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Méridien Zéro - Ces financiers qui menent le monde...
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Relations Russie – Union Européenne
« La crise de l’Euro est bien plus profonde qu’une simple crise de la dette. L’Euro a été créé pour des raisons politiques et sans prendre en compte le niveau de technologie des pays, l’harmonisation du marché du travail, l’intégration politique et une langue commune. On aurait dû être davantage pragmatique. Quand la crise est survenue, les réponses ont été inadaptées. L’Union Européenne n’est pas une vraie Fédération et en a tous les inconvénients sans en avoir les avantages. »
Cette déclaration cassante de Vladimir Poutine le 25 octobre 2012 lors du Club Valdaï résume bien le sentiment russe vis-à-vis de l’Union Européenne : vous n’êtes pas un modèle pour la Russie. En d’autres termes, la monnaie est construite sur du sable, les disparités économiques et territoriales ont été négligées, vous ne disposez pas d’un socle identitaire solide et votre gouvernance est bancale. Qui êtes-vous pour nous donner des leçons ?
En cherchant à mieux comprendre ce désamour, l’on retrouve malheureusement beaucoup de qualificatifs émotionnels de part et d’autre: absence de respect mutuel, ambiguïté, incompréhension, divergences, méfiance, malentendus, concurrence. Comme dans un vieux couple, les reproches fusent et se répondent sans que l’on saisisse véritablement qui a eu tort le premier.
Ainsi, quand l’Europe parle à la Russie de liberté et de démocratie, cette dernière y voit hypocrisie et leçons de morale à géométrie variable. L’UE ne soutient-elle pas depuis longtemps des régimes notoirement corrompus et peu démocratiques comme celui de l’Algérie et la France n’a-t-elle pas reçu en grande pompe l’ubuesque Colonel Kadhafi, avec sa tente installée sur les Champs Élysées, avant de décider de le bombarder sans ménagement ?
Une Histoire européenne commune… Oubliant un peu vite le dépeçage de la Pologne, qui a tout de même marqué les esprits libéraux européens, et ses conquêtes aussi bien impériales que staliniennes vers la Baltique, la mer Noire, l’Asie Centrale et l’Extrême Orient, la Russie se souvient surtout des agressions militaires multiples qui se sont succédé au fil des siècles en provenance des Polono-Lithuaniens, des Suédois, des Allemands, des Français et des Anglo-saxons, lesquelles ont développé un sentiment de citadelle assiégée.
Abus de pouvoir énergétique envers l’Ukraine et l’Europe Centrale ? Un instrument d’influence qui vaut bien celui des multinationales, de la puissance de l’argent et des médias occidentaux. Une divergence sur les valeurs fondamentales ? Vu du côté russe, quelles sont les valeurs de cette Union Européenne qui ne reconnaît pas ses racines judéo-chrétiennes dans sa Constitution alors que l’orthodoxie fait partie intégrante de la nouvelle société russe ? Corruption des élites : certes, mais n’y a-t-il jamais eu de politiciens corrompus en Europe et, chose à peine croyable, l’un de ses pays membre n’est-il pas allé jusqu’à escroquer les autres en falsifiant à grande échelle sa comptabilité publique, engendrant ainsi des dizaines de milliards d’euros de pertes pour les banques, les sociétés et les citoyens européens? Et encore, le décompte de ce qui sera probablement la facture la plus salée de l’Histoire n’est pas définitif…
La brutalité de la répression en Tchétchénie ? Sans aucun doute mais les guerres coloniales, le Vietnam ou le déclenchement d’une invasion pour des armes de destruction massive jamais découvertes répondent en échos. La position du Kremlin est qu’aucune n’est propre : « pas plus la nôtre que les vôtres ». Cette affirmation n’est pas très morale mais elle a le mérite de ne pas la mettre systématiquement du même côté, comme dans les films hollywoodiens. Enfin, si le soutien à la Syrie de Bachar El Assad apparaît à raison injustifiable à la communauté internationale, les Russes demandent néanmoins pourquoi ce dernier était l’invité d’honneur au défilé du 14 juillet 2008 et pourquoi il était encore chouchouté par les capitales européennes il y a à peine plus de deux ans. La France et l’Europe pouvaient-elles alors feindre d’ignorer que, tout comme son père avant lui, il était déjà un dictateur implacable, ou alors ont-t-elle fait preuve d’un cynisme au moins équivalent à celui de la Russie et de la Chine aujourd’hui ? Vu du Kremlin, les Européens et les Américains font semblant d’oublier que la dernière base navale russe sur la Méditerranée est précisément située à Tartous, en Syrie, à quelques encablures d’Israël.
Ce jeu de ping-pong avec l’Europe et plus généralement entre l’Occident et la Russie pourrait être sans fin. Malgré sa culture profondément européenne (Cf ouvrages du Prof. Martin Malia, Berkeley University), notamment en tant qu’héritier de Byzance pour la chrétienté et d’une forte communauté juive l’ancrant également dans la tradition biblique occidentale, malgré une aristocratie qui fût francophone et germanophone, malgré le romantisme de l’amitié communiste entre les peuples ou bien la Maison européenne chère à Gorbatchev… la Russie n’a en fait jamais vraiment été une puissance géopolitique de nature européenne (Cf. ouvrage A. Leclercq : La Russie, puissance d’Eurasie – Histoire géopolitique des origines à nos jours, Ellipses décembre 2012) .
Il n’empêche que les relations existantes avec l’UE et leur potentiel à tous niveaux demeurent vitales aux deux parties. A cet égard, certains se demandent si ces relations doivent désormais reposer sur une logique de valeurs ou bien sur une logique d’intérêts. Là réside sans doute un premier élément de réponse pour comprendre la stérilité des relations entre la Russie et l’UE. En effet, nous ne nous posons pas vraiment la question en ces termes et avec la même acuité avec la Chine, l’Inde ou l’Afrique, civilisations bien éloignées de nos paradigmes occidentaux. Tout ne nous y plaît pas, mais l’on accepte cependant, résignés peut-être, que ce n’est pas tout à fait la même chose là-bas. En revanche, si on la pose de cette façon avec la Russie, c’est sans doute en raison de sa proximité culturelle et historique qui voudrait qu’elle soit très proche, voire en quelque sorte assimilable.
Or, la Russie est eurasiatique, elle n’est pas européenne. Au mieux, elle est perçue comme « entre-deux » mais n’est pas comprise par l’Occident comme une civilisation à part entière, d’où des malentendus car les Russes ne le voient pas de cette façon.
Les États-Unis, pourtant jeune nation, sont parvenus de façon remarquable à incarner un système de valeurs, que l’on apprécie ou pas, mais que l’on comprend et en général respecte. Si l’on considère que la Russie est « Autre », que la proximité avec l’Europe n’a été que conjoncturelle et fondée sur des malentendus, si notre regard occidental s’accorde une grille de lecture au moins équivalente à celle que l’on accepte naturellement pour des pays et civilisations nous apparaissant différents de façon plus immédiatement évidente, alors l’on évitera de se poser la question de notre relation en termes de logique de valeurs versus d’intérêts car il n’y a pas de meilleure façon pour stigmatiser des différences de l’Autre et lui imposer a priori un système qui n’est pas vraiment le sien.
A partir de là, le niveau d’attente et d’exigences de chacun envers l’Autre ne devient certes pas moindre et ne doit pas se transformer en complaisance, mais il se déplace sous un autre angle et donne davantage d’ouverture d’esprit pour accepter les différences, même choquantes au premier abord. Ainsi, les Russes pourront par exemple accepter que l’évolution des mœurs (mariage pour tous) n’est pas nécessairement synonyme de décadence, ou que la bureaucratie bruxelloise, malgré ses lourdeurs, a néanmoins contribué à construire une œuvre unique dans l’Histoire des peuples.
Les Européens pourront de même essayer de mieux comprendre la pensée russe qu’ils connaissent si mal, ainsi que la géographie de cet espace aussi vaste qu’un continent où l’on se fait une représentation mentale bien différente du chef de l’État, de la religion, de l’armée, des fonctionnaires, de l’argent et du territoire. Une approche moins émotionnelle montrera alors qu’aucun des deux systèmes n’est transposable in extenso, même si des points communs existent.
A l’instar de Winston Churchill, notre système de démocratie occidentale et d’Union Européenne sont peut-être les pires de tous les régimes à l’exception de tous les autres, et il est compréhensible que nous, Européens, les défendions jusqu’au messianisme. Si l’on veut sortir du « je t’aime, moi non plus » qui préside aux relations UE-Russie, il est indispensable que cette dernière mette davantage en évidence son système de valeurs et son fonctionnement qui lui sont propres.
La Russie n’est plus « l’empire du mal » (Cf discours de Ronald Reagan, 8 mars 1983) et a perdu en 1991 les stygmates soviétiques qui la caractérisaient si particulièrement. Pour être à nouveau acceptée comme une entité, voire comme une civilisation à part entière, par l’Occident, par la Chine ou par d’autres, la Russie doit mettre en évidence les fondements de son idéologie et donner des exemples de valeurs identifiables par les autres systèmes et civilisations.
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Histoire d’un conflit ignoré
Il y a quelques mois, Sylvain Roussillon publiait un ouvrage novateur consacré aux volontaires étrangers du camp franquiste pendant la Guerre d’Espagne (1936 – 1939). Il récidive aujourd’hui en publiant une remarquable étude sur la Seconde Guerre d’Indépendance des États-Unis d’Amérique entre 1812 et 1814.
Si le XXe siècle fut clément pour les États-Unis qui ne connurent aucun conflit sur leur sol, le XIXe siècle vit au contraire leur territoire américain atteint par des guerres. Outre les nombreux conflits amérindiens, on pense bien sûr à la Guerre de Sécession (1861 – 1865), mais on ne doit pas oublier la guerre d’agression contre le Mexique (1846 – 1848) et cette seconde Guerre d’Indépendance. « La guerre de 1812 – 1814, appelée aussi “ Seconde guerre d’Indépendance américaine ”, fait partie des conflits oubliées de l’Histoire (p. 13). » C’est exact en France d’autant que, assez curieusement, Hollywood n’a guère exploité cette épisode belliqueux. Aux États-Unis, ce conflit est mieux connu, surtout quand on lit l’abondante bibliographie fournie par l’auteur : 83 livres et 21 articles de revues spécialisées dont seulement huit en français ! La méconnaissance en France de cet affrontement anglo-américain s’explique aussi par la chronologie, car en même temps que la Grande-Bretagne luttait contre les États-Unis, elle affrontait toujours Napoléon Ier.
Cette Seconde Guerre d’Indépendance marque vraiment l’avènement d’un ensemble plus cohérent dénommé les États-Unis d’Amérique. C’est pendant cette guerre que fut composé leur futur hymne national. C’est à la suite de ce conflit que, craignant les représailles de Londres alliée pour la circonstance à la Sainte-Alliance que s’affirma la doctrine Monroe dédiée à un exclusivisme pan-américain qui allait faire de l’Amérique latine et des Antilles l’arrière-cour de Washington. « En moins d’un siècle, les États-Unis sont passés du slogan “ l’Amérique aux Américains ” au mot d’ordre “ L’Amérique aux États-Unis ” (p. 181). » Mieux encore, « les principaux initiateurs de cet impérialisme, qu’il s’agisse d’Alfred Thayer Mahan ou de Theodor Roosevelt, ont débuté leurs réflexions stratégiques, militaires et géopolitiques dans l’étude de cette guerre de 1812 (p. 181) ».
Une guerre fondatrice
Cette guerre fut donc déterminante dans le destin de la jeune république issue du traité de Versailles de 1783. Elle contraignit le gouvernement fédéral à maintenir et à développer une armée permanente digne de ce nom. Au moment de l’Indépendance, les soldats réguliers étaient au nombre de… 87. La défense du nouvel État reposait entièrement sur des milices civiques dans chaque entité fédérée, d’où la liberté de porter des armes. Cette situation particulière s’inscrivait dans la politique isolationniste souhaitée par George Washington. Dans une belle préface, Nicole Bacharan rappelle son discours d’adieu en 1796 : « L’Europe a des intérêts fondamentaux qui ne nous concernent pas, ou à peine. » Dans ces conditions, à quoi bon d’avoir des forces terrestres et une marine de guerre ?
Le problème est que les États-Unis grandissent aux temps des guerres européennes de la Révolution et de l’Empire. Nonobstant l’éloignement géographique, le conflit européen a des répercussions économiques en Amérique. « Les liens diplomatiques sont inexistants, ou presque, avec bon nombre de pays européens, et teintés d’ambiguïté avec les Britanniques qui reconnaissent du but des lèvres l’existence de ces treize colonies rebelles prétendant constituer un État souverain (p. 17). » La Grande-Bretagne ne se focalise pas que sur le danger français, révolutionnaire puis napoléonien. Elle pense déjà à l’échelle du monde et s’exaspère de l’existence même des États-Unis qu’elle perçoit comme une insolence permanente à sa puissance.
Les Britanniques s’ingénient donc à vexer à la moindre occasion les Américains. « Depuis le début du XIXe siècle, la Royal Navy affecte de ne pas reconnaître les eaux territoriales américaines, ni la qualité des navires battant pavillon américain. Par conséquent, sous couvent de lutter contre la contrebande à destination de la France, les bâtiments de la Royal Navy ont pris la dommageable habitude d’arraisonner les navires marchands américains, de confisquer les cargaisons et, chose plus grave, d’enrôler de force sur leurs navires de guerre des citoyens américains, considérés pour l’occasion comme les ressortissants britanniques de colonies au statut juridique mal défini ! C’est ainsi que près de 10 000 marins et citoyens américains se trouvent obligés de servir contre leur gré, sur les navires de la Royal Navy durant les dix premières années du XIXe siècle, sans que les protestations américaines n’y changent rien (pp. 30 – 31). » Par ailleurs, depuis leur colonie du Canada, les Britanniques incitent les tribus amérindiennes à chasser les colons venus des États-Unis. À partir de 1810, Londres multiplie les provocations envers Washington qui devient la victime collatérale du féroce contentieux franco-britannique.
En 1800, les États-Unis ont participé à la Ligue des Neutres organisée par Paul Ier de Russie, ce qui lui vaudra son assassinat en 1801 par des agents anglophiles. Avec la montée des tensions navales, Sylvain Roussillon rappelle que « la marine de guerre, dissoute dès la fin de la guerre d’Indépendance, est précipitamment réorganisée en 1797, devant la menace d’un conflit entre la France révolutionnaire et les attaques incessantes des corsaires barbaresques en Méditerranée (pp. 16 – 17) ». Or il y eut vraiment conflit naval officieux et circonscrit à la marine et au commerce entre la France et les États-Unis : la Quasi-Guerre (1798 – 1800). Son déclenchement incombe au Directoire qui, « en proie à d’inextricables problèmes financiers, exigeait des États-Unis le remboursement immédiat des dettes de guerre et des sommes engagés par Louis XVI pour être venue en aide aux insurgés américains (p. 17) ». Cette guerre océanique permit à la jeune U.S. Navy de s’entraîner au combat face à une marine corsaire française bien mal en point. La guerre en Europe eut aussi une autre répercussion, économique celle-là. En fermant les frontières aux produits européens en 1807 par l’Embargo Act, le président Jefferson voulait préserver la neutralité de son pays. Il n’eut pas conscience que « cet isolement commercial est un énorme coup de fouet donné à l’industrie et à l’économie manufacturière américaine (p. 24) » comme l’observera quarante plus tard Friedrich List.
Les ambitions oubliées des États-Unis
Sylvain Roussillon insiste aussi sur la jeunesse territoriale et les divisions politiques profondes des États-Unis. Ils doivent gérer le doublement de leur superficie avec l’acquisition en 1804 de la Louisiane francophone. Ils doivent prendre en compte l’affaiblissement à leur frontière méridionale de l’Empire colonial espagnol et la présence, au Nord, du Canada britannique où vivent environ 700 000 Américains loyalistes à George III et leurs familles. Mais « entre 450 000 et 500 000 loyalistes demeurent aux États-Unis. Ils constitueront l’aile dure du futur Parti fédéraliste (p. 29) ». Les luttes politiques sont implacables entre les fédéralistes, tenants d’un État central fort, d’une économie industrielle et commerciale dynamique, et d’un conservatisme culturel qui les rapproche de la Grande-Bretagne, et les démocrates-républicains, favorables au droit des États, des minorités religieuses, d’une économie agraire et d’une vision plus progressiste. Leurs chefs de file, Thomas Jefferson et James Madison, sont accusés de s’inspirer de la France et de son jacobinisme sanguinaire.
Excédés par les provocations britanniques, les États-Unis déclarent la guerre à son ancien colonisateur en juin 1812. James Madison prévoit une guerre rapide et victorieuse, car il n’imagine pas capable les « Tuniques rouges » mener deux guerres simultanées ! Or les généraux étatsuniens sont surtout des militaires de salon, habitués de la bouteille et promus non d’après leurs compétences militaires nullissimes mais selon leurs inclinations politiques. Ils minorent la présence de « 5 200 combattants britanniques, soldats aguerris (p. 43) » au Canada, et ne comprennent pas que le Bas-Canada francophone et le Haut-Canada anglophone « sont en grande partie peuplées de loyalistes américains et leurs descendants, prêts et impatients d’en découdre avec ceux qu’ils considèrent comme de dangereux révolutionnaires et spoliateurs de leurs biens, tandis que les populations francophones, conservatrices et catholiques, ne paraissent pas mieux disposées à l’égard des Américains soupçonnés de vouloir imposer le protestantisme, abolir la propriété et interdire la pratique du français (p. 44) ». La méfiance des Canadiens-Français envers la jeune République étoilée est ancienne. Nicole Bacharan a raison de faire appel à la longue durée et aux suites des Guerres de Sept Ans (1756 – 1763) et d’Indépendance.
À rebours d’une opinion communément admise dans l’Hexagone, George Washington n’était pas du tout un ami de la France. Vétéran de la Guerre de Sept Ans contre les Français et leurs alliés amérindiens, ce francophobe notoire se définissait résolument anti-catholique. L’anti-catholicisme est consubstantiel aux États-Unis puisqu’on fit grief de sa foi à John Fitzgerald Kennedy en 1960. Auparavant, les W.A.S.P. n’appréciaient guère les Italiens et les Irlandais pour cette même raison. George Washington accepta l’alliance française par pragmatisme politico-militaire. On oublie cependant que Washington et les siens souhaitaient rejeter les Anglais de toute l’Amérique du Nord. Dès 1775, les Insurgents lancent des raids contre les forces anglaises installées au Canada. L’action prend une nouvelle ampleur l’année suivante quand des rebelles américains s’emparent de Montréal avant de reculer devant les murs de Québec. Frustré par cette entreprise de conquête ratée, en janvier 1778, le Congrès continental américain nomme La Fayette commandant en chef d’une armée d’invasion du Canada britannique. L’intention officielle est de soulever les Canadiens-Français et de faire du Canada le 14e État de l’Union. En réalité, le Congrès, protestant et maçonnique, entend à la fois laver l’affront de 1776 et abolir le Quebec Act qui allie deux puissances conservatrices, l’Église catholique canadienne-française et la Couronne anglaise. Les futurs Étatsuniens veulent aussi l’arrêt des conversions amérindiennes au catholicisme et s’horrifient à l’idée de voir des réformés obéir à des papistes ! Toutefois, faute de moyens et d’aides réelles, La Fayette renonce. Les États-Unis n’oublient pas oublié cet objectif et, en déclarant la guerre en 1812, ils espèrent enfin « conquérir le Canada pour chasser définitivement les Britanniques du continent d’une part, infliger une telle défaite à leurs alliés indiens qu’il deviendra facile de les soumettre durablement, d’autre part (p. 37) ».
Sylvain Roussillon dépeint avec un brio certain les différentes phases de la guerre. Celle-ci se déroule sur plusieurs fronts, d’abord au Nord-Est, dans la région des Grands Lacs avec des batailles navales et lacustres, et au Nord-Ouest. Puis, ensuite, dans le Sud, dans le Golfe du Mexique et sur le Mississippi. La guerre est aussi navale et se passe tant le long de la Côte Est qu’au large des Bermudes et du Venezuela, près des littoraux européens et même dans le Pacifique. « En effet, Américains comme Britanniques vont s’aventurer durant ce conflit dans ces vastes étendues, encore à l’époque mal connues : les premiers, pour tenter d’entraver, avec un succès mitigé, le commerce entre les Indes britanniques et le sous-continent américain, et les seconds, pour y défendre leurs intérêts économiques (p. 99) ». Des marins étatsuniens s’installent à Nuku Hiva, une île des Marquises en 1813. Ils y pacifient les tribus locales et en commencent la colonisation…
Un conflit polymorphe complexe
L’ouvrage de Sylvain Roussillon est riche en détails et en anecdotes et il retrace avec une minutieuse précision, parfois cartographique, offensives, batailles et embuscades. Il évoque par exemple le blocus étatsunien de la forteresse espagnole de Pensacola, la prise par les États-Unis de la ville espagnole de Mobile ou l’occupation britannique d’une ville du Maine. Si les Cherokees combattent pour leur malheur aux côtés des États-Unis comme d’ailleurs 200 volontaires européens anti-britanniques venus du Haut-Canada, la plupart des Amérindiens sont les alliés des Britanniques. Cette entente est due au chef de guerre des Shawnees, Tecumseh, qui sera fait général de Sa Gracieuse Majesté ! Accompagné de son frère, Tenskwatawa, qui prophétise l’unité peau-rouge, Tecumseh envisage une confédération amérindienne et obtient de Londres le droit d’avoir un État au Sud des Grands Lacs, ce qui arrêterait l’expansion occidentale des États-Unis. Ceux-ci se retrouveraient coincés entre cet État, le Canada britannique, le Mexique espagnol qui commence près des berges du Mississippi et une Floride espagnole, britannique ou indépendante. Mais cette nouvelle géographie politique de l’Amérique du Nord repose sur le sort des armes.
Si l’armée étatsunienne franchit le Saint-Laurent et tente d’occuper le Bas-Canada en hiver 1812 – 1813, l’invasion rate encore face à la farouche détermination des Canadiens-Français. En réponse, en 1814, les Britanniques incitent les Creeks à se soulever dans le Sud, occupent la Floride et débarquent en Louisiane. Toutes ces manœuvres tactiques neutralisent les deux belligérants. En revanche, « la petite marine des États-Unis va surprendre par son esprit résolument offensif (p. 59) ». L’U.S. Navy naissante montre même une supériorité certaine sur la Royal Navy ! Sylvain Roussillon relève « la terrible incapacité des Britanniques à utiliser correctement leurs vaisseaux corsaires (p. 169) », à la différence des Étatsuniens.
En 1814, les Britanniques tentent deux actions décisives. Après avoir débarqué dans la baie de Chesapeake, les Britanniques marchent sur Washington. « Les troupes américains, mal disposées, mal organisées, mal commandées se débandent sous les assauts des vétérans anglais (pp. 123 – 124). » Le 24 août 1814, la Maison Blanche et les édifices publics (Congrès, ministères…) sont incendiés. En revanche, les domiciles privés ne sont ni pillés ni brûlés. La destruction de la capitale fédérale suscite un grand élan de patriotisme étatsunien. Deux généraux étatsuniens, Jacob Brown et Winfield Scott, commencent à instruire les troupes des États-Unis à l’européenne. Toutefois, l’improvisation demeure, surtout à La Nouvelle-Orléans où, menacée par les Britanniques, le général U.S. Andrew Jackson se résigne à solliciter l’appui des francophones et des Baratariens, les flibustiers des frères Lafitte. La contre-attaque qu’il mène contraint les Britanniques à rembarquer et lui assurera en 1828 la présidence des États-Unis !
Une paix blanche entérinant le statu quo est accepté à Gand, alors dans le Royaume-Uni des Pays-Bas, le 2 décembre 1814. « Les Britanniques s’engagent à cesser leur politique de provocation maritime, à relâcher tous les Américains enrôlés de force sur les navires de Sa Gracieuse Majesté, et à restituer l’ensemble des bâtiments américains confisqués (p. 146). » La frontière avec le Canada est quelque peu rectifiée et Mobile rattachée à l’Union, mais Londres refuse de rendre les 3 à 4 000 esclaves étatsuniens ralliés. Affranchis, ils seront envoyés en Afrique au Sierra Leone.
Grâce à Sylvain Roussillon, le lecteur français dispose enfin d’une étude roborative traitant de cette guerre anglo-américaine méconnue pour laquelle il faut, pour une fois, regretter la défaite britannique.
Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/
• Sylvain Roussillon, L’autre 1812. La seconde Guerre de l’Indépendance américaine, préface de Nicole Bacharan, Bernard Giovanangeli Éditeur, Paris, 2012, 191 p., 18 €.
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FEMEN : révélations scandaleuses sur une organisation sulfureuse
La journaliste d’une chaîne de télévision ayant infiltré l’organisation féministe ukrainienne a découvert des détails intéressants concernant le fonctionnement de l’organisation. Sa conclusion : les militantes ont pour objectif de se faire de la publicité et sont financées par des représentants des milieux d'affaires européens et américains.
Pour comprendre le fonctionnement de l’association FEMEN, une jeune journaliste de la télévision ukrainienne a intégré l’organisation et a participé à ses actions « seins nus » en filmant ce qui se produisait avec une caméra cachée. Elle a suivi pendant plusieurs semaines une initiation professionnelle à l’art de la scène et aux relations publiques, apprenant à se comporter agressivement pour attirer l’attention des journalistes et se présenter comme une victime innocente. Le plus important – c’est d'être à l’aise en montrant ses seins au public lors des manifestations.
Diaporama : Les membres de l’organisation FEMEN sont descendues dans les rues de Paris
La nouvelle recrue de FEMEN a fait ses débuts lors de l’action à Paris, où l’association a ouvert récemment un bureau. Les filles de FEMEN sont venues à Paris pour manifester devant le Centre culturel islamique de la capitale française. Selon la journaliste, elle ressentait littéralement sur sa peau les regards chargés de colère des gens, dont les sentiments religieux ont été délibérément offensés.
« L'action se déroule près du Centre culturel islamique et nous sentons que la foule est prête à nous déchirer en morceaux. Seuls les appareils photo de mes confrères nous ont sauvés du lynchage », a-t-elle dit après la manifestation.
Le voyage à Paris était offert à la journaliste par l’organisation FEMEN. Le billet d'avion, la chambre d'hôtel, les voyages en taxi et la nourriture coûtaient un millier d’euros par jour pour chacune des participantes, sans compter les frais de costumes, les services des maquilleurs et des stylistes.
La journaliste a également découvert que les activistes de FEMEN sont payées pas moins de 1000 dollars par mois, le triple du salaire moyen en Ukraine. En outre, le loyer que l’association verse pour son bureau de Kiev s’élève à 2500 dollars par mois, alors que le loyer mensuel du bureau parisien se monte à plusieurs milliers d’euros.
Malheureusement la nouvelle activiste n’a pas pu découvrir qui sponsorise le mouvement, ni découvrir la personne appelle les militantes à mener telle ou telle action de protestation. La journaliste suppose qu’il s’agit certainement de personnes qui apparaissent souvent aux côtés des militantes du mouvement. Il s'agirait notamment du milliardaire allemand Helmut Geier, de la femme d’affaires allemande Beat Schober, et de l’homme d'affaires américain Jed Sunden. Wikipédia soutient également la version selon laquelle ce dernier financerait les actions de FEMEN. TVladimir Sinelnikov http://www.voxnr.com
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Les États-Unis commencent à couper dans les dépenses publiques
Faute d’accord entre républicains et démocrates, le « séquestre » est entré en vigueur hier soir. Barack Obama reçoit les leaders du Congrès aujourd’hui.
Ca y est, le « séquestre » est entré en vigueur, hier, à minuit. Faute d’accord sur la réduction du budget entre démocrates et républicains, des coupes automatiques de 85,3 milliards de dollars, d’ici à fin septembre, vont commencer à entrer en application.
Avec une liste impressionnante de conséquences négatives potentielles, pour les Américains comme pour les touristes du monde entier qui se rendent aux États-Unis : du chômage technique pour des centaines de milliers d’Américains, notamment pour les civils qui travaillent pour le Pentagone, des horaires restreints pour l’accès aux parcs nationaux, des files d’attente plus longues aux aéroports par manque de personnel, à la fois aux contrôles de sécurité et dans les tours de contrôle, des aides à la recherche d’emploi suspendues, des intoxications alimentaires en hausse par manque d’inspecteurs sanitaires…
Barack Obama a constamment cherché à dramatiser les conséquences des coupes automatiques, au cours des derniers jours, dans l’espoir que les Américains les imputeront aux républicains. Il s’est, par exemple, rendu sur les chantiers navals de Huntington Ingalls, à Newport News, en Virginie, pour donner un exemple. Les coupes dans la défense (voir page 7) pourraient empêcher la Navy d’y envoyer des navires à l’entretien, ce qui toucherait non seulement l’entreprise en question, mais aussi ses fournisseurs, dans tout le pays.
Le président américain se montre intransigeant dans ce dossier. Comme l’ont démontré, d’abord, son discours d’investiture en janvier, puis son discours sur l’Etat de l’Union en février, il ne veut faire aucun cadeau aux républicains, à qui il ne pardonne pas leurs pratiques d’obstruction au cours de son premier mandat. La Chambre des représentants est contrôlée par le G.O.P., qui a en outre la possibilité, au Sénat, de retarder ou saboter des lois via la procédure du « filibuster ». Depuis des semaines, les deux camps sont restés dans un dialogue de sourds pour savoir comment réduire le déficit.
Les démocrates veulent augmenter les recettes fiscales en supprimant nombre d’exonérations favorables au « big business ». Les républicains estiment qu’ils ont déjà consenti à des hausses d’impôts pour les Américains les plus aisés en janvier et que c’est désormais aux démocrates d’accepter leurs demandes de coupes dans les programmes sociaux.
Aujourd’hui a lieu à Washington une réunion de la dernière chance : Barack Obama reçoit les leaders républicains et démocrates des deux Chambres, John Boehner et Mitch McConnell pour le G.O.P, Nancy Pelosi et Harry Reid pour les démocrates. Mais cette réunion intervient singulièrement tard. Ce qui a fait déclarer à l’attaché parlementaire d’un élu républicain : « pourquoi le président organise-t-il une réunion vendredi alors que le séquestre doit s’appliquer jeudi à minuit ? Soit il faut que quelqu’un achète un calendrier à la Maison-Blanche, soit c’est une plaisanterie. Ils (les démocrates) devraient au moins faire semblant d’essayer ». Le ton est donné.
Reste à voir quel sera le véritable impact du séquestre. Les démocrates ont, volontiers, aligné les prévisions sombres : une amputation de 0,6 % de la croissance pour 2013, c’est plus de 750.000 emplois menacés, à un moment où le chômage refuse obstinément de descendre sensiblement de la barre des 8 %, selon le bureau du budget du Congrès. Le FMI a, lui, estimé, hier, que la croissance américaine pourrait être en 2013 inférieure de 0,5 % à ce qu’elle aurait été sans les coupes. Il estime qu’il « y aura un impact sur la croissance mondiale. Les pays les plus affectés seront ceux qui ont les liens commerciaux les plus profonds avec les États-Unis ». Le syndicat AFL-CIO a, lui aussi, poussé un coup de gueule, estimant que le séquestre allait toucher, en priorité, les Américains les moins bien payés et aurait un impact sur la consommation.
D’autres voix s’élèvent pour relativiser. D’abord, les coupes se feront sentir progressivement. Les mises à pied ne peuvent intervenir qu’après un préavis de 30 jours. Selon Alan Blinder, de l’université de Princeton, il s’agit « seulement d’un ralentisseur » sur la route de la croissance, rien de majeur. L’agence de notation Fitch a déjà prévenu que l’entrée en vigueur du séquestre ne la conduirait pas à dégrader sa note souveraine (AAA).
Ce qui préoccupe plus, désormais, les conjoncturistes, c’est l’approche d’une nouvelle échéance potentiellement plus dangereuse : le 27 mars. C’est à cette date que le texte provisoire sur lequel est basée l’exécution du budget, actuellement, expire. Il faut donc en voter un nouveau, et les républicains semblent vouloir partir sur une base minimaliste. Une nouvelle bataille pourrait donc s’engager au cours du mois de mars. Avec, dans l’éventualité d’un échec, un gel pur et simple de l’appareil fédéral.
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Carmen Mercer, chef de milice civile américaine
[Article de Laurent Glauzy en exclusivité pour Contre-info]
Dans l’Etat de l’Arizona, des milices citoyennes se sont formées et patrouillent le long de la frontière mexicaine. Habillée d’un pantalon et d’une casquette en toile kaki, Carmen Mercer porte un Colt 45 autour de la taille. Elle a pris position sur la rive d’un fleuve asséché. Chaque jour, des centaines de Latinos franchissent illégalement la frontière, marchant ensuite pendant quatre jours sous une chaleur de 50°C. Les plus chanceux atteindront Tucson et Phoenix où séjournent bien souvent des parents. Ces villes représentent l’espoir d’un travail dans la restauration rapide ou dans une usine.
Une Allemande Présidente des Minutemen
Arrêter ces immigrants « sans papier », telle est la mission de C. Mercer, née Kleinfeller à Bergneustadt dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Ayant obtenu la nationalité américaine en 1999 et parlant l’américain avec un léger accent allemand, elle est Présidente du Minuteman Civil Defense Corps. Cette milice civile qui intercepte les clandestins pour les remettre aux autorités, compte en Arizona douze mille membres. Aux Etats-Unis, il y a des dizaines de milices paramilitaires légalisées par la Constitution permettant de porter une arme. C. Mercer explique que lorsqu’elle est arrivée dans ce pays, elle a respecté la loi, attendant son tour, non comme ceux qui la nuit tombée tentent de passer la frontière. Elle ajoute : « Il est vrai que nous sommes une nation d’immigrants ; mais d’immigrants légaux ». En Amérique, elle a « trouvé la nation la plus généreuse. Les habitants sont extraordinaires ; ce sont de grands patriotes. Et pour le paysage nous trouvons les mêmes choses qu’en Allemagne, l’espace et les palmiers en plus. » C’est pourquoi, elle a décidé d’agir et de prendre les armes pour défendre cette Amérique qu’elle aime.
Elle considère « la réforme de la santé comme une initiative socialiste » et déclare que « le Président est né au Kenya et non à Hawaï comme l’atteste ses papiers d’identités falsifiés » (1). Les statistiques officielles rendent compte de douze millions d’immigrés illégaux aux Etats-Unis. C. Mercer n’a aucune confiance en ces chiffres qui peuvent être facilement doublés. La question de l’immigration divise tout autant les Etats-Unis que l’implication de l’Etat sur la santé publique ou à propos du camp de Guantanamo. Les Blancs qui composent la majorité de la population américaine, dans trente ans, seront une minorité parmi les Latinos, les Noirs et les Asiatiques. Nombreux sont alors ceux qui se demandent à quoi ressemblera cette nation. Les Républicains exigent que les 3 140 km de frontières avec le Mexique soient fermées. Ils attendent la construction d’un mur décidé il y a quatre ans par le gouvernement. Les Démocrates militent pour qu’une partie des habitants en situation irrégulière et vivant depuis longtemps aux Etats-Unis soient régularisés. Ils proposent un texte de loi portant sur l’immigration, pour faire des « illégaux » des « légaux ». Une promesse faite par Obama pendant la campagne électorale.
J. Brewer, la courageuse gouverneure de l’Arizona
Au centre du débat, se trouve l’Arizona et ses 580 km de frontières avec le Mexique. Dans cet Etat, les Latinos comptent pour 30 % de la population. A Tucson et Phoenix, les Latinos constituent la moitié de la population et l’espagnol est autant pratiqué que l’anglais. Le 23 avril, Jan Brewer, la gouverneure républicaine de l’Arizona a signé, malgré les nombreuses menaces de mort, la nouvelle loi anti-immigration SB 1070, la plus draconienne jamais adoptée aux Etats-Unis. Très controversée, en cas de « soupçons justifiés », elle donne droit aux policiers de contrôler l’identité et le statut migratoire d’une personne. Ce privilège était jusqu’alors réservé aux services de l’immigration. Et transporter, employer ou donner l’asile à un « sans-papier » deviendra même un délit. Les défenseurs des droits de l’homme parlent de racisme ; ils prétextent que les Latinos en situation régulières peuvent être « incommodés ». Ils appellent au boycott. Pour sa part, le gouvernement mexicain, incapable d’endiguer le développement de groupes mafieux redoutés pour leur extrême violence et qui envahissent les Etats-Unis, préfère protester. Le 6 juillet 2010, le ministère américain de la Justice a déposé une plainte contre cette loi au motif que l’Arizona aurait dépassé son cadre légal ; il aurait empiété sur les affaires fédérales. Or, dans les sondages, comme l’écrit Jim Reeves, 74 % d’Américains soutiennent la loi. C. Mercer rapporte que « c’est la loi que nous attendions depuis toujours ». Car les « illégaux » qui ont échoué, réessayent une nouvelle fois. Certaines associations comme les Humane Borders n’ont donc rien trouver de mieux que de disposer des citernes d’eau dans le désert.
Le soleil du soir empourpre le désert. Cela fait deux heures que C. Mercer monte une garde avec ses amis : Jeff, alias « Almli », surnom d’origine norvégienne. Il scrute l’horizon avec ses jumelles, et Mike Vyne portant une épaisse barbe blanche, a fait le Vietnam chez les Green Berets dans le delta du Mékong. Quand en 1992 C. Mercer a divorcé d’un militaire américain, elle est partie pour Tombstone, où elle réside. Tombstone est une petite ville servant de décor au cinéma hollywoodien pour le tournage de Westerns. Il y a des saloons et des cow-boys. C. Mercer y possède le OK Café. Elle y connut Chris Simcox, son second mari. Il venait de Californie et avait traversé les parcs nationaux du sud. Ils commencèrent à patrouiller ensemble. En 2005, ils fondèrent les Minutemen. Ces trois premières années, 3 500 immigrés illégaux sont tombés entre les mains des milices civiles et beaucoup furent contents après une longue marche d’errance d’avoir été appréhendés. « Grâce à nos provisions d’eau et de nourriture, nous avons sauvé des centaines de vies », souligne C. Mercer qui organise des manœuvres de trente jours. Grâce aux dons des habitants de l’Arizona, ils ont pu installer une clôture utilisée pour le bétail et mesurant plusieurs centaines de mètres. C. Mercer et ses amis ont aussi été invités sur les terres du Ranch King’s Avril où les cartels de la drogue font de la contrebande. Des armes et des ballots de haschich y étaient dissimulés. Pour lutter contre ce fléau, des patrouilles se sont également dotées de drones.
R. Krentz, le vieux rancher assassiné
C. Mercer fait du lobbying à Washington. Elle frappe à la porte des sénateurs pour lutter contre le projet de loi d’amnistie concernant les « illégaux ». Ses revendications sont représentées au sein du Tea party, mouvement populiste partisan du conservatisme fiscal et du « moindre Etat », et dont Sarah Palin est devenue une icône. Ayant tenu sa première convention nationale à Nashville en février 2010, ce mouvement devrait fortement concurrencer le Parti républicain. Chris Simcox est un dirigent charismatique de l’organisation nationale. Il a quitté la milice pour défier McCain, sénateur de l’Arizona au Sénat des Etats-Unis depuis 1987 dans la course à la Maison-Blanche. Le représentant des Républicains avait pris position pour la légalisation des « illégaux ». Luttant à présent pour sa survie politique, il tente de reconquérir le camp conservateur et demande plus de clôtures et davantage de gardes frontières. Il abonde dans le sens de l’opinion conservatrice, car les citoyens du sud des Etats-Unis craignent que les cartels mexicains de la drogue étendent leurs zones d’influence. Le 27 mars, le vieux rancher Robert Krentz a été abattu à proximité d’une des mares de sa propriété de 14 000 hectares. Ce meurtre est la cause de la loi SB 1070.
C. Mercer parle avec le plus grand bien de Joe Arpaio, le « shérif le plus dur des Etats-Unis » qui habille les prisonniers avec des sous-vêtements roses. En Arizona, il est la personnalité la plus haïe des Latinos. Lors de manifestations gigantesques qui se sont déroulées ces dernières semaines contre la loi SB 1070, des affiches le représentaient avec une petite moustache. Pour lui, la loi ne change rien. Lors des contrôles, ses agents ont arrêté des citoyens de nationalité américaine portant un patronyme espagnol. Ils pensaient qu’il était un « sans papier ». Les Latinos peu loquaces sur le comportement de leurs compatriotes, se plaignent en revanche de l’intransigeance de J. Arpaio qui briserait des familles. Le cas d’Almazar est exploité par la propagande de gauche. Elle habite une petite maison dans l’est de la ville ; sa famille vient de Negales au Mexique. Née aux Etats-Unis, elle vit avec un homme qui est arrivé il y a dix ans de Veracruz sur la côte des Caraïbes. Il est un « illégal ». Il avait payé 800 dollars à ses passeurs. Aujourd’hui, les tarifs ont triplé. Il travaillait pour un salaire de misère dans une entreprise de fabriques de cartouches. Mais, accusé d’avoir fait usage d’une carte d’assurance falsifiée, il est menacé d’expulsion et peut écoper d’une peine de dix ans d’interdiction d’entrée sur le territoire américain. Dans cette perspective, sa compagne devra le suivre au Mexique, pays dans lequel ni elle ni ses enfants de sept ans n’ont jamais vécu.
Dans son livre America Defenceless (L’Amérique sans défense) abordant l’histoire contemporaine d’une Amérique qui sombre dans l’anarchie et l’idéologie communiste, C. Mercer affirme n’avoir « aucune pitié pour ces gens-là. (…) Penser que l’on puisse épouser un immigré en situation illégale pour qu’il soit régularisé ; cela ne devrait pas être si facile. Aux Etats-Unis, chaque année, 357 milliards de dollars sont dépensés pour les immigrés illégaux, alors que nous n’avons pas assez d’argent pour que cette frontière devienne moins poreuse. C’est du délire !
Laurent Glauzy, Août 2010 http://www.contre-info.com
(1) Le 4 août 2010, la chaîne CNN a publié un sondage établissant qu’un quart des Américains croyaient que B. Obama n’était pas né aux Etats-Unis et aurait menti sur son lieu de naissance.
Article tiré de Atlas de géopolitique révisée, tome II
Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
Atlas de géopolitique révisée, tome I
Chine, l’empire de la barbarie
Extra-terrestres, les messagers du New-Age
Le mystère de la race des géants -
Les Français ne condamnent pas la peine de mort…la France oui – par Manuel Gomez
« La France condamne l’exécution survenue aujourd’hui au Japon de trois détenus. Ces exécutions vont à l’encontre de l’évolution mondiale en faveur de l’abolition de ce châtiment inhumain et dont la valeur dissuasive n’a jamais été établie ».Le Japon a procédé en 2012 à des exécutions capitales et s’est attiré ainsi la réprobation des « donneurs de leçons » français, par l’intermédiaire du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius (France diplomatie). Ce châtiment est-il plus inhumain que celui qu’ont fait subir à leurs victimes ces trois monstres exécutés ?Yasuaki Uwabe a poignardé au hasard, en 1999, des passagers d’une gare ferroviaire. Bilan 5 morts et 10 blessés.Tomoyuki Furusawa a tué ses beaux-parents et le fils de 12 ans de sa femme, qui l’avait quitté parce qu’elle n’en pouvait plus d’être battue.Le dernier condamné à mort exécuté, un homme de 44 ans, avait violé et assassiné sauvagement en 2004 une petite fille de 7 ans, puis avait pris des photos du corps et les avait envoyé aux parents accompagnées du message suivant : « Maintenant je vais venir prendre votre deuxième enfant et le tuer aussi. »(cf. Le monde du 21.02.2013) -
Y a-t-il trop d’avions dans le ciel ?
L’Union européenne prévoit que le nombre d’avions aura doublé d’ici 2020. Notre planète peut-elle supporter une telle augmentation ? Si elle n’est responsable que de 2 % du total mondial des émissions de CO2, l’aviation commerciale sait qu’il va falloir faire mieux.
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Conférence de Frédéric Lordon et Fabien Danesi
Le 22 février 2013, la galerie VivoEquidem recevait Frédéric Lordon qui s’est entretenu avec Fabien Danesi lors de la conférence “Les paysages affectifs du capitalisme contemporain”.
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Napolitano apprend le respect aux Allemands
Le président italien Giorgio Napolitano, en visite en Allemagne, a annulé le dîner prévu hier soir avec Peer Steinbrück, le candidat social-démocrate à la chancellerie.
Pourtant Napolitano est lui aussi un homme de gauche, ancien communiste. Mais il est le président italien, et il n’admet pas qu’on traite de clowns les personnalités politiques de son pays, aussi contestées ou contestables soient-elles. Or c’est ce qu’a fait Peer Steinbrück en déplorant les scores de Beppe Grillo et Silvio Berlusconi.
« Nous avons un profond respect pour l’Allemagne, a déclaré Napolitano, et évidemment nous exigeons que notre pays soit également respecté. »
Cela me fait penser aux ministres tchèques défendant avec panache Vaclav Klaus devant le Parlement européen alors qu’ils n’étaient pas sur sa ligne anti-UE.
Quant à Peer Steinbrück, c’est aussi l’homme de gauche qui avait essayé de cacher qu’il donnait des conférences grassement payées dans des réunions organisées par des banques, qui affirma que jamais il ne boirait un vin à 5€ la bouteille, et que le salaire du chancelier allemand est trop bas… Si le parti social-démocrate voulait se suicider, c’est cet homme-là qu’il choisirait pour être candidat face à Angela Merkel.
Ah bon, c’est le cas ? C’est étrange…