, pour qui le réveil fut amer et sanglant. C'est finalement à un musulman, Kebir Ammi, que l'on doit le livre le plus fraternel, le plus consolant sur les relations entre les deux fois et les deux cultures. Sur les pas de saint Augustin est un périple attachant, d'un bord à l'autre de la Méditerranée, à la recherche de l'enfant de Thagaste, avec les Confessions pour guide. Écrit dans une langue délicieuse, ce texte donne l'indicible regret de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être...
    Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 – Du 17 mars au 6 avril 2011
    ✓ Claude Lorieux : Chrétiens d'Orient en terres d'islam, Perrin , 370 p., 21,19 €.
    ✓ Jean-Michel Cadiot : Les Chrétiens d'Orient, Salvator, 335 p., 22,50 €.
    ✓ Zabel Essayan : Dans les ruines, Phébus, 302 p., 23 €.
    ✓ Sébastien de Courtois : Périple en Turquie chrétienne, Presses de la Renaissance, 270 p., 18,50 €.
    ✓ Catherine Dupeyron : Chrétiens en Terre Sainte, Albin Michel, 285 p., 19 €.
    ✓ John Kiser : Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine, Nouvelle Cité, 480 p., 24 €.
    ✓ Jean-Luc Barré : Tibhirine, une espérance à perte de vie, Fayard, 165 p., 12 €.
    ✓ Kebir Ammi : Sur les pas de saint Augustin, Presses de la Renaissance, 155 p., 8 €.