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insécurité - Page 1017
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Syrie : le prétexte chimique pour une intervention qui se précise
« Et revoilà le coup des armes de destructions massivesL’accusation n’est pas neuve. Elle monte en puissance. Le président Assad pour que la situation ne lui échappe pas se préparerait à gazer les rebelles et son propre peuple comme un Saddam le fit avec les kurdes.La saddamisation du discours anti-Assad est évidente. Ce sont les français qui ont commencé, Fabius expliquant qu’une utilisation des armes chimiques changerait totalement la donne. Les anglais ont suivi, puis les américains. Maintenant Damas prépare la guerre chimique.Ce n’est certes pas impossible, mais c’est loin d’être sûr. Une fois de plus, on est consterné par l’absence d’esprit critique de nos médias. Ils suivent comme un seul homme. On leur a pourtant fait le coup de nombreuses fois dont celui des armes de destructions massives de l’Irak complètement inventé pour justifier la guerre.Pour Damas on a trouvé un autre prétexte, celui des armes chimiques. Cela veut dire que l’intervention internationale se précise car elle est devenue possible. En effet, le régime est affaibli. L’attaquer, ce serait prendre moins de risques qu’avant. Il est confronté à une vraie guerre civile et depuis que les rebelles ont des missiles, la suprématie aérienne, arme absolue d’Assad, est contestée.Nos médias sont incroyablesLes rebelles auraient mis la main sur des missiles lors de leurs actions contre les bases de l’armée. Peut être, mais plus surement, leur a-t-on livré secrètement, malgré la position officielle, des missiles certainement financés par le Qatar qui veut chasser les alaouites et instaurer un régime islamiste sunnite à Damas. Tout le reste n’est que propagande et bourrage de crane au service de l’ acceptation par les opinions publiques d’ une nouvelle guerre morale bien sûr et destinée, comme en Libye bien sûr, à sauver les innocentes populations civiles d’un fou sanguinaire.Le président américain Barack Obama a donc mis en garde le président syrien Bachar el-Assad contre l’usage d’armes chimiques, jugeant qu’une telle action serait « totalement inacceptable » et aurait des « conséquences ». « Je veux aujourd’hui être parfaitement clair pour Assad et ceux sous son commandement: le monde observe. L’emploi d’armes chimiques est et serait totalement inacceptable », a déclaré le chef de la Maison Blanche lors d’un discours à l’Université Nationale de la Défense à Washington. Si Bachar El Assad « commet l’erreur tragique d’utiliser ces armes, il y aura des conséquences« , a-t-il prévenu sans en dire plus.« Notre position est claire: c’est la ligne rouge que les États-Unis se sont fixés », a déclaré Hillary Clinton à la presse lors d’un déplacement à Prague, réitérant la position de Barack Obama sur la question. « Je ne vais pas rentrer dans les détails de notre action dans l’éventualité où des éléments crédibles seraient apportés sur une utilisation par le régime de Bachar el-Assad d’armes chimiques contre son propre peuple. Mais il suffit de dire que nous agirons sans aucun doute si une telle éventualité se concrétisait« , a-t-elle déclaré.On a tout compris, mais si ça ne suffisait pas, on nous apporte quelques explications.Selon un responsable américain de la Défense, le renseignement américain a noté au cours des derniers jours une activité autour de plusieurs sites d’armements chimiques en Syrie, indiquant des « préparatifs ». La Syrie, selon certaines estimations, disposerait de plusieurs centaines de missiles Scud capables de projeter des gaz mortels et posséderait la capacité de mettre en œuvre des gaz neurotoxiques comme le gaz sarin. Cet arsenal constitue particulièrement une menace pour les alliés des Etats-Unis dans la région, Israël et la Turquie. Les Etats-Unis, explique-t-on de sources militaires, envisagent divers scénarios pour empêcher un éventuel emploi d’armes chimiques par la Syrie, allant de bombardements à l’intervention de commandos des forces spéciales pour sécuriser les sites de stockage.C’est parti et Poutine le sait qui s’est rendu en vain en Turquie. Initialement programmée en octobre puis reportée, la visite de Vladimir Poutine en Turquie intervient dans un climat de fortes tensions entre les deux pays au sujet de la guerre qui fait rage depuis vingt mois en Syrie.La Turquie a pris fait et cause pour les rebelles syriens, alors que Moscou est l’un des derniers soutiens du président Bachar al-Assad et bloque systématiquement les projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant son régime.Le ton est monté entre la Russie et la Turquie après l’interception le 11 octobre dernier par les forces aériennes turques d’un avion de ligne syrien reliant Moscou à Damas et soupçonné par Ankara de transporter une cargaison militaire destinée au ministère syrien de la Défense. La Russie a également exprimé son opposition au déploiement attendu en Turquie et sollicité par Ankara, de missiles sol-air Patriot de l’Otan près de la frontière avec la Syrie, estimant qu’il augmentait le risque d’un débordement du conflit.Damas a affirmé qu’elle ne ferait pas usage d’armes chimiques contre son peuple en réagissant à l’ »avertissement » lancé par Washington, au moment de la rencontre entre le Premier ministre turc et le président russe Vladimir Poutine. La machine médiatique est cependant en marche et le bombardement informatif annonce une action militaire une fois de plus irresponsable. »Lien permanent Catégories : actualité, insécurité, international, lobby, magouille et compagnie 0 commentaire -
Les immigrés à Paris. Ce que la France passe sous silence
Les films consacrés aux immigrés dus au journaliste russe Alexandre Rogatkine ont suscité une vive réaction en Russie et à l’étranger. Le Monde a réagi au film « Etrangers 2 » montrant les banlieues de Paris contrôlées par les immigrés. Le quotidien a critiqué le film en déclarant que les problèmes soulevés étaient imaginaires. Les experts estiment que les Français n’ont pas apprécié que quelqu’un évoque un problème qu’ils ne réussissent pas à maîtriser et qu’ils préféreraient passer sous silence.
De nos jours toute personne visitant Paris est tenue de savoir non seulement où elle doit aller et ce qu’elle peut regarder, mais aussi quels quartiers éviter. La zone à risque, ce sont toutes les banlieues de tristes HLM. C’est précisément dans ces quartiers que le groupe russe a réalisé ses tournages. Ce qui a fortement déplu à la population locale, raconte Alexandre Rogatkine :
« Nous avons été prévenus que nous ne pourrions rien filmer dans les quartiers arabes. A quoi nous avons répondu que c’est aussi la France, pratiquement le centre de l’Europe. Mais les gens nous ont répété que dès que nous y mettrions les pieds avec une caméra « on », nous risquerions de prendre des coups. Nous n’en avons rien cru et avons mis en marche la caméra. Nous n’avions même pas eu le temps sortir de la voiture que notre opérateur a eté frappé au visage».
La police a refusé d’aider les journalistes et a même essayé de les empêcher de travailler. Les policiers ne maîtrisent pas ces quartiers et préfèrent ne pas s’y aventurer. Ces ghettos sont contrôlés par les communautés ethniques et les trafiquants de drogue contre lesquels la police a recours aux méthodes « limites » évoquées dans le film par Olivier Decrock, secrétaire général du Parti radical de gauche : « Les trafiquants de drogue gardent sur les toits des immeubles de vieux lits et des fours à micro-ondes qu’ils jettent sur les policiers qui, avec les pompiers, incendient les maisons pour contraindre les délinquants à sortir ».
Même abstraction faite de la criminalité, il s’avère de toute façon que les immigrés occupent la France région par région. De nombreuses villes et leurs banlieues ne conservent qu’une apparente ressemblance avec l’Europe, leur organisation intérieure étant depuis alignée sur celle de l’orient, a expliqué à Alexandre Rogatkie Dmitri de Kochko, habitant de Saint-Ouen :
« Dans les cantines des écoles on ne sert pas de viande de porc. On exerce parfois une pression sur les enfants non musulmans pour qu’ils n’en mangent pas. Dans les piscines de certaines villes, il existe un horaire spécial pour les femmes. Il ne serait pas étonnant que demain des bus pour les hommes et des bus pour les femmes fassent leur apparition ».
De nombreux experts estiment que la situation actuelle résulte de longues années d’une politique d’immigration erronée. La France est devenue un des premiers Etats européens à accueillir les immigrés. Au XIX siècle, c’étaient les ressortissants des pays européens en quête de travail ou demandant l’asile politique. Après l’éclatement de l’empire colonial dans les années 1960, la France a vu affluer les habitants de ses anciennes colonies recherchant en Europe une vie meilleure. Un tournant dans l’histoire de l’immigration est intervenu en France dans les années 1970 lorsque que les autorités ont décidé de redresser la situation économique aux frais d’une main-d’oeuvre bon marché et ont ouvert les frontières. Plusieurs tentatives ont faites pour endiguer les flux d’immigration. Ainsi plusieurs accords fixant le nombre de personnes autorisées à se rendre en France ont été conclus avec l’Algérie. Mais la base législative était mal conçue.
De l’avis des spécialistes, quelque 6 millions d’immigrés vivent actuellement en France. Pendant la crise, nombre d’entre eux ont perdu leur emploi et ont sombré dans le banditisme. Il va de soi que les Français sont mécontents. Cela s’est traduit notamment lors de la dernière présidentielle, marquée par le « vrai faux triomphe » de Marine Le Pen, présidente du Front national. Il n’est pas exclu qu’au cours des prochaines années le nombre des partisans de Mme Le Pen s’accroisse étant donné l’incapacité du gouvernement socialiste en place à résoudre le problème de l’immigration, estime Piotr Tcherkassov, directeur du Centre d’études historiques françaises de l’Institut d’histoire universelle de l’Académie des sciences de Russie :
« François Hollande est arrivé au pouvoir grâce notamment aux voix des anciens immigrés. Au cours des prochaines années, il sera extrêmement difficile d’aborder ces problèmes. L’administration socialiste, le parti socialiste au pouvoir et le président en personne devront alors abandonner nombre de leurs slogans électoraux en matière de politique des migrations, ce qui n’est pas du tout évident ».
La quasi-totalité des pays européens sont confrontés à des problèmes du même genre. Les habitants des pays africains et arabes fuient les crises économiques et politiques et se rendent en Europe où leur arrivée ne réjouit depuis longtemps personne. L’année dernière la région a été déjà frappée par une vague d’immigration. Des milliers de clandestins venant de Tunisie, d’Egypte et de Libye en secoués par les révolutions ont franchi la Méditerranée pour envahir l’île italienne de Lampédouse. Le gouvernement italien a délivré sans problème des visas à tout le monde, après quoi les réfugiés se sont dirigés vers l’Allemagne et la France plus prospères. La situation peut se reproduire dans un proche avenir : 17 000 Syriens ont déposé des demandes d’asile dans les missions diplomatiques de pays européens. Les parlements et les politiques se sont mis d’urgence à élaborer des lois eurpéennes afin de protéger la région contre l’invasion des immigrés. Pourtant, cela ne réglera pas les problèmes existants qui requièrent une solution dans les pays d’Europe.
source: Anastasiya Pershkina dans La Voix de la Russie
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Syrie : la crainte de l’extension du conflit
Lors de son passage au Journal télévisé de France 2, François Hollande a évoqué son souci –qui ne l’aurait pas ?- de tout mettre en œuvre pour enclencher une baisse du chômage qui poursuit son ascension a-t-on appris hier pour son douzième mois consécutif. Un fléau qui continuera à croître puisque l’actuel gouvernement à l’instar du précédent, n’entend pas remettre en cause les diktats ultra-libre échangistes de Bruxelles et son refus de mesures protectionnistes qui permettraient à notre économie de se battre à armes égales avec ses concurrents. Si la question de l’emploi est une angoisse majeure pour nos compatriotes, le chef de l’Etat a également mis ses pas dans ceux de l’équipe précédente en n’écartant pas l’hypothèse d’une intervention militaire étrangère en Syrie à la suite du massacre de Houla, vendredi dernier.
Le général norvégien Robert Mood, a indiqué au Conseil de sécurité qu’au moins108 personnes y avaient été tuées, atteintes par des éclats d’obus ou tuées à bout portant, dont 49 enfants.
Pour autant cette intervention militaire ne pourrait se faire que « dans le respect du droit international, c’est-à-dire par une délibération du Conseil de sécurité » de l’Onu. Ce qui imposerait un accord de la Chine et de la Russie dont le président Vladimir Poutine rencontre aujourd’hui son homologue français
« C’est lui (M. Poutine, NDLR) pour l’instant, avec la Chine, qui est le plus en retrait par rapport à ces questions de sanctions. Eh bien, nous devons le convaincre que ce n’est pas possible de laisser le régime de Bachar el-Assad massacrer son propre peuple », a ajouté M. Hollande.
Comme cinq autres pays de l’UE, le Canada et l’Australie, le chef de l’Etat a annoncé annonçant l’expulsion de l’ambassadrice de Syrie à Paris, Mme Lamia Chakkour.
Le Conseil de sécurité de l’Onu, Chine et Russie comprises, ont condamné ce massacre et Kofi Annan, pour son deuxième déplacement en trois mois en Syrie, a rencontré mardi Bachar el-Assad à Damas. Le président syrien a déclaré à cette occasion que le succès de son plan de paix était inconcevable sans la victoire sur le terrorisme et l’arrêt de la contrebande d’armes.
Alors, il s’agit de nouveau de noter que la complexité de la situation en Syrie commande d’éviter les raccourcis manichéens dressant le tableau d’un pouvoir syrien sanguinaire massacrant à tour de bras de courageux combattants de la liberté. Un schéma simpliste adopté depuis le début par la gauche socialo-communiste, notre nouveau président de la République et son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.
M Hollande le sait bien, il donne ici des gages à bon compte au clan des partisans de l’intervention militaire…tout en sachant pertinemment que Moscou et Pékin ne changeront pas de sitôt leur fusil d’épaule.
Un diplomate du Conseil de sécurité de l’Onu, interrogé sous le sceau de l’anonymat rapporte une dépêche Reuters, a souligné que « Rien ne montre que la Russie et la Chine sont prêtes à soutenir des mesures plus sévères à l’Onu, malgré ce qui s’est produit à Houla. »
David Bosco, professeur à l’Université américaine de Washington, a estimé de son côté que « la dynamique du Conseil ne changera probablement pas avant que la dynamique du conflit syrien lui-même ne change. Tant que le gouvernement garde une chance raisonnable de se maintenir au pouvoir, je pense que la Russie et la Chine continueront à s’opposer à des mesures violentes visant à affaiblir le pouvoir du régime le Conseil restera dans l’impasse tant qu’Assad sera en mesure de contrer les efforts déployés pour renverser son gouvernement.»
La prudence affichée officiellement par les Etats-Unis dans ce dossier est aussi le signe des risques de propagation à toute la région du conflit en Syrie qui touche déjà le Liban. Avec le risque de menaces supplémentaires sur la situation des minorités chrétiennes d’orient au sort duquel Bruno Gollnisch est particulièrement attaché et qui jouissent en Syrie d’une sécurité enviable.
Renversement du régime en place à Damas qui ne serait certainement pas sans conséquence sur la situation du principal allié de Washington dans cette zone, Israël, d’où la retenue et la prudence de Tel-Aviv dans cette affaire que beaucoup ont relevé…
Mardi à Washington, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a déclaré que si l’option militaire n’est pas exclue -le chef du Pentagone Leon Panetta et le chef d’état-major des armées américaines Martin Dempsey l’ont répété à plusieurs reprises-, les Etats-Unis ne croyaient pas « que la militarisation de la situation constitue une décision appropriée». «Nous sommes persuadés qu’un tel scénario conduirait à davantage de chaos et de sang. A l’heure actuelle, nous restons en contact avec tous nos alliés et le Conseil de sécurité des Nations unies (…) et nous espérons que les pressions exercées sur Bachar el-Assad feront leur effet.»
Enfin, la Russie a donné son sentiment, étayé par ses services de renseignements, que des « forces extérieures » sont également responsables du massacre de Houla attribué aux forces officielles syriennes. Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères du nouveau gouvernement Medvedev, a affirmé que « Nous avons là une situation où manifestement les deux parties ont participé (à cette tuerie). Nous savons que l’opposition armée, du moins sa partie la plus radicale, reçoit en permanence des signaux pour ne pas cesser (les attaques) ».
Moscou a également décidé de ne pas cacher ses soupçons vis-à-vis du rôle trouble qu’entend jouer dans ce conflit le gouvernement islamo-mafieux mis en place au Kosovo par les bonnes grâces de l’Otan. Lors d’un débat au Conseil de sécurité sur ce pays le 14 mai, Vitaly Tchourkine, l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, a fait état « d’informations de presse troublantes selon lesquelles les autorités du Kosovo établissent des contacts avec des représentants de l’opposition syrienne pour entraîner des insurgés » syriens sur son territoire…Accusations démenties mollement par le ministre des affaires étrangères du Kosovo, Enver Hoxhaj, qui s’est contenté d’avouer des « contacts diplomatiques entre son gouvernement et l’opposition syrienne ».
Or, la mise en place d’un camp d’entraînement pour les terroristes islamistes opérant en Syrie « irait à l’encontre des efforts » de Kofi Annan, et « transformerait le Kosovo en un centre international d’entraînement pour différents insurgés et groupes armés, ce qui serait un grave facteur de déstabilisation, allant au-delà des Balkans », a affirmé M. Tchourkine.
Est-il besoin de préciser que cette inquiétude n’a été répercutée que très confidentiellement par les médias français…
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L'Armée française et les chrétiens de Syrie
Maintes fois massacrés au cours de leur histoire récente, les chrétiens d'Orient ont longtemps trouvé protection auprès de l'armée française. Ce temps a passé.
Partant pour la Syrie est une chanson d'Hortense de Beauharnais, relancée vers 1860 pour encourager les soldats de l'armée française envoyés par Napoléon III secourir les chrétiens du Levant, massacrés une fois de plus. À l'époque, la politique étrangère française n'avait à recevoir aucune directive d'une quelconque alliance dominée par des puissances lointaines... Cette intervention de 1860 eut des répercussions politiques et culturelles favorables à la France et à la langue française, qui supplanta alors l'italien au Proche-Orient. Cette hégémonie linguistique a aujourd'hui disparu au bénéfice de l'anglais, puisque la France n'est plus considérée comme un pays ami, ni protecteur. Même les Maronites du Liban parlent de moins en moins français.
La Grande Syrie d'antan s'étendait au Nord jusqu'au Taurus et englobait le Liban et la Palestine. Damas et Antioche abritèrent saint Paul et saint Pierre avant qu'Antioche ne devint la référence de nombreux patriarcats chrétiens. Mais l'Empire ottoman a occupé la Syrie à partir du XVIe siècle et le sort des chrétiens du Levant est difficilement dissociable de celui des chrétiens d'Asie mineure, la fin de l'Empire ottoman ayant été marquée par d'innombrables massacres de chrétiens qui ont provoqué des exodes massifs, notamment vers la Syrie. En raison de l'implantation récente de ces chrétiens dans des pays arabophones, on les a qualifiés en anglais d'« Arab Christians », expression qu'il faut traduire par « chrétiens arabisés », car ils sont très rarement de souche arabe, même s'ils parlent et célèbrent leurs liturgies en arabe.
Les massacres de chrétiens relèvent à la fois d'un antagonisme religieux généralisé et d'une rivalité pour l'exploitation d'un même territoire. Comme les Kurdes, musulmans sunnites intransigeants, volontiers polygames et donc très prolifiques, sont en perpétuelle expansion, ils sont impliqués dans toutes les tueries et en profitent pour annexer les terres et villages des chrétiens.
Ainsi, en 1843, l'émir Bader Khan de Bohtan fait massacrer, par ses fidèles kurdes, dix mille Assyriens et Chaldéens. À la fin du XIXe siècle, les massacres s'intensifient dans le Sud-Est de l'Asie mineure, notamment à Mardin et à Adana. En novembre 1914, l'Empereur Resad, qui vient de déclarer la guerre aux cotés des empires centraux, émet un firman aux termes duquel tous les chrétiens de l'empire doivent être exterminés. L'armée russe pénètre alors très profondément en Asie mineure, soit jusqu'à Bitlis et à son arrivée, les chrétiens manifestent leur allégresse. Mais le 25 avril 1915, la lettre à Talat Pacha ordonne le massacre de tous les Arméniens. D'autres chrétiens sont tués, notamment des Grecs, des Syriaques orthodoxes et catholiques, des Assyriens, des Chaldéens, des Roums(Grecs) orthodoxes et catholiques, des Maronites, les Kurdes s'emparant de leurs terres et de leurs maisons.
Enfants et jeunes femmes vendus comme esclaves
Les Assyriens (ex-Nestoriens) sont animés par un sentiment nationaliste, comme les Kurdes avec lesquels ils se trouvent en rivalité de territoire à l'Est du Tigre. Et c'est encore un carnage à partir de 1915. Les Assyriens fuient. Vers le Sud-Est (territoire actuel de l'Iraq), ils sont massacrés - évêques, prêtres, vieillards, femmes, enfants -, par des Kurdes qui les guettent sur la route de leur exil. Vers le Nord-Est (Transcaucasie, Iran, région d'Urumiye-Ormia), ils jouissent de la protection de l'armée russe, mais la révolution bolchevique entraîne le départ de cette armée. Et c'est à nouveau la destruction des églises et les massacres perpétrés par des irréguliers turcs, azéris et kurdes, ces derniers s'emparant une fois encore des villages chrétiens. Le patriarche assyrien Benyamin Mar Shimun, attiré dans un guet-apens à Koneshor, est assassiné par le Kurde Simko, le 3 mars 1918. Et l'intervention de l'armée ottomane aggrave le malheur des chrétiens.
En 1918, l'Empire ottoman capitule et le traité de Sèvres organise en 1920 l'occupation de l'Asie mineure. Les Grecs sont en Thrace et à l'Ouest égéen, les Italiens au Sud, les Russes au Nord-Est, et les Français au Sud-Est. La région de la Marmara et l'extrême Sud-Est sont occupés par les Britanniques installés en Iraq. Il est prévu que le Nord-Est sera arménien et le Sud-Est, kurde.
Mais en 1921, les Russes quittent le Nord-Est, où ils auraient pu protéger les chrétiens arméniens. La même année, les Français sont battus à Mara par les insurgés musulmans kémalistes turcs et kurdes, avec lesquels ils doivent signer la paix. Ils évacuent alors le Sud-Est, où ils protégeaient les chrétiens. Ce départ à la cloche de bois m'a été narré par le colonel Pierre Chavane et par de vieux Arméniens qui reprochaient aux Français d'être partis sans prévenir, dans la nuit, en emballant les sabots des chevaux dans de la paille pour ne pas réveiller les chrétiens qu'ils allaient abandonner à la merci des insurgés musulmans.
Pire ! La France vend des armes aux musulmans kémalistes, qui les utilisent contre les occupants grecs, chrétiens orthodoxes. En conséquence, les Grecs sont battus et chassés d'Asie mineure en 1922. La seule frontière encore floue est celle de l'extrême Sud-Est avec l'Iraq.
En 1923, le traité de Lausanne transforme la capitulation de l'Empire ottoman en une victoire des Turcs kémalistes, qui récupèrent la Thrace, les détroits, les zones arménienne et kurde. Ils contrôlent donc de nouveau toutes les minorités d'Asie mineure (dont les chrétiens) et noient dans le sang une révolte islamiste kurde en 1924.
En cette même année 1924, les Assyriens tentent de revenir dans leurs villages de l'extrême Sud-Est de la Turquie. Ils y sont encouragés par les Britanniques, qui leur ont promis le Nord de l'Iraq, qui est contigu. (Ce Nord de l'Iraq sera donné aux Kurdes par les Américains en 2003). Mais, l'armée turque du nouveau régime de Mustafa Kemal réagit avec la même cruauté que celle qui avait été appliquée aux Arméniens lors du génocide. Les Turcs massacrent, déportent, achèvent les traînards. Le soir venu, les soldats turcs vendent aux Kurdes, comme esclaves, les jeunes femmes et les enfants assyriens.
Lorsque d'autres Assyriens essaieront, en 1933, de regagner les villages assyriens de l'Iraq, ils seront massacrés, à Semmel, par des Kurdes commandés par le général Bashir Sidki. Ainsi, en 2012, les Assyriens ont-ils perdu tous leurs villages de Turquie, d'Iraq et d'Iran, annexés par les Kurdes. Es ne subsistent que dans les grandes villes de ces pays et en Amérique.
Antioche cédée aux Turcs
Dès 1916, par les accords secrets « Sykes-Picot », Français et Britanniques se sont partagé l'Orient arabe. En 1918, Damas est libérée par les Britanniques, mais, en 1919, ceux-ci cèdent le contrôle de la Syrie aux Français. En 1920, le Congrès national syrien proclame l'indépendance, mais la conférence de San Remo accorde aux Français le mandat sur la Syrie et le Liban. Et les troupes du Général Gouraud entrent à Damas.
Le mandat français prépare un Grand Levant réparti en plusieurs États : Damas, Alep, L'État des Alaouites, plus le Djebel druze et le Sandjak d'Alexandrette (Antioche). (Notons que cet éclatement de la Syrie, plus un État Kurde au Nord-Est, a été envisagé par les médias français en 2011-2012). En 1926 est créée la République libanaise. Et de 1925 à 1927, le général Sarrail, haut commissaire de la République française et commandant en chef de l'Armée du Levant, combat la révolte des Druzes en Syrie.
Depuis 1921, la France, qui a rendu le Sud-Est de l'Asie mineure aux Turcs, se trouve confrontée au problème des chrétiens du territoire désormais turc. Les officiers de l'armée française, qui sont, à cette époque, majoritairement catholiques, vont laisser, par « charité chrétienne », entrer sur le territoire du Mandat français sur la Syrie des dizaines de milliers de chrétiens. Ils les installent souvent dans le Nord, à Antioche et Alep et dans des villes nouvelles créées par l'administration française sur la frontière Nord de la Syrie : Ras el-Ain, Haseke, Qamishli, Malkiye. Ces villes se remplissent ainsi de chrétiens qui ne sont pas de souche arabe et parlent arménien, suryoyo, turoyo, sureth, etc. Les Assyriens s'installent sur les rives du Habur-Ouest et y font fleurir le désert.
Mais les Kurdes, toujours aussi expansionnistes, se précipitent vers ces villes et finissent par constituer la majorité de leur population. C'est ainsi qu'en 2012, ils revendiquent le Nord-Est de la Syrie qu'ils ont progressivement envahi. Ici aussi, les chrétiens vont passer du joug musulman arabe au joug musulman kurde.
En 1939, la France, espérant qu'à la prochaine guerre, la Turquie sera aux côtés des alliés, cède Antioche, berceau de la chrétienté et fleuron de la Syrie, aux Turcs par un référendum contesté. C'est à nouveau l'exode pour les chrétiens qui s'y trouvaient installés et qui se réfugient principalement à Alep. De nos jours, Antioche est complètement turquifiée, au plan institutionnel, mais on entend encore parler arabe dans les rues et l'on peut visiter la grotte de Saint-Pierre et la cathédrale grecque orthodoxe.
En juillet 1940, l'armée française de Syrie, commandée par le général Dentz, passe sous le contrôle du gouvernement de Vichy. Les officiers incitent les chrétiens à faire valoir leurs droits fonciers, ce qui suscite la reconnaissance durable de ces derniers. Mais en 1941, les troupes fidèles au maréchal Pétain sont attaquées par les armées française libre et britannique, qui chassent le Général Dentz. Le Général Catroux, gaulliste, reconnaît alors l'indépendance de la Syrie, sans s'en retirer. Et en 1945, le Général de Gaulle envoie les tirailleurs sénégalais mater la rébellion et fait bombarder Damas, détruisant le Palais Azzem, un joyau reconstruit depuis lors.
L'Alliance atlantique en appui des islamistes
En 1946, les indépendances du Liban et de la Syrie sont cependant reconnues. Beaucoup de chrétiens qui s'étaient engagés dans l'armée française et aiment la France sont alors démobilisés. Mais il n'y a ni épuration, ni propagande revancharde anti-française.
En 2005, l'on voyait encore, plaquée sur la porte de la caserne de Haseke, l'inscription en français : « Premier régiment de marche du Levant ».
Libre, la Syrie est présidée en 1946 par Shukri al-Kuwaitli, qui obtient le départ des Français. Puis, des coups d’État réguliers provoquent une certaine instabilité. De 1958 à 1961, la Syrie s'allie avec l’Égypte. Les médias français la fustigent à l'occasion de la guerre des Six jours en 1967 et de la guerre du Kippur-Ramadan en 1973. En 1971, le général Hafez al-Asad devient président et accorde une constitution. Le parti Baath va assurer au pays une stabilité autoritaire et la fermeté face à Israël.
L'Occident cherche alors des prétextes pour attaquer la Syrie : la guerre civile libanaise en 1975 (l’armée syrienne a pourtant libéré les chrétiens de Zahle encerclés par les musulmans), l'amitié avec l'Union soviétique en 1980, la répression de la révolte des frères musulmans en 1982, la tutelle sur le Liban en 1989, etc. En 1994, le fils aîné de Hafez se tue. Bashar, fils cadet, médecin ophtalmologiste à Londres, devient président en 2000. On accuse la Syrie de l'assassinat du président libanais Hariri en 2005 et les Syriens. doivent évacuer le Liban. Bashar, qui apprécie les chrétiens, reçoit chaleureusement le pape Jean Paul II avant la messe pontificale au Stade des Abbassides.
Mais l'Alliance atlantique est prête à l'agression. Des pays non-atlantiques comme Israël, l'Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie sont aussi agacés par la stabilité laïque de la Syrie. La Turquie, qui a des nostalgies ottomanes, a envahi Chypre en 1974 et y reste. Elle a participé aux guerres de l'Alliance atlantique, occupant ainsi le Kosovo, la Tripolitaine, etc. Elle mène des incursions régulières en Iraq du Nord et souhaite en faire aussi en Syrie. La campagne médiatique élaborée par l'Occident est comparable à celles qui ont abattu Milosevi et Saddam Husayn. Les « guerres contre les tyrans » sont en fait des guerres d'islamisation
Pr. Jean-Claude Chabrier monde & vie 10 novembre 2012 -
La Serbie, dernière proie des proxénètes du nouvel ordre mondial !... (arch 2009)
Lundi dernier, le 5 octobre, la Serbie célébra le 9ème anniversaire de la « révolution » ayant mis un terme au « régime » de Slobodan Milosevic. En cette même soirée d’automne de l’an 2000, après avoir été lâché par la police et l’armée, ce dernier finit par reconnaître la victoire de son rival Vojislav Kostunica à l’élection à la présidence de la République fédérale de Yougoslavie tenue le 24 septembre, qu’il avait d’abord tenté de nier en voulant imposer la tenue d’un deuxième tour. Ceci déclencha un mouvement de protestation de l’opposition qui culmina dans la journée du 5 octobre par une manifestation monstre à Belgrade au cours de laquelle la foule prit d’assaut le parlement fédéral et la télévision nationale qu’elle pilla et incendia.
Vingt jours plus tard, un gouvernement serbe provisoire mêlant les 18 partis constituant la DOS (Opposition démocratique de Serbie), le SPO (Mouvement serbe du renouveau, également d’opposition) et le SPS (Parti socialiste serbe) de Milosevic, fut constitué et mené par Milomir Minic, lui-même membre du SPS. Ceci en prélude au gouvernement de Zoran Djindjic, le président du DS (Parti démocrate, l’un des principaux partis de la DOS) composé le 25 janvier 2001, suite à la tenue d’élections parlementaires extraordinaires le 23 décembre 2000. Djindjic sera assassiné le 12 mars 2003 et remplacé par Zoran Zivkovic, également du DS. Vinrent ensuite deux cabinets dirigés par Vojislav Kostunica, le chef du DSS (Parti démocratique de Serbie, lui-même une émanation du DS), et enfin celui actuellement mené par Mirko Cvetkovic. Ce dernier n’appartient officiellement à aucun parti mais est proche du DS, qui constitue l’ossature de son cabinet, dont fait désormais également partie le SPS dirigé par l’actuel vice Premier ministre et Ministre de l’intérieur Ivica Dacic.
Cet anniversaire ne fut cependant le prétexte d’aucune réjouissance ostentatoire, ce que l’on ne saurait attribuer au seul souci des gouvernants serbes d’épargner les deniers du peuple en cette période de crise économique mondiale ou par égard envers leurs collègues issus des rangs du SPS qu’ils combattirent tant d’années avant de parvenir au pouvoir. La raison de cet absence de triomphalisme trompetant est peut-être à chercher aussi dans l’atmosphère lourde et pesante régnant actuellement en Serbie et rappelant étrangement celle de cet automne 2000…
La situation économique et sociale n’est certes pas des plus brillantes. Après des années de croissance dynamique affichant des taux supérieurs à 5 % l’an jusqu’à l’amorce de la crise financière mondiale à l’automne dernier, l’année en cours se caractérise par une décélération brutale qui, selon les dernières données communiquées par le gouvernement, n’a toujours pas été enrayée mais ne saurait tarder à l’être. La crise, qui se traduit essentiellement en Serbie par un tarissement des investissements étrangers et du crédit, s’accompagne comme partout de l’inévitable lot de sociétés faisant faillite ou dont les comptes sont bloqués et poussant des milliers de salariés à la rue.
Ceci affecte particulièrement une population vieillissante et en constante réduction pour la 18ème année consécutive. La Serbie compte désormais quelques 7.3 millions d’habitants, hors Kosovo, 1.6 millions d’entre eux étant retraités, quelques 700.000 autres officiellement au chômage et au moins encore autant vivant sous le seuil de pauvreté. Ce ne sont naturellement pas les quelque 1.8 millions de salariés, dont beaucoup travaillent pour une administration pléthorique et à l’efficacité souvent discutable ou des entreprises publiques déficitaires, qui suffisent à faire vivre tout ce beau monde et les emprunts visant à combler un déficit budgétaire chronique se multiplient. L’endettement extérieur du pays s’envole et la poursuite des réformes se fait désormais à nouveau sous la tutelle du FMI.
Outre les effets prévisibles de la récession mondiale sur la Serbie, la crise met brutalement en exergue tous les excès et dérives qui, bien qu’ayant débuté sous Milosevic pour certains, furent démultipliés après sa chute et que l’on tend généralement à présenter comme le mal nécessaire accompagnant les sociétés dans leur phase de transition d’une économie planifiée vers le libéralisme et l’économie de marché, désormais érigées en véritables tables de la loi. Au delà des difficultés inhérentes à tout processus de transformation d’un système régissant une société en un autre, celles-ci se trouvent d’autant plus amplifiées quand menées par des individus peu scrupuleux qui, en s’engageant dans la carrière politique, semblent, pour la majorité d’entre eux, n’avoir que leur enrichissement personnel dans les plus brefs délais pour unique ambition.
Cette attitude s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans le processus d’imposition de ce nouvel ordre mondial d’après lequel l’argent et les moyens de l’acquérir sont devenus l’alpha et l’oméga du système de valeurs, le mérite de tels personnages ne se mesurant plus à l’aune de leur intelligence ou dévotion pour la cause commune mais bien à celle de leur cupidité et appât d’un gain facile et rapide. Pour cela point ne faut un excédent de neurones dont l’activité est mise au profit de la communauté mais une certaine aptitude à tendre la main pour recevoir des prébendes et les instructions qui vont généralement avec.
La Serbie regorge désormais de générations spontanées de ces croupiers d’un capitalisme débridé et conquérant dont l’apparition se trouva grandement facilitée par la constitution du gouvernement actuel, lui-même concocté dans la cuisine des ambassadeurs des USA et de Grande-Bretagne en poste à Belgrade en étroite collaboration avec une poignée des fameux tycoons, ces incontournables « hommes d’affaires » locaux ayant entamé leur essor sous Milosevic et ayant désormais un doigt dans tous les engrenages économiques du pays. Mêlant tout et son contraire, à savoir ennemis politiques héréditaires et idéologies aux antipodes les unes des autres, ce regroupement disparate de onze partis politiques faisant office de gouvernement s’est officiellement constitué dans le but d’ancrer la Serbie dans la zone d’influence occidentale via son intégration dans l’Union européenne et accessoirement l’Otan. Tirant à hue et à dia bien que ne disposant que d’une majorité toute relative au parlement, ce qui l’oblige parfois à soudoyer un parti de l’opposition pour y faire passer des lois non consensuelles, le véritable liant de la clique au pouvoir réside dans la corruption débridée et les abus en tous genres que ses tuteurs occidentaux feignent d’ignorer ou critiquent du bout des lèvres, comme quand ils réclament que l’agence de lutte contre la corruption nouvellement créée soit dotée de véritables moyens d’agir.
Parallèlement aux mesures d’ordre économique visant à aligner la Serbie sur le modèle occidental et lui faire prendre la place qui lui a été assignée dans la répartition internationale du travail par les oligarques tirant les ficelles dans les coulisses de nos démocraties, ces derniers attendent d’elle qu’elle n’entrave pas l’émancipation de sa province méridionale du Kosovo dont ils l’amputèrent en février 2008. Contrairement à Vojislav Kostunica, qui s’efforça de mener les réformes tout en défendant la souveraineté et l’intégralité du pays coûte que coûte, le gouvernement du Premier ministre Mirko Cvetkovic, qui n’est de fait que l’homme de paille du Président serbe Boris Tadic, lui-même devenu la force motrice du pays en violation flagrante du rôle attribué à sa fonction par la Constitution, s’est empressé de botter la question du Kosovo en touche.
Le sort de la province ne faisant désormais plus la une de l’actualité, cela permit d’ouvrir la porte à toutes sortes de concessions requises par Bruxelles dans le processus de rapprochement de la Serbie vers l’Union européenne, les dernières en date étant liées à l’inscription prochaine du pays sur la liste blanche Schengen, grâce à laquelle ses citoyens devraient pouvoir voyager dans cette zone sans visas à partir du 1er janvier prochain. En l’occurrence Belgrade fut contrainte d’accepter que les habitants résidant au Kosovo continuent d’être soumis au régime de visas et de signer un accord de coopération entre le Ministère de l’intérieur et EULEX, la Mission (dite) de droit et de justice de l’UE au Kosovo, en vue d’un contrôle commun de la « frontière » entre le Kosovo et la Serbie proprement dite, ce qui revient à impliquer Belgrade dans la mise au pas des Serbes vivant au nord de la province et persistant à en nier l’indépendance autoproclamée. La capitale serbe ayant avalé ces deux couleuvres sans broncher, les fonctionnaires de Bruxelles ne manqueront pas de continuer à en assaisonner la soupe à la grimace du rapprochement de la Serbie vers l’UE qu’ils ont conditionné à l’établissement des relations de bon voisinage avec leur petit protégé « kosovar ».
En Serbie même l’Occident continue de jouer sur les trois autres points de pression sur Belgrade que sont la province de Vojvodine, comportant une multitude de minorités dont de nombreux Hongrois, au nord, le Sandzak (ou Racka), riche en slaves musulmans, et les trois bourgades que les Albanais appellent la vallée de Presevo au sud, où il s’arroge le droit d’intervenir sous le prétexte de la défense des droits de ces minorités. La question du Statut de la Vojvodine, adopté à l’automne dernier par les autorités provinciales mais toujours pas entériné par le parlement serbe, malgré le dépassement des délais prescrits par la Constitution, car conférant des éléments de souveraineté à la province, est d’ailleurs en phase de réactivation dans le débat politique serbe et le Président Tadic vient de mettre en garde les alliés provinciaux du gouvernement contre toute tentative de l’internationaliser. Belgrade doit également sans cesse veiller à contrer les velléités d’autonomie aux relents sécessionnistes régulièrement exprimées au Sandzak et à Presevo.
Dans un autre registre, mais toujours dans le domaine des pressions exercées sur la Serbie, cette dernière se voit encore et toujours soumise au chantage du progrès vers l’UE au prix de l’appréhension et de la remise du général Ratko Mladic, l’ancien commandant des forces serbes en Bosnie pendant la guerre, et de Goran Hadzic, un temps le leader des Serbes de Krajina en Croatie, tous deux inculpés de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Rappelons que les Serbes, ayant été délibérément et systématiquement désignés comme les grands responsables des conflits ayant ensanglanté ce pays à la fin du siècle passé, alors qu’il apparaît chaque jour plus clairement qu’ils échouèrent à s’opposer à un plan de démembrement de la Yougoslavie concocté à l’avance, constituèrent en toute logique le gros du bataillon d’inculpés par le Tribunal qui les harcèle depuis plus de quinze ans déjà et dont la fermeture, maintes fois repoussée, ne semblera manifestement acquise qu’une fois la Serbie définitivement mise au pas.
Poursuivant cette logique de culpabilisation de la Serbie jusqu’au bout, cette dernière est également soumise à des pressions occidentales croissantes visant à la forcer, en tant que co-signataire des accords de paix de Dayton ayant mis un terme à la guerre en Bosnie fin 1995, de « rappeler à la raison » le Premier ministre de l’entité serbe Milorad Dodik, lui-même un temps chouchou de l’Ouest quand il l’aida à démanteler l’appareil politique hérité de l’ancien leader politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, et qui refuse désormais farouchement de cautionner les mesures visant à parachever l’élimination de la Republika Srpska qu’il dirige en la vidant de toute substance. Ajoutez à cela la relance insidieuse du prétendu débat sur la nécessité pour la Serbie d’intégrer l’Otan comme condition préalable à son acceptation dans l’UE, la simple évocation de cette idée provoquant instantanément une crise d’urticaire chez tout Serbe normalement constitué se souvenant alors de la frustration de n’avoir pu dire deux mots à ces pilotes de l’Alliance semant la terreur en appuyant sur des boutons à partir de confortables distances de sécurité de leurs cibles. Dans le registre des précédents historiques, dont les Serbes sont friands et férus, toute évocation d’intégration dans l’Otan leur rappelle aussi immanquablement le triste souvenir des Janissaires, ces unités d’élite de l’armée de l’Empire ottoman constitués à partir d’enfants, serbes pour beaucoup, arrachés à leur parents pour être formés à l’art de la guerre, y compris contre leur propre peuple. Cette crainte de voir l’histoire se répéter n’est certes pas sans fondement face aux besoins croissants en chair à canon de l’Alliance atlantique.
Cette marche forcée vers le modèle libéral prôné par l’Ouest s’accompagne d’un vaste travail de ramollissement et d’endoctrinement des cerveaux opéré par les médias, rares étant ceux pouvant encore se targuer d’adopter une ligne éditoriale « indépendante », et ce particulièrement depuis la toute récente adoption d’une nouvelle loi sur l’information liberticide calquée sur celle introduite en 1998 par Milosevic devant alors faire face à la montée de la propagande de l’Occident menée en prélude aux bombardements de la Yougoslavie par l’Otan. Les jeunes générations sont la cible privilégiée de cette véritable œuvre de sape des valeurs morales et intellectuelles et les télévisions déversent à profusion la bouillie pour chats faisant désormais office de culture en Occident. Ce ne sont plus qu’éloge de la vulgarité, de l’artificiel et du fric avec moult programmes de voyeurisme à la sauce « big brother », talk-shows de « matuvus » insipides, chanteuses pétasses aux seins siliconés, ou encore émissions vous proposant de gagner une bagnole en envoyant un texto, sans oublier l’incontournable et désormais omniprésente violence sous toutes ses formes avec l’inculcation insidieuse de l’état policier en sous-main.
Quoique n’ayant pas choisi un ancien Ministre de l’intérieur pour Président, la Serbie n’échappe pas à la dérive autoritaire caractérisant aujourd’hui nos bonnes vieilles démocraties occidentales. A l’image de ce qui se passe en France, le Président Tadic, qui prit la tête du DS à la mort de Zoran Djindjic, est de tous les combats et sur tous les fronts, mais il se distingue de son homologue français dans la mesure ou le système politique en Serbie n’est pas celui d’un régime présidentiel fort et c’est le Premier ministre qui est censé mener la politique de l’état. Cette pratique avait également été le fait de Slobodan Milosevic et l’arrivée de Djindjic au poste de Premier ministre y avait mis un terme. Elu Président lors du premier mandat de Vojislav Kostunica, Tadic parvint cependant à la rétablir et à s’imposer comme acteur politique principal après avoir réussi à évincer ce dernier avec l’aide de Londres et Washington.
S’étant débarrassé de l’encombrant Kostunica car trop insoumis, ce même trio informel forma le cabinet du docile Mirko Cvetkovic et s’attaqua ensuite au Parlement, où la majorité ténue dont dispose le gouvernement était sans cesse battue en brèche par l’opposition, et tout particulièrement par le Parti radical serbe (SRS) de Vojislav Seselj, alors la principale formation politique du pays menée par son vice-président Tomislav Nikolic du fait de la détention de Seselj à La Haye par le TPIY. Le Parlement fut muselé par l’introduction de nouvelles règles de procédure limitant drastiquement le droit de parole des partis politiques et fonctionne désormais comme simple chambre d’entérinement des lois adoptées par le gouvernement. Ceci permit alors à Tadic et ses acolytes anglo-saxons de procéder au démantèlement du parti de Seselj en poussant Nikolic, que Tadic parvint tout juste à battre au deuxième tour de la présidentielle qui vit sa réélection le 3 février 2008, à former son propre parti, le Parti serbe du progrès (SNS), dans lequel il entraîna bon nombre de cadres du SRS, dont l’ancien secrétaire général et numéro 3 du parti Aleksandar Vucic, désormais son bras droit.
Avec la création du SNS, dont la côte de popularité s’envole dans les sondages et flirte désormais avec celle du DS, qu’il bâtit même récemment dans l’un de ses fiefs belgradois à l’occasion d’élections municipales anticipées, l’Ouest a tenté de faire d’une pierre deux coups, à savoir canaliser les sentiments patriotiques de la population, étiquetés comme nationalistes donc néfastes, au travers d’un parti à la rhétorique aseptisée et acceptant de collaborer, comme ce fut le cas du HDZ en Croatie avec l’arrivée d’Ivo Sanader à sa tête, et se doter d’une bride sur laquelle pouvoir tirer chaque fois que le sentiment d’omnipotence monte à la tête du Président Tadic. Il semble avoir ainsi établi tous les pare fous nécessaires pour contenir tout débordement d’une Serbie soumise à une véritable thérapie de choc n’étant pas sans rappeler l’ignoble sort réservé à ces pauvres jeunes filles qui, rêvant d’un avenir meilleur et attirées par les miroirs aux alouettes contemporains promus par les médias, tombent dans le premier piège tendu par des proxénètes sans vergogne. En l’occurrence ceux-ci travaillent pour le compte des maîtres du nouvel ordre mondial et font actuellement passer la Serbie par les fourches Caudines de leur « dressage » en vue de la lâcher sur le boulevard de la globalisation.
La petite s’avère pourtant coriace et, telle certains détenus de Guantanamo que la CIA désespère de rééduquer par noyades simulées et autres mauvais traitements interposés, le sentiment de « serbitude », que les Turcs ne parvinrent jamais à vaincre en cinq siècles d’occupation malgré l’imposition de toutes sortes de turpitudes qu’illustrent les pyramides de crânes vues par Lamartine à l’entrée de la ville de Nis, perdure envers et contre toutes les humiliations subies dans lesquelles l’obstination caractéristique des Serbes, le fameux « inat », puisa d’ailleurs régulièrement les forces nécessaires à l’affranchissement du joug que diverses puissances tentèrent de lui imposer de par le passé. Pour beaucoup d’entre eux la coupe de la lie que l’on s’efforce de les faire boire est pleine depuis trop longtemps déjà et la récente campagne menée en faveur de la tenue d’une « gay pride » à Belgrade, ou « parade de la honte » selon le haut dignitaire de l’Eglise serbe orthodoxe Amfilohije, qui traduisit en cela le sentiment généralement partagé par la population, a bien failli être la goutte faisant déborder le vase. Celle-ci fut annulée in extremis à l’aune du risque bien réel de la voir subir un sort digne de celui de la nuit de la Saint Barthélemy.
Le paroxysme des tensions traversant actuellement la société serbe fut cependant atteint quelques jours à peine après la date prévue pour la tenue de la gay pride quand une bande de hooligans attaqua sauvagement et sans raison apparente l’infortuné supporter de l’équipe de football de Toulouse Brice Taton, qu’elle laissa pour mort sur le pavé. Le choc provoqué par cet incident, qui prend la proverbiale tradition serbe d’accueil de l’étranger totalement à contre-pied et stupéfia la population, dressée comme un seul homme pour le condamner, semble vouloir être exploité par les autorités à la façon dont Georges Bush junior et sa bande mirent à profit les retombées des évènements du 11 septembre 2001 pour imposer leur folle politique meurtrière ayant précipité la planète au bord du gouffre.
Ceci se traduit par une véritable campagne visant à faire endosser les tensions actuelles à des organisations regroupant des jeunes patriotes se voulant les défenseurs des valeurs traditionnelles d’une société pliant sous les coups de boutoir de la décadence occidentale galopante, et à les discréditer aux yeux de l’opinion en les assimilant à certains groupuscules informels de supporters de foot casseurs et autres skinheads à l’idéologie plus ou moins fascisante afin de l’amener à supporter leur dissolution. Ce besoin soudainement impérieux de faire place nette et éliminer des éléments contestataires ayant fait la preuve de leur capacité d’organisation pour manifester leur opposition au port de tutu rose en public, semble préfigurer l’annonce d’un évènement d’importance tel que l’arrestation du général Mladic ou la remise en liberté du chef du SRS Vojislav Seselj, que le TPIY ne saurait garder éternellement dans son cul-de-basse-fosse, à moins qu’ils n’en ressorte les pieds devant comme Milosevic…
Alors, face à l’approche de nouveaux défis de taille attendant la Serbie dans un avenir proche, la question est désormais de savoir si les maquereaux du nouvel ordre mondial sont parvenus à en faire la pute soumise de leurs rêves !…
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Nigeria : églises brûlées et chrétiens égorgés par les islamistes
Des attaques menées par des islamistes du groupe nigérian Boko Haram ont une nouvelle fois violemment visé samedi et dimanche des chrétiens et des églises dans le nord du Nigeria, selon des témoins et des responsables locaux.Dix personnes ont été égorgées par des islamistes qui sont passés de maison en maison samedi soir dans le quartier chrétien de la ville de Chibok, dans le nord du pays, a-t-on appris dimanche auprès de responsables locaux.« Les assaillants sont arrivés vers 21h en scandant Alahu Akbar (Dieu est grand) (...) ils se sont rendus dans des maisons qu'ils avaient identifiées dans un quartier à dominante chrétienne de la ville pour massacrer 10 personnes comme des moutons», a déclaré un responsable local qui a requis l'anonymat.« Qui d'autre que des membres du (groupe islamiste) Boko Haram pourrait entrer dans les maisons et trancher la gorge de dix personnes», a déclaré un autre responsable local.Chibok se trouve à 170 km de Maiduguri, le fief de Boko Haram.« Les hommes sont arrivés en grand nombre et ils sont entrés dans des maisons qui avaient été choisies avec précision et ils ont massacré 10 personnes en criant Allahu Akbar», a rapporté Ezekiel Damina, un habitant du quartier de Myan, en périphérie de Chibok.Dans le nord-est, au moins deux policiers ont été tués dimanche dans une attaque lancée par des islamistes présumés qui ont incendié trois églises et des postes-frontières dans la localité de Gamboru Ngala, selon des témoins.« Des hommes armés, on pense qu'ils sont de Boko Haram, sont arrivés à cinquante en voiture et en moto, vers 8h30, et ils ont attaqué et brulé des postes de sécurité à la frontière» avec le Cameroun, a déclaré à l'AFP, Modugana Ibrahim, un habitant.« J'ai vu le cadavre de deux policiers en sortant de la ville, près du commissariat» incendié, a ajouté M. Ibrahim. L'information a été confirmée par un autre habitant, Sani Kani, qui a précisé qu'un des corps gisait sur le bas-côté de la route alors que l'autre était assis dans un fourgon de police.Parmi les postes de sécurité brulés, il y avait un commissariat, des locaux de l'immigration, des douanes et de la police secrète (SSS), ainsi qu'un poste de quarantaine, selon les habitants.Les hommes armés « scandaient Allahu Akbar (Dieu est grand), ils ont brûlé le poste de police et trois églises », a déclaré Hamidu Ahmad, un autre habitant.Selon les habitants, des échanges de tirs ont eu lieu à la mi-journée entre les assaillants et des renforts de police arrivés de Maiduguri, le fief de Boko Haram, à 140 km de là.Les tirs ont cessé dans l'après-midi, mais la police avait quadrillé les rues de la ville, déserte. Les habitants étaient enfermés chez eux et beaucoup d'hommes avaient quitté la ville vers des villages voisins ou en direction du Cameroun, de peur de représailles des forces armées contre les civils.Il y a deux semaines, des habitants disent avoir vu circuler des tracts islamistes, qui imposaient aux femmes de porter le hijab (voile islamique) et interdisaient la vente de cigarettes et l'ouverture de lieux de rencontre comme des cafés.Boko Haram - dont le nom en langue Haoussa signifie «l'éducation occidentale est un péché» - a revendiqué de nombreuses attaques, notamment dans des lieux de culte chrétiens au moment du service du dimanche, dans le nord et le centre du Nigeria.Les locaux et les effectifs de la police et de l'armée sont aussi souvent visés par le groupe islamiste.Dimanche dernier, un double attentat suicide a fait onze morts et une trentaine de blessés dans une église protestante située dans l'enceinte d'une caserne dans la ville de Jaji (Etat de Kaduna), dans le nord.Les violences attribuées à la secte et leur répression sanglante par les forces de l'ordre ont fait, selon les estimations, plus de 3000 morts depuis 2009.Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, avec 160 millions d'habitants, et premier producteur de pétrole du continent, est divisé entre un Nord, majoritairement musulman, et un Sud à dominante chrétienne.Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/
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Télévision russe : elle dénonce l’augmentation des tensions inter-ethniques en France
Il s’agit d’un reportage de Russia Tody, diffusé hier à la télévision russe, qui s’interroge sur l’augmentation des tensions inter-ethniques en région parisienne. Arpentant un quartier de la capitale française un jour de Marseille, on entend le journaliste déclarer à l’antenne : « A première vue on pourrait croire qu’il s’agit de Téhéran ou de Beyrouth plutôt que de la capitale française. Ce quartier est situé à quelques pas de la célèbre Tour Eiffel. On aurait eu peine à croire, il y a seulement vingt ans, que les Français de souche deviennent ici une minorité déclinant rapidement« . La substitution de population, en France, n’est plus un mystère pour personne…
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Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?, par Aymeric CHAUPRADE
Comprendre la géopolitique du Moyen-Orient c’est comprendre la combinaison de multiples forces. Nous allons voir qu’il faut faut envisager au moins la combinaison de 3 logiques :
- les forces intérieures qui s’affrontent à l’intérieur d’un même État, comme la Syrie, l’Irak ou la Libye. Des conflits ethniques (Kurdes et Arabes), ou confessionnels anciens (chiites, sunnites, Alaouites, chrétiens…).
- les logiques d’influence des grands acteurs de puissance régionaux (l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, la Turquie, l’Égypte…) et la façon dont ces acteurs utilisent les logiques communautaires dans les États où ils essaient d’imposer leur influence (Liban, Syrie, Irak)
- le jeu des grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, UK…) et en particulier la géopolitique du pétrole et du gaz.
À cette analyse géopolitique, il faut être capable de marier une analyse de science politique, et de comprendre en particulier ce qui se passe sur le plan des nouveaux courants idéologiques du monde arabe ou bien sur le plan de la légitimité des régimes politiques qui tremblent.
Par ailleurs il ne faut surtout pas avoir l’idée que les dynamiques qui secouent le Moyen-Orient sont très récentes. Il n’y a jamais eu de stabilité au Moyen-Orient dans les frontières que nous connaissons aujourd’hui. Si les Anciens parlaient à propos des colonisations et protectorats de pacification ce n’est pas pour rien. Seules les structures impériales, que ce soit l’Empire ottoman ou les Empires occidentaux, ou même dans une certaine mesure la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est, ont en réalité gelé momentanément les affrontements claniques, tribaux, ethniques et confessionnels du Sahara jusqu’aux déserts d’Arabie en passant par le Croissant Fertile.
En réalité, il y a là une constante à peu près universelle. Là de véritables États-nation homogènes n’ont pu se former, la guerre civile est devenu une sorte d’état instable permanent.
Pour comprendre ce qui se passe en Syrie et les perspectives, je vais commencer par inscrire notre réflexion dans une trame globale.
Les États-Unis et leurs alliés sont sortis vainqueurs de l’affrontement bipolaire en 1990 et l’effondrement de l’URSS a rendu possible, à la fois l’extension de la mondialisation libérale à de nombreux pays du monde, et des transformations géopolitiques majeures comme la réunification de l’Allemagne et l’explosion de la Yougoslavie.
Les États-Unis ont tenté alors, portés par cette dynamique, d’accélérer le plus possible ce phénomène et d’imposer l’unipolarité, c’est-à-dire un monde centré sur leur domination géopolitique, économique, culturelle (softpower).
Ils se sont appuyés sur le droit d’ingérence face aux purifications ethniques ou aux dictatures, comme sur la lutte contre l’islamisme radical (depuis le 11 septembre 2001 en particulier) pour accélérer leur projection géopolitique mondiale.
Mais c’était sans compter sur une logique contradictoire : la logique multipolaire qui a été d’une certaine manière l’effet boomerang de l’expansion capitalistique soutenue par les Américains après la chute de l’URSS. Dopées par la croissance, ce que les Américains voyaient comme des marchés émergents, sont devenues des nations émergentes, soucieuses de compter de nouveau dans l’histoire, de restaurer leur puissance et de reprendre le contrôle de leurs ressources énergétiques ou minières. De la Russie à la Chine, en passant par l’Inde, le Brésil, la Turquie, jusqu’au Qatar, partout des États nation forts de leur cohésion identitaire et de leurs aspirations géopolitiques, s’emploient à jouer un rôle géopolitique croissant.
Washington a compris très tôt que la Chine marchait vers la place de première puissance mondiale et qu’elle ne se contenterait pas de la puissance économique mais s’emploierait à la devenir aussi la première puissance géopolitique. Perspective incompatible avec la projection géopolitique mondiale des États-Unis, qui dominent encore l’Europe avec l’OTAN, contrôlent l’essentiel des réserves de pétrole du Moyen-Orient et tiennent les océans grâce à leur formidable outil naval.
Dans cette compétition entre les États-Unis et la Chine, qui déjà dans le Pacifique fait penser aux années qui précédèrent l’affrontement entre les Américains et les Japonais dans la première partie du XXème siècle, le Moyen-Orient tient toute sa place.
Le Moyen-Orient représente 48,1% des réserves prouvées de pétrole en 2012 (contre 64% en 1991) et 38,4% des réserves de gaz (2012, BP Statistical Review ; contre 32,4% en 1991).
Pour les États-Unis, contrôler le Moyen-Orient, c’est contrôler largement la dépendance de l’Asie et en particulier celle de la Chine. L’AIE dans son dernier rapport prédit en effet que l’Asie absorbera 90% des exportations en provenance du Moyen-Orient, en 2035.
Comme l’Agence Internationale de l’Énergie nous l’annonçait début novembre 2012, la production de pétrole brut des États-Unis dépassera celle de l’Arabie Saoudite vers 2020, grâce au pétrole de schiste. Les États-Unis qui importent aujourd’hui 20% de leurs besoins énergétiques deviendraient presque autosuffisants d’ici 2035.
Rappelons qu’en 1911 quand le gouvernement américain morcela la gigantesque Standard Oil (de laquelle naîtront Exxon, Mobil, Chevron, Conoco et d’autres encore), cette compagnie assumait alors 80% de la production mondiale. Si les États-Unis redeviennent premiers producteurs mondiaux, nous ne ferons que revenir à la situation qui prévalait au début du XXème siècle.
Entre 1945 et maintenant, l’un des grands problème des Américains a été le nationalisme pétrolier, qui du Moyen-Orient à l’Amérique Latine, n’a cessé de grignoter son contrôle des réserves et de la production.
Il se passe donc exactement ce que j’écrivais il y a déjà presque dix ans (ce qui ne me rajeunit pas!), au moment de la Deuxième guerre d’Irak. Les États-Unis ne cherchent pas à contrôler le Moyen-Orient pour leur propres approvisionnements puisqu’ils s’approvisionneront de moins en moins au Moyen-Orient (aujourd’hui déjà le continent africain pèse plus dans leurs importations), mais ils chercheront à contrôler ce Moyen-orient pour contrôler la dépendance de leurs compétiteurs principaux, européens et asiatiques.
Si les Américains contrôlent encore le Moyen-Orient dans 20 ans (et je ne parle même pas de l’Afrique qui ne maîtrisera certainement pas son destin et sera sans doute partagée entre des influences occidentales et chinoise), cela signifie qu’ils auront une emprise énergétique considérable sur le monde et donc que la valeur stratégique de pays comme la Russie, le Venezuela (premier pays du monde devant l’Arabie Saoudite en réserves prouvées de pétrole : 17,9% contre 16,1% soit 296,5 milliards de barils de réserves sur le 1,65 trilliard du monde : BP 2012) ou le Brésil (grâce à son off-shore profond) aura alors fortement augmenté puisqu’ils seront des réservoirs alternatifs précieux l’un pour l’Europe et l’Asie, l’autre pour l’Amérique Latine.
Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la raréfaction du pétrole. Non seulement parce que dans les faits, et contrairement à tous ceux qui n’ont cessé d’annoncer un peak oil qui ne s’est jamais produit, les réserves prouvées n’ont jamais cessé d’augmenter et que les perspectives avec le off-shore profond et le pétrole de schiste sont gigantesques, mais, au-delà, parce que je suis très convaincu par la thèse dite abiotique de l’origine du pétrole, c’est-à-dire que le pétrole n’a pas pour origine la décomposition des dinosaures dans les fosses sédimentaires mais qu’il est un liquide abondant qui coule sous le manteau de la terre, qu’il est fabriqué à des températures et des pressions gigantesques à des profondeurs incroyables, et que par conséquent ce que nous extrayons est ce qui est remonté des profondeurs de la terre par fracturation du manteau.
Nous n’avons pas le temps d’entrer dans ce débat scientifique mais selon l’explication biotique ou abiotique les conséquences dans le domaine de la géopolitique sont radicalement différentes. Si le pétrole a une origine biotique la question est bien celle de l’épuisement et des conséquences géopolitiques de la raréfaction puis de l’épuisement. Si le pétrole a une origine abiotique, l’enjeu est bien le off-shore profond et toutes les techniques de fracturation permettant de faire remonter le liquide précieux des profondeurs du manteau.
Mais revenons au pétrole du Moyen-Orient et souvenons-nous de quelques faits essentiels.
En brisant le régime de Saddam Hussein, les Américains ont tué dans l’œuf deux logiques qu’ils combattaient depuis toujours :
- le nationalisme pétrolier en Irak. Ils visent désormais le nationalisme pétrolier iranien.
- le risque de sortie du pétro-dollar : le fait d’accepter de se faire payer son pétrole en euro ou dans une autre devise que le dollar : ce que Saddam Hussein avait annoncé vouloir faire en 2002 et que les Iraniens font aujourd’hui et qui explique largement pourquoi les Américains imposent un embargo drastique sur les hydrocarbures iraniens.
Le lien entre pétrole et dollar est l’une des composantes essentielles de la puissance du dollar. Il justifie que les pays disposent de réserves en dollar considérables pour pouvoir payer leur pétrole, et par conséquent que le dollar soit une monnaie de réserve principale. Par voie de conséquence, ce lien pétrole/dollar est bien ce qui permet aux États-Unis de financer leur formidable déficit budgétaire et de se permettre une dette fédérale de plus de 15 000 milliards de dollars. Aujourd’hui tout le monde parle des dettes et crises européennes, mais les États-Unis sont, sur le plan de l’endettement (endettement fédéral, endettement des États, endettement des ménages) dans une bien pire situation que les Européens. Cependant leur bouclier s’appelle “dollar” et on peut penser qu’ils ont utilisé le talon d’Achille grec des Européens pour affaiblir l’Union européenne et fragiliser l’euro. Imaginez que la crise de la Grèce n’ait pas éclaté, et alors vous aurez ce qui se passait avant son éclatement : les banques centrales des émergents continueraient à accumuler de l’euro et à diminuer leur réserves de dollars… On comprend mieux pourquoi la Grèce a été conseillée par Goldman Sachs et JP. Morgan…
En imposant un embargo drastique sur l’Iran (9,1% des réserves prouvées selon BP 2012, soit le 3e rang mondial ; 15,9% des réserves prouvées de gaz soit le 2ème rang derrière la Russie avec 21,4% et devant le Qatar avec 12%) les Américains tentent aussi de briser l’un des derniers pays à vouloir contrôler son système de production pétrolier et gazier.
Quel est donc le lien avec la Syrie ? On en parle peu, mais la Syrie joue un rôle stratégique dans les logiques pétrolières et gazières au Moyen-Orient.
Or en 2009 et 2010, peu avant que n’éclate la guerre, la Syrie a fait des choix qui ont fortement déplu à l’Occident.
Quelles sont les données du problème?
Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis essaient de casser la dépendance de l’Union européenne au gaz et au pétrole russe. Pour cela, ils ont favorisé des oléoducs et gazoducs qui s’alimentent aux réserves d’Asie centrale et du Caucase mais qui évitent soigneusement de traverser l’espace d’influence russe.
Ils ont notamment encouragé le projet Nabucco, lequel part d’Asie centrale, passe par la Turquie (pour les infrastructures de stockage) visant ainsi à rendre l’Union européenne dépendante de la Turquie (rappelons que les Américains soutiennent ardemment l’inclusion de la Turquie dans l’UE tout simplement parce qu’ils ne veulent pas d’une Europe-puissance), puis la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, la Tchéquie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie.
Nabucco a clairement été lancé pour concurrencer deux projets russes qui fonctionnent aujourd’hui :
- Northstream qui relie directement la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine et la Biélorussie.
- Southstream qui relie la Russie à l’Europe du Sud (Italie, Grèce) et à l’Europe centrale (Autriche-Hongrie).
Mais Nabucco manque d’approvisionnements et pour concurrencer les projets russes, il lui faudrait pouvoir accéder :
1/ au gaz iranien qui rejoindrait le point de groupage de Erzurum en Turquie
2/ au gaz de la Méditerranée orientale : Syrie, Liban, Israël.
À propos du gaz de la Méditerranée orientale, il est essentiel de savoir que depuis 2009 des bouleversements considérables se sont produits dans la région.
Des découvertes spectaculaires de gaz et de pétrole ont eu lieu en Méditerranée orientale, dans le bassin du Levant d’une part, en mer Égée d’autre part.
Ces découvertes exacerbent fortement les contentieux entre Turquie, Grèce, Chypre, Israël, Liban et Syrie.
En 2009, la compagnie américaine Noble Energy, partenaire d’Israël pour la prospection, a découvert le gisement de Tamar à 80 km d’Haïfa. C’était la plus grande découverte mondiale de gaz de 2009 (283 milliards de m3 de gaz naturel) et en 2009 donc, le statut énergétique d’Israël a radicalement changé, passant d’une situation presque critique (plus que 3 ans de réserves et une très forte dépendance vis-à-vis de l’Égypte) à des perspectives excellentes. Puis en octobre 2010, une découverte encore plus considérable a brutalement donné à Israël plus de 100 ans d’autosuffisance en matière gazière! Israël a trouvé un méga-gisement offshore de gaz naturel qu’il estime être dans sa ZEE : le gisement Léviathan.
Léviathan est situé à 135 km à l’ouest du port d’Haïfa, on le fore à 5000 m de profondeur, avec 3 compagnies israéliennes plus cette fameuse compagnie américaine, Noble Energy. Ses réserves sont estimées à 450 milliards de m3 (pour avoir un ordre de grandeur, les réserves mondiales prouvées de gaz en 2011 sont de 208,4 trilliards de m3, soit 208 400 milliards de m3 et un pays comme la Russie possède 44,6 trilliards). Quoiqu’il en soit, en 2010, Léviathan fut la plus importante découverte de gaz en eau profonde de ces 10 dernières années.
Je ne donne pas de détail ici sur les découvertes faites parallèlement en mer Égée, mais elles sont considérables et je vous demande simplement de garder en tête que la Grèce est désormais un pays extrêmement potentiel sur le plan gazier ce qui participe peut-être aussi du déclenchement d’une crise européenne qui aboutira bientôt… à la privatisation totale du système énergétique grec…
Voici ce que le US Geological Survey estime à propos de la Méditerranée orientale (formée en l’espère de de 3 bassins : bassin égéen au large des côtes grecques, turques et chypriotes ; bassin du Levant au large des côtes du Liban, d’Israël et de Syrie ; bassin du Nil au large des côtes égyptiennes).
“Les ressources pétrolières et gazières du bassin du Levant sont estimées à 1,68 milliards de barils de pétrole et 3450 milliards de m3 de gaz” “les ressources non découvertes de pétrole et gaz de la province du bassin du Nil sont estimées à environ 1,76 milliards de barils de pétrole et 6850 milliards de m3 de gaz naturel”.
L’USGS estime que le bassin de Sibérie occidentale (le plus grand bassin de gaz connu) recèle 18 200 milliards de m3 de gaz. En clair, s’agissant du seul gaz, le bassin du Levant c’est plus de la moitié du bassin de Sibérie occidentale.
Bien évidemment ces découvertes ont attisé les rivalités entre États voisins. Israël et le Liban revendiquent chacun la souveraineté sur ces réserves et l’un des différends profonds entre le président Obama et Benjamin Netanyahu est que les États-Unis, en juillet 2011, ont appuyé la position libanaise contre Israël (car Beyrouth estime que le gisement s’étend aussi sous ses eaux territoriales). Il semblerait que la position américaine vise d’une part à entretenir la division pour jouer un rôle de médiation, d’autre part à empêcher Israël de devenir un acteur autosuffisant.
Or notre Syrie se trouve au cœur de ces problématiques !
D’abord concernant Nabucco.
En novembre 2010, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont demandé à Bachar el Assad de pouvoir ouvrir des oléoducs et gazoducs d’exportation vers la Méditerranée orientale. Ces oléoducs leur permettrait en effet de desserrer la contrainte du transport maritime via le détroit d’Ormuz puis le Canal de Suez et d’envoyer plus de gaz vers l’Europe (notamment le Qatar, géant gazier du Moyen-Orient). La Syrie a refusé, avec le soutien marqué de la Russie qui voit dans ces plans la volonté américaine, française, saoudienne et qatarie de diminuer la dépendance européenne au gaz russe.
On comprend donc la compétition qui se joue entre, d’une part les Occidentaux, la Turquie et les monarchies du Golfe, d’autre part, la Russie, l’Iran et la Syrie, auxquels s’est ajouté l’Irak dirigé par le chiite Maliki et qui s’est fortement rapproché de Téhéran et Damas au détriment des Américains.
En février 2011 les premiers troubles éclataient en Syrie, troubles qui n’ont cessé de s’amplifier avec l’ingérence, d’une part de combattants islamistes financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, d’autre part de l’action secrète des Occidentaux (Américains, Britanniques et Français).
Le 25 juillet 2011, l’Iran a signé des accords concernant le transport de son gaz via la Syrie et l’Irak. Cet accord fait de la Syrie le principal centre de stockage et de production, en liaison avec le Liban et l’idée de Téhéran est de desserrer ainsi la contrainte de l’embargo. Gelé par la guerre, le chantier aurait étrangement repris le 19 novembre 2012, après l’élection d’Obama donc et la reprise de négociations secrètes entre les États-Unis et l’Iran.
Du fait même de sa position centrale entre les gisements de production de l’Est (Irak, monarchies pétrolières) et la Méditerranée orientale, via le port de Tartous, qui ouvre la voie des exportations vers l’Europe, la Syrie est un enjeu stratégique de premier plan.
Ajoutons à cela la question de l’évacuation du pétrole kurde.
Il existe un oléoduc qui aujourd’hui achemine le pétrole de Kirkuk (Kurdistan irakien) à travers l’Irak puis la Jordanie et enfin Israël. Mais Israël pourrait aussi voir réhabilité l’ancien oléoduc Mossoul Haïfa (que les Britanniques utilisèrent de 1935 à 1948).
Ajoutons à cela que la Syrie dispose de réserves dans son sol et probablement en off-shore. Le 16 août 2011, le ministère syrien du pétrole a annoncé la découverte d’un gisement de gaz à Qara, près de Homs, avec une capacité de production de 400 000 m3/j. S’agissant du off-shore, nous avons parlé tout à l’heure des estimations de l’USGS concernant le bassin du Levant, il faut ajouter cette prédiction du Washington Institute for Near East Policy qui pense que la Syrie disposerait des réserves de gaz les plus importantes de tout le bassin méditerranéen oriental, bien supérieures encore à celle d’Israël. Vous voyez là encore, mon leitmotiv et ce que j’ai souvent dit ici : l’avenir c’est le off-shore profond et cela va donner à la mer une dimension géopolitique considérable. Délaisser la mer et son espace maritime est donc, pour n’importe quel pays du monde, une erreur stratégique tragique.
Il est évident donc que si un changement politique favorable aux Occidentaux, aux Turcs, Saoudiens et Qataris intervenait en Syrie, et que celle-ci se coupait de la Russie (les navires de guerre russes mouillent dans le port stratégique de Tartous, un port qui peut bien sûr accueillir des tankers approvisionnés à partir des oléoducs qui y arriveraient), alors toute la géopolitique pétrolière et gazière de la région serait bouleversée à leur avantage. N’oublions pas l’Égypte, exportatrice de gaz naturel, et qui elle aussi aimerait voir son gaz raccordé à la Turquie via la Syrie.
Cette simple donnée pétrolière et gazière doit nous faire comprendre la raison pour laquelle la Syrie est attaquée par les Turcs, les Occidentaux et les monarchies du Golfe, et inversement pourquoi elle n’est lâchée ni par les Russes, ni par les Iraniens, ni par les Irakiens.
Il nous faut maintenant comprendre les dynamiques géopolitiques internes de la Syrie.
La Syrie c’est un peu plus de 20 millions d’habitants : 80% d’Arabes sunnites, 10% d’Alaouites une forme d’islam rattachée au chiisme, mais pas celui d’Iran) et 10% de chrétiens.
Bachar el-Assad a à ses côtés 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ne veulent pas d’une mainmise sunnite sur le pouvoir.
Il faut comprendre qui sont ces Alaouites. Il s’agit d’une communauté issue, au Xème siècle, aux frontières de l’Empire arabe et de l’Empire byzantin, d’une lointaine scission du chiisme, et qui pratique un syncrétisme comprenant des éléments de chiisme, de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Il est très important pour notre analyse de savoir que les Alaouites sont considérés par l’islam sunnite comme les pires des hérétiques. Au XIVème siècle, le jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, ancêtre du wahhabisme actuel et référence de poids pour les islamistes du monde entier, a émis une fatwa demandant leur persécution systématique et leur génocide.
Cette fatwa est toujours d’actualité chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans, c’est-à-dire tous ceux que le pouvoir alaouite affronte en ce moment !
Avant le coup d’État d’Hafez el-Assad en 1970, les Alaouites n’ont connu que la persécution de la part de l’islam dominant, le sunnisme.
Il faut quand même savoir que jusqu’en 1970, les bourgeois sunnites achetaient encore, par contrat notarié, de jeunes esclaves alaouites.
Les choses se sont arrangées avec l’installation de l’idéologie nationaliste baathiste en 1963, laquelle fait primer l’arabité sur toute autre considération, et surtout de 1970.
En résumé, la guerre d’aujourd’hui n’est que le nouvel épisode sanglant de la guerre des partisans d’Ibn Taymiyya contre les hérétiques alaouites, une guerre qui dure depuis le XIVème siècle ! Cette fatwa est à mon avis la source d’un nouveau génocide potentiel (semblable à celui du Rwanda) si le régime vient à tomber. Voilà une donnée essentielle que les Occidentaux font mine pourtant d’ignorer.
Pourchassés et persécutés durant des siècles, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leur croyance un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant même le mensonge et la dissimulation (la fameuse Taqqiya) pour échapper à leurs tortionnaires.
Mais alors vous vous demandez, comment ces Alaouites ont-ils fait pour arriver au pouvoir ?
Soumise aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, la bourgeoisie sunnite de Syrie (un processus similaire s’est produit au Liban) a commis l’erreur habituelle des riches au moment de l’indépendance du pays, en 1943. Le métier des armes à été relégué aux pauvres et non aux fils de “bonne famille”. L’armée a donc été constituée par des minorités : une majorité d’Alaouites mais aussi des chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites.
Hafez el-Assad venait de l’une de ces familles modestes de la communauté alaouite. Il est d’abord devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la défense avant de s’emparer du pouvoir par la force afin de donner à sa communauté sa revanche sur l’Histoire (avec ses alliés Druzes et chrétiens).
Vous comprenez donc tout de suite que le régime, soutenu par 2 millions d’Alaouites, sans doute 2 à 3 millions d’autres minorités, mais aussi une partie de la bourgeoisie sunnite notamment de Damas, dont les intérêts économiques sont désormais très liés à la dictature, n’a pas d’autre choix que de lutter à mort.
Quand je dis lutter à mort, je parle du régime que je distingue de Bachar el-Assad. Le régime est plus puissant que Bachar et peut s’en débarrasser s’il estime qu’il en va de sa survie. Mais s’en débarrasser éventuellement ne signifie pas mettre une démocratie qui aboutirait inéluctablement (mathématiquement) au triomphe des islamistes, comme en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen…
Les Chrétiens de Syrie ont vu ce qui s’est passé pour les Chrétiens d’Irak après la chute de Saddam Hussein. Ils voient ce qui se passe en Égypte pour les Coptes, après la victoire des islamistes. Les Druzes savent aussi qu’ils sont, comme les Alaouites, considérés comme des hérétiques à détruire par les combattants salafistes et les Frères musulmans.
Il est absolument illusoire de penser, comme on le pense en Occident, que les Alaouites accepteront des réformes démocratiques qui amèneraient mécaniquement les salafistes au pouvoir.
Je le répète : l’erreur consiste à penser que le pays est entré en guerre civile en 2011. Il l’était déjà en 1980 quand un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de l’air d’Alep, a mis de côté des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya. Les Frères musulmans l’ont payé cher en 1982 à Hama, fief de la confrérie, que l’oncle de l’actuel président a rasée en y faisant peut-être 20 000 morts. Les violences intercommunautaires n’ont en réalité jamais cessé mais cela n’intéressait pas l’Occident car il n’y avait à ce moment aucun agenda pétrolier et gazier concernant la Syrie, ni aucun agenda contre l’Iran.
On dit que le régime est brutal et il est évidemment d’une brutalité incroyable, mais ce n’est pas le régime en soi qui est brutal. La Syrie est passée de l’occupation ottomane et ses méthodes d’écorchage vif, au mandat français de 1920 à 1943, aux anciens nazis réfugiés à partir de 1945 qui sont devenus des conseillers techniques, et ensuite aux conseillers du KGB. C’est évident qu’il n’y a rien à attendre de ce régime en matière de droits de l’homme, de réformes démocratiques… Mais il n’y a rien à attendre non plus des rebelles islamistes qui veulent prendre le pouvoir, et qui disposent d’une fatwa fondamentale pour organiser un véritable génocide des Alaouites. Et d’ailleurs attend-on quelque chose de l’Arabie Saoudite en matière de droits de l’Homme ?
Nous avons un vrai problème de traitement de l’information à propos de la Syrie, comme nous l’avions hier s’agissant de l’Irak, de la Yougoslavie, de la Libye. Une fois de plus le manichéisme médiatique occidental est à l’œuvre, la machine à fabriquer les Bons et les Méchants, en réalité en fonction surtout des intérêts occidentaux. La source unique, je dis bien unique, des médias occidentaux est l’OSDH (Observatoire syrien des Droits de l’Homme) lequel donne par exemple à l’Agence France Presse l’état de la situation en Syrie, le nombre de morts, de blessés, les exactions etc…
Or qu’est-ce que l’OSDH ? Il s’agit d’une émanation des Frères musulmans qui est dirigée par des militants islamistes et dont le fondateur, Ryadh el-Maleh, a été condamné pour violences. Basé à Londres depuis la fin des années 1980, il est sous la protection des services britanniques et américains et reçoit des fonds du Qatar et de l’Arabie Saoudite.
Outre l’OSDH comme référence médiatique, la référence politique des médias occidentaux c’est le Conseil National Syrien, créé en 2011, à Istanbul, sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative du parti islamiste turc, l’AKP.
Financé par le Qatar, le CNS a été coulé dans sa forme initiale à la conférence de Doha, début novembre 2012 par Washington. Les États-Unis considéraient en effet depuis des mois qu’il n’était pas assez représentatif et ont suscité à la place la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolution. La réalité est que les Américains trouvaient que la France avait trop d’influence sur ce Conseil où elle avait placé l’opposant syrien sunnite Burhan Ghalioun, professeur de sociologie à la Sorbonne. On retrouve là une compétition franco-américaine semblable à celle qui s’était produite en Libye, où petit à petit l’influence française sur les rebelles anti-Kadhafi a été annulée par l’action souterraine des Américains. Il faut dire que si la France compte sur des professeurs de sociologie pour défendre ses intérêts au Moyen-Orient, elle s’expose à bien des déconvenues…
À la manœuvre en coulisse, le redoutable et très intelligent ambassadeur américain Robert S. Ford, considéré comme le principal spécialiste du Moyen-Orient au département d’État ; il fut l’assistant de John Negroponte de 2004 à 2006 en Irak où il appliqua la même méthode qu’au Honduras : l’usage intensif d’escadrons de la mort. Peu avant les évènements de Syrie, il fut nommé par Obama ambassadeur à Damas et prit ses fonctions malgré l’opposition du Sénat.
Cet ambassadeur a fait mettre à la tête de la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolutionune personne dont la presse ne parle pas : le cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib.
Son parcours est intéressant et vous allez assez vite comprendre pour quelle raison je m’y attarde.
Il est un ingénieur en géophysique qui a travaillé 6 ans pour la al-Furat Petroleum Company (1985-1991), une joint-venture entre la compagnie nationale syrienne et des compagnies étrangères, dont l’anglo-hollandaiseShell. En 1992, il hérite de son père la prestigieuse charge de prêcheur de la Mosquée des Ommeyyades à Damas. Il est rapidement relevé de ses fonctions par le régime baathiste et interdit de prêche dans toute la Syrie. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque la Syrie soutient l’opération américaine Tempête du Désert pour libérer le Koweït et le cheikh, lui, y est opposé pour les mêmes motifs religieux qu’Oussama Ben Laden : il ne veut pas de présence occidentale sur la terre d’Arabie. Ce sheikh se fixe ensuite au Qatar puis, en 2003-2004, revient en Syrie comme lobbyiste du groupe Shell. Il revient à nouveau en Syrie début 2012 où il enflamme le quartier de Douma (banlieue de Damas). Arrêté puis amnistié il quitte le pays en juillet et s’installe au Caire.
Sa famille est bien de tradition soufie, donc normalement modérée, mais contrairement à ce que dit l’AFP, il est membre de la confrérie des Frères musulmans et l’a montré lors de son discours d’investiture à Doha. Bref, comme Hamid Karzai en Afghanistan, les Américains nous ont sorti de leur chapeau un lobbyiste pétrolier !
Maintenant que nous avons donné des éléments d’analyse sur les forces internes à la Syrie, regardons le jeu des forces régionales externes.
Je l’ai dit, la crise syrienne a éclaté à cause de l’ingérence saoudienne et qatarie (soutenue par les ingérences française, britannique et américaine). L’Arabie Saoudite et le Qatar, avec chacun leurs clientèles, défendent un projet islamiste sunnite pour le Moyen-Orient. De la Libye jusqu’à la Tunisie et l’Égypte, ils ont soutenu le printemps arabe, l’ont peut-être même dire suscité, amenant au pouvoir les Frères musulmans et les salafistes, eux-mêmes en concurrence pour l’établissement d’une société arabe islamique réunifiée dans un seul et même État islamique. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la symétrie étrange entre les Révolutions colorées soutenues par les Américains dans la périphérie de la Russie au début des années 2000, et les révolutions arabes soutenues par le Qatar, l’Arabie Saoudite et sans doute aussi discrètement Washington, au début des années 2010.
En revanche, Ryad et Doha ont bloqué l’éclosion d’un printemps chiite à Bahreïn, et sont intervenus militairement pour sauver la monarchie sunnite bahreïnie confrontée au soulèvement chiite (rappelons que les chiites représentent 70% de la population de Bahraïn, et n’ont rien de négligeable au Koweït ou aux Émirats). Ce fut, en 2011, la deuxième fois après la guerre du Koweït que l’accord mutuel de protection du Conseil de Coopération du Golfe, dit Bouclier du désert, fut mis en action.
Le printemps arabe, dont certains soulignent, à juste titre, qu’il s’est en fait transformé en hiver islamiste, a profité aussi fortement aux pays sunnites du Golfe sur le plan économique. Après la crise de 2008 qui avait notamment touché les Émirats Arabes unis, les monarchies sunnites du Golfe ont vu affluer les fortunes amassées sous les dictatures tunisienne, libyenne, égyptienne. Cet argent amassé sous les régimes effondrés ou en voie d’effondrement ne peut plus aller en Europe, ni même en Suisse, car les règles bancaires (compliance) ne le permettent vraiment plus. Il va donc à Dubaï essentiellement.
Par ailleurs, la chute des exportations de pétrole et de gaz libyen, due à la guerre de 2011 en Libye, a été compensée par une hausse sensible de la production et des exportations de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Émirats Arabes Unis, ce qui a dopé l’économie de ces pays en 2011 et 2012.
Face au jeu sunnite des monarchies du Golfe, l’Irak dominé par les chiites, l’Iran bien sûr et la Syrie, ont formé un axe que l’on peut qualifier de chiite puisque les Alaouites sont une branche particulière du chiisme et qui essaie de résister à la terrible alliance Occident/Turquie/monarchies sunnites du Golfe.
Dans ce jeu complexe, se pose alors la question du jeu d’Israël. Paradoxalement, c’est peut-être le moins simple et l’erreur consisterait à vouloir attribuer à Israël, par facilité, “la main cachée qui dirige”.
Israël, en effet, a longtemps eu comme ennemi principal le nationalisme arabe. L’idéologie baathiste a combattu l’existence d’Israël et soutenu le droit des Palestiniens à récupérer leur terre. Le projet d’un monde arabe unifié, développé et modernisé économiquement grâce aux ressources pétrolières, et avançant vers l’arme atomique (Irak) a longtemps été le cauchemar prioritaire de Tel Aviv.
Mais le nassérisme est mort, puis le baathisme irakien après lui. Reste aujourd’hui le baathisme syrien, mais il est affaibli, et le rêve de Grande Syrie nourri par Damas est contradictoire depuis bien longtemps avec le nationalisme palestinien.
Le problème principal d’Israël maintenant, ce sont ces Frères musulmans qui triomphent partout. Ils ont commencé à s’installer via le Hamas à Gaza (en concurrence avec l’OLP qui tient la Cisjordanie et cette division chez les Palestiniens est conforme aux intérêts israéliens) ; ils sont au pouvoir en Turquie alors que l’armée turque a longtemps été un allié fiable d’Israël ; maintenant l’AKP constitue un problème pour les Israéliens (souvenez-vous de l’affaire de la flotte de Gaza) ; les Frères musulmans sont aussi au pouvoir en Égypte depuis la chute de Moubarak (Égypte avec laquelle, depuis 1978, les Israéliens ont un accord de paix), ils sont forts en Jordanie (accord de paix depuis 1995), ils sont en Tunisie, en Libye, ils sont majoritaires en Syrie et essaient de prendre le pouvoir… Bref Israël assiste à une marée montante de Frères musulmans et de salafistes qui envahit tout le Moyen-Orient et menace ses portes, et ces gens-là ne sont pas particulièrement favorables à la reconnaissance du droit d’Israël à vivre en paix. Leur projet d’État islamique unifié regarde Israël comme les États latins croisés du Moyen-âge.
Il est donc loin d’être certain que la politique américaine de soutien aux islamistes fasse l’unanimité chez les Israéliens. Ceux-ci se sentent de plus en plus seuls. Cette politique pro-islamique de l’Occident pourrait même pousser Israël à trouver des parrains plus fiables que les Américains, la Russie, la Chine ou l’Inde (qui coopère déjà militairement fortement avec Israël face au Pakistan)…
Israël se prépare sans doute, dans un Moyen-Orient où les États d’aujourd’hui cèderaient de plus en plus la place à des États ou régions autonomes homogènes sur le plan confessionnel (sunnites, chiites, Alaouites…) ou ethniques (Kurdes face aux Arabes), à de nouvelles alliances afin de contrer le danger islamiste sunnite.
On ne peut pas exclure ainsi un retournement de l’histoire où Israël serait à nouveau proche de l’Iran, s’entendrait avec un Irak dominé par les chiites, ce qui lui permettrait d’éteindre le problème du Hezbollah libanais, soutiendrait un petit réduit alaouite en Syrie, un État kurde également… N’oublions pas en effet que le problème principal qui détermine tout pour les Israéliens c’est le problème palestinien. Si les Palestiniens du Hamas se mettent dans les bras du Qatar et de l’Arabie Saoudite (rappelons la visite historique du l’émir du Qatar début novembre à Gaza), alors l’hypothèse de l’alliance chiite n’est pas à exclure.
Comme je l’ai dit, une donnée essentielle est que sur le plan énergétique Israël dispose de l’autosuffisance pour le gaz, et que sur le plan pétrolier rien n’empêche demain, si retournement stratégique il y avait, que le pétrole vienne du Kurdistan irakien ou des chiites d’Irak ou d’Iran.
Le nucléaire iranien dans tout cela ? La réponse à la perspective du nucléaire iranien est-elle à votre avis dans une guerre suicidaire contre l’Iran ou dans une entente avec un futur Iran nucléaire contre l’islam sunnite ? La réponse me semble être dans la question.
Je crois personnellement que la relation États-Unis/Israël va se distendre tout simplement parce que les Américains sont de moins en moins gouvernés par des WASP (White anglo-saxons protestants) qui pour beaucoup étaient convaincus de la dimension sacrée d’Israël (chrétiens sionistes) et que pour des raisons identitaires (changement ethnique de la population des États-Unis) ce phénomène est quasi-irréversible. Je crois que le même problème se pose en Europe. Le changement de population en Europe de l’ouest, l’islamisation d’une partie de la population disons les choses, va contribuer à installer durablement des gouvernements de gauche ou socio-démocrates qui seront de moins en moins favorables à Israël et de plus en plus tenus par des minorités musulmanes agissantes. Un indicateur de cette tendance de fond est que la plupart des extrêmes droites européennes qui avaient une tradition antisémite deviennent au contraire anti-musulmanes et pro-israéliennes.
En conclusion, essayons de tracer quelques perspectives, même s’il est très difficile de prédire l’avenir au Moyen-Orient.
Premièrement, même s’il a en face de lui une majorité de sa population, je pense que le régime syrien peut tenir longtemps car il n’est pas isolé. Deuxièmement, sa cohésion interne est forte pour les raisons que j’évoquais (une guerre de survie pour les minorités confessionnelles au pouvoir) ; troisièmement, le soutien de la Russie est ferme. Et le régime enfin n’est pas enclavé puisqu’il est lié à ses voisins irakien et iranien qui le soutiennent.
Donc la situation actuelle peut perdurer, le conflit pourrir. 37 000 morts selon l’ODSH (source rébellion) au 10 novembre 2012 et 400 000 réfugiés syriens (Turquie, Liban, Jordanie, Irak) ? Certes c’est énorme, mais nombreuses aussi sont les guerres civiles qui ont dépassé les 100 000 morts et qui se sont traduites par le retour aux équilibres initiaux. Ce n’est pas le nombre de morts ou même la majorité qui déterminent l’issue : ce sont les rapports de force réels, internes, régionaux et mondiaux.
Si le régime venait cependant à s’effondrer, je n’envisage pas une seconde que les minorités puissent accepter de rester dans le cadre national actuel sans l’obtention de garanties occidentales extrêmement fortes quant à leur sécurité physique. Et même avec ces garanties j’en doute. Elles signeraient leur arrêt de mort d’autant qu’étrangement les Français et les Américains qui soutiennent et arment la rébellion n’ont demandé aucun engagement “anti-génocidaire” après la chute éventuelle de Bachar. On peut imaginer alors l’Iran et l’Irak soit accueillir ces minorités, soit favoriser, avec l’appui de la Russie, la formation d’un réduit alaouite avec notamment un couloir stratégique jusqu’à Tartous. Mais le problème resterait entier car ce que veulent les Occidentaux c’est l’accès syrien à la Méditerranée et le transit pétrolier et gazier par le territoire de la Syrie.
Mais au risque de vous surprendre, je pense que la baisse de la médiatisation par l’Occident du conflit syrien est le symptôme d’une réalité : l’Occident est en train de perdre la guerre en Syrie. Il peut soutenir le terrorisme à Damas et contre les forces de sécurité, lesquelles opposent une répression cruelle, mais il ne dispose pas de la capacité d’abattre l’appareil sécuritaire syrien. L’armée syrienne dispose de la maîtrise de l’espace aérien et ce n’est pas demain la veille que la France et les États-Unis prendront la responsabilité d’une guerre mondiale avec la Russie. Donc je crois que le régime va tenir. On est arrivé à la situation étrange où la France doit régler le problème d’Al Qaïda au Mali et soutient indirectement Al-Qaïda en Syrie. Le monde est décidément fou.
Une fois de plus, tout ramène à la question iranienne. L’Iran est la clé du futur Moyen-Orient. Si l’Iran revient à son alliance stratégique avec les États-Unis d’avant la Révolution chiite islamique de 1979, alors on peut penser que les États-Unis et Israël s’appuieront sur le chiisme pour faire contrepoids à un islam sunnite globalement hostile à l’Occident. Mais une autre hypothèse est possible : que les États-Unis, la France (n’oublions pas que les priorités de Paris sont aujourd’hui Doha et Ryad) et la Grande-Bretagne, proches de la Turquie (membre de l’OTAN) restent fortement alliées aux monarchies sunnites et entretiennent de bonnes relations avec les républiques dominées par les Frères musulmans (Tunisie, Égypte, mais quid de l’Algérie demain ?) et alors on ne peut pas exclure qu’Israël se découple de l’Occident pour se rapprocher d’un axe Russie/monde chiite hostile à la Turquie et aux monarchies pétrolières.
Reste en suspens aussi l’éternelle question kurde avec le jeu de la Turquie.
Enfin il ne faudrait pas oublier les inquiétantes évolutions dans certains pays d’Europe de l’Ouest comme la France, le Royaume-Uni, la Belgique, pays ou des minorités musulmanes sunnites de plus en plus structurées sur le plan identitaire, de plus en plus revendicatives sur le plan de l’islam, de plus en plus financées par les monarchies sunnites (voir les investissements du Qatar en France), vont sans doute jouer un rôle croissant dans la définition des politiques étrangères de ces pays. Comme vous le savez, en matière de politique étrangère (on l’a vu longtemps s’agissant du lobby juif aux États-Unis), ce ne sont pas les majorités dormantes qui pèsent sur la décision, ce sont au contraire les minorités agissantes organisées. Or dans l’Ouest de l’Europe, ce que l’on a longtemps appelé le lobby juif est de plus en plus faible, concurrencé par le poids du lobby pro-musulman ou pro-arabe dans les partis de gauche notamment.
Une chose finalement est certaine : avant que nous n’aboutissions à de nouveaux équilibres au Moyen-Orient, le chemin sera pavé de nombreuses souffrances…
Aymeric Chauprade http://www.theatrum-belli.com
Conférence donnée à Funglode, Saint Domingue, le 27 novembre 2012.
Professeur de géopolitique à l'École de Guerre de 1999 à 2009, professeur invité dans de nombreuses universités étrangères et conseiller géopolitique de plusieurs chefs d'État, Aymeric Chauprade a puissamment contribué à la renaissance de la géopolitique en France. Il dirige une collection aux Editions Ellipse. Auteur d'un monumental ouvrage "Géopolitique - Constantes et changements dans l'histoire" (qui en est à sa troisième édition), et d'un ouvrage de vulgarisation "Chronique du choc des civilisations" (qui est est a sa deuxième édition).
Source du texte : REALPOLITIK.TV
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Le système économique mondial et le trafic de drogue
Antonio Maria Costa a déclaré récemment, sur France Culture, que l’argent de la Mafia avait permis le sauvetage de plusieurs banques. Etrangement, cette information ne fait pas la une.
Antonio Maria Costa est directeur de l’UNODOC (office des Nations unies contre la drogue et le crime).
Interviewé par le journaliste Gregor Seither il affirme que : « certains crédits interbancaires ont été récemment financés par de l’argent provenant du trafic de drogue et d’autres activités illégales ».
Costa estime les revenus mondiaux du commerce de la drogue à environ 400 milliards d’euros annuels, et ajoute-t-il « selon nos recherches, la majorité de cet argent a été absorbé dans le système économique légal et a servi de pilier fondamental contre la crise ». Et plus loin : « les prêts interbancaires ont été financés par les revenus de la vente de la drogue et autres activités illégales. Il y a clairement des signes qui montrent que certaines banques ont été sauvées par cet argent ».
L’ONU estime que le blanchiment, toutes origines confondues, représente 1000 milliards de dollars par an (source : Thierry Francq et Alain Damais, problèmes économiques, n° 2674, 19 juillet 2000, p2).
L’Espagne, porte d’entrée de la cocaïne colombienne en saisit en moyenne 39 tonnes par an, mais combien de tonnes passent entre les mailles du filet ?
Au Maroc, depuis le début des années 90, les sources officielles évaluent à 2 milliards de dollars l’apport du trafic de haschich au PIB marocain, et c’est la première ressource financière du pays. Et d'après Antonio Maria Costa, « les caractéristiques nuisibles du cannabis ne sont pas différentes de celles d'autres drogues naturelles comme la cocaïne ou l'héroïne. » Certains scientifiques ont même démontré que le cannabis pourrait causé de gros déficits génétiques chez l’enfant d’un fumeur régulier (insuffisance cardiaque, malformations, maladie génétique).
L’hebdomadaire « Austrian Weekly Profil » affirme que l’argent de la mafia italienne aurait été blanchi entre 2005 et 2007 à travers 14 comptes domiciliés dans des établissements autrichiens.
Roberto Saviano, un journaliste italien de 31 ans ne dit pas autre chose dans son livre « Gomorra », (chez Gallimard / octobre 2008) vendu à 2 millions d’exemplaires et la mafia l’a condamné à mort pour cela. Il affirme que les activités de la mafia ont un rapport avec les grandes sociétés européennes et que s’en prendre aux mafias c’est agresser l’économie toute entière. Pour lui, c’est la forme ultime du libéralisme dans une économie mondialisée. Un film, grand prix du festival de Cannes, a été tiré de son livre en 2008. Il est depuis sous protection policière.
Comme l’affirme Gregor Seither " dans un marché capitaliste où seul compte la valeur monétaire, l’argent de la drogue, du trafic humain et de la misère est un investissement comme un autre".
Mais pour lutter contre le blanchiment de l’argent de la drogue, il faut lever le secret bancaire. Là encore, s’attaquer aux banques privées c’est s’en prendre aux services secrets du monde entier, à toutes les mafias, aux familles et aux hommes dès plus influents.
Comme l’écrit le CAAT (conseil aide et action contre la toxicomanie) « la lutte contre la drogue n’est efficace que si l’on neutralise les moyens qui permettent aux trafiquants de dissimuler l’origine des fonds dont ils sont titulaires (…) on a constaté que les trafiquants utilisent largement le système bancaire et financier à cette fin, le secret bancaire interdisant aux établissements de crédit de divulguer des informations concernant leur clientèle ». Les banques privées reçoivent de l’argent d’on ne sait où, ensuite l’argent est réinjectée dans le marché mondial en toute légalité. Les banques privées sont comme un appel au meurtre, au braquage, au trafic illégal en tout genre.
Pourtant des lois existent qui permettraient aux banques d’agir, mais elles ne sont pas appliquées.
On peut donc s’interroger légitimement sur la continuation du secret bancaire ?
Réponse : Catherine Austin Fitts, directrice du Dillon Read, banque d’investissement à Wall Street.
Elle dévoila en 2007 lors d’un congrès que 500 à 1000 milliards de dollars d’argent en provenance du trafic de drogue servait à financer la croissance.
Elle affirmait « sans ces centaines de milliards qui gonflent artificiellement l’économie américaine, les USA subiraient une crise plus dure que celle de 1929 ».
Un système économique tellement humain.
Oui, le système économique mondial montre ici son côté tragique et grotesque. Mais n’est-il pas le reflet des êtres humains ? Ces derniers critiquent le système mais qui est l’origine du problème ? Qui est le problème, le dealer ou le drogué ?
On peut même étendre le débat, puisque un joint plein de cannabis et une cigarette pleine de produits chimiques ont comme dénominateur commun le tabac. Et le tabac est une addiction ; ceux qui le consomment ne peuvent s’en passer et l’interdire ne fera que pousser ses adeptes dans les bras des trafiquants. Le choix est donc entre le buraliste et le dealer. Cette drogue apparaît comme une nouvelle secte, et comme tout mouvement sectaire elle a ses fanatiques et ses victimes qui sont légions.
Cet argument renvoie à une question beaucoup plus vaste : la loi peut elle interdire une addiction ?
La réponse est évidente quand il s’agit d’une addiction au meurtre, au viol ou vol ; et la loi fait en principe dans ce cas la différence entre ceux qui sont responsables de leurs actes et ceux qui ne le sont pas. Elle l’est moins dans les cas où on peut soutenir qu’on ne nuit qu’à soit par ses actes. Et on peut soutenir, à mon avis à tort, que c’est le cas du tabac ( il faut pour cela négliger l’impact de la consommation de tabac sur le cout de la santé, le tabagisme passif et l’effet d’imitation qui pousse chaque génération à emboiter le pas de la précédente).
Pour ces actes d’automutilation, sous toutes leurs formes, le principe doit être simple : une société démocratique doit éloigner ses membres de ce qui peut leur nuire. Et pour cela, elle doit d’abord comprendre ce qui les amène à agir ainsi. Elle doit ensuite éduquer, inciter, puis interdire. Mais si l’interdiction n’est pas une perspective, au moins à moyen terme, la société est complice et l’éducation ne sert à rien. Pour le tabac, bien des choses restent à faire : enseigner intelligemment aux enfants que le tabac tue. Faire monter le prix du tabac à un niveau bien plus élevé. Rendre quasi invisible le nom des marques et uniformiser les emballages. Rendre les paquets les plus repoussants possibles (comme cela vient de commencer). Et annoncer que, au plus tard dans 15 ans, quoi qu’il arrive, la production, l’importation, et la consommation de tabac seront interdites. En tout cas, cela reste une hypothèse envisageable.
Il n’y a rien de pire qu’une loi inapplicable ; elle discrédite l’Etat de droit dans son ensemble. Avant de voter une loi, il faut donc créer les conditions de son acceptabilité sociale et se donner les moyens de la faire respecter. En particulier, à propos de toutes les addictions, il ne servira à rien de réduire l’offre si la demande se maintient ; aussi, avant de légiférer à leur propos, il faut comprendre leur raison d’être. Et c’est sans doute parce que nos sociétés ne savent pas, n’osent pas affronter cette question, parce qu’elles n’osent pas s’avouer à elles-mêmes que notre modèle de développement provoque des manques, qu’elles ont tant de mal à interdire ce qui les comblent.
Le tabac est consommé chaque jour par 1,3 milliards de personnes dans le monde et qui fait chaque année 5 millions de morts, soit plus que le sida et le paludisme réunis. La consommation de ce produit entraine d’immenses dépenses de santé et réduit partout la productivité des entreprises qui doivent laisser à leurs employés des pauses pour s’empoisonner en toute légalité. Et pourtant, on le laisse produire et vendre partout dans le monde. Et presque partout, faire de la publicité.
5500 milliards de cigarettes sont fumées chaque année. Une personne en meurt toutes les six secondes. Il a tué 100 millions de personnes au 20ème siècle, soit le double de la deuxième guerre mondiale. A ce rythme, selon l’OMS, il en tuera 1 milliard au 21ème siècle
Mais on ne l’interdit pas. Pourquoi ? Parce qu’il rapporte beaucoup d’argent aux Etats et régule la démographie de manière scandaleuse.
Toutefois, WikiStrike encourage chaque lecteur à trouver sa propre vérité. La chose la plus importante est de vivre dans l’amour et la sagesse. Et puis, toutes ces drogues peuvent êtres utiles si on les instrumentalisait savamment à des fins thérapeutiques (pour les malades), philosophiques (avant un débat), ou chamaniques (pour développer des capacités du cerveau encore insoupçonnées).
Mais ceci est une autre histoire.
Joseph Kirchner pour http://www.wikistrike.com
(source: agoravox, Jacques Attali)
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94% des députés européens soutiennent le massacre des Blancs en Afrique du Sud !
Un frémissement d'humanité répondrait-il aux canons du politiquement correct, prenant naissance dans ce temple du conformisme pleutre qu'est le parlement européen. Une règle de procédure introduite par trois députés non inscrits Philip Claeys (Vlaams Belang), Andréas Molzer (FPO) et Fiorello Provera (Ligue du Nord) protestant contre les meurtres de fermiers afrikaners vient de réunir 48 signatures de représentants de 19 Etats. On y relève quelques socialistes, Chrétiens-démocrates, Libéraux, comme le Belge Louis Michel, des membres non inscrits de ce que l'on appelle l'extrême droite et même... un communiste. En fait seul le groupe des Verts a refusé de signer l'interpellation. Ce qui d'ailleurs est tout à fait intéressant. Le peu ragoûtant Cohen-Bendit qui passe son existence à faire la leçon aux autres n'a rien à dire lorsque ceux que l'on massacre ne sont pas de son camp. On le savait il est vrai depuis longtemps. Piqûre de rappel.
Par ces temps bouleversés d'ailleurs les massacres d'enfants boers n'auront pas suscité une ride d'émotion chez les tartuffes qui, pendant quelques jours, se sont emparés de notre espace médiatique.
Sur les sites racistes noirs d'Afrique du Sud deux fonctionnaires de l'ANC ont diffusé pendant des mois une nouvelle comptine dont le refrain disait : « Un bébé blanc, une balle ». Les deux individus plastronnent toujours sur Internet. Mfundo Dlung-wane en rajoute même tranquillement sur le thème qui lui est cher : « Nous n'avons pas d'autre alternative que de tuer les bébés blancs. Simplement parce qu'ils vont grandir et opprimer nos bébés. C'est pourquoi nous tuons les bébés blancs. Lorsque le temps s'y prêtera, nous leur couperons la tête et ils deviendront des racistes blancs sans tête ». Alors imaginons une seconde - juste une seconde ! - le contraire. Un fonctionnaire des PTT qui chez nous posterait sur son site Facebook quelque chose comme : « Un bébé maghrébin ou un bébé noir... Une balle ». On doute que six mois plus tard, toujours dans son bureau de fonction il continuerait à faire le malin. Et pourtant on se marche sur les pieds, on rampe ici pour une caresse de quelque notable de l'ANC.
UN RACISME QUI NE DÉRANGE PERSONNE
C'est en mai 2010 que nos deux héros postent leur épigramme. A cette époque Jacob Zuma, président de la république d'Afrique du Sud, ne manque jamais de clore ses réunions publiques par une petite chanson dont le refrain est « Passe-moi ma mitraillette... ». C'est autre chose que le Karcher quand même ! Inspirée par toutes ces incitations venues de si haut, le 10 décembre de la même année une bande de bêtes féroces, âgées de 17 à 23 ans, déboule en plein après midi dans la petite ferme de Wilma et Attie Potgieter à Lindley dans l'État Libre d'Orange. D'abord les assaillants défoncent Attie, qui tente vaillamment de défendre sa famille, de 151 coups de "pangas", une lance effilée. Puis sur son corps sanglant ils jettent celui de Wilma qu'ils ont tuée d'une balle dans la tête après l'avoir soûlée de coups. Et sur ce tas de chairs encore frémissantes, lui ayant logé une balle dans la nuque, ils balancent le petit corps de Wiellemien âgée de deux ans. Pour couronner le tout la police (noire) du coin fit savoir dans un communiqué « qu'il s'agissait d'une banale tentative de vol qui avait mal tourné ». Sauf qu'il en est des milliers comme celle-là, qui ont mal tourné, des milliers d'enfants, de femmes, de vieillards Blancs découpés, éventrés, dépecés dans le beau pays "arc-en-ciel" de Mandela. Et ce n'est jamais du racisme quand les victimes de la barbarie sont blanches. Le silence complice des média fit une fois de plus la démonstration qu'il existe de bons terroristes comme il en est de monstrueux.
On pourra lire par ailleurs le texte singulièrement modéré voté au Parlement Européen par les 48 députés. A peine plus de 6 % des 736 inscrits. De quoi être atterré. C'est dire en somme que la quasi-totalité de ceux-ci - les mêmes qui ont poussé des cris d'orfraie lors des tueries d'Oslo ou du Sud Ouest - se contrefoutent de l'épuration ethnique pratiquée en Afrique du Sud contre les boers de la tribu blanche. Si tous les Partis sont représentés, les Verts exceptés - ce qui permettra de remettre à leur place les Mamère et les Joly lorsqu'ils viendront encore nous gonfler avec le terrorisme d'extrême droite —, une seule voix communiste, c'est vraiment le service minimum pour donner bonne conscience à Mélenchon. Et lui permettre à la première occasion de nous imposer ses prêchis prêchas de predikant à tablier de porc.
Ce qui frappe tout de même est que la presque totalité des tartuffes socialistes, centristes et gaullistes n'ont pas plus de compassion pour les enfants martyrs du platteland sud africain qu'ils n'en avaient il y a 50 ans pour les dizaines de petits Pieds-Noirs estropiés ou déchiquetés sous les bombes déposées par des terroristes. Que célèbre aujourd'hui de façon répétitive le service public français. Notamment la 2 et la 3 où fanfaronnent des porteurs de valises pour lesquels ces bombes là étaient légitimes. Les petits corps désincarnés n'étant que la rançon expiatoire ordinaire du colonialisme. Comme ils le sont aujourd'hui de l'apartheid.
René BLANC. Rivarol du 30 mars 2012