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international - Page 1250

  • Roland Dumas : un ancien ministre dénonce la dérive américaine et coloniale de la diplomatie française

     

    par Nicolas Bonnal

     

     

    :: Texte en russe

     

    Roland Dumas est un homme très connu en France et dans le monde de la diplomatie, même s’il est mis à l’écart par les sbires du nouvel ordre mondial. Héros de la Résistance à l’Allemagne nazie, il a ensuite été un très grand avocat qui s’est illustré dans la défense des peuples colonisés. Homme de gauche à l’époque où ce mot avait un sens, il fut l’ami et le ministre du Président Mitterrand, qui exerça ses fonctions en France de 1981 à 1995. Roland Dumas exerça quant à lui de nombreuses fonctions importantes, et notamment celle de Ministre des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Sa politique était marquée par son équilibre, son humanisme et ses positions amicales envers le monde arabe et musulman, que la France sur ordre d’Israël et des Etats-Unis achève de détruire aujourd’hui, comme à l’époque de l’expédition du Canal de Suez en 1957. Ses positions lui ont valu l’opposition farouche du « lobby qui n’existe pas » (Serge de Beketch) et de la presse qu’il contrôle. Mais M. Dumas a insisté bravement et résisté, comme pendant la Guerre. Cet homme de culture amateur d’art a gardé le courage du mousquetaire.

     

    Roland Dumas s’insurge donc depuis 2007 surtout contre l’incroyable inflexion de la diplomatie française qui a pris un tour fascisant et colonialiste avec Nicolas Sarkozy, actuellement conférencier pour Goldman Sachs et voyageur de commerce du Qatar (au sens strict du terme). La France a fait la guerre partout pour des intérêts privés et coloniaux qui ne sont pas les siens. On retrouve le virage néo-totalitaire de l’Europe actuelle : on travaille pour les banquiers contre les peuples.

     

    Dans son dernier livre intitulé "Coups et blessures : 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand", l’ancien Ministre des Affaires étrangères Roland Dumas parlait déjà de ses souvenirs auprès de l’homme, mais dénonce également l’ingérence israélienne dans les affaires françaises : « Les Israéliens en font à leur guise en France, et manipulent les services de renseignements français (DST) comme bon leur semble ». Il évoquait ensuite les circonstances qui ont entouré la visite du chef de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat en France à la fin des années 80, assurant être lui-même l’architecte des relations avec le leader palestinien. Selon Roland Dumas, Mitterrand n’était pas contre l’idée de le rencontrer mais craignait la réaction du « lobby juif » : « Le lobby juif, comme l’appelait Mitterrand, oeuvrait ardemment. Les pressions étaient très fortes lorsque j’ai annoncé que je comptais rencontrer Arafat durant sa visite au Parlement européen en septembre 1988. J’ai obtenu du président Mitterrand, après de pénibles tractations, la permission de l’accueillir. Après m’avoir répété ses mises en garde, il m’a dit : "bon d’accord, mais tu en assumeras la responsabilité..." Peut-être voulait-il insinuer par-là ma démission si les choses tournaient mal ». M. Dumas ajoute : « Je ne suis pas d’accord avec la politique israélienne, j’ai toujours été fidèle au principe d’équilibre instauré par le général de Gaulle au Moyen-Orient. Les peuples arabes ont droit au respect. La politique israélienne actuelle, inspirée des activités proches des sionistes, ne suit pas le bon chemin ».

     

    Dans son livre "Coups et blessures" paru il y a deux ans, Roland Dumas estimait que les révolutions arabes sont l’événement le plus important après la fin du colonialisme et la chute du Mur de Berlin. Leur impact sur Israël serait formidable. Selon lui, l’Egypte était en train de payer le prix de l’humiliation qu’elle avait fait subir au peuple palestinien, et ce, par son laxisme avec les Américains et les Israéliens. L’ancien Ministre des Affaires étrangères s’est aussi longuement attardé sur la Syrie. Il révèle avoir rendu visite à l’ancien Président syrien Hafez al-Assad en 1992, sur une suggestion de Shimon Perez qui était alors chef de la diplomatie israélienne. Il rapporte leur longue discussion sur le Liban, durant laquelle Hafez al-Assad s’était attelé à lui expliquer que le Liban est une terre syrienne et que les problèmes sont dus aux Britanniques et aux Français qui avaient opéré un partage injuste. Dumas affirme qu’il sentait qu’Assad voulait le taquiner sans aller pour autant jusqu’à remettre en question les frontières léguées par le colonialisme. « Bien au contraire, c’est une chose qu’il a refusée, lorsque certains leaders maronites la lui ont suggérée, comme l’a rapporté Karim Bakradouni », un ancien responsable des Phalanges libanaises (Kataëb). Dumas dit aussi avoir connu le Président syrien actuel Bachar al-Assad. Il le qualifie d’ « homme charmant qui détient un esprit plus ouvert que celui de son père, un esprit pétillant, qui ne récuse pas les questions embarrassantes », estimant que les Israéliens se trompent de ne pas négocier avec lui.

     

     

    Je ne crois pas à la bombe iranienne.
    Tout cela n’est que de l’intoxication.

     

    Dans son ouvrage, Roland Dumas consacre tout un chapitre à l’Iran qu’il a, par ailleurs, visité plusieurs fois et où il a rencontré son ancien homologue Ali Wilayati et l’ancien Président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. « La bombe nucléaire iranienne est, à mon avis, à l’instar des armes de destructions massives de Saddam Hussein, c’est-à-dire que je n’y crois pas. Tout ce qui se passe n’est que de l’intoxication. Les tergiversations de la politique française sont dues à des immixtions aux origines connues », a-t-il précisé, signalant que la présence d’Israël aux portes rend toute analyse différente suspecte. Dumas défend le point de vue iranien selon lequel il est nécessaire d’édifier des réacteurs nucléaires pour ses besoins énergétiques puisque son stock en pétrole devrait se tarir dans 60 ans. « Ce qui est vrai est que les Iraniens veulent poursuivre leur programme nucléaire civil et que tous les rapports indiquent qu’il n’y a pas d’armes nucléaires », conclut-il.

     

    Récemment M. Dumas a publié un livre "Sarkozy sous BHL", qui dénonce la criminelle diplomatie de Sarkozy et son inféodation aux desiderata impérieux du NOM. Il l’a fait avec maître Vergès, un autre prestigieux avocat spécialisé dans la défense des peuples coloniaux aussi et dans les causes de droit. Les deux pamphlétaires critiquent le tout-argent de la politique française (qui a toujours existé mais s’est systématisé avec Sarkozy), le retour à la brutalité colonialiste (« nous sommes ramenés des siècles en arrière »), l’influence regrettable de BHL (qui existait aussi selon nous sous Mitterrand !) baptisé « mouche du coche » (La Fontaine), et la dimension irresponsable de personnages comme Sarkozy - son successeur socialiste ne valant hélas pas mieux que lui.

     

    Sur la Palestine, je laisse à ces deux nobles esprits le soin de conclure : « L’humanité se déshonore en laissant tomber le peuple palestinien qui est raisonnable, paisible et ne demande pour lui que ce que les Israéliens ont obtenu pour eux-mêmes. »

     

    Enfin, il est bon d’indiquer que l’un des prochaines cibles de la folle diplomatie française sera l’Algérie : Monsieur Dumas écrit : « Le contentieux entre la France et l’Algérie est durable. Quand vous imaginez que les Français n’ont pas encore souscrit à la proposition de négociations avec l’Algérie sur un contrat d’amitié, parce que trop de blessures sont encore saignantes... Tout est à craindre pour l’Algérie, mais ce sera pour M. Sarkozy un autre "morceau" »...

     

    De la France actuelle, on pourrait dire comme Sartre de l’Amérique, qu’elle a la rage.

    http://www.france-courtoise.info

  • Gollnisch reçu à haut niveau en Russie : face au mondialisme, la nécessaire préservation des indépendances nationales

    Bruno Gollnisch rentre aujourd’hui de Russie après deux jours de rencontres et de débats aussi intéressants que fructueux qui ont retenu l’intérêt des médias russes. A la tête, de facto, d’une délégation de plusieurs parlementaires et élus européens (autrichien, néerlandais, letton, polonais, tchèque), le président de l’Alliance Européenne des Mouvements Nationaux, accompagné également de plusieurs membres de l’AEMN, dont Valerio Cignetti, répondait notamment à l’ invitation de la Commission des droits de l’homme à Moscou. Ils ont été reçus à la Douma (parlement russe) avant de se rendre jeudi en République autonome de Karatchaïévo-Tcherkessie.

    A la Douma, nos amis russes étaient intéressés par l’opinion de Bruno Gollnisch et de ses collègues sur les activités, rarement désintéressées, des associations, ONG et autres fondations, quand celles-ci sont financées par l’étranger.En présence notamment de plusieurs dizaines de députés russes de différents courants politiques, les débats ont été supervisés par Yaroslav Nilov, jeune et brillant président de la Commission parlementaire pour les organisations sociales et religieuses.

    Ouvrons ici une parenthèse pour rappeler que M. Nilov fut un des parlementaires qui, en pleine tempête médiatique générée par les provocations  contre les chrétiens orthodoxes du groupe anarchiste Pussy riot, fut à l’origine d’une résolution de la Douma portant sur « les meurtres de chefs spirituels », « le vandalisme contre des propriétés de l’Eglise », et «les actes blasphématoires de hooliganisme».Ladite résolution appelait à des peines plus sévères contre toute personne qui offenserait les sentiments religieux.

    Chroniqueur pour l’agence de presse RIA Novosti, Alexandre Latsa rappelait dernièrement –nous nous en faisions l’écho sur ce blog en septembre 2012- que cette question revêt en Russie une importance cruciale.« La Russie notait-il, sort de 70 ans de communisme (…) de relatives tensions interreligieuses et intercommunautaires à la dislocation de l’Union-Soviétique et à ce titre, les Russes ont conscience de l’importance de faire respecter les lieux de culte (…). »

    « La Russie est un pays multiconfessionnel, pluriculturel (…) encore aujourd’hui victime du terrorisme fondamentaliste et qui maintient assez habilement une cohabitation entre des groupes religieux et ethniques très variés, sur un territoire gigantesque (…). Au sortir de presqu’un siècle de dictature athéiste, le renouveau de la foi est quelque chose de particulièrement sensible. »

    Autant dire que les menaces sur la paix civile, de déstabilisation, que portent en germe toute atteinte à la foi religieuse,  sont prises au sérieux par le gouvernement et les élus russes, toutes étiquettes politiques confondues.

    Menaces de déstabilisations qui sont aussi réelles, au travers des activités des « ONG », « associations » et « fondations » évoquées plus haut, qui doivent être comme telles portées à la connaissance des citoyens, et qui étaient donc l’objet des discussions à la Douma évoquées plus haut.

    Rappelons que cette subversion sous faux drapeaux ne  concerne pas que la Russie. Eric Denécé, ancien du renseignement, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R), le rappelait au sujet des révolutions du « printemps arabe », qui étaient en préparation depuis plusieurs années et qui n’avaient pas de caractère « spontané. »

    « Dès 2007-2008, des conférences organisées sous l’égide d’ONG américaines, comme Freedom House, l’International Republican Institute ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont instillé le germe de la démocratie, créant un contexte favorable aux révolutions. Le processus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l’URSS, la Révolution serbe, la Révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie. »

    A titre d’exemple, l’Open Society Institute, un des « outils » du milliardaire mondialiste George Soros, très impliqué dans la défense des Roms, mais aussi partisan de la poursuite d’une politique d’immigration soutenue des pays du Sud vers l’Europe, est intervenu à de nombreuses reprises en Amérique latine et en Europe de l’Est, pour favoriser la mise en place de dirigeants ayant l’aval de Washington.

    La « Fondation Soros » joua également un rôle de tout premier plan dans la déstabilisation des ex-républiques yougoslaves et de la Russie, par le biais du soutien apporté à certaines révolutions « colorées » (Ukraine, Géorgie …).

    Bruno Gollnisch a été également reçu avec beaucoup de chaleur par Alexandre Vladimirovitch Konovalov, le ministre de la justice de Vladimir Poutine, pour un entretien portant sur la nécessaire préservation des indépendances et des intérêts nationaux face aux menées du mondialisme.

    Jeudi, Bruno Gollnisch et la délégation européenne se sont rendus à plus de 1500 kilomètres de Moscou, en République autonome de Karatchaïévo-Tcherkessie, membre de la Fédération de Russie, pour la commémoration très émouvante d’un des drames de la seconde guerre mondiale. A savoir la déportation meurtrière (plus de 40 000 morts) par Staline du peuple Circassien (Tcherkesse), au prétexte que celui-ci fut accusé de collaboration avec l’armée allemande.

    Le président de l’AEMN a été reçu avec beaucoup de sympathie par le président de la République autonome qui a tenu à rappeler à ses invités son attachement indéfectible à l’unité de la Fédération de Russie, mais aussi que contrairement à une certaine propagande « occidentale », on peut s’exprimer librement en Russie !

    http://www.gollnisch.com

  • Vies contre profits

    par Joseph Stiglitz

    La Cour Suprême des Etats-Unis vient d’entamer ses délibérations sur une affaire qui met en lumière une question profondément problématique concernant les droits de propriété intellectuelle. La Cour doit répondre à la question suivante : les gênes humains – vos gènes – peuvent-ils être brevetés ? En d’autres termes, quelqu’un peut-il essentiellement être autorisé à détenir le droit de, disons, tester si vous avez un ensemble de gènes qui implique que vous avez plus de 50% de probabilité de développer un cancer du sein ?

    Pour ceux qui sont étrangers à l’univers mystérieux du droit de la propriété intellectuelle, la réponse semble évidente : Non. Vous êtes le propriétaire de vos gènes. Une entreprise peut détenir, au mieux, la propriété intellectuelle sur son test génétique ; et parce que la recherche et le développement nécessaires au développement de ce type de test peuvent entrainer un coût considérable, l’entreprise pourrait à juste titre faire payer le fait de le pratiquer.

    Mais Myriad Genetics, une entreprise basée dans l’Utah, prétend à plus que cela. Elle prétend détenir les droits sur tous les tests visant à rechercher la présence des deux gènes associés au cancer du sein – et a appliqué ce droit de manière impitoyable, bien que leur test soit inférieur à un test que l’Université Yale était disposée à proposer à un prix nettement inférieur.

    Les conséquences ont été tragiques : un test approfondi et abordable qui identifie les patientes à haut risque sauve des vies. Empêcher de tels tests coûte des vies. Myriad est l’exemple parfait d’une corporation américaine pour laquelle le profit prend le dessus sur toute autre valeur, y compris celle de la vie humaine.

    Voici un cas particulièrement poignant. Normalement, les économistes discutent de compensations : des droits de propriété plus faibles, dit-on, seraient un frein à l’innovation. L’ironie ici est que la découverte de Myriad aurait de toute façon été faite, compte tenu des efforts internationaux mis en œuvre, et financés par des fonds publics, pour décoder l’ensemble du génome humain qui a été une remarquable avancée des sciences modernes. Les bénéfices sociaux de la découverte antérieure de Myriad ont été minimisés par les coûts imposés par son impitoyable recherche de profit.

    Plus généralement, on admet aujourd’hui que l’actuel système des brevets impose des coûts sociaux conséquents, et ne contribue pas à tirer le meilleur parti de l’innovation – comme le démontrent les brevets de Myriad liés à la génétique. Car après tout, Myriad n’a pas inventé les technologies utilisées pour analyser les gènes. Si ces technologies avaient été brevetées, Myriad n’aurait peut-être pas été en mesure de réaliser sa découverte. Et le contrôle étroit de ses brevets a freiné le développement par d’autres de tests meilleurs et plus fiables pour la recherche de ce gène. Le problème est simple : Toute recherche est basée sur des recherches antérieures. Un système de brevet mal conçu – tel que le nôtre – peut freiner la poursuite des recherches.

    C’est la raison pour laquelle nous n’autorisons pas de brevets dans la recherche mathématique fondamentale. Et c’est pourquoi la recherche démontre que breveter les gènes limite la production de nouvelles connaissances en matière génétique : la plus importante contribution à la production de nouvelles connaissances est la connaissance antérieure, à laquelle les brevets freinent l’accès.

    Heureusement, ce qui motive les avancées les plus significatives en matière de connaissances n’est pas le profit, mais la propre poursuite de la connaissance. Cela est vrai de toutes les découvertes et innovations transformatives – l’ADN, les transistors, les lasers, l’Internet, etc.

    Une toute autre affaire juridique américaine a mis en lumière l’un des principaux dangers du monopole induit par les brevets : la corruption. Dans la mesure où les prix excèdent largement les coûts de production, de considérables profits peuvent être obtenus en persuadant les pharmacies, les hôpitaux, ou les médecins de se fournir chez vous plutôt qu’ailleurs.

    Le procureur du district sud de la ville de New York a récemment accusé le géant pharmaceutique suisse Novartis de faire exactement la même chose en donnant illégalement des dessous de table, honoraires, et autres bénéfices aux médecins – soit exactement ce qu’il avait promis de ne pas faire à la suite d’une affaire similaire qui remonte à trois ans.

    Public Citizen, une association de consommateurs américaine a en effet calculé que rien qu’aux Etats-Unis, l’industrie pharmaceutique a payé des milliards de dollars en conséquences de décisions de justice et d’accords financiers entre les firmes pharmaceutiques et les gouvernements d’états et fédéral.

    Malheureusement, les Etats-Unis et les pays avancés font pression pour un renforcement des régimes de la propriété intellectuelle partout dans le monde. De tels régimes vont limiter l’accès des pays pauvres à la connaissance dont ils ont besoin pour leur développement – et priver de médicaments génériques salvateurs les centaines de millions de personnes qui n’ont pas les moyens de payer les prix imposés par le monopole des firmes pharmaceutiques.

    Cette question est d’ailleurs âprement discutée dans le cadre des négociations continues de l’Organisation Mondiale du Commerce. L’accord de propriété intellectuelle de l’OMC, l’ADPIC (TRIPS en anglais, ndt) avait à l’origine prévu une extension de « flexibilités » pour les 48 pays les moins développés dont le revenu annuel par habitant est inférieur à 800 dollars. L’accord original paraît remarquablement clair : l’OMC devra étendre ces « flexibilités » à la demande des pays les moins développés. Mais alors que ces pays ont fait la demande de ces « flexibilités », les Etats-Unis et l’Europe semblent hésitants à les obliger.

    Les droits de la propriété intellectuelle sont des règles que nous créons – et qui sont supposées améliorer le bien-être social. Mais les régimes de propriété intellectuelle déséquilibrés mènent à des inefficacités – comme les profits obtenus par monopole et une incapacité à maximiser l’utilisation des connaissances – qui freinent le rythme de l’innovation. Et comme le démontre le cas Myriad, ils peuvent aussi entrainer la perte de vies humaines.

    Le régime de propriété intellectuelle américain – et le régime que les Etats-Unis sont parvenus à imposer au reste du monde avec l’accord ADPIC – est déséquilibré. Nous devrions tous espérer que par sa décision dans l’affaire Myriad, la Cour Suprême contribuera à la création d’un cadre plus sensible et plus humain.

    PROJECT SYNDICATE  http://fortune.fdesouche.com

  • Londres, Pékin, Tokyo et l’agonie du multilatéralisme

    Par Irnerio Seminatore, président de l’Institut européen des relations internationales et directeur de l’Academia diplomatica europaea

    Trois minirévolutions sont aujourd’hui en cours à Londres, Pékin et Tokyo.

    Le référendum sur le “Brixit” (mot-valise composé de Britain et exit) pour décider de la sortie ou du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne marque une mutation dans l’équilibre des pouvoirs entre le Royaume-Uni et les pays de la zone euro.

    Le rééquilibrage de l’économie chinoise, qui aura d’importantes répercussions sur l’économie mondiale, vise à passer d’un développement à forte croissance tiré par l’investissement et les exportations à une économie à faible croissance tirée par la consommation.

    L’émission massive de liquidités par la Banque du Japon, avec pour objectif d’atteindre une inflation de 2 % en deux ans, est un virage économique majeur, consistant à inverser les priorités entre croissance et désendettement, et la logique de résorption de la dette aujourd’hui à l’oeuvre aux Etats-Unis et en Europe.

    Nous assistons, dans les trois cas, à l’abandon de la croyance en un multilatéralisme efficace, et à un retour aux étalons décisionnels de l’unilatéralisme national.

    ÉCHEC D’UN SYSTÈME MONDIAL

    C’est aussi l’échec des illusions sur la création d’un système mondial cohérent structuré autour de sous-ensembles homogènes s’inspirant de manière pragmatique du modèle de l’Union européenne. C’est en effet “l’intérêt national” qui dicte, dans les trois cas, les choix d’une politique économique.

    Le choix du Royaume-Uni concerne sa relation historique et politique avec l’Europe continentale. Il porte un nom : la réforme de l’Union et la renégociation des traités.

    Il s’appuie sur deux points-clés : la défense intransigeante de l’intérêt national et l’intangibilité du concept de souveraineté. A ce titre, le Royaume-Uni ne peut adopter l’objectif d’une plus forte intégration politique, le “plus d’Europe” voulu par la chancelière allemande Angela Merkel.

    Cet objectif d’une Union de plus en plus intégrée, indispensable pour surmonter la crise de la dette et sauver la zone euro, sera donc réglé, à Londres, par le recours au référendum.

    Ce plus d’intégration comporterait en effet des délégations de pouvoir à Bruxelles dans des domaines budgétaires que le Royaume-Uni juge attentatoires à sa souveraineté et qui correspondent, selon ses appréciations, à une forme d’idéologie et d’utopie. Les contraintes liées à cet objectif (union bancaire et union fiscale) provoqueraient un changement de nature de l’Union, et donc un déséquilibre de pouvoir entre la zone euro et le Royaume-Uni, marginalisant celle-ci.

    RENÉGOCIER

    Enfin, ce “plus d’Union” lèse le seul grand intérêt du Royaume-Uni, le marché unique, qui constitue un intérêt vital pour une nation marchande, ouverte à l’Europe comme au monde.

    D’où l’intention de renégocier les termes de l’adhésion de 1975, car les nouveaux équilibres de pouvoirs penchent en direction de l’Allemagne, dont le Royaume-Uni n’entend pas devenir un Land.

    Le premier ministre britannique, David Cameron, et les conservateurs entendent donc faire pression sur l’Allemagne et la France pour que l’Union, à l’heure de la compétition planétaire engagée avec la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie, soit “plus ouverte, plus concurrentielle et plus flexible“.

    C’est d’ailleurs à cette compétition planétaire que se préparent également la Chine et le Japon.

    La Chine, dont la montée en puissance ne cesse d’inquiéter par ses aspects politiques et militaires, est en train d’opérer une transition difficile en matière économique. Elle entend entrer, au cours de la prochaine décennie, dans une nouvelle période de croissance, caractérisée par le déclin de l’investissement et l’essor de la consommation.

    Mais les difficultés de cette transition, qui ont déjà fait échouer le Japon dans les années 1990, sont multiples. Le ralentissement économique, le surinvestissement et la dépendance à l’exportation ont généré des bulles financières et des effets de stagnation.

    SÉRIE DE DÉRAPAGES

    Il n’est donc pas exclu que, dans une période de vieillissement de la population et de pénurie de main-d’oeuvre, cette mutation s’accompagne d’une série de dérapages dans le domaine du crédit immobilier, de la solidité du secteur bancaire ou des inégalités de revenu.

    Enfin, la rupture de politique monétaire au Japon, les “Abenomics” [surnom donné aux réformes engagées par le premier ministre, Shinzo Abe], apparaît comme un coup de dés. Elle vise une dépréciation du yen et donc une plus forte compétitivité internationale de l’économie japonaise, tout en mobilisant massivement tous les outils disponibles pour soutenir l’économie.

    Pour absorber un endettement public colossal de l’ordre de 240 % du produit intérieur brut (PIB), cette véritable révolution monétaire consiste en quelque sorte à éliminer la dette par l’endettement.

    Cette stratégie est-elle une vraie rupture, ou participe-t-elle d’un coup de marketing, le succès dépendant en dernier ressort de l’environnement économique et politique régional et mondial, et en grande partie de l’évolution des tensions géopolitiques avec la Chine et les deux Corées ?

    Elle est en tout cas radicale et pourrait bien inspirer Américains et Européens en quête d’une stratégie de rechange pour relancer la croissance.

    Mais si la logique de la compétitivité devait se transférer des produits aux monnaies, la concurrence se déplacerait des biens et services aux investissements monétaires, et la guerre des monnaies deviendrait l’arbitre de la mondialisation, condamnant de fait le multilatéralisme à devenir une idéologie du commerce mondial de la fin du XXe siècle…

    En clair, il ne peut y avoir de multilatéralisme efficace, car la dimension inégalitaire de l’ordre international est due au poids inégal des Etats, produit d’une régulation hiérarchique et naturelle des relations économiques et politiques.

    Le Monde  http://fortune.fdesouche.com

  • Intronisation du facteur falseflag

    http://www.dedefensa.org/

    On connaît depuis longtemps, quasiment depuis l’attaque de septembre 2001, le tour polémique aigu qu’a pris le concept du “complotisme” (ou “théorie des complots”), dont l’expression falseflag est une des expressions sémantiques de représentation récemment mise en vogue et très utilisée aujourd’hui. Il s’agit d’abord d’une question centrale de communication accordée au règles de fer du conformisme-Système, avec le constat que l’idée même d’une telle hypothèse de montage a été, dans son principe, dès l’origine, non seulement rejetée mais diabolisée à l’égal des pires diabolisations imposées par le Système. Cela correspondait bien entendu à la “mythologisation” de l’événement 9/11 que rien ne devait entacher ni mettre en doute, qui s’est accompli selon un processus-Système quasiment automatique (c’est-à-dire sans “complot” humain de la part du Système, puisque de la part du Système), impliquant un verrouillage fait de références obligatoires et destiné à emprisonner l’esprit dans un mode de pensée de pérennisation et de légitimation du Système. (A notre sens, ce processus, toujours dans un mode automatique renvoyant à la dynamique de surpuissance du Système, est allé jusqu’à une tentative de faire de 9/11 un événement métaphysique [voir le 11 octobre 2011]. A cet égard, l’événement de l’attaque du 11 septembre 2001 peut sans le moindre doute être considéré comme “refondateur” de la légitimité du Système pour sa dernière phase d’expansion et de domination telle qu’on l’a vue se développer, justement à partir de 9/11, – mais, très vite, avec des avatars et des crises tendant à l’autodestructiont qui ont rendu encore plus sensible toute mise en cause avec potentialité de “dé-mythologisation” de cet événement.)

    De ce point de vue évoqué, la situation était que toute personne envisageant une telle possibilité de complot, de manipulation, de montage, etc., concernant 9/11, puis bientôt concernant tous les actes de la “politique de l’idéologie et de l’instinct” de l’époque Bush, transformée ensuite avec l’abandon de références politiques courantes en politique-Système, devait être considérée comme subversive, moralement condamnable sans appel, quasiment relaps ou hérétique, etc. Nous insistons particulièrement sur ce point : nous ne parlons pas de la valeur ou non, de la véracité ou non de telle ou telle hypothèse de complot, de montage, etc., mais bien d’un principe-Système. (Si le mot “principe” peut-être accolé au Système, ce qui est en soi une contradiction, mais qui peut être accepté pour ce cas en comprenant que le terme “principe” est employé techniquement et nullement dans sa signification ontologique. S’il est considéré ontologiquement, il doit être apprécié dans ce cas comme une totale inversion de la véritable signification d’un “principe”.)

    C’est dans ce contexte de terrorisation des psychologies opérationnalisée par le Système que la nouvelle selon laquelle l’ancien chef de cabinet du secrétaire d’État (2001-2005) Colin Powell, le colonel Lawrence Wilkerson, estime que l’actuelle polémique sur l’emploi du chimique en Syrie pourrait être, notamment mais significativement, une opération falseflag israélienne est un fait important. L’emploi même de l'expression/du mot falseflag, qui fait partie du vocabulaire “démonisé” par le Système, est en soi un fait symbolique d’une grande signification. Quoi qu’il ait déjà exprimé des opinions critiques très appuyées, Wilkerson reste, du fait de sa carrière et de ses fonctions anciennes, un personnage qui peut être considéré comme faisant partie du Système. Cette appréciation est d’autant plus acceptable qu’il est admis qu’à cause de ses liens avec Powell les déclarations de Wilkerson sont d’une façon courante considérées comme implicitement cautionnées par Powell, – personne considérable du Système, pour sa part. (Il est possible que sa déclaration fasse évoluer ce “statut” de Wilkerson, mais c’est une autre affaire. Dans tous les cas, cela nous paraît improbable à cause du désordre régnant aujourd’hui à l’intérieur du Système, – comme nous argumentons plus loin.)

    La nouvelle a été donnée dans un article de Jurriaan Maessen sur son site Explosive Report, le 3 mai 2013. Elle a été aussitôt reprise, bien entendu, sur Infowars.com, le même 3 mai 2013. (On connaît la réputation et la spécialité d’Infowars.com. Le site ne va pas rater une nouvelle qui conforte à ce point son fond de commerce fondamental, qui est l’exploitation des nouvelles et hypothèses en tous genres, de complots, manipulations, et falseflag en tous genres.)

    «Former chief of staff to Colin Powell, Retired Colonel Lawrence Wilkerson, told the Young Turks the early “indications” of the use of chemical weapons by the Syrian regime could point to “an Israeli false flag operation”. Wilkerson: “We don’t know what the chain of custody is. This could’ve been an Israeli false flag operation, it could’ve been an opposition in Syria… or it could’ve been an actual use by [Syrian President] Bashar al-Assad, but we certainly don’t know with the evidence we’ve been given.”»

    Le reste de l’article reprend diverses occurrences où des hypothèses de falseflag dans diverses affaires ont été évoquées dans des organisations proches du Système, par des personnalités-Système mais de moindre envergue que Wilkerson. Ces cas n’ont absolument pas la signification symbolique de l’intervention de Wilkerson et ne servent que d’illustrations pour la défense du “principe” de la possibilité de falseflag, chose qui ne nous intéresse pas ici. (Que les falseflag, les “complots”, etc., existent, c’est une évidence à laquelle il est inutile de s’attarder. Le cas traité ici est bien entendu celui du principe-Système qui repousse cette hypothèse comme relaps dès lors qu’elle a quelque lien que ce soit avec 9/11, qui reste la référence sacrée à cet égard.)

    Le cas de Wilkerson tend à renforcer les constats que nous faisions dans un de nos textes consacrées à l’attaque de Boston, le 23 avril 2013 : «Le premier et le principal constat remarquable de cette deuxième phase de l’attaque de Boston, avec l’identification et l’élimination des deux suspects aussitôt qualifiés de coupables, c’est ce climat extraordinaire où l’hypothèse du montage et de la manipulation par les services de sécurité US, FBI en tête, est non seulement une hypothèse honorablement admise mais pas loin d’être l’hypothèse principale. Dans tous les cas, il y a une sorte d’unanimité dans la mise en cause du FBI, allant effectivement de l’hypothèse d’incompétence aux hypothèses beaucoup plus sombres de manipulations.» Nous développions ensuite le thème de cette “popularisation du complotisme”, le 26 avril 2013Boston et la symbolique du triomphe du complotisme»). Il est bien entendu que nous plaçons l’intervention de Wilkerson dans le cadre du “climat” qui a notamment permis que se développe, à propos de l’attentat de Boston, ce que nous en avons décrit.

    D’une façon générale, cette évolution n’est pas anecdotique et ne peut être considérée simplement comme la progression de perceptions plus nuancées à l’intérieur du Système, dans le cas de l’un ou l’autre individu, non plus simplement comme une progression de la perception de la situation syrienne et du comportement d’Israël. Il s’agit de l’illustration d’une tendance plus générale qu’on a vue déjà exposée à l’occasion de l’affaire de l’attentat de Boston et autour de cette affaire, au niveau du système de la communication. On y distingue aisément la décadence d’une perception générale accordée aux normes du Système et de l’expression de l’unité de vue au moins sur les grands thèmes et les grands axes de jugement à l’intérieur des directions politiques et des élites du Système. On peut alors interpréter cet épisode, comme la situation générale à laquelle on se réfère, comme le reflet au sein du système de la communication de différents désordres qui prolifèrent, aussi bien dans les aspects extérieurs de la politique-Système, comme le désordre de la politique-Système en Syrie par exemple, aussi bien dans les aspects intérieurs avec le désordre de politique intérieure à Washington même, que ce soit entre les différents centres de pouvoir, les concurrences entre agences et ministères, ou que ce soit à l’intérieur du corps politique, à l’intérieur des deux ailes (démocrates et républicains) du “parti unique” et entre ces deux ailes. La conséquence de ces désordres est la démobilisation et la dissolution de la psychologie-Système dans son rôle premier d’interprétation absolument favorable au Système avec censure hermétique de quelques grands domaines “sacralisés”. Le résultat est la dégradation et la dissolution de l’interprétation de la politique-Système générale, la dissolution de la cohésion, et la perte de vue des références essentielles du Système.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Égypte, jusqu’où ira la rivalité entre la confrérie et les salafistes ?

    Égypte, jusqu’où ira la rivalité entre la confrérie et les salafistes ?
    La crise entre les Frères musulmans et Al-Nour, principal parti salafiste, pose la question des futurs rapports entre les deux forces dominantes islamistes d’Egypte, qui avaient contrôlé le premier Parlement post-révolution, dissous en juin dernier. A eux seuls, ils avaient occupé presque les trois quarts des sièges de l’Assemblée du peuple (Chambre basse du Parlement) et plus de 80 % de ceux du Conseil consultatif (Chambre haute), actuellement investi des pleins pouvoirs législatifs, en attendant l’élection, prévue en octobre, d’une nouvelle Chambre des députés. Les deux parties islamistes sont aujourd’hui plus que jamais engagées dans une lutte de pouvoir, qui marquera un échiquier politique en perpétuelle recomposition.

    Désormais, les salafistes du parti Al-Nour, une émanation de l’Appel salafiste, la plus puissante organisation salafiste d’Egypte, se posent clairement en alternative au Parti Liberté et Justice (PLJ), bras politique de la confrérie. Leur prochaine visite aux Etats-Unis, la première, serait en quelque sorte l’occasion de présenter leurs lettres de créance aux Occidentaux, en tant que possibles remplaçants des Frères musulmans, en mauvaise posture et sous le feu des critiques depuis fin novembre, lorsque le président Mohamad Morsi a tenté de placer ses décisions au-dessus de tout contrôle judiciaire.

    Le « divorce » entre les salafistes d’Al-Nour et les Frères musulmans fut consommé lorsque les premiers eurent présenté le 30 janvier une initiative de règlement de la crise politique qui épouse les conditions posées par l’opposition libérale et laïque, regroupée dans le Front National du Salut (FSN).

    L’objectif d’Al-Nour était, entre autres, de « casser » l’hégémonie qu’exercent et cherchent à renforcer les Frères musulmans sur les institutions de l’Etat. Les salafistes, qui avaient soutenu le PLJ par affinités dans plusieurs grandes questions politiques, s’attendaient à prendre leur part du gâteau, une fois la confrérie installée au pouvoir. Mais ils ont été déçus de la part que leur ont réservée les Frères musulmans.

    La rivalité Frères musulmans/salafistes ne date pas d’hier ou du soulèvement populaire du 25 janvier 2011, qui a vu l’apparition et la montée en puissance des salafistes en tant que force politique. Les rapports entre les deux parties étaient, au moins depuis la fin des années 1970, teintés de rivalité autour de l’influence religieuse et politique dans les mosquées, les organisations caritatives et les universités. Alors que les Frères musulmans craignaient la montée des salafistes, ceux-ci cherchaient à s’opposer aux tentatives des premiers de les marginaliser.

    Cette concurrence a tourné à la bagarre entre les partisans des deux camps en 1980 lorsque la confrérie a tenté d’empêcher les salafistes d’élargir leur audience parmi les étudiants de l’Université d’Alexandrie. Cette deuxième ville d’Egypte est aujourd’hui le fief de l’Appel salafiste, créé au début des années 1970. Cette rivalité était en partie à l’origine de la décision des salafistes d’entrer en politique après le 25 janvier 2011. Eux, qui dédaignaient faire de la politique et préféraient se concentrer sur le prosélytisme en vue d’islamiser la société, ont décidé de créer leur propre parti, Al-Nour, en mai 2011, après la fondation le 30 avril de celui des Frères musulmans.

    Outre le fait de chercher à mettre en oeuvre leur vision de la société et de l’Etat islamique, leur objectif était d’empêcher la confrérie d’avoir les coudées franches dans ses efforts de monopoliser le « projet islamiste » et de marginaliser les salafistes via sa mainmise sur le pouvoir.

    Mais face à un ennemi commun, les forces libérales et séculières qui s’opposent farouchement à l’amalgame entre politique et religion, les Frères musulmans et les salafistes ont fait front et ont coordonné leurs positions à des échéances-clés comme le référendum sur les amendements constitutionnels de mars 2011 qui a permis la tenue des législatives avant la rédaction d’une nouvelle Constitution, les élections parlementaires de novembre-décembre de la même année et la rédaction de la nouvelle Constitution, approuvée par référendum en décembre 2012.

    Cette concertation leur a permis de faire triompher la plateforme islamiste et de faire échec au programme politique des partis libéraux. Cependant, la rivalité qui couvait entre la confrérie et les salafistes d’Al-Nour a éclaté au grand jour peu de temps après l’arrivée au pouvoir du premier président islamiste, issu des Frères musulmans, le 30 juin dernier.

    Les déceptions d’Al-Nour se succédaient. Alors qu’il était arrivé en deuxième position, avec 24 % des sièges de l’Assemblée du peuple après le PLJ (47 %) lors des premières législatives post-révolution, le premier parti salafiste d’Egypte était insatisfait de la part du pouvoir que lui a réservée la confrérie. Qui plus est, il s’est retrouvé progressivement marginalisé par les Frères musulmans qui ont en outre joué un rôle, comme l’affirment l’Appel salafiste et plusieurs dirigeants d’Al-Nour, dans la dissidence qui a frappé ce dernier, entraînant la scission du président du parti, Emad Abdel-Ghafour, et de quelque 150 autres membres pour fonder le 2 janvier un nouveau partie salafiste, Al-Watan (la patrie). Pour Al-Nour, les choses sont claires : les Frères musulmans veulent affaiblir les salafistes en encourageant leurs divisions.

    La confrérie a également cherché à élargir sa domination du champ religieux et à affaiblir Al-Nour en étendant son influence au sein de l’Association islamique pour les droits et la réforme, deuxième organisation salafiste en importance, à travers la participation de Khaïrat Al-Chater, l’homme fort des Frères musulmans et vice-guide suprême de la confrérie. Celui-ci est considéré par plusieurs dirigeants salafistes comme étant très proche du salafisme. Il fait partie des Frères qotbistes, en référence à l’idéologue des années 1960, Sayed Qotb, aux idées radicales. L’Association pour les droits et la réforme a ainsi apporté son soutien à la confrérie et a accordé sa tutelle au nouveau parti Al-Watan, dissident d’Al-Nour. Plusieurs prêcheurs salafistes ont quitté en conséquence l’Association, l’accusant de partialité envers la confrérie.

    Depuis le début de 2013, Al-Nour a lancé contre la confrérie une campagne croissante de critiques et d’accusations qui rejoignent celles de l’opposition libérale et a épousé dans son initiative de réconciliation nationale les revendications du FSN pour augmenter la pression sur le PLJ en vue de l’obliger à faire des concessions, limitant son emprise sur le pouvoir mais sans grand succès.

    La rivalité PLJ/Al-Nour devrait se poursuivre et même s’intensifier au fur et à mesure que s’approchent les législatives, un test majeur de popularité pour les deux courants islamistes. La portée de cette lutte de pouvoir est cependant tributaire de la puissance ou de la menace que représente l’opposition séculière aux courants islamistes. Les salafistes considèrent toujours les Frères musulmans, malgré leurs divergences idéologiques et politiques, comme faisant partie du projet islamiste, qu’ils veulent faire triompher du programme des forces laïques. Le maintien de la faiblesse de l’opposition libérale aura comme conséquence l’intensification de la rivalité inter-islamiste, alors que l’éventuelle montée en puissance de cette opposition poussera Al-Nour et la confrérie à marquer une pause dans leur lutte pour le pouvoir.
    Hicham Mourad http://www.voxnr.com
    source : Al-Ahram Hebdo :: lien

  • C’est le coup le plus dur porté à la Syrie depuis la guerre d’Octobre 1973

    Quelle lecture faites-vous des récentes attaques israéliennes contre la Syrie ?

    Si on regarde bien les pays qui forment «les amis de la Syrie», on se rend vite compte qu’il s’agit de pays pro-USA et pro-Israël. On a décidé d’armer l’opposition et elle est donc sortie des mains des Syriens, un tiers des 120 000 combattants rebelles sont des djihadistes étrangers qui luttent pour leur propre idéologie, instrumentalisés par les pétro-monarchies. Le conflit a évolué de confrontations entre la population et le pouvoir en place pour revendiquer la démocratie en un conflit sunnites-chiites puis en un conflit international avec des puissances étrangères derrière, les Atlantistes face aux puissances émergentes. Au sein de tout cela, il y a l’extension de la guerre israélo-arabe. La déstabilisation du régime syrien, de l’Etat syrien, comme entité unie, noyau du «Front du refus» face à Israël, profite à plusieurs parties, comme Israël, les Etats-Unis, etc.

    Quel a été le véritable objectif de ces frappes ?

    Israël a profité du chaos actuel en Syrie, de la guerre dans laquelle est enlisée l’armée syrienne et de la faiblesse relative de la Syrie pour mener ces frappes au nom de sa guerre contre le Hezbollah. Or, je ne pense pas que cela a un lien direct avec le Hezbollah, car on parlait d’armes acheminées vers le Hezbollah, mais je ne vois pas du tout comment des armes destinées à la résistance libanaise seraient justement entreposées au sein du Bataillon 105 de la Garde républicaine qui est censée protéger la capitale, Damas ! ça ne tient pas du tout. Ce qui a été vraiment visé, c’est la garde prétorienne de l’armée syrienne, des unités d’élite installées dans trois bases qui n’ont pas été encore mobilisées. C’était une frappe très stratégique pour Israël et le coup le plus dur porté à la Syrie depuis quarante ans, depuis la guerre d’Octobre 1973.

    Y aura-t-il une réplique syrienne ? Sous quelle forme ?

    La Syrie va répondre en changeant complétement sa stratégie. L’accord de cessez-le-feu signé entre la Syrie et Israël en 1974, qui a établi finalement les règles du jeu, qui a instauré une situation où la frontière syrienne avec Israël a été la plus sûre et la plus bouclée de toutes les autres frontières arabes, ce cessez-le-feu est maintenant caduc. Rien n’empêche dorénavant d’ouvrir le front du Golan à la résistance, un peu sur le modèle du Hezbollah au Liban-Sud, et surtout continuer l’acheminement d’armes plus sophistiquées au Hezbollah. On connaît la force de dissuasion du Hezbollah qui a les moyens de tenir tête à Israël. Cette résistance sera renforcée, aujourd’hui, face aux violations répétées d’Israël des territoires syrien et libanais, et il s’agit, aux yeux des Syriens, d’une réponse légitime à la violation du cessez-le-feu.

    Talal El Atrache http://www.voxnr.com

    Notes :

    Talal El Atrache est un journaliste syrien, coauteur de Quand la Syrie s’éveillera aux Éditions Perrin en 2011.

    Source : El Watan :: lien

  • Le wahhabisme et sa volonté de dominer le monde arabo-musulman : une menace en Méditerranée ?

    Huntington avait tort. Le clash prévu ne concerne pas les civilisations entre elles, mais s’applique au moins, aujourd’hui, au sein même de l’islam dans le monde arabo-musulman.
    Ce sont des composantes archaïques et rétrogrades du monde musulman qui tentent d’imposer leur loi à d’autres croyants musulmans, dont la foi s’exprime de façon différente, visiblement plus sereine, ouverte et humaniste, tout en affichant leur respect des préceptes du Livre saint. Il convient de s’alarmer de cette situation soutenue par des stratégies d’influence venues d’un ailleurs étranger à la région méditerranéenne, car elle constitue une menace tant pour les pays visés que pour leurs voisins, y compris non musulmans.

    Le constat

    Les révoltes arabes ont fait naître, dans les pays qui ont connu le renversement de leur régime politique, un grand espoir de liberté, de dignité et d’émergence de la capacité égale des citoyens de participer aux choix politiques qui président à leur destin. Dans les faits, ces révoltes ont conduit à l’accession au pouvoir de mouvements politiques islamistes qui se sont révélés répondre à une certaine aspiration des citoyens à moins de corruption, à plus d’équité ainsi qu’à un renforcement de la valorisation de leur identité arabo-musulmane. Il est certain que cette région, qui depuis les indépendances a connu la domestication du fait religieux par les pouvoirs autoritaires, éprouve une religiosité intrinsèque qui la met en résonance avec les démarches de certains pays du Golfe arabe, prônant le retour aux sources de l’islam et la rend vulnérable aux instrumentalisations extérieures. La chaîne Al Jazeera et son prédicateur vedette, Al Qaradawi, en constituent l’un des vecteurs(1).
    Deux ans après les premiers soulèvements, force est de constater que ces bouleversements ont, avec la complicité active des nouveaux gouvernements ou en raison de leur incapacité à contrôler les ailes les plus dures de leur parti, ouvert la porte à des composantes politiques le plus souvent brutales et violentes, drapées dans leur version du religieux pour promouvoir un retour à un passé idéalisé sans rapport avec les réalités actuelles. Ces composantes, sous des formes diverses(2), y compris djihadistes, se réclament toutes du wahhabisme(3), mouvement politico-religieux saoudien fondé par Mohammed ben Abdelwahhab, qui estimait que l’islam devait être ramené à sa forme originelle, selon son interprétation du Coran et des Hadiths, différant ainsi des autres doctrines de l’islam, très largement majoritaires. Les wahhabites rejettent tous les autres courants de l’islam qu’ils considèrent comme hérétiques.
    En Tunisie, Libye, Egypte, Syrie, à des niveaux divers et en fonction des situations politiques, nous observons :
    - L’établissement de régimes autoritaires sous l’impulsion des islamistes prônant ou favorisant les règles et usages wahhabites et/ou lutte des milices islamistes armées contre le pouvoir, élu comme en Libye ou imposé comme celui d’Assad, tout en s’affrontant aux autres composantes laïques ou non wahhabites pour imposer leur domination.
    - L’apparition de brigades réprimant des comportements jugés non conformes aux critères wahhabites, pourchassant les attitudes jugées licencieuses entre hommes et femmes.
    - La destruction de mausolées, d’églises ou de mosquées non rattachées au wahhabisme, le squat de mosquées, la condamnation des fêtes et célébrations religieuses de rite malékite, l’agression contre les manifestations artistiques et festives sortant des codes salafistes.
    - Des actes violents allant jusqu’à l’assassinat de personnalités progressistes, des actions contre des manifestants non religieux et des incidents dévoilant l’existence d’armes et de mouvements terroristes se réclamant du djihadisme.
    -L’accroissement des actions d’intimidation et d’humiliation contre les étrangers, les chrétiens, spécifiquement les coptes, les juifs, mais également contre les chiites, les alaouites, les soufis.
    - La prolifération des conférences de chouyoukh wahhabites, la création d’associations religieuses fondamentalistes, la multiplication de prêches salafistes, la multiplication des visites de chouyoukh du Golfe, tout cela dans des régions de tradition étrangère au wahhabisme.
    Les pays n’ayant pas connu de révoltes subissent également cette volonté de domination wahhabite. Au Bahreïn, l’Arabie Saoudite et les autres Etats du Golfe conduisent une répression meurtrière contre un mouvement de protestation chiite opposé au pouvoir sunnite minoritaire. La monarchie saoudienne a volé au secours de son allié, prétextant de l’instrumentalisation de la rébellion par l’Iran chiite et craignant sans doute de voir s’exacerber l’opposition chiite dans le royaume wahhabite. Le Liban est depuis longtemps confronté à cette pression qui s’exerce le plus souvent à travers les camps palestiniens à Tripoli, bien sûr(4), mais aussi en d’autres sites.
    Au Sahel, plus précisément au Mali, ces mouvements, sous le drapeau de milices islamistes alliées à des bandes de trafiquants ou de terroristes se réclamant en partie d’Al Qaîda, ont élargi leur zone d’action. Après avoir conquis le nord du pays, le soumettant à des règles rétrogrades appuyées sur une vision de la charia interprétée dans son acception la plus archaïque, ces mouvements ont entrepris d’occuper le Sud en détruisant, au passage, les fondements identitaires et religieux des populations locales : destruction des mausolées et de documents historiques et religieux, application brutale de la charia dans une version fondamentaliste étrangère aux us locaux, etc.
    Le Maroc, peu après l’explosion des révoltes arabes en 2011, a été démarché pour rejoindre le club des monarchies arabes du Golfe : le Conseil de coopération du Golfe. La Jordanie, elle-même épargnée par ces révoltes jusqu’à aujourd’hui, plus perméable sans doute aux influences du Golfe, faisait acte de candidature spontanée au Conseil de coopération du Golfe arabe (CCEAG).
    L’Algérie, où le régime a su se préserver du mouvement des révoltes arabes, à la fois pour des raisons liées à son histoire récente mais aussi compte tenu des structures du pouvoir, semble également sous la pression de cette volonté dominatrice wahhabite. Elle se retrouve désormais avec des combattants salafistes rescapés des combats internes des années 1990, notamment dans le Sud, sur ses frontières avec le Sahel, et ceux-ci ont fait la liaison avec les mouvements opérant hors de ses frontières. Néanmoins, si des tentatives de créer un parti d’obédience wahhabite sont apparues, celles-ci ne semblent pas en mesure d’atteindre leur objectif.
    Ces divers événements ne peuvent pas être innocents et il est difficilement imaginable qu’ils ne soient pas reliés. Ils relèvent d’une même dynamique. Quelle stratégie sous-tend ces démarches ? A partir de ce constat, il est difficile de ne pas identifier une volonté stratégique qui peut s’exprimer selon les trois priorités suivantes :
    - Tout d’abord, sous couvert d’un retour à la «vraie foi», soumettre les populations à des exigences reposant sur une interprétation archaïque des textes fondamentaux et ainsi, à travers ce carcan qui règle le quotidien de tous les instants, étouffer toute velléité des individus de recherche d’autonomie, de libre arbitre et d’ouverture au monde(5). Les concepts mêmes de démocratie, de droits de l’homme, d’équité homme-femme, de liberté de conscience, d’égalité entre les êtres humains sont de facto hors la loi.
    - Ensuite, imposer la loi divine selon son interprétation wahhabite comme seule et unique référent du pouvoir. Ainsi, les autres expressions de l’islam étant écartées, le pouvoir est étroitement lié à la source du wahhabisme, ouvrant la voie à un califat musulman englobant le monde arabo-musulman, voire plus si affinités, qui assure la domination religieuse et donc politique par cette source(6). Le danger de la reproduction des révoltes nées dans des pays non féodaux est ainsi écarté(7).
    - Si les monarchies ont, semble-t-il, constitué des remparts contre les soulèvements, il convient aussi de s’assurer qu’elles ne puissent pas être contaminées par l’émergence de ce si mal nommé Printemps arabe. Pour cela, il est imaginé de rassembler ces monarchies dans une alliance(8) qui aurait pour avantage de regrouper les pays à faible démographie du Golfe avec d’autres, plus peuplés, au Maghreb ou au Proche-Orient, pour faire bénéficier l’ensemble non seulement de la disponibilité de masses humaines mobilisables, mais aussi de moyens militaires organisés et entraînés de leurs forces armées.
    Cette stratégie n’est évidemment pas affichée, d’autant plus qu’elle est l’objet d’une concurrence entre l’Arabie et le Qatar(9), qui jouent cependant la même partition pour leur bénéfice propre et pour celui des Etats-Unis : le containment de l’Iran. Ces Etats poursuivent des politiques différentes avec des partenaires parfois distincts(10) et des priorités occasionnellement divergentes(11), mais étroitement déterminées par les rapports existant entre ces pouvoirs et les oulémas qui sont sensiblement différents. Elle est d’ores et déjà dénoncée par les responsables les plus éclairés. Cela apparaît dans des travaux universitaires(12), des déclarations politiques ou sur des sites internet dont nombreux sont l’émanation de musulmans qui s’insurgent contre ce qu’ils vivent comme une violence faite à leur propre foi : « Ce groupe (les wahhabites) qui se nourrit d’ignorance dans la croyance, d’extrémisme dans le dogme et de violence dans l’action, ne réussit à diffuser sa propagande que grâce aux richesses des pétrodollars. »(13) Mais il est plus pertinent de faire référence à des hommes de religion, tel le cheikh Chemseddine Baroubi Al Jazaïri, célèbre imam algérien, qui n’hésite pas à mettre en garde les Tunisiens contre «l’invasion du wahhabisme»(14 ). Il est aussi possible d’évoquer la création, le 31 janvier 2013 à Alger, de la Ligue des oulémas du Sahel destinée à «combattre l’extrémisme, le fanatisme et la criminalité» et à «trancher les questions de la religion et éviter ainsi le recours à des canaux et des pensées qui sont loin de refléter notre ouverture sur le monde, notre pratique religieuse et nos références théologiques». Les conclusions de cette rencontre fondatrice dénoncent ainsi «les crises qui touchent le monde musulman constituent une atteinte à ses références religieuses, à son unité territoriale et à ses principes fondamentaux»(15).Une stratégie apparaît donc, visant à imposer une certaine vision obscurantiste de l’islam, une domination religieuse et donc politique par une seule source de pouvoir et enfin un modèle unique de gouvernance monarchique pour le monde arabo-musulman.

    Qui soutient ces modes d’action ?

    Cependant, ces modes d’action nécessitent des soutiens financiers puissants, à la fois pour recruter des hommes, combattants(16) ou militants, mais aussi pour disposer de moyens logistiques, d’armes et de relais. Ces soutiens, évidemment discrets compte tenu à la fois de leurs objectifs peu avouables et de leurs méthodes d’intervention, ne dédaignant de plus ni la violence ni le terrorisme, sont délicats à identifier.
    Compte tenu des stratégies évoquées, il est aisé d’imaginer où se situent les centres fournisseurs de soutien.
    Ils sont d’ailleurs régulièrement évoqués dans la presse, tant lors des commentaires sur les attentats du 11 septembre 2001, que lors des révoltes arabes ou de l’intervention au Mali.
    De fait, les fonds mis à disposition ne relèvent pas forcément de la puissance publique officielle, mais d’initiatives prises par des hommes qui se trouvent plus ou moins proches du pouvoir (17 ).
    Ce soutien, venant du Qatar ou d’Arabie Saoudite est, par nature, très discret. Il a été régulièrement dénoncé en Tunisie, comme s’exerçant auprès des salafistes, en Libye au profit des milices de l’Est, en Egypte à l’avantage du parti Al Nour, en Syrie en appui aux Frères musulmans et à diverses autres mouvances, armées ou non, comme Jabhat Al Nosra ou Ahrar Al Sham encore plus radicaux, etc.
    Ce soutien est également observé au Mali au profit de Ançar Eddine (proche d’Al Qaîda au Maghreb islamique) et du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Il n’est pas inintéressant de relever que le Qatar, dont la section du Croissant-Rouge a été particulièrement active au Sahel, est l’un des rares pays à avoir déclaré officiellement son opposition à l’intervention armée française, au profit et à la demande du Mali confronté à une tentative de conquête par une alliance de circonstance de mouvements terroristes, mafieux et islamistes.
    D’autres voies, plus transparentes, permettent également ce type de soutien à travers l’aide à la construction d’édifices et de centres religieux à l’étranger, dans lesquels est souvent prêché le wahhabisme, ou le financement de chaînes de télévision pratiquant également le prosélytisme(18). Des bourses sont généreusement attribuées à des ressortissants arabes, invités à étudier la religion islamique dans les universités, dont «une fois diplômés, la grande majorité de ces étudiants, sous influence wahhabite, rentre prêcher cette version de l’islam dans leurs pays respectifs, tandis que les meilleurs d’entre eux deviennent des salariés du royaume saoudien». Même s’il est difficile d’apporter des preuves tangibles de ce soutien aux mouvements d’inspiration wahhabite, il est évident que la multiplicité des soupçons, sur des théâtres aussi divers que la Tunisie, la Syrie, la Libye ou le Mali, ainsi que les faisceaux de présomption reposant sur les prises de position officielles ou d’organismes liés aux pouvoirs, constituent des éléments convaincants étayant la crédibilité de cette volonté.

    Quel danger pour le monde euroméditerranéen ?

    Au demeurant, il est légitime de s’interroger sur l’importance que cette stratégie peut avoir sur les intérêts français et plus largement européens car à défaut de menace, voire de risques, la question pourrait apparaître aux Européens comme indifférente. Malheureusement, cela ne semble pas être le cas.
    - Tout d’abord, ces soutiens financiers profitent à des acteurs qui, bien qu’éloignés de l’Europe, agissent contre ses intérêts. C’est le cas des groupuscules fondamentalistes sectaires et potentiellement violents, notamment au Pakistan ou en Afghanistan, mais aussi en Afrique subsaharienne.
    - Sur le pourtour méditerranéen et dans l’Afrique francophone, les désordres, engendrés par cette volonté d’imposer la règle wahhabite aux populations, mettent en péril les intérêts européens, mais aussi l’existence même de liens historiques, tout en créant les conditions d’un accroissement important de l’émigration qui fatalement se dirigera majoritairement vers la France. Les déstabilisations qui en découleront, y compris du fait des échecs économiques attendus, seront propices à la défaillance des Etats et donc à l’émergence de zones en déshérence ou de non-droit, traditionnellement favorables au développement de bases terroristes. La crise au Mali donne une illustration instructive de ce qu’aurait pu devenir ce pays, entraînant avec lui les pays frontaliers, vers un avenir de soumission à des règles archaïques, imposées par la violence, sans aucune tolérance pour les non-wahhabites et bien évidemment sans respect de la dignité ni des droits humains.
    - Sur le territoire français ou européen, les conséquences d’une immigration massive ne manqueraient pas de déstabiliser les équilibres sociaux déjà bien fragiles. Les liens familiaux existants avec les pays d’origine des citoyens européens arabes entraîneraient inévitablement de leur part des engagements partisans, sources de tensions internes entre mouvances immigrées, sans écarter l’accroissement du risque terroriste visant à infléchir les positions de la France dans telle ou telle direction. Enfin, l’expansion dans nos populations d’une doctrine archaïque en tous points opposée(19) aux valeurs fondamentales de l’Union européenne et de la République, au détriment de l’islam traditionnel des pays d’origine de nos concitoyens arabes, n’est pas favorable au renforcement de l’harmonie du peuple français, et plus largement européen.
    La France et l’Europe, dans une mesure assez similaire, sont directement concernées par cette stratégie visant la soumission du monde musulman africain et proche-oriental à cette volonté wahhabite. Si cette stratégie devait atteindre ses objectifs, nous aurions à faire face à un renforcement des menaces pesant sur nos intérêts tant domestiques qu’internationaux. Nous serions également confrontés à un environnement immédiat fait de pays dépendants de pouvoirs éloignés, enfermés dans des rapports sociaux frustrants, intolérants à toute présence autre que celle soumise à leurs préceptes religieux et fermés aux influences étrangères.
    Certes, il est possible de trouver des exemples de situations de ce type déjà existantes et cela sans dégât majeur sur les relations internationales... Mais ces solutions sont-elles adaptables à des pays autrement plus peuplés et dont les ressources, même en supposant une aide venant d’ailleurs, sont totalement sous-dimensionnées pour pouvoir, comme dans les pays visés, satisfaire les besoins des habitants ?
    En conclusion, il est temps d’interroger nos partenaires à l’origine de cette volonté stratégique et de leur faire valoir la nécessité de prendre en compte nos intérêts, de façon à trouver des solutions équilibrées et responsables qui nous permettent de poursuivre, dans la sérénité et sans accroître les risques auxquels nous sommes exposés, des relations sereines. Les arguments utiles à une telle négociation existent, mais mériteraient sans doute une concertation européenne, voire occidentale.
    Il est quand même paradoxal que la France entretienne un accord de défense, et des exercices d’entraînement quadriennaux fort coûteux(20), avec un certain pays qui est soupçonné d’agir contre nos intérêts. De même les Etats-Unis n’ont, semble-t-il, pas beaucoup modifié leurs relations avec l’Arabie Saoudite après les «attentats du 11 Septembre» et leurs alliances dans la région(21) sont souvent difficilement compréhensibles.
    A défaut, il suffira peut-être de s’en remettre aux sociétés du Sud. Celles-ci montrent déjà, notamment en Tunisie, Algérie et Syrie, qu’elles peuvent se dresser contre ces agissements si contraires à leurs traditions, à leurs convictions, à leur ouverture au monde et à leur foi. Avec le même souci, semble-t-il, la Turquie inquiète de la remise en cause des acquis de la révolte de la dignité, multiplie les dons et conventions visant à renforcer les moyens d’action gouvernementaux en Tunisie.
    Mais une telle indétermination occidentale conduirait sans aucun doute, à l’occasion de ces rebellions pour la dignité, à des dégâts humains moralement insupportables dans des pays qui nous sont si proches.

    Jean-François Coustillière http://www.voxnr.com

    Notes :

    1 - Revue Politique internationale – n°138 – Naoufel Brahimi El Mili - Tous les chemins mènent à Doha : « Le cheikh Youcef Al-Qaradawi, qui n’a pas son pareil pour haranguer les foules et conspuer les régimes en place, se révèle l’un des socles de cette stratégie médiatique visant à «promouvoir» le printemps arabe»
    2- Revue Politique internationale n°138 – Entretien avec Khairat Al Shater, membre du bureau de la guidance des Frères musulmans égyptiens : «Q- Vos alliés naturels, a fortiori au Parlement égyptien, ce sont les salafistes. On ne comprend pas toujours en Occident ce qui vous distingue d’eux. Réponse de KAS - Il n’y a pas de grandes différences entre les doctrines…»
    3- Sur Sunna Info «les principaux points qui fondent le dogme wahhabite sont au nombre de quatre»
    4-Depuis des années Tripoli est une imara salafiste sous protection et financement saoudo-haririen» in «Le Liban dans le contexte convulsé du Proche-Orient » de Georges Corm, dans Afkar/Ideas 36 – janvier 2013
    5 - Georges Corm dénonce ce constat dans la revue «Moyen Orient», n°17 de janvier 2013, page 12, dans les termes suivants : «Pour maintenir l’autoritarisme dans toutes les sociétés musulmanes, on a trouvé commode cette interprétation wahhabite de l’islam qui fait appel aux écoles les plus radicales, tel un adjuvant extraordinaire pour maintenir le contrôle sur les populations.»
    6- «Son but final [AlQaïda], sera d’éradiquer tous les mécréants et de répandre le wahhabisme partout pour l’avènement du Grand Califat avec à sa tête le «Serviteur des deux Lieux saints», titre que se donne le gardien des lieux saints de l’islam : le roi Ibn Saoud qui sera auréolé du titre envié d’Amir El Mou’minin, Commandeur des croyants - in «La peste noire ou le wahhabisme triomphant » de Rachid Barnat, sur
    El Kasbah News, 18 janvier 2013
    7- Hala Kodmani «les pays du Golfe ne veulent probablement pas que les transitions arabes réussissent. Ils préfèrent maintenir un désordre maitrisé pour ne pas être atteints par de bons exemples » confirme Hasni Abidi. » - In Confluences Méditerranée n°84 – L’implication du Qatar dans les révolutions arabes.
    8 - Le CCG vient de faire un choix politique et stratégique important mais douteux, pour ne pas dire aventureux : aller vers sa logique utltime, soit devenir une sorte de sainte alliance (La Tribune du Sahara 17 mai 2011).
    9 - Hala Kodmani, l’incapacité du Qatar à entretenir son influence propre et la convergence de ses opinions wahhabites avec l’Arabie Saoudite (Confluences Méditerranée n°84)
    10 - Georgio Kafiero : en misant sur des chevaux différents en Egypte et en Tunisie, l’Arabie Saoudite et le Qatar sont devenus rivaux (site Epoctimes, 10 octobre 2012)
    11 Gilles Kepel : «Soutenus par le Qatar, les Frères veulent s’emparer du pouvoir par le haut en prenant le pays par les urnes» (Liiberté du 6 avril 2012)
    12 - Karim Sader : «Le minuscule émirat tire les pleins bénéfices de cet affaiblissement et entend s’imposer comme le nouveau pôle d’attraction islamique du XXIe siècle) (Confluences n°84)
    13- Qui sont les wahhabites ? - http://www.sunna.info/wahhabite/wahhabites/_CadreWah.php
    14 - Kapitalis – 25 janvier 2013 – «Un imam algérien avertit les Tunisiens contre l’invasion du wahhabisme »
    15 - El Watan 31 janvier 2013 «Imams érudits et prédicateurs du Sahel se rencontrent à Alger - Une ligue pour combattre le fanatisme religieux »
    16 - «Par la diffusion de leur doctrine, les wahhabites sont l’origine de toutes sortes de groupes qui, au nom de la légitimité de l’individu à être indépendant pour interpréter les textes, se permettent les assassinats, le terrorisme, la formation de groupes entrainés aux meurtres, aux pillages et aux viols. Ils considèrent effectivement qu’hormis eux, tout le monde est mécréant, à maltraiter et à abattre.»
    17 - «Traditionnellement, le canal de financement de ces mouvances salafistes se fait par le biais d’organisations humanitaires et caritatives islamiques, ou présentées comme telles, ou via des membres de la famille royale, de Samir Amghar, in «Comment la mouvance salafiste carbure aux pétrodollars saoudiens» France 24 – 27 septembre 2012
    18 - de Samir Amghar, in «Comment la mouvance salafiste carbure aux pétrodollars saoudiens» France 24 – 27 septembre 2012
    19 - Sur le site du Monde, le 13 mars, article «Berlin interdit 3 groupes salafistes»
    20 - Voir «Fin de l’exercice Gulf Falcon 2013 au Qatar» sur le site Défense
    21 - Georges Corm, Afkar/Ideas : «(...) les 3 piliers des alliances américaines, en dehors du Japon et du monde occidental, sont l’Arabie Saoudite, le Pakistan et Israël»

    Source :

    El Watan :: lien

  • « Contre l’Europe de Bruxelles. Fonder un Etat européen ? » de Gérard Dussouy

    « L’Union européenne, est à la dérive. La question commence à être posée de sa fin possible… »
    L’Union européenne a un bilan catastrophique. Mais il ne faut pas mélanger des institutions mondialistes et l’avenir d’un continent. Il ne faut pas davantage confondre l’Union européenne, construction provisoire, et une civilisation millénaire, la civilisation européenne. C’est en tout cas la conviction du professeur Gérard Dussouy auteur d’un ouvrage nerveux : « Contre l’Europe de Bruxelles. Fonder un Etat européen ». Un livre à contre-courant préfacé par Dominique Venner : deux raisons de s’y reporter !  En voici en tout cas la présentation critique par Pierre Le Vigan.
    Polémia.

    « L’Union européenne, est à la dérive. La question commence à être posée de sa fin possible, à travers les difficultés récurrentes de la zone euro et l’inefficience de ses principaux rouages. Le repli sur ses vieilles nations serait-il pour autant la planche de salut d’une expérience malheureuse et qui aurait tourné court parce qu’elle allait à contre-sens de l’Histoire ? Certainement pas, quand on constate que tous les pays européens présentent, à des degrés divers, le même syndrome caractéristique des fins de cycle civilisationnel.
    Plus que jamais, le seul recours est dans la construction de. L’Etat européen, par et pour les peuples d’Europe. » Gérard Dussouy
    L’Europe oscille entre le dogme suranné de la souveraineté nationale, suranné parce que la souveraineté réelle ne peut plus s’exercer à ce niveau, et un européisme angélique dont l’impuissance à résoudre les problèmes qui se posent aux Européens ne peut qu’alimenter la nostalgie des souverainetés nationales. Une double impasse. Gérard Dussouy, géographe et spécialiste des questions de la mondialisation, montre la convergence pour l’Europe de plusieurs crises : une crise démographique, – l’Europe ne renouvelle pas sa population, vieillit et son poids dans le monde s’amenuise -, une crise identitaire liée à l’immigration – fausse solution au problème précédent et même facteur aggravant (« l’immigration met un terme à toute mémoire collective, qu’il s’agisse de la mémoire européenne ou de la mémoire nationale »), une crise économique marquée par le sous-emploi et le déplacement du centre de gravité mondial vers « le Grand Océan » c’est-à-dire l’Océan Pacifique plus l’Océan Indien, enfin une crise de la volonté et de la représentation même de l’Europe. Ce dernier point mérite attention : il fait de l’Europe de Bruxelles un objet politique non identifié. Les dirigeants européens refusent, seuls dans le monde, de se penser garants d’une histoire, d’une identité, d’un destin collectif. Ils ne veulent fixer à l’Europe ni un contenu, ni des frontières, ni un objectif mobilisateur. L’irénisme des dirigeants, leur incapacité à doter l’Europe d’un outil militaire conséquent n’est que le corollaire de cette absence de vision proprement politique. Bernard-Henry Lévy affirme : « S’il y a un sens à être européen, c’est précisément des valeurs qui ne sont pas liées au sol natal, mais qui ont vocation à s’universaliser, qui valent pour tous les humains. Le sens de l’Europe, c’est le sens de l’universel » (29 janvier 2013). Selon les intellectuels mondialistes, l’Europe doit donc être « ouverte vers l’ouverture ». Tous « unis vers l’uni » en d’autres termes. Cet universalisme l’a pour l’instant emporté : l’Europe refuse d’affirmer tous les éléments constitutifs de son identité (« demain nous fêterons les Blandine » nous dit-on mais jamais « demain ce sera la Sainte Blandine » !). Nous en sommes là : l’Europe est le seul lieu du monde qui refuse d’affirmer ce qu’il est sur son propre sol.
    Gérard Dussouy remarque : « L’Union Européenne n’est qu’un système régional de négociations internationales ; au mieux est-elle assimilable à une confédération économique. » Mais comme il n’y a pas de bonne économie sans bonne politique l’Europe s’enfonce dans tous les domaines. Elle risque de disparaître, quelques décennies seulement après sa réunification à la chute du mur de Berlin. Etrange paradoxe. Une étrange défaite sans même avoir combattu.
    « Les Européens, s’ils entendent être partie prenante au jeu multipolaire qui s’organise entre les Etats-Unis et les puissances asiatiques, n’ont pas d’autre choix que de se réunir dans un Etat continental. »
    Il est bien tard, mais le pire n’est pas encore certain pour l’Europe. Gérard Dussouy propose un changement radical d’orientation. Il ne retient pas la solution d’une simple confédération d’Etats. Cette piste, dite souvent celle des « Etats-Unis d’Europe », est sans doute suffisante quand un Etat ou un groupe d’Etats est assuré de ses frontières, de la cohésion de ses peuples, de son identité, de son unité historique. C’est le cas des Etats-Unis d’Amérique. Mais cette piste est complétement inadaptée à la situation actuelle de l’Europe.  Notre Europe est menacée de disparition en tant que civilisation, ses peuples eux-mêmes ne sont pas à l’abri d’une extinction. Faiblesse démographique et fatigue du sens se conjuguent. L’auteur propose ainsi un Etat européen, bien entendu fédéral, et assis sur des Etats eux-mêmes régionalisés, voire fédéraux. La France serait ainsi redécoupée en une quinzaine de grandes régions toutes suffisamment importantes pour avoir une certaine viabilité économique et pour éviter la main-mise de Paris et sa région. Le localisme s’articulerait ainsi avec un grand espace européen autocentré (André Grjebine). Ceci irait bien sûr avec le rétablissement d’une préférence économique européenne abandonnée à Maastricht en 1992. L’immigration extra-européenne devrait être totalement et définitivement arrêtée afin de limiter la fragmentation ethnique déjà à l’œuvre. L’économie devrait être réorientée vers une économie productive, en tournant le dos, notamment en France, à la création excessive d’emplois publics par les collectivités territoriales dont le nombre de niveaux (communes, communautés de communes, départements, régions) est à l’évidence trop important. L’auteur réhabilite aussi la notion de sécurité sociétale (Ecole de Copenhague avec Charles-Philippe David)  qui insiste sur le fait qu’une société « est définie par son identité et que celle-ci s’exprime en termes culturels. » C’est cette exigence qui est à l’origine de ce que Dominique Reynié a appelé « populisme patrimonial » c’est-à-dire la revendication de rester soi-même dans son style de vie.
    « L’essor des phénomènes migratoires va exacerber les réflexes communautaristes, aussi bien parmi les populations d’accueil que parmi les populations immigrées. »
    Au rebours d’Emmanuel Kant et de Hegel, les intellectuels en vogue ont dépassé l’anxiété cartésienne, qui est l’écart perçu entre le monde et sa compréhension, mais par le bas. Ces intellectuels ont expliqué que cette angoisse n’a plus lieu d’être car la marche du monde n’est faite que de contingence. Rien n’est explicable dans l’histoire, ce qui nous débarrasse d’un lourd fardeau. L’ennui c’est que rien n’est plus faux. Au contraire, Gérard Dussouy montre que l’histoire est un rapport de forces. Il faut savoir vouloir, et se donner les moyens de sa volonté. L’Europe n’est certes pas une nation, reconnait l’auteur. Mais elle est une civilisation, une façon d’être au monde. Elle peut donc être le creuset d’un Etat européen. Il faut pour cela un saut qualitatif : non une Europe des Etats (soit une addition d’impuissances) mais des transferts de souveraineté à un Etat européen. Il faut pour cela cultiver un « patriotisme géographique » (Jean-Marc Ferry), tout autre que le « patriotisme constitutionnel » cher à Jürgen Habermas. Ce patriotisme européen à naître, c’est peut-être la présence d’une statue de Roland de Roncevaux à Riga qui en donne le signal. Puisse cet exemple être contagieux et éveiller l’âme des peuples européens.
    Pierre Le Vigan, Metamag 29/04/2013 http://www.polemia.com
    Gérard Dussouy, Contre l’Europe de Bruxelles. Fonder un Etat européen, préface de Dominique Venner, Tatamis, 2013, 188 p.

  • Journal hebdomadaire de Voix de la Russie – 13 mai 2013

    Au sommaire de cette édition :
    ELouvois, Chorus : le ministère de la défense n'en finit pas d'étaler son incompétence
    ENouvelle vague de russophobie organisée et entretenue par les médias
    EPendant ce temps, la répression policière s'abat sur une France de moins en moins docile
    ELa Russie donnera à la Syrie les moyens de se défendre, y compris contre Israël
    ETrafic d'organes au Kosovo : les amis de Bernard Kouchner arrêtés les uns après les autres
    ECôte d'Ivoire : Ouattara aussi populaire et efficace que François Hollande en France
    EPour le 75ème anniversaire de sa mort, le Centre russe pour la science et la culture  rend hommage à Fedor Chaliapine

    http://www.francepresseinfos.com/