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  • Des élections présidentielles en Iran

    Des élections présidentielles en Iran
    Je me vois contraint de revenir sur les résultats de la dernière élection présidentielle qui eut lieu le 14 juin en Iran, tant celle-ci sembla laisser la mouvance indifférente. L'un des problèmes majeurs de la mouvance est justement de s'intéresser par trop aux problèmes strictement franco-français au motif du nationalisme; c'est pourtant là une grave erreur sachant que notre pays ne vit nullement sous un globe de pendule, comme s'il était préservé de toutes influences étrangères. Dans les faits, la plupart des problèmes auxquels nous sommes malheureusement confrontés, ne sont pas endogènes. Faut-il faire preuve d'une clarté quelque peu éblouissante pour les rappeler ?

    1/ Le chômage n'est nullement spécifiquement français.
    2/ L'écart croissant entre les salaires n'est pas spécifiquement français.
    3/ Le retour en force de la pauvreté n'est pas spécifiquement français.
    4/ Les délocalisations ne sont pas spécifiquement française.
    5/ Nos lois sont de plus en plus d'origine européenne.
    6/ L'immigration, par définition, est phénomène d'origine étrangère.
    7/ La délinquance que l'on associe souvent à l'immigration, n'est pas non plus spécifiquement phénomène français.

    Ni l'obésité, ni les phénomènes d'anorexie, ni le culte de la consommation, … etc...

    On comprendra dès lors que se polariser sur les problèmes au motif qu'ils sont français procèdent du ridicule: c'est tenter de soigner les conséquences alors que la démarche curatrice consisterait à soigner les causes.

    D'où mon retour sur la dernière élection iranienne, la Perse étant un des pays phare dans le domaine de la géopolitique. Il n'est d'ailleurs pas impossible que si, guerre mondiale venait à advenir, ce serait très probablement dans cette région du globe qu'on en trouverait l'origine.

    Il ne fallu qu'un tour de scrutin pour que les Iraniens élisent leur nouveau président même si, on s'en doute, la barre des 50% ne fut franchie que de justesse (50,71%). C'est donc Hassan Rohani a été élu président de la République islamique dès le premier tour. La participation a été de 72,7 %. Le candidat arrivé en seconde position, Mohammad Baqer Qalibaf, le maire de Téhéran, n’a recueilli que 6 077 292 voix contre les 18 613 329 voix du vainqueur. Voilà assurément qui constitue un avertissement au Guide Ali Khamenei, situé lui côté conservateur (principaliste).

    Une remarque vient spontanément à l'esprit: comment se fait-il que dans un pays que l'on présente en occident avec autant de tares, des élections démocratiques aient pu avoir lieu, ce au point de renverser la tendance en place. Comment se fait-il qu'il y ait de temps à autres, des manifestation en Iran, alors même que ce régime est si souvent qualifié de dictatorial quand ce n'est pas totalitaire. Pourquoi donc évoquer une théocratie de type médiéval, alors même que des groupes de rock sataniques ont là-bas, pignon sur rue.

    La première victime de cette élection démocratique, c'est l'occident menteur, désormais ridiculisé.
    Childéric Fonteney http://www.voxnr.com

  • L’impensé de la théorie du genre

    Ex: http://www.dedefensa.org/

    Avant d’entrer dans le sujet, je précise que je suis historien de formation et que je « cherche sur l’homme », suis anthropologue. Ceci afin non de donner à ma parole une autorité mais pour situer le lieu où je place le débat qui va se révéler choquant pour certains. Je précise en outre que contrairement à l’homo latin qui a donné humus, anthropôn désigne celui « qui voit en haut ». Le Parlement vient d’adopter le mariage homosexuel. Il a pour lointaine origine, il faut le savoir, la théorie du genre. Cette décision est historique.

    La théorie du genre est une invention féminine étatsunienne. Elle est, disons-le sans crainte de faire hurler les suppôts, dégénérée. Dégénérée au sens d’une incapacité à générer, à régénérer. L’américanisme étatsunien est un Système en dégénérescence. Sur le modèle pourtant de la réplique célèbre « Sire, pire qu’un crime c’est une faute », plus que dégénérée, elle est irrationnelle et folle. Elle revient à dire que si la femme n’était pas formatée par l’éducation pour être femme elle serait… quoi ? un homme évidemment, pas un ouistiti ! Donnez des voitures rouges, un marteau, des clous, à une petite fille et la barbe lui poussera après 14 ans ! offrez une poupée bleu-virginal au bambin turbulent, il deviendra bon papa, féministe et peut-être homosexuel non-violent! Dans la première hypothèse, notre chirurgie prométhéenne, lui donnera le membre désiré, dans la seconde « la femme sera l’avenir de l’homme ». Au fond, que souhaite cette « gendrie » ? C’est simple, elle veut un monde uniquement masculin car ces femmes là ont leur féminité en horreur. Ces menstrues, ces enfantements, cet allaitement, cet « esclavage millénaire », elles n’en veulent plus! Ce masculin, qu’elles trouvent haïssable quand il est revêtu d’un corps d’homme devient magnifique déguisé en Elles !

    Si la théorie gendrique, qui n’est qu’une suite en mal majeur de l’œuvre insipide de madame de Beauvoir, prétend que les filles élevées « comme des femmes » le deviennent (c'est-à-dire ces femmes esclaves de l’homme), elle aura du mal à affirmer que les hommes ne sont pas eux aussi élevés « comme des hommes » et que donc, leur machisme, plus appris qu’inné, ne devrait en aucune façon les rendre capable du moindre féminisme alors que justement notre époque en est pleine de ces hommes dont le parti pris -à l’insu de leur plein gré !- crève les yeux, qu’ils soient sociologues, éducateurs, journalistes, ministres. Ils hantent les médias, les écoles, les services sociaux, les ministères, les tribunaux, la police, et… l’armée!

    Inversement, ce qui est contestable dans l’éducation des femmes parce que produisant des « esclaves », peut difficilement faire comprendre qu’elles soient devenues féministes malgré cette éducation et qu’en ce qui concerne les hommes élevés comme des machistes il devrait être impossible qu’ils deviennent des féministes et plus encore de vraies femmes, si l’on pense aux transsexuels recourant eux aussi au bistouri pour se faire ouvrir une fente dans le corps et surtout dans l’esprit. Des hommes féminisés, des hommes désireux d’être femme et se comportant comme elles, il y en a toujours eu et il y en aura toujours et ce de plus en plus, vu la loi Taubira désormais votée par les FLR, les féministes-libéraux-républicains (gauche et droite mêlées) qui veulent nous faire croire (et se faire croire), qu’ils votent pour l’« égalité » alors qu’ils votent pour l’abolition des sexes, confirmant en cela la prédiction de Freud, plutôt humoristique à l’époque, qui désormais tourne au cauchemar.

    Un « machiste » par contre, c'est-à-dire un homme éduqué par une mère aimante mais pas possessive et un père droit mais pas dur, est quelqu’un qui ne deviendra ni un "pédé", ni une "tante", termes interdits selon la loi car homophobes, mais qui avaient le mérite, (pour ceux qui ont passé la cinquantaine), de situer l’enjeu avec une bienveillante ironie. Alors bien sûr, dès que vous utilisez ces termes, non seulement vous êtes mis au ban de la bien pensance mais certains psychanalystes féministes déclarés, vous envoient à la figure leur verdict : Vous êtes homophobe, cher monsieur, parce vous refoulez votre homosexualité !... c’est pour ça que vous la repoussez avec horreur !... Refouler, notion psychanalytique devenue une sorte de « chef d’accusation », appréciation psychologique tombant au niveau du juridique.

    A contrario, l’homme féministe (outre le fait qu’il a été éduqué par une mère castratrice et un père sans autorité, sans phallus au sens freudien) est un homme qui, si on y réfléchit deux secondes, n’a pas eu beaucoup de peine à le devenir pour la simple raison que, n’ayant pas ce phallus que le père aurait dû lui transmettre, mais possédant quand même un organe percé au bas de son dos, en est préoccupé. Et les psy, d’autres psy, savent aussi que ce « trou-la-la » là (humour qui je l’espère n’hérissera personne), quand on y pense trop, qu’on lui pose comme jadis le sphinx des questions métaphysiques, il finit lui aussi par questionner l’esprit juché au sommet du même dos en lui murmurant : Ne suis-je pas une femme comme tout le monde ? Si cet homme vit avec une féministe, les chances existent qu’il se laisse aller à l’homosexualité et devienne la "tante" déjà mentionnée, qu’il quitte son épouse et aille faire couple avec celui qui le confirmera dans son choix du même. Ça sera souvent celui qui fera de lui la femme qu’il a rêvé d’être, celui que pudiquement on appelle sodomite, terrorisé qu’on est à l’idée de dire avec des mots grossiers, des choses grossières : celui qui l’enc… Le sodomite étant (hormis le héros sadien qui est souvent un fou furieux meurtrier) celui qui, récusant ou craignant l’orifice féminin et le féminin en général, se dévoue pour faire plaisir à celui qui veut être une femme sans en avoir les organes ni les vertus et qui, à ce titre, lève l’interdit, l’angoisse, que tout mâle ressent devant le féminin et qui, pour cette raison, n’hésite pas à souiller son sexe, en l’introduisant - charitablement il est vrai - dans un anus masculin.

    « Vous oubliez la fellation », rétorquent les poètes, ces bonnes âmes qui s’efforcent -sans être sûr d’y arriver-, de ne pas porter de jugement, de rester neutres, « scientifiques » ! C’est en effet une autre option de l’homosexualité masculine. L’ampoule rectale – peu ragoûtante, il faut bien le dire, y compris pour ceux qui la préfèrent à d’autres vestibules – est alors évitée ainsi que le risque de contamination que la médecine souligne en invitant aux préservatifs. Le goût de l’impétrant est invité à se convertir à sa propre substance comme jadis Atoum-Rê le dieu primordial. Et je ne fais pas cette escapade dans l’histoire pour distraire, j’essaye de faire image, de faire imaginer ceux qui ont encore un sens métahistorique et artistique. C’est à ces époques révolues – et plus loin encore – qu’il faut faire retour pour saisir ce mystère.

    Atoum-Rê, dieu originel égyptien, comme l’est le couple Ouranos-Gaia des Grecs, est une des clés de cette énigme. S’enfantant lui-même il vint au monde, sur la colline primordiale. Ceci fait, il continue et le texte ajoute: « Ayant pris sa semence dans sa bouche, il cracha ou éternua, créant Shou, le dieu de l'air, et Tefnout, la déesse de l'humidité ». Atoum-Rê (son double nom indique sa double capacité comme pour le couple ouranien-chtonien) est donc l’initiateur de la première distinction mâle/femelle, le discriminateur de ce qui avant en lui était uni. On a bien sûr une histoire similaire au début de la Genèse, à laquelle le lecteur se reportera. L’Atoum-Rê d’il y a dix mille ou cent mille ans (nos repères temporels habituels se brouillent), est un briseur de rêve, celui précisément fusionnel du Féminin. Rêve qu’on a le droit ici encore de dire dé-généré puisque nos féministes d’un drôle de genre génèrent du sens avec ce mot genre (genus, generis) qui engendre la confusion puisqu’il sous-tend le physique et la… morale. Curieusement, on retrouve ce genre mentionné dans le traité de l’Union européenne reformulé (1), comme dans la loi taubira à l’issue de laquelle l’état civil ne devrait plus indiquer un père homme et une mère femme, mais un genre désexualisé, appelé parent 1 et parent 2. Pourquoi pas parente d’ailleurs ?! On aurait deux Femen, « qu’elles soient hommes ou femmes » !

    L’homosexualité masculine exclusive, permanente, n’est plus une maladie depuis que l’OMS l’a déclassifiée et il serait donc criminel de le prétendre, mais rien ne nous empêche de la dire régressive. Permanente ou intermittente, elle exprime l’angoisse-fascination de l’homme devant la violence d’une sexualité ambivalente et son désir de la nier tout en… l’explorant ! Elle est alors un piment nécessaire aux aventureux pour comprendre par action vécue et non par théories, fussent-elle gendreuses, ce qui s’agite, dans leur subconscient. L’homosexualité féminine par contre, est moins taboue, scandalise moins le commun, car n’invite pas à se nourrir de l’ « étrange substance du dieu ».

    Dans l’acte de fellation, ce qui sauve l’être humain-femme, contrairement à l’homme, c’est l’absorption consciente de son principe opposé, le sperme, hostie unique en son genre que seul le masculin peut lui offrir. Absorber le « jus divin », s’en constituer ou s’en reconstituer, se « masculiniser » par lui de façon fantasmatique, peut alors être vu dans la perspective du geste atoumien comme redécouverte par notre Eve moderne de l’instinct divin originel. Pour être Elle, elle s’abouche au Dieu Originel, recule dans l’archaïque, revient au « premier matin du monde », dans le Monde d’Avant qu’Il Fut. Elle visite la colline primordiale, lointain « mont de Vénus » quand Vénus-Aphrodite était vivante et « plongeait dans l’écume » (aphros = écume, dutès = qui plonge).

    Pour l’homosexuel homme, dont l’être féminin caché jalouse celle qui seule a ce privilège, les choses s’inversent. S’il s’y livre, ce « retour » fait de lui un ouroboros mimétique, falsifié, où se brise la dynamique de la bisexualité, un Narcisse charnel si insatisfait de l’image de son corps qu’il doit trébucher sur « sa chair identique », sur le corps du presque autrui, être à lui-même et pour l’autre, pierre de scandale, se compromettre en impliquant l’autre, s’acter out sur la scène publique pour y être « puni » une seconde fois après s’être puni lui-même dans le secret brûlant de son manque. Explorer plus avant cette thèse (2) dans ses dimensions historiques, anthropologiques, psychologiques ou médicales, exigerait un développement très long. C’est pour l’instant inenvisageable de la proposer à la plupart des sexués humains aveuglés par la propagande mondialiste uniformisante, sauf à quelques happy few qui ne manifestent pas, n’agitent pas d’arc-en-ciel multicolore, mais portent peut-être sur leur front des « lettres de feu ».

    Marc Gébelin http://euro-synergies.hautetfort.com

    Notes :

    (1) Initialement, l’article 2 du Traité sur l’Union européenne dispose que “l’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité ...” Or, dans la résolution du 12 décembre 2012 sur la situation des droits fondamentaux dans l’UE, les parlementaires européens ont légèrement reformulé cet article. Ils considèrent que ce dernier “fonde l’Union sur une communauté de valeurs indivisibles et universelles de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de genre“.

    (2) Des ethnologues ont approché le mystère sans lui apporter des explications convaincantes. Reprenant l’accusation que je dénonçais plus haut, serait-il absurde de leur retourner le compliment d’être « aveuglés par leur homosexualité latente » ? ce qui, je m’empresse de le souligner, ne serait pas une condamnation. Maurice Godelier en est un exemple. Ex-marxiste, donc féministe (puisque le marxisme est un féminisme, une philosophie positionnant le non-agir plus haut que l’agir, l’immanent plus authentique que le transcendant, l’existence plus certaine que l’essence, bref un matérialisme), il tente d’éclairer dans son livre "La production des grands hommes", le système des Baruyas de Papouasie qui vivent une homosexualité masculine initiatique adossée à une domination des hommes sur les femmes qui, toutefois, c’est lui qui souligne, est loin d’être totale. Fidèle à son préjugé de départ qu’il mondialise, il tente de générer une théorie globale où l’homme-dominateur-prétentieux-de-la-femme, est le fil rouge. Il a donc approuvé le fameux « mariage-pour-tous » comme Françoise Héritier, ethnologue de renom elle aussi, mais qui a l’« excuse », elle, d’être une femme. Il était piquant de voir au Palais du Luxembourg, cet hiver, ces deux prophètes de la modernité essayant de convaincre les sénateurs du bien fondé d’une « loi » qui déjà, seulement par son intitulé (mariage pour tous et non mariage homosexuel), montre son mensonge et son désir corollaire de tromper. Godelier, incapable de subsumer son marxisme communisant, en une théorie plus haute qui, tout en tenant compte de la mécanique qui entraine les sociétés humaines à leur insu, n’essaye même pas d’y insérer la transcendance comme le font les grands penseurs tels Shakespeare, Borges ou De Retz, cités dans l’article sur le Kairos.

  • La République sans politique extérieure ?

    Les voyages de M. Hollande sont-ils inutiles ? En tout cas, ils n’ont pas encore assuré au président de la République la stature internationale dont la France pourrait tirer profit et ils ont souvent laissé la drôle d’impression d’un certain amateurisme aux interlocuteurs du président ou aux observateurs et commentateurs, ce qui n’était évidemment pas le but recherché… D’autant plus que, dans la tradition de la Cinquième République, la politique étrangère est l’une des prérogatives les plus importantes du Chef de l’Etat ! Mais il est certain que la République française, en semblant aujourd’hui indécise sur le plan diplomatique, affaiblit ses positions et prête le flanc à la critique : « où est la France ? », demandent certaines capitales, déçues de l’absence apparente de stratégie française et d’un certain « dilettantisme » de la magistrature suprême sur quelques sujets brûlants comme la francophonie ou « la politique des mers ». M. Hollande, à rebours d’un de Gaulle ou d’un Mitterrand, voire de leurs successeurs (souvenons-nous du discours de M. de Villepin devant l’assemblée générale de l’ONU en 2003 face aux velléités bellicistes des Etats-Unis), semble bien « ne pas avoir de plan », là aussi, en politique étrangère : c’est regrettable, même si la réalité est sans doute moins simple. On peut murmurer la fameuse phrase d’Anatole France mise dans la bouche d’un de ses personnages de roman, à propos de la République et que Maurras avait mis en couverture de son essai « Kiel et Tanger », comme un avertissement à qui se ferait encore des illusions : « Ne sois pas de mauvaise foi : tu sais que nous n’en avons pas, de politique extérieure, et que nous ne pouvons pas en avoir. » La République hollandiste semble le confirmer, au grand dam des diplomates français eux-mêmes !

    Ce constat d’Anatole France renouvelé en 2013 est l’occasion, a contrario, de rappeler que la France, née de la fondation et de l’action des Capétiens et de leurs successeurs Valois et Bourbon, trouverait plus d’avantage, en ce domaine, en la Monarchie « à la française » qu’en cette « absence de prince », définition que donnait ce même Anatole France de la République.

    De plus, l'intérêt d'une monarchie politique pour la France est, par une présence diplomatique forte, de limiter les abus de l'économie sauvage en pesant lors des négociations internationales : en renforçant l'Etat à l'intérieur, vous lui donnez plus de poids à l'extérieur.

    Enraciner un Etat politique dans la durée par une magistrature suprême qui ne doive rien aux forces économiques et aux promesses des puissants (puisqu'elle est héréditaire et que la naissance, contrairement aux élections, ne s'achète pas...), c'est le meilleur moyen de jouer un rôle de médiation efficace et de ne pas être soumis aux oukases des multinationales qui font tout, aujourd'hui, pour déposséder les Etats de leurs pouvoirs, parfois même en prônant l’idée d’une « gouvernance mondiale », véritable piège pour les Etats et leurs peuples...
    http://jpchauvin.typepad.fr/
  • Goldman Sachs finance la prostitution des mineures

    « Goldman Sachs, la plus pourrie des banques. Au menu du jour, le trafic des prostituées mineures. L’info ne vient pas d’un site alter, allumé à l’anti-US primaire, mais du New York Times de ce samedi, et sous la signature d’un journaliste de renom, Nicholas D. Kristof.

    Kristof écrit : « La plus grande plateforme du trafic sexuel de jeunes filles mineures aux Etats-Unis semble être un site Internet appelé Backpage.com ». Ce site gère les annonces pour les escort girl. Mais écrit Kristof, Backpage joue un rôle majeur dans la prostitution des mineurs. Le journaliste fait état de nombreuses démarches de la justice et de parlementaires, et il évoque notamment une affaire judiciaire en cours à New York concernant une jeune fille de 15 ans « droguée, ligotée, violée et vendue à travers Backpage »

    Ce véritable magasin de femmes et de fille est la propriété de la société Village Voice Media, et comme pour nombre de sociétés US, il est difficile d’en connaitre les propriétaires. C’est sur cette question que Kristof a enquêté… et a trouvé : « Nous avons résolu le mystère. Il apparaît que les vrais propriétaires incluent des sociétés financières, parmi lesquelles figure Goldman Sachs dans une proportion de 16% ».

    Kristof raconte que, lorsque la banque a appris qu’il enquêtait sur le sujet, elle s’est activée pour vendre ses actions, et elle l’a appelé vendredi après midi pour lui dire qu’elle venait de signer la fin de sa participation à la direction du site.

    Andrea Raphael, porte-parole de Goldman Sachs, plaide comme un voyou de seconde zone : « Nous n’avons eu aucune influence sur la conduite de cette compagnie ». Donc, en gros, « on est planté jusque là, mais nous ne sommes que de misérables financiers, sans pouvoir de décision ». Mais Kristof précise  que Scott L. Lebovitz, l’un des managing directors de Goldman, a siégé pendant quatre ans au conseil d’administration de Village Voice Media, jusqu’en 2010.
    Un repentir ? Tu parles ! A cette époque, la situation leur est apparue intenable… car après des enquêtes judiciaires, le Congrès avait lancé les premières enquêtes sur cette société. Scott L. Lebovitz s’est cassé, mais le fric est resté !

    Village Voice Médias annonce être vigilant pour écarter les annonces des trafiquants, mais c’est une juste une plaisanterie. L’État de Washington vient d’adopter une loi prévoyant des sanctions pénales qui seraient applicables si Backpage publie des annonces sans vérifier l’âge des femmes, loi qui s’annonce d’application délicate du fait de la protection de la vie privée.

    Kristof conclut : « Ainsi, depuis plus de six ans Goldman détient une participation importante dans une société connue pour ses liens avec le trafic sexuel, et a siégé parmi les dirigeants de l’entreprise pendant quatre ans. Il n’y a aucun indice pour dire que Goldman a utilisé sa participation au capital pour pousser Village Voice à abandonner annonces d’escort girl ou à vérifier l’âge des jeunes femmes ».

    Comme je suis moins modéré que Nicholas D. Kristof, je conclurai en disant que les dirigeants de cette banque sont des fumiers. »

    Lu ici   http://www.contre-info.com

  • Le G8 appelle à des pourparlers de paix afin de fournir une couverture aux préparatifs de guerre américains contre la Syrie

    Le plan en cinq points pour la Syrie, préparé pour le sommet du G8 par le premier ministre britannique David Cameron, s’avère être un plan qui n’a pas vocation à être appliqué.

    Le 39e sommet du G8 a rassemblé le président américain Barack Obama, le président russe Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre japonais Shinzo Abe, le président français François Hollande, le premier ministre italien Enrico Letta, le premier ministre canadien Stephen Harper, le président de l’Union européenne Herman van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

    Cameron a passé deux jours entiers à mettre le maximum de pression sur Poutine pour qu’il signe la demande de démission du président syrien Bashar el-Assad comme condition préalable à tout accord négocié sur la fin de la guerre civile sanglante dans le pays. Cela serait nécessairement rejeté par le régime syrien, lui ferait boycotter un sommet qui est proposé à Genève, ce qui serait par la suite utilisé comme prétexte pour une intervention militaire complète.

    Il était également espéré que la résolution comprendrait des dénonciations de l’usage des armes chimiques, y compris les assertions sans preuve que les forces syriennes s’en étaient servies. Le gouvernement Obama a employé la technique du «gros mensonge», citant les accusations d’utilisation par la Syrie de telles armes pour affirmer qu’Assad avait franchi une «ligne rouge,» qui justifierait la décision de Washington de commencer à envoyer ouvertement des armes à l’opposition syrienne.

    La Russie rejette l’affirmation que des armes chimiques ont été utilisées et a demandé à voir les preuves sur lesquelles s’appuient les États-Unis. Un autre point proposé était un engagement à s’opposer aux opérations des éléments liés à Al-Qaïda en Syrie. Ce point était inclus pour prendre en considération les inquiétudes sur le fait que l’opposition est dominée par des forces islamistes djihadistes.

    Ce plan proposait en outre «une planification dès le premier jour» pour une transition vers un nouveau gouvernement ayant un pouvoir exécutif.

    Le refus de Poutine d’accéder à ces demandes a fait échouer la machination préparée par Cameron et Obama, mais il ne fera rien pour arrêter les préparatifs de guerre qui sont déjà en cours.

    Le communiqué du G8 demande des pourparlers de paix dès que possible, mais ne mentionne pas le sort d’Assad. Bizarrement, il appelle tant les autorités syriennes que l’opposition à s’engager à la destruction de toutes les organisations affiliées à Al-Qaïda.

    Avant le sommet, Cameron a rencontré Poutine au 10, Downing Street, où le premier ministre russe a dénoncé la décision américaine d’armer l’opposition syrienne. Une réunion avec Obama a été tout aussi glaciale.

    La Maison-Blanche a annoncé vendredi soir qu’elle fournirait des armes au Conseil militaire suprême de l’opposition syrienne, ayant déterminé «avec un haut degré de certitude» que les combattants d’Assad avaient utilisé du gaz neurotoxique sarin. Avant de se rendre au sommet de Lough Erne en Irlande du Nord, Obama a fait des entretiens télévisés pour dissimuler la réalité du fait que les États-Unis vont armer des islamistes affiliés à Al-Qaïda et d’autres groupes du genre qui mènent une guerre sectaire brutale en Syrie.

    Obama a rejeté les comparaisons avec l’Irak sans expliquer pourquoi, insistant au contraire pour dire que «Le fait est que nous avons des intérêts sérieux là-bas [en Syrie] […] Nous ne pouvons avoir une situation de chaos qui perdure dans un pays important qui est frontalier d’un pays comme la Jordanie, qui est lui-même frontalier d’Israël. Et nous avons un besoin légitime de nous engager et d’être impliqués.»

    «Nous ne prenons pas partie dans une guerre de religion entre chiites et sunnites,» a-t-il affirmé.

    En fait, les États-Unis sont responsables d’avoir délibérément attisé une guerre civile sectaire, et ils se servent maintenant des morts et du chaos qu’elle a provoqués comme prétexte pour intervenir militairement.

    Faisant une critique explicite de Moscou, Obama a ajouté, «Assad, à ce stade – en partie en raison du soutien de l’Iran et de la Russie – croit qu’il n’a pas à s’engager dans une transition politique, il croit qu’il peut tout simplement continuer à réprimer par la violence plus de la moitié de la population.»

    Le président américain n’a pas pu expliquer comment Assad est censé s’engager dans une transition politique alors même qu’il va en être exclu.

    Obama et Poutine se sont rencontrés pendant une heure lundi, leurs premiers pourparlers en face à face depuis un an, et ont tenu une conférence de presse après. «Bien sûr nos opinions ne coïncident pas,» a dit Poutine, pendant qu’Obama notait que lui et Poutine avaient «des perspectives divergentes sur la Syrie.»

    Ce soir-là, Cameron a organisé un dîner privé pour les chefs de gouvernement uniquement, soi-disant pour permettre à tout le monde de parler franchement. Cependant, l’atmosphère était sans aucun doute ternie par les révélations du lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden qui a dit que la Grande-Bretagne espionne systématiquement tous ceux qui participent à de telles conférences.

    Cameron avait menacé qu’à moins que Poutine n’accepte son plan en cinq points, les sept autres membres du G8 feraient leur propre déclaration. Mais les responsables russes ont clairement dit qu’il n’y aurait aucun accord substantiel.

    Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergei Ryabakov a dit plus tôt que la Russie avait refusé d’accepter une quelconque mention du sort d’Assad dans le communiqué. «Cela ne serait pas seulement inacceptable pour les Russes, mais nous sommes convaincus que ce serait totalement faux, dommageable et modifierait complètement l’équilibre politique,» a-t-il dit.

    Le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov, s’exprimant depuis le Koweït, a dit, «Nous sommes catégoriquement contre […] les déclarations que la conférence devrait être une sorte d’acte de capitulation politique de la part de la délégation du gouvernement [Syrien] suivie d’une passation du pouvoir à l’opposition.»

    Donnant une idée de l’intensité des tensions, Hollande a déclaré publiquement, «Comment peut-on admettre que la Russie continue de livrer des armes au régime d’Assad alors que l’opposition n’en reçoit que très peu – et se fait massacrer ?»

    Après une dernière session non prévue sur la Syrie mardi, au prétexte de discuter du contre-terrorisme, le communiqué final dilué a été publié. La Russie et les États-Unis ont ainsi officiellement accepté de se rendre à des pourparlers de «paix» à Genève le mois prochain, bien que la plupart des commentateurs disent qu’ils s’attendent à présent à ce qu’il n’y ait aucune réunion avant au plus tôt le mois d’août.

    Le Guardian a cité des sources britanniques disant que Poutine aurait affirmé en privé qu’il n’avait aucun engagement personnel envers Assad et accepterait un gouvernement de transition sans lui, tant qu’il n’y aurait aucun vide politique au pouvoir et que le gouvernement comprenait des représentants de confiance du régime actuel et de son armée. Quoi que Poutine ait dit ou non, ceci un appel tacite à un coup d’État pour déposer Assad tout en préservant le régime bassiste.

    Quoi qu’il advienne par la suite sur le front diplomatique, les choses vont se poursuivre rapidement sur la scène militaire. Washington s’engagera dans une discussion sur le type d’armes et d’autres mesures nécessaires pour «faire pencher la balance» en faveur des opposants d’Assad.

    Obama va présenter les envois d’armes sous les termes les plus anodins – de petites armes qui ne sont «pas à la hauteur» de l’armement sophistiqué de l’armée syrienne, alors même que la France s’associe à l’Arabie saoudite pour apporter aux prétendus «rebelles» des missiles anti-aériens MANPADS de la classe Mistral, ainsi que des armes antichars.

    Obama va en outre continuer à questionner publiquement l’efficacité d’une zone d’exclusion aérienne, alors même que l’on en prépare une activement.

    Les États-Unis étudient déjà la possibilité d’établir une zone d’exclusion aérienne en Syrie, proche de la frontière sud avec la Jordanie, d’après deux diplomates occidentaux de haut rang en Turquie et un troisième dans la région. Samedi, les États-Unis ont confirmé que le ministre de la Défense Chuck Hagel avait approuvé une demande jordanienne que les chasseurs F-16 et les missiles Patriot restent dans le pays après un exercice militaire conjoint cette semaine. Des batteries de missiles Patriot ont déjà été stationnées à la frontière turque.

    Pour leur part, les gouvernements de Cameron et de Hollande vont entamer leurs propres discussions sur la question de savoir si le Royaume-Uni et la France se joindront aux États-Unis dans leurs envois officiels d’armes à l’opposition.

    La guerre contre la Syrie est refusée par la grande majorité des travailleurs aux États-Unis et en Europe. 70 pour cent des Américains s’opposent à l’armement de l’opposition, d’après l’institut Pew Research, tandis que 17 pour cent seulement des Britanniques soutiennent l’initiative américaine. Mais la guerre va continuer à être préparée à l’insu des peuples pour que les grandes puissances puissent se partager entre eux les pays riches en pétrole du Moyen-Orient.

    Chris Marsden http://www.mondialisation.ca

    Article original, WSWS, paru le 19 juin 2013

  • Le gaz sarin est aussi volatile que les promesses de Washington

    La Syrie a-t-elle ou non utilisé du gaz sarin contre son opposition armée ? Après avoir hanté les colonnes des journaux, la question a trouvé pour Paris, Londres et Washington une réponse positive. La ligne rouge aurait été franchie. La guerre serait donc imminente. En réalité, ce jeu médiatique arrive trop tard. En termes de droit international, la Syrie n’est pas signataire de la Convention sur les armes chimiques et peut donc les utiliser librement. Inutile d’inventer l’usage par Damas d’armes de destruction massive, la guerre touche à sa fin.

    La question de l’usage de gaz sarin par les troupes régulières syriennes ressemble à un jeu de dupes. Interrogé à ce sujet, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdisi, déclarait, le 23 juillet 2012, que son pays était susceptible d’en disposer et d’en faire usage exclusivement contre des ennemis extérieurs. Cette déclaration a été interprétée par la presse des États de l’OTAN et du CCG comme une menace à l’encontre des « rebelles », dans la mesure où Damas affirme qu’ils sont —comme jadis au Nicaragua— des « Contras », largement étrangers. Elle désignait en fait, et sans contestation possible, à la fois les membres de l’OTAN et Israël. Le porte-parole avait été extrêmement clair sur le fait qu’aucune arme de ce type ne serait utilisée contre des « insurgés » syriens.

    Peu importe, les propos de Jihad Makdisi étaient trop beaux pour une OTAN qui, en 2003, n’avait pas hésité à inventer des « armes de destruction massive » irakiennes. Par deux fois, les 20 août et 3 décembre 2012, le président Barack Obama mettait en garde la Syrie contre le recours à l’arme chimique. « Si nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation », déclarait-il d’abord. Puis « Je veux être absolument clair pour Assad et ceux qui sont sous son commandement : le monde vous regarde, l’utilisation d’armes chimiques est et sera considérée comme tout à fait inacceptable. Si vous faites l’erreur tragique d’utiliser ces armes chimiques, il y aura des conséquences et vous en répondrez ».

    Les faucons libéraux et les néoconservateurs font alors campagne pour une intervention militaire occidentale. Selon eux, la Syrie connaîtrait un « printemps arabe » sauvagement réprimé par un « dictateur  ». La communauté internationale se devrait d’intervenir au nom de grands idéaux. Pas un mot évidemment sur les années de préparation et le financement de ce « printemps arabe », par l’OTAN et le CCG, pour s’approprier les hydrocarbures syriens et imposer un régime sioniste islamiste. Ainsi, le professeur Anne-Marie Slaughter, ancienne directrice de la planification auprès d’Hillary Clinton (2009-2011), compare le laissez-faire d’Obama en Syrie au cas rwandais dans le Washington Post [1].

    En 2003, la preuve des « armes de destruction massive » irakiennes était venue d’un témoin surprise. Alors que le chef de la mission d’inspection des Nations Unies, Hans Blix, confirme devant le Conseil de sécurité que de telles armes n’existent plus en Irak depuis 1991, Hussain al-Shahristani, un scientifique en exil, expose un témoignage donnant raison au secrétaire d’État Colin Powell : Saddam Hussein dispose d’armes chimiques, bactériologiques et nucléaires. Ses propos sont confirmés par l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres. Aucune de ses affirmations ne résistera aux faits. Une fois, l’Irak envahi, pillé et détruit, Washington admettra s’être trompé, tandis que son faux témoin deviendra Premier ministre adjoint de l’Irak « libéré » et que l’IISS continue ses opérations de propaganda.

    Cette fois, le travail d’intoxication revient à la France et au Royaume-Uni. Les deux puissances coloniales qui s’étaient partagées le Proche-Orient en 1916 poussent à une intervention militaire occidentale malgré les trois vétos russes et chinois. Le 27 mai, à la veille d’une réunion cruciale des ministres européens sur la possible livraison d’armes aux « rebelles », Le Monde publie une enquête de Jean-Philippe Rémy attestant de l’usage de gaz sarin à Damas. Le reporter a rapporté des échantillons de sang et d’urine qui ont été testés par un laboratoire militaire français. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, réagit au quart de tour, puis le gouvernement britannique qui dénonce un « crime de guerre ». En définitive, selon la Maison-Blanche : « notre communauté du Renseignement atteste que le régime d’Assad a utilisé des armes chimiques, incluant du gaz sarin, à une petite échelle, contre l’opposition de multiples fois durant l’année passée ».

    Le problème est qu’il n’y a pas de problème : premièrement l’usage du gaz sarin est interdit depuis 2007 par la Convention sur les armes chimiques qui n’a été ratifiée ni par Israël, ni par la Syrie [2] De facto, ces deux États peuvent en fabriquer, en détenir et en utiliser légalement sans commettre de « crime de guerre ». Deuxièmement, l’usage de gaz sarin par les troupes régulières a beau être confirmé par Paris, Londres et Washington, elle reste fort peu probable. Le cas rapporté par Le Monde ne peut que surprendre : l’Armée arabe syrienne en aurait fait usage dans Damas, dans le quartier de Jobar, sans que le gaz franchisse la rue et atteigne la population civile du reste de la capitale. Les combattants touchés ne souffriraient pas de convulsions, indiquant une dissémination très faible. Ils se soigneraient avec des ampoules d’atropine, mais aussi avec des traitements locaux, notamment des gouttes dans les yeux, ce qui paraît inutile pour un gaz qui pénètre par la peau. Bref, les preuves franco-anglo-US ne résisteront probablement pas plus à l’épreuve des faits que celles accumulées par George W. Bush et Tony Blair contre l’Irak.

    Transmises par Washington à Moscou, les preuves occidentales ont fait rire Yuri Ushakov, le conseiller de politique étrangère du Kremlin. Il n’a pu s’empêcher de penser à la prétendue fiole d’anthrax brandie par Colin Powell au Conseil de sécurité.

    Dans la cas où l’usage de gaz sarin serait considéré comme une abomination nécessitant une intervention internationale, on se demande bien pourquoi les allégations de Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête du haut Commissariat aux Droits de l’homme, n’ont pas suscité les mêmes réactions. Elle déclarait, le 5 mai 2013, à la télévision suisse, que : « Lors de notre enquête – c’est-à-dire que notre équipe d’enquête interroge dans les pays voisins les diverses victimes ainsi que les médecins dans les hôpitaux de campagne sur place – j’ai lu la semaine dernière dans un rapport qu’il y a des indices concrets, même s’ils ne sont pas encore prouvés de façon irréfutable, que du sarin a été utilisé. On peut déduire cela de la façon dont les victimes ont été traitées. Et qu’il a été utilisé par les opposants, donc par les rebelles, et non pas par le gouvernement ». Les propos de la magistrate ne faisaient que confirmer les revendications de l’Armée syrienne libre qui, le 5 décembre 2012, montrait de pénibles tentatives de se doter d’armes chimiques et menaçait les alaouites d’en faire usage contre eux [3]. Toutefois, il n’y eut aucune réaction, vu le démenti cinglant apporté par sa propre Commission à la demande de la Haut-Commissaire, Navy Pilai. En l’absence de consigne politique, les propos de l’ex-procureure helvétique n’engagent qu’elle même.

    Une fois admis l’usage de gaz sarin par l’armée régulière, la Maison-Blanche dispose d’un argument pour légaliser ce qu’elle fait depuis le début du conflit : livrer des armes aux « Contras » [4]. S’engouffrant dans la brèche, le général Salim Idriss, commandant en chef de l’Armée syrienne libre, a passé commande de roquettes antichar et de missiles sol-air. Elles peuvent être utiles, mais pas décisives, car ce dont son « armée » a besoin, c’est d’hommes bien plus que de matériels. Cependant les livraisons US devraient se limiter à des armes légères et à des munitions : la guerre tire à sa fin. Washington n’espère plus conquérir la Syrie, juste faire liquider le Front Al-Nosra par l’ASL. Ceux qui ont cru en ses promesses en paieront les frais. La Turquie est paralysée par un soulèvement contre la politique des Frères musulmans, incarnée par Recep Tayyip Erdoğan, tandis que Washington vient de contraindre l’émir Hamad Al-Thani à céder le trône du Qatar à son fils Tamim. Le moment du nouveau partage du Proche-Orient, entre Russes et États-uniens, approche.

    [1] « Obama should remember Rwanda as he weighs action in Syria », par Anne-Marie Slaugter, The Washington Post, 26 avril 2013.

    [2] Cf. le site officiel de l’OPWC.

    [3] « L’ASL expose son laboratoire d’armes chimiques », Réseau Voltaire, 5 décembre 2012.

    [4] « Exclusive : Obama authorizes secret U.S. support for Syrian rebels », par Mark Hosenball, Reuters, 1er août 2012.

  • Ce que vous ignorez sur le Groupe de Bilderberg

    Depuis plusieurs années, l’idée s’est répandue que le Groupe de Bilderberg serait un embryon de gouvernement mondial. Ayant eu accès aux archives de ce club très secret, Thierry Meyssan montre que cette description est une fausse piste utilisée pour masquer la véritable identité et fonction du Groupe : le Bilderberg est une création de l’OTAN. Il vise à convaincre des leaders et à manipuler l’opinion publique à travers eux pour la faire adhérer aux concepts et aux actions de l’Alliance atlantique.

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    Première réunion du Groupe, à l’hôtel Bilderberg (1954)

    Chaque année, depuis 1954, une centaine des plus éminentes personnalités d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord se réunissent —à huis clos et sous très haute protection— au sein du Groupe de Bilderberg. Leur séminaire dure trois jours et rien ne transparait de leurs débats.

    Depuis la dislocation de l’Union soviétique, des journalistes se sont intéressés à cette organisation élitiste et secrète. Certains auteurs y ont vu un embryon de gouvernement mondial et lui attribuent les principales décisions politiques, culturelles, économiques et militaires de la seconde moitié du XXe siècle. Une interprétation qu’a relayée Fidel Castro, mais que rien n’est venue confirmer, ni infirmer.

    Pour savoir ce qu’est ou n’est pas le Groupe de Bilderberg, j’ai cherché des documents et des témoins. J’ai eu accès à l’intégralité de ses archives pour la période 1954-1966 et à de nombreuses pièces ultérieures, et j’ai pu discuter avec un de ses anciens invités que je connais de très longue date. Aucun journaliste à ce jour, et certainement pas les auteurs à succès qui ont popularisé les clichés actuels, n’a eu accès à tant de documents internes du Bilderberg.

    Voici ce que j’ai découvert et compris.

    La première réunion

    70 personnalités, issues de 12 pays, participent à la première réunion du Groupe. C’est un séminaire de trois jours, du 29 au 31 mai 1954, près d’Arnhem (Pays-Bas). Les invités sont répartis dans deux autres hôtels avoisinants, mais les débats se tiennent dans l’établissement principal qui donna son nom au Groupe.

    Les invitations, à en-tête du Palais de Soestdijk, sont sybillines. : « J’apprécierais vivement votre présence au congrès international, sans caractère officiel, qui se tiendra aux Pays-Bas vers la fin du mois de mai. Ce congrès désire étudier un certain nombre de questions d’une grande importance pour la civilisation occidentale et a pour but de stimuler le goodwill et l’entente réciproque grâce à un libre échange de vues ». Elles sont signées du prince consort des Pays-Bas, Bernhard zur Lippe-Biesterfeld, et accompagnées de quelques pages d’informations administratives sur le transport et l’hébergement. Tout au plus y apprend-on que les délégués seront issus des États-Unis et de 11 États ouest-européens, et que 6 séances de travail de 3 heures chacune sont prévues.

    Vu le passé nazi du prince Bernhard (qui avait servi dans la cavalerie SS jusqu’à son mariage en 1937 avec la princesse Juliana) et dans le contexte du McCarthysme, il est clair que les « questions d’une grande importance pour la civilisation occidentale  » tournent autour de la lutte contre le communisme.

    Une fois arrivé sur place, l’impression des invités est tempérée par les deux présidents de séance : l’entrepreneur états-unien John S. Coleman et le ministre belge sortant des Affaires étrangères Paul van Zeeland. Le premier est un militant du libre-échange, le second est un partisan de la Communauté européenne de Défense (CED) [1]. Enfin, on aperçoit en bout de tribune Joseph Retinger, l’éminence grise des Britanniques. Tout cela laisse à penser que les monarchies hollandaise et britannique ont sponsorisé cette réunion pour soutenir la Communauté européenne de Défense et le modèle économique du capitalisme libre-échangiste face à l’anti-américanisme que promeuvent communistes et gaullistes.

    Cependant, les apparences sont trompeuses. Il ne s’agit pas de faire campagne pour la CED, mais de mobiliser les élites pour la Guerre froide.

    S.A.R. le prince Bernhard a été choisi pour convoquer ce congrès parce que son statut de prince consort lui donne un caractère étatique sans pour autant être officiel. Il masque le commanditaire : une organisation inter-gouvernementale qui entend manipuler les gouvernements de certains de ses États membres.

    John S. Coleman n’est pas encore le président de la Chambre de Commerce des États-Unis, mais il vient de créer le Comité des citoyens pour une politique nationale du Commerce (Citizen’s Committee for a National Trade Policy — CCNTP). Selon lui, le libre-échange absolu, c’est-à-dire le renoncement à tous les droits de douane, permettra aux pays alliés des États-Unis d’accroître leur richesse et de financer la Communauté européenne de Défense (c’est-à-dire de réarmer l’Allemagne et d’intégrer sa puissance militaire potentielle au sein de l’OTAN)

    Or, les documents en notre possession montrent que le CCNTP n’a de citoyen que le nom. C’est en réalité une initiative de Charles D. Jackson, le conseiller en guerre psychologique de la Maison-Blanche. L’opération est pilotée en amont par William J. Donovan, l’ancien commandant de l’OSS (le service de renseignement US durant la guerre) désormais chargé d’édifier la branche américaine du nouveau service secret de l’OTAN, le Gladio [2].

    Paul van Zeeland n’est pas seulement le promoteur de la Communauté européenne de Défense, c’est aussi un politicien de grande expérience. À la Libération, il a présidé la Ligue indépendante de coopération européenne (LICE) dont l’objectif est de créer une union douanière et monétaire. Cette organisation a été mise en place par Joseph Retinger, déjà cité.

    Précisément Retinger, qui fait office de secrétaire du congrès de Bilderberg, a servi durant la guerre dans les services secrets anglais (SOE) du général Colin Gubbins. Aventurier polonais, Retinger s’est retrouvé conseiller du gouvernement Sikorski en exil au Royaume-Uni. À Londres, il a animé le microsome des gouvernements en exil se faisant ainsi le plus beau carnet d’adresse de l’Europe libérée.

    Son ami Sir Gubbins a officiellement quitté le service et le SOE a été dissout. Il dirige une petite entreprise de tapis et textiles, qui lui sert de « couverture ». En réalité, aux côtés de son homologue Donovan, il est chargé de créer la branche anglaise du Gladio. Il a participé à toutes les réunions préparatoires du congrès de Bilderberg et est présent parmi les invités, assis à côté de Charles D. Jackson.

    À l’insu des participants, ce sont donc les services secrets de l’OTAN qui sont la puissance invitante. Bernhard, Coleman et van Zeeland servent de paravents.

    N’en déplaise aux journalistes imaginatifs qui ont cru discerner dans le Bilderberg une volonté de créer un gouvernement occulte mondial, ce club de personnalités influentes n’est qu’un outil de lobbying de l’OTAN pour la promotion de ses intérêts. C’est beaucoup plus sérieux et beaucoup plus dangereux, car c’est l’OTAN qui ambitionne d’être un gouvernement occulte mondial garantissant la pérennité du statu quo international et de l’influence US.

    D’ailleurs, la sécurité de chaque réunion ultérieure ne sera pas assurée par la police du pays hôte, mais par les soldats de l’Alliance.

    Parmi les dix orateurs inscrits, on relève deux anciens Premiers ministres (Guy Mollet, France et Alcide de Gasperi, Italie), trois responsables du Plan Marshall, le faucon de la Guerre froide (Paul H. Nitze) et surtout un très puissant financier (David Rockefeller).

    Selon les documents préparatoires, une vingtaine de participants sont dans la confidence. Ils savent plus ou moins en détail qui sont les tireurs de ficelles et ont rédigé à l’avance leurs interventions. Les moindres détails ont été ajustés et il n’y a aucune part d’improvisation. Au contraire, la cinquantaine d’autres participants ignore tout de ce qui se trame. Ils ont été choisis pour influencer leurs gouvernements respectifs et l’opinion publique de leur pays. Le séminaire est donc organisé pour les convaincre et pour les pousser à s’engager à propager les messages que l’on veut diffuser.

    Les interventions ne portent pas sur les grands problèmes internationaux, mais analysent la stratégie idéologique supposée des Soviétiques et exposent la manière dont elle doit être contrée dans le « monde libre ».

    Les premières interventions évaluent le danger communiste. Les « communistes conscients » sont des individus qui entendent placer leur patrie au service de l’Union soviétique afin d’imposer au monde un système collectiviste. Ils doivent être combattus. Mais cette lutte est difficile car ces « communistes conscients » sont noyés en Europe dans une masse d’électeurs communistes qui ignorent tout de leurs sombres desseins et les suivent dans l’espoir de meilleures conditions sociales.

    Progressivement, la rhétorique se durcit. Le « monde libre » doit affronter le « complot communiste mondial », non seulement de manière générale, mais aussi en répondant à des questions concrètes sur les investissements états-uniens en Europe ou sur la décolonisation.

    Enfin, les orateurs en arrivent au problème principal —que les Soviétiques, assurent-ils, exploitent à leur profit— : pour des raisons culturelles et historiques, les responsables politiques du « monde libre » emploient des arguments différents aux États-Unis et en Europe, arguments qui se contredisent parfois. Le cas le plus emblématique est celui des purges organisées par le sénateur McCarthy aux États-Unis. Elles sont indispensables pour sauver la démocratie, mais la méthode choisie est ressentie en Europe comme une forme de totalitarisme.

    Le message final, c’est qu’aucune négociation diplomatique, aucun compromis n’est possible avec les « Rouges  ». Il faut empêcher coûte que coûte les communistes de jouer un rôle en Europe occidentale, mais il va falloir ruser : comme on ne peut pas les arrêter et les fusiller, il faudra les neutraliser avec discrétion, sans que leurs électeurs eux-mêmes s’en rendent compte. Bref, l’idéologie qui est développée, c’est celle de l’OTAN et du Gladio. Il n’a jamais été dit que l’on truquerait les élections, ni que l’on assassinerait les tièdes, mais tous les participants ont admis que pour sauver le « monde libre », il faudrait mettre la liberté entre parenthèses.

    Bien que le projet de Communauté européenne de Défense (CED) ait échoué trois mois plus tard sous les coups de boutoir des députés communistes et « nationalistes extrémistes » (c’est-à-dire gaullistes) au Parlement français, le congrès fut considéré comme un succès. Malgré les apparences, il n’avait pas pour but de soutenir la création de la CED ou toute autre mesure politique précise, mais de diffuser une idéologie dans la classe dirigeante, puis à travers elle dans la société. Objectivement, les Européens de l’Ouest avaient de moins en moins conscience des libertés dont ils étaient privés et ils étaient de plus en plus informés des libertés qui faisaient défaut aux habitants de l’Europe de l’Est.

    Le Bilderberg devient une organisation

    Un second congrès est donc organisé en France, du 18 au 20 mars 1955. À Barbizon.

    Progressivement l’idée que ces congrès seront annuels et qu’ils nécessitent un secrétariat permanent s’impose. Le prince Bernhard se met en retrait lorsqu’il est pris en flagrant délit de trafic d’influence (scandale Lockheed-Martin). Il cède à l’ancien Premier ministre britannique Alec Douglas Home (1977-80), la présidence qui sera ensuite tenue par l’ancien chancelier et président allemand Walter Scheel (1981-85), l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Eric Roll (1986-89), l’ancien secrétaire général de l’OTAN Peter Carrington (1990-98), et enfin l’ancien vice-président de la Commission européenne Étienne Davignon (depuis 1999).

    Pendant longtemps, le président du Groupe de Bilderberg est assisté de deux secrétaires généraux, un pour l’Europe et le Canada (les États vassaux), l’autre pour les États-Unis (le suzerain), cependant, il n’y a plus qu’un seul secrétaire général depuis 1999.

    D’une année sur l’autre, les débats sont très redondants, c’est pourquoi les invités changent. Il y a toujours un noyau dur qui a préparé le séminaire à l’avance et des nouveaux venus à qui l’on inculque la rhétorique atlantiste du moment.

    Actuellement, les séminaires annuels rassemblent plus de 120 participants, dont toujours un tiers forment le noyau dur. Ils ont été sélectionnés par l’Alliance en fonction de l’importance de leurs relations et de leur capacité d’influence, indépendamment de leurs fonctions dans la société. Ainsi, ils restent membres du noyau dur lorsqu’ils changent de métier.

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    Étienne Davignon, secrétaire général du Groupe de Bilderberg

    Conseil d’administration

    Banquier suisse, directeur de la Deutsche Bank, vice-président du Forum de Davos.
    Roger C. Altman     Banquier états-unien, ancien conseiller des campagnes électorales de John Kerry et Hillary Clinton, directeur de la banque d’affaire Evercore Partners Inc.
    Francisco Pinto Balsemão     Ancien Premier ministre socialiste du Portugal (1981-83), président-fondateur du plus important groupe de télévision portugais SIC. (T)
    Fran Bernabè     Banquier italien, actuel patron de Telecom Italia (T)
    Henri de Castries     Pdg de l’assureur français AXA
    Juan Luis Cebrián     Directeur du groupe de presse écrite et audiovisuel espagnol Prisa.
    W. Edmund Clark     Banquier canadien, PDF de Toronto-Dominion Bank Financial Group
    Kenneth Clarke     Ancien vice président de British American Tobacco (1998-2007), Garde des sceaux et ministre britannique de la Justice, vice-président du Mouvement européen UK.
    George A. David     Pdg de Coca-Cola.
    Étienne Davignon     Homme d’affaire belge, ancien vice-président de la Commission européenne (1981-85), actuel vice-président de Suez-Tractebel.
    Anders Eldrup     Pdg de la société danoise des gaz et pétrole DONG Energy.
    Thomas Enders     Directeur d’Airbus.
    Victor Halberstadt     Professeur d’économie à l’université néerlandaise de Leiden, il conseille diverses sociétés telles que Goldman Sachs ou Daimler-Chrysler.
    James A. Johnson     Financier états-unien, il fut un des principaux responsables du Parti démocrate et un des artisans de l’investiture de Barack Obama. Il est vice-président de la banque d’affaire Perseus.
    John Kerr of Kinlochard     Ancien ambassadeur du Royaume-Uni à Washington, vice-président du groupe pétrolier Royal Dutch Shell (T)
    Klaus Kleinfeld     Pdg allemand du géant états-unien de l’aluminium, Alcoa.
    Mustafa V. Koç     Pdg de la holding Koç, première entreprise turque.
    Marie-Josée Drouin-Kravis     Éditorialiste économique dans la presse écrite et audiovisuelle canadienne. Chercheuse au très militariste Hudson Institute. Elle est la troisième épouse de Henry Kravis.
    Jessica T. Mathews     Ancienne directrice des affaires globales au Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis. Actuelle directrice de la Fondation Carnegie.
    Thierry de Montbrial     Économiste, directeur-fondateur de l’Institut français des relations internationales (IFRI) et de la World Policy Conference.
    Mario Monti     Économiste italien, ancien commissaire européen à la concurrence (1999-2005), co-fondateur du Spinelli Group pour le fédéralisme européen.
    Egil Myklebust     Ancien président du patronat norvégien, directeur de Scandinavian Airlines System (SAS).
    Matthias Nass     Directeur adjoint du quotidien allemand Die Zeit
    Jorma Ollila     Homme d’affaire finlandais, ancien Pdg de Nokia, actuel président du groupe pétrolier Royal Dutch Shell.
    Richard N. Perle     Ancien président du Conseil consultatif de Défense du Pentagone, il est un des principaux leaders des Straussiens (les disciples de Leo Strauss) et à ce titre, une figure majeure du néo-conservatisme.
    Heather Reisman     Femme d’affaire canadienne, Pdg du groupe d’édition Indigo-Chapters.
    Rudolf Scholten     Ancien ministre autrichien des Finances, gouverneur de la Banque centrale.
    Peter D. Sutherland     Ancien commissaire européen irlandais à la concurrence, puis directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce.Ancien directeur de BP. Actuel président de Goldman Sachs International. Ancien président de la section européenne de la Commission trilatérale, et vice-président de l’European Round Table of Industrialists, actuel président d’honneur du Mouvement européen Irlande.
    J. Martin Taylor     Ancien député britannique, Pdg du géant de la chimie et de l’agroalimentaire Syngenta.
    Peter A. Thiel     Chef d’entreprise états-unien, Pdg de PayPal, président de Clarium Capital Management et à ce titre actionnaire de Facebook.
    Daniel L. Vasella     Pdg du groupe pharmaceutique suisse Novartis.
    Jacob Wallenberg     Banquier suédois, il est administrateur de nombreuses compagnies transnationales.

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    Henry Kissinger, principal responsable des invitations au Groupe de Bilderberg

    Membres cachés du noyau dur

    Carl Bildt     Ancien Premier ministre libéral de Suède (1991-94), ancien envoyé spécial de l’Union européenne puis de l’ONU dans les Balkans (1995-97, 1999-2001), actuel ministre suédois des Affaires étrangères. (T)
    Oscar Bronner     Pdg du quotidien autrichien Der Standard.
    Timothy C. Collins     Financier états-unien, directeur du fond de placement Ripplewood. (T)
    John Elkann     PDG du groupe italien d’automobile Fiat (son grand-père Gianni Agnelli fut pendant quarante ans un des animateurs du Groupe de Bilderberg. Il a hérité de la fortune familiale après le décès de mort naturelle de son grand-père Giovanni et la mort prématurée de son oncle Edoardo. Cependant, des sources policières sont convaincues que Edoardo a été assassiné après qu’il se soit converti à l’islam chiite, de sorte que la fortune revienne à la branche juive de la famille).
    Martin S. Feldstein     Ancien conseiller économique de Ronald Reagan (1982-84), et actuel conseiller économique de Barack Obama. Il a aussi été conseiller de George W. Bush pour le Renseignement extérieur. Il enseigne à Harvard. (T)
    Henry A. Kissinger     Ancien conseiller de sécurité nationale des Etats-Unis et secrétaire d’Etat, personnalité centrale du complexe militaro-industriel US, actuel président de la société de conseil Kissinger Associates.
    Henry R. Kravis     Financier états-unien gestionnaire du fond de placement KKR. Il est un des principaux collecteurs de fonds du Parti républicain.
    Neelie Kroes     Ancienne ministre néerlandaise libérale des Transports, commissaire européenne à la concurrence, et actuelle commissaire à la société numérique.
    Bernardino Léon Gross     Diplomate espagnol, secrétaire général de la présidence du gouvernement socialiste de José-Luis Zapatero.
    Frank McKenna     Ancien membre de la Commission de surveillance des services de renseignement canadiens, ambassadeur du Canada à Washington (2005-06), vice-président de la Banque Toronto-Dominion.
    Beatrix des Pays Bas     Reine de Hollande. Elle est la fille du prince Bernhard.
    George Osborne     Ministre britannique des Finances. Ce néo-conservateur est considéré comme un eurosceptique. Il faut comprendre par là qu’il est opposé à la participation du Royaume-Uni à l’Union européenne, mais qu’il est partisan de l’organisation du continent au sein de l’Union.
    Robert S. Prichard     Économiste canadien, directeur du groupe de presse écrite et audiovisuelle Torstar.
    David Rockefeller     Le patriarche d’une longue lignée de financiers. Il est le plus ancien membre du noyau dur des Bilderbergers. Il est également le président de la Commission Trilatérale, une organisation similaire intégrant des participants asiatiques.
    James D. Wolfensohn     Financier australien ayant pris la nationalité états-unienne pour devenir président de la Banque mondiale (1995-2005), aujourd’hui directeur du cabinet conseil Wolfensohn & Co.
    Robert B. Zoellick     Diplomate états-unien, ancien délégué au Commerce des États-Unis (2001-05), actuel président de la Banque mondiale.

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    David Rockefeller, conseiller du Groupe de Bilderberg

    Les Bilderbergers n’engagent pas les entreprises ou institutions dans lesquelles, ils travaillent. Cependant, il est intéressant d’observer la diversité de leurs secteurs d’activité.

    Le lobby de la plus puissante organisation militaire mondiale

    Au cours des dernières années, le nombre de sujets abordés lors des séminaires annuels a augmenté en fonction de l’actualité internationale. Mais cela ne nous apprend rien, car ces discussions n’ont aucun objet en elles-mêmes, elles sont juste des prétextes pour faire passer des messages. Malheureusement, nous n’avons pas eu accès aux documents préparatoires les plus récents et ne pouvons que supputer sur les mots d’ordre que l’OTAN s’efforce de diffuser via ces leaders d’opinion.

    La réputation du Groupe de Bilderberg a conduit certains auteurs à lui attribuer des capacités de nomination. C’est stupide et cela masque les vrais tireurs de ficelles qui se trouvent au sein de l’Alliance atlantique.

    Par exemple, on a rapporté que durant la dernière campagne électorale présidentielle aux États-Unis, Barack Obama et Hillary Clinton ont disparu durant une journée, le 6 juin 2008, pour négocier à l’écart la fin de leur rivalité. Ils se sont en réalité rendus au séminaire annuel du Groupe de Bilderberg, à Chantilly (Virginie, USA). Or, le lendemain, Mme Clinton annonçait qu’elle se retirait de la course. Certains auteurs en ont conclu que la décision a été prise au cours de la réunion du Bilderberg. Ce n’est pas logique, dans la mesure où cette décision était certaine depuis trois jours vu le nombre de voix du sénateur Obama au sein du comité d’investiture du Parti démocrate.

    Selon notre source, c’est autre chose qui s’est passé. Barack Obama et Hillary Clinton ont conclu à l’écart un accord financier et politique. Le sénateur Obama a renfloué les caisses de sa rivale et lui a offert un poste dans son administration (Mme Clinton a refusé la vice-présidence et a choisi le département d’État) en échange de son soutien actif durant la campagne contre le candidat républicain. Puis, les deux leaders ont été introduits par James A. Johnson au séminaire du Bilderberg où ils ont assuré les participants qu’ils travailleraient ensemble. Depuis longtemps déjà, Barack Obama était le candidat de l’OTAN. M. Obama et sa famille ont toujours travaillé pour la CIA et le Pentagone [3]. De plus, les premiers financements de sa campagne ont été fournis par la Couronne d’Angleterre via l’homme d’affaire Nadhmi Auchi. En présentant le sénateur noir aux Bilderbergers, l’Alliance atlantique organisait à l’échelle internationale les relations publiques du futur président des États-Unis.

    De même, on a rapporté que le Groupe de Bilderberg a organisé un dîner impromptu, hors séminaire, le 14 novembre 2009 au Château de Val Duchesse, propriété du roi de Belgique. L’ancien Premier ministre belge Herman von Rompuy y a prononcé un discours. Or, cinq jours plus tard, il fut élu président du Conseil européen. Là encore, certains auteurs en on conclu à tort que le Groupe de Bilderberg était le « faiseur de roi ».

    En réalité, le président de l’Union européenne ne pouvait pas être choisi en dehors des cercles de l’OTAN, puisque —rappelons-le— l’Union européenne est issue des clauses secrètes du Plan Marshall. Et ce choix devait être avalisé par les États membres. Ce type de décision nécessite de longues négociations et ne se prend pas lors d’un dîner entre amis.

    Toujours selon notre source, le président du Groupe de Bilderberg, Étienne Davignon, a convoqué ce dîner exceptionnel pour présenter van Rompuy à ses relais d’influence. La chose était d’autant plus indispensable que la première personnalité à occuper la nouvelle fonction de président de l’Union était totalement inconnue en dehors de son pays. Au cours du repas, M. Van Rompuy a exposé son programme de création d’un impôt européen pour financer directement les institutions de l’Union sans passer par les États membres. Il restait aux Bilderbergers à clamer partout où ils le pouvaient qu’ils connaissent Herman von Rompuy et attestent de ses qualités pour présider l’Union.

    La réalité du Groupe de Bilderberg est donc moins romantique que certains auteurs à succès l’ont imaginée. L’incroyable déploiement de forces militaires pour assurer sa sécurité n’a pas tant pour objet de le protéger que d’impressionner ceux qui y participent. Il ne manifeste pas leur puissance, mais leur montre que la seule vraie puissance en Occident, c’est l’OTAN. Libre à eux de la soutenir et d’être appuyés par elle, ou de la combattre et d’être inexorablement écrasés.

    En outre, bien que le Groupe de Bilderberg ait développé à ses débuts une rhétorique anti-communiste, il n’était pas tourné contre l’URSS et n’est pas aujourd’hui tourné contre la Russie. Il suit la stratégie de l’Alliance qui n’est pas un Pacte contre Moscou, mais pour la défense —et éventuellement l’extension— de la zone d’influence de Washington. À sa création, l’OTAN avait espéré intégrer l’Union soviétique, ce qui aurait équivalu à un engagement de Moscou de ne pas remettre en cause le partage du monde issu des conférences de Postdam et de Yalta. Récemment l’Alliance a accueilli le président Dmitry Medvedev au sommet de Lisbonne et lui a proposé que la Russie se joigne à elle. Il ne s’agirait pas alors d’une vassalisation, mais de la reconnaissance du Nouvel Ordre Mondial, dans lequel toute l’Europe centrale et orientale est passée dans l’orbite états-unienne. Une adhésion russe vaudrait en quelque sorte traité de paix : Moscou reconnaitrait sa défaite dans la Guerre froide et le nouveau partage du monde.

    Dans ce cas, le Groupe de Bilderberg inviterait des personnalités russes à ses réunions annuelles. Il ne leur demanderait pas d’influer l’opinion publique russe pour l’américaniser, mais pour la convaincre de renoncer définitivement aux rêves de grandeur du passé.

    [1] La CED est un projet qui visait à créer une armée européenne intégrée à l’OTAN. Il fut rejeté en 1954 par le Parlement français à l’instigation des Gaullistes et du Parti communiste. Il faut attendre 2010-11 pour que ce projet trouve un début de réalisation avec l’entente franco-britannique au sein de l’OTAN et la guerre de Libye.

    [2] « Les armées secrètes de l’OTAN », par Daniele Ganser. Cet ouvrage est publié en feuilleton sur Voltairenet.org.

    [3] « La biographie cachée des Obama : une famille au service de la CIA » (2 parties), par Wayne Madsen, Réseau Voltaire, 30 août et 20 septembre 2010.

  • Krach obligataire : la Fed n’est pas seule en cause

    Les écarts de taux obligataires, les “spreads“, entre les pays périphériques de la zone euro et l’Allemagne se creusent. Certes, les tensions autour de la Fed jouent un rôle, mais les inquiétudes ont d’autres excellentes raisons de poindre à l’horizon.

    Et si la crise de la dette souveraine revenait en Europe ? En dépit des incantations de François Hollande qui, voici deux semaines, avait décrété que la crise de la zone euro était terminée, en dépit également de la satisfaction de Mario Draghi qui, lors de sa dernière conférence de presse, a insisté sur l’effet apaisant de l’annonce de son programme OMT, les spreads sont de nouveau à la hausse.

    Hausse des taux et des spreads

     

    Ce jeudi, vers midi, l’écart entre le taux à 10 ans allemand, le Bund, et le taux à 10 ans grec bondissait de près de 30 points de base (0,3 point de pourcentage). Le 10 ans espagnol s’écartait de 16,8 points de base du Bund, l’équivalent italien de 11,7 points de base et l’équivalent portugais de 13,4 points de base. Et le mouvement n’est pas isolé : sur un mois, le spread grec s’est élargi de 2 points de pourcentage… Parallèlement, l’adjudication d’obligations à 10 ans espagnoles a donné lieu à une hausse du taux demandé par le marché par rapport à la dernière offre du 6 juin dernier : 4,77 % contre 4,517 %.

    L’effet Fed

    Evidemment, ce coup de chaud sur les taux des pays périphériques de la zone euro s’explique en grande partie par « l’effet Fed » qui conduit les investisseurs à se débarrasser plus ou moins massivement de toutes leurs obligations dans la crainte d’un « krach obligataire. » Le Bund lui-même a décroché. Mais il n’en reste pas moins que les marchés ne se délestent pas à la même vitesse de toutes leurs obligations. L’évolution des spreads montre très clairement qu’ils vendent d’abord la dette périphérique. Preuve que le regain de confiance de fin avril-début mai était bien précaire : il y a encore des doutes sur la dette des pays du sud.

    Doutes sur Chypre, inquiétudes sur la Slovénie

    Il est vrai que ces doutes ne sont pas entièrement infondés. Chypre est dans une situation quasi inextricable et une nouvelle aide, quoique encore refusée par les pays de la zone euro, semble inévitable. La Slovénie, dont la situation réelle est toujours sujette à interrogations, a revu ce jeudi sa prévision de croissance en forte baisse : le PIB devrait reculer de 2,4 % cette année (contre 1,8 % prévu) et encore de 0,2 % l’an prochain (alors que, jusqu’ici, on tablait sur un retour de la croissance en 2014. Ceci va encore peser sur les mauvaises créances qui encombrent déjà les bilans des banques slovènes et compliquer la tâche de Ljubljana pour restructurer son secteur financier.

    La dette portugaise est-elle tenable ?

    Ce jeudi matin, le Financial Times s’interroge, compte tenu de la hausse des taux, sur le retour sur les marchés de l’Irlande, mais surtout du Portugal. La vraie question demeure de savoir si la dette de Lisbonne, prévue à 130 % à la fin de l’année, est tenable. En fait, la question de la restructuration de la dette portugaise est une option, mais une option qui effraie encore. Selon le FT, l’UE pourrait ouvrir des lignes de crédit « de précaution » pour le Portugal et l’Irlande auprès du MES avant de leur ouvrir, éventuellement, le programme OMT de la BCE. De telles perspectives ne contribuent pas à soutenir les cours.

    L’Espagne

    L’Espagne reste également une raison d’inquiétude. Le FMI, mercredi, s’est ouvertement inquiété du taux de chômage élevé et a exhorté le gouvernement de Madrid à engager des réformes plus amples du marché du travail. Par ailleurs, le risque bancaire demeure important au-delà des Pyrénées. Les propos, la semaine dernière, du ministre des Affaires étrangères espagnol qui a demandé des moyens « illimités » au MES a jeté un doute sur l’ampleur des besoins de recapitalisation des banques du pays. Enfin, malgré des améliorations, la conjoncture et le budget espagnol demeurent des sources d’inquiétudes.

    Risque politique en Grèce

    Il y a aussi la Grèce. La coalition au pouvoir a été très fragilisée par l’affaire de la fermeture précipitée de la radio télévision RTE. Or, si la coalition d’Antonis Samaras venait à tomber, de nouvelles élections mettraient encore en jeu la participation du pays à la zone euro et son désendettement. Actuellement, Syriza, la coalition de gauche, est toujours en dessous, mais très proche dans les sondages de la Nouvelle Démocratie et les néo-nazis dépassent les 10 % des intentions de vote. Surtout, Pasok et Dimar, les deux alliés de gauche d’Antonis Samaras sont en chute libre. Pour stopper cette chute, ils pourraient vouloir obtenir plus de concessions du gouvernement. Mais ce dernier est en difficulté, car il sait que même dans le meilleur des scénarios, il devra en passer par une restructuration.

    Un trou de 2 milliards d’euros dès cette année dans les comptes grecs ?

    Or, cette dernière pourrait arriver plus tôt que prévu : comme l’indique le quotidien grec Kathimerini, la BCE hésiterait à renouveler les créances grecques qu’elle détient après rachat sur le marché secondaire. Des banquiers centraux mettraient en garde contre le fait qu’un tel renouvellement de la part de la BCE enfreindrait l’interdiction de financer directement les Etats. Du coup, la Grèce pourrait avoir besoin de 1,5 à 2 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année. Et l’on sait que le FMI doit disposer d’une visibilité de 12 mois pour continuer à participer au programme. Autrement dit, la Grèce pourrait devoir revenir au guichet européen rapidement. Dans ce cas, une troisième restructuration de la dette semble inévitable.

    L’énigme OMT

    Le programme OMT de la BCE qui prévoit le rachat illimité de dettes souveraines de la zone euro sur le marché secondaire reste un mystère. Mario Draghi ne cesse d’affirmer qu’il est prêt. Mais la publication du cadre légal se fait toujours attendre. Tout se passe comme si la BCE voulait surtout agiter la menace sans passer à l’acte. Récemment, Mario Draghi a prévenu : il ne rachètera pas de dette pour sauver un Etat. Un an après avoir été dégainée, cette arme pourrait bien commencer à s’émousser. Or, l’OMT n’a été efficace que parce qu’il a fait peur. S’il est testé, il risque de devenir pour la BCE ce qu’est le QE pour la Fed…

    Ce faisceau d’indications et de craintes n’est pas de bon augure pour l’automne. Si Ben Bernanke perd son pari et que les marchés commencent à paniquer et à vendre en masse, la crise de la dette européenne pourrait bien connaître un nouvel épisode. D’autant qu’une épée de Damoclès de la décision, attendue en septembre, du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe, continue à peser.

    La Tribune  http://fortune.fdesouche.com

  • Russie : Selon Marine Le Pen, “les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste”

    Interview exclusive de Marine Le Pen, réalisée le 19 juin 2013, à l’occasion du voyage officiel en Russie de la présidente du Front national.

    Marine Le Pen, accompagnée de Ludovic De Danne, conseiller chargé des Affaires étrangères et des Relations internationales, a été reçue par Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma à Moscou en Fédération de Russie.

    RIA Novosti: C’est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d’une telle visite, pourquoi la Russie?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l’avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l’impression que depuis plusieurs années, l’Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités? Quelles sont vos impressions à chaud?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d’actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l’intervention en Libye. Le président de la Douma m’a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J’ai d’ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d’adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s’arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m’a dit qu’il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l’aéronautique, les technologies, l’industrie du médicament. Ça peut être l’énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu’avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d’une Europe des nations “de Brest à Vladivostok“, une idée jadis énoncée par De Gaulle. L’Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j’y œuvre. Je pense que l’Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l’identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l’Europe pourrait tout à fait aller jusqu’à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l’extension de l’Otan vers l’est et le déploiement d’un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l’égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne?

    Marine Le Pen: D’abord je suis pour la sortie de l’Otan. Je ne comprends pas aujourd’hui quelle est aujourd’hui son utilité. Quel est l’ennemi? C’est très bien d’avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n’y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l’est sous domination américaine.

    Que les États-Unis défendent leurs intérêts, c’est tout à fait légitime, tout comme pour l’Allemagne. Il n’y a qu’un malheur, c’est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L’intérêt de l’Europe est plus de développer les relations avec l’est, plutôt qu’avec l’ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l’UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet?

    Marine Le Pen: J’en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les États-Unis, ce sera la ruine de l’agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l’affaiblissement de l’Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l’entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l’indépendance de l’Europe, et particulièrement de la France, qui m’intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: … Les Français traités de “réactionnaires” par M. Barroso en raison de leur “exception culturelle”…

    Marine Le Pen: L’Union européenne montre son vrai visage. C’est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d’ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s’éloignent. La France légalise le mariage gay à l’heure où la Russie interdit la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l’Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C’est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l’adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d’ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l’engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l’Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l’intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes “des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller“. Êtes-vous d’accord avec cette analyse? Un “réveil” est-il en marche?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L’excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d’intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d’une partie de la population française, qui s’est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d’opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu’il a posé. Chaque jour pousse les Français à s’intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J’ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l’indépendance, le patriotisme économique, et le retour d’un État stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d’argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu’ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c’est l’amour des siens, et c’est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.

    Ria Novosti   http://fortune.fdesouche.com/

  • L’UE a envoyé 1 milliard d’euros à l’Egypte mais personne ne sait où est passé cet argent

    Mahmud Hams 

    Sur les 7 dernières années, l’UE a donné 1 milliard d’euros à l’Egypte pour soutenir la démocratie et les droits de l’homme, mais les auditeurs de la Cour des Comptes européenne ne savent pas comment cet argent a été utilisé. «Ils n’ont pas du tout rempli les conditions, et néanmoins, l’argent leur a été tout de même remis », note Karel Pinxten, l’eurocrate de la cour qui s’est occupé de ce dossier.

    Les auditeurs ont conclu que le gouvernement de Mohammed Morsi affichait encore moins d’intérêt que celui de son prédécesseur, Hosni Moubarak, pour les programmes de l’UE censés développer les droits de la société civile, ceux des femmes et des minorités. « Il est assez clair que sous le régime de Moubarak, mais aussi maintenant sous celui de Morsi, du côté égyptien, il n’y avait pas une très grande volonté de collaborer avec la Commission. Et c’est encore en dessous de la vérité », affirme Pinxten. Le rapport note même « une aversion croissante envers la société civile et plus largement les droits de l’homme » depuis les soulèvements en Egypte en 2011. Les droits des femmes ont reculé, et ceux des minorités sont de plus en plus menacés, notamment pour les Chrétiens.

    Pire, la cour des comptes européenne est incapable de retracer ce qu’il est advenu de 60% des fonds versés à l’Egypte, et l’on s’inquiète qu’ils se soient vaporisés au travers de fraudes et de gaspillages.

    Pinxten réclame que l’on en réforme la politique d’attribution. « Cette inaction de l’UE tourne sa politique des Droits de l’Homme en plaisanterie », a estimé Guy Verhofstadt, qui préside le groupe parlementaire Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE) au Parlement européen. Il demande que l’UE envisage de suspendre le versement de ces fonds.

    Source: express.be

    http://lesmoutonsenrages.fr/