Sous la pression des diplomaties britannique et française, les pays européens ont adopté, avec une grande réticence, une résolution sur la levée de l'embargo sur la Syrie et la fourniture d'armes aux rebelles. Toutefois, aucune livraison ne devrait être effectuée dans les deux prochains mois afin de ne pas compromettre l'initiative de paix russo-américaine.
Sur le terrain, l'armée syrienne marque des points. Avec un soutien accru de l'Iran, mais aussi l'aide de plusieurs milliers de combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah, elle repousse les rebelles, qui expliquent leurs échecs par leur dénuement en armement. Un argument discutable.
Voilà maintenant plusieurs mois que les armes européennes arrivent via la Turquie et la Jordanie aux insurgés. Sans guère s'en cacher la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France approvisionnent l'Armée Syrienne Libre (ASL) et des groupes d'activistes sélectionnés parleurs services de renseignements. De même, les monarchies du Golfe fournissent en armes les insurgés les plus radicaux (Al Nusra Al Qaeda).
L'Europe est réticente à l'envoi d'armes sophistiquées
Mais ce dont les rebelles ont surtout besoin est de matériel lourd : batteries antiaériennes et missiles antichars. Cependant l'Europe est réticente à l'envoi d'armes sophistiquées. Les voir tomber en de mauvaises mains est la crainte des décideurs européens ayant un peu de jugeote comme Angela Merkel. Impossible d'oublier les précédents afghan et libyen : les missiles Stinger fournis par les États-Unis aux moudjahidines contre le régime prosoviétique à Kaboul ont été retournés contre les Américains sitôt les Russes chassés ; et en Afrique, on le sait, la chute de Kadhafi a entraîné la dispersion d'armes qui sont tombées entre les mains des groupes armés salafistes du Sahel.
À noter, ces armes existent en grande quantité dans les stocks de l'Arabie Saoudite et des autres pays du Golfe, qui sont les alliés et les soutiens financiers des insurgés. On peut se
demander pourquoi ces derniers réclament ces armes à l'Europe plutôt qu'à leurs riches parrains arabes ?
Toujours est-il que l'Union européenne (prix Nobel de la paix !) va armer les rebelles. À Bruxelles, les 27, très divisés sur le sujet, sont convenus de desserrer l'embargo et de fournir aux « bons rebelles » de l'autoproclamée Armée Syrienne Libre des armements perfectionnés dans deux mois ; en dépit du fait que l'ASL est clairement noyautée par des islamistes hostiles à l'Occident. Concrètement, aucune livraison n'interviendra avant le 1er août prochain.
Lors du sommet de Bruxelles un invité transporté incognito par l'armée de l'air britannique, le chef d'état-major de l'armée jordanienne, le Lieutenant-général Mashal Mohammad Al-Zaben, s'est, paraît-il, longuement entretenu avec des officiers occidentaux pour peaufiner les préparatifs de transfert d'armes lourdes françaises et britanniques via la Jordanie. L'armée jordanienne serait chargée de distribuer à des « djihadistes modérés » ce matériel. Le roi Abdallah II de Jordanie avait pourtant affirmé en décembre dernier que son pays ne participerait pas à une opération militaire contre la Syrie ; mais il est soumis à de fortes pressions franco-britanniques.
La Russie, informée, aurait menacé de fournir une aide militaire directe importante, dont des avions, à la Syrie si la France et la Grande-Bretagne passent à l'acte. Merkel est au courant d'où sa réticence à lever l'embargo de l’UE pour armer l'ASL et consorts.
Moscou et Washington se sont mis d'accord pour organiser une conférence internationale pour une sortie de crise diplomatique et non militaire. Russes et Américains misent sur l'organisation d'une nouvelle conférence de paix en juin prochain, à Genève, après l'échec de la première, en juin 2012. Cette fois, le sommet, baptisé Genève 2, devait réunir autour d'une même table dirigeants syriens et responsables de l'opposition.
Paralysée par les rivalités internes, l'opposition syrienne (la prétendue « Coalition nationale ») a fait savoir qu'elle ne se rendrait pas à cette réunion tant que l'Iran et le Hezbollah soutiendraient le régime de Damas. Selon elle « toute discussion sur une conférence internationale ou un règlement politique en Syrie relève du bavardage insignifiant » en raison des massacres perpétrés par l'armée syrienne...
Or, plus que jamais, le conflit est régional. De toute évidence, sa solution ne pourra être que régionale notent des observateurs comme Georges Malbrunot du Figaro. Pour avoir une chance de réussir, la prochaine conférence internationale de Genève doit donc réunir toutes les puissances de la région : le régime syrien et ses opposants, les voisins turc, jordanien, libanais, puis l'Arabie Saoudite, l’Égypte, le Qatar, mais également l'Iran. À raison, la Russie l'exige. Les Nations unies pensent que sans Téhéran, on ne pourra pas obtenir du Hezbollah qu'il retire ses milices de Syrie. Pragmatiques, les États-Unis pensent de même. Il n'y a que les monarchies du Golfe, la France et, à un degré moindre, la Grande-Bretagne pour s'opposer à une participation iranienne à cette conférence. L'Iran est partie du problème et ne peut pas être partie de la solution, soutient-on avec obstination à Paris. Laurent Fabius se crispe de manière inexplicable quand on lui parle du régime de Téhéran.
Dans ces conditions la conférence a peu de chances de réussite et le conflit va s'intensifier, et probablement hélas s'étendre au Liban. Ce petit pays, en proie à de sérieux troubles, est menacé d'implosion. On ne peut croire que ce soit ce que souhaite Laurent Fabius...
Henri Malfilatre monde & vie 11 juin 2013
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Syrie : levée de l'embargo sur les armes destinées aux rebelles islamistes
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Espagne : Le FMI réclame une nouvelle baisse des salaires
Le Fonds monétaire international demande à l’Espagne de réduire les salaires pour faire baisser le chômage qui atteint 27%. Il préconise de poursuivre la cure d’austérité mais à un rythme assoupli.
L’Espagne doit baisser les salaires et flexibiliser son marché du travail pour favoriser l’emploi. La principale conclusion du Fonds monétaire international (FMI), après sa mission à Madrid, Valence et Séville, est également la plus polémique, dans un pays ou le smic dépasse à peine les 750 euros mensuels. L’institution internationale appelle le gouvernement de Mariano Rajoy à préparer une deuxième réforme du marché du travail, après celle adoptée en février 2012, qui baissait déjà les coûts de l’embauche et du licenciement et avait suscité une grève générale.
«D’autres pays en crise ont opté pour un équilibre différent entre emploi et modération salariale. En Espagne, l’emploi s’est réduit, mais les salaires sont à peu près les mêmes qu’en 2007, a déclaré James Daniel, le chef de la mission du FMI en Espagne. Nous croyons qu’il peut y avoir plus d’ajustement sur les salaires et moins de destruction d’emplois.»
Retour de la croissance au deuxième trimestre
Dans ses conclusions écrites, le Fonds déplore le niveau «inacceptable» du chômage, qui dépasse 27% de la population active. «La croissance sera probablement positive au deuxième semestre 2013. Mais la question est de savoir si cette croissance sera suffisamment forte pour créer de l’emploi.»Le FMI relève toutefois les efforts de Madrid pour lancer des réformes structurelles et réduire les déficits. Il encourage l’Espagne à poursuivre la politique d’austérité, mais à en réduire la cadence. «L’ajustement budgétaire effectué l’an dernier était nécessaire. L’Espagne avait un grand déficit et un problème de crédibilité. La confiance dont jouit le gouvernement aurait pu être remise en cause. Il faut continuer à un rythme graduel», a estimé Daniel.
Une manière d’entériner le changement de cap de Madrid, qui avait déjà annoncé en avril dernier son intention d’allonger de deux ans sa cure de rigueur. Le gouvernement compte faire passer son déficit de 7% (10,6% si l’on inclut l’aide aux banques) fin 2012 à 6,3% fin 2013 – au lieu des 4,5% initialement promis à Bruxelles – pour retomber à 2,7% en 2016.
Le rapport est le fruit de deux visites en Espagne, la première en janvier et la seconde en juin. La délégation du FMI a rencontré des membres du gouvernement espagnol et de l’opposition, ainsi que des représentants des communautés autonomes et différents «acteurs économiques indépendants».
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Poutine à Cameron sur la Syrie : “Est-ce ces gens que vous voulez soutenir et armer ?”
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Le laboratoire israélien et les cobayes palestiniens
« The Lab » est un nouveau documentaire israélien avant-gardiste qui redéfinit toute notre compréhension de l’État juif, ses objectifs, son identité et son rôle de destruction globale. Je pense honnêtement que ce film est le commentaire le plus profond et le plus important sur Israël.
Dans « The Lab », le réalisateur Yotam Feldman dévoile l’industrie militaire israélienne et son fonctionnement, il interviewe des protagonistes majeurs du marché israélien de la sécurité. Il développe sur le rôle de l’industrie au sein de la société et de l’économie israéliennes – durant les dernières années les exportations militaires israéliennes ont atteint le niveau sans précédent de 7 milliards de dollars par an. 20% des exportations israéliennes sont militaires ou d’ordre militaire. Près de 150 000 familles en Israël dépendent de cette industrie. Israël est maintenant le quatrième plus gros exportateur de matériel militaire.
Dans la dernière décennie, chaque opération militaire israélienne a conduit à une augmentation brusque et immédiate des exportations militaires israéliennes dans le monde : armement, systèmes d’armes, renseignement, tactiques, doctrines, connaissance et expérience.
Feldman nous fournit un aperçu d’un univers très structuré. Nous visitons les salons de l’armement israéliens à travers le monde, mais nous découvrons aussi des salles de conférence remplies de généraux étrangers, de fonctionnaires d’État et de diplomates. Le message est clair, les 7 milliards de dollars ne sont qu’un élément du dossier. L’élite militaire israélienne est à présent profondément imbriquée dans les élites politiques et militaires de chaque pays au monde. Ce marché israélien émergent achète l’influence et le support de l’État juif.
« The Lab » fait apparaître de manière très claire que les populations civiles palestiennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont devenues des cobayes des tactiques, armements et philosophie de combat israéliennes ("La Torah combattante", Torat Lechima – comme les Israéliens l’appellent). La destruction des Palestiniens est maintenant devenue une industrie très rentable. Nous avons ici affaire à rien de moins que des meurtres hautement planifiés.
À travers une série d’entretiens captivants, Feldman transmet un portrait très fidèle des marchants de mort israéliens. Feldman les laisse parler, il intervient à peine. Ils sont clairs, sincères, même amusants à certains moments, parfois pleins d’esprit, et plusieurs d’entre eux pourraient même vous charmer si vous ne saviez pas de qui il s’agit. Mais ne vous y trompez pas, ils sont sinistres, certains d’entre eux sont manifestement psychotiques, ce sont des meurtriers de masse et ils sont libres. Ils vendent de la destruction et du chaos et le font brillamment.
Étant moi-même né en Israël et étant devenu un musicien et écrivain à succès, je pense être capable de reconnaître le dévouement, la persévérance et la créativité israéliennes quand je les vois, quel que soit le type d’activité dans laquelle ils sont employés (j’ai peut-être été chanceux d’être sauvé par le bebop). Le talent de ces anges de mort israéliens est motivé par l’accroissement de la misère humaine. Les conséquences en sont tragiques.
Nouvelle donne
C’est loin d’être un secret qu’un siècle de lutte palestienne n’a pratiquement conduit à rien. L’état du mouvement de solidarité palestinienne est encore plus embarrassant. « The lab » change la donne, car il permet d’expliquer des décennies d’impuissance.
Nous baignons dans une terminologie déficiente – colonisation, apartheid, conflit, solution, sionisme ne sont que quelques exemples. Gaza est à présent un vaste Laboratoire – les Israéliens en sont les scientifiques et les techniciens, et les Palestiniens en sont les cobayes. Le fait de regarder « The Lab » doit tous nous conduire à fondamentalement remettre en question nos concepts. Nous avons affaire à un crime de guerre prémédité. La notion de résolution (comme dans la solution à deux États), par exemple, ne s’applique pas ici. Il est incontestable que dans le monde réel le scientifique ne négocie pas avec le cobaye. Le scientifique ne considère pas non plus de partager son univers avec le cobaye dans un seul État démocratique. « The Lab » est un aperçu de la mentalité israélienne : vous n’y trouverez certainement pas beaucoup de compassion.
Durant des décennies nous avons été stupides d’évaluer le succès et l’échec des opérations militaires israéliennes à la lumière des objectifs militaires et politiques israéliens, tels que nous les avons imaginés. Nous avions clairement tort. Tel que nous l’apprenons dans le film de Feldman, l’objectif réel des opérations israéliennes peut aussi bien être d’évaluer de nouvelles doctrines ou de nouveaux systèmes opérationnels dans le but de les distribuer ensuite à l’échelle internationale. Ehud Barak, par exemple, n’était pas vraiment le plus talentueux des ministres israéliens de la défense, il a clairement échoué à défendre son peuple ou même à lui permettre de se sentir en sécurité. Cependant, il a été brillant à vendre des armements et doctrines israéliens.
Que Tel Aviv soit visée par une pluie de roquettes Qassam peut être vu par les Israéliens comme un fait bouleversant, mais d’un point de vue militaire et industriel, c’était une opportunité en or d’évaluer et de promouvoir le système anti-missiles israélien "Dôme de fer". Si j’ai raison, il apparaît clairement que tout comme les Palestiniens, de plus en plus d’Israéliens deviennent aussi des ‘cobayes’ dans ce laboratoire en constante expansion.
On peut se demander comment et quand le "rêve sioniste" s’est transformé en un commerce militaire. Seuls certains d’entre nous, écrivains et intellectuels, ont tenté de répondre à cette question. La transformation de l’État juif en une usine d’oppression est apparemment la conséquence directe de l’idéologie suprématiste d’Israël. Si nous voulons comprendre ce qu’il se passe dans l’État juif, nous devons dans un premier temps comprendre les concepts d’élection, de judéité et de politique identitaire juive.
J’imagine qu’à présent suffisamment de Palestiniens de Gaza réalisent qu’ils ont pris part à une expérience israélienne. Nous apprenons trop souvent de la part de médecins palestiniens qu’en soignant les victimes d’attaques israéliennes ils découvrent de nouveaux types de blessures. « The Lab » explique cela mais il ne s’agit pas que de la Palestine. Nous sommes aussi les témoins d’une similarité grandissante entre les modes d’actions des forces de police dans le monde et le sort réservé aux Palestiniens par l’IDF [(Israel Defense Forces).
Le documentaire de Yotam Feldman explique tout cela. Nous sommes tous palestiniens. Nous sommes occupés soit par Israël soit par les forces qu’il mandate autour du monde – celles qui sont entraînées en Israël et qui emploient les armements et tactiques israéliens.
Par Gilad Atzmon, une traduction E&R
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LEAP : second semestre 2013 – Seconde déflagration dévastatrice / explosion sociale à l’échelle planétaire
Communiqué public du LEAP (Laboratoire Européen d’Anticipation Politique), 15 juin 2013
Le choc de 2008 a certes été violent, mais la réaction du système, des pays et des banques centrales, par leurs plans de sauvetage d’une ampleur sans précédent, a réussi à en camoufler les pires conséquences : déclassement de l’Occident en général et des États-Unis en particulier, assainissement forcé de l’économie, lourde chute d’un niveau de vie artificiel, chômage de masse, amorce de mouvements sociaux… ont pu être en partie négligés au profit d’espoirs de reprise entretenus par les politiques irresponsables de déversement de liquidités sur les systèmes bancaires et boursiers.
Malheureusement, pendant que la planète se dopait, les problèmes globaux n’étaient pas abordés… cinq ans de perdus : la solidité de l’édifice est encore plus faible qu’avant la crise ; la « solution » US orchestrée par la Fed, que tout le monde a laissé faire pour prendre le temps de panser ses propres plaies, a consisté à éteindre avec de l’essence l’incendie qu’ils avaient eux-mêmes allumé. Rien d’étonnant alors que ce soit encore eux, pilier du monde-d’avant refusant de rentrer dans le rang, avec leurs fidèles flotteurs japonais et britannique, qui enflamment à nouveau la situation mondiale.
Et cette fois, il ne faudra pas compter sur les pays en faillite pour sauver la situation : ils sont à genoux suite au premier choc de 2008. C’est donc pratiquement une seconde crise mondiale qui s’annonce, provoquée une nouvelle fois par les États-Unis. Cette période de cinq ans n’aura finalement consisté qu’à reculer pour sauter de beaucoup plus haut, ce que nous avions nommé « la crise au carré ».
Plan de l’article complet :
1. Une situation désormais hors de contrôle
2. Une seconde crise US
3. Les impacts du second choc
4. Stratégies des différents acteurs
5. Faillites des institutions internationales
6. Recommandations urgentesNous présentons dans ce communiqué public les parties 1 et 2.
Une situation désormais hors de contrôle
Les illusions qui aveuglaient encore les derniers optimistes sont en train de se dissiper. Nous avons déjà dressé le sombre bilan de l’économie mondiale dans les [numéros] précédents. La situation a encore empiré depuis. L’économie chinoise confirme son ralentissement (1) ainsi que l’Australie (2), les monnaies des pays émergents dévissent (3), les taux des obligations remontent, les salaires britanniques continuent de baisser (4), des émeutes touchent la Turquie et même la tranquille Suède (5), la zone euro est toujours en récession (6), les nouvelles qui parviennent à filtrer depuis les États-Unis ne sont pas plus réjouissantes (7)…
La fébrilité est maintenant clairement palpable sur tous les marchés financiers où la question n’est plus de savoir quel va être le prochain record mais de réussir à se dégager assez tôt avant la débandade. Le Nikkei a baissé de plus de 20% en trois semaines et a connu sur cette période 3 séances de pertes supérieures à 5%. La contagion atteint donc désormais les indicateurs « standard » comme les bourses, les taux d’intérêt, le taux de change des monnaies… derniers bastions encore contrôlés par les banques centrales, et donc jusqu’à présent totalement faussés, comme notre équipe l’a expliqué à maintes reprises.
Évolution du cours de l’indice Nikkei 225, 02 novembre 2012 – 13 juin 2013. La hausse vertigineuse est due au plan de la BoJ, la chute vertigineuse aux incertitudes actuelles. Source : Les Échos. (cliquer sur le graphique pour l’agrandir)
Au Japon, cette situation est la conséquence du programme, délirant par son ampleur, d’assouplissement quantitatif entrepris par la banque centrale. La baisse du yen a provoqué une forte inflation sur les produits importés (notamment le pétrole). Les énormes mouvements de la bourse et de la monnaie japonaises déstabilisent toute la finance mondiale.
Mais la mise en place du programme de la Banque du Japon est si récente que ses conséquences sont encore bien moins marquées que celles du quantitative easing de la Fed. C’est principalement lui qui est responsable de toutes les bulles actuelles : immobilier aux États-Unis (8), records des bourses, bulle et déstabilisation des émergents (9), etc. C’est aussi grâce à lui, ou plutôt à cause de lui, que l’économie virtuelle est repartie de plus belle et que l’apurement nécessaire n’a pas eu lieu.
Les mêmes méthodes produisant les mêmes effets (10), une virtualisation accrue de l’économie nous amène à une seconde crise en 5 ans, dont les États-Unis sont donc à nouveau responsables. Les banques centrales ne pouvaient tenir indéfiniment l’économie mondiale, elles en perdent actuellement le contrôle.
Une seconde crise US
Si les mois d’avril-mai, à grand renfort de matraquage médiatique, ont semblé donner raison à la méthode US-UK-Japon d’assouplissement monétaire (un bel euphémisme) contre la méthode eurolandaise d’austérité raisonnée, depuis quelques semaines les chantres du tout-finance ont un peu plus de difficulté à clamer victoire. Le FMI, terrifié par les répercussions mondiales du ralentissement économique européen, ne sait plus quoi inventer pour obliger les Européens à continuer à dépenser et à refaire exploser les déficits : même à vide, la boutique-Monde doit continuer de donner l’impression de tourner et l’Europe ne joue pas le jeu.
Mais les effets toxiques des opérations des banques centrales au Japon, aux États-Unis et au Royaume-Uni démolissent désormais l’argumentation (ou plutôt la propagande) vantant le succès de l’ « autre méthode », supposée permettre la reprise japonaise, américaine et britannique (cette dernière n’a d’ailleurs même jamais pu être évoquée).
La seconde crise en développement actuellement aurait pu être évitée si le monde avait acté le fait que les États-Unis, structurellement incapables de se réformer eux-mêmes, ne pouvaient mettre en place d’autres méthodes que celles qui avaient conduit à la crise de 2008. Comme les banques « too big to fail » irresponsables, les pays « systémiques » irresponsables auraient dû être mis sous tutelle dès 2009, comme suggéré dès [notre numéro d'octobre 2008]. Malheureusement, les institutions de la gouvernance mondiale se sont révélées complètement inopérantes et impuissantes dans la gestion de la crise. Seules les logiques régionales ont pu se mettre en place ; les enceintes internationales ne produisant rien, chacun s’est mis à régler ses problèmes dans son coin.
L’autre réforme primordiale préconisée (11) dès 2009 par l’équipe du LEAP portait sur la remise à plat complète du système monétaire international. En 40 ans de déséquilibres commerciaux américains et de variations brutales de son cours, le dollar comme pilier du système monétaire international a été la courroie de transmission de tous les rhumes des États-Unis au reste du monde, et ce pilier déstabilisant est maintenant le cœur du problème mondial car les États-Unis ne souffrent plus d’un rhume mais de la peste bubonique. Faute d’avoir réformé le système monétaire international en 2009, une seconde crise arrive. Avec celle-ci s’ouvre une nouvelle fenêtre d’opportunité pour la réforme du système monétaire international au G20 de septembre (12) et on en vient presque à espérer que le choc intervienne d’ici-là pour forcer un accord à ce sujet, sinon le sommet risque d’arriver trop tôt pour emporter l’adhésion de tous.
Notes :
(1) Source : The New York Times, 08 juin 2013.
(2) Source : The Sydney Morning Herald, 05 juin 2013. Lire aussi Mish’s Global Economic, 10 juin 2013.
(3) Source : CNBC, 12 juin 2013.
(4) Source : The Guardian, 12 juin 2013.
(5) Lire Sweden’s riots, a blazing surprise, The Economist, 01 juin 2013.
(6) Source : BBC News, 06 juin 2013.
(7) Lire Economic dominos falling one by one, MarketWatch, 12 juin 2013.
(8) Une bulle dans les conditions économiques actuelles ; en temps normal ce serait considéré comme un frémissement. Lire par exemple Market Oracle, 10 juin 2013.
(9) Sur les conséquences des QE mondiaux en Inde : Reuters, 13 juin 2013.
(10) Le retour des produits financiers à l’origine de la crise de 2008 n’est pas anodin. Source : Le Monde, 11 juin 2013.
(11) Cf. [notre numéro] de novembre 2008.
(12) Source : Ria Novosti, 14 juin 2013.
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Grèce : Retour à la case départ
Une chronique du journal grec « I Kathimerini ». « Le Quotidien » est considéré comme l’un des journaux les plus sérieux du pays. Conservateur et de centre droit.
En décidant de fermer l’audiovisuel public contre l’avis de ses partenaires, le premier ministre Samaras risque de provoquer la rupture de sa coalition. Mais de nouvelles élections replongeraient le pays dans le chaos et le blocage politique d’il y a tout juste un an.
En Grèce, l’unité du gouvernement de coalition est mise à rude épreuve et le pays pourrait être contraint d’organiser de nouvelles élections générales. Or, il est clair que les élections de mai et de juin 2012 ont mis à mal le programme fiscal du pays : elles ont créé de nouvelles dettes alors que les caisses publiques étaient déjà vides, tout en exacerbant la récession et le chômage.
Ces deux scrutins ont eu également diverses conséquences sur le plan politique. Le parti de gauche SYRIZA en est sorti comme le principal parti d’opposition, le groupe [d'extrême droite] Aube Dorée est devenu le plus vigoureux du Parlement, PASOK [socialiste] s’est presque fait éliminer du paysage, et Nouvelle Démocratie [conservateur] connaît des tensions croissantes.
PASOK et son leader actuel, Evangelos Vénizelos, ne sont guère dans le cœur des électeurs. Le chef de la Gauche démocrate [Dimar], Fotis Kouvelis, peut parfois être très barbant. Dimar, qui est exclue depuis un certain temps du pouvoir exécutif – exception faite de quelques très courtes périodes –, a une vision plutôt théorique de la politique. Malheureusement, ce sont les seules forces politiques sur lesquelles le Premier ministre Antonis Samaras peut pour le moment compter. Et il ne doit ni les froisser ni les confronter à de profonds dilemmes – que le problème soit grave ou insignifiant, et que leur avis diverge ou non.
Le provincial de l’Europe
La crise souligne le côté primitif des dirigeants politiques grecs. Dans le nord de l’Europe, la classe politique travaille à renforcer la stabilité du système et à l’adapter aux besoins d’un environnement en constante évolution. Le leader politique grec, lui, ne pense qu’à s’affirmer et à survivre. Il est allergique aux autres. C’est l’homme provincial de la scène européenne.
Nouvelle Démocratie pourrait bien remporter les prochaines élections, mais ni le Pasok ni Dimar ne s’allieraient de nouveau avec M. Samaras, ce qui laisserait le pays dans une impasse. Et même si un gouvernement était formé, nous aurions un autre Premier ministre. Le camp conservateur risquerait d’être encore plus divisé. Au demeurant, même si, grâce à la loi électorale grecque, Nouvelle Démocratie parvenait à obtenir la majorité absolue au Parlement, le parti se trouverait dans l’impossibilité de gouverner : en l’absence d’un appareil d’Etat solide, et vu la situation de corruption généralisée, il aurait tous les autres partis contre lui.
Pour le meilleur ou pour le pire, le système bipartite du pays n’est plus. Voter pour Aube Dorée est un un acte politique qui exprime une volonté de détruire le système politique – le Crépuscule des dieux de Wagner, pas à l’opéra, mais dans la vie réelle.
Devons-nous pleurer la mort de nains politiques à un moment où le pays risque de partir en flammes ?Costas Iordanidis
I Kathimerini
13/06/2013
Traduction : Valentine Morizot
(Press Europ.eu)Article original – I Kathimerini.com
Voir aussi :
Christine Lagarde : le FMI a fait son mea culpa sur le plan de sauvetage de la Grèce… décidé par DSK
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La Russie protège ses enfants : un exemple à imiter
Russie : couples gays interdits d’adopter. En Russie, le bon sens et l’intérêt des enfants l’emportent contre les lobbies.
La Douma russe a voté aujourd’hui en deuxième lecture un projet de loi interdisant l’adoption d’enfants russes par des couples homosexuels ou des célibataires dans les pays ayant légalisé les unions entre personnes de même sexe, un texte visant notamment la France.
Ce projet de loi a été approuvé par 443 députés de la chambre basse du Parlement russe. Aucun n’a voté contre. Il doit être voté en troisième lecture à la Douma le 21 juin, selon l’agence Ria Novosti. Ensuite, il devra encore être approuvé par la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, et signé par le président russe Vladimir Poutine, qui a d’ores et déjà indiqué début juin qu’il signerait un tel texte s’il lui était proposé.
Selon le texte, l’adoption d’enfants russes est interdite aux "personnes de même sexe dont l’union est reconnue comme un mariage et qui a été enregistrée dans un État où une telle union est autorisée, ainsi qu’aux citoyens de tels États qui ne sont pas mariés". "L’adoption de ce projet de loi élimine de facto tout possibilité que des étrangers ayant, comme on dit, une orientation sexuelle non-traditionnelle, puissent adopter des enfants russes", a estimé Elena Mizoulina, députée du parti Russie Juste et un des auteurs des amendements.
D’après le texte, les couples mariés hétérosexuels pourraient, eux, encore adopter des enfants russes. Mais les célibataires en seraient privés. "Un enfant doit avoir une mère et un père", a déclaré le député Sergueï Jelezniak, vice-président de la Douma.
"Si un enfant se retrouve avec un couple homosexuel, cela pourrait bien sûr provoquer d’important dégâts et l’enfant pourrait avoir une vison déformée de la réalité", a-t-il ajouté.
Les mariages entre personnes de même sexe sont autorisés actuellement dans 14 pays, dont le Canada, la Belgique, l’Espagne, et récemment la France.
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La révolution turque
Natella Speranskaya : La révolution nationale a commencé en Turquie. Quelles sont les forces en présence ? Qui se bat contre qui ?
Claudio Mutti: Les slogans concernant les «droits humains» et la «démocratie», les agissements des Femen, la solidarité exprimée par Madonna et d'autres stars hollywoodiennes, la rhétorique antifa truffée de "Bella ciao" comme musique de fond, sont les symptômes d'une «révolution orange» ou un «printemps turc », plutôt que d'une révolution nationale. À l'heure actuelle, il est impossible de savoir si les troubles ont éclaté de manière spontanée, ou si ce sont vraiment des agents étrangers qui ont provoqué des troubles, comme prétendu par Erdogan. Mais nous devons considérer que l'ambassadeur américain Francis Ricciardone a répété deux fois en deux jours son message en faveur des manifestants et que John Kerry a fait une déclaration sur le droit de contester. Certes, parmi les manifestants il y a aussi des militants et des activistes d'intérêt national, anti-atlantistes et aussi des mouvements pro-Eurasie (comme, par exemple, le Parti des travailleurs, ISCI Partisi); mais je ne pense pas qu'ils sont en mesure de diriger une masse aussi hétérogène vers l'objectif d'une révolution nationale.
Natella Speranskaya : Comment se place la révolution turque en terme d'opposition géopolitique de l'eurasisme (Russie, Iran, Syrie) à l'occident et à l'atlantisme (OTAN, USA, UE) ?
Claudio Mutti : Il est vrai que beaucoup de gens ont été troublés par l'implication de la Turquie dans le conflit syrien. Néanmoins, lorsque les manifestants clament "Nous sommes les enfants d'Atatürk", ils expriment une préoccupation liée à des croyances laïcistes et séculaires, pas à une position de type eurasiste. Malheureusement, je ne vois pas une tendance anti-Atlantique d'importance dans la présente révolte.
Natella Speranskaya : Votre pronostic quant à l'évolution des événements en Turquie et leurs conséquences sur la situation en Syrie ?
Claudio Mutti : Il est probable que la révolte turque va pousser Erdogan à penser à l'adage «Qui sème le vent récolte la tempête» et l'amènera à se consacrer davantage aux affaires turques que syriennes, conscient sans doute que les Américains sont toujours prêts à évincer leurs collaborateurs, après en avoir fait usage. Ainsi, il y a deux mois, son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a signé un protocole d'accord avec le SCO. Si le gouvernement turc veut être cohérent avec cette décision, il doit abandonner ce genre de «néo-ottomanisme» qui dissimule un rôle impérialiste, utile aux intérêts nord-américains. Encore mieux, si la Turquie veut vraiment être un point de référence pour les peuples musulmans de la Méditerranée et du Moyen-Orient, il doit rompre ses liens avec l'OTAN et avec le régime sioniste. Il est en effet schizophrène de déstabiliser la Syrie et en même temps d'accuser le sionisme et Israël d'être, selon les mots de M. Erdogan, "un crime contre l'humanité» et «une menace pour la paix régionale".Entretien avec Claudio Mutti http://www.voxnr.comsouce :GRA News :: lienLien permanent Catégories : actualité, entretiens et videos, géopolitique, international 0 commentaire -
Loi Taubira : comment le Conseil constitutionnel a ignoré les engagements internationaux de la France
La Déclaration universelle de 1948, le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques ainsi que la Convention européenne des droits de l'homme de 1950 inscrivent clairement le mariage dans le cadre anthropologique naturel de la reproduction sexuée, laquelle suppose évidemment l'altérité homme/femme. Le Conseil constitutionnel n'a jamais manqué de déclarer inconstitutionnels les traités européens depuis vingt ans, invitant le constituant à la révision de la Constitution. N'aurait-il pas dû agir de façon analogue en constatant que la loi Taubira était incompatible avec les engagements internationaux de la France ? Cette fois, c'est une loi qui est incompatible avec des traités internationaux. Or, un traité est supérieur à la loi interne et inférieur à la Constitution. En vertu de l'article 55 de la Constitution, la France ne peut adopter une loi se trouvant en conflit avec une convention internationale régulièrement ratifiée par la France. Il y a donc bien violation de la Constitution. Pour l'Observatoire de l'Europe, Romain Rochas, docteur en droit et ancien membre de la Cour des comptes européenne, livre son analyse sans concession de la décision du Conseil constitutionnel ayant validé la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. Il détaille en particulier les conditions dans lesquelles ses membres (à majorité UMP) ont dû délibérer.La décision du Conseil constitutionnel sur la loi Taubira : une honte ! par Romain Rochas*
On savait déjà avec ses décisions sur les traités européens que le Conseil constitutionnel avait une âme de laquais, mais cette fois, avec la décision n° 2013-669 DC du 17 mai 2013 sur la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, il faut se retenir pour ne pas vomir.
Oh ! certes, on doit constater que les membres du Conseil sont d'habiles experts, ils ont le brevet et la patente, et leur "décision" est un pur produit de la basoche. Il est impressionnant de voir comme leur texte déroule longuement ses points de dentelle juridique sur une quinzaine de pages et 92 considérants. A considérer ces considérants, il y a de quoi être sidéré.
J'irai même plus loin dans l'admiration. En effet, dès l'instant que l'on accepte le principe du mariage homosexuel, il ne fait guère de doute qu'un certain nombre de conséquences doivent s'ensuivre inévitablement, et que maints "griefs" articulés par les requérants ne peuvent que s'effondrer. Si vous avalez la tête du têtard, inévitablement vous avalerez aussi sa queue… Si vous acceptez le mariage homo, il faudra bien en tirer les conséquences sur les règles applicables à l'adoption; il faudra bien préciser minutieusement les règles sur le nom de famille à attribuer à l'adopté, et le Conseil les analyse avec un luxe de détails en pas moins de six considérants; il sera tentant de justifier acrobatiquement l'effet rétroactif de la loi Taubira sur la validité des mariages conclus avant son entrée en vigueur, mais dans un pays ayant déjà reconnu auparavant le mariage homosexuel; il n'y aura guère de scrupule à démontrer laborieusement que la loi doit avoir son plein effet dans les territoires d'outremer lors même que les assemblées délibérantes de ces territoires n'ont pas été consultées; il y aura toute facilité à recourir aux ordonnances pour procéder au "nettoyage" de la législation antérieure marquée par un désormais injustifiable présupposé hétérosexuel, ce qui est pourtant un moyen plutôt expéditif pour faire passer des textes: l'essentiel ayant été entériné, vite! hâtons-nous pour bricoler tout le reste. De façon répétée, et à propos de plusieurs dispositions de la loi, il trouve, contrairement aux requérants, que ladite loi n'est pas inintelligible. Et le Conseil ne trouve pas que les astuces de procédure aient abusivement escamoté le débat et la réflexion paisible des assemblées législatives.
Mais venons-en au cœur de la question: oui ou non, le mariage peut-il être étendu, en droit français, à des paires d'individus de même sexe? Les objections juridiques contre une telle possibilité pouvaient, semble-t-il, venir de trois sources:- s'il y avait des dispositions formelles de la Constitution elle-même qui s'y opposaient;- si des conventions internationales que la France aurait ratifiées s'y opposaient;- si certains principes généraux du droit s'y opposaient.De façon concentrique, le Conseil constitutionnel va s'efforcer de pulvériser successivement ces trois sources qui pourraient lui imposer de se prononcer contre la conformité de la loi à la Constitution.
En ce qui concerne les dispositions de la Constitution elle-même, il faut bien avouer que celle-ci est muette sur la question, et il est facile de comprendre pourquoi: elle ne dit pas non plus si les Français sont des mammifères ou des crustacés, ou encore si des femmes ayant quatre seins ou des hommes ayant trois testicules peuvent être citoyens français (en dépit du fait que de telles anomalies se soient parfois présentées): il y a des évidences qu'il est inutile de rappeler!
S'agissant des conventions internationales ratifiées par la France, oui, Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil constitutionnel, elles sont plusieurs à être incompatibles avec une législation instaurant le mariage homosexuel. A commencer par la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948. Cette Déclaration méritait qu'on s'y arrêtât particulièrement: c'est la convention de base de la communauté mondiale en matière de droits de l'homme, elle a été ratifiée par la plupart des Etats du monde, évidemment par la France aussi, et la dénoncer serait pour la France une honte internationale. Ajoutons qu'elle a été rédigée pour l'essentiel par un juriste français, René Cassin, et qu'elle a été signée solennellement à Paris.
Or voici ce que disent les paragraphes 1 et 3 de l'article 16 de cette Déclaration:
1.- A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité et la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
3.- La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat.
Voilà. C'est tout. On ne trouve dans la Déclaration aucune autre définition du mariage. Et le terme de "famille" est réservé à cette communauté spécifique qui est "fondée" par un homme et une femme dans le mariage. Enfin, cette famille est dite "naturelle". Tout est dit et tout est parfait dans cette définition.
Mais la Déclaration universelle des droits de l'homme n'est pas la seule convention internationale ratifiée par la France et excluant tout mariage homosexuel. Encore dans le cadre de l'ONU, il y a le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, entré en vigueur le 23 mars 1976, qui donne en son article 23 des définitions très semblables à celles de la Déclaration universelle de 1948:"1. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat.
2. Le droit de se marier et de fonder une famille est reconnu à l'homme et à la femme à partir de l'âge nubile.
C'est exactement la même philosophie, la même conception anthropologique que celles de la Déclaration universelle de 1948. Mais il y a aussi la Convention européenne des droits de l'homme, signée le 4 novembre 1950, entrée en vigueur le 3 septembre 1953 (convention qui a été produite dans le cadre du Conseil de l'Europe, je ne parle pas de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, dont les ambiguïtés juridiques sont détestables). La Convention européenne des droits de l'homme, qui se réfère explicitement à la Déclaration universelle de 1948, comporte en son article 12 une définition du mariage et de la famille presque identique à celle de cette Déclaration:"Droit au mariage
A partir de l’âge nubile, l’homme et la femme ont le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales régissant l'exercice de ce droit".
Dans cette convention aussi, la famille résulte donc bien exclusivement de l'union d'un homme et d'une femme.
Toutes ces conventions, signées et ratifiées solennellement par la France, comment la France va-t-elle s'en débrouiller avec sa lamentable "loi Taubira"? Le Conseil constitutionnel ne pouvait-il pas souligner l'incompatibilité de celle-ci avec celles-là? Pourtant la Constitution dispose en son article 55 que "les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois." Eh bien non. Et voici comment le Conseil constitutionnel se tire de ce mauvais pas. Il développe deux arguments, d'ailleurs contradictoires. Il commence par prétendre que l'article 1er de la loi Taubira – cet article qui prévoit que "le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe", - n'a "ni pour objet ni pour effet de déroger au principe selon lequel tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne foi" (considérant n° 24). Mais il ne démontre pas cette assertion, et comment pourrait-il le faire, puisque, on l'a vu, la loi Taubira se situe en conflit explicite avec plusieurs conventions internationales ratifiées par la France ?
Mais ensuite, et pour couper court à toute discussion, le Conseil ajoute ce deuxième argument, "qu'il n'appartient pas au Conseil constitutionnel… d'examiner la compatibilité d'une loi avec les engagements internationaux de la France" (même considérant). Pourtant, en ce qui concerne les traités européens, le Conseil constitutionnel a bien su déclarer qu'ils étaient contraires à la Constitution, tout en rappelant lâchement au législateur imprudent qu'il pouvait sauver la mise en modifiant la Constitution, conformément à l'article 89 qui régit la procédure de révision de la Constitution. N'aurait-il pas pu de façon analogue souligner que la loi Taubira était incompatible avec les engagements internationaux de la France, quitte à souligner aussi lâchement que, pour s'en sortir, on pouvait dénoncer les conventions que nous avions ratifiées et qui s'opposaient aux conceptions de la loi Taubira ? J'entends d'avance l'objection possible du Conseil contre cette analogie : dans le cas des traités européens, c'est avec la Constitution que ceux-ci étaient incompatibles. Cette fois, c'est une loi qui est incompatible avec des traités. Or un traité, même supérieur à la loi intérieure, reste inférieur à la Constitution. Certes, mais il n'en reste pas moins que c'est en vertu de la Constitution – de son article 55 – que la France ne peut valider une loi se trouvant en conflit avec une convention internationale ratifiée par la France. Il y a donc bien violation de la Constitution.
Ainsi, en cette affaire, le Conseil, dans le même considérant, primo, affirme quelque chose de faux en affirmant que la loi Taubira ne contrevient pas à nos engagements internationaux, secundo se contredit en se déclarant incompétent pour apprécier la conformité de la loi aux accords internationaux juste après avoir affirmé cette conformité, et tertio adopte une position de dérobade pour éviter d'avoir à identifier les multiples violations commises par la loi Taubira à l'égard des conventions internationales les plus sacrées.
Pas de dispositions constitutionnelles s'opposant directement à la loi Taubira; incompétence sur la question de la violation de nos engagements internationaux: reste l'hypothèse de l'existence de principes généraux du droit qui s'opposeraient à la loi Taubira, ce que le Conseil appelle, d'une façon beaucoup plus restrictive d'ailleurs, un principe fondamental reconnu par les lois de la République. Ce concept est beaucoup plus restrictif en ce sens qu'il se réfère exclusivement au droit positif, fût-ce le Préambule de la Constitution de 1946, intégré à la Constitution française actuellement en vigueur, ou plus généralement "les lois de la République". Au contraire les principes généraux du droit sont une reconnaissance qu'au dessus du droit positif, il y a des règles de droit naturel, qui s'imposent avant toute législation positive en vertu de la volonté de Dieu ou tout au moins en vertu de la prise en considération de la nature et de la dignité humaines. Mais apparemment cette idée-là n'est pas acceptée par le Conseil constitutionnel, qui tient à se raccrocher, pour la formulation de principes fondamentaux, à des textes positifs, aux "lois de la République". Et de tels principes "reconnus par les lois de la République", le Conseil n'en trouve aucun qui s'opposerait au mariage homosexuel. Ce n'est d'ailleurs guère étonnant, car c'est du fait de l'évidence même que le mariage est hétérosexuel que les lois positives ont omis de le préciser.
Enfin, en une phrase brève, le Conseil écarte le caractère naturel du mariage hétérosexuel: "doit en tout état de cause être écarté le grief tiré de ce que le mariage serait « naturellement » l’union d'un homme et d'une femme" (considérant n° 21).
Il est frappant de constater que, plus on se rapproche du cœur du débat, plus le Conseil est laconique. Que de considérants, que de circonlocutions, que d'analyses fouillées pour nous convaincre de points finalement de détail où se manifeste la virtuosité juridique des membres du Conseil. Mais sur l'essentiel, on peut ramasser la position du Conseil sur les quelques phrases déjà évoquées suivantes :
1°) "Il n'appartient pas au Conseil d'examiner la compatibilité d'une loi avec les engagements internationaux de la France."
2°) "La tradition républicaine ne saurait être utilement invoquée pour soutenir qu'un texte législatif qui la contredit serait contraire à la Constitution qu'autant que cette tradition aurait donné naissance à un principe fondamental reconnu par les lois de la République."
3°) "Doit être écarté le grief tiré de ce que le mariage serait « naturellement » l’union d’un homme et d’une femme. »
Tout est dit. Et ces trois phrases sont incluses dans seulement deux alinéas. Tout le reste n'est que considérations latérales et fioritures. Il faut d'ailleurs remarquer qu'alors que les autres arguments sont assortis d'un lourd appareil d'analyses juridiques (nous l'avons dit, 92 considérants!), ces trois thèses centrales sont assénées sans aucun argumentaire ni aucune démonstration. Ce sont des pétitions de principes, tout simplement parce que ce sont des thèses idéologiques. Le Conseil constitutionnel assène sans démontrer parce qu'il s'est rallié pour sa part à l'idéologie sous-jacente à la loi Taubira. Rien que par le fait d'entourer le terme naturellement de guillemets manifeste que le Conseil saisit le concept de nature avec des pincettes, ayant peur de se salir les doigts en le prenant à bras le corps… S'ils ont voté ainsi en faveur de la loi Taubira, ce n'est pas forcément qu'ils lui étaient tous favorables in petto. C'est que les uns l'approuvaient, et que les autres étaient trop veules pour oser se distancier de la pensée unique. Le plus dangereux dans le totalitarisme, ce ne sont pas les tyrans, ce sont les lâches.
Si l'on se rend compte que les positions des uns et des autres au sein du Conseil constitutionnel ont pu être différentes, il est intéressant d'entrer dans l'analyse de la composition de celui-ci, et de faire quelques hypothèses plausibles sur les votes des uns et des autres.
L'article 56 de la Constitution indique que le Conseil constitutionnel comprend 9 membres, plus les anciens présidents de la République qui sont membres de droit. Avec nos trois anciens présidents de la République actuellement vivants, le Conseil constitutionnel se compose donc aujourd'hui de 12 membres.
Ces 12 membres sont:
- M. Jean-Louis DEBRÉ, Président du Conseil constitutionnel;
- M. Valéry GISCARD D'ESTAING;
- M. Jacques CHIRAC;
- M. Nicolas SARKOZY;
- M. Jacques BARROT;
- Mme Claire BAZI MALAURIE;
- Mme Nicole BELLOUBET;
- M. Guy CANIVET;
- M. Michel CHARASSE;
- M. Renaud DENOIX DE SAINT MARC;
- M. Hubert HAENEL;
- Mme Nicole MAESTRACCI.
Sur ces 12 membres, il y a 7 UMP, 2 centristes (dont un rallié à l'UMP), et 3 socialistes. Lors de la délibération sur la constitutionnalité de la loi Taubira, 2 membres étaient absents, à savoir M. CHIRAC et M SARKOZY. On peut comprendre l'absence de M. Chirac, vu son état de santé, mais M. Sarkozy ? Devant une question aussi grave, avait-il une excuse valable pour être absent ?
Du fait des absents, tous deux UMP, les votants se répartissaient donc entre 5 UMP, 2 centristes et 3 socialistes.
L'article 56 de la Constitution dispose que le Président du Conseil a voix prépondérante en cas de partage des voix.
De toutes ces données, on peut tirer les conclusions suivantes.
Ou bien la décision du Conseil sur la loi Taubira a été prise avec partage des voix : 5 voix favorables, 5 voix défavorables.
Ou bien elle a été prise avec une majorité favorable à la décision prise, soit au moins 6 voix favorables et au plus 4 voix défavorables.
Examinons les deux hypothèses l'une après l'autre.a) S'il y a eu partage des voix, il a fallu que le Président du Conseil vote en faveur de la décision pour emporter la décision. Dans cette hypothèse, on saurait donc que M. Jean-Louis DEBRÉ a émis un vote favorable. Et il faudrait 4 autres voix favorables, alors qu'il n'y a que 3 socialistes, qui ont très probablement voté tous favorablement. Il faut donc qu'il y ait, en plus de M. Debré, un autre UMP ou centriste qui ait voté favorablement. Ou davantage si par miracle, les socialistes n'avaient pas été unanimes à voter favorablement.b) Si la décision a été prise avec une majorité favorable. il a fallu qu'il y ait au moins 6 voix favorables, soit, puisque les socialistes n'étaient que 3, il a fallu au moins 3 UMP et/ou centristes pour emporter la décision. Mais il y en a eu peut-être davantage, soit que les socialistes, par miracle, n'aient pas été unanimes à voter favorablement, soit, hypothèse nettement moins invraisemblable, que la majorité favorable ait dépassé le chiffre de 6.
En résumé, et sans s'attarder sur les votes socialistes, on doit déplorer le fait qu'il y ait eu, parmi les votes favorables, au moins:- ou bien M. Debré et 1 centriste ou UMP;- ou bien 3 centristes et/ou UMP;- ou bien davantage encore de centristes et/ou UMP.A chacun d'en déduire le degré de confiance qu'il peut accorder aux formations politiques prétendument hostiles aux projets socialistes!
Reste à apprécier dans quelle mesure la décision du Conseil constitutionnel rend celui-ci illégitime. Je n'irais pas jusque là. Les premiers chrétiens persécutés n'en reconnaissaient pas moins le devoir d'obéir à César en toutes ses décisions qui n'étaient pas manifestement injustes. Les dissidents soviétiques contestaient l'oppression du régime, mais n'ont jamais recommandé à ma connaissance de passer à la révolution violente pour le renverser. C'est la décision du Conseil constitutionnel qui est illégitime comme complice du mal et de l'injustice.
Il n'en est pas moins vrai que la décision n° 2013-669 de cette institution publique et constitutionnelle a ruiné peut-être pour longtemps l'estime que l'on pouvait lui porter.
Romain ROCHAS est Docteur en droit. -
Gouverner le Moyen-Orient par le chaos 3ème partie
Publié initialement dans le magazine « Rébellion », n° 57, janvier/février 2013. Par Lucien C.
La méthodologie impériale : l’ingénierie sociale négative
Le remodelage du Moyen-Orient s’appuie donc essentiellement sur des conflits de « basse intensité » et sur la transformation culturelle à marche forcée. Les impérialistes, anglo-saxons, sionistes ou pétro-monarques, cherchent tous à provoquer un pourrissement interne des sociétés car c’est le seul moyen à leur disposition pour étendre leur domination sur de larges zones. Leur méthodologie commune se résume en quelques mots : diviser le bas pour unifier le haut. D’autres noms : destruction créatrice, démolition contrôlée, Ordo ab chao, dissoudre et coaguler, stratégie du choc, stratégie de la tension, problème-réaction-solution, schismogénétique (Gregory Bateson) ou polémogénétique (Gaston Bouthoul).
Divers compendiums sur ce thème de la production scientifique et rationnelle de conflit à des fins de contrôle social ont été écrits, dont celui intitulé « Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation » (Max Milo, 2010). Rédigé comme un manuel d’introduction aux techniques d’entropie sociale provoquée, cet ouvrage récapitule les fondements théoriques et les grandes orientations de l’ingénierie sociale, laquelle s’est beaucoup appuyée au 20ème siècle sur la cybernétique, les sciences de la gestion et les découvertes de la psychanalyse et de la psychologie comportementale.
À la suite de cet ouvrage, nous appellerons cette méthode de management volontairement destructeur des groupes humains : l’ingénierie sociale négative. Cette démarche « diabolique » au sens étymologique de « celui qui divise », consiste à faire entrer l’humanité dans un état de crise permanente et perpétuelle, mais toujours sous contrôle, démarche paradoxale et aboutissant à un effet double et apparemment contradictoire : diviser, décentraliser et désorganiser toujours plus le bas de la pyramide sociale, ce qui permet, par effet de vases communicants, d’unifier, de centraliser et d’organiser toujours mieux le haut de cette même pyramide sociale. Accélérer artificiellement l’entropie des groupes humains en amplifiant les tendances centrifuges qui les parcourent, pour produire par contraste de la néguentropie centripète au niveau du contrôle. En un mot : « vampirisation ». Tel est le nom littéraire de ce transfert d’énergie et d’information.
Exacerber les rivalités mimétiques identitaires
Cette « division du bas » s’appuie notamment sur ce que René Girard a repéré sous le terme de « rivalité mimétique » (ou Jacques Lacan de « capture imaginaire »). Il s’agit du processus de montée aux extrêmes et de crescendo de violence qui saisit deux acteurs engagés dans un rapport de forces. On le connaît aussi sous les termes de « vengeance », ou de « vendetta », parfaitement exprimé dans la loi du Talion : « Œil pour œil, dent pour dent » (complété, dit-on, par Gandhi : « … et le monde finira aveugle. »)
D’après René Girard, ce n’est cependant pas l’Hindouisme mais le Christianisme, par l’imitation du Christ refusant la vengeance et s’offrant en bouc émissaire à ses bourreaux, qui doit permettre de sortir honorablement de ce mécanisme comportemental schismogénétique et producteur d’une spirale de violence infinie. Ne pas répondre à la violence par une autre violence en miroir semble bien être le seul moyen d’en finir avec la violence. (Même si, à force de s’effacer devant autrui, on risque tout simplement de disparaître).
À l’opposé, l’ingénierie sociale négative consiste à produire de la violence, ou du moins du séparatisme, de l’envie de se séparer. Comment ? Dans un premier temps, en s’appuyant sur ce que Freud a appelé les « petites différences narcissiques » pour les exacerber au maximum et les rendre insupportables. Aucune société n’étant parfaitement homogène, il suffira de repérer les éléments hétérogènes pour les stimuler, les cultiver, les amplifier, les grossir. Rompre la coexistence pacifique de gens qui se ressemblent, mais pas totalement, en soulignant leurs petites différences afin d’aboutir à la constitution de camps tranchés, opposés et irréconciliables. Les séparatismes peuvent donc être régionalistes, ethnicistes, culturalistes, mais aussi sexuels (entre hommes et femmes) : ils ont toujours une dimension profondément « identitaire », de droite (ethnico-culturelle) mais aussi de gauche (théorie du genre, homophilie/hétérophobie).
La dislocation des États-nations (et de tout groupe humain) s’appuie sur la « fabrication des camps » : faire monter les rivalités mimétiques en germes dans tout groupe humain pour aboutir à une situation de « tiers exclu », que l’on se regarde en chiens de faïence sans communiquer, sans médiatisation, sans relation. Il faut arriver à une situation de face à face sans dialogue, ni compromis. Par exemple, certains groupes appartenant à la mouvance nationaliste donnent l’impression de vouloir exacerber les tensions entre musulmans et chrétiens, en s’appuyant sur tous les faits divers glanés dans l’actualité qui soulignent la moindre friction avec l’Islam, et en passant sous silence tous les problèmes bien plus profonds soulevés par le sionisme et le lobby pro-israélien. Il est évident que ces mouvements visent en réalité à stimuler toutes les tendances islamophobes de l’électorat nationaliste et à marginaliser les tendances antisionistes. Le but de la manœuvre est bien évidemment d’aligner l’électorat nationaliste sur les droites européennes identitaires, inoffensives pour l’Empire car régionalistes, sionistes et islamophobes comme il faut pour alimenter le « choc des civilisations », ainsi que néolibérales au niveau économique et en définitive parfaitement compatibles avec l’Union européenne et intégralement solubles dans le mondialisme et la mort des nations.
Conclusion
Une quantité non négligeable d’analyses et d’indices convergents semble montrer un relatif désengagement de l’empire anglo-saxon du Moyen-Orient. Affaiblis par une situation économique peu reluisante, les États-Unis seraient de plus en plus tentés par un repli isolationniste, ou par un redéploiement dans la zone pacifique, laissant en plan leurs alliés israélien et pétro-monarchiques ou les confiant à d’autres garde-fous. De fait, judéo-centrisme et islamo-centrisme sont bel et bien deux corps étrangers parasitaires au sein des USA, dont ces derniers devaient se fatiguer nécessairement un jour ou l’autre.
On notera toutefois que les partisans jusqu’au-boutistes du sionisme impérial ne l’entendent pas de cette oreille et ont bien l’intention d’entraîner de force les États-Unis dans une nouvelle guerre totale à leur service, comme ils le firent déjà deux fois au 20ème siècle. En effet, des informations attestent de la vraisemblable planification d’un coup d’État sous « faux drapeau » sur le territoire américain. Un mémorandum du 21/11/12 publié par la Maison-Blanche et signé de Barack Obama mentionne explicitement l’existence de menaces pour le pays émanant de l’intérieur même du gouvernement : « Presidential Memorandum – National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs [1]. »
On en trouvera un commentaire assez exhaustif sur De Defensa sous le titre « L’extraordinaire mémo de Obama », confirmant ce dont Thierry Meyssan parlait dans « Obama II : la purge et le pacte » : « Cette nouvelle politique étrangère [de Obama] se heurte à de fortes résistances à Washington. En juillet, des fuites organisées dans la presse avaient fait capoter l’accord de Genève et avaient contraint Kofi Annan à la démission. Le sabotage semble avoir été ourdi par un groupe d’officiers supérieurs qui n’admettent pas la fin de leur rêve d’empire global. » Et dans un entretien avec le magazine Geopolitika à propos du 11 Septembre :
« Ces attentats, ce coup d’État, et les crimes qui ont suivi ont été organisés par ce qu’il convient d’appeler l’État profond (au sens où on emploie cette expression pour décrire le pouvoir militaire secret en Turquie ou en Algérie). Ces événements ont été conçus par un groupe très fermé : les straussiens, c’est-à-dire les disciples du philosophe Leo Strauss. »
Et pour avoir une vision historique d’ensemble, on se reportera également à l’article très complet de Laurent Guyénot, « Le triple jeu des néoconservateurs », sur le site du Réseau Voltaire [2].
Le scénario le plus probable est évoqué par Gordon Duff dans « Nuclear Christmas, false flag in America to blame Iran » : en résumé, les réseaux israéliens (straussiens, néoconservateurs) infiltrés au plus niveau de l’appareil d’État américain (double nationalité aidant) et qui ont déjà tenté un putsch sous faux drapeau avec le 11 Septembre pour prendre le contrôle de la politique étrangère et intérieure des USA (invasions diverses, Patriot act) en leur désignant le bouc-émissaire du « terrorisme islamiste », ces réseaux israéliens ne sont pas satisfaits et ils sont prêts à recommencer mais en pire, car les États-Unis commencent à leur échapper de nouveau. Ils vont donc tenter un deuxième coup d’État sous « false flag », nucléaire cette fois-ci, le 9/11 n’ayant pas suffi, et en accusant l’Iran. Or, l’Iran possède bien des armes nucléaires, et depuis 2005 (cette technologie étant toujours appliquée dans le militaire avant le civil).
D’après diverses sources indépendantes, les USA ont fourni à l’Iran les plans de la bombe atomique par erreur dans les années 1990, avec le coup de pouce d’un Pakistanais. Pour plus d’informations, on se reportera aux sources ouvertes traitant de l’Opération Merlin et aux révélations d’un agent double dans le Washington Times. Le territoire iranien est donc sanctuarisé. Les Renseignements israéliens le savent, et savent aussi qu’une guerre déclarée contre l’Iran aboutirait à rayer Israël de la carte. Mais les espoirs messianiques sionistes d’en sortir vivant malgré tout animent apparemment le cabinet du premier ministre, qui compte s’appuyer comme d’habitude sur l’armée américaine pour mener cette guerre apocalyptique [3].
Que les États-Unis d’Amérique soient sous contrôle israélien ou possèdent encore leur souveraineté politique et géopolitique est difficile à discerner et finalement de peu d’importance. Dans tous les cas, l’affaiblissement de l’empire anglo-saxon affaiblirait mécaniquement l’impérialisme sioniste (ainsi que le wahhabite). De sorte à hâter les événements au moyen d’énoncés performatifs à fonction de prophéties auto-réalisatrices, il nous revient donc de « communiquer » sur l’après-Empire pour le faire tomber plus vite. Accélérer la chute de quelque chose qui n’est pas viable et dont la fin est de toute façon inévitable. Des tendances centrifuges profondes, sécessionnistes et séparatistes, traversent déjà les USA et Israël (pinkwashing, sionisme rose), tendances entropiques qu’il nous revient de souligner, de stimuler, d’amplifier, et qui nous autorisent à parler dès à présent de l’après-USA, de l’après-Israël, et de l’après-dictature wahhabite. Ces trois entités fauteuses de guerres, semeuses de troubles et de chaos, soutiennent en définitive le même projet morbide, mélange de capitalisme déchaîné et de religiosité simulée et hypocrite. L’échec de leur vision mondialiste signifiera la survie de l’humanité. Travailler activement à leur disparition définitive et sans retour ne relève donc que de la légitime défense [4].
http://www.egaliteetreconciliation.fr
notes :
[1] « Presidential Memorandum – National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs », 21/11/2012, Barack Obama. http://www.whitehouse.gov/the-press...
[2] « Le triple jeu des néoconservateurs », Laurent Guyénot, Réseau Voltaire. http://www.voltairenet.org/article1...
[3] « Nuclear Christmas, false flag in America to blame Iran », 20/12/2012, Gordon Duff. http://www.presstv.ir/detail/2012/1... « Opération Merlin » http://fr.wikipedia.org/wiki/Opé... « L’Iran a déjà des armes nucléaires » http://www.wikistrike.com/article-n... http://www.washingtontimes.com/news...
[4] « Les divers usages du "mariage pour tous" : eugénisme, marchandisation des corps et "sionisme rose" » http://www.scriptoblog.com/index.ph...