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insécurité - Page 787

  • 2016, année de tous les dangers

    La France commémorera cette  semaine le premier anniversaire de  la tuerie de Charlie hebdo, puis de l’hyper cacher, jalon sur la route menant de la sanglante équipée  de Mohammed Merah et  aux massacres du 13 novembre.Charlie Hebdo, il n’est certes pas le seul, continue aujourd’hui de filer sans grande intelligence la comparaison  entre méchants barbus fous d’Allah et odieux cathos frontistes.Deux familles mises sur le même pied d’égalité qui seraient bien décidées à museler nos libertés  françaises. Charlie Hebdo est aussi le vecteur, là aussi un parmi d’autres, du concept  d’ islamofascisme. Or comme le notait récemment le politologue  Nicolas Lebourg, «ce mot est un non-sens historique et intellectuel, récusé par la totalité des historiens du fascisme. Vouloir assimiler les deux phénomènes ne sert à rien et témoigne d’une incapacité à penser la violence, la radicalité et les sociétés fermées hors des totalitarismes européens du XXe siècle. Ils ne se rapprochent guère que dans leur conception de la société comme un tout organique, autoritaire et hiérarchisé ». Même analyse de son collègue Jean-Yves Camus : «ce qui me frappe chez les essayistes qui utilisent ce terme, c’est leur incapacité à penser un objet qui est le principal totalitarisme contemporain, autrement que par référence à un objet antérieur (…). Je veux souligner deux différences fondamentales entre islam radical et fascisme. D’abord les régimes islamistes s’inscrivent dans la logique du libéralisme économique. Ensuite l’Etat islamique n’a pas pour objectif de forger un homme nouveau mais de revenir à l’homme musulman des origines ».

    Il est vrai que même François Hollande est aujourd’hui accusé, jusqu’au sein du PS mais aussi par une partie de la droite, de vouloir attenter au pacte républicain, de  s’éloigner de l’homme socialiste des origines, de  la doxa progressiste, libérale-libertaire sur la nationalité.   Le Chef de l’Etat a ainsi renouvelé lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre, son souhait de déchoir de la nationalité française les binationaux coupables de terrorisme, emboitant le pas  sur ce thème  au FN.

    L’Obs a souligné sur son site que certains politiques, favorables à cette mesure,  appellent cependant «François Hollande et Manuel Valls à réformer la déchéance de nationalité, sans toucher à la constitution ». C’est le cas de  Paul Quilès, l’ancien ministre de François Mitterrand » qui «dans une pétition (…)  explique (que) ce projet de révision constitutionnelle ouvrirait la porte à des extensions dangereuses, déjà demandées par l’extrême-droite pour aller beaucoup plus loin».

    Le site du magazine  rappelle ainsi un tract diffusé lors de la campagne présidentielle de Marine en2012, intitulé Double nationalité : il faut en finir, qui « (proposait)  non seulement la suppression de la double nationalité mais aussi la déchéance de leur nationalité française pour les binationaux condamnés pour des faits délictuels ou criminels». Etaient visés ici, comme dans les programmes plus anciens du FN, les binationaux se rendant coupables de crimes particulièrement odieuxcontre les plus faibles  (femmes, enfants,  personnes âgées, handicapées…), mais aussi les gros  trafiquants de drogue.

    Plus largement, Bruno Gollnisch rappelle incidemment  pour sa part, dans un domaine connexe,  que  la possibilité même d’expulser dans son pays d’origine un criminel une fois sa peine achevée sur notre territoire fut supprimée par Nicolas Sarkozy lors de son quinquennat.Mais surtout que la question de la déchéance de  nationalité  envisagée aujourd’hui (a minima) par M. Hollande et une partie des élus de LRPS,  ne se poserait pas si l’on ne fabriquait pas à la chaine des Français de papier. Et ce,  au nom de l’inique droit  du sol,  d’un code de la nationalité qu’il s’agirait de réformer à la lumière des défis migratoires de ces dernières décennies…

    Autres défis, autres tensions lourdes de menaces, celles qui agitent ces dernières heures deux puissances rivales de longue date, l’Arabie saoudite wahhabite,  cet «Etat islamique (Daech)  qui aurait  réussi» selon la définition qu’en donne Eric Zemmour, et l’Iran chiite. Une hostilité réactivée  depuis que  le  cheikh Al-Nimr, 56 ans,  a été exécuté samedi, reconnu coupable de terrorisme, sédition, désobéissance au souverain et port d’armes  avec 46 autres personnes en Arabie saoudite.

    Le chiite Mohammed al-Nimr, qui avait étudié la théologie plus de dix ans en Iran,  était un opposant pacifique mais très critique  du régime saoudien. Il défendait avec un grand talent la cause de la minorité chiite vivant en Arabie saoudite allant même jusqu’à proposer son autonomie dans le cadre d’une scission territoriale.

    En septembre dernier, à Bruxelles, François Hollande s’était fendu d’une déclaration demandant  que l’Arabie saoudite renonce à la décapitation puis à la crucifixion d’un  neveu de Mohammed al-Nimr, à savoir  Ali al-Nimr, 21 ans,  condamné à mort le 27 mai 2014 pour avoir participé à des manifestations du Printemps arabe en 2012. Mais il était  resté muet, comme ses homologues européens et les Etats-Unis,  sur  la nomination de l’Arabie saoudite  à la tête d’une descommissions consultatives du   Conseil des droits de l’homme  de l’ONU !

    Dans un communiqué paru dimanche et émanant du  ministère des Affaires étrangères, la France  a «(déploré) profondément » les « exécutions » commises en Arabie saoudite…Bref, le service minimum tant est grande la volonté de ne pas froisser outre mesure «notre» «allié» saoudien  qui joue  le rôle trouble que l’on sait en Syrie (et dans nos banlieues). Arabie saoudite  de qui on attend  toujoursle gros chèque qui doit  régler le montant  des frégates Mistral que nous avons refusé, au mépris de nos engagements de livrer à la Russie, et  achetées finalement  officiellement par l’Egypte…

    La réaction de l’Iran à ces exécutions  a été autrement plus  vive.  L’Arabie « paiera un prix élevé pour ces politiques » a déclaré le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari. Téhéran a affirmé que «le gouvernement saoudien soutient d’un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs ».

    La  manifestation organisée  dimanche après-midi devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran à l’appel de la branche estudiantine de la milice bassidji, qui dépend des Gardiens de la révolution,l’unité d’élite des forces armées iraniennes, a dégénéré.  L’ambassade saoudienne a été saccagée, le consulat saoudien dans la ville de Machhad (nord-est de l’Iran) a été lui aussi attaqué.

    Une quarantaine de personnes ont été arrêtées mais Ryad a aussitôt annoncé,  la rupture unilatérale de ses relations diplomatiques avec Téhéran. Le régime saoudien a « donné 48 heures aux membres de la représentation diplomatique iranienne pour quitter le pays». De quoi éloigner encore un peu plus, ce qui n’est pas pour déplaire  à beaucoup, la perspective, déjà bien hypothétique d’une coalition internationale regroupant notamment tous les pays de la région, pour lutter contre l’Etat islamique. 2016, année de tous les dangers…

    http://gollnisch.com/2016/01/04/2016-annee-de-tous-les-dangers/

  • Giorgio Agamben : « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité »

    Pour le philosophe italien Giorgio Agamben, l’état d’urgence n’est pas un bouclier qui protège la démocratie. Il a, au contraire, selon lui, toujours accompagné les dictatures. 
    On ne comprend pas l’enjeu véritable de la prolongation de l’état d’urgence [jusqu’à la fin février] en France, si on ne le situe pas dans le contexte d’une transformation radicale du modèle étatique qui nous est familier. Il faut avant tout démentir le propos des femmes et hommes politiques irresponsables, selon lesquels l’état d’urgence serait un bouclier pour la démocratie. 
    Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (état d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire. 
    Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les libertés individuelles étaient suspendues. 
    On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques. 
    Entretenir la peur 
    Cela est d’autant plus vrai que l’état d’urgence s’inscrit, aujourd’hui, dans le processus qui est en train de faire évoluer les démocraties occidentales vers quelque chose qu’il faut, d’ores et déjà, appeler État de sécurité (« Security State », comme disent les politologues américains). Le mot « sécurité » est tellement entré dans le discours politique que l’on peut dire, sans crainte de se tromper, que les « raisons de sécurité » ont pris la place de ce qu’on appelait, autrefois, la « raison d’État ». Une analyse de cette nouvelle forme de gouvernement fait, cependant, défaut. Comme l’État de sécurité ne relève ni de l’État de droit ni de ce que Michel Foucault appelait les « sociétés de discipline », il convient de poser ici quelques jalons en vue d’une possible définition. 
    Dans le modèle du Britannique Thomas Hobbes, qui a si profondément influencé notre philosophie politique, le contrat qui transfère les pouvoirs au souverain présuppose la peur réciproque et la guerre de tous contre tous : l’État est ce qui vient justement mettre fin à la peur. Dans l’État de sécurité, ce schéma se renverse : l’État se fonde durablement sur la peur et doit, à tout prix, l’entretenir, car il tire d’elle sa fonction essentielle et sa légitimité. 
    Foucault avait déjà montré que, lorsque le mot « sécurité » apparaît pour la première fois en France dans le discours politique avec les gouvernements physiocrates avant la Révolution, il ne s’agissait pas de prévenir les catastrophes et les famines, mais de les laisser advenir pour pouvoir ensuite les gouverner et les orienter dans une direction qu’on estimait profitable.
    Aucun sens juridique 
    De même, la sécurité dont il est question aujourd’hui ne vise pas à prévenir les actes de terrorisme (ce qui est d’ailleurs extrêmement difficile, sinon impossible, puisque les mesures de sécurité ne sont efficaces qu’après coup, et que le terrorisme est, par définition, une série des premiers coups), mais à établir une nouvelle relation avec les hommes, qui est celle d’un contrôle généralisé et sans limites – d’où l’insistance particulière sur les dispositifs qui permettent le contrôle total des données informatiques et communicationnelles des citoyens, y compris le prélèvement intégral du contenu des ordinateurs. 
    Le risque, le premier que nous relevons, est la dérive vers la création d’une relation systémique entre terrorisme et État de sécurité : si l’État a besoin de la peur pour se légitimer, il faut alors, à la limite, produire la terreur ou, au moins, ne pas empêcher qu’elle se produise. On voit ainsi les pays poursuivre une politique étrangère qui alimente le terrorisme qu’on doit combattre à l’intérieur et entretenir des relations cordiales et même vendre des armes à des États dont on sait qu’ils financent les organisations terroristes.
    Un deuxième point, qu’il est important de saisir, est le changement du statut politique des citoyens et du peuple, qui était censé être le titulaire de la souveraineté. Dans l’État de sécurité, on voit se produire une tendance irrépressible vers ce qu’il faut bien appeler une dépolitisation progressive des citoyens, dont la participation à la vie politique se réduit aux sondages électoraux. Cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle avait été théorisée par les juristes nazis, qui définissent le peuple comme un élément essentiellement impolitique, dont l’État doit assurer la protection et la croissance. 
    Or, selon ces juristes, il y a une seule façon de rendre politique cet élément impolitique : par l’égalité de souche et de race, qui va le distinguer de l’étranger et de l’ennemi. Il ne s’agit pas ici de confondre l’Etat nazi et l’État de sécurité contemporain : ce qu’il faut comprendre, c’est que, si on dépolitise les citoyens, ils ne peuvent sortir de leur passivité que si on les mobilise par la peur contre un ennemi étranger qui ne leur soit pas seulement extérieur (c’étaient les juifs en Allemagne, ce sont les musulmans en France aujourd’hui). 
    Incertitude et terreur 
    C’est dans ce cadre qu’il faut considérer le sinistre projet de déchéance de la nationalité pour les citoyens binationaux, qui rappelle la loi fasciste de 1926 sur la dénationalisation des « citoyens indignes de la citoyenneté italienne » et les lois nazies sur la dénationalisation des juifs. 
    Un troisième point, dont il ne faut pas sous-évaluer l’importance, est la transformation radicale des critères qui établissent la vérité et la certitude dans la sphère publique. Ce qui frappe avant tout un observateur attentif dans les comptes rendus des crimes terroristes, c’est le renoncement intégral à l’établissement de la certitude judiciaire. 
    Alors qu’il est entendu dans un État de droit qu’un crime ne peut être certifié que par une enquête judiciaire, sous le paradigme sécuritaire, on doit se contenter de ce qu’en disent la police et les médias qui en dépendent – c’est-à-dire deux instances qui ont toujours été considérées comme peu fiables. D’où le vague incroyable et les contradictions patentes dans les reconstructions hâtives des événements, qui éludent sciemment toute possibilité de vérification et de falsification et qui ressemblent davantage à des commérages qu’à des enquêtes.Cela signifie que l’Etat de sécurité a intérêt à ce que les citoyens – dont il doit assurer la protection – restent dans l’incertitude sur ce qui les menace, car l’incertitude et la terreur vont de pair. 
    C’est la même incertitude que l’on retrouve dans le texte de la loi du 20 novembre sur l’état d’urgence, qui se réfère à « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité ». Il est tout à fait évident que la formule « sérieuses raisons de penser » n’a aucun sens juridique et, en tant qu’elle renvoie à l’arbitraire de celui qui « pense », peut s’appliquer à tout moment à n’importe qui. Or, dans l’Etat de sécurité, ces formules indéterminées, qui ont toujours été considérées par les juristes comme contraires au principe de la certitude du droit, deviennent la norme. 

  • La France Hollando-vallsienne : Titanic ou radeau de La Méduse ?

    Dr Bernard Plouvier

    Pour fêter le passage du cru 2015 (celui des attentats les plus meurtriers jamais provoqués en Europe par des musulmans) à celui de 2016 (où l’on peut craindre pis encore, du fait de l’extrême mollesse de la réaction gouvernementale), l’on a assisté aux traditionnels incendies volontaires de poubelles et de véhicules à moteur… mais aussi, et c’est de l’inédit, au sabotage délibéré des installations électriques d’un hôpital.

    Du côté de chez Cazeneuve, l’on joue les glorieux : SEULS 804 véhicules auraient été brûlés volontairement par la racaille dans la nuit du 31 décembre au 1er  janvier ! Mais l’on sait que les chiffres du ministère sont parfois « légèrement » minorés, pour éviter tout désagrément, tout grincement de dents du côté du bon peuple.

    Et l’on se gargarise : cela fait 15% de véhicules détruits - par l’effet de la haine, de la bêtise, du vandalisme gratuit - en moins qu’au réveillon de l’an 2014. Pour obtenir ce grandiose résultat, il aura fallu mobiliser 110 000 policiers, gendarmes et militaires, en plus de 34 000 pompiers, soit des effectifs bien supérieurs à ceux de l’année précédente. À ce train là, si l’on veut passer en dessous de la barre des 500 véhicules incendiés, il faudra mobiliser un demi-million de membres des forces de l’ordre dans 12 mois. Il y a réellement de quoi pavoiser.

    Mais il y a pire. Pour la première fois dans l’histoire de France – hors temps de guerre – un hôpital a été délibérément visé, par le sabotage de ses installations électriques de façon à ce que se déclenche un incendie. Ce type d’attentat, qui avait pour finalité de tuer ou de meurtrir davantage encore des malades et des invalides, est une véritable profanation civique. Seuls des fanatiques, des fous dangereux, des bêtes nuisibles peuvent oser s’en prendre à nos malades, hospitalisés alors que le reste de la population fête en famille la fin d’une année pénible entre toutes.

    Pendant que la France coule, nos brillantissimes politiciens disputent d’une possible, éventuelle – si « antidémocratique » qu’elle fait pleurer les margots de gauche et hurler de rage les chevaliers du renoncement national (selon l’expression gaullienne) – déchéance de nationalité pour les auteurs d’attentats terroristes et leurs très nombreux complices actifs et passifs.

    Ce n’est pas de la suppression d’une nationalité, que rejettent ipso facto les immondes assassins en souillant le territoire national de leurs crimes, qu’il faut discuter, mais de la suppression physique des assassins et de tous leurs complices, qu’ils agissent par fanatisme religieux ou politique, ou par l’effet de la bêtise la plus crasse jointe à la joie de nuire à autrui.

    La France coule et nos élus discutent du nouveau sexe des anges : doit-on on non amputer du bénéfice de la double nationalité et de l’immense honneur d’être citoyen français des personnages ignobles ? Byzantinisme ridicule et abject. C’est le Salut Public qui est en jeu. Il n’est plus question de querelles d’esthètes. Il faut rétablir immédiatement la peine de mort et mettre le pays en état de loi martiale. Ce qui commence par la réduction immédiate des deux milliers de cités de non-droit établies en France métropolitaine par la racaille issue de l’immigration.

    Si notre ventru Président ne s’en sent pas capable, qu’il cède sa sinécure élyséenne. Quant à la fraction non aveulie du peuple français de souche européenne, il doit être prêt à répondre à un ordre de mobilisation. Bien dirigé le Titanic n’eût pas coulé. Bien gouvernés, les Français peuvent redevenir dignes de leurs ancêtres et préparer un avenir meilleur pour leurs enfants et leurs petits-enfants, tout en protégeant efficacement leurs vieillards et leurs malades.

  • Bientôt la guerre des boutons

    Depuis plusieurs semaines, nous savons que l’armée française est à court de munitions. Est-ce le fruit du manque de préparation ou d’anticipation, est-ce le résultat d’un manque de moyens ? Toujours est-il que notre pays n’a plus de bombes pour ses missions de « destruction de Daech ». Notre pays est donc obligé d’en commander aux États-Unis, qui pourraient avoir des difficultés à honorer ces commandes.
    Déjà que nos vieux fusils FAMAS devraient être remplacés par des fusils d’origine étrangère, plus aucun fabricant français n’étant capable de répondre à l’appel d’offres. Nos avions devront-ils rester cloués au sol ou sur le porte-avions Charles-de-Gaulle ? Notre « chef de guerre » a pourtant promis (c’est ce qu’il sait faire de mieux). « Je vous promets solennellement que la France mettra tout en œuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu’elle agira sans répit pour protéger ses enfants », disait-il le 27 novembre 2015 dans la cour des Invalides.
    Devant de telles informations, nos militaires en missions extérieures ont de quoi s’inquiéter. Les opérations menées de front sur plusieurs régions du monde s’enlisent et rien ne fait présager qu’elles s’arrêteront en 2016. Alors le président de Bretagne, « ministre dans la plénitude de [ses] fonctions » – pour reprendre son expression du 14 décembre au micro de RTL -, s’est rendu sur notre porte-avions pour réveillonner avec les troupes. Un réconfort sans doute nécessaire pour ces marins.
    Rien que de très normal, me direz-vous, un jour comme celui-ci. Non content de la visite et de l’allocution, le ministre avait emporté avec lui un petit cadeau – des étrennes, en quelque sorte. Si, l’an passé, M. Le Drian avait offert à nos soldats des montres, sans doute pour leur rappeler l’heure de l’attaque, cette année, il en va tout autrement : le cadeau fut utile et « somptueux ».
    La France, par l’intermédiaire de son ministre, a donc offert a nos marins et soldats en guerre un Opinel. Non, ce n’est pas une blague d’après-réveillon, non je n’ai pas trop bu, ce cadeau est bien une réalité. Nous pouvons donc souhaiter une excellente année à nos troupes en mission, elles sont armées pour l’avenir. Sans doute une invasion terrestre se prépare-t-elle, et avec cette arme de fabrication bien française, ils pourront couper au moins tous les boutons des vêtements djihadistes (la djellaba est peu pratique pour le combat). Une belle guerre en perspective avec des adversaires courant à moitié nus à travers le désert.
    Heureusement que ce n’était pas un couteau suisse, plus pratique certes, mais pas français comme son nom l’indique. Pourtant, le couteau suisse avec ses multiples lames aurait pu aussi être utilisé comme boîte à outils pour le Charles-de-Gaulle.
    L’an prochain, le réveillon du ministre-président pourrait se faire avec galette et chouchen. On peut même imaginer qu’il offre un cadeau fabriqué en Bretagne pour allier sa mission de ministre à celle de président de la région Bretagne. Une façon de cumuler les mandats et les responsabilités tout en positivant les deux fonctions. Bonne année 2016 à tous les lecteurs, je crois que cette année commence bien…

    Patrick Crasnier

    Boulevard Voltaire ::Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuVElpEFEkNewreASq.shtml

  • Giorgio Agamben : « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité

    Pour le philosophe italien Giorgio Agamben, l’état d’urgence n’est pas un bouclier qui protège la démocratie. Il a, au contraire, selon lui, toujours accompagné les dictatures. 
    On ne comprend pas l’enjeu véritable de la prolongation de l’état d’urgence [jusqu’à la fin février] en France, si on ne le situe pas dans le contexte d’une transformation radicale du modèle étatique qui nous est familier. Il faut avant tout démentir le propos des femmes et hommes politiques irresponsables, selon lesquels l’état d’urgence serait un bouclier pour la démocratie. 
    Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (état d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire. 
    Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les libertés individuelles étaient suspendues. 
    On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques. 
    Entretenir la peur 
    Cela est d’autant plus vrai que l’état d’urgence s’inscrit, aujourd’hui, dans le processus qui est en train de faire évoluer les démocraties occidentales vers quelque chose qu’il faut, d’ores et déjà, appeler État de sécurité (« Security State », comme disent les politologues américains). Le mot « sécurité » est tellement entré dans le discours politique que l’on peut dire, sans crainte de se tromper, que les « raisons de sécurité » ont pris la place de ce qu’on appelait, autrefois, la « raison d’État ». Une analyse de cette nouvelle forme de gouvernement fait, cependant, défaut. Comme l’État de sécurité ne relève ni de l’État de droit ni de ce que Michel Foucault appelait les « sociétés de discipline », il convient de poser ici quelques jalons en vue d’une possible définition. 
    Dans le modèle du Britannique Thomas Hobbes, qui a si profondément influencé notre philosophie politique, le contrat qui transfère les pouvoirs au souverain présuppose la peur réciproque et la guerre de tous contre tous : l’État est ce qui vient justement mettre fin à la peur. Dans l’État de sécurité, ce schéma se renverse : l’État se fonde durablement sur la peur et doit, à tout prix, l’entretenir, car il tire d’elle sa fonction essentielle et sa légitimité. 
    Foucault avait déjà montré que, lorsque le mot « sécurité » apparaît pour la première fois en France dans le discours politique avec les gouvernements physiocrates avant la Révolution, il ne s’agissait pas de prévenir les catastrophes et les famines, mais de les laisser advenir pour pouvoir ensuite les gouverner et les orienter dans une direction qu’on estimait profitable.
    Aucun sens juridique 
    De même, la sécurité dont il est question aujourd’hui ne vise pas à prévenir les actes de terrorisme (ce qui est d’ailleurs extrêmement difficile, sinon impossible, puisque les mesures de sécurité ne sont efficaces qu’après coup, et que le terrorisme est, par définition, une série des premiers coups), mais à établir une nouvelle relation avec les hommes, qui est celle d’un contrôle généralisé et sans limites – d’où l’insistance particulière sur les dispositifs qui permettent le contrôle total des données informatiques et communicationnelles des citoyens, y compris le prélèvement intégral du contenu des ordinateurs. 
    Le risque, le premier que nous relevons, est la dérive vers la création d’une relation systémique entre terrorisme et État de sécurité : si l’État a besoin de la peur pour se légitimer, il faut alors, à la limite, produire la terreur ou, au moins, ne pas empêcher qu’elle se produise. On voit ainsi les pays poursuivre une politique étrangère qui alimente le terrorisme qu’on doit combattre à l’intérieur et entretenir des relations cordiales et même vendre des armes à des États dont on sait qu’ils financent les organisations terroristes.
    Un deuxième point, qu’il est important de saisir, est le changement du statut politique des citoyens et du peuple, qui était censé être le titulaire de la souveraineté. Dans l’État de sécurité, on voit se produire une tendance irrépressible vers ce qu’il faut bien appeler une dépolitisation progressive des citoyens, dont la participation à la vie politique se réduit aux sondages électoraux. Cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle avait été théorisée par les juristes nazis, qui définissent le peuple comme un élément essentiellement impolitique, dont l’État doit assurer la protection et la croissance. 
    Or, selon ces juristes, il y a une seule façon de rendre politique cet élément impolitique : par l’égalité de souche et de race, qui va le distinguer de l’étranger et de l’ennemi. Il ne s’agit pas ici de confondre l’Etat nazi et l’État de sécurité contemporain : ce qu’il faut comprendre, c’est que, si on dépolitise les citoyens, ils ne peuvent sortir de leur passivité que si on les mobilise par la peur contre un ennemi étranger qui ne leur soit pas seulement extérieur (c’étaient les juifs en Allemagne, ce sont les musulmans en France aujourd’hui). 
    Incertitude et terreur 
    C’est dans ce cadre qu’il faut considérer le sinistre projet de déchéance de la nationalité pour les citoyens binationaux, qui rappelle la loi fasciste de 1926 sur la dénationalisation des « citoyens indignes de la citoyenneté italienne » et les lois nazies sur la dénationalisation des juifs. 
    Un troisième point, dont il ne faut pas sous-évaluer l’importance, est la transformation radicale des critères qui établissent la vérité et la certitude dans la sphère publique. Ce qui frappe avant tout un observateur attentif dans les comptes rendus des crimes terroristes, c’est le renoncement intégral à l’établissement de la certitude judiciaire. 
    Alors qu’il est entendu dans un État de droit qu’un crime ne peut être certifié que par une enquête judiciaire, sous le paradigme sécuritaire, on doit se contenter de ce qu’en disent la police et les médias qui en dépendent – c’est-à-dire deux instances qui ont toujours été considérées comme peu fiables. D’où le vague incroyable et les contradictions patentes dans les reconstructions hâtives des événements, qui éludent sciemment toute possibilité de vérification et de falsification et qui ressemblent davantage à des commérages qu’à des enquêtes.Cela signifie que l’Etat de sécurité a intérêt à ce que les citoyens – dont il doit assurer la protection – restent dans l’incertitude sur ce qui les menace, car l’incertitude et la terreur vont de pair. 
    C’est la même incertitude que l’on retrouve dans le texte de la loi du 20 novembre sur l’état d’urgence, qui se réfère à « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité ». Il est tout à fait évident que la formule « sérieuses raisons de penser » n’a aucun sens juridique et, en tant qu’elle renvoie à l’arbitraire de celui qui « pense », peut s’appliquer à tout moment à n’importe qui. Or, dans l’Etat de sécurité, ces formules indéterminées, qui ont toujours été considérées par les juristes comme contraires au principe de la certitude du droit, deviennent la norme. 

  • Attentats évités ? Le pire est à venir

    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…
    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?
    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.
    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.
    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.

    Dominique Jamet

    Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuVEZEApEZiQytGriy.shtml

  • Mosquée de Valence : des militaires tirent sur une voiture qui refuse d’obtempérer

    Selon des témoins qui relatent les faits sur les réseaux sociaux, une fusillade aurait éclaté à Valence. Des militaires postés devant la mosquée auraient tiré sur un homme qui refusait de s’arrêter en voiture. Le drame se serait produit cet après-midi dans le quartier de Fontbarlettes.

    Un ou plusieurs militaires du dispositif « Sentinelle » mis en place dans le cadre de Vigipirate auraient ouvert le feu sur un homme qui circulait en voiture et qui aurait refusé d’obtempérer. Le conducteur aurait été gravement blessé. Un retraité aurait été touché par une balle perdue. La préfecture de région n’a pour l’heure pas donné de précisions, ni confirmé les faits.

    http://www.contre-info.com/

  • Gilles Kepel : des municipalités délèguent aux salafistes « un certain nombre de fonctions pour gérer la paix sociale »

    Gilles Kepel pointe du doigt une rupture de certaines personnes avec le reste de la société. Certains adoptent ainsi « une conception du religieux qui s’inscrit dans une logique qu’on appelle salafiste, explique le politologue. C’est-à-dire qu’au départ on n’est pas nécessairement violent, mais on fait une sorte de rupture culturelle avec l’environnement. »

    « Dans un certain nombre de cas, ces salafistes sont bien considérés, y compris par les autorités municipales, parce qu’ils sont contre la drogue, contre la violence, poursuit le chercheur. Et donc on leur délègue un certain nombre de fonctions pour gérer la paix sociale. Mais lorsqu’un imam radical arrive, ou que l’un d’entre eux bascule parce qu’il a lu des choses sur internet, cette rupture qui a été faite va permettre le basculement dans la violence. »

    Source via FDS

    http://www.contre-info.com/