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insécurité - Page 1014

  • Affaire Le Pen : il est désormais illégal de dénoncer des comportements illégaux

    Le 10 décembre 2010, à Lyon, Marine Le Pen avait tenu les propos suivants, évoquant les prières de rue :

    « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants. »

    Ce parallèle entre les prières de rue et l’Occupation allemande n’a pas plus à tout le monde. Suite au dépôt d’une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), le parquet de Lyon avait ouvert en janvier 2011 une enquête préliminaire pour « incitation à la haine raciale ».

    Hier, le ministère de la Justice a transmis au Parlement européen une demande de levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen. Procédure classique, à partir du moment où le parquet de Lyon avait ouvert une enquête sur ses propos.

    Quoiqu’il en soit, l’affaire est délirante. Car enfin, l’Islam n’est pas une race : aussi bien l’accusation d’ »incitation à la haine raciale » n’a aucun sens. Par ailleurs, personne n’appelle à la haine des personnes. Marine le Pen est un homme politique, et elle soulève un problème politique : l’envahissement illégal de l’espace public par une communauté. Alors que ses détracteurs utilisent le levier affectif pour tenter de la culpabiliser, faut-il rappeler qu’en politique, il faut prendre de la hauteur et discerner à l’aune du bien public ? Désormais, comble du paradoxe, chacun saura qu’en France, pays prétendu de la liberté d’expression, l’on est susceptible d’être poursuivi en justice pour avoir dénoncé une action illégale…

    http://www.contre-info.com/

  • Pourquoi les battististes sont-ils devenus muets ?

    Les éditions Stock viennent de publier un livre d’enquête sous la plume du journaliste Karl Laske, La mémoire de plomb, consacré à Césare Battisti, membre du Pac (Prolétaires armés pour le communisme) condamné en Italie par contumace pour assassinats et réfugié en France, puis au Brésil. Cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre. Outre le fait que son auteur dévoile de nouveaux éléments sur les soutiens dont aurait bénéficié Battisti en France – François Hollande, patron du Parti socialiste à l’époque, cité pour avoir rendu visite au criminel dans sa prison et s’être opposé à son extradition, n’est pas des moindres ! – il permet à Eric Conan, dans un article paru dans Marianne.net le 8 décembre 2012, de s’interroger sur la question : « Pourquoi les battististes sont-ils devenus muets ? »
    Polémia

    L’actualité, ce sont aussi les silences.

    L’absence de réactions, chez ceux qui ont plutôt l’habitude d’être prolixes, en en dit parfois autant que les tirades qu’ils aiment nous infliger. Ainsi en est-il du mutisme de quelques-uns des anciens défenseurs de Cesare Battisti depuis la parution, il y a quelques semaines, du livre du journaliste Karl Laske, La mémoire du plomb (Stock), consacré à l’itinéraire du terroriste italien reconverti en auteur de romans policier. Recherché par la justice de son pays qui l’a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par contumace pour assassinats, il fut un temps hébergé par la France avec le soutien tapageur de belles personnes germanopratines avant de prendre la fuite au Brésil.

    La lecture de ce bon livre d’enquête est révélatrice d’une double tradition française : la faible appétence pour la réalité d’une partie de l’élite politico-intellectuelle française et l’importance de l’identité politique du messager de la vérité. Car, si cet ouvrage apporte de nouveaux éléments sur le parcours de Battisti et les soutiens aveugles dont il a bénéficié - de Fred Vargas à Bernard-Henri Lévy et de Carla Bruni à François Hollande (qu’un entourage coupable aura poussé à le visiter en prison) - l’important réside dans l’identité de son auteur : Karl Laske, ancien de Libération et présentement enquêteur au site Médiapart. Le fait que cette mise au point définitive sur les mensonges de Battisti vienne d’un journaliste classé à gauche a soudainement laissé sans voix ses défenseurs alors que six ans plus tôt le très bon livre d’enquête d’un journaliste du Figaro, Guillaume Perrault, Génération Battisti. Ils ne voulaient pas savoir (Plon), n’avait pas eu les mêmes conséquences.

    L’on peut donc tirer de cet assourdissant silence qui suit la parution du livre de Karl Laske deux conclusions. Une même vérité ne produira pas le même embarras selon qu’elle est apportée par un supposé « camp ennemi » ou un supposé « camp ami ». Et une partie de l’intelligentsia préférera toujours la dénégation à la reconnaissance de ses erreurs. Une vieille tradition. L'on considère souvent avec une condescendance amusée la compromission, hier, de tant de beaux esprits avec les mensonges du stalinisme et du maoïsme réels. Comment ont-ils pu se tromper à ce point? se demande le contemporain, sûr d'échapper à un aveuglement aussi exotique. L’affaire Battisti montre qu’une même volonté de ne pas voir a produit plus près de nous un résultat similaire: l'invraisemblable défense de ce terroriste a engendré des insanités comparables à celles déversées lors des affaires Kravtchenko ou Lin Piao. En reprenant, à froid, ce qui s'est dit et écrit pour transformer en victime à protéger un tueur sans remords, Guillaume Perrault et Karl Lake montrent à quel point le déni de la réalité a pu enrôler une multitude de complices. Il y a eu les vrais malhonnêtes, allant jusqu'à caviarder des décisions de justice, mais aussi beaucoup d’« idiots utiles » qui, pour être dans le coup, se sont contentés de signer les habituelles pétitions sans regarder.

    La mobilisation en faveur de Cesare Battisti a fait resurgir une logorrhée que d'aucuns pensaient hors d'usage. Certes, la mise en scène change, cédant au corporatisme (des « auteurs de polars reconnus » se mobilisant pour un « auteur de polars reconnu » comme les chauffeurs de taxi ou les inspecteurs des finances se défendent entre eux) et aux luttes people: les saltimbanques du show-biz (Bedos, Lio, Sollers, etc.) remplaçant Sartre et Foucault. Mais le scénario n'évolue guère. Tout ce qui a été dit par les défenseurs de Battisti, repris par la presse (et même des documentaires hagiographiques financés par l'argent public) ou par des politiques de premier plan se révèle erroné. Qu'il s'agisse des preuves contre Battisti, des engagements de François Mitterrand ou du rôle de la justice italienne, tout a été caché ou travesti pour la grande Cause.

    Ce consentement au mensonge a été d'autant plus coupable que, cette fois-ci, pour ne pas être abusé, il suffisait d'écouter la gauche transalpine, qui, des socialistes à l'extrême gauche et à Attac Italie, s'indignait des délires des pétitionnaires français, lesquels, pour la plupart, se réclament pourtant d'une Europe sans frontières. Car le détour par l'Italie permet d'apprécier la grossièreté des contrevérités déversées à propos de sa justice et de comprendre la blessure infligée à nos voisins de la péninsule par ce mépris pour le consensus transalpin sur le cas Battisti, qualifié de « racisme anti-italien mal dissimulé » par La Repubblica. « Il fallait un gars comme Battisti pour se rendre compte que les gauchistes italiens sont plus réalistes que les socialistes parisiens », conclura ainsi La Stampa.

    Il faut cependant distinguer de ce désastre germanopratin quelques caractères lucides qui ont, dès le début, tenté d'éviter au Parti socialiste de se compromettre dans cette pitoyable affaire : notamment Robert Badinter, Manuel Valls, Bernard Kouchner et Gilles Martinet (qui préfaça le livre de Guillaume Perrault). Tout comme il faut relever le courageux remords de Bertrand Delanoë, qui, abusé, avait fait voter par son Conseil municipal une délibération plaçant l'ancien terroriste « sous la protection de la Ville de Paris ». Le maire de la capitale a eu l’honnêteté de reconnaître « avoir manqué de vigilance et d'autorité », ce qui lui d’ailleurs valu, de la part du comité Battisti, la délicate appréciation d'avoir « baissé la culotte ».

    Eric Conan
    Marianne.net
    8/12/2012  http://www.polemia.com

    Karl Laske, La mémoire de plomb, Stock, novembre 2012, 480 pages.

  • Robert Fisk : non, bachar El Assad ne veut pas gazer son peuple !

    Avec Seymour Hersh qui officie au New-Yorker et qui veille aux dérives du Pentagone et de l’Executif américain, il est sans doute le journaliste d’investigation anglo-saxon le plus respecté de sa profession. Robert Fisk nous livre ici (1) sa profonde lassitude d’assister incrédule à une succession de campagnes de dénigrement absurdes contre Bachar El Assad, les mêmes qui firent la honte de l’Occident au moment de l’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Iraq, puis de la Libye. Rappelez-vous : Pas de grottes perfectionnées dans les montagnes de Tora Bora, pas d’ADM en Iraq, ni de liens avec les pirates du 11/9 (16 saoudiens – ennemis jurés de l’Iraq ) , et pas de chars devant Benghazi (les français en ont détruit 4, les russes photographié 6, et le pleutre BHL en avait annoncé 200).

    Rappelez-vous aussi, tandis que nous aidons une pseudo-rebellion syrienne qui détruit le patrimoine culturel inestimable de la Syrie, que le département d’Etat US avait fustigé les talibans pour leur destruction des Bouddhas de Bamiyan. mais que ce même département d’Etat n’avait vu aucun inconvénient au pillage du musée archéologique de Bagdhad, situé à quelques encâblures du siège ultra protégé de l’Iraq National Oil et de l’Iraq Petroleum, ni à la destruction de toutes les bibliothèques municipales de toutes les provinces irakiennes.

    Peut-être que dans leur grand mépris des peuples, les stratèges du Pentagone et de l’OTAN en sont-ils arrivés à mépriser la mémoire même de leurs propres peuples pourtant peu dupes. Après tout, les affaires internationales concernent si peu le peuple français, que les ex-candidats Sarkosy et Hollande ne les ont même pas abordées lors de leur pseudo-joute télévisée animée par M. Pujadas.

    Comme M. Fisk, nous souffrons avec le peuple syrien et appelons d’urgence à une solution négociée appuyée par l’envoi massif d’une force d’interposition sous mandat de l’ONU chargée avant tout de désarmer. Si les rangs des pacifistes étaient clairsemés derrière le cortège funèbre de Jaurès, et si l’opposition pacifiste syrienne se fait décimer par la rebellion surarmée et les médias indifférents à son sort, nous ne "désarmons" pas pour autant. L’heure est grave. L’alliance pour la guerre avance. Puisse cette traduction trouver le chemin des consciences du plus grand nombre qui la diffuseront largement, jusqu’à gagner les ors de l’Elysée.

    ndt. : Photo, la Syrie au centre d'enjeux énergétiques et géostratégiques ? 

    Bachar el Assad, la Syrie, et la vérité sur les armes chimiques

    par Robert Fisk, pour The Independent, paru le samedi 8 décembre 2012

    traduction Bluerider pour Agoravox

      (1) Robert Fisk est le correspondant à Beyrouth du journal britannique The Independent. Il est considéré, à juste titre, par le Financial Times, comme « l’un des plus remarquables reporters de sa génération ». Ouvrages récents : La Grande Guerre pour la civilisation : l’Occident à la conquête du Moyen-Orient (1979-2005), La Découverte, 2005 et Liban, nation martyre, Editions A&R et du Panama, 2007 

    The INDEPENDENT (80/120 000 ex.) est l’un des "équivalents britanniques de centre gauche" du journal Le MONDE (325 000 ex.), avec The DAILY TELEGRAPH (centre droit, 630 000 ex.). Mais au lu de cet article, vous pouvez constater comme nous, un gros écart en matière de propagande de guerre. A bon entendeur….

    Le Père de bachar, Hafeez Al Assad, était brutal mais n’a jamais utilisé d’armes chimiques. Et savez-vous quelle fut la première armée à utiliser le gaz au Moyen Orient ?

    Plus le mensonge est gros, plus les gens le croiront. Nous savons tous qui a dit ça –mais ça marche encore. Bachar Al Assad a des armes chimiques. Il pourrait les utiliser contre son propre peuple syrien. S’il le fait, l’Occident répliquera. Nous avons entendu ces histoires l’an passé – et le régime d’Assad a répété que si – si – il avait des armes chimiques, il ne les emploierait jamais contre les syriens.

    Mais à présent, Washington entonne le même refrain encore et toujours. Bachar a des armes chimiques. Il pourrait les utiliser contre son propre peuple. Et s’il le fait….

    Eh bien, s’il le fait, Obama et Madame [en français dans le texte] Clinton seront très très méchants. Pourtant, la semaine passée, tous les pseudos-experts habituels, qui ne sont même pas capables de trouver la Syrie sur une carte, nous ont mis en garde contre le gaz moutarde, les agents chimiques, les agents biologiques que la Syrie serait susceptible de possèder – et susceptible d’utiliser. Et les sources ? Les mêmes spécialistes du dimanche qui ne nous avaient pas avertis du 11/9 mais qui avaient insisté sur la possession d’armes de destruction massives par Saddam Hussein en 2003 : « des sources anonymes du renseignement militaire ». Nous les appellerons donc « SARM » [ndt. « unnamed military intelligence sources », UMIS].

    Coup de théâtre [en français dans le texte]

    Et maintenant… le coup de théâtre [en français dans le texte]. Quelqu’un de CBS (Canadian Broadcasting Corporation) m’a appelé cette semaine pour me parler de l’utilisation d’armes chimiques par Hafeez Al Assad à Hama pendant le soulèvement de musulmans sunnites dans cette ville en 1982. Leurs sources étaient les mêmes bonnes vieilles « SARM ». Mais voilà, il se trouve que je me suis rendu à Hama en février 1982 – raison pour laquelle le canadien m’a appelé- et pendant que l’armée syrienne exterminait c’est le mot, son propre peuple (qui au passage, exterminait lui-même des officiels du régime et leurs familles), personne n’a jamais utilisé d’armes chimiques.

    Pas un seul des soldats que j’ai vu à Hama ne portait de masque à gaz. Aucun civil ne portait de masque à gaz. Les parfums dangereux que mes collègues et moi avions respiré après que notre allié (à cette époque) Saddam ait employé des composants chimiques contre les soldats iraniens dans les années 1980 étaient absents. Et pas un parmi la douzaine de civils survivants que j’ai interrogé dans les 30 années qui ont suivi depuis n’a jamais mentionné l’usage de gaz. Et pourtant nous devrions maintenant croire qu’il a été utilisé. Et c’est comme ça que ce nouveau conte pour enfant a commencé : Hafeez Al Assad a utilisé le gaz contre son propre peuple à Hama il y a 30 ans. Donc son fils Bachar pourrait faire pareil à nouveau. Et n’était-ce pas l’une des raisons pour lesquelles nous sommes allés faire la guerre en Iraq en 2003 – parce que Saddam avait déjà utilisé du gaz contre son propre peuple et pouvait le refaire ?

    N’importe quoi !

    Oui, plus le mensonge est gros, plus il fonctionne. Alors oui c’est sûr, nous les « journaleux » , nous avons fait notre boulot en disséminant ces balivernes. Et Bachar – dont les forces ont commis suffisamment d’iniquités- est sur le point d’être accusé d’un autre crime qu’il n’a pas encore commis, et que son père n’a jamais commis. Ouais, des armes chimiques, c’est une sacrée tuile, les mecs. C’est pourquoi les USA ont fourni Saddam en composantes pour les fabriquer, avec l’Allemagne (bien sûr).

    C’est pourquoi, quand Saddam a commencé à utiliser du gaz à Halabja, les « SARM » ont demandé à la CIA de mettre tout sur le dos de l’Iran. Et oui, Bachar doit probablement avoir des composants chimiques dans des containers-poubelle rouillés quelque part en Syrie. Madame [en français dans le texte] Clinton s’est émue qu’ils « puissent tomber dans de mauvaises mains » – comme si ils étaient actuellement « dans de bonnes mains ». Mais les russes ont dit à Bachar de ne pas les utiliser. Est-ce qu’il va s’amuser à envoyer se faire f….tre sa seule superpuissance alliée ?

    Ah oui, et au fait, qui était la première armée à avoir utilisé le gaz au Moyen Orient ? Saddam ? Ben non, raté ! Les Britons bien sûr, sous le commandement du général Allenby, contre les turcs dans le Sinaï en 1917. Et ça, c’est la vérité. 

    ***

    Parmi les commentaires à la suite de cet article, mentionnons celui-ci :

    Je ne sais pas si la Syrie a des armes de destruction massives ou pas, si il serait juste, ou pas, de lancer une action militaire sous couvert de l’ONU, mais puis-je mettre en évidence un certain nombre de questions que soulève ce reportage ? L’idée qu’Hafeez a utilisé des armes chimiques sur Hama est relativement confidentielle, et la plupart des journalistes ne l’ont pas rapportée par manque de sources. Je ne suis pas sûr que la source en soit une « SARM », mais bien plutôt que l’affirmation soit venue du Comité syrien des Droits de l’Homme il y a quelques années. Je pense plutôt que si la rhétorique est montée d’un cran, cela n’a rien à voir avec Hama, mais davantage avec la disparition de Jihad Makdissi, et l’information de la semaine dernière, selon laquelle il pourrait avoir fait défection au Royaume Uni. A en croire ses commentaires à la TV syrienne il y a quelques mois, on peut imaginer quel genre d’informations il a pu fournir aux USA/UK la semaine dernière, qui ont pu causer cette escalade rhétorique. [Ndlr. ce commentaire peut tout aussi bien illustrer et canaliser un montage du renseignement allié ou syrien, que fournir une piste de recherche non infiltrée. Il a au moins le mérite de désigner clairement les opérateurs qui ont mis la Syrie sur table d’écoute.]

    Rappel : mais au fait... de quel gaz devrait-on parler dans tous les médias ?

    commentaires bluerider, pour agoravox 

    La Libye, déjà une affaire de gaz :

    • Le gisement de gaz "BLOC LC7" au sud de Tripoli était l’objet de la visite de Kadhafi à Paris le lundi 10 décembre 2007. Même CANAL+ ose le dire. A quand la même émission sur les réserves de gaz syrien, et les raisons de la venue à Paris le 12 juillet 2008, de M. Bachar El Assad qui a pu assister le 14 juillet 2008, à un défilé de ce que notre industrie de défense fait de mieux ? Il est vrai que les USA viennent de signer avec l’Arabie Saoudite le contrat "pétrole contre armement" du siècle, et qu’avant eux, Margareth Thatcher avait signé avec les mêmes les accords Al Yamamah eux aussi promettant un supertanker par jour au Royaume-Uni en échange de chasseurs bombardiers Panavia Tornado (avec le plus gigantesque scandale financier de tous les temps où l’avionneur britannique BAe a bien failli disparaitre). M. Sarkosy notre ex-Président formé à son métier d’avocat et politicien par Frank Wisner Jr., ancien patron de la CIA, aura sans doute beaucoup appris… trop vite peut-être ? Souvenez-vous aussi de son équipée avec des centaines de conseillers au lendemain de son élection, auprès de George Bush à Kennebunkport, un coup de force sur les mentalités françaises,dont le nouvel occupant de l’Elysée semble fort aise.

    La Syrie, une affaire de gaz également ?

    Gaz toxiques en Syrie : La réponse du berger à la bergère….

    • un journal de contre-propagande certes, mais qui va regarder cette télévision d’Etat francophone syrienne ? La "coalition pour la guerre" pourra toujours s’adapter et répliquer qu’en fait, il s’agit cette fois d’empêcher la création d’un émirat islamique et de préserver la laïcité, et donc d’aller porter secours au bon peuple syrien prêt à tomber aux mains de méchants intégristes détenteurs de gaz mortels. La propagande de guerre a ceci de commode, c’est qu’elle est malléable à souhaits. La vérité, elle, souffre d’exactitude, surtout dans les intentions.

    et si les gaz mortels tombaient aux mains des forces alliées contre Bachar el Assad ?

    bluerider http://www.agoravox.fr

  • Après le Printemps arabe, l’Hiver du chaos, de la charia et de la dictature

    Par Marc Rousset, écrivain, économiste, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

    Les lendemains de la victoire indigne contre Mouammar  Kadhafi menacent de déchanter. Seule l’Afrique du sud aura sauvé l’honneur jusqu’au bout, le vrai coupable étant le clan réformiste de Dmitri Medvedev qui, en s’éloignant de la « Real Politik » de  Vladimir Poutine, en s’abstenant lors de la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force pour protéger les populations civiles, aura laissé s’engouffrer dans la brèche l’impérialisme et l’hypocrisie droit de l’hommiste. Dmitri Medevedv ne l’aura donc pas « volé » s’il se retrouve prochainement simple Président du Conseil Constitutionnel de la Russie à Saint Pétersbourg. Moscou a été floué. Paris et Londres ont outrepassé le mandat accordé par les Nations Unies et trahi Medvedev en renversant Kadhafi, sous couvert de « responsabilité de protéger » les civils. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tout simplement pris parti  dans une guerre civile, comme Hitler et Mussolini pendant la guerre d’Espagne. L’intervention cynique de l’Otan aura eu  non seulement pour seul effet d’augmenter le nombre de morts libyens par rapport aux morts virtuels  de Benghazi, mais en plus elle aura eu pour effet, en détruisant l’État libyen, de conduire la Libye vers l’abîme.
    Le Conseil national de transition n’est pas représentatif de la Libye ! Le CNT devra accorder aux rebelles de l’Ouest (la grande tribu arabe des Zintan  du djebel Nefoussa) une place conforme à leur rôle militaire. Les habitants de Misrata, descendants des Turcs, ont pris les armes contre le régime immédiatement après ceux de la Cyrénaïque car la moitié  de la population de Benghazi descend  d’immigrés originaires de Misrata. Le sentiment d’appartenance tribale et non les bobards  démagogiques de Monsieur Bernard Henri Levy au sujet de la démocratie, des droits de l’homme et de la  liberté individuelle,  est la donnée fondamentale de compréhension des réalités libyennes. Il va s’agir de répartir la rente pétrolière en veillant à respecter les équilibres entre tribus et régions, d’où comme en Irak et surtout Somalie le risque de conflits sans fin entre tribus menaçant l’unité et la paix  du pays. L’échiquier libyen est complexe : la région de Bani Walid est le fief des Ouarfalla ; Tarhoufa est le le fief de l’importante confédération tribale des Tarhouna ; Syrte, d’où est originaire Mouammar  Kadhafi  est le fief des Kadhafa ; le Fezzan est le fief des populations kadhafa,magariha, hassouana et touarègues rétribuées et recrutées par le régime ; les habitants de Taourgha manifestent une méfiance ancienne à l’encontre des habitants de Misrata ; la population jaramna de Ghadamès, à la frontière algérienne, est toujours demeurée fidèle au pouvoir. On prend encore mieux conscience du puzzle tribal  lorsqu’on apprend que Mizda, fief des Malachiya et des Aoulad Bou Saif, ainsi que  les oasis d’Aoujila, Waddan,  Houn, Soukna et  Zliten, fief des Aoulad Shaik, se méfient de ceux de Misrata !(1) Il faut savoir enfin qu’en Cyrénaïque, l’État libyen est très marqué par l’existence sous-jacente de mouvements islamistes et de la puissante secte Sénoussie qui avait donné naissance à la première monarchie de 1947. Les Tribus en Tripolitaine considèrent les gens de la Cyrénaïque comme des  péquenauds prenant le pouvoir  et imposant leur  nouveau drapeau (le drapeau de la Cyrénaïque, soit un rectangle noir avec un croissant d’Islam blanc, avec seulement deux bandes supplémentaires, une rouge pour le Fezzan et une verte pour la Tripolitaine. Bref, l’OTAN avec ses bombardements unilatéraux, ses porte-avions et ses hélicoptères  a fait pencher la balance des armes du côté du CNT , sans tenir compte de l’équilibre  des forces  sociologiques propres à la Libye. Les médias  du politiquement correct se sont bien gardés de dire que tous les noirs en Libye, soupçonnés d’être des mercenaires, font l’objet d’exactions de la part des fiers combattants du CNT car cela ne correspondait pas aux  contes de fées  droit de l’hommistes  du  nouveau paysage libyen.
    Dmitri Rogozine, Ambassadeur de la Russie à l’Otan , a admirablement bien résumé la situation en Libye et du Printemps arabe : « Nous ne sommes pas fait d’illusion sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que  c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et Al-Qaïda »(2). De son côté le Ciret (Centre international de recherche et d’étude sur le terrorisme) s’est inquiété , en revenant de Libye, de l’existence d’une tentation islamiste parmi les insurgés. Son rapport dénonçait le projet d’instaurer une charia islamique dans la Libye d’après Kadhafi. Il n’est un secret pour personne que des islamistes radicaux se sont battus dans les rangs rebelles. Abdelhakim Belhadj est devenu le gouverneur militaire de Tripoli, non reconnu par les tribus de l’Ouest  qui ne veulent pas se faire voler leur « victoire ». Capturé par la CIA en 2003,nommé « émir » du Groupe islamique combattant (GICL)libyen, adoubé par Ben Laden en 2007, il est connu pour avoir été proche de Zarqaoui, le chef d’al-Qaida en Irak. Il n’est pas le seul ancien du CICL à avoir été propulsé à un poste militaire de premier plan en Libye Les objectifs démocratiques des pays occidentaux sont du pain bénit pour les Islamistes radicaux, comme cela a failli être le cas en Ouzbékistan si la Russie n’était pas intervenue en 2005  pour mettre en place un dictateur à poigne, Islam Karimov, seul capable d’écarter le danger islamique. La lutte en Libye va, d’ici peu, devenir féroce entre les laïcs et les islamistes. Il est également clair que si le CNT ne parvient pas à démilitariser les milices, ce qui est plus que probable, ni à instituer les conditions de la stabilité et de la sécurité, des conflits lancinants entre tribus apparaitront, tout comme en Somalie ! Voilà où nous conduit la pantomime  démocratique de Nicolas Sarkozy qui, une fois encore, veut  nous faire prendre les vessies libyennes pour des lanternes !
    Tout cela n’est pas sans nous rappeler la Somalie, où après la défaite du groupe islamiste al-Shebab, les luttes chaotiques et violentes ont commencé entre les clans pour savoir qui, après vingt années de conflit, prendra le contrôle du pays. La situation actuelle est la pagaille la plus complète et l’instabilité la plus totale avec la création de vingt mini-États sur-armés non viables qui se disputent le pouvoir dans une ambiance de guerres régionales. On ne peut pas également ne pas penser à l’Irak avec la suppression des institutions solides de Saddam Hussein et l’absence totale  de cohésion entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes. Les Irakiens reprochent  aujourd’hui aux États-Unis  comme demain les Libyens à la France et à la Grande-Bretagne d’avoir mis en pièces leur société et d’envisager de se retirer sans réparer les dégâts, avec en prime  pour enjoliver le tableau la disparition programmée des chrétiens !
    Je reviens  personnellement d’un voyage en Égypte cet été ! Les Égyptiens se fichent comme de l’an 40 de la démocratie ! Ce qu’ils veulent, c’est croûter, comme nous le répétait notre guide copte et comme me l’a montré le cocher d’une calèche à Louxor en attirant mon attention sur son estomac et la maigreur de son cheval ! Or le problème fondamental, même si l’on tord le cou à tous les Moubarak et les oligarques égyptiens de la terre, c’est que l’Égypte, avec sa population de 80 millions d’habitants sur 4% de territoire utile autour du Nil, entouré de toutes parts du désert, n’est pas un pays viable ! Et  cerise sur le gâteau, suite à l’éviction de Hosni Moubarak, le premier ministre égyptien Essam Charaf a jugé que le traité de paix signé en 1979 avec Israël, premier ratifié entre l’Etat hébreu et un pays arabe, n’était pas sacré ! La mise à sac des archives de l’ambassade d’Israël  au Caire, avec destruction d’un mur d’enceinte,  est venue couronner les prémisses du désastre, de la catastrophe monumentale  qui s’annonce ! Tout cela se terminera donc par une nouvelle dictature militaire ou la chape  de fer de la  charia islamique pour ramener l’ordre dans les chaumières, sans remplir les estomacs pour autant !
    Même chose en Libye, mais pays riche par rapport à sa population, contrairement à l’Égypte. Les Libyens veulent avant tout du travail, une bonne éducation pour leurs enfants, de bons  hôpitaux, vivre normalement. C’est ce qu’ils avaient avec Mouammar Kadhafi qui de plus, avait amélioré la condition féminine. Les Libyens, suite aux chimères et rêveries de liberté démocratique risquent bien de tout perdre sans jamais avoir de liberté  individuelle pour autant, les  réalités holistes de la tribu s’imposant à tous. Ils risquent de tout perdre pour leur qualité de vie, avec  en prime des guerres  intestines incessantes et des violences sans fin. Il est fort probable que d’ici peu de temps, les Libyens vont commencer à regretter Kadhafi, nonobstant les haines tribales des gens de Benghazi et de Misrata qui, au mieux feront place aux haines nouvelles des tribus pro-Kadhafi, soit un prêté pour un rendu.
    Quant à la Tunisie, l’impression de gâchis de la  « révolution de jasmin ». est chaque jour plus forte. En 2011, l’insécurité a nettement augmenté ;  les troubles, les grèves augmentent et la fréquentation touristique a baissé de 40% tandis que les recettes baissaient de 50%. La guerre civile avec les islamistes qui tentent de miner les institutions laïques est maintenant possible. De 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4% par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant, alors qu’au mieux , elle sera proche de 0% en 2011. L’éviction de Ben Ali est donc une catastrophe pour la Tunisie, même si lui et sa famille s’en mettaient plein les poches ! En  Tunisie, on ne peut pas ne pas penser aux grenouilles qui demandent un roi. La Tunisie connaîtra demain soit une dictature militaire  soit la prise de pouvoir par les islamistes.
    Il est probable que les barbus tunisiens  d’Ennadha et leurs compères égyptiens des Frères musulmans, tout comme leurs compères libyens, attendent le moment propice pour récolter ce qu’une main invisible a semé durant le «  Printemps arabe ». En Libye, le CNT rase dores et déjà gratis ! Le CNT se donne huit mois pour rédiger une constitution s’appuyant sur la charia et non pas sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce qui était le prétexte de l’intervention occidentale ! Et avec  beaucoup de chance, des élections auront lieu après environ 20 mois ! D’ici là, de l’eau aura coulé sous les  ponts dans le désert libyen !  Il semble que, dans le contexte de la Pensée Unique, Nicolas Sarkozy et  les charlatans du Politiquement correct, du Droit de l’Hommisme, de la Démocratie universelle  in abstracto, de l’IrrealPolitik, n’aient pas tenu compte des réalités politiques, historiques, sociologiques et économiques des pays arabes. Il leur suffisait cependant de retenir les leçons du renversement du Shah d’Iran par l’Ayatollah Khomeiny ainsi que du  très difficile  rétablissement  de l’ordre et de la paix par la Russie dans le Caucase,  en Ouzbékistan et en Asie centrale !
    M.Rousset http://www.scriptoblog.com/
    ( 1 ) Libye, les conditions de l’unité nationale, Le Monde diplomatique, septembre 2011, p16
    ( 2 ) Le Figaro du samedi 18 septembre 2010

  • Égypte : l'opposition rejette majoritairement le référendum

    Le Front du salut national réunissant les principaux partis et courants de l’opposition égyptienne a décidé de rejeter le référendum sur le projet de constitution. Le Front appelle à une série d’actions contre ce qu’il considère un diktat. L’opposition appelle notamment à une nouvelle manifestation mardi prochain.
    Pour le Front du salut national, il n’est même pas question de boycotter le référendum sur le projet de constitution car ce serait lui donner une certaine légitimité. Un projet qui selon le Front porte atteinte aux droits sociaux et politiques basiques et pave la voie à la dictature. 
    Autre raison du rejet, ce que le Front appelle «la montée de la violence et du terrorisme exercé par les milices islamistes» contre des institutions vitales comme la justice et les médias. La cité des médias qui regroupe toutes les télés privées est assiégée depuis trois jours par des milliers d’islamistes qui filtrent les entrées et les sorties. 
    Le Front souligne que le ministère de l’Intérieur est lui-même soumis aux pressions des islamistes qui exigent qu’il réprime violement les manifestations de l’opposition. Le Front appelle aussi le peuple, pressuré par de nouvelles taxes et augmentations des prix, à rejoindre la grande manifestation prévue mardi. Un mardi qui pourrait sombrer dans la violence si les islamistes mettent à exécution leur menace d’organiser des contre-manifestations.

    Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/

  • Algérie : une bombe a fragmentation !

    Dans le cadre de son travail, Antoine Corcelles se rend régulièrement en Algérie. Il décrit pour Monde et Vie la situation de ce pays qu'il connaît bien.
    ☞ Monde et Vie : Vous vous rendez régulièrement en Algérie et connaissez bien ce pays. Se dirige-t-il vers un bouleversement comparable à ceux de Tunisie ou d'Egypte ?
    Antoine Corcelles : Pour l'instant, cela bouge fortement, mais il est difficile de discerner s'il s'agit d'un mouvement général ou d'émeutes de la faim locales et sporadiques. La société algérienne est plus diversifiée, géographiquement, que la société tunisienne. Les pôles urbains importants y sont beaucoup plus nombreux, et chacun reste un peu coupé des autres.
    ☞ N'y trouve-t-on pas aussi une plus grande diversité ethnique? Je pense par exemple aux Kabyles, aux Chaouias...
    Lorsqu'un système est contesté, il se crée d'abord une sorte d'union sacrée de ses opposants. Par la suite, si le système FLN venait à imploser, les disparités que vous évoquez pourraient ressurgir d'une manière virulente, que ce soit le problème kabyle, ou d'autres qui sont moins connus ou cités : le Mzab, autrement dit la région de Ghardaïa, par exemple, a déjà une autonomie de comportement. L'implosion ferait alors l'effet d'une bombe à fragmentation, avec des effets multiples, régionaux, ethniques, culturels... Des clivages sociaux « à l'occidental » se sont aussi développés dans la société algérienne, entre bourgeois, ouvriers, classes moyennes, patronat, etc. De tous les pays d'Afrique du nord, l'Algérie est sans doute le plus proche de l'Europe et de la France.
    ☞ Même par rapport au Maroc ?
    Oui, car aussi prégnante qu'y soit la religion et influent l'islamisme, la société reste assez « laïque » et les domaines politiques et religieux ne s'y confondent pas. Au Maroc, où le roi est le Commandeur des Croyants, islam, société et pouvoir politique sont liés - peut-être, d'ailleurs, pour le plus grand bien de la paix sociale. En Algérie, le distinguo est constant. Ce pays a beaucoup plus hérité de la période française qu'on ne le pense. On n'y invoquera pas, comme dans d'autres pays, une loi religieuse pour condamner un comportement civil ; pas officiellement, du moins. Un préfet me disait : « Nous avons dans les préfectures des directeurs des affaires religieuses, mais ceux qui administrent la religion ne sont pas ceux qui la pratiquent. »
    C'est une réflexion typiquement occidentale : il faisait bien le distinguo entre ces fonctionnaires chargés d'administrer la religion et les croyants. Ce n'est pas le même monde...
    ☞ La fracture est-elle nette entre le FLN et le peuple, existe-t-il un fossé entre une Algérie « d'en haut » et une Algérie d'« en bas » ?
    Oui. Il existe indiscutablement une bourgeoisie, culturellement forte et marquée par l'Amérique. J'ai constaté qu'alors que les enfants du peuple viennent étudier en France, ceux des dignitaires vont aux États-Unis. Le petit peuple, qui souffre et qui a faim, a peu d'estime pour ces dignitaires du régime et accuse les associations d'anciens combattants de regrouper des gens qui n'ont jamais combattu et restaient derrière les frontières pendant la guerre d'indépendance.
    ☞ Le peuple a faim et pourtant l'Algérie est assise sur des ressources d'or noir considérables. Où va l'argent ?
    Les gouvernants ne s'oublient pas, mais le gouvernement investit aussi beaucoup dans les infrastructures. L'argent qui rentre grâce au pétrole a permis par exemple de rénover l'aéroport d'Alger avec une débauche de luxe qu'un pays pauvre ne pourrait pas s'offrir; mais le peuple ne se rend pas à l'aéroport d'Alger. De même, l'autoroute Maroc-Tunisie est une belle réalisation, mais les gens ne l'utilisent pas. À côté de ces réalisations, on importe tout, notamment les produits agricoles, et les efforts réels consentis pour les infrastructures n'apportent de solution ni à la montée des prix, ni aux difficultés d'approvisionnement. On parle d'émeutes de la faim et le mot n'est pas trop fort. Ce sont en tout cas des émeutes de la misère. Les mouvements islamistes prospèrent sur cette pauvreté, en y remédiant et en aidant vraiment la population. Je pense toutefois qu'il n'y a pas de corrélation entre terrorisme et pratique religieuse, j'ai même remarqué le contraire. Dans le Mzab, par exemple, on n'a pas déploré un mort pendant les dix ans de ce qu'on appelle la guerre civile algérienne. Les habitants expliquent qu'ils sont suffisamment religieux pour ne pas avoir besoin d'être islamistes. Ce qui tend à montrer que les comportements politiques diffèrent au sein du monde islamique. Les gens n'aiment pas les barbus venus d'Arabie Saoudite, qu'ils appellent les « Afghans », parce qu'ils se sont battus en Afghanistan ou en Irak.
    ☞ L'Algérie importe les produits agricoles, alors qu'elle-même était jadis un grenier à blé...
    À cet égard, je me rappelle d'un article de L'Écho d'Oran dont l'auteur écrivait que du temps des Français, l'Algérie était auto-suffisante dans le domaine alimentaire. « Que penser, demandait-il, d'un régime qui n'aura su que fabriquer des assassins d'enfants ? » Comme je m'étonnais de cette audace auprès d'un collaborateur du même journal, celui-ci m'a répondu : ici on écrit tout ce qu'on veut, mais de temps en temps on peut avoir un « accident »... Quand j'étais en Algérie, une information a fait état d'un journaliste qui avait été tabassé dans un hôtel à Tunis. Les Algériens, scandalisés, disaient : « On ne verrait pas ça en Algérie ». J'ai en effet lu des articles terribles sur Bouteflika : il existe donc en Algérie une véritable liberté de la presse... tempérée par « l'accident ». C'est une dictature qui fonctionne avec un système qu'un Français comprend aisément. Il serait intéressant, s'il y avait demain des élections en Algérie, de voir le score que réaliseraient les partis occidentalisés, comme le FFS de Aît Ahmed.
    ☞ Quelles pourraient être les conséquences pour la France d'une révolution en Algérie ?
    L'affaissement de systèmes autoritaires favorise les exodes, parce que le départ devient soudain possible. En quelques jours, plusieurs milliers de Tunisiens ont débarqué à Lampedusa, certains poussés par le désir de quitter un pays misérable, d'autres, proches du régime déchu ou petit cadre locaux, par crainte d'un retour de bâton. Transposez cette situation et ces réflexes à l'Algérie : il est évident que l'effet d'attraction sera énorme, encore amplifié par les liens qui unissent la France et l'Algérie. Certes, la France conserverait la maîtrise des visas ; mais les visas sont une chose, et le transit une autre.
    Propos recueillis par Jean-Pierre Nomen monde & vie 19 février 2011

  • Je préfère encore Bachar el-Assad

    Je préfère encore Bachar el-AssadBV. Les Occidentaux s’apprêtent à intervenir en Syrie. Vous remplacez Obama par Bush, Syrie par Irak, et armes chimiques par armes de destruction massive : ça vous rappelle quelque chose ?

    MLP. C’est la première idée qui m’a traversé l’esprit. C’est étonnant car les Américains sont plutôt bons en story stelling. Finalement, il ont assez peu d’imagination en politique internationale : ils nous ressortent le même scénario…

    On nous rejoue l’Irak ?

    Absolument. Ça me rappelle les bébés koweitiens sortis des couveuses et dont on éclatait la tête contre les murs. Ou encore les armes de destruction massive. Tout cela n’était qu’une opération de communication américaine, une technique utilisée dans laquelle nous tombons systématiquement pieds et poings liés : la défense du bien contre le mal.

    Les Français doivent comprendre — mais personne ne le leur explique — qu’avec les Américains, et en matière internationale, la bonne réponse est toujours le pétrole. Or, quelle est la réalité de la situation géostratégique et géopolitique en Syrie ? Bachar el-Assad a refusé au Qatar et à l’Arabie Saoudite de voir son pays traversé par des pipelines. L’objectif était, notamment, de faire concurrence au gaz russe. Quand vous avez compris cela, vous avez tout compris de ce qui se joue actuellement en Syrie. Ce n’est pas du tout le combat de la démocratie contre la dictature. Tout cela n’est qu’habillage de bons sentiments pour, en réalité, défendre les intérêts stratégiques américains.

    Par ailleurs, et au-delà de la violation massive du droit international qu’a constituée la reconnaissance de l’opposition syrienne comme seul interlocuteur du gouvernement français, je trouve délirant qu’on n’ait même pas posé de conditions à cette reconnaissance. La moindre des choses aurait été d’exiger un engagement sur la protection absolue des minorités syriennes ! Car je vous l’annonce, le jour où le régime de Bachar el-Assad tombera, on assistera à un véritable génocide des minorités. Et en premier lieu des Alaouites, avec la bénédiction de l’Occident. Alors, que l’on ne me parle pas de la défense de la démocratie contre le totalitarisme ! C’est la quinzième fois que les États-Unis nous font le coup, et moi je n’hésite pas à dire qu’entre le Shah d’Iran et l’Ayatollah Khomeiny, je préférais le Shah d’Iran. Voilà.

    Et entre Saddam Hussein et l’Irak d’aujourd’hui ?

    Je préférais Saddam Hussein.

    Et entre Bachar el-Assad et la situation qui se profile ?

    Eh bien, je préfère probablement Bachar el-Assad. Et je vous le dis avec d’autant plus de facilité que notre mouvement politique n’a jamais eu la moindre compromission avec aucun de ces dirigeants. Ni avec Bachar el-Assad, ni avec Hosni Moubarak en Egypte, ni…

    Je me souviens pourtant d’un voyage de votre père en Irak qui avait posé problème…

    Qu’était-il parti y faire ? Tenter de libérer des otages retenus en Irak par Saddam Hussein. Je vous rappelle d’ailleurs, pour que vous puissiez constater le niveau de bassesse de nos dirigeants politiques, qu’il avait ramené des otages et que les autorités ont refusé que l’avion se pose en France : elles l’ont fait atterrir en Allemagne !

    Comment se fait-il que la France, hier la droite et aujourd’hui la gauche, choisisse chaque fois le Qatar et l’Arabie Saoudite et leurs intérêts ?

    Parce que notre classe politique est vendue, au sens propre. Il ne se passe pas une semaine sans un responsable socialiste ou un responsable UMP à Doha. Contrairement à ce qu’ils disent, ils se moquent totalement de la défense de nos valeurs, de nos principes. Ils sont — Madame Najat Vallaud Belkacem l’a dit — dans le « business ». C’est aussi simple que cela. Il est étonnant de voir — et je regarde là le Parti socialiste dans les yeux — que tous ces régimes autoritaires, Egypte comme Tunisie, étaient plutôt des régimes socialisants. D’ailleurs, ils appartenaient à l’Internationale socialiste. Aujourd’hui, on fait le choix de manière délibérée de régimes religieux très durs en interne mais ultra-capitalistes à l’extérieur.

    Vous regrettez le soutien que nous avons apporté aux révolutions du printemps arabe ?

    Ce que je regrette, c’est que l’on s’y soit lancé à corps perdu sans en mesurer les conséquences ni les enjeux. Et donc sans poser la moindre exigence.

    François Hollande doit se rendre dans quelques jours en Algérie. Quels rapports la France doit-elle entretenir avec l’Algérie ?

    Un rapport de force. Or, depuis quelques années, tout déplacement en Algérie se résume à une augmentation des visas accordés aux Algériens — on est passé en quelques années de 130 000 à 200 000 visas par an — et à une inflation de la repentance pour la simple raison que nous sommes dépendants économiquement du gaz algérien. Voilà une véritable erreur stratégique ! Je plaide depuis plusieurs années pour que l’on mette en place une réflexion et des accords stratégiques avec la Russie, justement pour éviter de dépendre intégralement de pays comme l’Algérie.

    La France a eu raison de soutenir le statut d’État observateur de la Palestine ?

    Oui. J’ai toujours plaidé pour la reconnaissance de l’État palestinien : on ne peut pas avoir des exigences à l’égard d’un État s’il n’est pas souverain. Introduire la Palestine dans le jeu des institutions internationales entraîne pour cet État des droits mais aussi des devoirs. Cela me semble assez sain et aller dans le sens d’une avancée du règlement du conflit entre Israël et la Palestine.

    Et que pensez-vous de la réponse israélienne : la construction de 3 000 logements et l’arrêt du versement des taxes douanières ?

    C’est le choix du conflit.
    source : Boulevard Voltaire :: lien

  • Génération Identitaire déclare la guerre à l’islamisation de la France (vostfr)

  • Acrobaties diplomatiques

    Par Elie Hatem*

    Si l’on juge que l’intervention en Libye s’est soldée par un fiasco, on sera d’autant plus déterminé à appeler la France au strict respect de la légalité internationale...

    LA RECONNAISSANCE de la Palestine comme État observateur non membre des Nations unies par la France constitue-t-elle un revirement de notre diplomatie et un retour à la constante qui définit nos positions de politique étrangère, ou un moyen de se racheter à l’issue des derniers égarements et contradictions dans ce domaine ?

    De Sarkozy à Hollande

    En effet, depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, nous avons assisté à une rupture avec nos traditions diplomatiques légalistes, respectueuses des principes et des normes internationales, notamment le jus cogens, en nous alignant sur les positions d’opportunisme politique des Américains et en nous soumettant aux groupes de pression atlantistes. Cette rupture a été poursuivie par François Hollande sous l’impulsion de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.

    Cette politique s’est traduite par notre intervention militaire en Libye alors que, quelques années auparavant, Jacques Chirac avait bénéficié du soutien unanime des Français en s’opposant à l’intervention en Irak. Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, rappela à cette occasion, dans son fameux discours aux Nations Unies, les principes directeurs de la diplomatie française « gardienne de l’idéal de la légalité des relations internationales ». Cela renforçait notre position en tant que grande puissance indépendante, garante de l’équilibre et de l’équité.

    À l’instar de l’intervention en Libye qui a provoqué un "coup d’État" et entraîné ce pays dans le chaos, notre soutien "officiel" aux mouvements terroristes islamistes en Syrie conduira non seulement au même résultat mais à la perte totale de notre place et de notre rôle au Proche-Orient. Cette ingérence dans les affaires internes syriennes nous fait perdre notre crédibilité en démontrant nos contradictions, d’autant que nous combattons dans l’Hexagone ces mêmes terroristes dont certains vont s’entraîner dans les camps des rebelles salafistes, à l’instar de Jérémy Louis-Sydney. Les Américains qui poussent François Hollande vers cette voie, comme ils l’ont fait avec Nicolas Sarkozy, ternissent notre image et redorent la leur.

    Un éventuel règlement de la crise diplomatique avec l’Iran par la nouvelle administration de Barak Obama mettrait en évidence cette stratégie : alors que notre diplomatie durcit le ton avec Téhéran au sujet du nucléaire, Washington exerce la politique de la "main tendue" avec l’Iran. Dans ce même ordre d’idées, nous espérons que la position française à l’égard du conflit israélo-palestinien ait été prise en toute indépendance, affranchie d’une machination américaine qui vise en ce moment à faire chuter le gouvernement de Benyamin Netanyahu, à la veille des élections anticipées en Israël.

    La réaffirmation de nos constantes diplomatiques dans la fidélité de nos engagements équidistants des protagonistes, en excluant l’intervention dans les affaires internes et les prises de position partisanes, constitue la spécificité de notre puissance politique sur la scène internationale. ❑

    Élie Hatem - L’AF 2852  http://www.actionfrancaise.net

    *Élie Hatem est rédacteur à L’Action Française, spécialiste des questions géopolitiques