Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

insécurité - Page 1017

  • Après l’élection de Poutine et l’impasse syrienne : retour vers la Guerre froide ?

    « La Russie n'est respectée et prise au sérieux que lorsqu'elle est forte et qu’elle se tient fermement campée sur ses positions »
    Vladimir Poutine
    Président de la Fédération de Russie
    Déclaration de politique étrangère
    27/02/2012

    À l’heure de l’embrasement « démocratique » de l’Echiquier arabe, potentiellement contagieux à la périphérie post-soviétique, la Russie de Poutine redoute de nouvelles tentatives de déstabilisation extérieures destinées à bloquer son retour sur la scène mondiale.
    Face aux nouvelles menaces grevant la zone d’influence russe, aux risques de propagation des récentes « révolutions » et en raison de l’impasse syrienne enfantée par les crises arabes, on peut craindre dans un avenir proche une opposition frontale entre les axes arabo-occidental et sino-russe ou, du moins, l’exacerbation de cette rupture entre les deux pôles dominants de cette crise géopolitique majeure.
    Cette rupture semble d’autant plus irréversible que la « rébellion » anti-Assad, financée et armée de l’étranger, encouragée par sa légitimité médiatique, a très durement frappé, le 19 juillet 2012, le cœur politique de la Syrie : Damas – et, un peu plus tard, son cœur économique : Alep. Avec, à la clé, le massacre de citoyens et de loyalistes pro-Assad, étrangement occulté par les médias occidentaux. Depuis, c’est un engrenage sanglant et sans fin qui s’amorce, alimenté par des techniques terroristes : « le terrorisme arrive en tête des méthodes utilisées par l'opposition armée » a affirmé le 12 novembre 2012, Maria Zakharova, porte-parole du MID. Un point de non retour a été atteint.
    Cette montée bipolaire des tensions est attestée par un ensemble de signes, dont la mise en scène savamment orchestrée de la réunion du 6 juillet 2012 des (faux) « Amis de la Syrie », destinée à donner une forme de légitimité politique à la rébellion. Cette réunion a été fort justement occultée par russes et chinois, en raison de décisions pré-établies, supervisées par le grand frère américain et unilatéralement focalisées contre la « sanguinaire dictature » Assad. Ces curieux « amis » se réfèrent de plus en plus (via la Ligue arabe) au chapitre VII des Nations Unies autorisant une intervention militaire et à l’idée (via la Turquie) d’instaurer un couloir d’exclusion aérienne en Syrie – voire, à terme, d’imposer (via la France) un gouvernement transitoire. Aujourd'hui, tout s’accélère et on note une radicalisation croissante des « Amis de la Syrie » avec, notamment, une condamnation redondante du régime syrien sur la scène médiatique des Nations Unies – tel un étrange ritualisme.
    Selon un scénario déjà bien huilé, car expérimenté en d’autres circonstances marquées par la désinformation comme pratique d’Etat instituée, ces « amis » prônent l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution donnant la possibilité d’un recours à la force. En fait, une telle action militaire pourrait se réaliser sans le feu vert onusien, dans l’hypothèse d’un gouvernement provisoire reconnu par l’Occident et apte, dès lors, à demander une « aide extérieure » sans l’aval du Conseil de sécurité. Une autre alternative – militairement peu viable – serait d’intervenir dans le cadre institutionnalisé de la Ligue arabe, sur la base d’une « force d’interposition ». De manière allègre, les diplomaties arabo-occidentales œuvrent en ce sens et, désormais, elles alimentent une forme de violence légitime, ouvertement dénoncée par Vladimir Poutine, le 26 septembre 2012 : « L'incitation sous toutes ses formes à la violence pour le renversement d'un régime ne mène qu'à l'impasse. La violence engendre la violence » .
    En théorie, l’enjeu est d’assurer la paix civile mais, en réalité, d’amener l’instabilité syrienne à un seuil critique justifiant une intervention étrangère. Dans le même temps, il s’agit de défendre les intérêts géopolitiques des monarchies arabes liées aux pétrodollars et donc, à leur rente énergétique – intérêts étroitement corrélés à ceux des démocraties occidentales, enclines à redessiner à leur profit la carte énergétique de la région. En définitive, il s’agit aussi de redistribuer les cartes politiques dans le pays et, en conséquence, dans une région stratégique, au détriment de l’axe sino-russe. Un non-dit, certes politiquement correct, au service des intérêts américains.
    L’objectif ultime et implicite de la coalition d’intérêts arabo-occidentale est donc d’éliminer le régime Assad (perçu comme excessivement « anti-américain ») contre l’avis des dirigeants chinois et russes, redoutant une déstabilisation régionale et l’arrivée au pouvoir des radicaux islamistes – qui pourrait, bientôt, gangréner leur propre espace politique. Ainsi, selon le ministère russe des Affaires étrangères, « (…) les renseignements fournis par des acteurs extérieurs à l'une des parties en conflit risquent d'aggraver la crise en Syrie et de déstabiliser non seulement ce pays, mais aussi l'ensemble du Proche-Orient » . Cette montée de l’Islam radical (de l’extrémisme religieux, en général) est définie dans la pensée stratégique russe et, dès l’année 2000, – grâce à l’inflexion alors opérée par Poutine – parfaitement anticipée par son Concept de sécurité, comme une « nouvelle menace ». Une telle évolution est d’ailleurs amorcée au Moyen-Orient et, désormais, en Afrique – au Mali et au Nigeria pour commencer – comme sous-produit collatéral d’un « Printemps arabe » qui pourrait, in fine, s’étendre à la périphérie post-soviétique. Un effet domino, désormais incontrôlable et, paradoxalement, encouragé par l’Occident – prémices d’un « Hiver islamiste ».
    Dans cette optique, et au regard de l’émergence de deux axes politiques antagonistes, impulsés par les leaderships américains et russes selon l’ancienne logique conflictuelle Est/Ouest, peut-on réellement parler de retour vers la Guerre froide ? Et, au final, la réélection de Vladimir Poutine, insidieusement contestée par la stratégie informationnelle de Washington, via ses ONG moralisatrices, ne va-t-elle pas accélérer cette évolution ?
    Désidéologisation, dialogue de sourds et paix des braves : amorce d’un rapprochement ?
    La disparition de l’Union soviétique, en décembre 1991, a précipité le recul des grandes idéologies structurantes du XX° siècle, porteuses de visions révolutionnaires et émancipatrices, voire de croyances irrationnelles, pour les peuples opprimés.
    Dans un premier temps, cette disparition a fait naître l’espoir d’un ordre mondial post-guerre froide plus égalitaire et enfin apaisé. Et certes, en dépit d’une certaine tension entretenue par la politique agressive des administrations Clinton et Bush, renforcée par la double extension de l’OTAN et de son bouclier nucléaire à l’Est poursuivant l’encerclement stratégique de la Russie, la conflictualité américano-russe a semblé, alors, diminuer.
    Toutefois, depuis le début des années 2000, avec le « prétexte » afghan et sous la poussée du vent libéral de l’histoire, porteur de valeurs morales supérieures au nom d’une troublante « destinée manifeste », on observe une intrusion croissante de l’axe OTAN-USA dans l’ancien espace soviétique, principalement en zones caucasienne et centre-asiatique. Moscou suspecte l’administration américaine d’instrumentaliser la mouvance islamiste pour éroder les bases historiques de sa domination et, au-delà, de sa légitimité dans cette région particulièrement convoitée. Elle redoute, notamment, une contagion révolutionnaire issue d’un « Printemps arabe » guidé de l’Etranger.
    Dans cette optique, en créant de l’instabilité dans les parties musulmanes de la zone d’influence russe, les crises arabes sont une opportunité pour Washington d’y poursuivre son avancée et, par ce biais, bloquer le retour russe dans sa proche périphérie – considéré, par Moscou, comme le passage obligé et préalable de son retour sur la scène mondiale. Cette ingérence américaine dans les « révolutions » arabes, avec l’aide des monarchies du Golfe, est amèrement regrettée par V. Poutine. Selon lui, cette « ingérence extérieure (…), ainsi que le caractère militaire de cette ingérence, ont contribué à une évolution négative de la situation » . Dans la mesure où les grands axes traditionnellement « anti-russes » de la diplomatie américaine sont maintenus, le récent rapprochement initié par l’administration Obama doit donc être relativisé. En quelque sorte, une forme de paix « froide ».
    En réalité, la relance du dialogue entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide répond d’abord à la nécessité de s’entendre sur des points cruciaux exprimant des intérêts stratégiques communs. Ces derniers intègrent les nouvelles menaces a-idéologiques du XXI° siècle, dont celles liées à la montée d’idéologies nationalistes, religieuses et identitaires surfant sur le levier terroriste. Ces intérêts sont, par définition, prioritaires et défendus dans le cadre d’une stratégie de long terme définie à l’échelle de l’Eurasie, montrant une redoutable cohérence et s’appuyant – si nécessaire – sur un ensemble de compromis temporaires entre leaderships concurrents. Au final, cette évolution a débouché sur un équilibre d’intérêts relativement fragile et faisant l’objet d’une renégociation permanente. En ce sens, l’équilibre géopolitique post-guerre froide est structurellement instable.
    Aujourd’hui, une sorte de pacte tacite lie américains et russes : aide russe en Afghanistan (utilisation du couloir aérien russe, formation et armement des militaires afghans, fourniture d’hélicoptères de combat, transmission du « savoir-faire russe » dans la lutte anti-terroriste) versus intégration (via l’OMC) de la Russie à l’économie mondiale, reconnaissance formelle du leadership russe et de ses prérogatives en périphérie post-soviétique, non intervention militaire (officielle) de l’axe OTAN-USA en Syrie (au moins jusqu’à l’élection présidentielle américaine) et amorce d’une (apparente) collaboration américano-russe. Cette collaboration concerne d’une part, la lutte anti-drogue en Asie centrale (principalement en Afghanistan, matrice de la narco-menace grevant la périphérie post-soviétique) et d’autre part, la configuration finale du bouclier anti-missiles européen (perçu par Moscou comme une menace majeure pour sa sécurité nationale). Dans la continuité du soviétisme, cette collaboration a priori « égalitaire » octroie à la Russie un statut de grande puissance reconnue et respectée, participant pleinement à la construction du Nouvel ordre international.
    Pourtant, ce pacte ne durera qu’un temps et il s’achèvera dès que la collaboration russe ne sera plus nécessaire pour Washington, sur les dossiers brûlants menaçant son leadership sur l’Echiquier eurasien. Pour l’heure – et bien qu’il frise parfois la provocation –, l’activisme américain dans l’ancien espace soviétique reste dans des limites politiquement « acceptables » pour la Russie. Mais pour combien de temps, encore ? Jusqu’à la (probable) réélection de Barack Obama, cet activisme sera consciemment gelé à un niveau modéré ne heurtant pas les susceptibilités russes – prudence politique oblige.
    Face à une redoutable puissance russe en reconstruction et avide de revanche contre son ennemi historique de la Guerre froide, Washington reste sur ses gardes.
    Une forme atténuée et actualisée de la Guerre froide, dans un sens plus « stratégique »
    Tendanciellement, les grandes puissances s’affrontent désormais sur l’espace eurasien, en vue du contrôle du cœur névralgique du nouveau monde, émergeant sous nos yeux.
    Cet espace concentre, en effet, les ressorts actuels et futurs de la croissance mondiale, à travers l’extraordinaire montée en puissance économique, technologique et démographique des NPI d’Asie. Dans la mesure où les puissances américaine, chinoise et russe ont parfaitement compris le caractère inéluctable de cette évolution, la région Asie-Pacifique est logiquement devenue une de leurs priorités stratégiques – attestée par une présence militaire renforcée et perceptible, notamment, à travers l’intensification des manœuvres navales. Dans cette optique, tous les coups sont permis sur le vaste Echiquier eurasien devenu, aujourd’hui, le lieu privilégié des stratégies manipulatrices de puissances ambitieuses et prises dans une implacable course au leadership. Toutefois, l’hyper-puissance américaine a un avantage énorme qui biaise la confrontation géopolitique, au sens où elle en fixe les règles du jeu, tout en imposant l’agenda de l’OTAN en charge de la sécurité mondiale et dont les compétences historiquement sécuritaires ont été anormalement étendues à la sphère politique. Cette orientation a été confirmée par le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen : « Nos intérêts en matière de sécurité se trouvent ici en Europe, dans l'ensemble de l'espace euro-atlantique et dans le monde entier » . Ce que les russes dénoncent comme une « OTAN globale ».
    Sur un plan plus économique, l’administration américaine verrouille les grandes orientations néo-libérales de la gouvernance mondiale grâce à son immixtion constante dans les principales instances décideuses : Banque mondiale, FMI, G8 et G20, OMC. Bien qu’en déclin tendanciel imputable à son incapacité économique à assumer l’interventionnisme issu de son leadership impérial , Washington cherche à « organiser » sa perte de puissance et à contenir les leaderships concurrents pour préserver les bases structurelles de son pouvoir sur la scène mondiale, en particulier, dans les espaces politiquement sensibles. En fait, cette priorité s’impose à l’administration américaine dès la fin des années 1990, comme le souligne à l’époque Zbigniew Brzezinski : « La tâche la plus urgente consiste à veiller à ce qu’aucun Etat, ou regroupement d’Etats, n’ait les moyens de chasser d’Eurasie les Etats-Unis ou d’affaiblir leur rôle d’arbitre » . Dans ce but, conformément aux préconisations de Brzezinski, il s’agit surtout pour la puissance américaine de freiner le rattrapage économique opéré par les puissances russe et chinoise, synonyme, à terme, de menaces géopolitiques majeures. Une raison fondamentale est que ce rattrapage est le levier permissif du renforcement de leur puissance et de leur réarmement accéléré – particulièrement redouté par Washington, qui a fait officiellement de la Chine, sa première menace stratégique sur longue période.
    Dans ses grandes lignes, la politique américaine s’exprime selon 3 axes, dans le cadre d’une véritable partie d’échecs avec les russes et les chinois, européens interposés.
    - D’abord, il s’agit de prendre le contrôle des Etats stratégiques – par leur position géographique et leur capacité de nuisance – de l’Eurasie, théorisés par Brzezinski sous l’expression « pivots géopolitiques ». Dans le cadre de mon analyse, je préfère plutôt parler de nœuds stratégiques. Le problème est que la plupart de ces « nœuds » se trouvent en périphérie post-soviétique, c'est-à-dire dans l’Etranger proche de la Russie, défini comme son pré-carré géopolitique. De manière globale, on peut considérer que l’Azerbaïdjan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan sont les nœuds prioritairement ciblés par Washington. En conséquence, il y a là les sources latentes d’une future conflictualité, au sens où l’expansion occidentale en vue du contrôle des nœuds stratégiques heurte ouvertement les intérêts russes, âprement défendus par la nouvelle orientation plus « nationaliste » et de reconquête de V. Poutine, au cœur de l’ancien espace soviétique. Ce dernier aspire à renouer avec la « grandeur russe », à son apogée sous le communisme – et, surtout, préserver les prérogatives « impériales » de la Russie dans sa proche périphérie, contre l’hostilité occidentale.
    - Ensuite, il s’agit de contrôler les couloirs et les grands axes énergétiques, via une politique multi-vectorielle de rapprochement avec des Etats stratégiquement ciblés, principalement dans le Caucase et en Asie centrale. Z. Brzezinski affirme ainsi, sans aucune ambigüité, que « nous devons nous efforcer délibérément d’instaurer des liens économiques plus nombreux et plus directs avec les pays d’Asie centrale en tant qu’exportateurs d’énergie » . Cela explique, conformément aux recommandations de Brzezinski, la montée d’une véritable « guerre des oléoducs » (ou guerre des « tubes ») à l’échelle de l’Eurasie post-communiste et cherchant à exclure la Russie des itinéraires clés, des nœuds stratégiques et, donc, de l’Asie centrale, quels qu’en soient les coûts – poursuite, sous une forme réactualisée, du « Grand jeu ».
    - Enfin, il s’agit de surfer sur les conflits régionaux (dont les crises yougoslave, kosovare, afghane, arabes, syrienne…) en vue de les intégrer dans une stratégie plus globale de déstabilisation des pouvoirs locaux potentiellement hostiles et, en cela, s’opposant à la volonté américaine d’extension de sa zone d’influence. Cette stratégie, parfois relayée par des ONG anglo-saxonnes, voire par des institutions internationales, a été appliquée à la lettre contre le régime de Kadhafi et très vite généralisée au Moyen-Orient. Ce que Moscou appelle le « scénario libyen », légalisé par de belles idéologies humanitaires et progressivement mis en œuvre en Syrie, en dépit de ses efforts diplomatiques sur la scène onusienne : « certains pays ont éliminé le régime libyen grâce à l'aviation, en se protégeant derrière des slogans humanitaires. Et l'apothéose a été atteinte lors de la scène répugnante du lynchage barbare de Mouammar Kadhafi. Il faut empêcher de réitérer le scénario libyen en Syrie » . Un signal fort envoyé par la Russie aux occidentaux – et surtout, une ligne rouge à ne pas franchir.
    A la base, la réussite de la stratégie américaine s’appuie sur le contrôle et la manipulation de l’information couvrant les zones de conflits qui, au final, rend moralement juste et surtout, nécessaire, l’ingérence extérieure – avec, le plus souvent, l’action décisive de la CIA, comme il y a peu en Syrie.
    En ce sens, l’information a une fonction clé dans la stratégie d’ingérence américaine.
    L’information, comme arme politique au cœur des stratégies d’ingérence
    Tendanciellement, comme l'a démontré Noam Chomsky, l'information est un des leviers privilégiés de l'administration américaine dans la déstabilisation des régimes potentiellement « ennemis » ou « gênants » .
    Cette fonction politique de l’information a été parfaitement vérifiée à partir des années 90, lors de l’implosion de l’ex-Yougoslave (élimination du président serbe Milosevic), des « croisades » anti-terroristes successives en Irak (élimination de Saddam Hussein) et de la « guerre d’Afghanistan » inaugurée en 1979, avec la déstabilisation d’un régime communiste et pro-soviétique (puis poursuivie en 2001, avec la croisade morale de G.W. Bush promettant le « paradis libéral »). On peut même remonter au coup d’état de 1973 contre le président chilien Salvador Allende, faussement accusé d’affamer son peuple – ancêtre des actuelles « révolutions », visant alors à stopper la contagion communiste avec la CIA comme vecteur de désinformation et qui, aujourd’hui, semble particulièrement active en zones caucasienne et centre-asiatique. Sans parler, naturellement, des « révolutions » arabes qui, étrangement, préservent les monarchies pétrolières du Golfe, pourtant loin d’être les premières démocraties de la région. De curieuses révolutions, à géométrie variable.
    De telles manipulations ont été le moteur des « révolutions colorées » d’inspiration néo-libérale en ex-URSS, dans les années 2000 (Géorgie, Ukraine, Kirghizstan) et auparavant, en Europe de l’Est, lors de la « chute du mur » en 1989 (Hongrie, Pologne, RDA, Roumanie, Tchécoslovaquie), qui marquent un sensible déclin international de la Russie. Depuis la fin de l’Union soviétique, ce déclin a donc été précipité par l’activisme politique américain en périphérie post-soviétique, sous couvert d’aides au développement économique et démocratique, en vue du « roll back » (reflux) de la puissance russe comme radicalisation du « containment » (endiguement) de Guerre froide.

    Troublantes permanences.
    Ce devoir d’ingérence a été institutionnalisé, sous la pression de l’axe USA-OTAN, comme nouvelle norme informelle de la régulation internationale axée sur l’usage « hypertrophié » de la force, pour reprendre le terme de V. Poutine. Dans son brutal avertissement de Munich, ce dernier affirme notamment : « Nous sommes en présence de l'emploi hypertrophié, sans aucune entrave, de la force - militaire - dans les affaires internationales, qui plonge le monde dans un abîme de conflits successifs. Par conséquent, aucun des conflits ne peut être réglé dans son ensemble. Et leur règlement politique devient également impossible » . On observera que, tendanciellement, la position russe privilégie une résolution politique – et non militaire – des conflits. Sur le « Printemps arabe », Moscou reste ainsi fidèle à sa position munichoise qui, contrairement à la vision conjoncturelle et opportuniste de l’Occident, s’appuie sur une approche structurelle et globale – donc cohérente sur long terme – de la crise.
    Cette dérive de la gouvernance néo-libérale, porteuse virtuelle d’instabilités à l’échelle internationale, est donc officiellement et régulièrement dénoncée depuis le célèbre discours de Munich en 2007. Les prochains Etats ciblés par cette stratégie d’ingérence semblent être la Syrie et l’Iran pour lesquels on prépare, avec allégresse, les raisons d’une future intervention occultant la légitimité onusienne sur la base, d’une part, d’une vision humanitaire arbitraire et, d’autre part, d’une politique de communication soigneusement « orientée ». De ce point de vue, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite et du Qatar, comme surprenante avant-garde de la « démocratie » arabe, les « Amis de la Syrie » auront un rôle décisif à jouer dans le destin de la « révolution » syrienne – avec, naturellement, la bénédiction américaine. Une manipulation programmée.
    Le précédent irakien (comme le drame syrien, avec le rôle politique clé de l’OSDH) montre bien, à quel point, on peut « fabriquer » des preuves dont la fiabilité est reprise, sans aucun contrôle des sources, par les médias occidentaux – par exemple, le supposé « soutien militaire » russe au président Assad, renforcé par la participation active de « conseillers » ; les « massacres répétés » de civils par les armées libyennes et syriennes (2012) ; l’existence « d’armes de destruction massive » en Irak (2002), de « camps de concentration » en Serbie (1992), « d’immenses charniers » à Timisoara (Roumanie, 1989) et, plus loin encore, « l’intervention imminente » de l’armée rouge dans la Pologne pré-révolutionnaire de Solidarność à la fin des années 80… Dans la plupart des cas, ces mensonges d’Etat ont justifié, dans une phase ultérieure, une action militaire – ou une ingérence indirecte, via des ONG – visant à renverser le pouvoir en place ou, du moins, à influer sur le cours politique. Pour plus de « démocratie ».
    Début juillet 2012, cela a poussé V. Poutine à prendre des mesures contre les ONG guidées de l’étranger et jouant, selon son expression, un rôle effectif « d’agent d’influence » dans la vie politique russe – ce qui est perçu comme une ingérence inadmissible et, au-delà, comme une atteinte à la souveraineté nationale de la fédération de Russie. La responsable de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, s’est empressée de condamner cette dérive « autoritaire et anti-démocratique » du Pouvoir russe qui, selon elle, empêchera le développement de la société civile. Désormais, au regard de la loi russe, sont considérées comme « agents de l’étranger » les ONG bénéficiant d’un financement étranger et menant une activité politique. Juste retour des choses.
    L’objectif implicite de la stratégie occidentale de désinformation est d’éroder, d’une part, la légitimité politique intérieure de V. Poutine et, d’autre part, la domination russe dans sa zone historique, en mettant en cause son soutien à des « dictatures » (Iran, Libye, Syrie, Biélorussie, Kazakhstan) mises hors la loi de la vie internationale et, par ce biais, affaiblir ses alliances traditionnelles. Avec le développement accéléré mais incontrôlé des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), on assiste à une véritable « guerre de l’information » – qui renforce la stratégie de « soft power », via les révolutions internet. Sans ambages, le discours de politique étrangère de V. Poutine dénonce la mise en œuvre d’une telle stratégie sur l’Echiquier arabe : « Le Printemps arabe a également mis en évidence l'utilisation particulièrement active des technologies avancées de l'information et de la communication dans la formation de l'opinion. On peut dire qu'Internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables, etc. se sont transformés, avec la télévision, en un outil efficace aussi bien de la politique nationale qu'internationale ».
    Plus loin, dans son discours, qui vise implicitement les puissances occidentales, le président russe condamne des manipulations évidentes conduisant, au final, à utiliser l’information comme levier de la politique étrangère : « On emploie de plus en plus souvent la notion de "puissance douce" (soft power), un ensemble d'outils et de méthodes pour accomplir des tâches de politique étrangère sans utiliser les armes, grâce à des leviers informationnels et autres. Malheureusement, ces méthodes sont souvent utilisées pour encourager et provoquer l'extrémisme, le séparatisme, le nationalisme, la manipulation de la conscience de l'opinion publique et l'ingérence directe dans la politique nationale des Etats souverains » . En tant que vecteur d’un nouveau type d’action idéologique et d’une forme de spontanéité incontrôlable par les régimes autoritaires centralisés, l’information devient donc une redoutable arme politique. Poutine l’a, récemment, appris à ses dépens.
    Cette insidieuse stratégie a été observée il y a peu en zone post-soviétique, notamment au Kazakhstan en décembre 2011, pays clé de l’Asie centrale, richement doté en énergies (étrange coïncidence) et dirigé par le leader pro-russe Nazarbaïev. Bien qu’aimé de son peuple, celui-ci est honteusement et injustement qualifié de « dictateur » par un Occident totalement déconnecté des réalités locales et ignorant la pression croissante exercée par la « menace islamiste ». Fin août 2012, l’Ouzbékistan a été (curieusement) réintégrée par l’administration Obama parmi les Etats « politiquement corrects », c'est-à-dire, respectant les droits de l’homme, dans la seule optique d’y réinstaller une base militaire après son départ d’Afghanistan en 2014. Sous G.W. Bush, pour des raisons politiques (isoler Moscou) et énergétiques (tracé des tubes) impliquant le renforcement de leur partenariat, l’Azerbaïdjan de la sanglante dynastie Aliev a été qualifiée par Washington « d’Etat-modèle » sur le chemin de la démocratie – troublant, tout de même. La politique (américaine) a ses raisons, que la morale ignore…
    De manière hautaine et redondante, l’Occident continue de donner des leçons de démocratie à des Etats dont les dirigeants font face à la violence meurtrière et aveugle de l’Islam radical – dont le leitmotiv est l’application « démocratique » de la Charia, peu regardante sur le droit des femmes et des droits humains, en général. Bien que répondant à un autre objectif, les récentes ingérences occidentales dans les dernières élections russes, via des ONG à financement américain comme Golos (« Voix »), chargées du contrôle de leur légalité, s’inscrivent dans cette stratégie permanente de désinformation. Le cas syrien – avec, cet été, la rumeur (déjà « rodée » en Irak) sur l’utilisation par le pouvoir d’armes chimiques contre la rébellion – en est la parfaite illustration. Inquiétante inertie.
    Lorsque G.W. Bush a lancé sa seconde « croisade » en Irak, au printemps 2003 – pour éliminer un régime autrefois ami mais devenu, soudain, terriblement gênant –, il a d’ailleurs reconnu que la première guerre à gagner était celle de l’information. Terrible et révélateur aveu.
    Emergence d’une Guerre tiède multidimensionnelle, comme nouvelle forme de conflictualité centrale
    Ainsi, à l’aube incertaine du XXI° siècle, la nouvelle guerre « tiède » qui émerge n’est plus centrée sur des variables idéologiques et une vision du monde messianique, mais davantage sur des variables stratégiques et multidimensionnelles, dans le cadre d’une politique désormais centrée sur la défense des intérêts nationaux – élargis à l’espace de domination. Nouveau réalisme oblige.
    Malgré tout, l’objectif ultime de la Guerre froide est resté dominant et axé sur l’élargissement des zones d’influence, progressivement érigées en « protectorats » politiques considérés comme espaces réservés, c'est-à-dire comme zones potentielles d’intervention. Dans ce but, on assiste à la création ou au renforcement d’alliances géopolitiques (Chine-Russie versus Europe-USA) et de coalitions politico-militaires (OCS versus OTAN). Autrement dit, en raison des maladresses occidentales, on assiste à une inflexion clairement asiatique de la politique étrangère russe, qui n’hésite plus désormais, avec le soutien de Pékin (et parfois de l’Inde), à s’opposer frontalement à l’unilatéralisme hautain de la gouvernance mondiale néo-libérale, porteuse de la pensée unique. Cela est attesté par l’attitude solidaire des russes et des chinois face aux « instabilités » arabes et par leur volonté de prévenir toute ingérence militaire de la coalition arabo-occidentale sous leadership américain, plus récemment en Syrie : « Nous ne soutiendrons aucune ingérence étrangère ou autre prescription imposée » , a réaffirmé le chef de la diplomatie russe, S. Lavrov. D’autant plus que, dans le cas syrien, c’est la présence russe dans la région qui est en jeu – et, donc, de manière implicite, son rapport de force avec Washington. Pour Moscou, les leçons yougoslave, irakienne et libyenne ont été retenues. Et cela suffit.
    Ainsi, l’évolution géopolitique récente est marquée par le renforcement d’un axe eurasiatique, s’appuyant sur le rapprochement sino-russe doublement accéléré par la crise syrienne et l’hostilité du comportement occidental. Catalysé par un partenariat stratégique renforcé, l’axe sino-russe est élargi, d’une part, aux anciennes républiques soviétiques (dont celles d’Asie centrale, via l’OTSC) et, d’autre part, aux nouvelles puissances émergentes (dont l’Inde, via l’OCS). Sur un plan plus structurel, cet axe vise à rééquilibrer l’asymétrie stratégique mondiale au détriment de l’axe occidental qui, au contraire, cherche à renforcer cette asymétrie par l’extension d’un bouclier anti-missiles global dont un élément majeur sera implanté en Europe, aux portes de la Russie. En définitive, ce bouclier permettra d’exercer une pression permanente – un contrôle oppressant – sur une puissance russe hors normes et insaisissable, voire imprévisible, perçue depuis la Guerre froide comme structurellement « instable » et, en ce sens, potentiellement menaçante. Fondamentalement, la rationalité de l’axe eurasiatique est donc structurée contre l’axe occidental.
    Dans ce contexte, les nouvelles menaces perçues par la Russie sont étroitement corrélées à l’évolution « anti-russe » de la stratégie occidentale post-guerre froide conduite en Eurasie : les dégâts collatéraux de la guerre d’Afghanistan et ses implications politiques en périphérie russe ; l’extension démesurée du rôle de l’OTAN et sa cooptation des anciens alliés de l’époque soviétique ; la menace de la composante européenne du bouclier anti-missiles américain et sa compression du potentiel nucléaire russe ; l’extension du « modèle » arabe dans l’espace politique russe en vue de sa déstabilisation, sous bienveillance occidentale ; la marginalisation et l’instrumentalisation de l’ONU dans la gestion des crises régionales, au profit de l’OTAN et contre les intérêts russes ; enfin, les tentatives de l’axe OTAN-USA de préserver son hégémonie politico-militaire dans le cadre du système unipolaire, en verrouillant la gouvernance mondiale et en freinant la montée des « émergents ». Dans son essence, une telle évolution exprime – principalement, à travers sa logique d’encerclement de la puissance russe – la trahison occidentale des promesses faites à l’Union soviétique en 1989, dont cette dernière reste l’unique héritière politique. Inutile gifle.

    À terme, se posera le problème du nouveau statut politique de la Russie (et de la Chine) dans l’ordre mondial issu du post-communisme. Cette question se présente avec d’autant plus d’acuités que, selon la terminologie de G. Sokoloff, la Russie a, d’une part, quitté son statut de « puissance pauvre » hérité de la désastreuse transition post-communiste impulsée par B. Eltsine et responsable du « chaos russe » et, d’autre part, réussi à la fois la relance de sa croissance – supérieure au trend occidental – et la restructuration de son économie. Bien qu’encore trop dépendant de son potentiel énergétique, le développement de sa puissance économique donne désormais, à la Russie, une certaine crédibilité géopolitique sur la scène internationale. Pour Hélène Carrère d’Encausse, c’est l’émergence d’un « monde post-occidental » pluraliste qui est en jeu, marquée par le relatif déclin de l’Occident accéléré par la montée géopolitique de l’Asie. Dans cette optique, se posera aussi la nécessité d’une réforme dans un sens plus démocratique de la gouvernance mondiale, reflétant l’inflexion des rapports de force au profit des puissances émergentes des BRICS – bientôt suivies par les NPI d’Afrique, bénéficiant d’une forte croissance économique depuis la seconde moitié des années 2000, supérieure au trend occidental et qui explique un indéniable « rattrapage ».
    En ce sens, sous l’impulsion de la Russie, c’est bien l’idée d’un Nouvel ordre international centré sur l’ONU et (trop) longtemps espéré par le Tiers-monde, qui reprend une certaine actualité. Ce que le dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, dès 1985, dans sa « Nouvelle pensée politique » (novoe myslenie), a appelé le Monde multipolaire et qui, très vite, est apparu comme le « pari perdu » de sa réforme radicale connue, en Occident, sous le nom de « Perestroïka » (restructuration). Cette notion de multipolarité a été reprise plus tard et popularisée par le « vieux soviétique », Evgueni Primakov, premier ministre (1998-1999) de la fédération de Russie sous Eltsine.
    L’influence de Primakov a été décisive dans l’inflexion asiatique et « anti-américaine » de la diplomatie russe, dans l’optique de démocratiser la vie internationale et, surtout, de rompre avec le suivisme occidental de l’administration Eltsine . Amère désillusion.
    Vers un point de non retour : l'émergence d'une Guerre tiède…
    Au-delà, c’est aussi le statut de l’arme nucléaire dans le monde – et sa fonction structurante des grands équilibres géostratégiques – qui se jouera et qui a fondé, jusqu’à aujourd'hui, l’existence internationale de la Russie.
    Cette configuration justifie la fonction politique de l’atome dans la stratégie de puissance de la Russie et, en cela, son rejet du projet anti-missiles américain au cœur de l’Eurasie, dans la mesure où il neutralise en partie sa force nucléaire stratégique et donc, érode sa légitimité internationale. Ainsi, selon V. Poutine, la fédération de Russie serait une cible potentielle du futur bouclier américain, « la défense anti-missiles (américaine en Europe) vise certainement à neutraliser le potentiel nucléaire russe ».
    En dépit de négociations de pure forme et d’illusoires promesses entretenues depuis le sommet de Lisbonne de novembre 2010, la Russie reste totalement exclue de ce projet. Ce qui, à terme, devrait la conduire à prendre des mesures de rétorsion « adéquates » et de réarmement accéléré, recentrées, – dans la continuité du soviétisme –, sur l’alternative nucléaire et sa logique de dissuasion. Cette alternative a été officiellement confirmée par le discours offensif du 23 novembre 2011 du président Medvedev, porteur d’un brutal avertissement contre l’unilatéralisme de la politique sécuritaire américaine : « J'ai ordonné aux forces armées d'élaborer des mesures pour détruire, si besoin, les moyens d'information et de commande du système de défense anti-missiles ».
    Dans l'optique de compenser l'asymétrie stratégique créée par le futur bouclier américain, la réponse russe impliquera l'optimisation technologique de sa capacité de frappe nucléaire et conventionnelle et, en particulier, la conception « d'armes de hautes précision ». Ainsi, selon l'affirmation du ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, le 8 octobre 2012 : « Notre programme d'armement prévoit des solutions à plusieurs problèmes, y compris au bouclier anti-missiles américain » . Comme un brutal retour en arrière, malgré Obama.
    Selon Vladimir Poutine, la réélection éventuelle de Barak Obama en novembre prochain n’y changera rien. En effet, dans ses grandes lignes, la stratégie extérieure américaine reste soumise à un objectif structurel, totalement indépendant de la couleur politique de son administration et, en définitive, focalisé contre la menace sino-russe. Pour Brzezinski, il n’y a pas d’autre alternative et le président Obama, en suivant implicitement ses conseils, l’a parfaitement compris. En ce sens, les « révolutions » arabes sont, pour Washington, une réelle opportunité de poursuivre la marginalisation – dans le prolongement du « Roll back » – de la puissance russe et, ainsi, sanctionner de manière définitive sa défaite de la Guerre froide. Ultime provocation.
    L’involution syrienne, succédant à un « Eté arabe » manipulé, nous conduit donc à un point de non retour. Dotée d’un potentiel gazier énorme et véritable verrou politico-sécuritaire du Moyen-Orient, la Syrie est aujourd’hui la cible privilégiée de puissances prédatrices – les enjeux énergétiques et géopolitiques, et non les Droits de l’homme, au cœur du « Printemps arabe ». Et cela, en dépit de l’appel solennel du président Poutine à ces dernières, de « tirer les leçons » de l’impasse actuelle de leur stratégie .
    Désormais, le président russe redoute un terrible hiver aux couleurs islamistes et, paradoxalement, illuminé par le soleil néo-libéral – retour vers la Guerre tiède*. Tout est dit.
    Fin d’un rêve ?
    Jean Géronimo http://www.voxnr.com* Les crises arabes et leurs implications géopolitiques pour la Russie (dont la Guerre tiède), sont traitées dans le post-scriptum (50 pages) inséré dans la nouvelle édition enrichie de mon livre : « La Pensée stratégique russe – Guerre tiède sur l’Échiquier eurasien : les révolutions arabes, et après ? ». Préface de Jacques SAPIR, mars 2012, éd. SIGEST, code ISBN 2917329378.

    Abréviation
    NPI : Nouveaux pays industriels
    CEI : Communauté des Etats indépendants
    MID : Ministère russe des Affaires étrangères
    OCS : Organisation de coopération de Shanghai
    OSDH : Organisation syrienne des Droits de l’homme
    OTSC : Organisation du traité de sécurité collective
    BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud

    Remarques
    La CEI contient l’ex-URSS moins les Etats baltes et la Géorgie. Elle couvre 99% du territoire de l’ex-URSS et peut être considérée comme la zone d’influence traditionnelle de la Russie. Cette forme atténuée et désidéologisée de l’Union soviétique a une fonction essentiellement politique, quasi-symbolique, et elle s’inscrit dans la nécessité de préserver l’unité de l’espace post-soviétique. A la disparition de l’URSS, la CEI a permis un « divorce à l’amiable » entre la Russie et ses anciennes Républiques, tout en préservant un fort lien identitaire entre ces dernières – dans le prolongement du soviétisme.
    L’OTSC, qualifiée d’ « OTAN russe », est une structure politico-militaire sous domination russe, selon la « tradition » soviétique. Elle vise à assurer une défense commune des Républiques les plus proches de Moscou – le « noyau dur » de la CEI – face aux menaces extérieures. Elle regroupe actuellement sept Etats : Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan – qui couvrent près de 70% du territoire de l’ex-URSS. L’Ouzbékistan vient de quitter pour la seconde fois l’OTSC (une première fois en 1999, réintégration en 2006). Son objectif est de se rapprocher de l’axe OTAN-USA en vue de développer un partenariat économico-stratégique, plus sécurisant et financièrement plus intéressant que le paternalisme protecteur de la Russie. A terme, on peut prévoir le retour d’une base américaine en Ouzbékistan – et, peut être, au Tadjikistan, également très courtisé par le « protecteur » américain ». Dans cette hypothèse, la fiabilité, voire l’existence même de l’OTSC serait menacée et, par ce biais, le statut – donc le pouvoir – régional de la Russie.
    L’OCS est une structure politico-militaire eurasiatique, dominée par l’axe sino-russe. Elle vise à renforcer la stabilité et la sécurité de l’Asie centrale, en prise aux « nouvelles menaces » alimentées par le chaos afghan, le « Printemps arabe » et la triple montée concomitante de l’extrémisme, du séparatisme et du nationalisme. Elle regroupe actuellement six Etats : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan. L'Inde, le Pakistan et l'Iran (bientôt l’Ukraine) ont le statut de « pays observateurs » – véritable antichambre à l’adhésion à l’OCS. De manière implicite, cette organisation permet à la Russie d’avoir un droit de regard sur la politique chinoise, autrement dit, d’exercer une forme de contrôle soft sur un concurrent redoutable et qui, à long terme, deviendra une réelle menace pour son leadership en Asie centrale. Désormais, la Chine y exerce en effet une influence croissante, heurtant de plus en plus les prérogatives historiques de la Russie dans la région – et amorçant, de ce fait, un véritable « jeu à trois » entre les puissances américaine, chinoise et russe.

  • La liste noire du Syndicat de la magistrature

    Les magistrats de gauche ont le sens de l’humour ! Enfin… Dans les locaux du Syndicat de la magistrature (SM), ils ont épinglé les photos de ceux qui n’ont pas l’heur de leur plaire. Ils ont baptisé ce travail artistique « le mur des cons ». À l’affiche, entre autres, des politiques (Sarkozy, Woerth, Balladur, Morano, Baroin, Chatel, Alliot-Marie, Ferry, Besson, Jacob, Balkany…) et des journalistes (Zemmour, Mougeotte, Le Lay, Thréard, Schoenberg, Pujadas… et Robert Ménard !)

    Certes, on est toujours le con de quelqu’un. On pourrait — entre nous — ajouter que quelques-uns n’ont pas volé l’insulte. Ou s’étonner d’y voir un Pujadas, parfait valet du système, du genre à dénoncer un collègue qui lit Boulevard Voltaire.

    Mais sortons du Café du Commerce. Les magistrats, au terme de leur serment, jurent de se « conduire en tout comme un digne et loyal magistrat. » Dignité, quand on s’abaisse à des propos de collégiens ?

    Qu’un magistrat soit syndiqué pose déjà un problème au regard de la neutralité dont il se doit de faire preuve. Mais que dire, alors, d’un juge affilié à une organisation comme le SM qui regroupe des anciens de 68 et leurs héritiers ? Ledit syndicat n’a pas pour priorité la défense d’une profession, mais la contestation politique : le droit des étrangers, la défense pénale, les « avancées » en droit de la famille sont ses thèmes de prédilection. Il remet en cause, publiquement et ouvertement, toute action d’un gouvernement qui s’oppose au laxisme judiciaire dont ses adhérents sont les hérauts. Très heureux de l’arrivée de madame Taubira à la Chancellerie, le SM table à bon droit sur le dynamitage des rares mesures destinées à sanctionner les récidivistes.

    La suite sur Boulevard Voltaire

    En plus des homme politiques, intellectuels et journalistes, le syndicat de la magistrature s’est attaqué aux parents de victimes dont le général Philippe Schmitt, le papa de d’Anne-Lorraine, assassinée de 34 coups de couteau dans le RER D, le 25 novembre 2007. Jean-Dominique Merchet, journaliste à Marianne,défend son honneur en réglant son compte à ces bons magistrats de gauche dans son blog, Secret défense.

    http://www.actionfrancaise.net

  • Manque de CRS : le régime s’épuise !

    3163833_3_f59b_paris-le-21-avril-2013-manifestation_dc801814dabbf3a37420428acb63afb2.jpgLe journal Économie Matin révèle que, « de sources autorisées au ministère de l’Intérieur, il nous a été expliqué sous le sceau de la confidence que les effectifs de police (essentiellement, de CRS) et de gendarmerie mobile commençaient à manquer, et que la situation serait intenable au mois de mai, alors que les manifestations inscrites « au planning » sont de plus en plus nombreuses« .

    La place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, semble paniquer devant l’agenda du mois de mai. imalgré les vacances. Entre la manifestation du Front de gauche le 5 mai, celles deFlorange, Aulnay, mais encore les manifestations quotidiennes que les opposants au mariage gay organisent désormais depuis quelques temps déjà. « Les autorités éspérent que le vote solennel du mariage homosexuel intervenu ce mardi 23 avril à l’Assemblée découragera les opposants, mais appréhendent en fait que cela galvanise encore plus les mouvements pacifiques, comme celui des Veilleurs, qui sont grands consommateurs de forces de maintien de l’ordre, alors même qu’ils sont statiques et non violents« . Et le journaliste explique un peu plus loin : « ces contraintes de planning et d’employabilité des CRS risquent de rendre la situation du maintien de l’ordre en France intenable à la fin du mois de mai, juste au moment de la grande manifestation du 26 mai à laquelle appelle Frigide Barjot et le comité organisateur de la Manif pour tous. A cette date-là, les jours de repos non pris accumulés, les permissions annulées, auront dépassés la côte d’alerte, avec le risque non négligeable que des unités refusent d’être mobilisées« .

    Signe d’un régime en crise qui suscite à ce point la désapprobation et la contestation qu’il semble se mettre lui-même en danger. Alors que le rôle même de l’État est de maintenir la paix intérieure sur le territoire national, ainsi que la sécurité, sa politique paraît aujourd’hui sécréter elle-même la violence et la retourner contre lui. Faire à ce point l’unanimité contre soi, la contestation étant suffisamment large pour réunir toutes les composantes de l’échiquier politique, voilà qui n’est pas commun, surtout pour un homme élu il y a tout juste un an par le peuple français…

    Quoiqu’il en soit, cela révèle que la mobilisation des manifestants hostiles au « mariage » homo a une réelle incidence sur le déroulement de la vie politique française. Cette mobilisation ne doit pas faiblir, elle ne doit pas s’essouffler… Notre résistance à ce régime d’essence totalitaire, car le législateur se croit au-dessus du droit naturel, doit désormais s’inscrire dans la durée et dans le paysage politique français !

    http://www.contre-info.com/

  • M. Valls, 500 criminels sont en liberté ! par Manuel Gomez

    Nous apprenons (de source officielle : ministère de l’Intérieur) que 500 fugitifs, aussi dangereux que Redoine Faïd, sont actuellement recherchés par toutes les polices du territoire.

     

    Nous apprenons également que tous ces fugitifs commettent, parait-il, tôt ou tard des erreurs qui permettent aux forces de l’ordre de les récupérer. Mais ce n’est pas toujours le cas puisque ces 500 fugitifs sont toujours en cavale.¢

     

     
    Mais surtout ce qui est  très étonnant, c’est d’apprendre que le seul service spécialisé doté de moyens techniques et scientifiques très sophistiqués se compose de seulement 20 policiers.

     

     

    N’est-il pas surprenant qu’un service aussi important pour notre sécurité soit si ridiculement constitué,  puisqu’il recherche exclusivement des individus appartenant au grand banditisme, des criminels de droit commun !

     

     

    La droite comme la gauche est responsable de ce manquement grave qui porte atteinte à notre sécurité.

     

     

    Monsieur Valls nous attendons que vous fassiez mieux que vos prédécesseurs et que vous dotiez ce service indispensable à la Nation de tous les spécialistes dont vous pouvez disposer et qui sont, sans aucun doute, mal employés ailleurs.

     

     

    Intervenez, avec l’énergie dont vous savez faire preuve dans d’autres circonstances, pour que les services en charge de la sécurité des Français soient dotés des moyens physiques et matériels afin d’atteindre cet objectif : permettre aux citoyens de ne plus avoir peur !

     

     

    Le gouvernement auquel vous appartenez veut recruter 1000 fonctionnaires afin de remplacer ceux qui, dans l’enseignement en particulier, souffrent d’absentéisme chronique ou sont planqués dans les méandres de leur administration.

     

    Si malgré la crise il est nécessaire de recruter que ce soit à bon escient et dans l’intérêt général.

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Gardes à vue abusive de la police politique de Manuel Gaz

    Le Figaro raconte la garde à vue abusive d'un directeur financier d'un groupe industriel, qui a passé 44 heures en garde à vue pour avoir soutenu des manifestants croisés par hasard dans la rue :

    "Pour avoir lancé un simple «Bon courage !» à un jeune manifestant à l'oreille ensanglantée, interpellé par la police à l'issue de la Manif pour tous de mercredi dernier, Grégoire a passé 44 heures en garde à vue."

    Un lecteur du Salon Beige, François Malaquin, nous raconte la sienne, vendredi 19 avril :

    "J'étais en garde à vue, sans raison, sans motif, sans cause. Relâché après quelques 18 (dix huit) heures de pénible emprisonnement, dans une cellule insalubre, ignoré, coupé du monde, épuisé.

    Vendredi 19 avril, 23h15 le commandant de la compagnie de CRS m'interpelle abusivement, gratuitement, mégaphone à la main. On me fait asseoir, on sollicite mon identité puis rien. Je n'avais pas harangué la foule. 23h20. Ni menottes, ni confiscation dudit mégaphone (qui eût dû l'être, en l'espèce, au vu du motif invoqué, inventé devrais-je dire): "incitation à la rébellion" (et quelle rébellion de jeunes de 20 à 30 ans sans armes!).

    Un CRS, courtois, au demeurant, m'accompagne, après 1/2h d'attente sans surveillance dans le dos de la ligne de CRS, vers le TCP (Camion Prison). Quel agitateur, devais-je être, pour n'avoir pas été surveillé ?... Leur attitude témoigne d'elle même de l'absence totale de menace. Laisserait-on un réel agitateur sans surveillance ? Enfermé dans ce camion, un policier entre, nous invective gratuitement, comme on traite de dangereux malfaiteurs ! Puis, nous menotte (pour ceux qui ne l'étaient pas) sans motif apparent de révolte. il est 00h30. Attente...

    Arrivée au dépôt : 1h30 du matin. Circonspection des policiers. "Qui l'accompagne celui-là ? Personne. Quel motif ? On ne sait". Je m'attends à une vérification d'identité... On me met en garde à vue ! De la fouille au corps, au menottage, suivi d'une incarcération dans une de ces geôles Françaises à 2h30 du matin, qu'il vaut mieux observer dans un reportage : je passerai 18 heures, sans sommeil, avec une nourriture rare, une mauvaise odeur pestilentielle et l'impossibilité de savoir quel sera mon sort. Ni surtout : Pourquoi ? Pour avoir traîné un peu plus tard?...

    Police Nationale ? Que fais tu de ton blason ? Assister - protéger et servir. Police Politique désormais ? Condamnée à suivre les instructions de M. VALLS, dont la procureure adjointe (on doit dire ainsi désormais) se montrera extrêmement lente à notifier l'absence de charges retenues et ma mise en liberté immédiate. Pour le plaisir ? Par instruction du ministre ? Par idéologie ? CRS forcés à "interpeller" pour faire du chiffre.. Policiers enclins à arrêter,quand ils ne provoquent eux mêmes ! Mais également, une autre réalité en commissariat : OPJ et brigadiers débordés, agacés que l'on enferme des citoyens français si hâtivement !

    La procédure, pour laquelle on prit mes empreintes digitales + photos, se finit à 11h. (ceci n'est pas conforme aux dispositions recommandées par la CEDH, dans le cas de l'incarcération d'un innocent). Libération samedi en fin d'après midi après 18h d'enfermement. Sans excuses, sans autre forme de procès, puis-je dire. Ainsi l'on traite désormais les innocent s'ils ne conviennent pas à la ligne politique décidée par le gouvernement. L'Ordre Républicain si cher aux gouvernants lorsqu'ils "crient" pleins d'emphase leur goût pour la Loi Républicaine est surprenant ! Ne consiste t'il pas justement à Protéger les Citoyens de la République de l'arbitraire ? Et quel citoyen a été menacé par nos regroupements "bon enfant" ? Quel abri-bus a été cassé ? Quelles portes furent enfoncées ? Quels pneus a t-on lancé ou autocar en feu contre le mur des forces de l'ordre (cf les agriculteurs) ? Quel débordement a sérieusement eu lieu ?"

    Michel Janva   http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Guatemala : “Opération PBSUCCESS”, une clé pour comprendre les guerres modernes

    L’opération PBSUCCESS (début 1953 – fin 1954) est une opération secrète organisée par la CIA (Central Intelligence Agency) pour renverser le président du Guatemala Jacobo Arbenz Guzmán, démocratiquement élu.

    Le gouvernement d’Arbenz projetait des nouvelles réformes que les services de renseignement des États-Unis jugeaient de nature communiste. La CIA et l’administration Eisenhower craignaient l’instauration d’une tête de pont soviétique de l’ouest, dans le contexte du maccarthysme intensément anti-communiste de l’époque.

    Arbenz a été l’instigateur d’une réforme agraire menaçant notamment la multinationale américaine United Fruit Company, dont Allen Dulles (directeur de la CIA de 1953 à 1961) était actionnaire, qui avait de gros intérêts au Guatemala et faisait pression à des niveaux variés du gouvernement américain pour une action contre Arbenz en réplique à son expropriation.

    Description

    L’opération avait pour objectif d’armer et former une « Liberation Army » de circonstance d’environ 400 combattants, sous les commandes d’un officier de l’armée guatémaltèque exilé de l’époque, le colonel Carlos Castillo Armas. La CIA prévoyait d’engager le « mouvement révolutionnaire » conjointement avec une campagne diplomatique, économique et de propagande.

    Le 18 juin 1954, le lieutenant-colonel Carlos Castillo Armas lance son offensive au Guatemala à la tête de 400 rebelles, aidé par des mercenaires entraînés au Honduras et au Nicaragua par la CIA, et « soutenus par des avions de combat américains pilotés par des Américains ».

    Le plan prévoit d’attaquer des cibles près de la frontière de façon à faire croire à une large offensive ; les rebelles sont supposés éviter l’armée pour que celle-ci ne réplique pas ; une propagande radiophonique s’efforce de retourner la population.

    L’échec est rapide : les rebelles, lourdement équipés, mettent plusieurs jours à atteindre leurs objectifs. Constitués de troupes indisciplinées et de faible valeur, ils sont facilement mis en déroute quand ils rencontrent une résistance.

    Cependant le président craint que la déroute des rebelles débouche sur une invasion directe des États-Unis et ordonne à l’armée de laisser les rebelles avancer. La peur d’une intervention américaine conduit une garnison à se rendre aux forces rebelles décimées. Le président décide de démissionner le 27 juin.

    Les jours suivant, plusieurs juntes se succèdent jusqu’à ce qu’Armas prenne la tête du pays. Il se montrera gravement incompétent pour diriger le pays. L’action américaine est vivement critiquée dans la presse étrangère. La CIA envoie une équipe au Guatemala pour établir l’affiliation du régime du Guatemala à l’Union soviétique. Malgré des recherches profondes, aucun lien ne peut être établi.

    Noam Chomsky commentait ainsi l’intervention américaine dans une conférence prononcée en 1985 : « [...] nous nous sommes arrangés pour interrompre, en 1954, une expérience démocratique. Il s’agissait pourtant d’un régime réformiste, capitaliste et démocratique, du type new deal, que notre intervention a permis d’éliminer, laissant à sa place un véritable enfer sur terre, probablement le régime de la période contemporaine le plus proche de l’Allemagne nazie. »

    Dans la foulée du premier coup d’État orchestré par la CIA, l’opération PBSUCCESS a employé les méthodes de communication et de propagande d’Edward Bernays qui étaient relativement nouvelles à l’époque.

    En combinant les idées de Gustave Le Bon et Wilfred Trotter sur la psychologie des foules avec les idées sur la psychanalyse de son oncle maternel, Sigmund Freud, Edward Bernays a été un des premiers à vendre des méthodes pour utiliser la psychologie du subconscient dans le but de manipuler l’opinion publique.

    Pour lui, une foule ne peut pas être considérée comme pensante, seul le Ça s’y exprime, c’est-à-dire les pulsions inconscientes. Il s’y adresse pour vendre de l’image dans des publicités, pour le tabac par exemple, où il utilise le symbole phallique.

    À la demande de l’industrie cigarettière, qui cherchait à faire tomber le tabou de la consommation du tabac par les femmes, il a notamment organisé des défilés très médiatisés de « fumeuses » jeunes et jolies qui affirmaient leur indépendance et leur modernité par l’acte de fumer en public (“Les torches de la liberté“…).

    En politique, il « vend » l’image des personnalités publiques, en créant par exemple le petit-déjeuner du président, où celui-ci rencontre des personnalités du show-biz. Pionnier de l’ingénierie sociale, il considère qu’une minorité intelligente doit avoir le pouvoir « démocratique » et que la masse populaire doit être modelée pour l’accepter.

    Il est l’une des sources des méthodes ultérieures de propagande. Joseph Goebbels s’est fortement inspiré de ses travaux. Ses travaux sur l’inconscient à l’usage des entreprises à travers les Public Relations ont contribué à l’émergence du marketing moderne en inspirant fortement les pionniers de la discipline tels que Louis Cheskin et Ernest Dichter.

    Wikipédia  http://fortune.fdesouche.com

  • Les méthodes policières contre des manifestants pacifiques

    Extrait du témoignage d'un manifestant qui prenait en photo les policiers en civils, paru sur Nouvelles de France :

    "[...] vers Montparnasse, une dizaine de policiers en civil nous sont tombés dessus : « Donnez-nous votre appareil ! », nous ont-ils dit. Ils étaient à plusieurs sur moi et me l’ont finalement arraché des mains. « Ils prennent des photos des collègues », entendis-je à ce moment. Puis, ils nous ont sorti de la manifestation, par les bras et les jambes, au nez et à la barbe du service d’ordre de la Manif pour Tous, censé protéger les manifestants. Ils nous ont caché derrière les piliers du centre commercial, m’ont violemment jeté par terre. L’un a mis son pied sur ma tête, appuyant et bougeant. « Vous faites moins les malins, maintenant », m’a-t-il dit alors que, la mâchoire bloquée, je ne pouvais pas répondre. Un ami, qui avait l’épaule fêlée et des ligaments déchirés, leur a tout de suite signalé. Au lieu de faire attention, les policiers ont appuyé dessus afin qu’il réponde à leurs questions. Ils voulaient savoir si nous travaillions pour le site Copwatch. J’ai subi une fouille sommaire sur place avant d’être menotté puis conduit dans un panier à salade dans une rue à gauche. En route vers un commissariat du nord de Paris, les policiers se sont moqués de nous en visionnant les photos personnelles qui étaient sur ma carte. À un policier, j’ai demandé s’il n’avait pas honte de ce qui se passait depuis quelques semaines, de faire partie d’une police qui frappe et arrête des jeunes, dans leur immense majorité pacifiques. Il m’a répondu, sans la moindre ironie : « Je suis payé pour frapper et j’aime ça ». Au commissariat, nos identités ont été vérifiées et les policiers ont écrit que nous avions eu contre eux – l’un était de couleur, des paroles racistes, ce qui est évidemment totalement faux. Les seules paroles que nous avons pu avoir sont « fasciste », « vous n’avez pas honte ? »."

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Interpellation scandaleuse de membres du Réseau-Identités

     

    Communiqué de Richard Roudier, porte-parole du Réseau-Identités

    Autour du thème « la famille c’est notre identité », le Réseau-Identités avait appelé ses adhérents à se solidariser avec la « Manif pour tous » du 21 avril. Malgré les allégations des médias, force est de constater que le peuple tient bon,  toujours mobilisé face au projet de destruction de la cellule familiale, fondement de notre société.
    Richard Roudier
    Richard Roudier profitait de l’évènement pour accorder une interview à divers médias dont une chaine de télévision.
    Ce qui aurait dû être un  simple exercice de communication devait rapidement dégénérer en bavure policière. Précisons que l’interview se déroulait au milieu d’un square, qu’il était midi, soit trois heures avant le début de la manifestation et loin de tous manifestants. Alors que le système de protection policière se mettait en place, un militant chargé d’assurer la tranquillité de l’interview signalait spontanément notre présence  à des officiers de police en faction à quelques centaines de mètres.¢
    Soudain, à la stupéfaction générale, ces mêmes policiers appuyés par une cinquantaine de gendarmes mobiles, bafouant le principe des libertés publiques et la relation de confiance que nous voulions instaurer, encerclait notre groupe composé d’une quinzaine de militants ;  Richard Roudier qui répondait aux questions des journalistes était interrompu et sommé de présenter ses papiers d’identité, dans le même temps, des paniers à salade étaient avancés pour embarquer l’ensemble du groupe.
    Les militants,  outrés par un tel comportement et confortés par le soutien des passants,  protestaient énergiquement contre le traitement inique qui leur était infligé ; Richard Roudier  dénonçait ce « contrôle au faciès », exigeant qu’on restitue promptement toutes les cartes d’identités et indiquait que lui et ses camarades refuseraient de monter dans les fourgons de police.
    Au bout d’une dizaine de minutes de palabres, les policiers se retiraient, non sans s’être emparés du malheureux militant qui était allé signaler notre présence, ce qui ne va pas, on s’en doute, favoriser les liens de sympathie entre la population et ceux qui sont censés la protéger. La déloyauté dont ont fait preuve les officiers de police zélés en cette circonstance, est symptomatique de la situation de plus en plus inconfortable de ces fonctionnaires, écartelés entre des ordres scélérats et la justesse des revendications populaires.  D’ailleurs, des médias européens commencent à s’inquiéter de cette répression des libertés de plus en plus aveugle -on se croirait au Venezuela où le pouvoir fait rafler des individus tapant sur des casseroles-. Ne nous y trompons pas, tous ces agissements incohérents de la part des forces de l’ordre trahissent un système aux abois, ce qui ne peut que stimuler notre détermination.
    À la suite de cet incident et après une visite au commissariat du 15°, pour marquer leur soutien au camarade interpelé, les militants du Réseau-Identités rejoignaient le groupe de la ligue francilienne sur la pelouse des Invalides. Richard Roudier, au moment de la dispersion soulignait la présence chaleureuses de camarades issus d’autres mouvements ; il exhortait les militants à faire preuve d’encore plus de cohésion afin d’élargir le champ de la contestation : radicalisation de l’action, dénonciation des hommes politiques corrompus, exigence de consultations populaires sur les grandes questions de sociétés.…
    « Quand le gouvernement s’oppose à l’intérêt du pays, c’est la légitimité du Peuple que de s’opposer au gouvernement ! »¢
    Richard Roudier
    Porte-Parole du Réseau-Identités
  • La police de Gaz met 13 personnes en correctionnelle

    Dont un prêtre (FSSPX) :

    “A l’exception d’un père de famille qui avait été interpellé en marge d’une manifestation le 24 mars, ces suspects ont tous été arrêtés ces derniers jour [...] Tous ont reçu à l’issue de leur garde à vue une convocation pour comparaître à Paris en correctionnelle, où ils seront jugés pour diverses infractions, certains pour “rébellion”, d’autres pour “dégradation” ou “port d’arme”.

    Parmi eux figure un prêtre intégriste, arrêté dans la nuit de vendredi à samedi rue de l’Université (VIIe arrondissement), peu après minuit, en marge d’un rassemblement près des Invalides, alors qu’il tentait d’empêcher les CRS d’embarquer un manifestant mineur. [voir la scène à 4mn20]
    Agé de 52 ans, le prêtre sera jugé à une date qui n’a pas été précisée pour “violences sur fonctionnaire de police”, selon une source judiciaire. Le mineur interpellé en même temps comparaîtra pour le même délit.”

    Le Salon Beige

    ON NE LACHE RIEN…

    http://fr.altermedia.info/

  • L’avenir de la Libye s’annonce sombre et les médias s’intéressent à autre chose

    Le second anniversaire de l’intervention de l’OTAN aux côtés des rebelles libyens contre Mouammar Kadhafi n’a quasiment pas été mentionné par les gouvernements et les médias étrangers qui s’inquiétaient tant pour la sécurité et les droits humains du peuple libyen en 2011. Cela ne devrait pas nous surprendre parce que la Libye actuelle est de toute évidence en train de se désagréger et que les Libyens sont devenus les proies des miliciens qui affirmaient autrefois vouloir les protéger.

    Quelques uns des évènements qui ont eu lieu en Libye au cours des dernières semaines donnent un aperçu de la situation et valent d’autant plus la peine d’être mentionnés que la presse étrangère, qui autrefois s’entassait dans les hôtels de Benghazi et Tripoli, ne s’y intéresse pas. Par exemple, dimanche dernier, le secrétaire général du premier ministre Ali Zeidan a disparu de la capitale et semble avoir été enlevé. Il se peut que ce soit une mesure de rétorsion parce que les ministres ont dit que les milices agissaient en toute impunité. Le même jour, une milice a envahi le ministère de la justice pour exiger la démission du ministre après qu’il l’ait accusée de tenir une prison illégale.

    La situation empire au lieu de s’améliorer. Le 5 mars, le parlement libyen s’est réuni pour décider si les Libyens qui avaient eu des fonctions officielles pendant les 42 ans de pouvoir de Kadhafi devaient être relevés de leurs fonctions. Cela inclurait même les dissidents de longue date qui ont joué un rôle de premier plan dans l’insurrection contre Kadhafi mais qui ont été ministres des dizaines d’années auparavant sous l’ancien régime. Les protestataires en faveur de cette purge étaient si menaçants que les membres du parlement ont été contraints de se réfugier dans les bureaux du service météorologique à l’extérieur de Tripoli où ils ont été attaqués par des hommes armés qui ont envahi le bâtiment déserté par la police. Des parlementaires ont été retenus en otage pendant 12 heures et d’autres ont bravé les balles pour s’enfuir.

    Aux abords de Tripoli, la loi des milices est encore plus totale. Le reste du monde ne s’y intéresse que lorsqu’il y a des violences spectaculaires comme l’assassinat à Benghazi en septembre dernier de l’ambassadeur étasunien Chris Stevens par des milices djihadistes. Et si cet événement d’une violence extrême a reçu une telle couverture des médias étrangers, c’est pour la seule et unique raison que le parti républicain en a fait un cheval de bataille politique aux Etats-Unis. Mais l’ambassadeur et ses gardes ne sont pas les seuls étrangers à avoir été assassinés à Benghazi depuis le renversement de Kadhafi. Une association des droits de l’homme égyptienne a annoncé le mois dernier qu’un copte égyptien nommé Ezzat Hakim Attalah avait été torturé à mort dans la ville après avoir été détenu avec 48 autres commerçants dans le marché municipal de Benghazi.

    Les organisations des droits humains décrivent la situation en Libye avec plus de sérieux et d’impartialité que les médias internationaux, à part quelques honorables exceptions. Comme c’est sa tradition, Human Rights Watch, qui est basé à New York, a diffusé le mois dernier un rapport documentant le nettoyage ethnique de la ville de Tawergha où 40 000 personnes ont été forcées de quitter leur maison et « ont été détenues arbitrairement, torturées et assassinées ». La forte population noire de la ville a été accusée d’avoir soutenu Kadhafi par les milices de Misrata. Human Rights Watch a utilisé des images satellites pour montrer que la destruction de Tawergha a eu lieu principalement après la guerre de 2011 au cours de laquelle 1370 sites avaient été détruits ou endommagés. Fred Abrahams, un conseiller spécial de Human Rights Watch, a déclaré que les images par satellite confirment que « le pillage, les incendies, et les destructions systématiques étaient organisés et avaient pour but d’empêcher les habitants de revenir ».

    Le manque d’intérêt de la presse internationale offre un contraste flagrant avec sa couverture de la Libye pendant la guerre. Au printemps 2011, je faisais un reportage sur les combats autour de la ville de Ajdabiya au sud de Benghazi. Il y avait une ambiance de guerre bidon que ne reflétaient pas les reportages enthousiastes. A l’entrée sud de Ajdabiya, je me souviens avoir regardé avec amusement les équipes de télévision se positionner de telle sorte qu’on ne puisse pas se rendre compte qu’il y avait plus de journalistes que d’insurgés.

    Je n’ai jamais vu de positions rebelles ni même de barrages rebelles sur les routes entre Ajdabiya et Benghazi, deux villes qui étaient dépendantes des frappes de l’OTAN pour leur défense. C’était certainement des unités rebelles braves et dévouées, comme l’ont dit les journalistes, mais les insurgés auraient été rapidement battus sans le soutien de l’OTAN.

    Le fait que Kadhafi ait été renversé principalement par des forces étrangères a de grandes conséquences pour la Libye d’aujourd’hui. Cela explique que les insurgés, tout en croyant et affirmant que la victoire était leur oeuvre, se soient révélés trop faibles pour mettre en place quelque chose à la place de la version de nationalisme arabe de Kadhafi. Sans ce nationalisme arabe, il n’y a pas grand chose pour contrebalancer le fondamentalisme islamique ou le tribalisme.

    La situation catastrophique qui est celle de l’Irak depuis 2003 se propage, sous des formes différentes, à d’autres pays arabes. Ils se rendent compte, comme les Irakiens, qu’il n’est pas possible de passer à un fonctionnement démocratique tant que les principales forces politiques ne sont pas d’accord sur les règles qui déterminent l’attribution du pouvoir.

    L’auto-détermination nationale devrait être au coeur de tout nouvel ordre. Mais le problème des révoltes du printemps arabe, c’est qu’elles ont toutes été fortement dépendantes du soutien extérieur. Or, comme le montre ce qui arrive en Irak et en Libye, l’intervention étrangère est toujours intéressée. Les révolutionnaires de tous les pays recherchent l’aide étrangère, mais pour assurer le succès de leur entreprise sur le long terme, ils doivent y renoncer très vite. Et ils doivent construire un état de droit parce que, sinon, de nouveaux dictateurs s’imposeront.

    Patrick Cockburn http://www.voxnr.com

    Source :

    The Independent