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Intervention de Thierry Meyssan sur l’Hollywoodism
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Merah, Merkel, mariage, Mali : Tranches de vie pour une époque normale
Les rebondissements de l’affaire M. Merah montrent que les services spéciaux surveillaient aussi sa sœur qui « entretenait des liens avec la mouvance salafiste toulousaine » (Le Monde du 1er février 2013). Tiens ! Il y a donc une « mouvance salafiste » à Toulouse ? On pensait jusque-là les Toulousains surtout célèbres pour le rugby, le cassoulet ou l’aéronautique. Aujourd’hui c’est donc aussi pour le salafisme. Normal.
Gérard Depardieu a rejoint la Russie car il en avait assez du fiscalisme. Il faudrait donc le plaindre au lieu de le traiter de « minable » puisque, comme nous le disent chaque jour les médias, la Russie serait un pays terrifiant : un pays barbare où les féministes, les musulmans, les journalistes et les homosexuels sont assassinés ou jetés en prison, où les mafias gouvernent et où l’on méprise la démocratie. Notre Obélix national devait donc déprimer quand il a choisi de rejoindre non pas le paradis (fiscal) mais l’enfer (russe) ? Normal.
On a salué comme il se doit l’anniversaire du Traité de l’Elysée car il paraît que les Français et les Allemands s’aiment donc beaucoup, notamment François et Angèle. Normal. Mais on a omis de nous dire qu’à l’origine de ce traité, la France dominait et l’Allemagne, réduite au surplus à sa portion Ouest, quémandait un soutien. Aujourd’hui c’est l’inverse. Le duo franco-allemand ressemble à un couple à la Dubout : avec un petit monsieur ridicule au bras d’une grosse dame. Et puis il ne faut pas oublier que Madame Angèle aimait aussi beaucoup Nicolas et bien d’autres hommes en Europe, également. Cela devrait quand même faire réfléchir François qui s’intéresse tellement aux couples en ce moment.
Près d’un million de personnes dans la rue à Paris pour la manifestation contre le mariage homo en janvier mais la préfecture de police n’a vu que 350.000 manifestants. Une myopie normale.
L’armée française à conquis Tombouctou sans combat… les islamistes ayant quitté les lieux avant. Saluons cette extraordinaire victoire du « chef de guerre » François Hollande, qui serait pour cela devenu très « populaire »… au Mali ! Ce fut aussi, paraît-il, la décision la plus difficile de sa présidence. Voilà en tout cas ce que nous disent les médias et cela doit nous rassurer. En France, par contre, sa popularité ne semble pas aussi évidente mais c’est normal.
La campagne de recrutement pour ladite armée française s’intitule d’ailleurs : « S’engager, pour moi, pour les autres ». Un message très en phase avec l’implosion individualiste de la société contemporaine : je m’engage pour moi d’abord, en effet. Plus question non plus de faire référence à la nation française : non, on s’occupe des « autres », c’est-à-dire de tout le monde désormais. Quoi de plus normal, en somme, puisque l’armée de métier est devenue une annexe de Pôle Emploi et qu’elle mène des missions qui ressemblent à celles des ONG. Car on conduit des opérations (on ne dit plus « guerre ») humanitaires, que diable !
Le Sénat envisage de créer des « zones de protection renforcée contre le loup ». Tiens ! Les loups sont de retour en France et il faudrait s’en protéger ? C’est sans doute cela le progrès. Normal.
Il faudra aussi éteindre les lumières dans les commerces et les bureaux la nuit à compter du 1er juillet prochain. La France des Lumières se met donc à l’heure du black-out. Tout un symbole de la post-modernité ! Nous revoilà plongés dans les « heures sombres de notre histoire ».
Après la promotion du vélo et des produits recyclés, bientôt l’éclairage à la bougie et peut-être aussi les tickets de rationnement comme au bon vieux temps. Normal.
Et puis l’Union européenne entend lancer un vaste programme d’implantation d’éoliennes. C’est bien normal pour une Europe aux semelles de vent.
Tout est normal, circulez !
Michel Geoffroy
11/02/2013Correspondance Polémia – 15/02/2013
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“Comprendre la mondialisation en 10 leçons”
Présentation du livre “Comprendre la mondialisation en 10 leçons”, de Gilles Ardinat (Ellipses, sept. 2012) par Philippe Conrad sur realpolitiktv.
Géopolitique en livres : "Comprendre la... par realpolitiktvLien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international 0 commentaire -
DSK ET LA PAUPERISATION
Les signes de la paupérisation du peuple français s'accumulent de plus en plus. Les statistiques officielles montrent qu'en 2009 8,2 millions de personnes, soit 13% de la population, vivaient en dessous du seuil de pauvreté. En 2008, c'était moins : 7,84 millions. Un Français sur deux vit avec moins de 1580 € par mois. Certes ces statistiques doivent être lues avec prudence : il est plus évident d'être pauvre à Paris lorsque l'on a peu de revenus qu'en province avec les mêmes revenus, si par ailleurs on dispose d'une maison et d'un jardin.
Des indices plus sûrs et évidents existent comme la « prospérité » des restos du cœur et celle du secours catholique. Les politiques qui pilonnent l'économie française, soit pour détruire les industries et services, soit pour les chasser ailleurs, ont au moins une production qui marche bien c'est justement celle des restos du cœur.
Au même moment, DSK fait un retour quasi triomphal à Paris et les médias le montrent avec gourmandise pénétrant dans son magnifique logis de la place des Vosges. Ses innombrables camarades et amis de la fausse droite et de la vraie gauche sont, certes, fort embarrassés par ce retour. La présomption d'innocence existe dans le domaine pénal, ce qui n'empêche pas les rumeurs et les chuchotements.
UNE INCOMPETENCE MANIFESTE
Pour sauver l'honneur, les voici chantant ses prétendus talents et sa prétendue compétence. Mais il se trouve que la présomption d'innocence n'existe pas dans le domaine économique.
Dans les multiples fonctions qu'il a rempli au plus haut niveau en France, il a décidé et orchestré les plus grandes calamités : semaine de 35 heures, retraite à 60 ans, enrichissement fabuleux des politiciens, déluge fiscal, dépenses publiques illimitées, endettement en folie. Le résultat pitoyable est connu : chômage, crise du logement, délocalisations des entreprises, retraites insuffisantes, panne de la croissance et bien d'autres manifestations qui ont conduit précisément à la paupérisation rappelée ci-dessus.
Certes, pour sa défense, il pourrait dire qu'il n'était pas le seul et que ses amis sont étroitement solidaires de la catastrophe générale. Il ajouterait que la fausse droite, en dehors de quelques aménagements, a poursuivi la course folle et n'a nullement arrêté le double bolide des impôts et de l'endettement.
S'il avait, au tribunal de l'histoire, un avocat aussi talentueux que celui qui lui a permis d'éviter d'être jugé, il pourrait aussi affirmer qu'il était ignorant du mal qu'il créait par ses actions. Étant donné le degré élevé d'intelligence de ces gens, la présomption d'ignorance n'a aucun sens. Il y a eu agression contre l'économie française et agression volontaire.
Une autre ligne de défense pourrait être d'évoquer le consentement du peuple français s'exprimant par les votes ; cela voudrait dire qu'il n'y a pas eu de viol, comme cela aurait pu se produire dans la suite 2806 du Sofitel de New-York, si la victime n'était pas consentante.
L'ORCHESTRE MEDIATIQUE
Que se passe-t-il dans l'isoloir ? C'est là qu'intervient dans l'analyse un autre facteur, à savoir l'orchestre médiatique. Les médias en France sont à la fois créateurs et complices des calamités publiques ; ils sont étroitement imbriqués avec les politiques et forment avec ces derniers un ensemble cohérent, imposant une censure d'autant plus impitoyable qu'elle est apparemment douce. La situation est donc étrange : il n' y pas eu viol puisque le peuple a voté. Mais le consentement a été obtenu grâce à la complicité de l'orchestre médiatique, lui-même arrosé généreusement par les impôts arrachés aux victimes-contribuables-électeurs.
La même propagande célèbre le rôle de DSK à la tête du FMI. Les tribulations récentes ont permis d'admirer sur les écrans la magnificence de cette organisation qui, avec ses 14 000 employés, n'est que l'une des multiples et luxueuse succursales du pouvoir totalitaire mondial en voie d'édification rapide.
Au même moment, nous avons le spectacle de la misère que ce FMI impose cruellement au peuple grec, soi-disant pour le « sauver ». C'est une pratique courante de cette organisation. Là aussi la présomption d'ignorance n'existe pas.
Comment ce personnage incompétent est-il arrivé à la tête du FMI ? Peu de gens se souviennent que pendant plusieurs mois les affaires étrangères de la France ont été mises au service de sa nomination et, de même, récemment de celle de Madame Christine Lagarde. Dans les affaires étrangères rien n'est gratuit et tout se paye ; personne ne peut connaître les contreparties que la France a du donner pour ces deux nominations correspondant aux caprices et intérêts du pouvoir en place.
LES IMPOTS FRAPPENT SURTOUT LES PAUVRES
La paupérisation évidente du peuple français met en évidence un fait que peu admettent, à savoir que les impôts frappent en priorité les pauvres. En effet, ces derniers deviennent pauvres précisément à cause des impôts qui détruisent les créateurs de richesse, ceux qui font tourner la machine.
Les simples précaires, qui arrivent seulement à vivoter risquent à leur tour de tomber dans la trappe de la pauvreté. A mesure que les gens s'élèvent dans la richesse, l'impôt devient de moins en moins pesant. S'ils accèdent à la grande richesse, l'impôt n'existe plus puisqu'ils peuvent s'évader parfaitement légalement pour échapper à l'enfer fiscal.
La France en ruine, le désastre du FMI : décidément les camarades ont bien de l'audace à essayer de redonner du lustre à leur encombrant ami. En fait, ce n'est que le reflet de leur propre solidarité à la fois dans l'incompétence et dans ses résultats.
Michel de Poncins. http://libeco.net/ -
L’interview complète de Thierry Meyssan pour le National Emancipé
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Un air de fin du monde en Russie
Ce vendredi, une météorite s’est disloquée au-dessus de la Russie et ses morceaux ont causé des dégâts notables (faisant voler en éclat de nombreuses fenêtres suite à l’onde de choc). Pis, le nombre de blessés (un millier) est un record pour ce genre d’événement.
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Les illusions perdues des maîtres du monde
Le changement de ton est désormais palpable chez les dirigeants occidentaux, impuissants à retrouver la prospérité. Le découplage du monde entre vieilles économies qui stagnent et émergents qui avancent s’accentue.
Avant la dégringolade de 2008, les capitaines de la finance et de l’industrie pouvaient vanter les vertus de la mondialisation, de la technologie et de la libéralisation des services financiers, supposées ouvrir une ère de croissance sans fin. Une croissance au bénéfice de tous, à condition de faire « les bons choix ». Nous n’en sommes plus là.
Il est tout à fait symptomatique de constater que ce qui a rassemblé les dirigeants réunis récemment à Davos est le sujet des inégalités économiques. Le changement de thème par rapport à il y a seulement un an est spectaculaire. Personne n’ose plus avancer l’idée que ce qui est bon pour les riches finit par profiter aux pauvres.
Le discours de Christine Lagarde, la dirigeante du FMI, a été de ce point de vue un moment clef de la rencontre de Davos. Elle a souligné les changements profonds au sein de son institution, au moins au sommet de la pyramide : une véritable préoccupation pour le droit des femmes, l’accent mis à nouveau sur le lien entre inégalité et instabilité, et la reconnaissance du rôle essentiel de la négociation collective et d’un salaire minimum dans la réduction des inégalités. Si seulement les programmes du FMI en Grèce et ailleurs reflétaient réellement ce discours !
La session organisée à Davos par l’Associated Press a été révélatrice de ces nouvelles préoccupations : un pays, notamment dans le monde développé, peut-il créer des emplois (notamment des emplois bien payés) quand la technologie moderne remplace les travailleurs par des robots et des machines pour toutes les tâches qui peuvent être automatisées ?
Dans l’ensemble, depuis le début de ce siècle, en Europe comme aux Etats-Unis, le secteur privé est incapable de créer en nombre des emplois correctement rémunérés. Même en Chine et dans d’autres pays dont le secteur manufacturier est en croissance, c’est essentiellement l’augmentation de la productivité – souvent liée au remplacement des travailleurs par des processus automatisés – qui est à l’origine de la hausse de la production. Les premières victimes en sont les jeunes, qui voient leurs perspectives d’avenir compromises par de longues périodes de chômage.
La majorité des participants du Forum de Davos a surtout célébré la survie de l’euro. Le sentiment dominant était l’autosatisfaction, voire l’optimisme. La stratégie de Mario Draghi, c’est-à-dire la promesse que la BCE, avec tous les fonds dont elle dispose, pourrait et ferait tout ce qui est nécessaire pour sauver l’euro et secourir tous les pays en crise a semblé efficace, au moins pendant un temps.
Le calme temporaire que cela a engendré donne a posteriori raison à ceux qui appelaient en priorité à rétablir la confiance. L’idée était que la promesse en forme de menace de Draghi rétablirait la confiance sans débourser un sou, car elle n’aurait jamais à être mise à exécution.
Des voix se sont cependant élevées pour rappeler que les contradictions fondamentales n’étaient pas résolues et que la survie à long terme de l’euro impliquait l’existence d’une union budgétaire et bancaire, ce qui suppose une union politique que la plupart des Européens sont prêts à accepter. Mais beaucoup de ce qui a été dit à Davos, tant lors des réunions qu’en aparté, traduisait un profond manque de solidarité.
D’une façon générale, si les dirigeants occidentaux insistent sur la croissance et l’emploi, ils ne proposent pas de mesures efficaces pour y parvenir. Les prévisions de croissance du FMI mettent du reste en évidence le découplage croissant du monde : cette année, la croissance du PIB dans les pays industriels avancés devrait être de 1,4 %, contre au moins 5,5 % dans les pays en développement.
Et pendant que les Européens martèlent la nécessité de l’austérité en se félicitant des progrès accomplis et réaffirment leur volonté de poursuivre dans la voie qui a plongé toute l’Europe dans la récession, les pays émergents nous apportent une note d’optimisme. Ceux qui réussissent le mieux sont ceux qui sont parvenus à gérer la mondialisation pour maintenir leur croissance malgré les échecs de l’Occident.
Devant des Etats-Unis paralysés politiquement par l’agitation puérile des républicains et face à une Europe absorbée par la survie de l’euro en raison de son défaut de conception, le manque de leadership mondial est de plus en plus patent. Au cours des vingt-cinq dernières années, nous sommes passés d’un monde dominé par deux superpuissances à un monde où il n’en existait plus qu’une, et maintenant à un monde multipolaire dépourvu de leadership.
Nous pouvons discuter du G7, du G8 et du G20, mais il faudrait évoquer le G0 ! Nous devons apprendre comment vivre et prospérer dans l’ère nouvelle qui s’ouvre.
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L’Occident se meurt-il ?
Au moment où paraît le nouveau livre d’Hervé Kempf, “Fin de l’Occident, naissance du monde”, Régis Debray se livre à un impressionnant bilan de nos forces et de nos faiblesses dans la revue “Médium”.
Par Bruno Deniel-Laurent
Nous avons tous la nostalgie des lectures de nos 20 ans, et certains, peut-être, restent encore envoûtés par cette phrase puisée dans le Mont analogue, de René Daumal : «Les civilisations, dans leur mouvement naturel de dégénérescence, se meuvent de l’est à l’ouest. Pour revenir aux sources, on devait aller en sens inverse.»
A cet Orient symbolique, mère de l’origine, répondrait donc un Occident drapé dans les lueurs du crépuscule, un grand Ouest vespéral doré par les rayons du soleil déclinant
(c’est l’un des sens du mot latin occido : tomber à terre, choir).
L’Occident, empire de la mort radieuse ? Nombreux sont ceux qui l’ont pensé, allant jusqu’à s’interdire de l’orthographier convenablement («oxydant») et lui opposant des astres plus vivants : l’Orient, bien sûr, mais aussi le tiers-monde, l’Europe souveraine, l’Eurasie, etc. Alors qu’il est aujourd’hui beaucoup question de «la fin de l’Occident» (c’est le titre du nouveau livre de l’écologiste et chroniqueur au Monde Hervé Kempf), le 34e numéro de la revue Médium choisit de s’ouvrir sur un puissant essai, quasi pamphlétaire, de Régis Debray qui entreprend de nous en livrer la «fiche clinique», listant «atouts» et «handicaps» de l’hégémonie occidentale.
Les cinq “miracles” historiques
Il convient avant tout de savoir ce que l’on entend par «Occident». Hervé Kempf, étrangement, ne cherche pas à en approfondir la notion, se contentant de l’assimiler aumodèle de développement capitaliste né de la révolution industrielle, modèle dont la généralisation à l’ensemble du monde serait désastreuse.
Debray préfère y voir une «invention largement mythique» (mais, nous prévient-il, les mythes sont des fusées, non des fadaises) dont le dernier avatar serait le «monde libre», c’est-à-dire l’Amérique et ses affidés. On validera cette définition :
de toute évidence, l’Occident n’est sans doute que le «nom de plume de l’Otan», cette architecture de sécurité dirigée pour les seuls intérêts fondamentaux des Etats-Unis.
Peut-être est-il aussi utile, pour mieux pénétrer la notion, de s’abreuver auprès des intellectuels occidentalistes.
L’essai publié en 2004 par le philosophe libéral Philippe Nemo, Qu’est-ce que l’Occident ? (PUF), avait ainsi le mérite d’exposer une défense virile et érudite de l’idéologie occidentale, présentée sous la forme d’un «discours de civilisation» reposant sur cinq «miracles» historiques :
au commencement, il y aurait eu le «miracle grec», instituant la pratique de la liberté individuelle au cœur de la cité ; puis l’Empire romain, en quête d’une juridiction universelle transcendant les coutumes particulières, aurait posé les bases du droit civil ; l’éthique biblique aurait universalisé l’idée de «sens de l’histoire» et incité chaque personne humaine à porter dans le monde l’impératif de la charité ; la réforme grégorienne, ensuite, en «rationalisant» les doctrines du salut, aurait incité à privilégier l’idée de progrès contre celle de révolution ; le libéralisme, enfin, compris comme «pluralisme critique» et affirmation de la raison individuelle, aurait radicalement désacralisé la source du pouvoir et ouvert la voie à des sociétés individualistes gouvernées par les seuls mécanismes du droit et du marché.
L’Occident, selon Philippe Nemo, désignerait donc à la fois cette «miraculeuse» synthèse libérale et l’ensemble des nations dont l’histoire participe de la fondation et de la défense de cette idéologie, c’est-à-dire l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis d’Amérique qui en forment depuis un siècle la tête de pont.
En occidentaliste conséquent, Nemo en appelle donc à une union toujours plus fusionnelle entre les deux rives de l’Atlantique, entérinant de fait la division entre une Europe occidentale miraculeusement libérale et une Europe de la steppe désespérément rétrograde…
Voilà donc clairement exprimée cette tragique alternative à laquelle on ne peut, en conscience, échapper : ou le choix de l’Occident ou celui d’une Europe pleinement souveraine, il faut décider.
Pour Régis Debray, il est clair que
nos décideurs «européistes» ont depuis longtemps accepté leur sujétion, le monopole de l’idéologie occidentale sur la formation des élites internationales
constituant d’ailleurs l’atout no 3 listé par Debray : «Pas de périphérie, de minorité ou de religion qui n’ait, aux Etats-Unis, pompe aspirante et refoulante, des représentants plus ou moins bien implantés, ayant leurs entrées au Congrès et dans l’administration, et dont les meilleurs éléments pourront, le cas échéant, regagner leur pays d’origine, en en faisant leur résidence secondaire. Ce sont les Afgho-Ricains, Albano-Ricains, Afro-Ricains (le Gallo-Ricain façon Jean Monnet ne fut qu’un prototype). Cette DRH planétaire peut sortir à tout instant un Karzaï de sa poche. Un Palestinien de la Banque mondiale, un Italien de Goldman Sachs, un Libyen formé au moule ou un Saakachvili géorgien.» Nous serions tentés d’ajouter : un Montebourg de la French-American Foundation, un Juppé de l’Atlantic Partnership, un Pierre Lellouche du Harvard Club…
Partenaires serviles
La servilité est comme le soleil ou le néant : on ne peut l’observer trop longtemps en face.
Rien d’étonnant, donc, à ce que nombre de nos élites, surtout chez les «européistes», se rêvent en «partenaires» ou même en «amis» de l’Amérique.
Mais il suffit que l’Otan passe du soft power au hard power, et nos fiers-à-bras de l’Union européenne, toujours prompts à dénoncer chez eux les méchants souverainistes et autres bolcho-gaullistes, se feront tout petits face au grand frère yankee. Ainsi, il apparaît évidemment significatif à Régis Debray qu’aucun membre européen d’une alliance stipulée comme défensive n’ait fait jouer la clause de conscience en 1989.
Qu’est-ce alors que la «construction européenne», sinon le «symptôme d’une Europe fatiguée et résignée à sa vassalité, rêvant, sous l’idéal fédéraliste, d’une vaste Confédération helvétique
(une Suisse moins les montagnes et le service militaire obligatoire), se déchargeant sur l’outre-Atlantique du soin de sa sécurité, mais d’un loyalisme de fond et à toute épreuve» ?
Cette vassalité est évidemment l’autre nom de l’atout no 1 de l’Occident («une cohésion sans précédent»). Alors que toutes les grandes zones géopolitiques restent traversées par des fractures internes (les organisations régionales – Ligue arabe, Association des nations de l’Asie du Sud-Est, etc. – étant moins des lieux de décision que des forums), «seule l’Otan peut parler d’une seule voix, avec une ligne de commandement incontesté et un consensus doctrinal». Le plus grave est que cette voix pense avoir le «monopole de l’universel» (atout no 2).
Un défi gigantesque
Si chaque grande puissance, à l’instar de la Chine ou du Brésil, se donne le droit de poursuivre ses intérêts vitaux en dehors de ses frontières (Debray appelle ça «l’égoïsme sacré»), seul l’Occident (épaulé par ses relais affichés ou instrumentalisés) se vit en «ligue du bien public contre une Sainte-Alliance de despotes et de crapules» et s’affirme comme le «porte-drapeau de tous les combats d’émancipation culturelle de l’Est et du Sud» (personne n’oserait contester le bien-fondé de ces croisades qui sont souvent autant d’opérations de déstabilisation : sauvons les femmes d’Iran, les gays du Kenya, les blogueurs de Libye, les punkettes de Russie…) ; on est bien là dans ce que Debray appelle «le formatage des sensibilités humaines» (atout no 4) que complète encore «l’innovation technique» (atout no 5).
Face à cette omnipotence, on se demande comment Hervé Kempf peut encore prophétiser la «fin de l’Occident». A moins, et c’est la voie suivie par l’auteur,
de résumer l’Occident à ce club des anciennes nations industrielles aujourd’hui concurrencé par de dynamiques puissances régionales qui, en «rattrapant leur retard», exacerberont les inégalités sociales au sein de l’ancien monde tout en achevant de dévaster la planète.
Pour Hervé Kempf, la «fin de l’Occident» n’est donc pas une prophétie cauchemardesque, mais une édifiante utopie. Malheureusement, il y a fort à parier que le défi gigantesque qu’il lance aux Européens (choix de la décroissance, abandon du PIB et des axiomes libéraux, prise de distance radicale avec les Etats-Unis, démocratie directe, etc.) soit bien au-dessus de nos faibles forces !
Pour l’heure, il semble donc que c’est moins au déclin de l’Occident que l’on assiste qu’à sa généralisation métastatique. Après tout, de Londres à Washington, le centre «spirituel» de l’Occident a déjà plusieurs fois changé de lieu et sans doute est-il déjà entré dans une phase de déterritorialisation.
Cet «hubris du global» (handicap no 1, selon Debray) pourrait-il accélérer la fin de l’Occident ? Debray lui-même n’en est guère persuadé, les risques liés à la «surextension impériale» pouvant désormais être limités par d’inédits outils de police («Tuer sur écran, à 10 000 km de distance, un suspect avec un missile Hellfire tiré d’un drone Predator n’est plus techniquement impossible»).
Certes, la «dissémination du perturbateur» (handicap no 5), liée à la destruction des Etats nationaux sous les coups de boutoir de l’ingérence, peut être source de nouveaux défis lancés à l’Occident (on a pu le voir en Libye avec le lynchage de l’ambassadeur des Etats-Unis), mais il ne faut pas oublier que les «fous» d’hier peuvent aussi devenir les «alliés» de demain (et vice versa). Même l’aveuglant «complexe de supériorité» de l’Occidental (handicap no 2) reste une faiblesse toute relative, et Debray nous rappelle avec raison que l’hubris est à la fois orgueil coupable et élan vital.
Le sacré mis au rancart
Mais il est aussi deux handicaps autrement plus terribles, véritables tumeurs de l’être occidental (dont nous avons été, nous, Européens, les premiers cobayes) : la «prison du temps court» et le «déni du sacrifice», estime Debray. Ouvrons les yeux et regardons autour de nous : le présentisme nous est vendu comme un humanisme. Et s’il est une fierté constamment affichée sur nos écrans, c’est bien d’en avoir fini avec «les temps longs de la mémoire ethnique et du messianisme religieux». Les indignés du Nord ont le souffle court ; ceux du Sud, la «rancune tenace et souterraine». L’écrivain, qui a suffisamment réfléchi à la question du sacré, sait bien que «l’Occident [et l'Europe en particulier] l’a mis au rancart». Or le sacré est aussi ce qui commande le sacrifice.
D’où cette morbide synthèse, en notre Occident libéral, où l’humeur est interventionniste et le climat, pacifiste. Pour le dire autrement, l’Occident n’a plus le moral de sa morale, ni la vaillance de ses valeurs : «Préserver la douceur du soir jure avec l’esprit de croisade, plutôt matinal.»
Tel est ainsi l’Occident en ses métamorphoses : à la fois amnésique et sentencieux, impérial et puéril, haï et singé, omniprésent et invisible. Nourri au lait hyperprotéiné, Goliath est désormais devenu douillet.
“Occident, fiche clinique”, de Régis Debray, à retrouver dans la revue Médium no 34, 16 €.
Fin de l’Occident, naissance du monde, d’Hervé Kempf, Seuil, 156 p., 15 €.
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La zone euro s'enfonce dans la récession
La croissance de la zone euro sera plus mauvaise que prévu en 2013. Elle a vu ses principales économies plonger. Au quatrième trimestre 2012, le produit intérieur brut (PIB) s’est replié de 0,6% a indiqué, ce jeudi 14 février, l’Office européen des statistiques, Eurostat. L’Office européen des statistiques Eurostat confirme une fois de plus le repli de l’activité économique en Europe. Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a diminué de 0,6% au dernier trimestre 2011, une tendance quasi identique pour l’ensemble de l’Union européenne avec une baisse de 0,5%.Ces données font de 2012 une année particulièrement difficile pour la monnaie unique : pour la première fois, la zone euro n’aura même pas connu un seul trimestre de croissance.Les principales puissances économiques européennes sont touchées par ces mauvais résultats, y compris l’Allemagne. Ces chiffres pourraient donner des arguments supplémentaires aux pays membres, comme la France, qui avouent ne pas être en mesure de tenir leurs engagements de réduction de déficit.Pour l’instant, la Commission européenne se refuse à tout commentaire. Elle prépare surtout la présentation la semaine prochaine de ses prévisions économiques pour la période 2013-2014. Ces estimations porteront sur le PIB, l’inflation, l’emploi et le déficit public. Une façon pour l’institution de donner sa réponse politique aux difficultés annoncées par plusieurs pays.Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/ -
« Cafouillage industriel, oeuvre d'Etat » archive 2007
En cinq ans, le gouvernement Jospin (1997 - 2002) a largement ouvert au « privé » le capital des entreprises qui relevaient de l’Etat. La démagogie électorale permanente de la Vème République dévoyée implique l’appauvrissement et l’affaiblissement de l’Etat.
Les médias ont endoctriné l’opinion afin qu’elle s’élève contre « trop d’Etat ». Paradoxalement, alors que les Français veulent « moins d’Etat, ils ne lui ont jamais demandé de leur répartir autant de ressources et de les assister dans toutes les activités, de la crèche à la maison de retraite.
En somme, plus l’Etat est affaibli (par la « construction européenne ») et appauvri par les lois du marché (et les privatisations) plus les Français en exigent les magnificences, largesses et libéralités dont seul serait capable un Etat souverain, riche et puissant.
Les gouvernements successifs de la Vème République se sont révélés incapables de faire la différence entre les activités nationales qui gagnent à relever du « privé » et celle qui assurant un service public essentiel, doivent être la propriété de tous les Français et donc dépendre du gouvernement qu’ils se sont donné.
Poursuivant la politique de privatisation des gouvernements Chirac (1986–1988), des socialistes (de Rocard à Bérégovoy 1988 – 1993) de la droite avec Balladur et Juppé (1993 – 1997), le gouvernement Jospin (1997 – 2002) a non seulement ouvert au privé le capital d’une demi-douzaine de banques, préparé la privatisation d’importantes entreprises publiques (France Télécom, Air France, GDF, EDF, autoroutes du sud de la France…) mais bradé l’industrie aérospatiale de la France.
S’il est bien une activité scientifique, technique et industrielle qui devrait relever uniquement de l’Etat, c’est bien celle qui conçoit et forge les armes de la France. Il est d’ailleurs malsain que les armements offrent au secteur privé l’occasion de réaliser d’importants profits. Compte tenu de la culture particulière de la France et de ce qu’attendaient les ressortissants de ses gouvernements successifs, non seulement les armements mais l’énergie, les infrastructures terrestres, ferroviaires, maritimes, aériennes, spatiales – et pourquoi pas, l’eau indispensable à la vie – devraient être gérés par l’Etat. Le libéralisme économique, les lois du marché, devenus en France également prioritaires, ont transformé ses équilibres politiques, financiers, économiques, l’Etat, c’est-à-dire la représentation nationale n’y étant plus qu’une symbolique représentation du passé.
Au cours des années 1998 et 1999 le gouvernement Jospin a été emporté par la générosité. Générosité facile aux dépens des Français.
Rappelons d’abord qu’en 1996 les activités de la société nationale « Aérospatiale » dans le domaine des satellites (6 % de son chiffre d’affaires) avaient été transférées à Thomson CSF. En revanche, l’Etat cédait à « l’Aérospatiale » les 45,7 % du capital de Dassault aviation qu’il détenait. C’était un réarrangement industriel qui préparait le désengagement de l’Etat, car au cours des années suivantes, des interventions comptables auront pour effet de mettre en question la rentabilité de « l’Aérospatiale »: augmentation de ses charges de recherche et de développement et aussi du remboursement des aides de l’Etat, accroissement des provisions pour aléas de change, Airbus vendant en dollars mais payant ses factures en euros. Au privé de s’en accommoder, l’Etat se désintéressant d’une de ses missions prioritaires : l’armement de la nation.
En 1999, sa hotte bien emplie le gouvernement Jospin peut jouer les pères Noël.
En février, Jean-Luc Lagardère est l’heureux bénéficiaire d’un cadeau fastueux. En échange de l’apport de « Matra Haute Technologie » (MHT) il reçoit 31.45 % du capital de la future entreprise « Aérospatiale Matra ». Cependant Lagardère verse à l’Etat 850 millions de francs, soit moins de 2 % du capital de la nouvelle entreprise. Toutefois, il avait été stipulé dans le contrat qu’une somme maximum de 1.150 millions de francs, variant avec les performances boursières évaluées sur 2 ans pourrait compléter l’apport de « Matra ». Mais si le cours du titre – après privatisation – monte de 10 % par rapport à sa valeur au CAC 40, cette dette serait annulée. (Ce qui fut, parait-il le cas).
Les méchantes langues ont estimé qu’au nombre des opérations préparant la privatisation de l’ « Aérospatiale » figurait un échange de bons procédés : au somptueux cadeau fait à J.L. Lagardère, celui-ci répondrait en faisant campagne pour le PS dans les médias qu’il contrôlait. De surcroît, l’accord du 3 mars 1999 donnait à Lagardère plus de 20 % de droits de vote de la nouvelle entreprise. Il avait licence d’acquérir les actions cédées par l’Etat si celui-ci réduisant sa participation, passait à moins de 20 % du capital. Ce qu’il fit.
Mais en octobre 1999, le gouvernement français se surpasse. C’est un cadeau impérial qu’il fait à l’Allemagne. Celle-ci pressait Paris pour qu’il « privatise » son industrie d’armement, menaçant même d’exclure la France de toute entreprise européenne si son gouvernement ne cessait pas de contrôler les activités nationales d’armement. Toujours à la remorque de Berlin, Paris obtempéra.
Le 13 octobre 1999 « l’Aérospatiale-Matra » privatisée largement et la firme automobile Daimler-Chrysler annoncèrent leur fusion afin de former un groupe aérospatial européen capable de rivaliser avec chacune des plus puissantes firmes correspondantes des Etats-Unis.
La nouvelle entreprise portera une désignation britannique « European Aeronautic, Defense and Space », ou « EADS » en abrégé. Elle rassemble près de 100.000 techniciens et son chiffre d’affaires devrait être de l’ordre de 22 à 23 milliards d’euros. Elle siégera aux Pays-Bas, sera de droit hollandais et l’anglais y sera la langue de travail.
Le gouvernement français a accepté de réduire de 47,5 % à 15 % sa participation au capital de l’entreprise. Et dans un élan de générosité supplémentaire, M. Raffarin annoncera même qu’il était prêt à renoncer à ces 15% ainsi que le réclamaient les Allemands, qui avaient admis de patienter jusqu’en 2003.
Autre cadeau et non des moindres, la nouvelle entreprise contrôlera à 80 % le consortium « Airbus Industrie ». Des quatre partenaires du consortium, la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Grande-Bretagne, les trois premiers acceptèrent la fusion, « British Aerospace » affichant ses réticences et se détournant de l’accord de 1997 spécifiant que France, Allemagne et Grande-Bretagne formeraient une seule entité aérospatiale et de défense en Europe. Et voici l’Allemagne un des quatre participants à Airbus, devenue à demi propriétaire de l’entreprise.
Et le 14 octobre 1999 Lionel Jospin, Dominique Strauss-Khan et Jean-Luc Lagardère rencontrent à Strasbourg Gerhard Schröder et Jurgen Schremp, directeur de la DASA, filiale aéronautique de Daimler-Chrysler – Dasa étant une bien modeste entreprise au regard de « l’Aérospatiale » et dont la firme automobile allemande souhaitait se délester grâce à la création d’ « EADS ».« A ne pas oublier… »http://www.lesmanantsduroi.com/articles/article3374.phpAux ordres, les médias célèbrent l’opération. Le « Nouvel Observateur » daté du 21-27 octobre présentait cette capitulation française comme « un retournement inespéré ». A peu près seul, l’économiste Elie Cohen disait la vérité.
« Le seul point fort de la spécialisation industrielle de la France qui était l’aéronautique (voir Annexe) est en train d’être bradé ». Mais pour le « Nouvel Observateur » à Strasbourg la « France avait raflé la mise » et J.L. Lagardère, principal bénéficiaire et Dominique Strauss- Khan qui avait négocié la reddition de la France étaient les « gagnants ». Et Claude Imbert écrivait dans le « Point » du 22 octobre 1999 : « dans le trousseau de l’Europe on ne peut trouver plus français ». Ainsi désinformée, l’opinion française souscrivit à la démarche de son gouvernement.
On est en droit de se demander par quelle aberration Paris a accepté, et favorisé, la mainmise à plus de 30 % du groupe « Lagardère-Matra »sur « l’Aérospatiale » Celle-ci a été l’aboutissement des travaux des bureaux d’études et des usines de Sud Aviation, Nord Aviation, Centre et Sud Ouest Aviation qui avaient conçu la « Caravelle », « l’Airbus » et, en coopération avec les Britanniques, « Auparavant, ou parallèlement, avaient été étudiées et construites les séries d’avions de transport militaire « Noratlas », « Transall » et une cinquantaine d’appareils subsoniques et supersoniques.
En outre « l’Aérospatiale » étudia et fabriqua des hélicoptères, des engins stratégiques et tactiques, des satellites, des systèmes de défense. On saisit mal à quel titre la très modeste firme « Matra » obtint officiellement le droit de détenir la majorité de blocage de « l’Aérospatiale » privatisée et…. bradée à la DASA allemande, société ne présentant d’autre intérêt que d’être une filiale du groupe automobile « Daimler-Chrysler ». La « Deutsch Bank » détenait à l’époque, 12 % de son capital, le Koweit, 7 % et Dubaï 2 %. Quant à la participation de Lagardère elle demeurait dépendante des attraits politiques et financiers des techniques de communication et du pouvoir qu’elle exerçait sur le gouvernement en mettant l’opinion publique « en condition ».
Le gouvernement français se désintéressant des armes de la France, et de son avenir spatial, il ne faut plus compter sur ses cadres politiques pour réfléchir aux impératifs de sa défense et même de sa sécurité. Et pour entreprendre les travaux de recherche fondamentale sans rapport financier immédiat. Désormais c’est à « la corbeille » de pourvoir aux besoins de la sécurité du pays.
A l’évidence, ainsi qu’elle venait d’être structurée « EADS » se souciera comme d’une guigne de l’intérêt national et ne recherchera que le profit commercial afin de satisfaire ses actionnaires.Comme pour toutes les entreprises menées en coopération avec l’Allemagne, avec « EADS » la France perd de sa substance au profit de son partenaire. Elle lui a apporté l’ « Airbus », ses succès en matière d’hélicoptère, son savoir en engins stratégiques en ce qui concerne les lanceurs de satellites grâce aux travaux nécessités par la force nucléaire de dissuasion. Elle lui a aussi abandonné le marché des avions de combat qu’elle avait conquis au cours des « vingt glorieuses » 1955-1975. (Voir annexe).
Les média ont encore amplifié les témoignages de satisfaction en spéculant sur la complexité de « l’arrangement » EADS et des cadeaux – ou renoncements nationaux – qu’il a imposé.
La presse a insisté sur les mérites d’un groupe industriel censé être capable de rivaliser avec les firmes américaines. Or, lors de la signature de Strasbourg, la capitalisation boursière des entreprises concurrentes d’outre-Altantique atteignait 1500 milliards de dollars et celle de EADS moins de 10 milliards. L’« effet de taille » recherché n’était guère évident. D’ailleurs avec moins de 20.000 cadres et ouvriers une entreprise aéronautique française avait gagné plus de la moitié du marché mondial des avions de combat. Avec des effectifs cinq fois plus nombreux « EADS » l’a irrémédiablement perdu. Ce qui réjouit, outre-Atlantique et outre-Rhin.
« La plus récente campagne que le Pentagone ait menée cette année est celle qui a forcé les industriels européens de l’armement à se fondre dans un ensemble transatlantique avec les firmes des Etats-Unis au lieu de s’en tenir à la notion de forteresse Europe », a écrit Jim Hoagland dans le « Herald Tribune » du 25 octobre 1999. A l’ « effet de taille » raté, s’ajoutent le cheval de Troie américain et la fin du rêve européen, du moins en ce qui concerne l’aviation militaire définitivement conquise par les constructeurs d’outre-Atlantique.
Qu’il s’agisse du montage financier ou de l’organisation fonctionnelle d’EADS les mesures adoptées en 1999 étaient contraires à l’intérêt national.Le montage financier d’abord :
-Daimler-Chrysler et Dasa ont été tirés d’affaire par la mise sur pied d’EADS. La firme automobile germano-américaine s’est attribuée 30,2 % de l’actionnariat.
-l’Etat espagnol y figure pour 5,52 %.
-J.L. Lagardère y détient, initialement 11,1 % mais doit recevoir la participation temporaire de la Banque BNP Paribas et d’Axa, soit 3,9 %, ce qui portera à 15 % la part officielle de Lagardère à parité avec l’Etat français. Plus intéressé par les médias que par l’aéronautique et l’espace, Lagardère pourrait céder tout ou partie de son actionnariat s’il en vient à douter de la rentabilité d’une organisation administrative et technique défaillante. Ce qu’il fera, à hauteur de 7,5 % en 2006. Quant au marché, il était initialement de 34,26 % du capital et ses variations permettent de modifier les rapports de force au détriment de la France qui annonce son intention de se désengager des affaires d’armement, Raffarin dixit.
L’Allemagne l’emporte à nouveau grâce à une firme automobile en difficulté et une modeste entreprise aérospatiale, Dasa, la voici contrôlant l’ « Aérospatiale » qui, en Europe, détient le secteur des avions de transport militaires et civils, 80 % du consortium « Airbus », 100 % d’Eurocopter, 45 % du projet d’avion de combat « Eurofighter », 37,5 % de la société de missiles « MBDA. »Le montage politico-administratif :
I il repose sur un principe défini lors de la création d’ « EADS » : une stricte parité franco-allemande devra être respectée. Bicéphale la présidence du conseil d’administration, bicéphale également le comité exécutif.La politique a escamoté l’efficacité et l’on imagine mal une entreprise aussi ambitieuse qu’ « EADS » devenue l’objet de rivalités de personnes, d’intérêts nationaux divergents alors qu’il eût fallu qu’à sa tête gouverne une équipe homogène menée par un « patron » compétent, appuyé par un gouvernement fort. EADS a été une « construction européenne » caractérisée, et ses difficultés de gestion ont démontré, une fois de plus, les carences de cette politique européenne. Au cours des six dernières années, les désaccords sur le partage des responsabilités, les intrigues entre nationaux et internationaux, les ambitions individuelles et nationales ont secoué l’organisation, inquiété les actionnaires, déconsidéré l’ensemble de l’entreprise.
A l’issue du conseil d’administration réuni le 29 avril 2005 à Amsterdam, la présidence d’Airbus a fait l’objet de profonds désaccords entre Allemands et Français.
Aussi, en Comité exécutif, les Allemands ont imposé Thomas Enders, l’adjoint de Manfred Bischoff lorsque celui-ci dirigeait Daimler-Chrysler. On voulait, outre Rhin, équilibrer ainsi un Noël Forgeard qui avait dirigé Airbus, qui était devenu le représentant français au Comité exécutif et qui aurait volontiers cumulé ses fonctions au Comité et à Airbus. Ce que les Allemands ne pouvaient admettre, le pacte d’actionnaires précisant qu’un dirigeant du groupe ne peut diriger une filiale, Airbus en l’occurrence. (L’année suivante Mme Merkel exigera l’éviction de Forgeard et la France s’inclinera).
Quant à Thomas Enders, ancien parachutiste, membre de la CDU, étudiant la stratégie aux Etats-Unis, il affiche son « atlantisme » si bien qu’il est également un gage donné par l’Allemagne à l’Amérique quant à la gestion future d’EADS – notamment dans le domaine des activités militaires que la firme européenne entend développer afin de moins dépendre des avions de transport commerciaux.
Airbus, en effet, assurait à EADS 60 % de son chiffre d’affaires et 78 % de ses bénéfices, ce qui inquiétait le Comité exécutif sachant que le coût du développement de l’A 380 de 555 places avait augmenté de 1,5 milliard d’euros, que la série des A 340 subit le choc de l’accroissement du prix du pétrole au profit du 777 américain tandis que le nouveau 787 de Boeing surclasse, en consommation le futur A 350 de EADS.
Dès le mois de décembre 2004 la Bourse sanctionne la gestion hasardeuse de la direction bicéphale d’EADS.
Et au début du mois de mars 2006, il n’est question que du retrait de Lagardère, cédant partiellement sa participation (en accord avec le groupe allemand afin de maintenir la fameuse parité).Toutefois, le 8 mars 2005, Noël Forgeard et Thomas Enders annoncèrent les succès commerciaux de l’année 2005 : une hausse de 8 % du chiffre d’affaires et un niveau exceptionnel de prises de commandes d’avions. Mais cet optimisme de commande avait sans doute eu pour objet de masquer les effets de l’« allègement » au capital d’EADS , la part cédée en Bourse pouvant atteindre 6 et même 10 %. Du côté allemand c’était le redressement de Daimler-Chrysler (Mercedes et Smart) qui devait justifier ces ventes d’actifs. Lagardère se tournait vers la « communication » négociant l’achat de 20 % de Canal Plus et de Time Warner Book récupérant 3 milliards d’euros de ses 15 % dans EADS.
Ainsi se prépare la débandade des stock-options par Noël Forgeard et les chefs des départements techniques J.P. Gut, Francis Auque et Jussi Itavuori, l’action EADS perdant près de 8 %, l'ensemble représentant une perte de 5,8 milliards d’euros.C’était la sanction d’une avalanche de mauvaises nouvelles, que n’avait pas effacé le bilan enchanteur présenté le 8 mars par Noël Forgeard, la veille de l’affaire des stock-options et qui rassemblées, inclinaient au pessimisme :
-Désengagements financiers des grands actionnaires.
-Retrait des Britanniques cherchant à céder leur participation (20 %) dans Airbus.
-Echec commercial de l’A 350 à redessiner et devenant l’A 370 au prix de 8 milliards d’euros d’études et de reconstruction.
-Dépassement du coût de l’industrialisation de l’A 380 de 555 places.
-Retards réitérés des livraisons de l’A 380 aux compagnies aériennes qui en avaient passé commande. Le 13 juin 2006 les Singapour Airlines apprenaient qu’elles devraient attendre 6 ou 7 mois la livraison des premiers A 380 (ce qui décide Singapour à acquérir 20 Boeing Dreamliner pour 4,52 milliards de dollars).
-La certification de l’A 380 n’est pas acquise, outre-Atlantique l’on s’efforce de compliquer l’ « accueil » de l’A 380 sur les aérodromes nationaux.- Les acquéreurs de l’appareil réclament des réacteurs moins bruyants, plus économes en carburant et toutes sortes d’installations censées attirer la pratique et qui exigent des câblages nombreux, d’autant plus malaisés à connecter que les tronçons de fuselage sont fabriqués dans diverses usines. D’où un retard général des fabrications et des livraisons tardives qui, outre les indemnités réclamées par les acquéreurs, représenteront un manque à gagner de 500 à 600 millions d’euros annuellement jusqu’en 2010/2012.
- Le 12 mai 2006 est annoncée la fermeture de la Sogerma à Mérignac. Cette société employait plus d’un millier de spécialistes de l’entretien des matériels aériens de transport (alors que l’usine EADS de Dresde croule sous la charge de travail). Relevant de l’Allemand Gustave Humbert, alors président d’Airbus la Sogerma fortement endettée est condamnée dans le même temps que Tom Enders déclarant qu’en 2005 l’industrie aérospatiale allemande avait créé 6000 emplois et que ses revenus avaient augmenté de 6 %. La CFTC protesta contre le bilan social d’Airbus : « la filiale allemande dilapide impunément, et sans vergogne les efforts draconiens d’économie réalisés par la filiale française ».
Le gouvernement français est indigné », déclara M. Gérard Larcher, oubliant que c’est ce gouvernement qui a préféré passer à une firme portugaise l’entretien des Lockheed C 130 de l’armée de l’air privant ainsi de travail les spécialistes de la Sogerma. EADS s’est engagé à réindustrialiser le site en préservant ainsi la moitié des effectifs.Au début de janvier 2006 la presse annonce que EADS supprimerait 670 emplois dans son département « Défense Aéronautique », cela après avoir déclaré qu’il était envisagé d’assembler des Airbus en Chine (avec les suppressions en Europe des emplois correspondants).
On comprend qu’entre le 15 et le 20 mars les cadres français d’EADS aient vendu quelque 520.000 actions qu’ils détenaient et ce serait en humoriste qu’Arnaud Lagardère a déclaré au « Monde » daté du 16 juin 2006 : « Nous avons été Manfred Bischoff, co-président d’ EADS et moi très surpris par la réaction aux retards, avec la chute du titre… Notre décision de vendre 7,5 % du capital de EADS a été prise à la rentrée de 2005… ». (L'action EADS a plongé de 26,32 %, mercredi 14 juin 2006. Note des Manants du Roi).
« Nous n’étions pas informés » plaident les coupables pourtant largement rétribués pour bien connaître le bilan de leur gestion… EADS est un exemple de la politique industrielle communautaire à éviter. Avant que les exigences de la « construction européenne » conduisent à une pareille aberration, les industriels de l’armement avaient su concilier coopération et efficacité. Ils s’en étaient remis au principe des « maîtrises d’œuvre croisées ». Un maître d’œuvre – national – des sous traitants étrangers associés et, à titre de compensation, d’autres nations assurant la maîtrise d’œuvre de projets semblables.
Ainsi ont été éliminées les rivalités de personnes et écartées les prétentions nationales.
Aux Etats, qui entendaient se désengager politiquement et financièrement, de venir à la rescousse d’une entreprise qu’ils ont mise en perdition.
Général Pierre Marie Gallois
Juillet 2006*********
Annexe à la note relative à EADS
- Au cours de ces trente dernières années la Vème République a pratiquement renoncé à exercer la plus régalienne des ses missions : assurer dans l’indépendance, la Défense et la Sécurité de la nation. Elle n’a pas soutenu son industrie d’armement sans laquelle, dans l’indépendance, il ne peut y avoir recours aux armes, ou même à la menace d’en user.
-Elle a démantelé son industrie aérospatiale en privatisant la « société nationale aérospatiale » et en la transformant en une société germano-française, au siège hollandais, et dont la quête de profit est le principal objectif.
-Elle a perdu le marché des avions de combat qu’elle avait quasi mondialement conquis au cours des « vingt glorieuses » (1955 - 1975).
-Elle a laissé aux constructeurs d’outre-Atlantique les approvisionnements en matériels terrestres notamment en réduisant les activités de GIATT Industries.
Aux origines de ce désengagement en matière de Défense et de Sécurité se trouvent la « construction européenne », qui vise à effacer la nation, des Institutions démagogiques et une surprenante carence politique et technique du pouvoir.
La crise profonde dont souffre aujourd’hui EADS est justifiée par les erreurs des gouvernements successifs ignorant les conséquences du progrès technique notamment en matière aéronautique, discipline à évolution rapide, dont les responsables politiques n’ont su en tenir compte.
Un certain nombre de données techniques et opérationnelles ont pourtant été déterminantes :
1° - Après qu’une vitesse double de celle du son eut été franchie (en juillet 1956, soit près de 700 mètres/seconde à 15° centigrades) tous les avions de combat piétinent devant le mur de la chaleur, la chaleur de friction.
2° - Avant cette performance, chaque année ou presque, les ingénieurs gagnaient quelques kilomètres/heure périmant rapidement les appareils moins rapides, la vitesse étant le critère essentiel au combat. D’où le nombre élevé des bureaux d’études, la multiplication des programmes, les générations d’avions se succédant à une cadence rapide.
3° - Depuis que le « mur de la chaleur » aligne les appareils sur la même performance de vitesse, la vie opérationnelle d’un même appareil a été considérablement prolongée, le progrès visant l’équipement et l’armement et non plus un gain de vitesse.
C’est ainsi que conçu en 1956, le Mirage III est encore en service outre-mer. Soit un demi siècle au lieu d’une quinzaine d’années de vie opérationnelle effective.
4° - Hier, entre la conception d’un nouvel avion et sa mise en service en unité, six ou sept années de travail étaient nécessaires. Valable dix ou quinze ans, l’appareil devait être remplacé par un matériel plus performant si bien que les bureaux d’études et que les usines ne demeuraient pas sans travail. Aujourd’hui c’est sur 40 ou 50 ans que se renouvelle le matériel.
5° - Les industriels pallient les inconvénients de cette nouvelle réalité par une longue gestation de leurs projets – de plus en plus complexes – et par l’exportation en spéculant sur l’étalement des commandes, les gouvernements étrangers ayant des besoins spécifiques à des moments différents.
En France, dès le début des années 80 il n’a été tenu nul compte de cette mutation dans la durée d’utilisation des avions de combat.
6° - Soucieux de donner des successeurs aux familles Mirage III et Mirage IV, en décembre 1976, M. Marcel Dassault se rendit à l’Elysée y proposer le lancement de deux nouveaux prototypes :
-un monomoteur, le Mirage 2000 version très améliorée des Mirage III et F 1.Mirage 2000
-un bimoteur (Mirage 4000) à long rayon d’action éventuel successeur du Mirage IV.
Mirage 4000
L’industrie prendrait à sa charge le développement du monomoteur, l’Etat finançant les mêmes opérations pour le bimoteur qui eût été l’avion de la projection de la force à distance de la nouvelle stratégie française.
M. Giscard d’Estaing inversa la proposition prenant à la charge de l’Etat le développement du Mirage 2000 et s’en remettant aux ressources de M. Dassault pour réaliser la mise point et l’industrialisation du bimoteur Mirage 4000.
C’était condamner ce deuxième appareil trop coûteux pour l’industriel. En dépit de ses très hautes performances le 4000 sera envoyé au Musée de l’air, y demeurant à l’état d’unique prototype.
Prise en 1977, la décision relative au Mirage 2000 assurait à la France, pendant une quarantaine d’années – c’est-à-dire jusqu’en 2010/2015 un excellent monomoteur de combat.
Mais en 1981, Charles Hernu devient ministre de la Défense et cherche à attacher son nom à un nouveau programme. C’était devancer d’au moins une vingtaine d’années la satisfaction des besoins de l’Armée de l’air, c’était bousculer le projet de MD 2000 en cours de réalisation, la France n’ayant pas les moyens de conduire simultanément deux programmes d’études et de fabrication de deux appareils voisins.
Hernu voulait prendre l’initiative d’un projet européen avec la participation de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, du Benelux, voire de l’Italie et de l’Espagne.
C’était ne pas tenir compte des réalisations antérieures de l’Allemagne et du Royaume Uni. Allemands et Anglais voulaient que le nouvel appareil soit propulsé par les réacteurs de l’avion « Tornado », réacteurs développés par les 2 pays et réacteurs à la forte poussée qui eussent équipé un avion plus lourd jugé trop coûteux pour les Français. De surcroît, c’eût été un coup fatal porté à la SNECMA qui, en liaison avec General Electric étudiait un réacteur à la mesure du projet français d’avion Rafale.
Mais Londres et Bonn s’assurèrent la coopération de Rome et de Madrid, soit la commande de plus de 600 appareils fabriqués en 3 tranches. Ainsi est né l’avion Eurofighter anglo-allemand, concurrent du Rafale commandé en France, en petit nombre, faute de crédits. De surcroît, EADS fait campagne pour l’Eurofighter au détriment du Rafale français. Et l’Etat détient encore 15 % du capital d’EADS si bien qu’il finance un avion concurrent de celui qu’ont payé les contribuables français et qui correspondait aux futurs besoins de l’Armée de l’air.
Ainsi a été perdu le vaste marché des avions de combat gagné jadis par la France. Ses matériels aériens étaient utilisés dans de nombreux pays, cités pêle-mêle ci-dessous : Allemagne, Afrique du Sud, Argentine, Belgique, Brésil, Inde, Irak, Israël, Libye, Maroc, Pakistan, Pays-Bas, Turquie etc…
Ainsi ont été privés de travail des centaines de milliers de spécialistes et mis en sommeil un des meilleurs bureaux d’études aéronautiques.
Et EADS et le mythe européen ne sont pas étrangers à ce sinistre de notre avenir aérospatial.
Le Rafale a été dessiné en 1982 - 1983. Il devait être initialement l’ « avion européen » des années 1995 - 2000. Il avait été défini comme avion de combat polyvalent (supériorité aérienne et attaque au sol) remplaçant les versions différentes du Mirage 2000 lancé vingt ans plus tôt. C’est dire qu’il se superposait au programme 2000. Le premier vol du prototype eût lieu en 1991 et il était envisagé de produire 294 Rafale en 30 ans, 59 ayant été commandés en décembre 2004. Faute de crédits, la mise au point de l’appareil aux équipements sans cesse perfectionnés a été fort longue si bien que l’Armée de l’air a attendu plus de vingt ans la mise sur pied d’une première unité de Rafale (mai 2006).
En 2003, le Ministère n’a pu financer que la fabrication de deux Rafale dans l’année. Tous les programmes qu’ils soient français ou européens traînent en longueur.
- Le GPS européen a 30 ans de retard sur l’américain. Et encore ce sont des fusées russes qui mettent ses premiers satellites sur orbite.
- Le besoin d’un avion cargo militaire a été manifesté en 1990. Seize ans plus tard le premier prototype n’avait pas encore effectué son vol initial.
- La mise au point de l’avion Eurofighter n’a pas été aisée non plus (alors que, d’emblée, le Rafale s’est révélé particulièrement réussi).
-Les constructions navales travaillent également au ralenti. Peut-être commandé en 2009, après des années de tergiversation, le porte-avion destiné à remplacer le Foch n’entrera guère en service qu’en 2015 après un chantier de 5 à 6 ans (et une vie opérationnelle d’une quarantaine d’années). Il emportera une trentaine de Rafale Marine qui remplaceront les Super Etandard (dont le prototype remonte à 1957) et qui, modifiés, auront servi près de deux tiers de siècle.
L’armée de terre n’a pas été mieux servie.
La triste déconfiture de GIATT Industries accompagne le renoncement en matière aérospatiale.Canon GIAT
A partir de 1990 le gouvernement entama la liquidation de GIATT Industries : arrêt des commandes d’artilleurs, réduction de production annuelle des chars Leclerc (de 100 à une vingtaine), baisse des commandes de munitions.
Canon de 120 mm –faible recul-
- Liquidation de Métal Europe.
- Mainmise norvégienne sur Alstom - St Nazaire.
- Contraction d’Eromet et d’Embert et Duval (alliages spéciaux).
- Mainmise sur Péchiney par Alcan, de Mittal sur Arcelor.
- Suppression de 3750 emplois à GIATT Industries et de 1000 emplois chez Schneider Electric.- 3000 emplois en moins chez S.T Micro Electronique qui délocalise en Chine
- En 10 ans la France a perdu 60.000 emplois dans la chimie.