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  • Enquête : Pourquoi la France ouvre-t-elle ses portes au Qatar ?

    20130108
     

    Sous Sarkozy comme avec Hollande, le richissime émirat dispose des mêmes facilités pour racheter des pans entiers de notre économie. Que signifie l’appétit d’ogre de ce petit pays ? Pourquoi Paris lui ouvre-t-il ses portes ? Enquête.

    La dépêche, stupéfiante, est tombée le 6 novembre dernier : l’ambassadeur du Qatar, Mohamed Jaham al-Kuwari, annonçait à l’Agence France-Presse que son pays avait l’intention d’investir 10 milliards d’euros dans des sociétés du CAC 40. Répondant au journaliste qui évoquait quelques rares déclarations de personnalités qui, comme Bernard-Henri Lévy, Jean-Luc Mélenchon ou Julien Dray, ont manifesté leur inquiétude sur l’influence du Qatar en France, l’ambassadeur a conclu l’interview par une formule aussi ironique qu’arrogante : «C’est quoi, le problème ?»

    En effet, il n’y a, apparemment, aucun problème. Apprendre que le fonds souverain qatari va presque doubler le montant de ses participations dans le CAC 40 ne pose aucun problème au gouvernement ni à l’opposition. Organiser la Coupe du monde de football dans un pays où ce sport n’intéresse personne et va nécessiter la construction de stades munis de sols réfrigérants pour pouvoir supporter des températures à 45° C (bonjour Kyoto !), ça n’interpelle personne dans le monde du sport – pas même Michel Platini -, ni dans celui de l’écologie, surtout pas Yann Arthus-Bertrand. Coïncidence : son dernier film a été financé par des Qataris…

    Savoir que des Qataris pourraient sélectionner des entrepreneurs de banlieue sur une base communautariste n’inquiète pas grand monde. Installer une annexe de Normale Sup à Doha, ville où l’on est payé 400 dollars ou 12 000 selon la couleur de sa peau, ne dérange personne, et surtout pas Monique Canto-Sperber, présidente du pôle interuniversitaire Paris Sciences et Lettres et Philosophe spécialiste de «l’éthique».

    Qu’enfin la France impose à tous ses partenaires l’admission directe du Qatar au sein de la francophonie, sans passer par la case «observateur», comme l’exigeaient les usages jusqu’alors, cela n’ennuie pas grand monde non plus.

    A Doha, on appelle ça le «français sonnant et trébuchant». Mais, à Paris, le silence est de rigueur. Depuis des années. On peut même dater l’origine de l’amitié franco-qatarie : le premier voyage de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, à Doha, en décembre 2005. Sarkozy s’est lié d’amitié avec le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassem al-Thani, «HBJ» pour les intimes, au risque de mélanger les genres.

    Lorsqu’il arrive à l’Elysée, Sarkozy prend l’habitude de recevoir tous les mois «HBJ». Au menu des discussions, les emplettes en France du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Selon un patron du CAC 40, «Guéant avait une liste de courses pour les Qataris. On avait l’impression que l’Elysée leur donnait à racheter la France».

    C’est durant le quinquennat Sarkozy que le Qatar est entré dans le capital de plusieurs groupes du CAC 40. Le président a même donné de sa personne, en faisant pression sur le président du PSG, Sébastien Bazin, gérant du fonds Colony Capital, pour lui demander de vendre le PSG selon les conditions du Qatar. Bazin proposait aux Qataris 30 % du club de foot parisien pour 30 millions d’euros. Après l’intervention présidentielle, ils en ont récupéré 70 % pour 40 millions (ils en sont désormais propriétaires à 100 %).

    Convention fiscale

    Mais le sport n’est qu’une conséquence d’une orientation stratégique prise à l’Elysée. C’est sous l’ère Sarkozy que le Qatar s’est imposé – sans provoquer un quelconque débat, même au sein du gouvernement Fillon – comme un médiateur de la diplomatie française au Proche et au Moyen-Orient : intervention financière pour libérer les infirmières Bulgares en Libye (juillet 2007), aide au rapprochement entre Nicolas Sarkozy et Bachar al-Assad, puisque, avant d’aider les combattants, le Qatar était un allié solide du régime baasiste.  

    Et, bien sûr, plus récemment, le Qatar, seul pays arabe à le faire, a participé – financement de l’armement, formation des combattants libyens et même présence de 5 000 hommes des forces spéciales – à l’intervention militaire occidentale contre Kadhafi.

    La puissance grandissante du Qatar en France semble stimulée par la faiblesse de nos responsables politiques, déboussolés par la crise mondiale et appâtés, parfois, par les largesses supposées de ce petit pays. Ami personnel de la famille de l’émir, Dominique de Villepin, aujourd’hui avocat d’affaires, a pour principal client le Qatar Luxury Group, fonds d’investissement personnel de la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned. A droite, parmi les habitués de Doha, on trouve aussi Philippe Douste-Blazy, Rachida Dati ou Hervé Morin.

    Dans les milieux diplomatiques français, cette politique du «tout-Qatar» agaçait certains, qui espéraient que François Hollande, réputé partisan d’un resserrement des liens avec l’Algérie, allait en quelque sorte «rééquilibrer» la politique française dans la région.

    Certes, François Hollande s’est rendu en Algérie le 19 décembre. Mais il avait vu le Premier ministre de l’émirat, Hamad ben Jassem al-Thani, dans un palace parisien dès le début de 2012. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs déjà rencontrés une première fois en 2006, François Hollande le recevant en tant que premier secrétaire du PS. Depuis son élection, il l’a revu à deux reprises, et a accueilli l’émir Hamad ben Khalifa al-Thani à l’Elysée, le 22 août 2012. Un traitement privilégié.

    Autre signe de continuité, l’entrée d’investisseurs qataris au capital de France Télécom en juin 2012… «Les gouvernements passent, mais les intérêts demeurent. Les accords financiers entre la France et le Qatar n’ont pas été interrompus, remarque le chercheur Nabil Ennasri, Hollande a seulement mis un terme à l’affichage publicitaire façon Sarkozy.»

    Incroyable : la convention fiscale entre les deux pays – une sacrée niche fiscale qui dispense un investisseur qatari de tout impôt sur les plus-values réalisées sur la revente de biens immobiliers en France -, qui avait été tant décriée par le PS (du temps de l’opposition), n’a pas été abrogée…

    Il faut dire que, même sous Sarkozy, les Qataris ont eu la prudence de créer ou de maintenir des liens solides avec la gauche française. L’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Jaham al-Kuwari, a préparé la transition politique de longue date en multipliant les contacts avec plusieurs dirigeants socialistes : Ségolène Royal, Laurent Fabius, Elisabeth Guigou, Jack Lang, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, mais aussi Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, qui a séjourné à Doha en pleine campagne de la primaire socialiste, ou encore Manuel Valls, seul émissaire du candidat à avoir rencontré l’émir en décembre 2011.

    Sous nos latitudes tempérées, le Qatar est un sujet de consensus. Jusque dans les médias, où il est devenu le pays des Bisounours. Comme dans l’émission «Un œil sur la planète», diffusée sur France 2 l’automne dernier, le présentant comme un nouvel eldorado, terre d’accueil de tous les ambitieux et les entrepreneurs.

    Ou encore dans une interview de l’ambassadeur de France au Qatar publiée dans la revue Géoéconomie (1). Le diplomate s’enthousiasme d’abord sur les perspectives de coopération entre les deux pays, faisant miroiter aux groupes français la perspective des 120 milliards mobilisés en vue de la Coupe du monde de football en 2022. Autant de beaux contrats pour Bouygues, Vinci, Carrefour et quelques autres.

    Mais l’ambassadeur y ajoute le supplément d’âme indispensable aux esprits délicats que nous sommes supposés demeurer : le printemps arabe aurait ainsi révélé – comme l’a reconnu lui-même François Hollande – d’importantes convergences entre les deux pays. L’honneur est sauf.

    Feuilletons le dossier de presse «Qatar en France». Il s’y dessine peu à peu un véritable storytelling qatari, que l’on pourrait résumer comme suit : le Qatar est un «nanopays» richissime – 78 260 dollars de revenu par Qatari en 2009, ça fait rêver – mais coincé entre deux géants, l’Iran, avec lequel il doit partager le gisement de gaz North Dome, l’un des plus grands du monde, et l’Arabie saoudite, 14 fois plus peuplée et disposant d’avoirs neuf fois supérieurs.

    Cette fragilité obligerait les Qataris à se montrer à la fois plus intelligents et plus diplomates que leurs voisins. Ils chercheraient ainsi une «assurance vie» - l’expression revient chez tous nos interlocuteurs – et seraient prêts à signer des chèques XXL à ceux qui sont susceptibles de lui garantir une protection. La France, avec son siège au Conseil de sécurité de l’ONU, constitue son meilleur allié.

    Autre argument en faveur des Qataris, leurs investissements sont jugés «très professionnels». Leur charte, «Vision nationale pour le Qatar 2030», adoptée en 2008, prévoit que les revenus des placements des fonds souverains qataris se substitueront à ceux du gaz.

    Il faudrait donc se réjouir, s’enthousiasme Patrick Arnoux, du Nouvel Economiste (2), de leur intérêt pour nos grands groupes : «L’entreprise Qatar, dirigée d’une main ferme par le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, investit certes par milliards sur des actifs qui ont trois points communs : ils sont unitairement importants, prometteurs pour l’avenir et à forte rentabilité.» Et de vanter les financiers qataris, «issus des meilleures banques américaines comme Lehman Brothers» (curieux, cet éloge d’une banque qui a fait faillite en 2008, déclenchant la crise dans laquelle nous pataugeons encore !).

    Et puis, nous assurent tous ces amis français des Qataris, ces derniers ne sont ni gourmands ni exhibitionnistes ; excepté chez Lagardère, ils n’exigent pas de siéger dans les conseils d’administration des sociétés dont ils deviennent actionnaires.

    Une alternative aux Saoudiens

    Riches en capitaux disponibles, respectueux de l’indépendance de leurs partenaires, les Qataris sont aussi, nous dit-on, modernes. Leur nouvelle constitution donne aux 200 000 Qataris le droit d’élire des représentants locaux qui pourront même être des femmes (au sein d’une chambre cependant strictement consultative).

    La chaîne Al-Jazira, qu’ils ont créée en 1996, présentée comme une sorte de CNN arabe, aurait révolutionné l’information au Proche-Orient. La femme de l’émir, la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, a contribué à une véritable cité du savoir à la périphérie de Doha, ouverte aux musées et aux universités occidentales.

    Enfin, le sentiment de fragilité des Qataris les pousserait à devenir une tête de pont entre le monde arabo-musulman et l’Occident. Songez que la plus grosse base militaire américaine, autrefois à Bahreïn, a déménagé à Doha et que les Qataris maintiennent des liens avec Israël. Ils constituent ainsi une alternative plus présentable que les Saoudiens, qui soutiennent les salafistes dans la région. Et si le Qatar représentait cet islam modéré dont tant d’Occidentaux espèrent l’avènement depuis des années ?

    Bien sûr, comme tout storytelling, celui portant sur le Qatar reflète une partie de la réalité. L’émir, qui a chassé son père du pouvoir en 1995, s’est révélé un fin stratège. «Le Qatar est le premier à avoir acheté des méthaniers, analyse l’économiste Hakim el-Karoui, et à garder ainsi la maîtrise du transport du gaz.» Résultat : le pays frôle les 20 % de croissance en 2012, après 16 % en 2010 et 12 % en 2009.

    Ensuite, il semble bien que la stratégie qatarie soit la plus subtile des pays du Golfe. «Les Qataris ne sont pas que des payeurs, observe l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, ils sont astucieux et mènent une stratégie d’équilibre, entre Al-Jazira d’un côté, le phare du printemps arabe, la base américaine sur leur territoire et leurs relations assez bonnes avec Israël.»

    Enfin, il est patent que les Qataris ne mélangent pas forcément leur politique diplomatique, pas facile à décrypter, et leurs investissements pour lesquels ils recherchent, c’est un banquier qatari qui parle, un «absolute return», autrement dit une garantie de retour sur investissement.

    Mais ces indéniables atouts – prospérité économique, stratégie au long cours, subtilité diplomatique – ne doivent pas occulter la face moins reluisante du petit Etat. La condamnation à perpétuité, le 28 novembre, du poète Mohammed al-Ajami, coupable… d’un court texte critique sur l’émir, jette une lumière blafarde sur la modernité qatarie.

    Et il y a surtout la relation très particulière que le Qatar entretient avec l’islamisme politique. L’émirat a été, depuis quinze ans, le refuge de bien des activistes radicaux, tel Abassi Madani, l’ex-patron du FIS algérien. Le Hamas a déménagé ses bureaux de Damas à Doha, et la récente visite de l’émir à Gaza n’est pas passée inaperçue.

    La chaîne de télé Al-Jazira s’est fait connaître en devenant le diffuseur exclusif des communiqués d’Al-Qaida, et certains ne manquent pas de souligner que Doha a été exempt de tout attentat terroriste. Exilé au Qatar depuis quarante ans, le plus célèbre prédicateur islamiste, Youssef al-Qardaoui, officie chaque semaine sur Al-Jazira.

    L’homme a déclaré que «les opérations martyres sont l’arme que Dieu a donnée aux pauvres pour combattre les forts», et que, «tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux juifs des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. [...] C’était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans».

    Cet activisme n’étonne pas Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité de la DGSE (services secrets français) : «Comme la famille régnante veut ravir à la famille Al-Saoud d’Arabie saoudite son rôle moteur dans le contrôle de l’islam sunnite à l’échelle mondiale, elle héberge volontiers les imams et prêcheurs de tout poil, à condition qu’ils soient plus extrémistes que les oulémas saoudiens, de façon à leur rendre des points. Et le Qatar finance partout et généreusement tous les acteurs politico-militaires salafistes, dont la branche la plus enragée des Frères musulmans, hostiles à la famille Al-Saoud et bien sûr au chiisme, mais aussi aux régimes « laïcs » et nationalistes arabes susceptibles de porter ombrage aux pétromonarchies.»

    Enfin, le Canard enchaîné affirme que les services français ont repéré une présence qatarie dans le nord du Mali, où sévissent des groupes jihadistes. «On pense, explique Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri), qu’un certain nombre d’éléments des forces spéciales qataries sont aujourd’hui dans le nord du Mali pour assurer l’entraînement des recrues qui occupent le terrain, surtout d’Ansar Dine.» Ansar Dine, un groupe jihadiste non lié à Al-Qaida.

    Bref, la famille régnante au Qatar n’a sans doute pas de doctrine bien établie, mais son jeu diplomatique, fondé sur une double exigence – concurrencer les Saoudiens dans le monde musulman et diaboliser l’Iran – peut l’amener à des positions fort lointaines de «l’islam des Lumières».

    Y compris en France. «Si quelqu’un, affirme un bon connaisseur du dossier, avait la curiosité de se poster en face de l’ambassade du Qatar, il pourrait y prendre en photo d’éminents animateurs de la mouvance islamiste radicale.»

    Premier instrument de l’influence du Qatar dans le monde arabe, la chaîne Al-Jazira s’est révélée être «le DRH du printemps arabe», selon l’expression de Naoufel Brahimi el-Mili, professeur de science politique et auteur du livre le Printemps arabe, une manipulation ? (3)

    Ce dernier a passé des mois à décrypter les émissions de la chaîne qui fut la première à mettre en scène le martyre du vendeur de légumes tunisien Mohamed Bouazizi, dont le suicide, le 4 janvier 2011, a embrasé la Tunisie, avant que la révolte ne se propage en Libye ou en Egypte. A chaque fois, Al-Jazira accompagne et «feuilletone» les mouvements et les combats.

    Il apparaît que, partout, les Qataris soutiennent les Frères musulmans, qui constituent la principale force politique du printemps arabe. Et qu’Al-Jazira est leur bras armé. Brahimi note ainsi que le nouveau ministre des Affaires étrangères libyen, Mohamed Abdelaziz, était un journaliste de la chaîne, de même que Safwat Hijazi, devenu une sorte de «conseiller spécial» du gouvernement égyptien. Pour Brahimi, le projet du Qatar est limpide : «Imposer la révolution « démocratique » par le bas, puisque les révolutions par le haut, façon néoconservateur bushiste, ont échoué.»

    Autre sujet d’inquiétude, l’activisme sportif des Qataris – Grand Prix de l’Arc de triomphe, achat du PSG, Mondial de handball (2015) et Coupe du monde de football (2022) – ne relève pas forcément d’un amour désintéressé du sport mais bien d’une stratégie délibérée de soft power.

    C’est d’ailleurs Nicolas Sarkozy lui-même, cumulant le rôle de superconsultant des Qataris avec celui de président de la République, qui aurait conseillé à l’émir de «passer par le sport» pour implanter Al-Jazira en France. D’où la création de la chaîne BeIN Sport, au risque de déstabiliser le système audiovisuel français, et notamment le financement du cinéma.

    Enfin, et ce n’est pas le moins inquiétant, les Qataris manifestent un intérêt particulier pour les secteurs industriels sensibles et stratégiques. Cette inclination est d’abord apparue dans le dossier EADS. A la fin des années 90, l’émir sympathise avec Jean-Luc Lagardère, avec lequel il partage une passion des chevaux.

    Les deux couples sympathisent, Bethy Lagardère initiant la cheikha Mozah aux joies de la vie parisienne, tandis que les équipes Lagardère apportent à l’émir leurs conseils avisés dans l’audiovisuel lors de la création d’Al-Jazira. Avant même la mort de Jean-Luc Lagardère, en 2003, l’émir avait émis le vœu d’entrer au capital d’EADS.

    Mais Jean-Paul Gut, alors haut dirigeant d’Airbus, avait habilement orienté les Qataris vers une prise de participation dans le groupe Lagardère lui-même, ce qui était moins intéressant pour le Qatar mais répondait à l’inquiétude de l’héritier, Arnaud Lagardère, qui souhaitait s’assurer des alliés solides dans sa société holding. Mais, quand le groupe allemand Daimler a voulu vendre ses parts dans EADS, le Qatar s’est porté acquéreur, ce qui entraîna une vive réaction d’Angela Merkel aboutissant à un engagement de l’Etat allemand à la place de Daimler.

    Si les Qataris se sont senti l’audace d’avancer sur des dossiers aussi sensibles, c’est que les liens entre la France et le Qatar sont anciens : 80 % de l’équipement militaire qatari est français et, pour l’anecdote, les 15 ha que la Direction générale de l’armement loue à Bagneux (Hauts-de-Seine) appartiennent à une banque qatarie…

    Poker menteur

    Autre indice de l’intérêt des Qataris pour les secteurs stratégiques, l’affaire Altis, une société de semi-conducteurs en difficulté que les Qataris voulaient acheter en 2009 pour créer une industrie similaire au Qatar. Mais Augustin de Romanet, alors patron de la Caisse des dépôts, a jugé le projet suspect, et le Fonds stratégique industriel s’est finalement substitué à l’émirat.

    Encore plus inquiétant, le jeu de poker menteur autour d’Areva : il s’en est fallu de peu que l’émirat mette la main sur les mines d’uranium du groupe nucléaire ! A la manœuvre, l’ancien secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, l’intermédiaire de choc Alexandre Djouhri, Henri Proglio, le PDG d’EDF, et François Roussely, du Crédit suisse – une des banques conseil en France des Qataris avec la banque Rothschild.

    L’alternance est, apparemment, un concept qui ne s’applique pas à cet aréopage. C’est d’ailleurs peut-être ce qui a conduit l’ambassadeur du Qatar à annoncer de nouveaux investissements dans les groupes français.

    A ce rythme-là, la France va finir par avoir plus besoin du Qatar que l’inverse.

    (1) «Qatar, l’offensive stratégique», no 62, été 2012.

    (2) Du 3 mars 2012.

    (3) Editions Max Milo, 2012.

    Fonds qatari dans le CAC 40 : déjà plus de 6 milliards !

    France Telecom (1 %) : 214,5 M€

    Lagardère (13 %) : 1,071 milliard €

    LVMH (1 %) : 653,64 M€

    Suez Environnement (1 %) : 45 M€

    Total (3 %) : 2,691 milliards €

    Veolia (5 %) : 946,95 M€

    Vinci (8 %) : 2 84,11 M€

    Vivendi (5 %) : 427,88 M€

    Total : 6,334 milliards d’euros

    IMMOBILIER : 4 MILLIARDS NET D’IMPÔTS

    Les avoirs immobiliers en France des Qataris se partagent entre différents membres de la famille régnante. Ils comprennent des immeubles de luxe et de nombreux hôtels. Au total, l’immobilier détenu par l’émirat dans notre pays atteindrait ainsi 4 milliards d’euros. Début 2008, les Qataris ont obtenu le vote au Parlement français d’un statut fiscal qui les exonère d’impôt sur leurs plus-values immobilières en France. Et ils en profitent : ces dernières années, ils ont racheté des hôtels de luxe comme le Martinez et le Carlton, à Cannes, le Royal Monceau, le Concorde Lafayette, l’hôtel du Louvre, à Paris, le Palais de la Méditerranée, à Nice. Mais ils ont également fait main basse sur le somptueux hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis, à Paris, le splendide hôtel d’Evreux de la place Vendôme, à Paris, l’immeuble Virgin des Champs-Elysées, le siège de Vivendi, avenue de Friedland, à deux pas des Champs-Elysées, le siège d’Areva près de l’Opéra, et la tour Pacific à la Défense, ainsi que sur le centre de conférences Kléber, lieu chargé d’histoire – le haut commandement militaire allemand s’y était installé sous l’Occupation et c’est là qu’ont été signés les accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam. Le destin du centre Kléber est de devenir un palace pour milliardaires…

    Au total, les avoirs qataris en France – immobilier et CAC 40 – dépasseraient donc les 10 milliards* d’euros selon nos calculs. Une somme qui rejoint les statistiques de la Banque des règlements internationaux (9,79 milliards), ce qui représente trois fois moins que les investissements du Qatar en Grande-Bretagne, mais deux fois plus que ceux de l’Allemagne.

    * Valeur au 20 novembre 2012

    • Article publié dans le numéro 820 du magazine Marianne, du 5 au 11 janvier 2013

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Criminalité et politique au Kossovo : le rapport explosif d'un député européen (2011)

    C'est un livre (La Chasse), publié en 2008 par Caria Del Monte, ex-procureur au TPIY(1) qui a incité Dick Marty membre du Conseil de l'Europe à enquêter sur le Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d'organes humains au Kossovo. En est résulté, en décembre 2010, un rapport édifiant, qui pointe les connexions « entre criminalité, corruption et politique ».
    Au Kossovo, des crimes de guerre ont été perpétrés à la fin des années 1990 sur des prisonniers serbes et albanais, sous la responsabilité de dirigeants de l'UÇK et en particulier d'un groupe auto-baptisé le « Groupe de Drenica » ayant pour « parrain » l'actuel Premier ministre, Hashim Thaçi.
    L'armée de libération nationale paraît en effet avoir été étroitement liée aux réseaux criminels : « Nous avons constaté que les principales unités de l'UÇK et leurs zones de commandement opérationnel respectives étaient la copie presque conforme des structures qui contrôlaient les diverses formes de criminalité organisée dans les territoires où opérait l'UÇK », écrit Dick Marty, qui laisse entendre que la guérilla contre les Serbes n'était pas la préoccupation principale de ses dirigeants. Les membres du Groupe de Drenica auraient ainsi : « pris le contrôle des fonds substantiels mis à la disposition de l'UÇK pour financer l'effort de guerre » et « passé avec les réseaux internationaux bien établis de la criminalité organisée plusieurs accords qui lui auraient permis de s'étendre et de se diversifier dans de nouveaux domaines d'activités, tout en lui ouvrant de nouvelles voies de contrebande vers d'autres pays d'Europe. »
    Selon Dick Marty, Thaçi lui-même agissait « avec le soutien et la complicité non seulement des structures de gouvernance officielles de l'Albanie, et notamment du gouvernement socialiste au pouvoir à ce moment-là, mais également des services secrets albanais et delà redoutable mafia albanaise. Les services chargés de-la lutte contre le trafic de drogue de cinq pays au moins précisent, dans des rapports confidentiels qui s'étendent sur plus de 10 ans, que le commerce de l'héroïne et d'autres narcotiques était contrôlé de façon violente par Hashim Thaçi et d'autres membres du " Groupe de Drenica " ».
    Ces derniers ne s'en tenaient pas au trafic de stupéfiants. Le rapport fait également état d'« un grand nombre de femmes et de jeunes filles victimes de la traite des êtres humains » organisée par l'UÇK, et le Groupe de Drenica serait au cœur du trafic d'organes dont furent victimes des captifs serbes, conduits en Albanie pour y subir une ablation des reins.(2)
    Enfin, le rapport fait état de la disparition de plusieurs centaines de prisonniers serbes et d'Albanais considérés comme des « collaborateurs » des Serbes, ces violences semblant « avoir été coordonnées et couvertes par une stratégie globale, préméditée et évolutive, décidée par les dirigeants du Groupe de Drenica ».
    On comprend les réticences que montrent les autorités albanaises à collaborer aux enquêtes ouvertes par la mission EULEX de l'Union européenne : « Le manque de coopération des autorités kosovares et albanaises pour rechercher des personnes disparues serbes, et même kosovares de souche albanaise, qui pourraient s'avérer être des victimes de crimes commis par des membres de l'UÇK, suscite de sérieux doutes quant à la volonté politique des autorités actuelles défaire toute la vérité sur ces événements. »
    Thaçi, partenaire favori des États-Unis
    Mais les instances internationales ne se montrent pas plus pressées d'agir, en dépit des « informations accablantes » transmises sur Thaçi et ses séides par les services de renseignements.
    « Il est particulièrement déconcertant, écrit Dick Marty, de constater que l'ensemble de la communauté internationale au Kosovo - depuis les gouvernements des États-Unis et des autres puissances occidentales alliées, jusqu'aux autorités judiciaires qui exercent leurs activités sous la tutelle de l'Union européenne - possèdent sans doute les mêmes informations accablantes sur toute l'étendue des crimes commis par le "Groupe de Drenica", mais qu 'aucune d'elles ne semble prête à réagir face à une telle situation et à en poursuivre les responsables. »
    Le rapport du député européen apporte un début d'explication : l'UCK n'a pris l'ascendant sur les formations politiques albanaises rivales que grâce à l'appui des Américains. Et Thaçi lui-même « doit sans aucun doute son ascension personnelle au soutien politique et diplomatique des États-Unis et d'autres puissances occidentales, qui le considéraient comme le partenaire local favori de leur projet de politique étrangère pour le Kosovo. » 
La politique a ses raisons, que l'éthique démocratique ne connaît pas.
    Eric Letty monde & vie. 29 octobre 2011
    (1) TPI Y .Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie.
    (2) Le trafic d'organes se poursuivrait toujours au Kossovo, où s'est ouvert le 4 octobre un procès impliquant des médecins d'une clinique de Pristina.

  • Samedi 2 février à Paris : la Nouvelle Droite Populaire et Synthèse nationale soutiennent la manifestation contre le mondialisme et l’impérialisme…

    Dimanche 13 janvier, c’est près de 1 million de Français qui ont manifesté à Paris leur opposition à la loi Taubira qui prétend instaurer un « mariage » pour les homosexuels. Nous ne pouvons que nous réjouir du succès de cette mobilisation.

    Mais ces manifestants savent-ils que, au-delà de cette parodie de mariage, la principale menace qui pèse sur la conception traditionnelle de la famille à laquelle ils sont attachés est la politique mondialiste voulue par l’hyper-classe apatride qui prétend diriger le monde et dont Hollande et Taubira ne sont en réalité que les petits domestiques serviles.

    Pour réaliser leur projet funeste de transformer la Terre en un vaste espace économique uniformisée dans lequel les identités, nationales, ethniques et sexuelles seraient broyées, les mondialistes s’acharnent à détruire tous les repères qui font la spécificité de chaque peuple. Notre conception européenne de la famille est donc, à leurs yeux, l’une des premières cibles à abattre. L’humanoïde idéal pour ces nouveaux maîtres du monde devra être un consommateur métissé, déculturé, déraciné et asexué.

    Cependant les prétentions mortifères des mondialistes se heurtent de plus en plus aux réactions populaires. Partout dans le monde les peuples prennent conscience que leur existence est menacée. La gigantesque manifestation de dimanche peut être considérée comme l’un des premiers symptômes de ce réveil salvateur dans notre pays. Mais il faut aller plus loin.

    Les Français n’ont plus rien à attendre des partis politiques, de « droite » comme de gauche, qui se partagent le pouvoir depuis des décennies. Ils sont tous imprégnés par l’idéologie mondialiste. Seul l’avènement d’un ordre nouveau, nationaliste, populaire, solidariste et identitaire pourra redonner à notre peuple sa liberté et sa dignité.

    Voilà pourquoi la Nouvelle Droite Populaire et Synthèse nationale apportent leur soutien à la manifestation contre le mondialisme et l’impérialisme organisée, à l’initiative du mouvement 3e voie, samedi 2 février, à 14 h 00, place St Germain des Près à Paris (VIe arrondissement – métro St Germain des Près).
    La NDP et Synthèse nationale se félicitent aussi d’apprendre la participation à cette manifestation de délégations de peuples en lutte pour sauver leur identité tels que nos frères québécois ou encore les Syriens qui sont actuellement en première ligne face à une convergence d’intérêts entre les mondialistes et les islamistes.

    source: Synthèse nationale

    http://fr.altermedia.info

  • Christine Lagarde, une libérale au FMI

    Un ancien ministre français de l'Économie succède à un autre ancien ministre français de l'Économie à la tête du FMI. De Strauss-Kahn en Lagarde, sauf sur le plan des mœurs, rien ne devrait vraiment changer.
    Sans surprise, c'est le ministre de l'Économie et des Finances français, l'UMP Christine Lagarde, qui a succédé le 28 juin à un autre ancien ministre de l'Économie et des Finances français, le socialiste Dominique Strauss-Kahn, à la direction générale du Fonds Monétaire International. Elle a été élue pour un mandat de cinq ans. Le FMI aux mains de Christine Lagarde pourrait sembler être une chance pour la France, un symbole de l'influence de notre pays dans le monde. Ce n'est malheureusement pas le cas. Christine Lagarde, comme son prédécesseur, est membre de l'hyper classe mondialisée qui défend avant tout les intérêts des grands de ce monde, pratiquant un libéralisme totalement dérégulé qui ne tolère aucune limite à la toute puissance du marché.
    Avocate internationale
    Loin de défendre les intérêts de puissance de la France, les locataires de ce poste envié et grassement rétribué se contentent de poursuivre leurs petites discussions entre amis, au gré des sommets internationaux, tout en soignant une image de sauveurs des économies nationales en danger. L'essentiel étant pour eux, non pas de réformer les pays menacés par la crise, mais d'éviter qu'ils ne contaminent les puissances plus importantes. Pour ce type de dirigeants internationaux, la politique se limite à la gestion économique, les dimensions sociales et morales des affaires publiques leur restant aussi étranger qu'un ours blanc à un papou. Avec l'arrivée de Christine Lagarde, la direction générale du FMI gagnera sans doute en probité, mais ne changera pas de ligne de conduite. De la même façon que son long passage à Bercy (quatre ans) n'a rien changé à la situation française, compromise par l'importance de la dette de l'État.
    Issue de la petite bourgeoisie havraise, championne de natation synchronisée, Christine Lagarde, si elle a échoué au concours d'entrée à l'Ena, s'est hissée en 1999, à force de ténacité et de brio professionnel, à la tête d'un des plus grands cabinets d'avocats américains, Baker and McKenzie, basé à Chicago. S'étant toujours piqué de politique, elle devient en 2005, ministre du Commerce extérieur de Jacques Chirac, sacrifiant temporairement une partie de ses revenus. Depuis, politiquement très compatible avec Sarkozy, Lagarde n'a pas quitté le gouvernement. Elle s'est faite élire en 2008 conseiller de Paris dans le XIIe arrondissement, où l'on ne peut pas dire qu'elle laissera un grand souvenir, pour cause d'absentéisme chronique...
    Un manque de recul sur les limites du système américain
    Femme intelligente et volontaire, elle souffre d'un clair manque de recul sur les limites du système américain et de l'idéologie libérale. Sa familiarité avec les grandes institutions internationales et sa maîtrise de la langue anglaise n'ont d'égal que sa difficulté à paraître crédible lors de discussions avec les « vrais gens ». On l'a ainsi vu faire des envolées lyriques sur la beauté des ciels d'Eugène Boudin, le peintre pré-impressioniste normand, lors de l'inauguration d'une mairie de la banlieue de Rouen, devant une assemblée qui semblait, plus prosaïquement mais fort logiquement, plus préoccupée par le bon fonctionnement des lignes de bus et du ramassage des poubelles... Elle avait donc rapidement renoncé à succéder à Antoine Rufenacht à la mairie du Havre.
    Tremplin politique
    A la tête du FMI, elle sera délivrée de ce genre de contingences. Pour elle, cette direction générale pourrait cependant être un tremplin pour un retour en politique aux avant-postes. N'oublions pas qu'elle était donnée premier ministrable l'été dernier. N'oublions pas non plus que, depuis Washington, DSK rêvait d'un destin national en France. Il se pourrait donc bien que l'on revoie un jour Christine Lagarde, une nouvelle fois lassée des charmes de l'Amérique, jouer un rôle de premier plan sur la scène politique française. À moins que le FMI ne puisse juguler les nouvelles crises qui s'annoncent.
    Avec l'arrivée de Christine Lagarde, le Fonds Monétaire International passe du social-libérarlsme deDSK à un libéralisme avancé. On doute que les habitants des pays actuellement au bord de la faillite à cause de la mauvaise gestion de leurs dirigeants saisissent toutes les subtilités de la distinction entre ces sensibilités politiques.
    Jacques Cognerais Monde&vie du 16 juillet 2011

  • Rupert Everett : « Les Anglais vont devenir comme les Indiens sous l’Empire britannique »

    LONDRES (NOVOpress) - L’acteur Rupert Everett (ci-dessus) a déploré, dans un entretien publié il y a quelques jours par le magasine Time Out et repris notamment par le Daily Telegraph, que « Londres avait complètement changé », à cause de l’afflux d’oligarques et de nababs du monde entier. Tous les prix y sont devenus tellement exorbitants que les Anglais de souche n’auront plus les moyens d’y vivre. « Nous sommes sur le point de devenir comme les Indiens sous l’Empire britannique, a-t-il averti, une station-service pour une nouvelle classe, les super-riches ».

     

    La plainte est sans doute exacte si l’on parle du centre de Londres. Dans les quartiers périphériques, c’est l’immigration massive des Pakistanais et des Noirs qui fait désormais des Blancs britanniques, pour la première fois de l’histoire, une minorité ethnique dans la capitale de leur pays. Si les Anglais de souche y ressemblent de plus en plus à des Indiens, ce n’est pas aux natifs de l’Inde britannique – qui n’avaient à subir sur leur terre que l’autorité de quelques milliers de fonctionnaires et de militaires britanniques –, mais bien aux Indiens d’Amérique. Non pas simplement colonisés mais génocidés.

    http://fr.novopress.info

  • Le ministre britannique des Finances lance un ultimatum à l’Union européenne

    Dans une interview accordée au quotidien allemand Die Welt, George Osborne, le ministre britannique des Finances, a estimé que l’Union européenne devait changer si elle voulait que la Grande-Bretagne en reste membre.

    Le chancelier britannique de l’Échiquier, George Osborne, est clair : « Je souhaite vraiment que la Grande-Bretagne reste membre de l’UE mais pour que nous restions dans l’Union européenne, l’UE doit changer ». La citation a été confirmée par le Trésor britannique à Londres.

    Cette déclaration, sous forme d’ultimatum, marque un durcissement de la position du gouvernement britannique. Le chef du gouvernement britannique est sous la pression de certains membres de son parti conservateur qui veulent obtenir l’organisation d’un référendum sur une éventuelle sortie du pays de l’UE. Mais cette perspective n’est pas du goût des Américains. Le secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes d’Obama, Philip Gordon, a en effet mis en garde la Grande-Bretagne contre un tel référendum et affirmé que la présence du Royaume-Uni dans l’UE était importante pour les intérêts américains.

    http://www.nationspresse.info

  • La longue collaboration des socialistes à la construction d’une Europe libérale

    En France, l’UMP s’occupe du sale boulot en matière de dérégulation et laisse la culture et le sociétal au PS.

    Cette dichotomie malsaine, qui en réalité dénote l’absence totale de différences idéologiques entre ces deux partis, ne se retrouve pas dans la construction européenne, œuvre destructrice du cadre national, qui est le fait quasi exclusif de la social-démocratie.

    L’UE a permis aux trois grandes libertés, liberté de circulation des marchandises, des capitaux et des personnes, de prospérer sans entrave. Les socialistes, censés limiter l’impact de la libéralisation de l’économie, ont en fait largement collaboré à sa mise en œuvre.

    Cette énumération en offre la preuve irréfutable :

    • 1/ Traité de Rome (1957) : Guy Mollet, Président du Conseil, majorité SFIO.
    • 2/ Accords de Schengen (1985) : Laurent Fabius, Premier ministre, majorité PS.
    • 3/ Acte unique européen (1986) : Laurent Fabius, Premier ministre, majorité PS ; Jacques Delors, PS, président de la Commission européenne.
    • 4/ Traité de Maastricht (1992) : Pierre Bérégovoy, Premier ministre, majorité PS ; Jacques Delors, PS, président de la Commission européenne.
    • 5/ Traité d’Amsterdam (1997) : Lionel Jospin, Premier ministre, majorité PS.
    • 6/ Création de la BCE (1998) : Lionel Jospin, Premier ministre, majorité PS.
    • 7/ Création de la zone euro (1999) : Lionel Jospin, Premier ministre, majorité PS.
    • 8/ Sommet de Lisbonne (2000) : Lionel Jospin, Premier ministre, majorité PS.
    • 9/ Traité de Nice (2001) : Lionel Jospin, Premier ministre, majorité PS.
    • 10/ Sommet de Barcelone (2002), Lionel Jospin, Premier Ministre, majorité PS.
    • 11) Ratification du Traité de Lisbonne (2008), approuvée grâce à l’appui du PS.
    • 12) MES et TSCG : Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, majorité PS.

    À tous ceux, qui comme Emmanuel Todd voyait dans le hollandisme un caractère révolutionnaire, il est désormais temps de sortir de la naïveté prépubère ou de la subversion de confort.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • Mali : l’armée française pour repousser les groupes islamistes … et défendre les intérêts de Total ?

    S’exprimant de manière officielle, à l’Elysée, le  président de la République française, François Hollande a confirmé vendredi l’engagement des forces armées françaises au Mali. Dans une déclaration, le chef de l’Etat a par ailleurs  affirmé vendredi que l’opération de lutte contre des “terroristes” durerait “le temps nécessaire” , sans plus de précision.

     

    But affiché : repousser les combattants islamistes qui contrôlent le nord du Mali, assurer la sécurité de la population malienne et celle des 6.000 ressortissants français présents dans le pays.

     

    Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué vendredi que cette opération avait notamment pris la forme d’une “intervention aérienne” , sans confirmer la présence de forces africaines. Le ministre avait auparavant  précisé que la France  avait été  saisie “d’une demande d’appui aérien et militairepar le Mali.

    L’Elysée a précisé que la décision du président Hollande avait été prise vendredi « matin en accord avec le président malien Dioncounda Traoré ». Ajoutant  que le Parlement serait   “saisi dès lundi ” de sa décision d’intervention. La France intervient “en liaison avec les Nations unies, car nous intervenons dans le cadre de la légalité internationale” , a par ailleurs tenu à  préciser François Hollande.

    Un responsable de l’armée malienne  a par ailleurs indiqué que des troupes nigérianes étaient  également  engagées. Le Sénégal -  pays  voisin -  n’a « pas de troupes combattantes » au Mali, a pour sa part  démenti vendredi soir un responsable de l’armée sénégalaise. Le président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a indiqué quant à lui dans un communiqué avoir autorisé vendredi l’envoi immédiat de troupes au Mali.

    Mais au final, l’intervention de la France pourrait être également due à d’importants enjeux  économiques et financiers, encore une fois sur fond de forte odeur de pétrole et de gaz. Pure coïncidence ou remake d’un scénario proche de  celui prévalant en Afghanistan ? … Voire mise à exécution d’une stratégie du chaos  menée par  les  lobbies pétroliers et militaires  américains en échange de  soutiens financiers   de  campagnes  électorales US  pour éviter  une avancée  trop  importante  de majors pétrolières étrangères  concurrentes ?   Allez savoir  ….

     

     

     

    Reste  que la carte d’implantation d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) au Sahel correspond à tout point   à celle du  bassin de Taoudeni …large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger …. Les récentes découvertes de richesses minières  contenues  dans  cette zone  provoquent en effet depuis quelques mois un vif intérêt pour cette région.

     

     

    Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total avait  ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur, freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie et le conduisant même à parler “d’un nouvel Eldorado“.

    En février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles, au Mali et au Niger.

     

    Rappelons  parallèlement qu’à trois mois de l’élection présidentielle au Mali, le gouvernement, déjà confronté aux enlèvements d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et à la menace d’une crise alimentaire, avait dû faire face à une nouvelle rébellion touareg puis à un coup d’état.

     

    Ces attaques étant alors les premières de ce type depuis un accord ayant mis fin à la rébellion mais également depuis le retour de Libye de centaines d’hommes armés ayant combattu aux côtés des forces du leader libyen Mouammar Kadhafi.

     

    En avril 2011, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’était prononcée quant à elle  en faveur d’une aide de 25 millions de dollars pour les rebelles libyens. Aide qui n’inclurait pas la fourniture d’armes … si l’on en croyait ses propos.

     

    Des subsides destinées  à permettre aux rebelles de lutter contre les mercenaires de Kadhafi. Ces derniers étant en grande partie des milliers de jeunes Touareg, recrutés pour apporter leur soutien au dirigeant libyen, selon  la presse.

    Une situation qui inquiétait d’ores et déjà grandement le Mali, lequel redoutait dès cette période des répercussions dans la région, et plus particulièrement au Sahel,  tout juste  identifié  – hasard de calendrier ? – comme un nouvel eldorado pétrolier.

    Précisons que ces populations nomades originaires du Mali, du Niger, et de l’Algérie ont, depuis les années 80, trouvé refuge auprès de  l’ex dirigeant libyen lui promettant de sécuriser le Sud-Soudan, en échange de sa protection.

     

    «Nous sommes à plus d’un titre très inquiets. Ces jeunes sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, que Kadhafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact dans notre région », avait ainsi déclaré Abdou Salam Ag Assalat, président de l’Assemblée régionale de Kidal (Mali). « Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel » avait-t-il ajouté.

     

    Situation d’autant plus inquiétante que Mouammar Kadhafi aurait pu être également tenté – la manne pétrolière aidant – de recruter auprès des jeunes Touaregs du Mali et du Niger, avais-je alors indiqué.

     

    A Bamako et à Niamey, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà à l’époque que la chute de Kadhafi provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile, une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région …  redoutaient-ils alors.

     

    Le Blog Finance  http://fortune.fdesouche.com

  • Pentagone : une défaite en rase campagne du lobby pro-israélien

    La nomination, lundi soir, par Barak Obama de Chuck Hagel au poste de secrétaire à la Défense est une défaite en rase campagne pour le très puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis. 

    Depuis des semaines, l’Aipac (American Israël Public Affairs Comittee) se déchainait contre lui, afin d’empêcher le président réélu de le nommer à ce poste stratégique. Contre Hagel, ses opposants ont sorti l’artillerie lourde : il est, à mots plus ou moins couverts, traité d’antisémite – et sur un autre sujet d’être homophobe. Des accusations terribles, dont Obama a donc décidé de ne pas tenir compte. Et de nommer cette personnalité atypique à la tête du Pentagone. En envoyant du même coup, un message de défiance au gouvernement israélien.

    Car les relations militaires entre les Etats-Unis et Israël sont extrêmement étroites et l’arrivée au Pentagone d’un responsable critique vis à vis de la politique de l’Etat hébreu est un signal important, même si, diplomatiquement, Chuck Hagel a aussitôt affirmé son « soutien total » à Israël… 


    Durant son premier mandat, Obama n’a pas été très actif sur la scène du Proche-Orient, laissant le gouvernement israélien poursuivre sa politique de colonisation des territoires palestiniens. Les Etats-Unis ont même voté contre la reconnaissance de la Palestine par l’Onu. Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre israélien « Bibi » Netanyahou de soutenir ouvertement Mitt Romney, le rival d’Obama, durant la campagne électorale américaine... Libéré du souci de sa réélection en 2018 – la Constitution lui interdisant un troisième mandat – Barack Obama sera-t-il plus offensif dans les prochains mois ? C’est possible. Il est attendu sur, au moins, deux grands dossiers : une éventuelle relance des discussions entre Israël et le tout nouvel « Etat de Palestine » et la question de l’Iran, alors qu’une partie des dirigeants israéliens envisage toujours une solution militaire contre le programme nucléaire de Téhéran. 


    Issu d’un milieu modeste, Chuck Hagel, 66 ans, est une personnalité politique originale. Secrétaire à la Défense d’Obama, il est membre du parti républicain. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Obama choisit un républicain pour le Pentagone, puisqu’il y avait maintenu Robert Gates, nommé par George W. Bush. Hagel est incontestablement un homme de droite, mais il appartient à ce courant minoritaire du parti républicain, réaliste et peu sensible au discours néoconservateur. Il a été sénateur du Nebraska (1997-2009) et n’a jamais craint de prendre des positions hétérodoxes, par exemple en critiquant la conduite de la guerre d’Irak. C’est un vétéran de la guerre du Vietnam où il a servi (1967-68) comme sergent dans l’infanterie. Il y a été blessé deux fois et décoré de la Purple Heart. De quoi tenir tête aux généraux du Pentagone, où il va devoir s’attacher à réduire les énormes dépenses militaires de son pays.

    Jean-Dominique Merchet
    Marianne
    8/01/2013

    http://www.polemia.com

  • L’Europe contre la nation, un faux débat ? Tribune libre

    Distinguer l’Europe enracinée de l’Europe globalisée

    On le sait, la mouvance patriotique est parcourue, tant en France que dans les autres pays européens, par divers courants idéologiques. Parmi ces derniers, on compte notamment le courant nationaliste et le courant européaniste (et non européiste, nous y reviendrons) qui s’affrontent, il est vrai, tout particulièrement, sur la scène politique française. Et comment ne pas le comprendre ? La France est le berceau de l’idée de Nation, c’est la France qui a exporté le modèle de l’état-national aux quatre coins de l’Europe et c’est donc en France que, tout naturellement, l’attachement à la Nation est la plus forte.

    L’idée européenne, quant à elle, d’approche traditionnellement impériale, apparaît donc aux yeux de la plupart des partisans de la Nation comme un genre d’ennemi héréditaire, de maelstrom cosmopolite qui n’a d’autre but que d’anéantir la Nation et de se poser en première marche du Village Global. On peut d’ailleurs dire qu’au fil des siècles, la Nation française s’est bâtie envers et contre l’Empire. 

    Si, de nos jours, c’est la, il est vrai, bien mal nommée « Union européenne » qui est la cible des attaques du courant nationaliste, que l’on nomme aussi parfois « souverainiste » lorsqu’on veut l’étendre à d’autres franges de l’échiquier politique, ce n’est là que le reflet d’un conflit multiséculaire qui, générations après générations, a opposé la France à l’Empire et, tout particulièrement, à celui des Habsbourg. Il semble que dans l’esprit du partisan de la Nation, l’acceptation de l’idée impériale, incarnée jadis par l’ennemi héréditaire habsbourgeois et assimilée aujourd’hui à une certaine idée « euroglobaliste », constituerait un genre de reddition sans condition, au terme d’une « guerre éternelle » contre l’Empire que la France aurait fini par perdre. Les batailles qui opposèrent François Ier à Charles-Quint, les guerres franco-espagnoles et franco-autrichiennes dans ces Pays-Bas méridionaux (actuelle Belgique), passage obligé d’une France qui ambitionna longtemps de retrouver sur le Rhin sa frontière gauloise, tous ces sacrifices donc n’aboutiraient finalement qu’à une soumission française à des mœurs centrifuges jugées étrangères et à des diktats politiques et économiques jugés non-moins étrangers, en un mot : européens. Inacceptable, du point souverainiste. Ainsi, quoique l’idée impériale, européenne, enracinée, en un mot « identitaire », incarnée jadis par la dynastie des Habsbourg, dont le dernier empire s’effondra en 1918 sous les coups redoublés des nationalismes, des idéologies totalitaires et de cet industrialisme apatride qui a donné naissance à l’univers globalisé que nous ne connaissons que trop bien, quoique cette idée, donc, n’ait absolument rien de commun, que du contraire, avec l’« Euromarket » acculturé et déraciné que nous connaissons sous le nom d’« Union européenne », elle apparaît néanmoins, dans les esprits souverainistes, comme un genre de précurseur du « projet européen » actuel, première marche d’un monde globalisé et source de tous les maux de la France.

    Autant l’Empire austro-hongrois – hélas resté imparfait, il est vrai, du fait de son occultation de la réalité politique de ses populations slaves – constituait une tentative de faire cohabiter, dans un même espace, harmonieusement, c’est-à-dire dans le respect de leur pluralité identitaire, des populations différentes, certes, mais appartenant à une même civilisation, autant l’Union européenne n’est qu’une construction artificielle, économique métissée, standardisée, globalisée, rejetant toute forme d’enracinement historique et culturel authentique et prête à s’ouvrir au tout venant. Autant l’Empire austro-hongrois vénérait par-dessus tout la qualité de vie, la culture, l’histoire, le bon goût, en un mot, le Beau, autant la prétendue « Union européenne » en apparaît comme le négatif, cultivant l’acculturation, le mauvais goût commercial, la sous-culture globalisée et la malbouffe.

    « Européanistes » et non « européistes »

    Il n’y a rien de commun entre ces deux visions de l’Europe. Désigner par un même qualificatif les partisans d’une Europe structurellement impériale, enracinée, identitaire et les adeptes de l’Euromarket globalisé n’a donc aucun sens.

    Si les tenants de l’actuelle « Union européenne » sont généralement qualifiés d’« européistes », ceux qui, tout en pensant qu’il convient de ne pas jeter le bébé européen avec l’eau du bain globalisé pour le moins malodorant dans lequel il baigne, qui tout en précisant que tout n’est pas forcément mauvais dans l’actuelle UE, militent pour l’unité d’une Europe enracinée incluant le niveau national, mais également le niveau régional et le niveau civilisationnel dans le cadre d’une structure harmonieusement intégrée, devraient être désignés différemment.

    Aussi, afin de les distinguer des adeptes « européistes » de l’Europe globalisée, pourrions-nous faire le choix du terme « européaniste ».

    La Nation jacobine contre l’Europe enracinée

    Les souverainistes reprochent parfois aux européanistes d’être comparables aux révolutionnaires de jadis qui voulaient universaliser et internationaliser leur combat. Dans leur esprit, l’idée européenne appartient à ce mode de pensée internationaliste, globaliste dirions-nous plutôt aujourd’hui, qu’anima par le passé et encore aujourd’hui les ennemis de la Nation, seule référence identitaire viable à leurs yeux. En fait, selon eux, les européanistes ne voudraient rien d’autre, globalement, que construire une nouvelle Internationale. Retournons l’argument à son expéditeur. Nous le savons, les idéaux révolutionnaires jacobins ne sont pas particulièrement prisés dans une mouvance patriotique française qui lui préfère généralement, et de loin, les références chrétiennes, monarchiques, traditionnelles, en deux mots, d’Ancien Régime. Comment expliquer dès lors le paradoxal engouement des partisans de la Nation pour des idéaux issus du jacobinisme révolutionnaire dont l’idée même de Nation est la fille ? Car point d’état-national ni de citoyens avant 1789, mais un royaume et des sujets du Prince ! On en vient donc à se demander si l’idée de Nation jacobine est bien un concept identitaire, ou si elle n’est, au contraire, qu’un poste avancé des internationales.

    Allons plus loin : comment l’internationalisme révolutionnaire aurait-il pu exister sans la création préalable de la Nation jacobine ? Lorsque le centralisme nationaliste refuse aux régions ce que l’échelon international (ex-URSS, Euromarket, Village Global ou autre) refuse désormais aux états-nations, ne peut-on dire qu’il s’agit là d’une seule et même logique ? En définitive, le centralisme jacobin nous paraît bien plus proche de l’euro-bureaucratie « bruxelloise » que l’idée d’unité européenne enracinée.

    Régionalismes ou micro-nationalismes ?

    Après s’être vus reprocher leurs « velléités internationalistes » visant prétendument à dissoudre, « par le haut », la Nation, dans le cadre d’un maelstrom européen métissé, les européanistes, partisans du fédéralisme intégral, c’est-à-dire de la fédération des états-nations européens sur une base civilisationnelle, et de la fédéralisation de ces mêmes états-nations sur base de leurs régions historiques, se voient accuser par les souverainistes de vouloir également détruire la Nation par le bas, en encourageant le développement de mouvements régionalistes centrifuges.

    Or, partisans de l’unité européenne, les européanistes ne peuvent être, en toute logique, des partisans de la dislocation des nations : il ne s’agit pas de remplacer une « Europe des 27 » (déjà plus que bancale) par une « Europe des 270 » ! Les états-nations ont donc, du point de vue européaniste, un rôle essentiel à jouer dans la construction identitaire de l’Europe, garants qu’ils sont de la cohérence politique de nombreux territoires sans laquelle l’Europe sombrerait dans le chaos, et de la sauvegarde des langues nationales, indissociables de notre identité la plus essentielle. Autonomie régionale ne signifie pas, dans l’esprit européaniste, éclatement micro-nationaliste.

    Et nous voilà confrontés à un nouveau paradoxe : si le partisan du fédéralisme européen intégral se voit reprocher ses opinions supposées centrifuges, n’est-ce pas, en définitive, le micro-nationaliste, c’est-à-dire le régionaliste indépendantiste (et non seulement soucieux d’autonomie), qui se trouve politiquement et paradoxalement être le plus proche du statonationaliste jacobin ? Car, alors que le régionaliste soucieux de son autonomie ne demande fondamentalement que la reconnaissance de sa particularité dans le cadre national, le micro-nationaliste, lui, ne veut rien d’autre que créer un nouvel état-national jacobin, centralisé, refusant à ses propres composantes régionales jusqu’au centième de ce qu’il a obtenu pour lui. Le rejet de l’Europe par le macro-nationalisme et le rejet de l’état-nation par le micro-nationalisme ne se rejoignent-ils pas finalement ? Mais il n’y a là rien de commun avec une démarche d’autonomie régionale responsable, telle qu’on l’envisage d’un point de vue européaniste.

    Europe des Patries ou Europe-Puissance ?

    Ainsi donc, l’action des européanistes, si l’on en croit l’opinion souverainiste, n’aurait pour seule conséquence, du fait de ses choix civilisationnels et régionaux, que d’affaiblir les nations d’Europe face aux autres puissances mondiales, au premier rang desquelles nous citerons, bien évidemment, les Etats-Unis d’Amérique. C’est la double action du morcellement régionaliste et du métissage « européiste » qui serait, en définitive, responsable du déclin des états-nations. Or, une fois de plus, nous voilà confrontés à un paradoxe. Lorsque les souverainistes déplorent l’incapacité « des Européens » à assumer leur rôle politique et militaire sur le plan international, ils ne semblent pas comprendre que cela est dû à deux facteurs fondamentaux dont le globalisme et le nationalisme sont justement responsables. Le globalisme, négateur d’identité qui constitue le fondement pseudo-européen de l’Euromarket, est à la base de l’inconsistance européenne qui n’a jamais rien été d’autre qu’une vague structure économique et financière.

    En l’absence de vraies fondations identitaires et civilisationnelles, l’Europe ne pouvait espérer devenir politiquement cohérente, et faute de cohérence politique, elle ne pouvait rester qu’une jungle financière et économique acculturée et politiquement faible, ce qu’elle n’a jamais cessé d’être de 1957 à nos jours. Or, cette dissolution par le haut, exigée par le Village Global d’inspiration étasunienne, « nordiste » et « yankee » (au sens historique du terme), a été largement favorisée par le refus obstiné des statonationalistes et des souverainistes d’abandonner une part de souveraineté à l’échelon civilisationnel supérieur, afin de mettre en commun les moyens indispensables à une Europe-Puissance pour s’imposer sur le plan international. Les partisans de l’Europe des Patries n’ont jamais cessé de s’accrocher aux derniers pans d’une puissance politique et militaire nationale qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut jadis, au nom d’un attachement à la souveraineté qui frise parfois la religiosité.

    Au niveau militaire, pour ne citer que cet exemple, le résultat est là : des moyens financiers dignes d’une superpuissance dépensés en vain au niveau européen, vingt-sept budgets nationaux, vingt-sept armées qui peuvent, au mieux servir d’armées supplétives à des armées étrangères, des redondances inacceptables en matière d’industrie militaire, tout cela pour entretenir le mythe d’une puissance nationale et souveraine pourtant militairement en situation de déclin. Comment venir ensuite se plaindre de l’inexistence politico-militaire européenne sur la scène internationale ? Mais l’on préférera se bercer d’illusions, en vantant le retour à une agriculture totalement nationale, on prônera l’abandon de l’euro au profit de l’ancienne monnaie nationale, nourrissant ainsi l’espoir plus qu’improbable –tel le génie de la fable, le libéralisme, échappé de la lampe magique nationale au 20ème siècle, pour gagner les horizons planétaires, n’y retournera plus jamais – de voir se rapatrier les industries nationales, tout cela en ignorant ce problème essentiel : l’Europe est, depuis la perte de ses colonies, dépourvue de richesses naturelles et, notamment, de ressources énergétiques. On se demande donc comment, dépourvues de ces ressources, et divisées sur la scène internationale, les « post-puissances » européennes pourraient maintenir, ne fut-ce qu’à moyen terme, leur rang de puissance ? Les nations européennes doivent donc choisir : survivre ensemble ou mourir seules.

    La complémentarité de l’Empire et de la Nation

    La France nourrit donc à l’égard de l’Empire, et partant, de l’Europe, une méfiance qui semble relever de l’atavisme. Qu’il apparaisse sous les traits de l’empire des Habsbourg, de l’Union européenne ou de l’ « empire américain », tout « projet impérial » – ou ce qui en tient lieu – est perçu par Paris comme une menace pour sa souveraineté. Ainsi, un ouvrage collectif paru chez Ellipses au début des années 2000, auquel j’eus d’ailleurs la possibilité de participer – « Guerres dans les Balkans », paru sous la direction du général Gallois – était-il sous-titré « La nouvelle Europe germano-américaine », référence particulièrement révélatrice à la crainte très française d’une double domination « impériale », américaine d’une part, et allemande, pour ne pas dire « mitteleuropéenne », d’autre part. Et c’est là qu’il est, nous semble-t-il, intéressant de comparer la vision qu’ont de cette problématique les Français et les Belges francophones, étant moi-même, dirais-je, l’un des derniers Bruxellois de souche.

    On peut dire que les états-nationaux belge et français se sont développés de manière radicalement opposée : autant la France apparaît comme le berceau de l’idée de Nation, autant la Belgique apparaît comme un état-national particulièrement bancal, créé par les grandes puissances du 19ème siècle, pour diverses raisons stratégiques ; autant la France se pose en état jacobin centralisé, autant la Belgique n’en finit pas de gérer le divorce de ses deux principales composantes flamande et wallonne. La Flandre, elle, a su bâtir une identité nationale forte (encore que cela devrait être sans doute relativisé), mais qu’en est-il de cette Belgique francophone qui rassemble des Wallons et des Bruxellois de langue française ? Comment peut-on définir un Belge francophone, sinon, en schématisant, comme un « Français d’histoire impériale » ? De fait, culturellement et linguistiquement tourné vers la France, le Belge francophone ou, plus précisément, le francophone de Belgique, est historiquement tourné vers l’Europe centrale germanique et impériale dont, notamment via les Habsbourg, les Pays-Bas méridionaux (qui correspondaient globalement à la Belgique actuelle), ont dépendu durant plusieurs siècles.

    L’on évoque souvent le conflit wallo-flamand ou la ligne de fracture germano-latine passant par Bruxelles, mais l’on a peu conscience du fait que la question de l’opposition entre la Francité et l’Empire fait essentiellement partie de l’identité des francophones de Belgique, et voilà pourquoi l’on peut considérer que l’actuel débat français sur la Nation et l’Europe (ou/et l’Empire) nous est plus que familier, et que notre témoignage historique a donc pleinement sa place dans ce débat.

    Entre Mitteleuropa impériale et Francité jacobine

    Si linguistiquement et culturellement, le Belge francophone appartient bien à l’espace français, il fut aussi, des siècles durant, un sujet de Charles-Quint et des Habsbourg (ennemis traditionnels du Royaume de France), jusqu’à ce que les sans-culottes ne chassent les Autrichiens de nos contrées qui restèrent françaises de 1794 à 1814, avant d’être plongées brutalement dans l’univers nationaliste européen. C’est là un paradoxe que tout francophone de Belgique – du moins parmi ceux qui ont encore une conscience et une connaissance de leurs racines et de leur Histoire – doit apprendre à gérer du mieux qu’il peut. Nous ne nous étendrons évidemment pas sur les nombreuses réponses que l’on peut tenter d’apporter à ce problème, pour ne retenir que deux options : l’historique et la géopolitique. Pour résumer, disons que la logique historique est partagée par ceux qui souhaitent le maintien de la Belgique au nom d’un « mythe lotharingien » qui suppose l’existence d’un espace géopolitique naturel particulier situé entre la France et l’Allemagne, une idée parsemée de références aussi romantiques que nostalgiques à un prétendu « bon vieux temps » des ducs de Bourgogne et de Charles-Quint, dont la Belgique serait la naturelle héritière.

    La logique géopolitique, elle, est partagée par ceux qui, bien qu’ayant constaté que la Belgique ne constitue pas un état-national viable, veulent malgré tout coller à la réalité statonationaliste moderne et se tournent donc, tout naturellement vers la France à laquelle ils voudraient voir rattacher la Wallonie, voire toutes les communes à majorité francophone de Belgique. Vivre dans des mythes passéistes et un état hybride d’état-national et d’Ancien Régime, en attendant l’éventuel divorce d’avec la Flandre, ou tenter de trouver sa place dans une France hexagonale centralisée, voilà globalement le choix que  laisse aux francophones de Belgique, la vieille opposition identitaire entre la Mitteleuropa impériale et la Francité jacobine.

    Entre Habsbourg et Bonaparte : un ressenti personnel

    Pour ma part, je n’ai jamais adhéré à une forme ou l’autre de nationalisme, mes origines bruxelloises et « administrativement belges » me prédisposant bien peu, il est vrai, à une telle démarche. Je me suis donc naturellement tourné vers la France et l’Europe, soit vers la Francité et l’Empire. J’ai toujours perçu ces deux aspects de mon identité non comme antagonistes mais, bien au contraire, comme parfaitement complémentaires, regrettant au passage tout ce qui, à travers l’Histoire, a pu séparer la France de la Mitteleuropa et tout ce qui a opposé la Nation française à l’Empire. Sans être aucunement monarchiste, je n’en suis donc pas moins « impérialiste », au sens réel du terme et non au sens idéologique, et mes choix historiques se sont donc naturellement portés, simultanément, vers l’Empire des Habsbourg et le Premier empire français, le premier, notamment en raison de sa structure décentralisée et diversifiée, prélude d’une construction européenne enracinée, le second par amour d’une certaine grandeur et de la qualité de vie françaises et on le voit, il n’y a là aucune contradiction. Par opposition aux forces qui veulent uniformiser, standardiser, en niant la diversité régionale (statonationalisme), la diversité nationale (européisme), voire même la diversité civilisationnelle (globalisme), autant de démarches, nous semble-t-il, fondamentalement anti-identitaires, la logique « impériale », fédérale, européaniste veut, bien au contraire, reconnaître tous les éléments identitaires de notre civilisation et les imbriquer harmonieusement dans une structure relevant d’une claire volonté de préserver l’ensemble de nos différences enracinées.

    L’européanisme polyculturel et identitaire n’est donc en rien comparable au multiculturalisme européiste et négateur des identités. Je me sens d’autant mieux en France que je me sais bruxellois, je me sens d’autant mieux en Europe que j’ai conscience de mon appartenance à la Francité (je ne peux, hélas, dire « à la France »), et j’aimerais pouvoir me définir comme Européen dans le monde, sans devoir faire référence à cette prétendue « Union européenne », qui est aujourd’hui tout sauf unie et enracinée. Et lorsqu’on vante le patriotisme économique américain, n’est-ce pas justement reconnaître l’efficacité d’un modèle fédéral pour l’Europe, alors que faire le choix du protectionnisme statonationaliste reviendrait plutôt à faire l’apologie d’un plus qu’hypothétique patriotisme californien ou texan ? Imagine-t-on New-York boycotter les vins de Californie ? Cela n’empêche nullement les Etats américains d’être autonomes dans bien des domaines, notamment celui de la justice. Preuve supplémentaire qu’une fédération bien conçue ne s’oppose ni au patriotisme, ni aux enracinements particuliers, que du contraire.

    Conclusion : oui au fédéralisme intégral

    Et voilà pourquoi les européanistes font le choix, pour l’Europe, d’un fédéralisme intégral qu’il convient de ne pas confondre, justement, avec ce fédéralisme global, jacobin, anti-identitaire, européiste, que nous impose aujourd’hui l’Euromarket. Dans l’optique du fédéralisme intégral, tout à la fois polyculturel et enraciné, la Région a pour fonction principale d’approfondir l’enracinement de la Nation dont la fédéralisation, loin de la disloquer, aurait pour conséquence l’affermissement de sa base identitaire, la non-reconnaissance et l’affaiblissement des enracinements régionaux aboutissant, au contraire, à la transformation de la Nation en une coquille vide bureaucratique, première marche d’une Europe européiste tout aussi vide et bureaucratique, comme nous le prouve l’actualité. Régionalisme ne signifie pas pour autant indépendantisme et la Nation a donc pour fonction de maintenir l’unité des entités régionales qui la composent et qui doivent, au-delà des légitimes démarches linguistiques régionales, restées liées par une même langue nationale sans laquelle la Nation ne pourrait survivre : le cas belge est là pour le démontrer, pas d’état-national viable sans unité linguistique. Comme la Région, la Nation est donc le dépositaire d’un héritage linguistique, mais également culturel et historique, sa désintégration ne pouvant que déboucher sur une forme ou l’autre de chaos. Mais nationalisme ne signifie pas pour autant souverainisme jacobin. En contestant aux régions leur droit à l’enracinement particulier, la Nation se dénie logiquement le droit de faire état de revendications semblables à l’échelle civilisationnelle. En outre, le morcellement souverainiste a pour résulta l’affaiblissement de la Civilisation entière qui, divisée, se trouve dépourvue des moyens qui lui permettraient de rivaliser avec les autres puissances, et cette état de division est d’autant plus grave pour l’Europe qu’elle se trouve, comme nous l’avons déjà souligné, largement dépourvue de ressources naturelles.

    Or, les Nations n’ont plus les moyens, notamment militaires, de prendre le contrôle celles-ci, et nous avons vu, lors de l’affaire libyenne, que la France ne pouvait, à elle seule, soumettre un petit pays, équipé d’armes obsolètes, telle que la Libye. Se bercer d’illusions en rêvant à la gloire passée de la Nation ne permettra pas pour autant à celle-ci de renouer avec un passé définitivement révolu. La France-Puissance n’est plus et sans l’Europe-Puissance, la France et les autres nations ne pourront survivre seules. L’unité civilisationnelle s’impose donc. Ce qui doit nous gêner, ce n’est point de voir des bouteilles de vin espagnol ou des fromages italiens sur nos tables, mais de voir nos viticulteurs et nos agriculteurs européens concurrencés par l’importation de vins chiliens et d’haricots verts du Kénya. Une flèche se brise aisément, contrairement à un faisceau de flèches. Voilà pourquoi nous, européanistes, prônons la construction d’un fédéralisme européen intégral, respectueux des enracinements particuliers régionaux (patries charnelles) et nationaux (patries nationales) et permettant l’édification d’une Europe-Puissance sans laquelle ni nos régions, ni nos nations ne pourront survivre. Ainsi, loin de s’opposer, la Région, la Nation et la Civilisation nous apparaissent comme parfaitement complémentaires.

    Éric Timmermans http://fr.novopress.info