Dimanche 31 octobre, veille de la Toussaint : l'attentat contre l'église Sayidat al-Najat (Notre-Dame du Perpétuel Secours), cathédrale syriaque catholique du centre de Bagdad, a été un véritable massacre, la pire ignominie commise par des barbares sur nos frères catholiques irakiens. Le bilan est lourd : 58 morts dont deux prêtres et 78 blessés.
UNE ÉGLISE DERRIÈRE LES BARBELÉS
Les terroristes avaient choisi leur cible et le moment opportun. L'église de l'évêché syriaque était une des maisons de Dieu les plus appréciées de la communauté chrétienne. Elle est reconnaissable de loin par la grande croix et le cercle fixés dans une armature métallique moderne sur sa partie supérieure. Les islamistes firent irruption dans le lieu de culte à 17 heures. Les bureaux du quartier étaient fermés et la messe était commencée depuis un quart d'heure. Comme chaque dimanche, les jeunes prêtres Thaer (32 ans) et Wassim Sabiha (27 ans) y célèbrent la liturgie devant plus de cent fidèles. À l'extérieur, des coups de feu retentissent. Abouna (Père) Wassim Sabiha se tient à côté de l'autel. Les terroristes ont abattu les gardes de la bourse. En face, le portail de l'église est à peine visible derrière les fils de fer barbelés. Cela fait deux heures que les derniers employés ont quitté le bâtiment : l'église pouvait être attaquée. Plongé dans son recueillement, le Père Wassim ne se doute de rien. Une autre explosion, beaucoup plus puissante, sème la panique dans l'assistance des fidèles. Les terroristes ont fait sauter la lourde porte qui donnait sur la cour intérieure, ont tiré sur le personnel de sécurité et ont renversé la grotte de la Très-Sainte Vierge Marie devant laquelle, après les cours, des écoliers aiment dire une prière avant de repartir en courant.
Une cinquantaine de fidèles se réfugient dans la sacristie et bloquent la porte à l'aide d'une armoire. Sept terroristes pénètrent dans le lieu de culte. Le Père Wassim, d'une stature frêle, ne fuit pas. Non, il va au-devant de ses assassins qui le jettent à terre avant de l'exécuter froidement avec leur pistolet. International Herald Tribune rapporte : « Des rescapés témoignent qu'il fut poussé à terre quand il se saisit d'un crucifix et demanda que l'on épargne les fidèles. Il fut alors exécuté, son corps était criblé de balles ». L'autre moitié de l'assistance qui n'a pas trouvé abri dans la sacristie, cherche tant bien que mal à se protéger dans la cathédrale. Le père Thaer est également tué. Les deux prêtres étaient connus au sein de la communauté pour leur courage. Ils étaient des exemples. L'année précédente, la veille de Noël, le père Thaer avait déclaré : « En tant que Chrétiens, nous avons toujours espoir dans les serviteurs du Christ, et cet espoir nous le transmettons à nos enfants. Si nous n'avions plus d'espoir, comment auriez-vous alors des enfants ? » Car dans l'Irak "démocratique" avoir des enfants est devenu un acte de grande bravoure : ce type d'agression contre une communauté religieuse était inconnu au Moyen-Orient avant l'occupation américaine.
L'ÉTAT ISLAMIQUE D'IRAK
Dans un arabe classique de bonne tenue, par lequel il voulait sans doute dissimuler qu'il n'était pas Irakien, un terroriste aurait même téléphoné à la chaîne Baghdadiya TV pour l'informer de l'attentat. Par ailleurs, l'État islamique d'Irak (ISI) qui appartiendrait à la mouvance Al-Qaida. aurait donné un ultimatum de 48 heures - qui a expiré - à l'Église copte d'Égypte pour libérer deux épouses de prêtres, Camilia Chehata et Wafa Constantine, soi-disant converties à l'islam et qui seraient emprisonnées dans des monastères de ce pays. Pour Mgr Casmoussa, l'archevêque syro-catholique de Mossoul, il n'y a aucun doute, ce sont des "racontars", D'après le Centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE), l'ISI aurait affirmé que les Chrétiens étaient désormais des « cibles légitimes ». Le soir même, le groupe terroriste revendiquait la tuerie. Cependant, échaudés par les théories mensongères du 11-Septembre, nous ne pouvons que montrer la même méfiance à l'égard de ce récit grotesque mettant une fois de plus Al-Qaida en scène.
Des voisins alertent la police du quartier qui dépêche des unités anti-terroristes constituées de soldats de l'armée irakienne et des troupes américaines ; alors que dans le ciel, on aperçoit un drone américain ! Les soldats n'ont pas encore donné l'assaut ! Dans l'église, les islamistes ont entendu les cris d'une femme. Ils proviennent de la sacristie. Un des terroristes jettent trois grenades. Quand les unités anti-terroristes investissent l'église, les terroristes font éclater leurs vestes bourrées d'explosifs. Les corps des gardiens et ceux des fidèles jonchent le sol. Sept policiers ont aussi trouvé la mort et quinze autres ont été blessés. Sous le choc, les témoins ne peuvent reconstituer l'attaque, dire combien d'entre eux ont été tués dans les échanges de coups de feu. Le quotidien new-yorkais relève que « les murs de l'Église Notre-Dame du Perpétuel Secours sont tachés de sang et entre les bancs de l'église il y a des lambeaux de chair ».
LAXISME DE L'ARMÉE US ET VERSIONS CONTRADICTOIRES
Le journal fournit un récit détaillé de l'attentat attestant que l'armée américaine est intervenue avec beaucoup de retard. Comment peut-on expliquer un tel laxisme, alors que l'Irak connaît un regain de violence ? « Un fonctionnaire américain ne pouvant parler sous son identité, affirma que les forces de sécurité ont pris la décision d'investir l'église dès qu'ils surent que les assaillants avaient commencé à tuer des otages. [Pourquoi attendre si longtemps ?] Un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur et des rescapés relatent que 23 otages étaient déjà morts quand les forces de sécurité firent irruption dans l'église. Un autre fonctionnaire confirme ce témoignage ajoutant que plusieurs otages furent tués dès qu'un terroriste muni d'un pistolet entra dans l'église. On estime entre 6 et 15 les terroristes qui ont pris l'église. Jihad al-Jibri, un autre fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, explique : "nous avons reçu l'ordre de faire une incursion dans l'église et quand nous fûmes sur place, ils se firent sauter ; mais ils avaient déjà tué des fidèles avant le raid, ces couards". Plusieurs rescapés rapportent qu'il y avait plusieurs victimes tuées quand les terroristes firent irruption dans l'église et commencèrent à tirer au hasard sur les personnes, les icônes et sur les fenêtres ».
"IL FAUT TUER L'IRAK"
De plus, en 2004, après la troisième guerre du Golfe (de mars à mai 2003), Notre-Dame du Perpétuel Secours avait déjà fait l'objet d'un attentat. Les attaques contre les Chrétiens et leurs églises s'amplifièrent. Des enlèvements de fidèles et de religieux sont alors régulièrement orchestrés par des milices islamistes perpétrant des attaques contre des commerces de Chrétiens et des lieux de culte. La minorité chrétienne d'Irak comptant seulement 600 000 personnes contre 1,2 million en 1980 (pour une population totale de 23 millions d'habitants) est devenue la proie de ces hordes sanguinaires. Ces chiffres démontrent que depuis les années 1990, la moitié des Chrétiens a fui à cause de l'embargo contre le régime de Saddam Hussein. La quasi-totalité de la communauté juive a suivi cette vague. Mais aujourd'hui, il ne fait aucun doute que l'attentat du 31 octobre sonne la fin de la chrétienté en Irak. Pius Kascha, vicaire général de l'Église catholique syrienne, a déclaré d'un ton affligé : « À présent, il est clair que beaucoup partiront d'ici ». Un jeune Chrétien de 16 ans explique : « Nous avons perdu une partie de notre âme. Et pour notre avenir, personne ne sait ce que nous allons devenir ». Bassam Sami, un fidèle qui est resté pendant quatre heures recroquevillé dans la sacristie, est effondré : « Ils sont venus pour tuer l'Irak, pas les Irakiens ».
Comment ne pas alors songer à l'époque de Saddam Hussein, quand l'Irak représentait un remarquable creuset de croyances, de coutumes et de traditions qui s'enchevêtraient dans des limites mal définies ? Le massacre de Notre-Dame du Perpétuel Secours dessine une autre frontière dans un pays où le contour des identités a été durci par la guerre, les violences et les privations. Schlimon Warduni, évêque de l'Église chaldéenne, ne peut réaliser ce qui vient de se passer : « Pas une seule fois un animal ne ferait pareille chose ». Pour le père Youssif Thomas Mirkis, supérieur des dominicains à Bagdad, « l'opération avait été préparée de longue date, vu les armes et les munitions retrouvées dans la cathédrale ». Une position partagée par Maroun Charbel qui, dans le journal Présent du 3/11/10, écrit : « Selon les témoignages des rescapés cela ne fait aucun doute : des explosifs et des armes ont été entreposés dans l'église, ce qui expliquerait la nature de la déflagration quand l'armée irakienne, soutenue par l'armée américaine, a donné l'assaut pour tenter de libérer les otages ». Notre confrère émet l'hypothèse que cet attentat aurait été une réponse au Synode pour le Moyen-Orient qui s'est tenu le 24 octobre à Rome. Nous pouvons aussi avancer que les organisateurs de ce massacre ont utilisé cet événement religieux pour brouiller les pistes.
DU PÉTROLE ET DES SECTES ÉVANGÉLISTES DE COLONISATION
Selon Mgr Casmoussa, il faut chercher une explication de l'attentat dans l'instabilité politique. Car depuis les élections législatives du 7 mars, aucun gouvernement n'a été formé et des factions armées continuent de se déchirer pour le contrôle du territoire et du pétrole. Alors, dans ce dessein, faut-il que les quelques Chrétiens d'Irak disparaissent pour laisser définitivement le pays dans le chaos et faire de la Mésopotamie un nouveau carrefour de l'« or noir » et du terrorisme ? Faut-il balkaniser le Moyen-Orient, afin de le couper de ses racines ? À cet effet, il est étonnant de constater que les États-Unis ont apporté dans leurs bagages des sectes évangélistes ayant toutes la particularité d'être pro-sionistes et de se présenter en marge des Églises traditionnelles. Et dans une telle situation où les messages des politiciens internationaux sont truffés de mensonges et de dédain, il est bon de citer longuement un jeune écrivain de la trempe de Sébastien de Courtois, porte-parole courageux des Chrétiens d'Orient : « Le pacte est rompu. Après le récit de ces atrocités, je ne peux plus écouter les défenseurs de l'immobilisme de la même façon. Aucun homme politique, ni philosophe, ni intellectuel, ne prend publiquement la défense de cet Orient chrétien, pourtant gage de diversité et de sécurité. Il est vrai que les causes se bousculent au portillon de l'indignation. Mais ce silence envers des gens dont nous avons été si proches et qui nous font confiance frise l'indécence. Il y a les causes défendables et celles que l'on condamne par avance pour des raisons inavouables, mêlant parti pris, suspicion et ignorance. Les Chrétiens d'Orient n'ont pas le vent en poupe avec leur encens et leurs dialectes antiques, tenus pour réactionnaires dans nos pays, alors qu'ils sont à la pointe du progrès dans les leurs. J'aimerais voir les ardents partisans des grandes idées généreuses engager leur solidarité auprès des Orientaux baptisés, lire des manifestes, signer des pétitions d'universitaires qui appelleraient à se mobiliser pour la défense des persécutés, ceci au nom des mêmes valeurs de liberté, de diversité et de tolérance que l'on accorde sans sourciller à d'autres causes » (1).
L. B. Rivarol du 12 novembre 2010
International Herald Tribune du 2/11/10, « ln Church massacre, spirit of Iraq is victim » (Dans le massacre de l'église, la victime est l'esprit de l'Irak), page 7.
Frankfurter allgemeine Zeitung du 2/11/10, « Handgranaten in die valle Sakristei » (des grenades dans la sacristie), page 7.
(1) Sébastien de Courtois, Le nouveau défi des Chrétiens d'Orient. D'Istanbul à Bagdad, JC Lattès, 2009. page 135.
international - Page 1208
-
Bagdad : l'attentat de Notre-Dame du Perpétuel Secours (archive 2010)
Lien permanent Catégories : actualité, géopolitique, insécurité, international, religion 0 commentaire -
“ALIENA”: Le système euro-atlantiste oppose son veto à l’indépendance du Nagorno-Karabakh
Le nom de Stepanakert, actuelle capitale de la République du Nagorno-Karabakh (RNK), doit son nom au révolutionnaire bolchevique Stepan Chaumjan (1878-1918), originaire de Bakou et connu sous le sobriquet de “Lénine du Caucase”. En langue arménienne, cette république s’appelle “Lernayin Gharabagh” ou “Arts’akh”; “Nagorno Karabakh” est son nom en russe, où l’adjectif “nagorno” signifie “montagneux”. Cette région de 4400 km2 (elle est à peine plus grande que la province italienne de la Molise) se trouve dans le Caucase mériodional et s’est proclamée indépendante le 6 janvier 1992. Comme d’habitude, la communauté internationale adopte une politique de deux poids deux mesures quand il s’agit de reconnaître le statut juridique d’entités nouvelles s’étant constituées lors de la liquéfaction d’anciens Etats sur la masse continentale eurasienne. D’une part, le Kosovo a pu compter sur l’appui inconditionnel d’une grande majorité d’Etats occidentaux, malgré l’opposition de la Serbie. D’autre part, la RNK n’a pas connu de telles faveurs.
Pourtant, le référendum demandant la sécession de cette région, officiellement azerbaïdjanaise, référendum qui s’est tenu en décembre 1991, n’est en fait que la confirmation d’une déclaration antérieure, datant de l’époque soviétique et prévoyant également le rattachement à l’Arménie, ce que ne souhaitaient alors ni Moscou ni Bakou. Cette déclaration date de la fin des années 80 et avait été introduite par le Soviet de la région autonome, au temps de l’URSS. L’espoir actuel d’obtenir l’indépendance est conforté par l’idée d’une sorte de continuité juridique remontant à l’époque soviétique: il se placerait ainsi dans une “logique évolutive”.
Cette région, peuplée au moyen-âge par des sujets arméniens de l’Empire perse, est tombée sous la domination russe au début du 19ème siècle: en effet, le Karabakh, par le traité du 14 mai 1805 (1220 selon le calendrier musulman), est intégré dans l’empire russe en prenant la forme juridique d’un khanat autonome. L’unique médiateur entre la population du Nagorno Karabakh et le Tsar Alexandre Pavlovitch Romanov (1777-1825) était le gouverneur de la Géorgie. Avec l’effondrement de l’Empire des Tsars, suite à la révolution bolchevique de 1917, le territoire du Nagorno Karabakh a été âprement disputé entre les nouvelles républiques socialistes soviétiques de l’Azerbaïdjan (en laquelle le Nagorno Karabakh fut inclu) et de l’Arménie, située un peu plus à l’Ouest. En 1921 donc, la région est incluse dans la juridiction azérie constituée par le Comité exécutif central de la République socialiste soviétique de l’Azerbaïdjan qui lui accorde toutefois l’autonomie régionale.
Au fil du temps, les ressortissants de cette région autonome au sein de l’Azerbaïdjan soviétique ont demandé à plusieurs reprises d’être inclus dans la RSS d’Arménie (pour la première fois en 1945, puis en 1966 et en 1977). Le projet, à ses débuts, avait été contrecarré par Staline, agissant en sa qualité de Commissaire du Peuple pour les questions nationales. Avec la désagrégation de l’Union Soviétique, les tensions inter-ethniques ont explosé: le gouvernement turcophone de Bakou, proche de celui d’Ankara, a opté pour une stratégie d’azérisation forcée, alors que la population est arménienne à 76%; quant aux autres minorités, elles sont russes ou kurdes. Désordres et violences ont agité les rues, en réponse à ce déni de justice: en 1988, à proximité de la ville d’Askeran, deux citoyens azéris sont tués, ce qui entraîne un pogrom anti-arménien à Sumgait, un grand centre urbain au nord de Bakou. Ce furent trois journées de massacres, qui firent des dizaines de victimes.
D’autres épisodes similaires ont ponctué la vie d’autres localités arméniennes au nord de la région, comme Spitak et Ghugark, forçant les ethnies à quitter l’espace juridictionnel où elles étaient en minorité pour se réfugier soit en Azerbaïdjan soit en Arménie. On estime que 14.000 civils arméniens ont pris la fuite, ainsi que 80.000 Azéris.
Pendant l’année 1989, les révoltes populaires n’ont jamais connu de répit. Elle atteignirent une phase de plus haute intensité quand les autorités azéries suspendirent les autorités locales du Nagorno Karabakh pour les confier à un “Comité organisateur” à majorité azérie, responsable devant le Conseil des ministres de l’Union. Au même moment, la RSS d’Arménie revendiquait prioritairement d’exercer son autorité “in loco”. Il s’ensuivit un cortège de dévastations et d’actions de guerilla où s’affrontèrent les deux peuples voisins: les Arméniens furent les principales victimes de ces désordres, qui ne cessèrent pas, même après l’intervention de l’Armée Rouge. Il faut aussi se rappeler que le tout dernier acte posé par l’Union Soviétique, dans le cadre de la perestroïka de Gorbatchev, fut de suspendre la gestion azérie dans le Nagorno Karabakh.
En se basant sur une clause de la constitution soviétique, la RNK en tant qu’enclave autonome, dès la sortie de l’Azerbaïdjan hors de l’Union, se proclame “république”: le 8 janvier de l’année suivante, Artur Aslanovitch Mkrtcian (né en 1959) prend en charge la fonction de Président, et Oleg Esayevitch Jesayan, celle de premier ministre. Trois mois plus tard, suite à la mort en des circonstances mystérieuses, de Mkrtcian, son poste est repris ad interim par Georgy Mikhaïlovitch Petrossian (né en 1953; en fonction en 1992 et 1993). Le premier président élu du Nagorno-Karabakh, suite aux élections du 29 décembre 1994, fut Robert Sedrakovitch Kotcharyan (né en 1954), dont Garen Zarmajrovitch Babourian reprendra les fonctions ad interim (en 1993-1994).
Face à cette volonté d’indépendance ou d’union avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan qui, avec la Turquie, est désormais la tête de pont des Etats-Unis dans le Caucase et dans la stratégie eurasienne globale de Washington, a réagi en lançant une opération militaire de grande envergure. Des milliers de victimes et plus d’un million de réfugiés appartenant aux deux ethnies constituèrent les funestes résultats de cette opération de guerre. Un cessez-le-feu aléatoire fut signé en mai 1994 (1).
Aujourd’hui, la situation reste plutôt instable, surtout parce que les Etats-Unbis refusent avec fermeté que d’autres puissances reconnaissent le statut indépendant de la RNK parce que cela pourrait constituer une gène pour l’acheminement du pétrole en provenance de Bakou et parce que cela pourrait offenser le principal interlocuteur dans le Caucase méridional du système euro-atlantiste. Au cours de ces dernières années, l’Azerbaïdjan a vu croître son PIB de manière quasi miraculeuse, surtout grâce à ses précieuses ressources d’hydrocarbures. C’est au départ des gisements de Shah Deniz au sud de la Mer Caspienne, à environ 70 km de la capitale azérie aujourd’hui florissante, que partira le corridor pétrolier et gazier du sud qui devra fournir en gaz naturel l’Europe occidentale, éliminant simultanément tout trajet sur le sol de la Russie, désormais considérée comme le principal adversaire dans la guerre des hydrocarbures. En 2006, un oléoduc est entré en fonction, traversant la Géorgie, où Washington avait appuyé l’insurrection populaire de 2003, connue sous le nom de “révolution des roses”. Cet oléoduc acheminera le brut azéri de la région de Bakou au terminal turc sur la Méditerranée.
“La politique de ségrégation et de discrimination poursuivie par l’Azerbaïdjan a généré une atmosphère de haine et d’intolérance contre le peuple arménien, ce qui a conduit à un conflit armé, à d’innombrables victimes, à des déportations de masse de toute la population de paisibles villages arméniens” (2): voilà ce que l’on peut lire dans la déclaration d’indépendance du Nagorno Karabakh, proclamée le 2 septembre 1991. Même si l’entité que représente le Nagorno Karabakh rencontre les pré-requis nécessaires pour former un Etat (et ces pré-requis sont plus solides que pour le Kosovo), l’indépendance de la RNK n’est pas acceptée par la communauté internationale et condamne la région à une dramatique incertitude permanente: les 137.000 habitants de la RNK (selon les estimations de 2006) survivent vaille que vaille sous la menace constante des forces azéries. Mais ils n’abandonnent pas l’espoir de construire un jour un futur de paix pour leur pays. Celui-ci vit de l’agriculture, de l’élevage et du travail de la soie. Malgré tout, le gouvernement de Bakou a déclaré qu’il ferait à nouveau appel aux armes si la médiation de l’OSCE (instance dont la Fédération de Russie réclame une réforme) échoue.
(article paru dans “Rinascita”, Rome, 20 décembre 2011; http://www.rinascita.eu/ ).
Notes:
(1) Les autres présidents sont Léonard Georgevitch Petrossian (né en 1954; du 20 mars au 8 septembre 1997, ad interim); Arkady Archavirovitch Goukassian (né en 1957; du 8 septembre 1997 au 7 septembre 2007); Bako Sakharovitch Sakhakhan (né en 1960; depuis le 7 septembre 2007).
(2) “...prenant en considération que la politique d’apartheid et de discrimination poursuivie en Azerbaïdjan a suscité une atmosphère de haine et d’intolérance dans la République à l’égard du peuple arménien, ce qui a conduit à un conflit armé, à des victimes humaines, à des déportations en masse de populations vivant dans de paisibles villages arméniens” (cfr. l’adresse électronique http://www.nkr.am/en/declaration/10/ ).
R.Steuckers -
La campagne "One of Us" s'apprête à surprendre les européens
BRUXELLES, 16 août (C-FAM) Une des initiatives européennes les plus audacieuses en date est la dernière campagne pour la vie, conçue pour forcer le Parlement européen à lancer un débat sur la protection de la vie dès la conception.
La pétition “One of Us” a fait un bon de géant le jour où le pape François lui a accordé son soutien.
Chaque personne, quelque-soit son âge "mérite respect", proclame l'initiative "One of Us", qui a rassemblé plus de 850 000 signatures. Si elle mobilise un million de signataires avant le 1er novembre, le Parlement européen devra réfléchir à une interdiction du financement des recherches qui aboutissent à la destruction des embryons humains.
Conformément à une nouvelle procédure en vigueur avec le Traité de Lisbonne, la Commission européenne, branche exécutive de l'Union européenne, pourrait être obligée de répondre aux rédacteurs de la pétition One of Us. Elle pourrait être forcée à soumettre leur question au Parlement européen.
Les militants affirment que l'objectif de la campagne One of Us est la protection de la «dignité, du droit à la vie et de l'intégrité de chaque personne humaine», y compris l'embryon. Cet objectif est en phase avec la fameuse décision de la Cour européenne de justice Brüstle v. Greenpeace, selon laquelle aucune recherche aboutissant à la destruction d'embryons humains ne peut être brevetée.
Selon la Cour, l'embryon humain constituant le début du développement de la vie humaine, aucun brevet ayant pour objet l'embryon ne peut être compatible avec le principe de dignité humaine.
Tous ne sont pas impatients à l'idée d'un débat sur la vie et la dignité humaine au Parlement européen. Au début de l'été, une association autrichienne de jeunes a essayé d'organiser un évènement au Parlement européen pour présenter la campagne One of Us. Cependant, le député européen irlandais Jim Higgins a refusé leur demande. Il leur aurait déclaré que leur affiche était "trop polémique", sans spécifier ce qui était polémique. L'association n'a pas obtenu l'autorisation d'organiser l'évènement, alors qu'elle était prête à changer ce que le député trouvait problématique.
Même si l'avortement est autorisé dans la plupart des pays européens, la recherche aboutissant à la destruction des embryons humains n'est pas acceptée. Dans certaines régions, elle évoque encore les pires souvenirs d'expérimentations sur êtres humains.
One of Us serait la seconde initiative citoyenne réussie à ce jour. L'autre initiative citoyenne, qui a aboutit à la reconnaissance d'un droit de l'homme à l'eau, a rassemblé 1,3 million de signataires en Allemagne, et 400 000 dans le reste de l'Europe.
Afin de mobiliser l'attention de la Commission européenne, une pétition doit rassembler un million de signatures en un an après son lancement. Les signatures doivent provenir de sept des 28 Etats membres de l'Union européenne. Chaque Etat définit un quota minimum.
L'obtention du nombre de signatures requis pendant la période donnée n'est pas simple. Neuf autres initiatives citoyennes risquent d'arriver à expiration cette année, même celles qui ont obtenu de la Commission européenne le titre de première initiative. Fraternité2020, qui cherche à mobiliser plus de financement pour l'échange européen Erasmus, n'a pas obtenu 100 000 signatures.
One of Us a satisfait le quota dans 10 Etats. La campagne cherche désormais à atteindre le million de signatures. Il est surprenant qu'elle ait mobilisé un si faible nombre de signatures dans les pays connus pour leur politique protectrice de la vie, comme par exemple l'Irlande et Malte.
One of Us bénéficie du soutien de plusieurs organisations européennes pro vie. Avant de renoncer au siège pontifical en février, le Pape benoît XVI a fait signe à ses partisans lors d'une de ses dernières apparitions publiques, un Angélus dominical.
-
Dénaturation : les droits de l'homme réduits aux questions sexuelles
"Les pressions se font de plus en plus ressentir à l'ONU, alors que des dates importantes se rapprochent et que certains objectifs à long terme doivent être bientôt atteints. Pour certains, une des questions les plus importantes est l'avenir des droits et de la santé reproductifs et sexuels. C'est aussi pour ça que de plus en plus d'Etats membres expriment leur frustration face aux militants de l'avortement. A la fin d'une conférence récente, certains diplomates se sont plaints que les droits de l'homme soient de plus en plus réduits à la question des droits sexuels et reproductifs.
« Tout a été conçu en fonction des termes "droits et santé sexuels et reproductifs", objectait un des représentants gouvernementaux. Ce ne sont même pas les termes [de l'accord du Caire], et on les traite comme s'ils l'étaient.»
La conférence de trois jours, qui se déroulait en juillet aux Pays-Bas, a été organisée pour travailler à la mise-à-jour du langage officiel de l'ONU forgé lors de la conférence du Caire sur la Population et le Développement (ICPD) en 1994. Beaucoup d'intervenants représentaient des organisations qui cherchaient à convaincre les Etats membres d'insérer au langage officiel un droit international à l'avortement.
Quelques diplomates ont souligné que la conférence "ICPD Beyond 2014" (ICPD après 2014) devait s'attaquer à des questions générales, alors que la conférence s'était attaquée à des questions précises.
"Malheureusement, les questions clés tournent autour des droits de l'homme, de l'ICPD, de la santé sexuelle et des droits reproductifs", a déclaré l'un des participants. [...]"
-
Égypte : Obama n’a plus aucune influence sur le pouvoir égyptien
Les États-Unis semblent aujourd’hui totalement impuissants face à la descente aux enfers de l’Égypte. Un pays qui était pourtant le plus proche allié de Washington dans le monde arabe et qui reçoit depuis des décennies une aide financière et militaire conséquente.
Mais comme l’explique Josh Rogin du site The Daily Beast, «les initiatives de la Maison Blanche depuis le printemps arabe ont toutes affaibli les quelques moyens de pression qu’elle avait encore…». Par ses incohérences, je lâche Hosni Moubarak, un allié historique des États-Unis, et je soutiens la transition démocratique, mais je ne m’oppose pas vraiment au coup d’État de l’armée qui deux ans plus tard recrée la situation antérieure, l’administration Obama a réussi le tour de force de se mettre à dos les deux camps en présence. Elle est considérée par les Frères Musulmans comme le principal soutien étranger de la répression militaire et du côté de l’armée égyptienne comme un allié objectif des islamistes.
En 2011 pourtant, l’influence américaine sur l’armée égyptienne avait eu un impact considérable sur la tournure des événements comme en Tunisie d’ailleurs. L’armée égyptienne avait obtempéré aux pressions de Washington de ne pas ouvrir le feu sur les manifestations anti-Moubarak. Mieux «les militaires avaient protégé les manifestants et Obama avait été capable de soutenir réellement les révolutions arabes en contraignant l’homme fort de l’Égypte à quitter le pouvoir».
L’armée égyptienne est devenue sourde
En 2013, les militaires égyptiens ont superbement ignoré toutes les remarques et recommandations de l’administration américaine. Depuis la prise de pouvoir par l’armée égyptienne le 3 juillet, Washington a demandé successivement aux militaires de ne pas arrêter les dirigeants des Frères Musulmans, de ne pas instaurer la loi martiale, d’autoriser les manifestations pacifiques et de tenter de trouver un compromis avec les islamistes. En vain.
«Les États-Unis condamnent avec fermeté les mesures qui ont été prises par le gouvernement intérimaire égyptien et les forces de l’ordre», a déclaré jeudi 15 août Barack Obama. «Nous déplorons les violences exercées contre les civils. Nous soutenons les droits universels essentiels à la dignité de l’homme, y compris le droit de manifester pacifiquement» a-t-il ajouté.
Le Président américain a aussi annoncé que les États-Unis avaient informé l’Égypte de l’annulation des manœuvres militaires «Bright Star», qui ont lieu tous les deux ans depuis 1981 et sont considérées comme un élément central des relations militaires entre Washington et Le Caire. Mais il n’a rien dit sur l’aide militaire de 1,3 milliard de dollars donnée à l’armée égyptienne tous les ans.
En fait, la pression financière n’a plus beaucoup d’impact. Les États-Unis ont été supplantés par d’autres bailleurs de fonds régionaux. L’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Koweït ont déjà donné au gouvernement de transition égyptien 13 milliards de dollars, dix fois l’aide américaine.
Et la pression politique est elle-aussi devenue inefficace. A quelques moments clés au cours des deux dernières années, l’administration Obama est apparue trop faible. Ainsi, quand le gouvernement des Frères Musulmans a fait arrêter et condamner à des peines de prison des membres d’ONG essentiellement américaines sous le prétexte de financements illicites, Washington a protesté mollement.
L’administration américaine est tellement discréditée que la Russie rêve aujourd’hui de remplir le vide et même de devenir le nouveau partenaire du pouvoir égyptien après avoir retrouvé un poids politique et militaire au Moyen-Orient comparable à celui de l’URSS dans les années 1970.
En fait, comme l’écrit, Samuel Tadros, expert du Think Tank américain Hudson Institute, l’administration Obama s’est totalement fourvoyée dans son analyse politique de l’Égypte.
Quand la révolution arabe a gagné l’Égypte, Barack Obama a demandé, selon le New York Times, à ses équipes d’étudier les transitions politiques vers la démocratie dans plus de 50 pays. Après des travaux approfondis, ils en ont conclu que «l’Égypte était comparable à la Corée du sud, les Philippines et le Chili». Benjamin Rhodes, conseiller adjoint à la Sécurité national expliquait que «la trajectoire du changement allait dans la bonne direction».
Brillante analyse. Après avoir pris le pouvoir les Frères Musulmans se sont montrés tellement incompétents qu’un rejet massif dans la population a permis à l’armée de saisir l’occasion pour les renverser et reprendre le pouvoir. Et le carnage qui a suivi a mis aujourd’hui le pays au bord de la guerre civile et du chaos.
Slate.fr http://fortune.fdesouche.com/317365-obama-na-plus-aucune-influence-sur-le-pouvoir-egyptien
Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, géopolitique, insécurité, international 0 commentaire -
Le Liban dans l’œil du cyclone de la guerre sunnito-chiite
"[...] Un groupe se revendiquant de « Aïcha, Mère des Croyants », en référence à Aïcha l’épouse préférée de Mahomet, a revendiqué l’attentat [contre le Hezbollah à Beyrouth, NDMJ] ainsi que, je le souligne, ainsi que celui du 9 juillet dernier, en affirmant que c’était là un « message » à Hassan Nasrallah « qui ne veut toujours pas comprendre » et conseillant à tous les Libanais de s’éloigner des zones du Hezbollah et de ses installations, car ils risquent d’être les victimes innocentes du prochain « message ». Cela a au moins le mérite d’être clair.
Tout dans cette revendication nous mène à penser à la piste sunnite – la référence à Aïcha tout particulièrement, et à la piste de l’opposition syrienne majoritairement sunnite. Le Liban, et d’abord le Hezbollah, est dans l’œil du cyclone de la guerre sunnito-chiite. Le Hezbollah a choisi. Il se bat avec le régime des Assad et l’Iran contre des rebelles sunnites, entraînant derrière lui tout le Liban dans la fournaise syrienne.
Il y a quelques semaines, Nasrallah avait lancé, comme un défi, « à tous ceux qui veulent croiser le fer avec nous, qu’ils viennent le faire en Syrie et non au Liban ». Le groupuscule de ce soir a relevé le gant en déclarant : c’est nous qui choisissons le lieu et l’heure, et non pas Nasrallah. Piste évidente, mais non l’unique.
Beaucoup de voix – et non des moindres – se sont levées ce soir pour accuser Israël. Il y a le président de la République, Michel Sleiman et des ténors du 14-mars, le collectif des souverainistes. Piste facile, aussi, mais pas la seule. Si Israël est pointé, c’est que Hassan Nasrallah a revendiqué hier – soit le 14 août – l’explosion de mines qui ont blessé, à l’intérieur du territoire libanais, quatre soldats israéliens. On peut dire les choses différemment. Le 7 août dernier, quatre soldats israéliens violent la frontière et sautent sur une mine. Ils sont immédiatement ramenés en Israël par le reste de la patrouille. Nasrallah a donc affirmé qu’une opération particulièrement bien organisée a permis au parti de contrer l’incursion israélienne « et ce ne sera pas la dernière… Si nous décelons une nouvelle incursion, nous lui ferons face de la manière que nous jugerons appropriée. Nous ne permettrons pas aux Israéliens de pénétrer en territoire libanais ».
Vrai ? Faux ? Impossible à vérifier. Nul, du côté israélien, n’a pour l’instant réagit. Mais une telle revendication – une semaine après – permettait au parti de redorer à point nommé son blason de « Parti de la Résistance armée contre Israël ». Titre qui est à la base de la « justification » de sa force armée et de sa mainmise sur l’Etat et ses institutions. [...]"
Maroun Charbel Présent
-
LE G20 DECLARE LA GUERRE AUX MULTINATIONALES
L'évènement nouveau dans le paysage politico-médiatique est que le G 20 s'en prend aux multinationales au prétexte de l'optimisation fiscale. Si ce n'était tragique, ce serait fort drôle. C'est la guerre des drôles. Une grande parlotte internationale est convoquée à MOSCOU avec pour objectif de changer les règles du jeu de la ftscalité internationale : rien que cela.
L'OCDE a préparé le projet. Cet OCDE est un mammouth gigantesque dont personne n'a besoin sauf ses dirigeants et son personnel. Le voici chargé d'un vrai boulot qui lui permettra de poursuivre son engraissement dans la paix, les sous arrivant sans fin grâce à la force fiscale.
Le groupe des 20 créé en1989 rassemble 19 pays plus la CEE. De ce fait il réunit 90 pour cent de l'activité mondiale ce qui lui donne une force de frappe considérable. Les politiques qui le composent s'arrogent le droit de prendre des dispositions globales quand cela leur plaît. Il en découle cette déclaration de guerre.
VIVE L'OPTIMISATION FISCALE
Le prétexte de la guerre est bien que les super firmes se livreraient avec succès à de l'optimisation fiscale. Certaines d'entre elles parviendraient même, horreur, à ne payer aucun impôt. L'on comprend sans l'excuser du tout pourquoi les créateurs de l'enfer fiscal mondial se sentent un peu nerveux à cette perspective.
Mes lecteurs habituels savent exactement comment et pourquoi ces 20 artisans de l'enfer fiscal ont donné naissance par leur propre activité à 270 paradis fiscaux répertoriés. Cette activité se présente comme une véritable punition infligée aux peuples bien conditionnés par les médias. Les gérants de l'enfer le font en général par intérêt personnel refusant de réaliser par ailleurs les économies nécessaires et possibles e qui allègerait la pression fiscale.
Ici, dans cette guerre, nous sommes dans un cas très particulier : le paradis fiscal en formation résulte de l'optimisation fiscale.
Je n'hésite pas à dire que l'optimisation fiscale est non seulement un droit mais un devoir pour tout un chacun. Cela consiste tout simplement à tirer parti de la loi telle qu'elle est en vue de minimiser les impôts et charges. Rien de plus normal. Certains pays ont d'ailleurs, imaginé des procédures horribles pour la réduire ; la France a créé la procédure de l'abus de droit qui permet au fisc de déqualifier toute formulation qui ne lui plaît pas
UNE BATAILLE PERDUE
À jauger les forces en présence, la guerre engagée par le G 20 est perdue d'avance.
Les hyper firmes ont des moyens considérables : experts, avocats, flexibilité, possibilité de placer son siège ailleurs, liberté de situer les profits ou l'on veut. S'ajoute la rapidité de décision. Cette force est si grande qu'un analyste financier honnête pourrait critiquer une multinationale se payant le luxe de supporter trop d'impôts.
En face, les créateurs de l'enfer sont des politiciens avides et encombrés de leur lourdeur et de leur idéologie. Les décisions se prennent lentement avec le risque permanent de subir des recours. La corruption active ou passive ne dort que d'un œil.
LUTTER CONTRE LA PAUVRETE
Je fais de nouveau appel à mes lecteurs. Ils savent parfaitement comment les politiques créent la paupérisation dans le monde entier. Panne de croissance, chômage, faim et d'autres manifestations en sont le fruit.
Si les très grande firmes gèrent bien les impôts, elles vendront de plus en plus de bons produits réduisant ainsi la pauvreté.
Cela semble un paradoxe, mais cette perspective est une réalité.
Les multinationales au secours du G 20.
Pourquoi pas ?
MICHEL de PONCINS http://libeco.net/Libeco_804.htm -
Aujourd'hui, la décroissance
La croissance et son culte constituent désormais la seule religion occidentale quasi-unanimement partagée. A l'inverse du catholicisme, jamais elle ne s'est si bien portée ni n'a compté autant d'adeptes. De l'extrême-droite à l'extrême-gauche, personne ne remet en cause le dogme sacré sous peine d'être exclu du cercle des « gens sérieux ». Le débat se borne donc aux choix des méthodes pour atteindre ce graal productif puis aux modalités de redistribution et de partage de ses mirifiques bienfaits. Toute pensée véritablement révolutionnaire est donc exclue de facto puisque les oppositions et confrontations se font exclusivement dans le cadre d'une même pensée et d'un même horizon indépassable. Hors la croissance, point de salut !
Sans celle-ci, il n'y aurait pas de bonheur possible pour les nations. C'est l'accroissement productiviste et l'accumulation des biens qui mèneraient à la grandeur des Etats et à la prospérité des populations. Il n'y a pourtant qu'à voir dans quel état de décrépitude physique et morale se trouvent les européens après à peine trois siècles de ce régime de « croissance » pour s'interroger sur l'infaillibilité de ce présupposé qu'on nous rabâche comme s'il s'agissait d'une vérité révélée. Ou encore de regarder du côté de la Chine qui fait fantasmer et saliver d'envie les économistes de tous poils avec sa croissance à deux chiffres mais qui est en train d'empoisonner son sol et ses eaux, de détruire ses structures ancestrales, de perdre son identité et de vendre son âme au profit d'une pâle imitation occidentaliste !
Mais le dogme se défend bien, toute personne osant le remettre en cause – ou même simplement l'interroger- étant immédiatement mis au ban de la communauté, interdit de médias et fermement ghettoïsé.
La décroissance. Aucune pensée politique – à l'exception du fascisme – suscite des réactions aussi virulentes, aussi violentes, des dénonciations et des condamnations aussi radicales, simplistes et définitives, venants de tous les horizons du système... Peu de personnalités sont autant moquées, calomniées, caricaturées et hystériquement dénoncées que celles qui tentent de défendre et de promouvoir cette idée de « décroissance », c'est à dire de changement radical de paradigme sociétal. « Hippies, rétrogrades, obscurantistes, allumés, khmers verts, écolo-fascistes, utopistes, beatniks, doux dingues, réacs... » tous les anathèmes sont bons pour discréditer sans débat cette pensée véritablement iconoclaste qui sape le fondement même du règne de la quantité et du pognon.
On voudrait faire passer la décroissance pour une volonté de « retour à la bougie et à la traction animale », bref pour un passéisme. C'est au contraire une pensée innovante refusant le formatage du monde par le seul imaginaire capitaliste. La décroissance ce n'est pas refuser la technologie, c'est combattre le primat de la Technique, ce n'est pas refuser les innovations, c'est faire le tri entre elles, ne pas considérer qu'une nouveauté est bonne « par nature » et écarter celles dont les conséquences sont néfastes, ce n'est pas déifier ni sacraliser la nature, c'est avoir conscience de notre interdépendance avec l'environnement et défendre le patrimoine biologico-écologique des générations futures, ce n'est pas refuser le confort, c'est rejeter le superflu, ce n'est pas souhaiter la pauvreté mais la sobriété, ce n'est pas idéaliser « antan », c'est se nourrir de notre plus longue mémoire pour privilégier le temps long et la stabilité sur le zapping et le bougisme...
A titre d'exemple, l'agriculture biologique est une démarche de type décroissante, puisqu'elle réduit les rendements et la productivité. Il n'en reste pas moins qu'en permettant d'obtenir des fruits et légumes plus sains et goûteux et en assurant la prolongation de la fertilité des sols, elle représente un « progrès ». Pas pour l'industrie agro-alimentaire certes, mais pour l'homme oui. Dans un autre domaine, se passer de télévision – c'est à dire d'une lobotomie quotidienne – est-il un recul ou un progrès ? Poser la question, c'est y répondre.
On nous rétorquera que la « décroissance » est antinomique de la « puissance » d'un Etat ou d'un peuple. Pour cela il faut déjà raisonner en termes géopolitiques alors que l'on peut penser qu'on est aujourd'hui plutôt au stade de la simple survie. Mais même en admettant cette dialectique, encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est la puissance. La santé, mentale et physique, d'un peuple, sa démographie, ses arts et lettres, sa conscience nationale, son aptitude à produire du sens ne sont-ils pas des éléments fondamentaux de la puissance ? Or ces domaines ont été totalement sacrifiés, saccagés, par la société de la croissance, du primat de la pensée matérialiste et productiviste.
Par ailleurs, que nous importent que la France, l'Italie ou l'Europe soient « puissantes », s'il n'y a plus de français, d'italiens et d'européens ? Si ces « entités administratives » ne sont plus peuplées que de zombies consuméristes, des clones hyperconnectés et réduits à leurs seules fonctions de production et de consommation, accrocs aux shopping, bourrés de médicaments, des non-êtres interchangeables ne levant la tête de leur Iphone que pour se traîner devant un quelconque écran de télé ou d'ordinateur pour y ingurgiter du porno et des séries américaines ? Nous y sommes déjà presque...
Alors répétons-le, aucun changement économico-politique majeur ne pourra avoir lieu tant que l'on ne sera pas sorti de cette vénération de la croissance qui représente une aliénation totale du monde à l'imaginaire de la technique et de l'avoir.
Source: A moy que chault
Lien permanent Catégories : actualité, économie et finance, géopolitique, international 0 commentaire -
Les sous-marins de la mafia russe
D’après Versiya du 1/3/10, la mafia russe recense dans le monde 300 000 membres. Le quotidien moscovite expose qu’en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en France, au Mexique et même aux Etats-Unis, la simple application de la loi montre que des groupes criminels composés de ressortissants de l’ex-Union soviétique, dominent dans ces pays le milieu du crime. Il rapporte également que la mafia russe a remplacé les groupes locaux et établi ses propres réseaux d’influence. Les Russes demandent aux trafiquants mexicains 30 % du blanchiment d’argent pour les ventes effectuées aux Etats-Unis. Les trafiquants utilisent des sous-marins pour acheminer la drogue en Amérique du sud et au Mexique. La mafia achète à une entreprise ukrainienne des sous-marins déclassés de la période soviétique. Ces appareils sont ensuite retapés à Constantza, ville roumaine située sur les bords de la mer Noire. Des milliers de tonnes de drogue sont ainsi transportés sous les océans.
En Espagne, les groupes criminels russes contrôlent 90 % du commerce de la drogue et du trafic d’armes.
La Pologne a été le premier pays où ces groupes mafieux comprenant des Ukrainiens et des Biélorusses, se sont imposés en évinçant les organisations roumaines et albanaises pourtant réputées pour leur extrême violence. La police polonaise reconnaît son impuissance et explique par ce phénomène la présence sur son territoire de la plus grande diaspora russe évaluée à 20 000 personnes. Cette dernière décennie, la mafia russe qui s’est étendue sur tous les continents, y compris en Australie, à Singapour et à Londres, s’est aussi spécialisée dans la cybercriminalité consistant à la violation des sites à haute confidentialité.Des procureurs italiens rapportent qu’en 2008 les pontes de la mafia russa ont contracté des alliances avec des parrains de Cosa Nostra et ont pris le contrôle d’entreprises travaillant dans des domaines d’activités différents comme l’agriculture et le fret maritime. Cette implantation conduit à supposer que l’opération judiciaire « mains propres », conduite par le gouvernement italien en 1992, a préparé le terrain à une mafia russe, la plus puissante de la planète. Cela permet d’accréditer la théorie d’une collusion des milieux politiques européens avec la criminalité internationale et de repenser 15 ans après son lancement, les objectifs réels de la Perestroïka.
Aujourd’hui, il y a en Europe 160 000 mafieux russes, contre 70 000 recrues pour la mafia italienne et 37 000 pour les filières asiatiques. Selon The Moscow Times du 2/3/10, la mafia russe qui a déjà corrompu l’administration, chapote de puissants réseaux d’armement en lien avec la Lybie et l’Iraq.
Laurent Glauzy http://www.contre-info.com/les-sous-marins-de-la-mafia-russe#more-29179
Extrait de l’Atlas de géopolitique révisée, tome I -
Journal hebdomadaire de Voix de la Russie — 12 aout 2013