La mondialisation se comprend comme l'ouverture des économies des états du monde, jusqu'à former une forme d'économie à peu près unifiée, ou du moins étroitement communicante d'un point à l'autre de la planète. Les marchés mondialisés seraient les plus efficaces possibles, c'est-à-dire proposant les prix les moins chers possibles pour l'ensemble de l'humanité, qui y gagnerait. Telle est la théorie du libre-échange, doublée de la complète mobilité des moyens de production - qui aboutissent aux fameuses délocalisations frappant depuis quelques décennies l'Europe -, étendue au monde entier dans le cadre de l'OMC - Organisation Mondiale du Commerce - , qui s'applique à tous les États, membres ou non. En pratique, le système ne fonctionne pas, ou fort mal, même si les marchandises circulent en des volumes toujours croissants, flux réels doublés plusieurs fois par des flux financiers, pour l'essentiel purement spéculatifs. Tous les États ou groupes d’États associés trichent plus ou moins, en suivant le plus souvent des clauses légales pour l'OMC, mais en multipliant leur usage au point de fausser l'esprit général, car l'avantage le plus évident consiste à exporter au maximum, profiter de l'ouverture de l'autre, et importer au minimum, en se fermant plus ou moins de facto. On en arrive ainsi au protectionnisme, qui, s'il était pratiqué par tous, ralentirait considérablement le volume des échanges au niveau mondial. Ce ne serait pas en soi un mal, cela éviterait probablement des volumes considérables de gaspillage et de consommation d'énergie pour les transports, et permettrait à chaque État de veiller au mieux à ses intérêts. Les seuls États qui ne peuvent absolument pas se passer du libre-échange sont assez artificiels le plus souvent, ou des micro-États, comme Singapour, Monaco, les nombreuses îles-États des Caraïbes ou du Pacifique... Les plus grands États, comme dans une certaine mesure les États-Unis ou le Japon, très nettement la Chine ou l'Inde, entendent imposer un libre-échange effectif aux autres Nations, tout en protégeant souvent leurs propres marchés, particulièrement ceux réputés stratégiques - du textile indien aux terres rares chinoises -. L'OMC a désigné quelques boucs-émissaires, jugés à la fois significatifs et pas assez puissants à l'échelle mondiale : le plus célèbre est l'ensemble de mesures protectionnistes de l'industrie nationale adoptée en Argentine par la présidente néopéroniste Kirchner, à la politique économique souvent discutable, à la politique sociétale détestable, mais sur ce point précis elle a raison.
Il existe un vaste ensemble politique qui applique honnêtement les règles de l'OMC, seul au monde, ce qui aboutit donc à un désastre - puisque tous trichent sauf lui -, l'Union Européenne. Pour défendre, en principe, les intérêts de l'Union, à défaut des États constituants qui ont renoncé par les traités successifs à toute politique autonome, il existe un quasi-gouvernement de fait, la Commission Européenne : or, elle a pour habitude de sacrifier systématiquement les intérêts européens, en œuvrant en particulier à la destruction de tout le secteur productif - agricole et industriel -, rêvant d'une mythique économie dématérialisée, ne polluant pour le coup plus du tout faute de production ; l'homme n'étant pas pur esprit, on perçoit immédiatement l'absurdité de la chose. Les négociateurs officiels de l'OMC ou des Nations étrangères, en particulier les États-uniens ou les Chinois, sont d'ailleurs surpris de ce bradage systématique alors qu'ils sont entraînés pour des conflits commerciaux durs. En ce moment, la Commission est en train de céder sur toutes les barrières invoquées jusque-là pour des raisons sanitaires, le plus souvent valables, au sujet des importations alimentaires américaines - bœuf aux hormones, poulet au chlore, maïs-OGM -, et ne se montre en apparence ferme que sur un détail face à la totalité de nos marchés envahis, celui des panneaux solaires, dont ceux importés de Chine ont tué leurs concurrents européens par un clair dumping - vente à perte pour éliminer la concurrence, procédé évidemment interdit -. L’euro, qui se situe à un niveau trop élevé, ou les règlements coûteux ajoutés - comme les fameuses « taxes carbones » que seules ou quasiment les entreprises européennes paient -, ajoutent aux handicaps. Il reste, il est vrai, dans certains secteurs, comme le textile, le coût de la main d'œuvre et des charges sociales ; mais il ne faut pas considérer les travailleurs européens trop payés ou l'assurance sociale pour les autochtones trop généreuse, il faut d'autant plus protéger l'économie par des barrières douanières au nom de « normes sociales et environnementales », paradoxalement en théorie admissibles par l'idéologie dominante. Or, les pays d'Europe du Sud, du Portugal à la Grèce, en passant par l'Espagne et l'Italie, organisent l'effondrement du niveau des salaires pour retrouver en compétitivité : ce n'est qu'un cercle vicieux qui accroît la pauvreté générale et n'atteindra jamais en bas le niveau de misère humaine de bien des pays d'Asie ou d'Afrique. Le prétendu modèle allemand n'en est pas un : il se caractérise par 7 millions de travailleurs très précaires, gagnant quelques centaines d'euros par mois, une croissance en 2013 à moins de 1 %, donc tout sauf une réussite à imiter, même si la structure économique ultra-rhénane comprend des éléments plus sains qu'en France, dont une base industrielle spécialisée dans le haut de gamme largement préservée.
Bruxelles veut 100 À 200 millions d'immigrés en plus d'ici 2050 en Europe !
La Commission Européenne pousse aussi à un immigrationnisme forcené, souhaitant, d'accord avec les conseils des "experts" de l'ONU, l'entrée de dizaines de millions d'allochtones sur le territoire de l'Union pour les décennies à venir, dans ses idéaux de 100 à 200 millions d'ici 2050, dont 10% pour la France... Le pire est que sur ce point, l'objectif de la Commission risquerait d'être atteint. Le tout en plein accord d'ailleurs avec le Parlement européen, hémicycle de névrosés dans leur monde à eux, persuadés de représenter une Nation européenne imaginaire. La France devrait vraiment quitter d'urgence ce syndicat de destruction du Vieux Continent qu'est l'Union Européenne. À ce degré de folie collective à Bruxelles, cette obstination sur des décennies, il y a lieu de croire que les actions sont délibérées, bien au-delà de l'incompétence de telle ou telle équipe ; on observe nettement la volonté de réaliser une utopie maçonnique, et cela malgré l'échec total évident.
La mondialisation détruit donc l'économie de l'Union Européenne. Toutefois les autres États en profiteraient-ils vraiment, c'est-à-dire avec un total d'avantages clairement supérieur aux inconvénients ? Il est probable que non, comme en témoignent les très récentes fluctuations, monétaires d'importance, avec des conséquences sur les entreprises et consommateurs des pays concernés. En cet été 2013, la Réserve Fédérale Américaine, la Banque Centrale des seuls États-Unis, a envisagé de remonter de manière significative les taux d'intérêt aux États-Unis, extrêmement bas, sinon négatifs en termes réels depuis de nombreuses années. Constatons qu'il ne s'agit que d'une possibilité, pas d'un programme certain, et d'une ampleur impossible a fortiori à chiffrer, même s'il y a lieu de croire en fait la hausse éventuelle prudente, progressive et modérée - suivant la tradition désormais établie de la Réserve Fédérale -. Or, les conséquences ont été très importantes de par le monde : les monnaies de pays très significatifs, comme l'Inde ou le Brésil s'effondrent - plus de 30 % pour la roupie de la Nouvelle-Delhi -, suivies par celle de la plupart des pays dits "émergents". Il en résulte une perturbation immédiate des marchés locaux avec une hausse importante des prix des produits importés - répercutant, voire davantage, les variations des changes -, en particulier des carburants importés, subie par les consommateurs locaux ; le phénomène toujours pénible, peut en outre devenir dramatique à l'occasion, pour la nourriture, ou des médicaments par exemple ; à terme, la baisse de la valeur internationale de la monnaie favorise certes les entreprises nationales, avec un temps nécessaire de réaction, contrairement à la hausse des prix, immédiate. Surtout, l'instabilité structurelle perturbe gravement les acteurs économiques : la fameuse remontée des taux américains peut être non significative, et les parités monétaires atteintes se stabiliser, repartir en sens inverse, ou en cas de remontée significative, continuer dans le sens de la réévaluation du dollar, par ailleurs trop faible face aux autres grandes monnaies de référence, dont l'euro, depuis deux décennies.
Face à ces perturbations connues, depuis des années, en prétendant les corriger ou les annuler, se développe l'idéologie mondialiste : elle soutient la nécessité d'une direction centralisée de la mondialisation, pour un contrôle contraignant par institutions existantes, autour de l’ONU, comme dans les années 1920-30 son précurseur direct la SDN, et ses multiples organisations-satellites, dont l’UNESCO, qui prétend promouvoir une culture mondialisée, siégeant à Paris, ou l'OMS, Organisation Mondiale de la Santé, qui organisent le militantisme dans cette direction. Les institutions économiques internationales, l'OMC, la Banque Mondiale, le FMI (Fonds Monétaire International), aux prêts léonins, devraient contribuer à une croissance et un développement économique mondiaux harmonieux. Il faut constater l'échec. Ce mondialisme entend s'accompagner d'un bras armé. Il en est de deux types. Le premier type, pour les conflits de basse intensité, est composé des « casques bleus », avec des contributions théoriques des armées de tous les États membres de FONU, en pratique surtout des pays les plus pauvres disposant d'armées relativement importantes et professionnelles, qui se spécialisent comme mercenaires de la prétendue communauté internationale, comme les Iles Fidji, le Népal, le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, le Nigeria. Le second type pour des conflits de haute intensité correspond au recours au « gendarme dû monde », les États-Unis. Le sommet de popularité, toujours relatif, de cette théorie du recours à la guerre pour le bien supérieur du monde et de toutes les populations, y compris du pays visé, avait eu lieu il y a dix ans avec l'invasion de l'Irak, qui aurait été suivie de celles de l'Iran et de la Syrie, annulées pour cause de désastre en Irak. Elle s'appuie sur le point de vue optimiste de l'homme universel de la philosophie des droits de l'homme du XVIIIe siècle, d'essence maçonnique, qui serait universellement semblable, aux aspirations identiques. Or, ce n'est pas le cas : le monde arabo-musulman en particulier raisonne encore aujourd'hui de manière différente des libéraux occidentaux ; il aspire à un gouvernement "moral", selon les critères de l'Arabie du VIIe siècle, avec une infinité de nuances très significatives, beaucoup d'hypocrisie, mais s'oppose certainement à l'hédonisme occidental, repoussoir absolu. Ce qu'il y a d'universel, en l'homme, ce sont ses vices, et l'on trouve certainement des corrompus dans le monde entier, du Maroc à la Chine ou au Brésil. Par contre, une diffusion de ces règles onusiennes s'accomplit malgré des résistances passées ou présentes dans l'Amérique latine, partiellement dans le Sud-Est asiatique, avec un très fort mélange des cultures locales en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande, désormais en Birmanie aussi.
Scipion de Salm. RIVAROL 5 septembre 2013
international - Page 1188
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L'échec de la mondialisation et du mondialisme
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Les contradictions de la politique étrangère de la France
Extrait de l'analyse du Centre Français de Recherche sur le Renseignement :
"A l'occasion cet imbroglio politico-médiatique dans lequel ses intérêts stratégiques ne sont pas en jeu, le gouvernement français mène une politique incompréhensible pour nos concitoyens comme pour l'étranger.
Depuis deux ans, la France, par le biais de ses services spéciaux, - comme d'ailleurs les Américains, les Britanniques et les Turcs - entraîne les rebelles syriens et leur fournit une assistance logistique et technique, laissant l'Arabie saoudite et le Qatar les approvisionner en armes et en munitions.
Ainsi, la situation syrienne place la France devant ses contradictions. Nous luttons contre les djihadistes au Mali, après les avoir aidés à prendre le pouvoir à Tripoli - en raison de l'intervention inconsidérée de l'OTAN en Libye, en 2011, dans laquelle Paris a joué un rôle clé - et continuons de les soutenir en Syrie, en dépit du bon sens. Certes le régime de Bachar Al-Assad n'est pas un modèle de démocratie et il servait clairement les intérêts de la minorité alaouite, mais il est infiniment plus « libéral » que les monarchies wahhabites : la Syrie est un Etat laïque où la liberté religieuse existe et où le statut de la femme est respecté. De plus, il convient de rappeler que Damas a participé activement à la lutte contre Al-Qaïda depuis 2002. Pourtant, nous continuons d'être alliés à l'Arabie saoudite et au Qatar, deux Etats parmi les plus réactionnaires du monde arabo-musulman, qui, après avoir engendré et appuyé Ben Laden, soutiennent les groupes salafistes partout dans le monde, y compris dans nos banlieues. Certes, notre soutien aux agendas saoudien et qatari se nourrit sans nul doute de l'espoir de quelques contrats d'armement ou pétroliers, ou de prêts financiers pour résoudre une crise que nos gouvernants semblent incapables de juguler.
Une question mérite donc d'être posée : la France a-t-elle encore une politique étrangère ou fait-elle celle du Qatar, de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis ? Depuis la présidence de Nicolas Sarkozy la France aligne ses positions internationales sur celles des Etats-Unis et a perdu, de ce fait, l'énorme capital de sympathie que la politique du général de Gaulle - non ingérence dans les affaires intérieures des Etats et défense du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes - lui avait constitué.
Si les élections de mai 2012 ont amené un nouveau président, la politique étrangère n'a pas changé. En fait, nous observons depuis plusieurs années la conversion progressive d'une partie des élites françaises - de droite comme de gauche - aux thèses néoconservatrices américaines : supériorité de l'Occident, néocolonialisme, ordre moral, apologie de l'emploi de la force ...
Surtout, un fait nouveau doit être mis en lumière : la tentative maladroite des plus hautes autorités de l'Etat de manipuler la production des services de renseignement afin d'influer sur l'opinion publique et de provoquer un vote favorable des parlementaires. Ce type de manœuvre avait été conduit par Washington et Londres afin de justifier l'invasion de l'Irak en 2003, avant d'être dénoncé. Onze ans plus tard, le gouvernement recourt au même artifice grossier et éculé pour justifier ses choix diplomatiques et militaires. Compte tenu de la faiblesse des arguments présentés dans la note gouvernementale - qui n'est pas, rappelons-le, une note des services -, celle-ci ne sera d'aucune influence sur la presse et l'opinion. En revanche, par sa présentation, elle contribue à décrédibiliser le travail des services de renseignement, manipulés à leur insu dans cette affaire.
Le mépris des politiques français à l'égard des services est connu. Est-ce un hasard si cette affaire survient alors que l'actuel ministre des Affaires étrangères est celui-là même qui, en 1985, alors qu'il était chef du gouvernement, a fort élégamment « ouvert le parapluie », clamant son absence de responsabilité à l'occasion de l'affaire du Rainbow Warrior ?
Une chose au moins est sûre : une remise à plat de notre position à l'égard de la Syrie et de notre politique étrangère s'impose, car « errare humanum est, perseverare diabolicum »."
Extrait de l'analyse du Centre Français de Recherche sur le Renseignement :
"A l'occasion cet imbroglio politico-médiatique dans lequel ses intérêts stratégiques ne sont pas en jeu, le gouvernement français mène une politique incompréhensible pour nos concitoyens comme pour l'étranger.
Depuis deux ans, la France, par le biais de ses services spéciaux, - comme d'ailleurs les Américains, les Britanniques et les Turcs - entraîne les rebelles syriens et leur fournit une assistance logistique et technique, laissant l'Arabie saoudite et le Qatar les approvisionner en armes et en munitions.
Ainsi, la situation syrienne place la France devant ses contradictions. Nous luttons contre les djihadistes au Mali, après les avoir aidés à prendre le pouvoir à Tripoli - en raison de l'intervention inconsidérée de l'OTAN en Libye, en 2011, dans laquelle Paris a joué un rôle clé - et continuons de les soutenir en Syrie, en dépit du bon sens. Certes le régime de Bachar Al-Assad n'est pas un modèle de démocratie et il servait clairement les intérêts de la minorité alaouite, mais il est infiniment plus « libéral » que les monarchies wahhabites : la Syrie est un Etat laïque où la liberté religieuse existe et où le statut de la femme est respecté. De plus, il convient de rappeler que Damas a participé activement à la lutte contre Al-Qaïda depuis 2002. Pourtant, nous continuons d'être alliés à l'Arabie saoudite et au Qatar, deux Etats parmi les plus réactionnaires du monde arabo-musulman, qui, après avoir engendré et appuyé Ben Laden, soutiennent les groupes salafistes partout dans le monde, y compris dans nos banlieues. Certes, notre soutien aux agendas saoudien et qatari se nourrit sans nul doute de l'espoir de quelques contrats d'armement ou pétroliers, ou de prêts financiers pour résoudre une crise que nos gouvernants semblent incapables de juguler.
Une question mérite donc d'être posée : la France a-t-elle encore une politique étrangère ou fait-elle celle du Qatar, de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis ? Depuis la présidence de Nicolas Sarkozy la France aligne ses positions internationales sur celles des Etats-Unis et a perdu, de ce fait, l'énorme capital de sympathie que la politique du général de Gaulle - non ingérence dans les affaires intérieures des Etats et défense du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes - lui avait constitué.
Si les élections de mai 2012 ont amené un nouveau président, la politique étrangère n'a pas changé. En fait, nous observons depuis plusieurs années la conversion progressive d'une partie des élites françaises - de droite comme de gauche - aux thèses néoconservatrices américaines : supériorité de l'Occident, néocolonialisme, ordre moral, apologie de l'emploi de la force ...
Surtout, un fait nouveau doit être mis en lumière : la tentative maladroite des plus hautes autorités de l'Etat de manipuler la production des services de renseignement afin d'influer sur l'opinion publique et de provoquer un vote favorable des parlementaires. Ce type de manœuvre avait été conduit par Washington et Londres afin de justifier l'invasion de l'Irak en 2003, avant d'être dénoncé. Onze ans plus tard, le gouvernement recourt au même artifice grossier et éculé pour justifier ses choix diplomatiques et militaires. Compte tenu de la faiblesse des arguments présentés dans la note gouvernementale - qui n'est pas, rappelons-le, une note des services -, celle-ci ne sera d'aucune influence sur la presse et l'opinion. En revanche, par sa présentation, elle contribue à décrédibiliser le travail des services de renseignement, manipulés à leur insu dans cette affaire.
Le mépris des politiques français à l'égard des services est connu. Est-ce un hasard si cette affaire survient alors que l'actuel ministre des Affaires étrangères est celui-là même qui, en 1985, alors qu'il était chef du gouvernement, a fort élégamment « ouvert le parapluie », clamant son absence de responsabilité à l'occasion de l'affaire du Rainbow Warrior ?
Une chose au moins est sûre : une remise à plat de notre position à l'égard de la Syrie et de notre politique étrangère s'impose, car « errare humanum est, perseverare diabolicum »."
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D’une éventuelle riposte russe au silence des deux papes
Par delà des transactions secrètes, quels intérêts pour l'Europe ?
source: http://metamag.fr
Un mémorandum "d’action urgente" publié par le bureau du président Poutine aux Forces armées de la Fédération de Russie ordonnerait une "frappe militaire massive" contre l'Arabie saoudite au cas où l'Ouest attaquerait la Syrie . Selon le Kremlin, Poutine serait devenu "furieux" après une réunion début août avec le prince saoudien Bandar ben Sultan, chef des services de renseignement saoudien qui l’aurait averti que si la Russie n'acceptait pas la défaite de la Syrie, l'Arabie saoudite serait acculée à déchaîner les terroristes tchétchènes durant les Jeux Olympiques d'hiver des 7-23 février 2014 à Sotchi, en Russie.
Le journal libanais As-Safir a précisé le contexte de cette étonnante menace saoudienne contre la Russie. En fait, le prince Bandar se serait engagé à protéger la base navale russe syrienne (seul débouché méditerranéen pour la marine russe auquel la Russie tient absolument) si le régime Assad était renversé et aurait alors ajouté pour peser un peu plus dans la discussion : "Je peux vous donner une garantie pour protéger les Jeux Olympiques d'hiver prochain car les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des jeux sont contrôlés par nous". Le prince saoudien est même allé plus loin en précisant que les Tchétchènes qui opèreraient en Syrie ne sont qu’un outil de pression temporaire qui pourrait du jour au lendemain sur simple ordre de Riyad être mis à l’arrêt ! "Ces groupes ne doivent pas vous effrayer, aurait déclaré Bandar à Poutine, nous les utilisons dans le cadre du régime syrien mais ils ne joueront aucun rôle dans l'avenir politique de la Syrie."
Le London's Telegraph nous apprend que l'Arabie saoudite a secrètement offert à la Russie, sa participation à un vaste contrat pour contrôler le marché mondial du pétrole et du gaz dans toute la région, mais à l’unique condition que le Kremlin accepte de renverser le régime Assad et donc l’intervention militaire alliée qui se prépare. Quelle a été la réponse de la Russie ? Poutine aurait répondu : "Notre position sur Assad ne changera jamais. Nous pensons que le régime syrien est le meilleur orateur, s'exprimant au nom du peuple syrien, et non pas ceux des mangeurs de foie", faisant ici référence aux séquences de l’été montrant un rebelle djihadiste dévorant le cœur et le foie d'un loyaliste syrien !
Il va de soi qu’une riposte russe contre l’Arabie saoudite changerait la donne. Elle clarifierait en tout cas le double jeu américano-saoudien dans la région et mettrait les États-Unis au pied du mur de l’instrumentalisation faite depuis des années d’Al Qaïda (« la Base » en arabe). Briser l’Arabie saoudite, déjà actuellement en conflit interne, comme riposte à une attaque syrienne, franchement, très secrètement, on en rêve ! L’Irak n’a toujours pas retrouvé un équilibre, la Turquie est divisée. Une telle riposte aurait le mérite de clarifier le jeu tordu des Saoud depuis des décennies mais il mettrait aussi très vite face à face Israël et l’Iran. On comprendrait alors que mourir pour Damas n’est qu’un petit préliminaire avant de se retrouver dans quelques années tous à Téhéran ou à devoir assurer la sécurité des boîtes branchées de Tel Aviv ! Poutine mettra-t-il son plan à exécution ? Quels marchandages de gros sous (les avoirs russes sont placés dans des banques américaines) pourraient-ils le faire plier ou sera-t-il après tout, lui l’orthodoxe, le sauveur des Chrétiens d’Orient, le nouveau « roi du monde » ?
Il est peut-être temps de clarifier notre position: pourquoi avons-nous toujours été sceptiques et interrogatifs sur le problème syrien ? C’est que contrairement justement à nos dirigeants et à toute la classe politique française, nous parlons en Européens et que pour nous, même si cette identité n’est pas exclusive, loin de là, notre identité européenne demeure en partie chrétienne. Or, le reniement mercantile des Occidentaux en Orient est d’abord le sacrifice des Chrétiens, des Chrétiens du Liban et de Syrie, des Chrétiens d’Irak, des Chrétiens d’Égypte et de Tunisie. Nous sommes peut-être bénis des Dieux : nous avons deux papes mais pourtant, aucun des deux n’a levé le ton sur la Syrie, aucun des deux papes n’a souligné et posé le sort des Chrétiens de Syrie sur la balance, aucun des deux papes n’a défendu leurs intérêts. François 1er, si avide de voyages ne devrait-il pas de suite s’envoler vers Damas et se poser là-bas en bouclier humanitaire?
Les Chrétiens de Syrie sont condamnés comme le furent les Chrétiens d’Irak. L’Arabie saoudite, ami des États-Unis et de la France s’en réjouit. Il est de bon ton dans les revues chrétiennes et même dans les sermons de justifier l’ingérence alliée au nom de la guerre juste. Pauvre St-Thomas ! C’est cela la moraline, oublier la force du réalisme, ne pas comprendre que comme dans toutes les crises du Moyen-Orient, les Chrétiens seront les boucs émissaires de toutes les rancunes religieuses et ethniques, des cibles faciles, isolées et minoritaires. Déjà, le régime d’Assad ne vient plus à leur aide. Si elle a lieu, l’intervention militaire alliée ne réussira pas à renforcer ou à unifier l’opposition syrienne parce que ce n’est tout simplement pas son but. Son but est de « renverser Assad sans le renverser » c’est-à-dire maintenir en Syrie une sorte de chaos généralisé comme en Irak, en Libye et dans une moindre mesure au Liban, demain en Égypte.
Pour les Saoudiens et les Qataris, le prochain gouvernement syrien sera sunnite et les Chrétiens seront immédiatement associés aux « croisés» occidentaux c’est-à-dire aux pires infidèles. Ils ne seront plus alors d’aucune utilité et donc massacrés ou contraints à l’exil forcé comme en Irak. Déjà totalement isolés, les Chrétiens syriens font aujourd’hui face à une rébellion divisée. Au sein de cette rébellion, les Islamistes sont chaque jour plus nombreux. Les Chrétiens ont été depuis le début par une habile propagande saoudienne assimilés au régime, ils sont donc l’une des cibles privilégiées de la rébellion. Largués par les Occidentaux, oubliés par la diplomatie vaticane, les Chrétiens de Syrie n’ont pas su ou n’ont pas pu prendre à temps leur distance avec le régime. Ils disparaîtront.
Ainsi, pour le point de vue européen qui devrait principalement nous occuper, une intervention militaire en Syrie ne vaut pas mieux qu’une non-intervention, guerre juste ou pas. Le sort des chrétiens de Syrie est scellé : ils sont condamnés. La France ne les aura pas aidés. Toutes les Églises de Syrie ont d’ailleurs affirmé leur opposition à l’intervention militaire. Mais il faut aller plus loin et comprendre pourquoi les deux papes ne bougent pas : ils sont kantiens. La bévue des internationalistes et des mondialistes, lecteurs avides du traité de paix kantien, sur l’idée nationale et le concept de nation qu’ils sacrifient pour celui de cosmopolitisme, induit aujourd’hui ces apories d’une mondialisation tiraillée entre des principes républicains auxquels on ne cesse d’objecter le respect des différences communautaires, culturelles ou nationales et l’abandon de ces mêmes principes au nom d’une pseudo-démocratie mondiale et d’une ingérence humanitariste guerrière. Les deux papes sont en fait des papes totalitaires.Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, géopolitique, international, lobby, religion 0 commentaire -
Sicile : Un prêtre kényan pille le trésor de l’église
PALERME (NOVOpress) – On a finalement arrêté le voleur sacrilège de l’église Saint-Nicolas de Gioiosa Marea, dans la province de Messine, en Sicile. Il avait pillé les bijoux et autres objets précieux donnés en ex-voto pour orner les statues de Notre-Dame des Grâces, Notre-Dame des Douleurs et saint Nicolas de Bari, saint patron de la paroisse : témoignages inestimables d’une piété populaire enracinée, ainsi que des peines et des joies de générations de fidèles siciliens. Le butin est évalué au minimum à 100 000 euros.
L’exploitation des images prises par les caméras de surveillance a permis d’identifier formellement l’abbé Davide Ingodi Olusi, prêtre de 41 ans, originaire du Kenya mais établi à Rome, qui avait été l’hôte de la paroisse à trois reprises, en mai 2012, en septembre-octobre 2012, et finalement du 10 au 23 avril 2013. Le curé, l’archiprêtre Salvatore Danzì, étant âgé, l’abbé Olusi, qui appartient à la congrégation des Fils de Sainte Anne, s’était offert pour le suppléer, en particulier pour bénir les maisons des fidèles. Il s’était rendu populaire parmi ceux-ci et avait gagné la confiance inconditionnelle du curé.
Dans la nuit du 22 avril, veille de son départ, – sa convoitise peut-être alléchée par la traditionnelle procession de l’octave de Pâques, où les statues avaient été promenées revêtues de leurs ornements –, le Kényan s’est introduit dans le trésor de l’église, après avoir tenté maladroitement d’obturer les caméras. L’examen de son compte bancaire a révélé que, quelques jours après son retour à Rome, il a effectué une série de versements en liquide, puis fait un virement de 40 000 euros au bénéfice d’un membre de sa famille au Kenya.
Il a ensuite quitté l’Italie pour rentrer dans son pays. Sûr de l’impunité, ou ne pouvant se passer de la vie italienne, il a repris l’avion pour Rome le 5 septembre. Les carabiniers l’attendaient à l’aéroport : après l’avoir accompagné pour perquisition chez lui, où ils ont retrouvé plusieurs reçus de ses versements, ils l’ont conduit à la prison “Regina Coeli”. Selon la télévision régionale, « les fidèles sont sous le choc ».
Dans une longue lettre aux fidèles, qui a été rendue publique, l’archiprêtre Danzì raconte en détail les événements, la venue de l’abbé Olusi, recommandé par une religieuse originaire de la ville, l’hospitalité qui lui avait été accordée, la manière dont la paroisse avait payé tous ses frais de transport depuis Rome, en ajoutant 100 euros pour ses petits frais durant le voyage, « plus les offrandes recueillies durant la bénédiction des maisons ». L’archiprêtre dit son indignation que le prêtre kényan ait « ainsi profité de manière sacrilège du bon accueil et de la confiance de la communauté, ainsi que de l’habit qu’il portait [ou que, à en juger par sa photo en Une, il était censé porter, NdT], pour se rendre auteur d’un geste inqualifiable, outrageant et sacrilège ».
L’archiprêtre ne cache pas que le supérieur des Fils de Sainte Anne, auquel il s’était d’abord adressé, avait cherché à le persuader d’étouffer l’affaire « afin d’éviter un scandale et des conséquences plus graves pour le prêtre voleur », lequel se déclarait en outre neveu d’un ministre kényan. L’évêque diocésain (diocèse de Patti), Mgr Ignazio Zambito, l’a en revanche encouragé à porter plainte.
L’archiprêtre Danzì demande que l’on oblige le Kényan à révéler l’identité des personnes auxquelles il a vendu les objets sacrés, dans l’espoir que ceux-ci puissent être retrouvés. Il réclame en outre que le prêtre sacrilège soit réduit à l’état laïc et que, « après avoir purgé sa peine de prison, il rentre en Afrique pour s’occuper des lépreux ».
http://fr.novopress.info/141267/sicile-un-pretre-kenyan-pille-le-tresor-de-leglise/#more-141267
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11 septembre: des millions d’Américains n’y croient plus
Chacun le sait, on ne saurait trop se méfier des sondages ; néanmoins, lorsque ceux-ci sont commandés par des grands médias d’information généralement peu enclins à déplaire au pouvoir politique et qu’ils révèlent un état de l’opinion aussi inattendu qu’embarrassant, on aurait bien tort de ne pas leur accorder du crédit.
Selon un sondage New York Times/CBS News réalisé en octobre 2006, seuls 16 % des Américains croient que l’administration a dit la vérité sur les attentats du 11 septembre, 53 % croient que le gouvernement cache quelque chose et 29 % que, dans l’ensemble, la version officielle est une fable.
Vous me direz que 2006 c’est vieux, certes, sauf que depuis, aucun grand média américain ne s’est hasardé à interroger les citoyens sur ce sujet. Allez savoir pourquoi.
Il est vrai que depuis lors, les théories conspirationnistes ont envahi la toile. Plus de 40 millions de références Google pour les seuls mots « 9/11 conspiracy », et au vu des commentaires et des petits « j’aime » qui accompagnent généralement chaque vidéo ou article, le débat entre partisans et adversaires de la version officielle semble avoir très largement tourné à la déroute en rase campagne des premiers. Aussi, il n’est pas étonnant que, dans un pays comme la France où la pensée politiquement incorrecte est tout de suite diabolisée, le sujet soit subitement devenu tabou, à partir de l’année 2005, suite à deux ou trois débats publics.
Pourquoi donc ces théories ont-elles un tel succès ?
Je me suis, moi aussi, penché sur la question du 11 septembre 2001 et je l’ai fait sans aucun a priori. J’ai visionné probablement la quasi-totalité des documents vidéo disponibles sur Internet, écouté ou lu les dépositions de centaines de témoins présents sur les lieux du drame, notamment les sapeurs-pompiers, les agents de la sécurité, et quelques rescapés du drame. J’ai étudié les analyses d’une foule d’experts, ingénieurs architectes, pilotes d’avion, spécialistes en explosifs, spécialistes du feu, etc. J’ai personnellement interrogé des professionnels – pilotes et ingénieurs – sans le moindre lien ni avec le sujet ni même avec les États-Unis, et bien entendu j’ai lu le rapport officiel de la commission d’enquête et les principaux documents produits par l’administration américaine ou ses agences spécialisées. Au total, j’ai bien dû consacrer un bon millier d’heures à ce sujet tout à fait passionnant.
Au final, il en ressort ceci :
1) Les experts qui réfutent la version officielle sont infiniment plus nombreux que leurs contradicteurs, au moins dans la proportion de 10 contre 1.
2) La version officielle est truffée d’omissions, d’incohérences, de contradictions et d’invraisemblances qui ne peuvent s’expliquer que par la nécessité de mentir ou dissimuler des faits.
3) Les partisans de la version officielle semblent aujourd’hui avoir totalement déserté le terrain de la rationalité scientifique pour se cantonner sur celui de la diabolisation, voire de la menace.
4) Les mensonges au sujet des guerres en Afghanistan et en Irak ont sans aucun doute renforcé l’hypothèse conspirationniste alors que logiquement c’est le contraire qui aurait dû se produire.
5) Les partisans de la théorie du complot – je laisse de côté ceux qui doutent sans oser aller plus loin dans leur réflexion – ont en général une excellente connaissance du dossier. En revanche, la quasi-totalité des individus encore fidèles à la version officielle ne possèdent d’autres informations que les faits présentés dans les grands médias les jours suivant les attentats ; autrement dit peu de choses.
Un psychologue américain interrogé par Time Magazine au sujet du comportement des adeptes de la théorie du complot répondit, non sans une certaine malice, qu’il y avait un terrain pathologique aussi bien chez les sujets qui voient des complots partout que chez ceux qui n’y croient jamais, même lorsqu’ils en ont des manifestations concrètes sous le bout de leur nez.
À sa manière, René Descartes ne disait pas autre chose lorsqu’il écrivait : « Pour examiner la vérité il est besoin, une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu’il se peut. »
source : Christophe Servan dans Boulevard Voltaire
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Journal hebdomadaire de Voix de la Russie -- 9 septembre 2013
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Bangui avant la Syrie Analyse de Bernard Lugan
La RCA est en perdition. Dans ce pays que les négriers arabo-musulmans venus de la bande sahélienne et plus particulièrement du Soudan avaient jadis baptisé Dar Kouti (« terre des esclaves »), la colonisation avait mis un terme aux razzias des esclavagistes.
Aujourd’hui, la poussée séculaire des sahéliens vers le Sud a repris. Là est la clé de compréhension des actuels évènements. Les coupeurs de route du Séléka au pouvoir à Bangui où ils font régner la terreur, sont en effet les héritiers directs des bandes mahdistes et de celles de Snoussou qui faisaient déjà subir l’indicible aux populations de la forêt et du fleuve avant la colonisation .
Ces violations des « droits de l’homme » ne préoccupent guère l’actuel occupant de l’Elysée. Tout à sa ridicule guerre humanitaire contre la Syrie, ce président sans culture historique ne voit pas que le drame qui se joue actuellement en RCA est d’une extrême gravité pour la stabilité de toute une partie de l’Afrique. Il serait donc totalement irresponsable de laisser se créer un nouveau foyer de déstabilisation au sud du Tchad et cela au moment où la contagion sahélienne a touché la zone tchado-nigériane et toute la Libye saharienne. A quoi bon en effet être intervenus au Mali si, au même moment, nous laissons se développer plus à l’est un furoncle purulent ?
Ce n’est donc pas en Syrie où nos intérêts ne sont nullement engagés que nous devons intervenir, mais en RCA. Et vite !
Le problème ethnique étant à l’origine de l’instabilité récurrente que connaît cet autre pays artificiel qu’est la RCA, il importe donc de bien l’analyser et c’est le sens de cette note[1]. La cause de l’interminable anarchie centrafricaine est que ce quadrilatère de 623 000 km2 est un non-Etat présentant de grandes différences géographiques, donc humaines, entre un nord-ouest sahélien, un nord-est soudanais, des savanes centrales, une forêt méridionale et des régions bordières du fleuve.
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Arrêtez de vous traiter de «Munichois» !
La référence aux événements de 1938 dans le cadre du conflit syrien témoigne d’une méconnaissance des faits historiques de l’époque.
Dès que sur le plan international, il apparaît qu’une action énergique s’impose ou serait tout du moins la bienvenue, la classe politique française (mais pas que politique - et pas que française) se partage souvent entre les va-t-en-guerre, les pacifistes et les sceptiques. Pour fouetter les deux dernières catégories, il n’est pas rare que la première leur attribue l’épithète de «Munichois», provoquant généralement des protestations vives et des demandes de démission.
Nous venons d’en avoir un récent exemple avec la déclaration d’Harlem Désir évoquant «l’esprit munichois» de l’UMP. Ce qui est d’autant plus drôle qu’en 1991, opposé à la guerre du Golfe, le même Désir avait été traité de «Munichois» par des fondateurs de SOS-Racisme et n’avait guère goûté la plaisanterie, comme le rappelle le chercheur Julien Salingue sur son blog.
Déjà utilisé pour la Libye et la Bosnie, parfois employé dans d’autres contextes (on se souvient de Philippe Séguin dénonçant un «Munich social» en 1993), le terme de «Munichois» fait naturellement référence à la conférence de Munich des 29 et 30 septembre 1938. Tenue entre la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne hitlérienne et l’Italie mussolinienne, elle avait pour objet de tenter de régler la «crise des Sudètes».
Hitler, poursuivant sa politique de réunion des «peuples germaniques» au grand Reich qu’il entend bâtir, et après avoir annexé l’Autriche, exige alors le rattachement de la partie occidentale de la Tchécoslovaquie, les Sudètes, à majorité germanophone. En vertu d’accords passés avec la Tchécoslovaquie, la France et la Grande-Bretagne font savoir que toute tentative d’invasion provoquera une guerre. Mussolini joue les messieurs bons offices.
Une conférence se tient, sans la participation du président tchécoslovaque Beneš. Les grandes puissances entérinent l’évacuation du territoire des Sudètes par la Tchécoslovaquie et son occupation par les troupes allemandes, en échange de promesses de règlement pacifique des conflits futurs. Bientôt, les Allemands passent la frontière, puis les Slovaques font sécession. La Tchécoslovaquie n’existe plus.
Le déshonneur, la guerre ou les deux ?
L’accord est honteux. À son retour au Bourget, Daladier, qui l’a signé pour la France, voit une foule immense. Il est persuadé qu’il va se faire huer. Il sort sous les acclamations. Il aurait alors laissé échapper à son conseiller diplomatique Alexis Leger (futur Saint-John Perse) un célèbre « Ah ! les cons ! »
Léon Blum écrira : « Je suis partagé entre un lâche soulagement et la honte. » Léon Daudet, dans un autre registre, avait écrit dans l’Action Française du 24 septembre 1938 : « Je ne me battrai ni pour les Juifs, ni pour les francs-maçons de Prague. »
Chamberlain est lui aussi acclamé par la foule en Grande-Bretagne, à qui il assure que la paix est garantie. Churchill lui répondra par une phrase demeurée célèbre :
« Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur ; et vous allez avoir la guerre. »
Le déshonneur, en tous cas, le général Louis-Eugène Fauché, chef de la mission militaire française à Prague, le refuse. Outré par la trahison dont vient de se rendre coupable la France, il démissionne de son poste et demande la nationalité tchécoslovaque.
La suite, nous la connaissons, hélas. Après les Sudètes, ce sera le corridor de Dantzig et le début de la Seconde Guerre mondiale. C’est après celle-ci que le qualificatif de «Munichois» va prendre son caractère insultant, désignant ceux qui préférèrent se coucher devant Hitler alors qu’il était encore temps de l’arrêter. Et voilà pourquoi ceux qui s’en voient affublés s’en insurgent.
Une comparaison qui ne tient pas
Mais pour l’affaire de Syrie, la comparaison avec Munich ne tient guère. En 1938, bien que se drapant dans le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’Allemagne nazie entend effectuer une pure et simple annexion. À cet effet, ses actions constituent une ingérence dans les affaires d’un État souverain, la Tchécoslovaquie.
On peut donc être partisan de la manière forte à l’encontre d’Hitler, qui n’en est pas à son coup d’essai. Les «Munichois» d’alors sont accusés d’avoir voulu la paix à tout prix, de s’être assis sur des traités dont la France était signataire et qui garantissaient les frontières tchécoslovaques et d’avoir pactisé avec le diable en personne. Le portrait est hélas aussi cruel qu’exact.
En France, les opposants à la guerre d’aujourd’hui n’entendent en rien pactiser avec Assad et la classe politique condamne assez unanimement les agissements du dictateur syrien. Si presque tout le monde s’accorde à dire qu’il faudrait faire quelque chose, l’impact de frappes plus ou moins symboliques apparaît débattable.
Le Munich de 1938 entendait régler un différent entre deux États afin d’éviter une nouvelle conflagration mondiale (et échoua). La question posée par la guerre qui se déroule en Syrie est bien plus complexe. La Syrie aurait utilisé des armes chimiques à l’intérieur de ses frontières, mais elle n’est pas signataire du traité en interdisant l’usage. Pour révoltant que cet acte soit, s’il est avéré, les motifs légaux à intervenir manquent. Si l’on voit bien quelles auraient pu être les objectifs d’une déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne en 1938 - mettre hors d’état de nuire un dictateur qui n’avait pas fait mystère de ses visées expansionnistes et de sa politique raciale - , on peine parfois à voir quels seraient les objectifs de frappes en Syrie.
L’autre Munich
Mais puisque l’on est à Munich, pourquoi ne pas y rester et comparer la situation actuelle avec un autre Munich ? Celui de 1972 et de la prise d’otage d’athlètes israéliens par un commando palestinien lors des jeux Olympiques d’été.
L’affaire fut mal gérée de bout en bout par les Allemands qui, malgré les moyens énormes dont ils disposaient, multiplièrent les erreurs. Ne sachant que faire, mal formés aux actions antiterroristes, ne disposant pas d’unités de tireurs d’élite au sein de la police (les tireurs embusqués sur l’aéroport étaient de simples policiers équipés de fusils sans lunette - l’armée avait des tireurs d’élite mais la Constitution allemande interdisant l’utilisation de militaires pour des opérations de police, ils n’eurent pas le droit d’agir), ils décidèrent malgré tout d’intervenir sur le tarmac de l’aéroport, pour une question de principe : il était hors de question que des preneurs d’otages, a fortiori d’otages israéliens, parviennent à quitter le sol allemand.
Ce fut une boucherie : onze athlètes, cinq preneurs d’otages et un policier allemand furent tués. Le drame de Munich 1972, c’est celui d’une réponse maladroite à un problème humain terrible, celui d’une puissance occidentale désarmée et ne sachant que faire face à un problème nouveau (l’action terroriste) et qui décide d’employer la manière forte pour le régler.
Le 6 septembre prochain, cela fera 41 ans. Comparaison n’est pas raison, bien sûr, et il est certes aussi artificiel de comparer Munich 1972 (le choix de la force - un fiasco) que Munich 1938 (le choix de la négociation - un fiasco) à la situation actuelle. Mais malgré cela, ces deux Munich ont au moins une vertu, utile en cette période : ils nous rappellent que le choix d’utiliser la violence - ou pas - est un choix compliqué qui ne doit jamais être pris à la légère, mais aussi qu’il est bien facile de juger un événement quand on en connaît les suites. L’histoire sert en l’espèce à prédire le passé, pas l’avenir.
Antoine Bourguilleau
Slate.fr, 5/09/2013
http://www.polemia.com/arretez-de-vous-traiter-de-munichois/ -
Les tribunaux islamiques des rebelles syriens
Une émission diffusée le 1er septembre :
"D'interminables interrogatoires, de la torture, des simulacres d'exécution, des maris adultères détenus et jugés aux côtés de voleurs et de prisonniers de guerre au nom de la Charia. C'est le quotidien des tribunaux islamiques d'Alep, la deuxième ville de Syrie, contrôlée aux deux tiers par la rébellion anti Bachar El-Assad. Les islamistes de Jabhat Al-Nosra promettent de mettre fin au chaos de la guerre civile et de rétablir l'ordre et la sécurité. Pour la première fois, ces djihadistes affiliés à Al-Qaïda ont accepté une caméra dans leurs tribunaux."
Ce sont ces gens que Hollande veut aider.
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Avec des avantages fiscaux à la clé, le Qatar achète une propriété de PSA sur les Champs-Élysées
C’est l'ancien émir du Qatar qui a acheté la salle d'exposition de Citroën sur la prestigieuse avenue des Champs-Élysées à Paris. Ce nouvel achat qatarien porte à plus de six milliards d'euros les biens immobiliers du Qatar en France.Le constructeur automobile français PSA en difficulté a vendu en 2012 son siège de l'avenue de la Grande-Armée pour 245 millions d'euros à une institution financière québécoise et sa salle d'exposition du 42, avenue des Champs-Élysées pour 77 millions d'euros - on l'apprend aujourd'hui seulement - à l'ancien émir du Qatar qui a abdiqué en juin 2013 en faveur de son fils.AVANTAGES FISCAUXAvec cette acquisition, le portefeuille immobilier du Qatar, réalisé en France à travers son fonds souverain ou encore les investissements de la famille régnante et ses proches, dépasse les six milliards d'euros. Il a été constitué sur les dix dernières années grâce notamment à des avantages fiscaux consentis par la France.L'accord conclu avec le Qatar exempte d'imposition les plus-values immobilières. Destiné à favoriser les investissements en France des pays pétroliers il a atteint son but puisque Paris rivalise désormais avec Londres sur ce point. Des avantages sensiblement égaux sont consentis au Koweït et à l'Arabie saoudite. Quant au hall d'exposition Citroën, il reste à la même adresse, mais la marque aux chevrons n'y est donc plus que locataire.Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/