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international - Page 1211

  • Adhésion de la Turquie à l'UE

    POIDS DES MOTS, CHOCS DES MENSONGE
    L'ouverture des négociations pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, ce 3 octobre, a été l'occasion de longs développement dans la presse. Pour certains, c'est le poids des mots qui prévaut, pour d'autres, le choc des mensonges. C'est le cas notamment de Paris Match qui traite d'Istambul comme du mariage de la fille ainée de Bernard Arnault.
    Quoiqu'en dise à la une Paris Match (29/9), son dossier n'est pas un reportage sur la Turquie, c'est le cahier jet-set de la semaine. Ses 13 pages intitulées" dossier culturel " et titrées " La Turquie et l'Europe" sont même, dans la flagornerie mensongère, au-delà de ce qu'on peut imaginer pour un publi-reportage. L'intro donne d'ailleurs le ton: " Le 3 octobre s'ouvrent à Bruxelles les négociations pour l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Le Match de Paris s'est rendu à Istanbul. Et il n'en revient pas! Comment envisager l'avenir sans cette merveille! ".
    Sauf à imaginer que Match milite pour la partition et l'autonomie d'Istanbul, ce reportage est d'une rare malhonnêteté. Non que ce que l'on y dit il soit faux en soi, mais c'est à peu près aussi loyal que de prétendre montrer la vie des Français en suivant le shopping d'Arielle Dombasle dans les boutiques de l' avenue Montaigne, à Paris, ou une soirée sur le pont d'un yacht à Saint-Tropez.
    " Istanbul n'est pas une mosquée, c'est une fête "
    Match le dit : Istanbul " est désormais la plus grande ville d'Europe. Elle frôlera bientôt les 15 millions d' habitants. Et c'est toujours la plus spectaculaire. Ainsi que la plus vivante". A quoi il aurait fallu ajouter qu'Istanbul n'est pas la Turquie, et que, à Istanbul même, le Bosphore et la Corne d'Or séparent des mondes qui ne se ressemblent et ne se fréquentent pas plus que le Val Fourré et Neuilly-sur-Seine. Mais Match, à l'évidence, n'est pas plus allé voir les Turcs que la Turquie. Il est allé " sur les plateaux de la télévision, chez les éditeurs, dans les boîtes de nuit, au musée d'Art moderne, au patronat ou parmi les diplomates" . Il a suivi des comédiennes, des écrivains et des mannequins, vécu 24 h dans le sillage" d'une fashion victime " qui passe de Nisantasi, " le quartier hyper snob côté européen ", aux plages de la rive asiatique du Bosphore, semblables" au Nikki Beach de Saint-Tropez", avant d'aller dîner" au restaurant designé (sic) par Philippe Starck". Les reporters de Paris Match n'ont pas dû franchir le pont de Galatha. Ils n'ont pas poussé jusqu'aux quartiers qui environnent le Grand Bazaar, là où ça grouille de monde, là où les femmes voilées se pressent entre les cireurs de chaussures et les porteurs, là où l'on fait la queue pour manger le poisson grillé dans les fumées suffocantes et les odeurs de gasoil. Ils n'ont pas vu l'Anatolie, pas vu la Cappadoce, pas vu les charrettes et les ânes, seulement " les 4x4 et les Mercedes décapotables" .
    " Istanbul n'est pas une mosquée, c'est une fête" , écrit Gilles Martin-Chauffier, dont on se demande, à le lire, s'il n'avait pas un peu trop tiré sur le narguilé. Bref, Match avait une soupe à vendre, il nous l'a vendue. On se demande juste qui l'a payée.
    Le dossier de Valeurs Actuelles (30/9) est infiniment plus sérieux et s'ouvre sur ce constat : " l'hostilité à l'adhésion turque s' affirme partout en Europe ". Notre confrère s'appuie sur une enquête menée par l'institut Euro-baromètre qui, dépendant de la Commission de Bruxelles, " se trouve peu suspect, à ce titre, de militer contre l'élargissement de l'Union à la Turquie ". De cette enquête détaillée 30 000 personnes ont été interrogées dans les 25 pays de l'Union -, il ressort que " 35 % seulement des citoyens consultés acceptent la perspective d'un élargissement vers l'Asie de l'Europe politique,. 52 % y sont carrément opposés, 13 % se déclarent sans opinion ". Plus intéressant encore est la répartition: " Parmi les plus hostiles figurent, sans surprise, l'Autriche (80 %), qui se souvient sans doute du siège de Vienne par les Ottomans, et Chypre, dont le nord du territoire a été envahi par l'armée turque en 1975 ... Mais les Allemands ne sont pas loin (74 %), imités par les Français (60 %), les Grecs (70 %) ou encore les Danois (62 %), les Belges (61 %) et les Estoniens (56 %) ". En fait, écrit Valeurs Actuelles, on voit bien que" le fossé entre les membres fondateurs de l'Union et les nouveaux adhérents n'est pas neutre : l' hostilité à l'élargissement vers la Turquie monte à 55 % chez les membres de l'ancienne Europe (84 % de la population de l'Union), contre 38 % seulement chez les nouveaux membres, dont certains, comme la Pologne [favorable à 54 %], semblent s'être donné pour spécialité de se démarquer de ceux qui les ont accueillis ... "
    Une identité européenne inséparable de la géographie
    La question fondamentale, dit le magazine, est de savoir" où en est le sentiment d'une identité européenne inséparable de la géographie". Sur ce point, les clivages politiques sont plus marqués. Ainsi, les "anti" ne tiennent à gauche " qu'une majorité relative: 49 % d'opposés contre 47 % de favorables. Mais à droite, c'est un raz-de-marée: 75 % d'opposition à une Turquie européenne (dont 70 % à l'UMP), contre 22 % regardant cette éventualité avec sympathie ". Dans le Figaro du week-end (11/10), Alain Lamassoure, secrétaire national de l'UMP pour les Affaires européennes, revient lui aussi sur cette question de la géographie (et donc de l'histoire !). Il écrit: " Juger européen un pays dont 95 % du territoire sont situés en Asie mineure, c'est admettre que l'Union européenne n'aura pas de frontières. Car au nom de quoi refuserait-on demain la Russie, l'Arménie, les pays du Caucase, Israël et le futur Etat palestinien, puis les autres riverains de la Méditerranée? "
    A ce contresens géographique s'ajoute un contresens démocratique, " le plus surprenant et le plus choquant pour tous, quelque soit le sentiment que l'on ait sur la candidature turque", dit-il. Non seulement il n'y a pas eu débat sur la question, mais jamais on a " ignoré aussi délibérément le sentiment profond exprimé par les opinions publiques ". Les Français, comme la grande majorité des pays membres de l'Union, ne souhaitent pas voir intégrer " un pays musulman de bientôt cent millions d'habitants, ayant des frontières communes avec l'Irak, l'Iran et la Syrie et des citoyens potentiels jusqu'aux confins de la Chine" (Valeurs Actuelles). Et ce n'est pas "l'occidentalisation" des mœurs de la jet-set stanbuliote qui changera quelque chose au problème, à savoir celui des frontières naturelles de l'Europe.
    TOPOLINE National Hebdo du 6 au 12 octobre 2005

  • « Le problème n'est pas que les Américains soient nationalistes, c'est que nous ne le soyons plus ! »

    Aymeric Chauprade est docteur en sciences politiques, chercheur à Paris-V René Descartes et enseigne la géopolitique à Paris-I-Sorbonnes. Il a publié récemment « Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire » et « Dictionnaire de géopolitique » aux éditions Ellipses.
    1) Quelle est votre définition de la géopolitique ?
    La géopolitique est l'analyse de la politique des centres de puissance (les Etats et les entités trans-étatiques) comme fonction des données (constantes et variables dans l'histoire) de la géographie physique, de la géographie identitaire, de la géographie des ressources économiques. et du progrès des techniques. Mon dernier ouvrage « Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire » vise à montrer le poids de l'ensemble de ces facteurs sur les situations historiques et contemporaines. J'y insiste notamment sur les données ethniques, religieuses et démographiques et l'importance de l'immigration comme facteur de la géopolitique.
    2) En quoi la géopolitique de la France s'oppose-t-elle aux intérêts américains ?
    La géopolitique ne se situe pas dans l'idéologie et dans le discours moral, mais dans ce que l'on appelle couramment la «Realpolitik». Je n'ai rien a priori contre les Etats-Unis, mais je constate que leur avantage considérable en puissance depuis la fin de la guerre froide est un facteur d'effacement de la France. Puissance globale, les Etats-Unis cherchent à nous éliminer du monde arabe, de l'Afrique et de l'Asie-Pacifique. Ils encouragent la construction d'une Europe germano-américaine dans laquelle la France n'aura qu'un strapontin et perdra sa dimension mondiale.
    3) Quel regard portez-vous sur l'interventionnisme tous azimuts des Etats-Unis
    ? Depuis l'aube de l'humanité, l'histoire déroule la compétition des peuples. Les Américains considèrent qu'ils doivent être en tête de cette compétition et comment le leur reprocher ? Ils sont nationalistes et ils ont bien raison ! Le problème n'est pas que les Américains soient nationalistes, c'est que nous ne le soyons plus ! Si, en face des nationalistes, ils n'y a pas de contrepoids, comment voulez-vous que le monde soit équilibré et vive en paix ?
    4) Comment jugez~vous les contradictions de l'Europe en matière géopolitique et en matière de défense ?
    La construction européenne tente de rapprocher des nations dont les intérêts géopolitiques divergent par nature. L'histoire fait que les zones d'influence des uns et des autres ne sont pas les mêmes, méditerranéen, africain et plus largement ultra-marin de la France ! Or, dans une Europe fédéralisée où les décisions se font déjà à la majorité, on ne voit pas comment, mathématiquement, la France pourra faire entendre ses intérêts géopolitiques. L'utopie européenne est en train de tuer la géopolitique de la France.
    5) Et la faiblesse congénitale de l'O.N.U. ?
    Les seules réalités qui comptent sont les peuples et leurs instruments de pouvoir que sont les Etats (et parfois les lobbies trans-étatiques). Les pouvoirs multinationaux comme l'O.N.U. sont nécessairement le reflet des rapports de force entre les Etats, comme en témoigne la composition du Conseil de Sécurité en 1945. À l'heure où les Etats-Unis ne paient pas leur quote-part, savez-vous que les agences de l'O.N.U. ne survivent que grâce à l'embargo sur l'Irak, et que depuis la mise en place de la résolution « pétrole contre nourriture », l'O.N.U. s'est commissionnée à hauteur de 53 milliards de dollars, ce qui lui permet d'éviter la banqueroute de ses agences ?
    L'Irak n'occupe aucun territoire depuis 1991 et continue cependant de payer le prix fort. Dans le même temps l'O.N.U. n'arrive même pas à imposer des observateurs en Palestine, alors que des résolutions contre l'occupation israélienne existent depuis plus de trente ans.
    Non seulement l'O.N.U, pèse de moins en moins face à l'axe américano-israélien, mais en plus la France a accepté le principe de perdre son fauteuil au Conseil de Sécurité «au profit» d'un siège européen. L'O.N.U. n'est qu'un miroir de la puissance relative des Etats.
    6) Quelle est la politique naturelle de la France ?
    L'histoire de la nation française est celle du combat contre tous les impérialismes qui ont voulu anéantir notre indépendance nationale : du Saint-Empire romain germanique à l'américano-européisme en passant par le communisme international. La France conserve les ressources morales, intellectuelles et économiques de redevenir une très grande puissance. Pour cela, elle doit tourner le dos à l'utopie européenne, restaurer sa politique mondiale par le biais de la Francophonie, de la politique arabe et de l'affirmation de son influence ultra-marine (Caraïbes, océan indien, Pacifique... ) ; elle doit entretenir l'équilibre dans ses relations avec les Etats-Unis, la Chine ou la Russie et refuser le basculement dans tel ou tel bloc.
    7) Que pensez-vous de l'évolution de la Russie et de la Chine ?
    L'objectif des Etats-Unis est de prendre la tête d'un bloc dans lequel les nations ouest-européennes auraient perdu leur souveraineté et où la Russie serait vassalisée ; face à un nouveau bloc : une Chine en plein essor économique et qui d'ici dix ans peut être une très grande puissance mondiale. Il n'est pas exclu que nous assistions dans les vingt ans à venir, à un rapprochement durable de Washington et Moscou face à Pékin. Cette évolution n'est rendue possible que par l'atlantisme des nations ouest-européennes, car la Russie et la Chine souhaiteraient avoir des partenaires de contrepoids en Europe occidentale face à l'hyperpuissance américaine. Je suis convaincu que la restauration d'une politique étrangère d'indépendance nationale et d'équilibre mondial est non seulement possible mais indispensable à la survie de notre liberté et à l'apaisement des tensions internationales.
    8) Pratiquement que faire ?
    Les Etats-Unis sont engagés sur deux voies qui risquent de renforcer considérablement leur suprématie mondiale et de déséquilibrer encore le monde. Premièrement, hyperpuissance conventionnelle, l'Amérique est gênée par les logiques de dissuasion nucléaire adverses. Son projet de bouclier antimissiles vise à annuler cette gêne et à augmenter son pouvoir d'ingérence militaire au Moyen-Orient comme en Asie. Deuxièmement, les Etats-Unis veulent contrôler l'ensemble du pétrole du Moyen-Orient et s'entendre avec les Russes sur les hydrocarbures de manière à contrôler la dépendance énergétique de la croissance asiatique (notamment chinoise mais pas seulement). Pour ce faire, ils projettent d'envahir l'Irak et d'y installer un gouvernement aux ordres. Puis ensuite de s'occuper du retour de l'Iran sous influence américaine. Ainsi, avec l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Iran, la mer Caspienne (présence militaire en Asie centrale) et la Russie plus proche, l'Amérique tiendra la pompe à hydrocarbures du monde et détiendra alors un pouvoir de nuisance considérable sur les rivaux économiques.
    Que faire alors ? Premièrement, s'engager sur la voie des systèmes de défense antimissiles et restaurer notre défense nationale car on voit bien que c'est l'hyperpuissance militaire qui donne aux Etats-Unis une telle marge de manœuvre. Deuxièmement, tout faire pour empêcher l'Irak de tomber dans la sphère d'influence américaine. La relance d'une politique arabe passe notamment par l'appui clair à la mise en place d'un Etat palestinien et à la rupture de l'embargo sur l'Irak.
    9) Que pensez-vous du risque terroriste international ?
    Ce risque existe. Certains mouvements mènent une guerre contre notre Civilisation et il faut les combattre. Mais le Il septembre 2001 est aussi instrumentalisé par Washington comme un prétexte permettant à l'Amérique de faire avancer nombre de ses intérêts. Attendons-nous à ce que Washington prétende qu'Al Quïda est en Irak de manière à justifier son agression. L'ennemi invisible, à la différence d'un Etat, a ceci de pratique (pour Washington) qu'il peut être partout où cela arrange ...
    10) Et la géopolitique intérieure de la France ?
    La restauration de la France passe aussi par le redressement de l'identité française. La géopolitique intérieure de la France a été bouleversée par le séisme de l'immigration ces trente dernières années. Le communautarisme s'installe en France. La démographie française recule face à la démographie de l'immigration. Cette dynamique doit être clairement inversée. Sinon, quel sens y aura-t-il à parler de géopolitique extérieure de la France, si la France n'est plus ... la France ?
    D'autre part, outre la question essentielle de l'identité française, l'immigration pose une question géopolitique plus globale : son rôle de levier des maffias criminelles transnationales et du terrorisme islamiste transnational.
    11) Vous êtes optimiste ?
    Avec la patience on arrive à tout.
    Français d'abord 2ième quinzaine juin 2002

  • « Printemps arabes » : tout ne fait que commencer…

    L’échec des « printemps arabes » est à la hauteur des emballements émotionnels qu’ils suscitèrent, tant chez les lemmings de la presse, que parmi ces lapins de coursive qui constituent la grande majorité de la classe politique française.

    Moins de trois ans après le début d’un phénomène pour lequel tous eurent les « yeux de Chimène », le bilan est en effet bien amer, les fleurs de ces prétendus « printemps » ayant précocement fané. Que l’on en juge :

    - En Tunisie, pays que le président Ben Ali avait presque sorti du « sous-développement » et où Mohammed Brahmi vient d’être assassiné, la faillite économique est totale cependant que le climat politique est devenu explosif.
    Alors que la révolution s’était faite pour plus de liberté, les Frères musulmans, arrivés au pouvoir à  la faveur du renversement du régime qui les combattait,  veulent faire adopter une Constitution ayant la charia pour norme. Or, ils sont considérés comme des « traîtres » par les fondamentalistes (environ 10% du corps électoral), qui posent ouvertement la question du rétablissement de la polygamie, abolie en 1956, celle des unions avec des filles juste pubères, et jusqu’à celle des « bienfaits » sociologiques de l’excision clitoridienne…
    Comme l’armée tunisienne n’a, du moins jusqu’à ce jour, aucune tradition « putschiste », on voit mal comment la « douce » Tunisie peut sortir de cette ornière...

    - En Egypte, ceux qui ne supportaient plus leur vieux chef militaire ont permis aux islamistes d’arriver au pouvoir ; puis, terrorisés par le sort qui les attendait, ils ont appelé au secours un autre chef militaire, foulant ainsi aux pieds les principes démocratiques dans lesquels ils se drapaient quelques mois auparavant… et le pays  bascule insensiblement vers une guerre civile.

    - En Libye, où l’intervention sarkozo-otanienne s’est faite au nom des droits de l’homme, le pays n’existe plus. Le nord est éclaté et aux mains de milices tribales  ou religieuses, cependant que le sud est devenu un « Libystan » fief des jihadistes à partir duqueltoute la région saharo-sahélienne est contaminée.

    Forcés de prendre enfin en compte l’échec de leur illusion, les médias dressent désormais le bilan calamiteux de ces prétendus « printemps arabes » auxquels ils ont tant cru...  Le journal Le Monde qui eut une attitude « en pointe » sur la question laisse aujourd’hui transparaître son dépit dans les termes suivants :
    « (…) Au moment où l’Egypte sombre dans le chaos, au moment où la Libye ne parvient pas à sortir de l’instabilité et de la violence (…), la  Tunisie (est) la dernière chance du « printemps arabe » (Le Monde , 6 juillet 2013). Une « dernière chance » qui relève une fois de plus de la méthode Coué... Engagés dans une politique destinée à réduire au silence leurs opposants, les islamistes ont en effet créé des milices de nervis qui font régner la terreur. Ainsi la Ligue de protection de la Révolution, qui dépend du parti Ennahda et qu'un député de ce parti gouvernemental menace de lancer sur les opposants afin :
    « (Qu’ils) soient punis de mort, par crucifixion, démembrement ou bannissement, car ils sont les ennemis de Dieu et de son Prophète».

    Tant en Tunisie, qu’en Egypte ou encore qu’en Libye, tout ne fait donc que commencer…

    Bernard Lugan
    26/07/2013

    Source: Blog de Bernard Lugan

  • En matière de terrorisme, vous êtes les professeurs et nous sommes vos élèves

    Lettre ouverte d’Hassan Hamade à l’ambassadrice de l’Union européenne
    Commentateur politique le plus écouté au Liban, Hassan Hamade a réagi à l’inscription de la « branche militaire » du Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes. Plutôt que de défendre la Résistance, ce qui va de soi, il porte le fer sur l’absence de capacité morale de l’Union européenne à distinguer le Bien du Mal.

    Votre Excellence Madame l’Ambassadrice,

     

    Madame, vous savez que l’une des tâches les plus difficiles pour un diplomate civilisé et respectable ayant réellement foi en la paix, tel que vous, est de se trouver contraint dans l’exercice de ses fonctions à défendre une décision inique et agressive prise par sa hiérarchie représentant un État ou un ensemble d’États, comme c’est le cas de l’Union européenne qui a décidé d’inscrire sur sa liste des organisations terroristes internationales ce qu’elle a qualifié d’« aile militaire » du Hezbollah !

     

    Ceci, soit dit en passant, alors que le ministre bulgare des Affaires étrangères M. Kristian Vigenine a officiellement déclaré qu’il n’y avait aucune preuve d’une relation quelconque entre le Hezbollah et l’explosion du bus transportant des passagers à Burgas en Bulgarie, ce qui signifie que c’est en toute connaissance de cause que l’Union européenne a pris sa décision en contradiction avec l’enquête menée par ce pays ; et ceci, maintenant que le voile se lève sur l’attentat du 18 juillet 1994 contre un immeuble d’une institution juive à Buenos Aires, attentat immédiatement attribué au Hezbollah alors que les investigations suivent toujours leur cours et que les doigts accusateurs pointent M. Vladimir Corach, ancien ministre argentin de l’Intérieur connu pour ses étroites relations avec la mafia et les Services de sécurité israéliens.

     

    Concernant cette dernière décision de l’Union européenne, il est de mon devoir de noter quelques observations que je vous confie en espérant que vous voudrez bien les transmettre à votre hiérarchie pour la bonne raison que la définition du terrorisme, adoptée par l’Union elle-même, s’applique en premier lieu aux gouvernements et aux décideurs qui en font partie.

     

    Madame, nul doute que vous savez que l’Union européenne considère la prise en otage de civils innocents comme un « crime terroriste » ne souffrant d’aucune prescription, crime équivalant à un crime contre l’humanité que rien ne pourrait justifier. Par conséquent, le moins que l’on puisse dire est que l’Union européenne adopte une position officielle déraisonnable, inhumaine, et conciliante avec les auteurs de ces crimes quand il s’agit des otages libanais enlevés à A’zaz, ou de Monseigneur Paul al-Yazigi et de Monseigneur Jean Ibrahim, tous deux victimes syriennes incontestablement pacifiques et innocentes.

     

    Nul doute que vous savez ce qui est désormais de notoriété publique concernant l’impact direct et décisif du gouvernement de M. Erdogan sur les organisations terroristes armées ; gouvernement d’un État membre de l’OTAN regroupant nombre de gouvernements de votre Union européenne, alliés et complices dans la guerre dévastatrice menée contre la Syrie.

     

    Vous savez aussi que rien de tout cela n’a empêché votre Union de poursuivre sa collaboration sur le terrain avec le gouvernement turc en soutenant, armant et entraînant les terroristes qui comptent pas moins de quarante mille mercenaires étrangers à la Syrie, comme l’a reconnu l’Émissaire international M. Lakhdar Brahimi. C’est là une vérité qui place votre Union dans le cercle des accusés au premier degré et engage votre responsabilité éthique et juridique, avec tout ce que cela implique comme poursuites judiciaires contre les responsables aux commandes.

     

    Il est absolument inadmissible de vous voir couvrir ces crimes odieux, d’autant plus que votre Union ne cesse de donner des leçons à autrui insistant sur la nécessité de combattre le terrorisme où qu’il sévisse sans aucune concession et sous aucun prétexte. Et si jamais il vous fallait encore des preuves, il est plus que probable que les vidéos innombrables mises en ligne sur YouTube par les terroristes criminels et nécrophages, eux-mêmes, n’ont pu échapper à votre vigilance !

     

    Madame, pardonnez-moi de préciser que je ne vous imagine pas ignorante du fait que le détournement d’un avion civil équivaut, à juste titre et selon vos propres critères, à un crime classé dans le registre du terrorisme international et comparable aux enlèvements de personnes et à leur détention ou à leur assassinat avec ou sans documents photographiques à l’appui, etc... N’est-ce pas ce qui s’est passé il y a quelques semaines lorsque certains gouvernements de votre Union ont fermé leur espace aérien à l’avion du président bolivien Evo Morales en provenance de Moscou ? N’a-t-il pas été obligé à un atterrissage forcé en Autriche ? N’a-t-il pas été bloqué pendant des heures sous prétexte que l’Etats-unien Edward Snowden —qui a révélé au monde que le gouvernement US « vous » espionnait— pouvait se trouver à son bord ? L’information n’est-elle pas partie de l’Ambassade états-unienne à Moscou ? Quel paradoxe !

     

    Cet incident, qui est donc pure agression contre un avion civil transportant le président d’un État indépendant et souverain, nous rappelle la première opération de ce genre qui a eu lieu le 22 octobre 1956 lorsque des responsables français ont jugé bon de détourner un avion civil transportant des dirigeants du FLN de Rabat vers Tunis [Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohammed Khider, Mohammed Boudiaf, Mostefa Lacheraf]...

     

    Le détournement des avions, Madame, est malheureusement une invention européenne tout comme, par exemple, le nazisme qui est d’inspiration européenne... Nous en resterons donc là et nous nous contenterons de vous rappeler que les gouvernements européens classent les détournements d’avions dans le registre du terrorisme international !

     

    Madame, la crise tragique qui a frappé la Syrie a fait tomber plus d’un masque et a révélé l’étendue de vos mensonges ; le premier de ces mensonges étant votre décision de placer Al-Qaïda et ses dérivées au sommet des organisations terroristes internationales, parce que la plus dangereuse. Et voilà que la scène syrienne nous révèle les mécanismes de coordination, sur le terrain, entre votre organisation européenne et celle d’Al-Qaïda ; coordination déjà flagrante et publiquement rodée en Libye avant de se traduire avec éclat sur le territoire syrien comme en témoignent les nombreuses déclarations de responsables européens.

     

    Je me limiterai à deux de ces éminents responsables : le ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, qui a clairement dit l’année dernière à Marrakech lors d’une Conférence des prétendus amis de la Syrie que les terroristes de Jabhat al-Nosra faisaient du « bon boulot » avant que les USA ne les placardent sur la liste des terroristes ; et le prolixe ministre britannique des Affaires étrangères, encore plus brutal et sadique, qui a carrément déclaré que les membres d’ Al-Qaïda et dérivées ne devaient pas rentrer de Syrie car ils étaient une menace pour vos pays civilisés !

     

    Je me limiterai donc, et ne m’étendrai pas sur le flot continu d’armes et de munitions introduites en Syrie à travers des « portes européennes » que nous connaissons et que vous connaissez fort bien vous-même.

     

    En revanche, je vous dirai que l’Union européenne qui n’a cessé de prétendre se soucier des chrétiens du Proche-Orient a constamment et systématiquement persécuté le christianisme et les fidèles adeptes de cette religion céleste née de notre terre et donc « fille de l’Orient ». Disant cela, je n’exagère, ni ne triche, témoin en est Sa Sainteté le pape Benoît XVI. Philosophe et très grand théologien, il a tenu à avertir de cette persécution permanente dans son message célébrant la « Journée mondiale de la Paix » début 2011. Je vous le livre, mot pour mot, tel qu’il est rédigé en fin du paragraphe 14 : « J’exprime aussi le souhait qu’en Occident, spécialement en Europe, cessent l’hostilité et les préjugés à l’encontre des chrétiens qui veulent donner à leur vie une orientation cohérente avec les valeurs et les principes exprimés dans l’Évangile. Que l’Europe apprenne plutôt à se réconcilier avec ses propres racines chrétiennes : elles sont essentielles pour comprendre le rôle qu’elle a eu, qu’elle a et veut avoir dans l’histoire ; elle saura ainsi faire l’expérience de la justice, de la concorde et de la paix, en cultivant un dialogue sincère avec tous les peuples. » [1].

     

    Madame, vous savez comme je sais que ces vérités sont pratiquement ignorées de vos peuples car ils vivent derrière un nouveau rideau de fer, encore plus opaque, plus rusé et plus insidieux que le rideau de fer plus primitif qui se dressait autour du Bloc de l’Est, et qui est toujours debout autour des dictatures arabes et non arabes. Votre rideau à vous est invisible, mais le plus effrayant est qu’il se manifeste par la soumission de vos gouvernements à une double occupation ; d’une part, l’occupation militaire, sécuritaire et économique états-unienne ; d’autre part, l’occupation sécuritaire et culturelle israélienne.

     

    C’est la vérité, Madame, quoi que nous fassions pour l’ignorer. Et la récente décision de l’Union européenne ne fait que confirmer la réalité de cette double occupation de vos pays, occupation dont nous souhaiterions que vous vous libériez un de ces jours. Nous savons que c’est difficile, car la plus tenace des occupations est celle qui se saisit des esprits au moyen d’un « terrorisme culturel » incessant exercé par vos différents médias presque totalement sous la domination des sionistes.

     

    Madame, nous vivons tous, vous comme nous, une période de changement social où la vraie confrontation est entre la liberté et l’esclavage. Mais si la liberté ne se fonde que sur une seule norme et sur une seule mesure, les critères de l’esclavage sont multiples.

     

    Veuillez m’excuser si j’ai été trop long, mais l’horreur du tsunami de mensonges exige que nous mettions quelques points sur les « i ». Soyez assurée que je suis convaincu de votre sincérité et de la noblesse de vos objectifs contrairement à ce que je pense de l’Union européenne que vous représentez.

     

    L’Europe, Madame, n’est pas dans une situation juridique et éthique qui lui permette de nous donner des leçons d’humanité, ni d’humanisme.

     

    Hassan Hamade  http://www.voltairenet.org

    Source As-Safir (Liban)

    [1] Liberté religieuse, chemin vers la paix. Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix, Benoît XVI, 1er janvier 2011.

  • L'eurasisme en Turquie

    L'eurasisme en Turquie Quintu Corsi (pseudonyme) est un Corse vivant en Turquie , actif dans la mouvance traditionnaliste-révolutionnaire de ce pays. Il éclaircit pour les lecteurs de Corsica Patria Nostra certains aspects d'un monde turc relativement peu connu en Europe.
    Panturquisme, pantouranisme, kémalisme, ces notions liées au nationalisme turc demeurent confuses pour un Européen. Peux-tu les préciser brièvement ?
    Le panturquisme : c'est un mouvement apparut au début du XXème siècle et popularisé par le mouvement Jeune Turc. Dans l'idéal, ce courant visait à créer un gigantesque empire incluant tous les peuples turcophones sous une même bannière. Aujourd'hui cette mouvance a laissé certains de ces principes de côté, lui préférant la création d'accords durables entre la république de Turquie et les pays turcophones d'Asie centrale en général (Ouzbékistan, Kazakhstan, Turkménistan etc.) dans différents domaines, tels que l'économie, les relations internationales, la géopolitique. Dans la période contemporaine, c'est le président Turgut Ozal (1927-1993) qui a posé les bases du panturquisme actuel, et à l'heure d'aujourd'hui le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu œuvre toujours en ce sens.
    Le pantouranisme : ce mouvement est intimement lié au panturquisme, mais il est beaucoup plus idéologique. Alors que le panturquisme a largement tendance à favoriser l'union des peuples turcs musulmans, le pantouranisme est plutôt favorable au retour à une origine préislamique idéalisée. En effet, selon cette idéologie, les turcs sont frères dans tous les cas, nonobstant leur religion, leur croyance, ou l'incroyable brassage ethnique dont ils font l'objet, notamment en Turquie. Ainsi ils prétendent pouvoir unir les turcs musulmans aux turcs gagaouzes chrétiens, par exemple, ou certains Kirghizes shamanistes aux Tatars de Crimée musulmans. Bien que pantouranisme et Islam ne soient pas incompatibles pour beaucoup (Les Ilkhanides, Les Timourides, les Seldjoukides, ou les Ottomans incarnant un glorieux passé aux yeux de ceux-ci), les pantouranistes n'hésitent pas à mettre en avant un hypothétique lien indéfectible entre Turcs & Mongols ; ainsi ils se réclament du grand "Tanri" (Tengrï chez les Mongols), le Grand Dieu du ciel, ou à se réclamer de pratiques shamanistes, le tout enveloppé d'un folklore turc (culte des grandes personnalités turques et mongoles , comme Gengis Khan, Tamerlan, Alp arslan, culte du saz (guitare turque) etc.). Aujourd'hui ce courant est plus ou moins représenté par le parti politique "MHP", bien que celui-ci est toujours oscillé entre panturquisme et pantouranisme, sans distinctions particulières. Ce sont plutôt des groupes politiques épars, se réclamant en partie des "Loups Gris", qui en font la promotion. Ce courant ne concerne pas uniquement les peuples turciques, mais l'ensemble des populations Ouralo-Altaiques avec les Finnois, les Hongrois, les Bulgares et les Estoniens. A ce sujet, l'on peut évoquer la mémoire du Comte Teleki, Ministre des Affaires Étrangères du régent Horty partisan d'un grand Touran de "Budapest à Tokyo". Aujourd'hui ces conceptions sont reprises par Alexandre Douguine et ses différents épigones.
    Kémalisme : ce courant est en fait le courant hérité de Mustafa kemal dit "Atatürk" ou "Père des turcs". C'est un mouvement qui avait pour principes premiers de moderniser la Turquie à marche forcée, en déchirant ses derniers liens avec l'Empire Ottoman mourant de manière brutale (lois extrêmement restrictives concernant le port du voile, du turban, de la barbe etc.) dans l'optique d'en faire un état-nation fort et sécurisé, dans un contexte très difficile puisque c'était la guerre d'indépendance. Dans les premiers temps, ce courant reposait sur 6 principes (Républicanisme, Populisme, Laïcité, Révolutionnarisme, Nationalisme, Etatisme). Il faut noter que Mustafa Kemal était un homme cultivé, peu religieux (c'est un euphémisme, bien qu'on puisse l’apercevoir sur quelques photos prononcer quelques prières), acquis aux idées modernistes de l'Occident d'alors, et initié à la Franc-maçonnerie. Aujourd'hui ce mouvement incarné par le parti "CHP". Il est en général composé de turcs "laïcs", aisés, idéalisant la société occidentale sous toutes ses formes. Ils vouent un culte sans faille à Atatürk, et se réclament en tous points à ses principes, surtout à l'heure d'aujourd'hui, face à une forte réislamisation de la Turquie.

    Quels sont les rapports entre islamisme et nationalisme en Turquie ?
    Leurs rapports sont très profonds, au point que l'on peut souvent lire le concept de "synthèse islamo-nationaliste" lorsque l'on aborde la Turquie. Dans la Turquie contemporaine, les jeunes turcs se sentent extrêmement fier à la fois d'être musulman et turc. Cela tient, à mon sens, de leur passé, surtout la période de l'Empire Ottoman, période durant laquelle les turcs ont marqué de manière indélébile nombre de contrées, musulmanes ou non. Ils en tirent une grande fierté, et considèrent que la Turquie est l'héritière de l'Empire. A ce titre ils n'hésitent pas à employer le terme religieux de "Sehit" ou "Martyr" pour les soldats morts au combat, ou encore à citer un hadith du Prophète Muhammad, qui dit :"L'amour de la Patrie fait partie de la Foi". Notons aussi l'extrême popularité de films traitant de la période ottomane, comme "Fetih 1453" ou la série turque "Le siècle magnifique".
    Cependant j'aimerai éclaircir un point qui me semble important : le terme "Islamiste" employé pour la Turquie ne doit absolument pas être mêlé aux islamistes en général (Al Qaida) ou autre. Les turcs musulmans possèdent dans leur corpus théologique et/ou idéologique un nombre conséquent de savants ou de personnalités "soufies" (ou du moins affiliés à cette doctrine d'une manière ou d'une autre), ce qui tend à largement modérer l'influence wahhabite par exemple, dans tel ou tel aspect de la vie quotidienne ou politique. Cela dit, j'ai parfois rencontré des turcs qui se revendiquaient du "salafisme", mais ils étaient plutôt présent dans la diaspora, cela étant plutôt dû aux fréquentations entretenues avec des arabes de France en général (même chose pour les Tchétchènes de France).

    Comment expliquer la persistance des relations de la Turquie avec l'axe américano-sioniste malgré l'arrivée des islamistes aux pouvoir ?
    C'est en fait dès sa naissance que la république de Turquie a entretenu des liens très étroits avec cet axe. Auparavant utilisée comme "base" américaine pour contenir le bloc soviétique, la république de Turquie est aujourd'hui le pion parfait pour l'axe-américano sioniste dans la région. Cela est essentiellement dû au fait que pour éviter un coup d'état par la junte kémaliste, le premier ministre a fait le choix de se ranger aux côtés des Etats-Unis et de l'Europe ; ainsi, la junte kémaliste été muselée, car avec un coup d'état, comment pouvait-elle se poser en garant de la laïcité auprès des instances occidentales face à un gouvernement "islamiste" officiellement acquis aux "valeurs occidentales"! Joli coup de maître s'il en fut, mais avec quelles conséquences...Comme aujourd'hui avec la Syrie.
    Cependant, nous avons pu voir que parfois, la république de Turquie pouvait faire preuve de défiance face à cet axe, notamment en 2003 lorsqu'elle a refusé de laisser transiter les hordes de GI pour aller en Irak, ou dernièrement avec l'affaire du "Mavi marmara". En outre, on peut citer la célèbre série "la Vallée des Loups", parfois produite en film, dans lesquels les sionistes & les américains apparaissent en tant que meurtriers, trafiquants d'organes etc. Par ailleurs Cette série fait un véritable carton en Turquie et parmi la diaspora.

    Existe-t-il en Turquie des courants eurasistes favorables au rapprochement avec la Russie et le dépassement des tensions dans les Balkans et le Caucase ?
    Il existe effectivement un courant eurasiste en Turquie. Ce courant est incarné actuellement par Suat Ilhan, un ancien général de l'armée turque, qui a écrit quelques ouvrages à forte tendance souverainiste eurasiste.
    Sinon j'ai quelque fois rencontré des turcs eurasistes, mais il n'est pas aisé d'en trouver qui arrivent justement à dépasser certains cadres idéologiques, car ils associent assez facilement leur identité propre aux sujets évoqués (je pense à la Tchétchénie ou à la Bosnie, par exemple, deux peuples auxquels les turcs sont très liés).

    Dans les années 1980, l'organisation des "loups gris" , inspirée par le Colonel Turkes avait tissé des liens avec certains groupes NR européens . Quelle est son audience aujourd'hui en Turquie et dans l'émigration ? Son orientation idéologique ?
    Avant toutes choses, il est essentiel de savoir qu'il y a deux types de "Loups Gris" :
    Il y a ceux qui s'en réclament par "sentiment d'appartenance», c'est à dire en général ceux qui agissent dans la diaspora. Bien souvent, ce sont des électrons libres, qui possèdent une antenne à Berlin, ou une antenne à Paris, par le biais d'associations le plus souvent. Ces "Loups Gris" agissent en général par réaction, c'est à dire lorsqu'un membre de la communauté turque est agressé par des partisans du PKK (groupe terroriste pro kurde financé par les sionistes), ou pour tel ou tel évènement culturel. Il m'est arrivé d'en croiser régulièrement, et bien souvent ils ne connaissent que quelques bribes du programme du "MHP" (parti créé par Turkes) justement, quand ça ne les intéresse pas du tout. C'est une couverture identitaire en général, histoire de ne pas se noyer dans le magma informe que leur propose "l'Etat" français.
    En Turquie, les "Loups Gris" jouissent d'une certaine aura essentiellement dû au fait que dans les années 80 ils furent le fer de lance de la lutte anti-communiste. A l'heure actuelle, leur mouvement est en perte de vitesse, car de trop nombreuses histoires les liant à la mafia ont été révélées, et aussi parce que le "complot Ergenekon" les a grandement sali. En outre, ils allient de manière assez maladroite leur idéologie ultra-nationaliste avec le culte à Atatürk et à ses principes-clefs (la laïcité par exemple), ce qui ne touche absolument pas l’électorat turc actuel.
    Concernant les liens avec des NR européens, je sais que le NDP Allemand est parfois proche de cellules de "Loups Gris" en Allemagne, et en France il m'est déjà arrivé de parler de sujets sérieux avec des membres de cette organisation. En Hongrie dernièrement, des rapprochements entre la Turquie et la Hongrie étaient envisagés par le Parti "Jobbik" à travers quelques déclarations ; notons par ailleurs qu'un édifice à la gloire du Sultan Suleyman le Magnifique est présent en Hongrie, ce que les "Loups Gris" ne manquent jamais de citer. Pour le reste, je ne suis pas en mesure de vous aider davantage.

    Certains experts de la Turquie évoquent un antagonisme ethno-culturel et politique entre "Turcs blancs" du littoral et "Turcs noirs" de l'Anatolie profonde. Qu'en est il réellement selon toi ?
    Leur vision est fondée. Il y a effectivement un fossé remarquable entre les turcs "blancs", c'est à dire ceux qui se complaisent largement dans un mode de vie tout à fait occidental (vie quotidienne, politique, laïcité exacerbée etc.) et les turcs "noirs", qui portent en vérité la Turquie sur leurs épaules. Les Turcs "blancs" sont en général ceux qui adhèrent pleinement au kémalisme, rejetant certaines les traditions de leur culture qu'ils considèrent comme "arriérées" (Pratiques islamiques essentiellement) et sont bien entendu complètement plongé dans la vision sioniste de la région, alors que les Turcs "noirs" sont en fait les héritiers séculiers de l'Islam turc, qui à travers Recep Erdogan, ont enfin pu s'exprimer dans la vie politique.

    L'idéologue et dirigeant révolutionnaire européen Jean Thiriart considérait la Turquie comme une" province d'Europe". Qu'en pensent les turcs eux-memes de manière générale ?
    C'est toujours l'éternel débat ! Les Turcs d'Anatolie sont-ils plutôt européens ou asiatiques ? S'agit-il d'une question de territoire, de comportements, de religion? J'ai personnellement lu quelques ouvrages massifs sur le sujet et bien que qu'ayant agrémenté ces lectures de voyages en Anatolie profonde, je ne suis toujours pas en mesure de répondre à cette question de manière catégorique. J'ai souvent entendu dire autour de moi que nombre de Croisades "furent lancées pour bouter hors d'Europe le Turc mahométan aux yeux bridés". Est-ce que ces personnes savent que la plupart des mères des Sultans Ottomans étaient européennes (Hongroises, Serbes..)? Que les jeunes Sultans Ottomans parlaient le français, le serbe ou le valaque, en plus du turc ottoman ? Ou qu'à l'heure actuelle les petits cafés en Anatolie de l'Est ressemblent souvent aux vieux bistrots français des années 50 ?
    Concernant la vision des Turcs sur le sujet, il m'est difficile de répondre de manière générale. Cela diffère du niveau d'étude de la personne interrogée (je dis cela sans dénigrement aucun bien entendu), de sa vision politique ou de sa pratique religieuse. Les Turcs qui se trouvent dans mon entourage ont plutôt tendance à se considérer comme "asiatique", et je pense que cela est un effet pervers de la politique "européenne" actuelle. Lorsque j'évoque des aspects de la culture européenne en lien la culture turque, ou des affinités historiques par exemple, je n'ai jamais eu affaire à un quelconque rejet, bien au contraire. En outre, il est important de noter que René Guénon est lu dans certains milieux, et que ses œuvres commencent à être traduites. J'ai entendu dire que Julius Evola aussi était parfois cité. Est-ce là une simple coïncidence ? L'avenir nous le dira. En tout cas, je pense qu'il est tout à fait possible de dire que les Turcs sont "les plus européens des asiatiques", et ça, c'est déjà pas mal.

    Quintu Corsi http://www.voxnr.com

    Source : Corsica patria nostra :: lien

  • Le passé de la SNCF resurgit au Congrès américain

    Guerre du rail : quand un sénateur démocrate US instrumentalise le rôle de la SNCF dans la Shoah…
    Le groupe ferroviaire français est à nouveau mis en cause pour avoir déporté des dizaines de milliers de Juifs vers les camps d’extermination pendant la Seconde Guerre mondiale.
    Aux USA manifestement le retard accumulé du marché des lignes intérieures à grandes vitesses prouve que  l’ouverture à la concurrence des lignes aériennes ne plaît pas à tout le monde. D’abord un Train à grande vitesse fonctionne à l’électricité tandis qu’un avion consomme beaucoup de kérosène (donc du pétrole)… L’essentiel du trafic voyageur sur des lignes inter-city longues distances est absorbé par les compagnies aériennes intérieures en situation d’oligopole. Les enjeux économiques et financiers sont donc considérables à commencer par les investissements à réaliser à l’image du budget de plus de 43 milliards de dollars de la seule ligne Los Angeles-San Francisco.
    Dans ce contexte à la fois de surendettement des Etats américains, de crise économique et de guerre commerciale pour le maintien d’une position hégémonique, tous les freins pour interdire l’accès aux nouveaux entrants (essentiellement Européens, Japonais mais bientôt Coréens et Chinois) sont « bons ». Et c’est bien une offensive informationnelle qui est lancée contre l’image de la SNCF pour déstabiliser l’excellente réputation du TGV d’Alsthom.
    Dans ce genre de manœuvre tous les lobbies sont mobilisés pour user des trafics d’influence afin de relancer ici un sénateur démocrate dont la campagne a vraisemblablement été « soutenue » activement par les commanditaires de ces lobbies.
    De là à voir un lien avec le sabotage de l’éclisse de Brétigny- sur-Orge qui n’a fait dérailler qu’un « vulgaire train Corail », voire avec les autres accidents du rail en Espagne et en Suisse, ce serait excessif, bien sûr. Quoique pour désinformer l’opinion publique américaine si naïve sur les « dangers du rail à l’européenne » la tentation a dû être grande… sauf si les commanditaires s’étaient servis de ces compagnies aériennes pour blanchir les fruits de trafics illégaux. Mafia, non, ce serait excessif ! Je ne vais pas vous refaire l’article sur l’infiltration des mafias dans l’économie légale (de moins en moins) et les sphères du pouvoir américain.
    Bertrand Plas : qui renvoie le lecteur au site du journal L’Opinion dont on trouvera ci-après l’article.
    5/08/2013

    Les faits
    Pour la deuxième fois en deux ans, le sénateur démocrate Charles «Chuck» Schumer demande au Congrès d’autoriser des poursuites contre la SNCF pour son rôle pendant la Seconde guerre mondiale. Plusieurs procédures aux Etats-Unis n’ont pas abouti. En France non plus.
    Le temps presse pour les survivants de la Shoah réunis dans la Coalition for Holocaust Rail Justice aux Etats-Unis. L’une des plus jeunes, Rosette Goldstein, a 74 ans. Pendant qu’il est encore temps, le sénateur Chuck Schumer et un groupe de parlementaires ont donc relancé au Congrès leur combat contre la SNCF de manière à lui « faire rendre des comptes devant un tribunal pour avoir envoyé plus de 75 000 juifs à la mort durant la seconde guerre mondiale », explique l’élu démocrate de l’Etat de New York.
    Cela fait plus de dix ans que des accusateurs tentent, depuis les Etats-Unis, d’obtenir réparation de la compagnie ferroviaire française. En septembre 2000 puis en mars 2006, les plaignants Abrams et Freund sont déboutés par un tribunal en vertu d’une législation de 1976, la Foreign Sovereign Immunities Act (FSIA), qui assure l’immunité aux sociétés contrôlées par un Etat étranger. A l’automne 2010, le gouverneur de Californie, à l’époque Arnold Schwarzenegger, met son véto à une loi («Holocaust Bill») émanant du démocrate Bob Blumenfield. Elle visait à obliger les candidats à la construction du futur train à grande vitesse Los Angeles-San Francisco -un projet alors évalué à 43 milliards de dollars- à s’expliquer sur leur rôle éventuel dans la déportation de juifs en 1939-45. Le texte ne nomme pas la SNCF qui, pas dupe, décide de mettre ses archives à la disposition des Américains. En novembre de la même année Guillaume Pépy, le PDG du groupe en déplacement aux Etats-Unis pour présenter son projet pour la ligne Tampa-Orlando, fait part du « souhait de la SNCF d’exprimer sa profonde peine et son regret pour les conséquences de ses actes » réalisés sous la contrainte « de la réquisition ». Insuffisant, estime Chuck Schumer qui dépose en mars 2011 un premier Holocaust Rail Justice Act I, afin de reconnaître la compétence des tribunaux américains. Le texte n’est pas adopté par le Congrès, d’où sa nouvelle tentative aujourd’hui, que la SNCF se refuse à commenter ou à lier à une éventuelle guerre commerciale.
    Si l’immunité américaine du groupe repose sur son statut d’entreprise publique, en France la justice raisonne différemment, pour le même résultat. Saisi par l’ancien député européen écologiste Alain Lipietz, dont le père a été déporté en mai 1944 à Drancy, le tribunal administratif de Toulouse a condamné la SNCF en 2006, mais la sentence a été infirmée en appel pour « incompétence de la juridiction administrative ». Un jugement confirmé ensuite par le Conseil d’Etat, « la SNCF, personne privée, ne pouvant pas être regardée comme (…) ayant agi dans l’exercice de prérogatives de puissance publique ».
    Muriel Motte, L’Opinion.fr 04/08/2013

    http://www.polemia.com

  • Le Hamas rétablit le contact avec l'Iran

    Le Hamas rétablit le contact avec l'Iran La chute du régime islamiste de Mohamed Morsi en Egypte force le mouvement palestinien radical Hamas à chercher de nouveaux parrains politiques et des sources de financement, écrit mardi 6 juillet le quotidien Kommersant.

    La direction du Hamas cherche à rétablir les relations avec l'Iran et le mouvement libanais Hezbollah, rompues l'an dernier après le refus du Hamas de soutenir le président syrien Bachar al-Assad.

    Le numéro deux du Hamas Moussa Abou Marzouk et le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah se sont entretenus sur la reprise de leurs relations détériorées après le refus du mouvement palestinien de soutenir Assad dansle conflit syrien. Selon la presse arabe, les consultations avaient commencé fin juin, lorsqu'il s'est avéré que le régime de Morsi, protecteur de la branche palestinienne des Frères musulmans, ne tiendrait plus longtemps au pouvoir.

    Les négociations avec le Hezbollah sont importantes pour le mouvement palestinien avant tout du point de vue du rétablissement de contacts avec l'Iran. Après la décision du Hamas de soutenir les sunnites en Syrie, l'ex-président iranien Mahmoud Ahmadinejad, grâce à qui en sept ans, le Hamas s'est transformé en un partenaire stratégique de l'Iran et un acteur régional important, avait suspendu le soutien financier à hauteur de 22 millions de dollars par mois, ainsi que les livraisons d'armes à Gaza. De son côté, après la fermeture des bureaux du Hamas à Damas, le Hezbollah a exigé qu'il cesse également de travailler à Beyrouth. De cette manière, pratiquement tous les liens du Hamas avec le "croissant de lune chiite" (Téhéran-Hezbollah-Damas) ont été rompus, et les dépôts d'armements du Hamas à Gaza se sont retrouvés vides après l'opération israélienne Pilier de défense en novembre dernier.

    Ces perturbations dans les fournitures d'armements sont devenues un grave problème pour le Hamas ces derniers temps. En accordant son soutien financier et politique, le Caire n'armait pas le Hamas, craignant une plus grande déstabilisation dans le Sinaï. Le nouveau parrain du Hamas, l'émir du Qatar Hamad Ben Khalifa al-Thani, est également prudent et se limite au financement des travaux de construction et des salaires du personnel.

    Avant le coup d'état en Egypte, le commandement militaire du Hamas avait déjà exigé du chef du Hamas, Khaled Mechaal, de rétablir les relations avec Téhéran et le Hezbollah.

    Et le renversement de Morsi tout comme le changement de pouvoir en Iran ont été des arguments déterminants en faveur de cette décision. Abou Marzouk craint également que l'Egypte occupe Gaza et rétablisse le contrôle perdu après la guerre des Six jours en 1967.

    En dépit des différends sur la Syrie qui persistent entre le Hamas et Téhéran, les conditions sont aujourd'hui favorables à la reprise des fournitures d'armes iraniennes à Gaza, estime Alexandre Demtchenko du Centre d'études arabes de l'Institut d'études orientales à l'Académie des sciences de Russie. "Etant donné la faiblesse du pouvoir central et les graves problèmes intérieurs, l'Egypte est incapable de contrôler l'itinéraire principal de ces livraisons – via le Sinaï.

    Par ailleurs, Téhéran n'a pas à craindre que les armes arrivent en Syrie, car il est très difficile de les transférer depuis Gaza", a déclaré l'expert.

    La reprise de la coopération entre le Hamas et Téhéran risque de donner de nouveau un mal de tête pour Israël, où la situation s'est calmée après l'opération Pilier de défense. Les attaques verbales anti-israéliennes du nouveau président iranien Hassan Rohani et son rapprochement avec le gouvernement de Gaza sont susceptibles d'engendrer une nouvelle vague d'attaques et d'attentats contre Israël.

    http://fr.rian.ru/presse_russe/20130806/198940264.html

  • La passoire infernale de Fukushima

    Par François Leclerc

     

    La saga de l’eau contaminée se poursuit en s’amplifiant à Fukushima. Longtemps niés, les rejets dans l’Océan Pacifique ne peuvent plus l’être et ont été finalement reconnus le 22 juillet dernier par l’opérateur de la centrale. Ils ne sont devenus un problème « urgent » pour Shinzo Abe, le premier ministre, qu’au lendemain des élections sénatoriales qui ont vu la victoire de sa formation, le parti Libéral-Démocrate.

     

     

    Les sous-sols et galeries souterraines inaccessibles des trois réacteurs en permanence aspergés pour être refroidis regorgent d’une eau hautement radioactive qui se déverse en continu dans la mer, probablement depuis longtemps. Cela arrangeait Tepco, l’opérateur de la centrale, qui préférait l’ignorer, déjà littéralement débordé par les quantités d’eau contaminée à stocker. Mais l’eau de refroidissement contaminée se mélange en effet à de l’eau provenant de la nappe phréatique, à son tour atteinte, accroissant son volume global estimé à 700 mètres cubes quotidiens. Au final, entre 20 et 40 mille milliards de becquerels ont selon Tepco fuit de mai 2011 (deux mois après la catastrophe) à juillet 2013, émanations d’un cocktail infernal de tritium, cesium et strontium.

     

    Aujourd’hui, sur injonction de l’autorité nucléaire japonaise (NRA), Tepco a commencé à pomper l’eau et prévoit de mettre en place dans les jours à venir une capacité quotidienne de pompage de 100 mètres cubes. Le ministre de l’industrie (METI) estime toutefois que 300 mètres cube atteindraient la mer chaque jour. Cherchez l’erreur. Endémique, le phénomène passoire ne fait pas que se confirmer, il s’accentue.

     

    Toutes les tentatives de créer un circuit fermé digne de ce nom de l’eau de refroidissement, en la décontaminant après son passage dans les réacteurs pour y être à nouveau injectée, ont jusqu’à maintenant failli, les installations de décontamination successives incapables d’accomplir les performances pour lesquelles elles ont été conçues.

    Une nouvelle station de décontamination présentée comme plus performante est toujours en attente de mise en service depuis septembre 2012, les retards s’accumulant. Le stockage de l’eau contaminée dans des réservoirs a pris des proportions démesurées, des fuites ont déjà été signalées dans trois des gigantesques cuves, qui ont du être vidées. L’avenir de ces installations provisoires (créées en 2011, les cuves sont prévues pour durer 5 ans) et par nature précaires n’est jamais évoqué. Mais une pollution majeure pourrait résulter d’un séisme aboutissant à la rupture de réservoirs alignés sur de vastes étendues. Les sous-sols représentaient donc ce point de vue une capacité de stockage inavouée mais bienvenue…

    Au 7 mai dernier, il y avait 290.000 m3 d’eau contaminée dans 940 cuves et environ 94.500 m3 dans les sous-sols. Tepco a pour objectif de mettre en place une capacité de stockage de 700.000 m3, pour laquelle l’emplacement reste à trouver, mais c’est sans fin… Ce volume donne aussi un avant-goût de la masse d’acier et de béton auquel il faudra trouver une destination pour l’entreposer, si d’aventure le démantèlement devait être effectivement entrepris comme il est toujours prévu.

     

    Afin de minorer l’importance de la contamination de la mer, il est fait état de l’existence de forts courants marins la diluant, mais en contre partie l’océan est contaminé sur des centaines de kilomètres. Les déversements de la centrale ne sont pas seuls en cause, la pluie lessivant les terrains contaminés, rejoignant la mer via les rivières. Comme sur terre, la contamination est en tache de léopard et des points chauds ont été découverts à l’embouchure des fleuves, ainsi que dans la baie de Tokyo. Les fonds à leur tour contaminés, la flore et la faune le sont également, pénétrant progressivement dans la chaîne alimentaire.

     

    Toutes les tentatives de l’opérateur de contenir aux abords immédiats de la centrale ce désastre ont échoué. Une barrière souterraine entre les réacteurs et la mer est en train d’être construite, mais elle sera inévitablement contournée par l’eau contaminée et il est impossible – faute de pouvoir y accéder – de stopper les fuites à la source, c’est à dire en obturant les cuves des réacteurs percés ou en scellant l’accès aux galeries souterraines. Aux dernières nouvelles, il est question de geler le sol avec une technologie utilisée par les tunneliers, tout autour des 4 réacteurs sur un périmètre de 1,4 km et selon une profondeur de 30 mètres.

     

    Présenté faussement comme étant en arrêt à froid, la centrale de Fukushima n’est toujours pas sous contrôle, comme revendiqué.

     

    Son démantèlement reste aujourd’hui une pétition de principe, destiné à effacer les traces d’une catastrophe qui va en réalité être très longtemps indélébile. Le ministère de l’industrie a annoncé le 1er août dernier la création d’une structure intitulée « Organisation internationale et de recherche et de développement pour le démantèlement », dont l’intitulé est en soi tout un programme. La venue de renforts étrangers est recherchée devant l’immensité de la tâche et ses inconnues, tandis que les entreprises internationales brûlent d’accéder à ce chantier afin d’acquérir des savoir-faire en vue de se positionner sur un marché mondial du démantèlement qui s’annonce très juteux. Les coûts réels de l’électronucléaire n’ont pas fini de grimper.

     

    Pauljorion.com   http://fortune.fdesouche.com