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international - Page 1319

  • CRISE ET CHATIMENT

    Les nouvelles sur le front du chômage ne sont pas réjouissantes surtout en France, mais aussi dans d'autres pays de la CEE. En France, sur un an, la progression est de 6,2 %, les seniors étant particulièrement touchés ; le pouvoir en est réduit à se réjouir d'un ralentissement léger de son accroissement.
    La spirale de l'endettement sans limite gagne partout. Des plans d'austérité se préparent et, déjà, en Espagne, le futur plan est compris par le peuple, en grève générale, comme un châtiment pour des fautes qu'il n'a, certes, pas commises. Il est remarquable que Mariano Rajoy, le nouveau premier ministre, qui n’est pas responsable de la ruine infligée au peuple espagnol, souffre cette grève générale. Mais s’il persiste à persécuter son peuple par les faux remèdes de la CEE et du FMI réunis, il deviendra lui-même à son tour responsable.
    Dans cette conjoncture désastreuse, Angela Merkel se pose de plus en plus comme la Reine de Prusse. On a vu en France les Prussiens de trop nombreuses fois ; ce souvenir n'empêche pas le « petit » Français de courir aujourd'hui après la Prussienne.
    Plus étonnant : Angela Merkel veut davantage d'Europe. Elle se rêve, ainsi, en Reine du continent tout entier ; la CEE va-t-elle devenir une résurgence approximative du Saint Empire Romain Germanique ? La comparaison historique serait plaisante.
    Plus d'Europe, cela veut dire des parlottes pendant des lustres et la ruine par un flot torrentiel de directives reflétant un socialisme destructeur, avec, en sus, une incertitude juridique cancéreuse. Quant à la richesse des eurocrates elle s'étale dans tous les journaux. L'enrichissement personnel indu (EPI) de ces eurocrates est au cœur de la ruine. La dernière révélation, particulièrement déplaisante, est celle des droits aux congés extravagants des diplomates européens : 93 journée par an ! La Baronne Ashton, censée être ministre des affaires étrangères du « machin » européen, a bien conscience de sa propre inutilité puisqu'elle accepte de ne pas avoir à sa disposition en tout moment la totalité de son dispositif.
    Les remèdes imposés par la « communauté internationale », se fracassent sur de fausses équations et de mauvais raisonnements. On promet aux peuples abasourdis de souffrir au lieu de la richesse qu'ils devraient et pourraient facilement avoir. Nul ne peut s'étonner alors d'observer la percée toute récente dans les sondages en France du représentant patenté du communisme, idéologie la plus meurtrière du défunt XX°siècle.

    CROISSANCE, OU ES-TU ?
    La première fausse équation est l'idée que la croissance arrangera tout, à la fois pour le chômage et pour l'endettement. Ainsi s'explique la bataille des chiffres, la croissance étant officiellement annoncée comme molle. Pour que cette croissance résolve le chômage et l'endettement, il faudrait des niveaux à la chinoise. En outre, avant le moindre effet, les délais seraient considérables. Les pouvoirs socialisants dans toute l'Europe et, notamment, en France freinent de tout leur poids l'économie et, de ce fait, interdisent les rêves.
    La deuxième erreur est l'idée d'incitations officielles à cette croissance par des politiques publiques. Comme toute politique économique officielle, elles ne pourraient que se retourner contre leurs propres objectifs. A l'échelle européenne, le drame ne peut que se multiplier.
    Last, but not least : Angela Merkel a imaginé, le 30 mars, de renforcer le M.E.S. ou Mécanisme Européen de Stabilité en le dotant de milliards en plus. En programmant ainsi un flot de monnaie créé ex nihilo, elle oublie allègrement le souvenir cuisant de l'hyperinflation allemande au siècle dernier. Il est vrai que l'OCDE s'y met aussi en évoquant un pare-feu de mille pillards d'euros?
    Autre double erreur : afin de réduire les déficits, objectif louable en soi, les gouvernements se contentent de taper sur le contribuable pour prendre l'argent là où il est : c'est la chasse ouverte aux riches et aux « mauvais » capitalistes. Malheureusement, personne ne parle sérieusement de supprimer vigoureusement des dépenses publiques en commençant par les plus scandaleuses.
    Rappelons que, s'il existe un tribunal de l'histoire, la Prussienne devra répondre d'un double crime dû aux éoliennes : destruction de magnifiques paysages de son pays, ainsi que de ses sols où des milliers de tonnes de béton  resteront enfouis pour toujours!

    LA RICHESSE POUR TOUS
    La voie de la richesse pour tous est connue et largement ouverte.
    Elle passe par la double libération des entreprises seules aptes à créer de la richesse, que ce soit l'entreprise d'un seul, ou une TPE ou une entreprise de centaines de milliers d'employés.
    La première libération est le détricotage du code du travail qui compte plus de 2 600 pages, pèse 1 kilo et demi et est réparti en plusieurs tomes en croissance perpétuelle. Il ne peut, certes, être question de le détricoter à grande vitesse. Tout récemment, les pouvoirs, pourtant socialisants, de plusieurs pays ont montré la voie à emprunter en raccourci ; pour permettre aux employeurs d'embaucher il faut qu'ils puissent débaucher sans problème quand les commandes ne sont plus là. La généralisation de cette évidence dans toute l'Europe réduirait fortement le problème gravissime du chômage.
    La libération fiscale consisterait à supprimer totalement un ou deux des impôts les plus destructeurs pour les entreprises, avec évidemment la suppression des dépenses publiques correspondantes. En France il existe un fouillis inextricable de 6000 dispositifs d'aides aux entreprises dont le coût global est très supérieur à l'impôt sur les sociétés !

    LE TAM-TAM MEDIATIQUE
    Dans les périodes électorales, nous assistons stupéfaits à des gerbes de promesses intenables. A part cela on nous dit de toutes parts qu'il faudra « souffrir ».
    Pourquoi les dirigeants européens s'obstinent-ils dans l'erreur ? Il y a sans doute trois explications.
    Promettre de « la sueur, du sang et des larmes » est une attitude « churchillienne » qui plaît aux foules et est peut-être rentable sur le plan électoraliste, horizon indépassable de ces personnages.
    A force de prêcher l'erreur, avec l'aide du tam-tam médiatique, on finit par s’en convaincre soi-même.
    En dernier lieu, se tromper avec la foule n'est guère dangereux électoralement. Par contre, avoir raison tout seul demande du courage et de la clairvoyance, toutes denrées assez rares dans des démocraties plus ou moins frelatées.
    MICHEL DE PONCINS. http://libeco.net/

  • Quand la communauté du renseignement se rebelle contre la stratégie suicidaire de la France en Syrie

    Quand la communauté du renseignement se rebelle contre la stratégie suicidaire de la France en Syrie
    Selon un ex-officier des renseignements français, « la crise syrienne a réveillé l’ours russe… Assad tiendra et notre politique doit changer ».

    A. D., ex-officier de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure française) parie sur le temps pour rattraper les erreurs commises par le gouvernement français, dans la gestion de la crise syrienne, tout au long de ces deux dernières années. De retour de Beyrouth (il refuse d’avouer s’être rendu en Syrie et y avoir rencontré des responsables de différents services de sécurité), il énumère les erreurs commises par la France :
    - Le ralliement à la politique américaine d’alliance avec les islamistes, sans tenir compte des intérêts historiques de la France en Syrie.

    - Le renoncement à la précieuse mine syrienne de renseignements que lui fournissaient les services anti-terroristes syriens et qui protégeaient la France du terrorisme depuis de nombreuses années.

    - Le pari irréfléchi sur la chute du régime de Bachar al-Assad, un pari qui a réveillé l’ours russe acculé, depuis le précédent libyen, à défendre férocement ses intérêts. Il en résulte une nouvelle guerre froide qui met à mal les fragiles intérêts de la France à travers le monde.

    - La perte de la coopération stratégique avec la Syrie, en matière de sécurité et de politique au profit d’une situation dont le dénouement est amer dans le meilleur des cas et dans le pire des cas, un immense chaos qui risque de ne pas épargner les rues de Paris dont les banlieues contiennent une forte concentration de populations musulmanes.
    Que fait un ancien officier de renseignement français au Liban et à proximité de la frontière syrienne ?

    Réponse d’un autre expert des politiques sécuritaires occidentales : « Chez vous, un officier des renseignements à la retraite devient soit un fermier soit un intellectuel soit un commerçant soit un fou. En France, continue l’expert, il devient chercheur, par engagement personnel ou met ses compétences au service de l’un des nombreux instituts ou cabinets d’experts qui offrent leurs services de consultants au pouvoir en place ou à l’opposition ou bien à des parties influentes dans les deux camps. »

    Notre officier retraité A. D., devenu chercheur, estime que la France a commis en Syrie des erreurs stratégiques et stupides, car elle est entrée dans un jeu (contre le régime syrien) dans lequel elle est perdante d’avance et dont les seuls gagnants, s’il en est, sont les Américains. Quant aux pertes, la France en aura la part du lion si le régime triomphe de ses ennemis armés et financés par les pays de l’Otan et des monarchies du Golfe.

    À propos de la coopération franco syrienne dans le passé, l’ex-officier français confie : « L’escalade politique entre la France et la Syrie n’est pas un problème en soi, car entre États, il n’y a ni amitié ni animosité éternelles ; seuls les intérêts décident de la nature des relations. La grande perte de la France est la perte de sa coopération sécuritaire avec la Syrie ». Il ajoute : « Les services de sécurité syriens ont épargné à la France, à plusieurs reprises, de terribles catastrophes que des terroristes d’origines arabes s’apprêtaient à provoquer. Seuls les renseignements fournis par les services syriens nous ont permis de les déjouer et de sauver des vies innocentes. »
    La parole est toujours à l’ex-officier :

    « Jusqu’aux débuts de la crise actuelle, la coopération continuait encore et des officiers des deux côtés coopéraient étroitement contre le terrorisme international. Mais la stupidité des politiciens français a acculé les services anti-terroristes syriens à mettre fin à cette coopération. Je ne les blâme pas ! Comment peut-on mettre sur la liste des sanctions françaises et européennes un officier (Hafez Makhlouf) blessé lors d’une opération contre des terroristes qui visaient les ambassades française et américaine à Damas ? ! Imaginez quelqu’un qui sauve nos enfants d’une mort certaine, et au lieu de l’en remercier, notre diplomatie le traite de terroriste et le met tel un criminel sur une arrogante liste de sanctions. »

    Et de poursuivre : « Hafez Makhlouf et bien d’autres officiers syriens ont mené à bien des missions dont les retombées positives ne se sont pas limitées à la seule Syrie, mais ont bénéficié au peuple français et à d’autres peuples de l’est et de l’ouest. Je ne divulguerai pas un secret en disant que cet homme a reçu les remerciements de grands groupes pharmaceutiques pour avoir démantelé des fabriques clandestines de faux médicaments et pour avoir arrêté de grands trafiquants de drogues qui utilisaient la filière syro-libanaise pour écouler leurs marchandises de mort en Europe et surtout en France. Au lieu de les remercier, nous les avons mis sur la liste des sanctions ! »

    La source française continue : « Nous avons obtenu, grâce à la coopération avec la Syrie, de précieux renseignements qui nous ont conduits à déjouer en 2008 un plan terroriste qui aurait fait des milliers de morts dans le métro de Paris. Les services de renseignement syriens ont obtenu leurs précieux renseignements après avoir arrêté, par le colonel Makhlouf, un groupe des plus dangereux terroristes d’Al-Qaïda dont Aymen el Daher alias Khaled Elkashef, Abdallah Azzam (qui n’a rien à voir avec le célèbre théoricien palestinien, aujourd’hui disparu, qui fut le mentor de Oussama Ben Laden et qui portait le même nom), Ghassan Abou Qassab, Abdelhakim Qassem, Naaman el Mandou, Layth Badran et le plus dangereux d’entre tous, Asaad Hourieh le chef de l’opération avortée du « métro de Paris » qui aurait fait des milliers de morts si elle n’avait pas été déjouée à temps. Cette opération, Al-Qaïda a mis des années pour la mettre au point, et ce groupe a été arrêté sur le chemin de la France, à travers la Syrie et le Liban et son aéroport de Beyrouth. Ils s’y rendaient pour mettre à exécution leur plan terroriste. »

    Les officiers des services anti-terroristes français avaient presque élu domicile à Damas. Ils s’entretenaient avec les chefs des services de sécurité syriens. « Ces chefs vont-ils continuer à coopérer avec nous contre le terrorisme qui cible nos civils en France, alors que nous les avons mis sur la liste noire et leur avons interdit l’entrée de notre territoire ? ! », s’interroge cet ancien officier français qui connaît sur les bouts des doigts ce dossier ? « Les politiciens français sont-ils raisonnables quand ils croient qu’ils rendent service aux aspirations légitimes du peuple syrien en soutenant des terroristes, ceux-là même que nous avons combattus côte à côte avec nos homologues syriens ? L’État syrien nous a sauvés des attentats terroristes et nous sommes en train de les remercier en finançant des attentats terroristes sur leur territoire ! Est-ce une politique raisonnable ? ! »

    Cette analyse désabusée de cet ancien officier français, qui a l’aval d’une écrasante majorité des services anti-terroristes français, finira-t-elle par peser sur les décideurs politiques à Paris et les amener à changer d’orientation avant qu’il ne soit trop tard ?

    A cette question, l’ancien officier français répond : « Oui ! Il y a beaucoup de gens raisonnables dans les services français. Ils sont capables de peser sur le cours de l’actuelle politique française à l’égard de la Syrie, surtout après le fiasco du scénario libyen conçu et mis en œuvre par Paris et Londres. La position russe finira par conforter le camp des pragmatiques et mettra dans l’embarras les jusqu’au-boutistes qui cherchent à satisfaire les États-Unis. D’autant plus qu’il est devenu clair que le régime syrien tiendra, que le soutien russe au régime n’est pas conjoncturel : il est stratégique, constant et ne changera pas. C’est à nous de changer et il faut qu’on le fasse pour l’intérêt même de la France ».

  • États-Unis : Pour Roubini, « le pays est au bord d’une nouvelle crise »

    Les États-Unis sont loin d’être tirés d’affaire malgré l’entente intervenue dans la nuit du Jour de l’An pour éviter de frapper le « mur fiscal », affirme le célèbre économiste Nouriel Roubini.

    Selon lui, le dysfonctionnement du système politique américain fait en sorte que les États-Unis feront bientôt face à une nouvelle crise fiscale… dans deux mois.

    «Si aucune action n’est prise d’ici le 1er mars, 110 milliards de réductions de dépenses entreront en vigueur», écrit dans le Financial Times celui qu’on surnomme Dr Doom, car il avait prévu la crise financière de 2007-2008. Les défis seront donc de taille pour les républicains et les démocrates déjà à couteaux tirés.

    D’une part, la dette américaine atteindra son plafond. Il a été plusieurs fois renégocié dans le passé, mais ce processus est douloureux. À l’été 2011, cela avait provoqué de l’instabilité sur les marchés financiers.

    D’autre part, les élus américains devront commencer à débattre des mesures à prendre à moyen terme pour assainir les finances publiques et réduire la dette du pays, qui s’élève actuellement à 16 443 milliards de dollars américains (en 2012, le déficit du gouvernement fédéral représentait 8,5% du PIB).

    «Cela mènera à une autre dispute entre les républicains, qui veulent réduire la taille du gouvernement fédéral, et les démocrates, qui veulent le maintenir mais sans être sûr de la manière de le financer», écrit Nouriel Roubini.

    À ses yeux, on doit s’attendre à des débats épiques entre les deux partis. Par exemple, les États-Unis doivent-ils introduire une taxe sur la valeur ajoutée ? Une taxe à taux unique ? Des taxes plus élevées ou moins élevées sur le revenu ? Une taxe sur le carbone ?

    «Ce sera bientôt bordélique», soutient l’économiste.

    Les Affaires   http://fortune.fdesouche.com/

  • Contre l'édifice du mondialisme et de la pensée unique

    À l'heure de la crise économique mondiale qui est inséparable de la crise morale de l'Occident, deux livres d'aspect anodin arrivent à point nommé. Apparemment hors sujet tous les deux, puisqu'il s'agit, pour l'un, d'un recueil (inédit) d'essais de Chesterton datés de 1926 que les éditions de l'Homme nouveau viennent de publier sous le titre Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1); pour l'autre, des actes de la XIXe université d'été de Renaissance catholique en juillet 2005 : La pensée unique (2).

    Et pourtant, chacun à sa manière éclectique et diversement datée, ils disent déjà quasiment tout, d'une part des causes profondes de notre grande crise économique et de ses « enfers sociaux », d'autre part des effets intrinsèquement pervers de la crise morale liée à ce funeste économisme. Alors que Benoît XVI s'apprête aussi à publier sa grande encyclique sur la doctrine sociale de l'Église, on en a eu un aperçu spectaculaire lors de son récent voyage en Afrique. « Si le Pape a été si contesté, c'est qu'en quelques mots, il a déstabilisé l'édifice de la pensée unique qui s'impose à la planète », résume bien Mgr Bagnard .
    ◊ « Ce que je reproche au capitalisme, ce n'est pas qu'il y ait trop de capitalistes mais précisément qu'il n'y en ait pas assez », disait Chesterton. C'est tout le « distributisme » chestertonien, cher à Philippe Maxence, qui est (si l'on y réfléchit bien) le seul moyen politique de « moraliser le capitalisme » contre l'édifice malsain du mondialisme. Louis Salleron en a lui-même développé le principe en France, en prônant non seulement la diffusion de la propriété individuelle mais l'organisation de la diffusion de la propriété collective privée, comme rempart de liberté personnelle, facteur de justice sociale et de développement économique maîtrisé. La propriété est pour la personne « un besoin vital de l'âme » (Simone Weil) - et non la personne pour la propriété !
    Nicolas Sarkozy a par exemple jugé inacceptable que « Laurence Parisot dise qu'elle n'a pas le désir d'évoquer le partage des profits ». Mais de la distribution de la propriété, selon le principe clef de la destination universelle des biens, il n'en aura jamais été question, comme remède politique et durable à cette crise (dont le G20 ne vient finalement que de «réguler» et renouveler virtuellement les tares). Or, note Philippe Maxence, « ce n'est pas une mince surprise de constater qu'en usant des mots qui sont les siens, Chesterton avait déjà pensé la crise de l'environnement, la faillite des banques, la perversité du système de la grande distribution, la destruction de l'agriculture » ! 
    Et Louis Salleron qu'il faudrait aussi relire : « Parce que le capitalisme individualiste et libéral a privé de propriété un trop grand nombre d'individus, le communisme propose d'en priver tout le monde... Il est évident que la bonne solution est inverse: assurer la propriété à tout le monde. Patrimoine familial, patrimoine corporatif, patrimoine national et universel - voilà la vraie formule. L'argent ne fait obstacle à la propriété normale que si on le laisse évoluer en liberté. Mais rien n'est plus facile que d'assigner des règles à ses fantaisies. Le capitalisme n'a pris ce caractère odieux que parce qu'il est né et s'est développé dans une philosophie utilitariste. Un esprit nouveau et des structures modifiées peuvent parfaitement sauver les vérités qu'il contient en matière de propriété. » (Diffuser la propriété, NEL) .

    ◊ On ne peut servir deux maîtres à la fois : Dieu et Mammon. On passe ainsi de l'économie à sa religion nouvelle, en arrivant à la pensée unique qui prétend gérer « correctement » le « nouvel ordre mondial » à la manière de Babel, par un seul langage analogue à la novlangue d'Orwell : « Faisons des briques... Bâtissons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! » (Genèse XI). Il s'agit toujours de sauver et unifier l'homme sans Dieu, en se passant de sa loi (morale) naturelle, en donnant le primat à l'action sur la contemplation.
    Onze historiens, journalistes, universitaires réunis par Renaissance catholique explorent les facettes (politiquement, moralement, religieusement, historiquement, économiquement, artistiquement correctes !) de cet impératif néo-totalitaire. Ils dénoncent paradoxalement, dans l'hégémonie de cette pensée unique, une dictature du relativisme née de la disparition de la vérité objective (sous la novlangue la confusion des mots et des idées !). Le laïcisme (ouvert ou fermé) est donc le cadre et même le temple (panthéon) de cette pensée unique. On pourrait dire de lui ce que disait le P. Molinié du pharisien : « C'est celui qui condamne la pensée de Dieu quand elle se présente trop nettement, parce que cette pensée condamne ses œuvres et sa propre pensée. Alors, mis au pied du mur, il est acculé à condamner Dieu pour ne pas céder ; c'est le péché contre le Saint-Esprit. »

    RÉMI FONTAINE Présent du 8 avril 2009

  • Concurrence géopolitique dans le Pacifique

    Les États-Unis veulent contrer la montée en puissance de la Chine : ils projettent d’encercler l’Empire du Milieu !

    Dans les rapports bilatéraux entre les États-Unis et la Chine, la méfiance réciproque est désormais de mise. Lors de sa visite en Australie, le Président américain Obama a en effet déclaré : “ J’ai pris une décision d’ordre stratégique : en tant qu’État riverain du Pacifique, les États-Unis joueront dans l’avenir un plus grand rôle dans la mise en valeur de cette région ; c’est là une politique à mener sur le long terme ”. De plus, les États-Unis entendent bâtir une base militaire à proximité de la ville de Darwin dans le Nord de l’Australie, où seront plus tard casernés 2500 soldats d’élite. Obama veut en plus créer une zone de libre-échange dans le Pacifique qui comprendrait l’Australie, le Japon, Singapour et le Vietnam, tandis qu’il n’y aurait aucune place pour la Chine dans ce projet.

    Quand ils prennent acte de ces projets stratégiques, les Chinois craignent d’être encerclés par les États-Unis. Soupçon parfaitement justifié! Déjà en 2006, les États-Unis et l’Inde avaient signé un accord d’ampleur assez vaste par lequel la Nouvelle Delhi se voyait reconnaître au niveau international comme puissance nucléaire. Outre cet accord américano-indien, les États-Unis entretiennent des bases militaires au Japon et en Corée du Sud. Si dorénavant l’Axe liant les puissances d’Asie aux États-Unis se voit prolongé jusqu’en Australie, alors l’influence de la Chine restera limité à ses seules eaux côtières.

    Les projets de Washington doivent se percevoir comme une tentative d’endiguer la Chine, tant que cela est encore possible. Car le développement économique de l’Empire du Milieu s’effectue à une vitesse de croissance inégalée, ce qui agace et inquiète les États-Unis, encore plus préoccupés par l’éveil d’une politique étrangère chinoise bien consciente des enjeux planétaires. Au Conseil de Sécurité de l’ONU, les Chinois ne cessent de torpiller les projets américains, comme, par exemple, quand il s’agit d’infliger à l’Iran des sanctions encore plus draconiennes. Dans la lutte pour la domination économique des États riches en matières premières, notamment en Afrique et en Asie centrale, Beijing et Washington sont devenus de véritables rivaux. À tout cela s’ajoute que le modèle chinois, couplant une économie libéralisée et un appareil d’Etat autoritaire, exerce une attraction de plus en plus évidente sur les pays en voie de développement et sur les pays émergents qui préfèrent opter pour un avenir politique différent de celui suggéré par la “démocratie libérale” de type américain. De ce fait, la Chine n’est plus seulement un concurrent économique des États-Unis mais elle les défie en agissant justement sur leur point le plus sensible : celui de vouloir incarner et propager de manière monopolistique la seule démocratie de facture occidentale, au détriment de toutes les autres formes possibles de gouvernance. Ce n’est donc pas un hasard si, un jour, Obama a déclaré, en s’adressant à la Chine d’un ton assez menaçant : “ Nous continuerons à expliquer, y compris à Beijing, quelle est la signification pour nous du maintien des normes internationales et du respect des droits de l’homme pour le peuple chinois ”.

    Il y a plus : la modernisation des forces armées chinoises, et surtout de la marine de guerre de l’Empire du Milieu, montre que Beijing n’entend pas se contenter, dans l’espace pacifique, d’un rôle de “junior partner”, soumis à la volonté américaine. Le renforcement militaire chinois a pour effet que les frais d’entretien de l’empire américain doivent désormais être révisés à la hausse dans la région, notamment pour garantir la sécurité d’alliés comme le Japon ou la Corée du Sud et surtout Taiwan. Plusieurs incidents confirment ce nouvel état de choses: la marine chinoise s’attaque de plus en plus souvent à des navires de prospection vietnamiens ou philippins qui oeuvrent en Mer de Chine du Sud, espace marin dont les riverains se querellent à propos du tracé des frontières maritimes et, partant, sur la superficie de leur zone d’influence économique. Lors de ces escarmouches, ce ne sont pas tant les Vietnamiens ou les Philippins qui sont les destinataires des menaces chinoises mais avant tout les États-Unis.

    Les Chinois, dans ce contexte, s’inquiètent surtout de l’amélioration constante des rapports américano-vietnamiens, en dépit du souvenir cuisant de la guerre du Vietnam. Le Vietnam communiste a certes libéralisé son économie en s’inspirant du modèle chinois et s’est ouvert aux investisseurs étrangers mais les relations avec le grand voisin du Nord n’en demeurent pas moins empreintes de méfiance pour des raisons historiques. Pendant des siècles, les Vietnamiens ont dû payer tribut aux empereurs de Chine et, pendant la seconde moitié du 20ème siècle, la Chine n’a jamais omis de toujours briser, avant qu’ils ne se concrétisent, les rêves vietnamiens de devenir une puissance régionale, en dépit de la “fraternité communiste” censée unir Hanoi à Beijing. Quant au Vietnam, le pays le plus densément peuplé de l’Indochine, il a toujours revêtu une signification particulière pour les Chinois : en effet, la puissance étrangère qui contrôlera ce pays limitera ipso facto et de manière considérable l’influence de Beijing dans la région et fera courir à la Chine le risque d’être encerclée.

    Où l’affaire risque bien de devenir explosive, c’est quand les relations américano-vietnamiennes se trouvent renforcées par les activités du consortium pétrolier américain Exxon dans les eaux de la Mer de Chine du Sud. Fin octobre, l’Energy Delta Institute annonçait qu’Exxon avait découvert devant les côtes du Vietnam “des gisements de gaz d’une ampleur assez considérable” dans une région qui est également revendiquée par la Chine. La situation, déjà âprement concurrentielle, pourrait dès lors prendre une tournure plutôt dangereuse. Car, au même moment, le ministère de la défense américain travaillerait, selon le “Financial Times”, “ à développer rapidement une nouvelle stratégie prévoyant une bataille aérienne et navale, afin d’acquérir à terme les moyens de contrer les plans chinois visant à empêcher les forces armées américaines de pénétrer dans les mers voisines de la Chine ”.

    Berhard TOMASCHITZ.
    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°48/2011;  http://www.zurzeit.at ).
    R.Steuckers

  • Russie : restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques

    Si l’on évoque la restauration poutinienne en Russie, après le terrible ressac vécu par l’ancienne superpuissance communiste sous le règne, somme toute assez bref d’Eltsine (1), il convient de le faire correctement : non pas dans le simple but d’énoncer des faits qui concernent un monde différent du nôtre, mais bel et bien dans la perspective de construire une alternative géopolitique solide face aux projets d’assujettissement de l’Europe et du reste du monde, projets que cultive la seule hyperpuissance encore en lice, à savoir les États-Unis.

     

    Cette perspective géopolitique ne saurait être une construction de l’esprit, toute nouvelle, sans racine. Les relations euro-russes ont au contraire des racines anciennes et l’Axe Paris/Berlin/Moscou que préconisait naguère Henri de Grossouvre est, outre une impérieuse nécessité, le prolongement et la réactualisation d’un projet vieux de près d’un quart de millénaire. La perspective eurasienne, dans notre famille politique malheureusement fort réduite en nombre et en taille, se réfère assez souvent au rêve du national-bolcheviste allemand Ernst Niekisch, qui avait imaginé, dans les années 20 et 30 du XXe siècle, une alliance germano-slave, fondée sur le paysannat et le prolétariat, prête à bousculer un Occident vermoulu, idéologiquement arrêté aux schématismes des Lumières du XVIIIe. Plus fondamentalement, nous percevons, aujourd’hui, après l’inévitable détour par Niekisch, des préludes cohérents à l’Axe de Henri de Grossouvre dans l’Alliance des Trois Empereurs sous Bismarck et sous les tsars germanophiles du XIXe et dans l’alliance de facto qui, dans le dernier quart du XVIIIe, unissait la France de Louis XVI, l’Autriche et la Russie de Catherine II, permettant de battre la thalassocratie anglaise à Yorktown en 1783 et à chasser les Ottomans de la Mer Noire et à les contenir dans les Balkans (2). La Révolution française ruinera cette unité et ces acquis, qui auraient pu faire le salut de l’Europe, en lui permettant de garder sa cohérence et de parachever l’assaut contre les Ottomans.

     

     

    1759 : année clef

     

     

    Mais déjà avant cette alliance générale, à la veille de 1789, la France, l’Autriche et la Russie avaient uni leurs forces pendant la Guerre de Sept Ans. Un historien anglais actuel vient de démontrer que ce conflit intérieur européen avait permis à l’Angleterre, puissance insulaire située en marge et en face du continent, de jeter les bases réelles de son futur empire extra-européen, à partir de l’année-clef que fut 1759 (3). L’art des historiens anglo-saxons de remettre l’histoire intelligemment en perspective ramène ainsi à notre mémoire vive 2 faits géostratégiques devenus permanents : 1) utiliser une puissance européenne pour déséquilibrer le continent et rompre son unité ; l’instrument de cette stratégie fut à l’époque la Prusse ; 2) profiter des guerres européennes pour porter la guerre hors d’Europe, sur des fronts plus dégarnis et y engranger de solides dividendes territoriaux et stratégiques sans grandes pertes et sans gros frais, comme ce fut le cas au Canada et en Inde, d’où fut évincée la France.

     

     

    Lorsque nous analysons aujourd’hui le réveil russe de Poutine, c’est donc dans la perspective de retrouver les alliances stratégiques stabilisatrices d’avant 1789, où les idéologies modernes, bellogènes à l’extrême en dépit de leur pacifisme autoproclamé, ne jouaient encore aucun rôle déstabilisateur. Entrons maintenant dans le vif du sujet.

     

     

    De Gorbatchev à Eltsine, la Russie semblait galoper tout droit vers le chaos, vers une nouvelle “Smuta”, un nouveau “Temps des Troubles” : perte du glacis est-européen, perte de la périphérie balte et caucasienne, perte des acquis territoriaux en Asie centrale, etc., effondrement de la monnaie et ressac social et démographique sur toute la ligne. Eltsine, figure d’abord positivement médiatisée pour avoir annoncé la fin du communisme, juchée sur un char d’assaut ; en dépit de cette image, il inaugurera toutefois un régime sans aucune colonne vertébrale : les oligarques en profitent pour acquérir personnellement, par toutes sortes de stratagèmes douteux, les richesses du pays. Dans l’industrie pétrolière, ils font augmenter la production de brut grâce à des prêts du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque de New York et cèdent à des consortiums pétroliers américains et britanniques des parts importantes dans l’exploitation des hydrocarbures russes. Poutine, dès son accession au pouvoir en janvier 2000, met vite un holà à ces déviances. Immédiatement, puissances anglo-saxonnes, pétroliers, oligarques et idiots de service dans le monde médiatique se mobilisent contre lui et lui déclarent la guerre, une guerre qui sévit toujours aujourd’hui. Terrorisme tchétchène d’Ahmed Zakaïev (avec ses appuis turcs), révolution des roses en Géorgie et révolution orange en Ukraine sont les fruits âcres d’un vaste et sinistre complot destiné à affaiblir la Russie et à défenestrer Poutine. Seul l’ex-oligarque Roman Abramovitch fera amende honorable (4), rendra les biens acquis sous Eltsine à l’État russe, deviendra gouverneur du Kamtchatka pour redonner vie à cette région déshéritée mais hautement stratégique. Il servira également d’intermédiaire entre Poutine et Olmert dans les litiges russo-israéliens.

     

     

    Russie : puissance orthodoxe

     

     

    Après l’effondrement du communisme et le retour des valeurs religieuses, surtout dans l’aire musulmane, en Afghanistan d’abord, dans l’Asie centrale ex-soviétique ensuite mais dans une moindre mesure, la Russie se trouve déforcée par les décennies de propagande anti-religieuse du système soviétique, qui a mis à mal la vigueur de l’orthodoxie dans les populations slaves et a généralisé une asthénie spirituelle déliquescente, mais n’a pas autant entamé l’islam centre asiatique, qui fut de surcroît revigoré par l’argent saoudien et l’appui américain aux moudjahiddins afghans. Qui plus est, dans les premières années du post-communisme, la vague du matérialisme occidentaliste secoue de fond en comble une Russie déboussolée mais, comme le remède croît toujours en même temps que le péril, le retour à l’orthodoxie d’une partie de la population (60% selon les sondages) redonne partiellement au pays une identité religieuse et politique traditionnelle, dont l’Europe occidentale est depuis longtemps dépourvue. Alexandre Soljénitsyne exhortait le peuple russe à retrouver l’esprit de l’Orthodoxie et le Patriarche Alexis II apporte son soutien à Vladimir Poutine, qui, lui, définissait son pays comme « une puissance orthodoxe », lors de sa visite au Mont Athos en Grèce en septembre 2005. Ce retour à l’orthodoxie ravive un certain anti-occidentalisme, bien lisible dans les déclarations d’un concile d’avril 2006, où l’église orthodoxe russe a promulgué sa propre Déclaration des droits et de la dignité de l’homme, où sont fustigés et l’individualisme occidental et la volonté d’ingérence étrangère cherchant à imposer des droits de l’homme de facture individualiste en Russie et en toutes les autres terres orthodoxes. Le texte ajoute : « Il est des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l’homme, tels la foi, la morale, le sacré, la patrie », où le philosophe de l’histoire décèlera un refus de la rupturalité calamiteuse que représente l’idéologie des droits de l’homme de 1789 à la vulgate médiatique actuelle, quand on la manipule avec l’hypocrisie que nous ne connaissons que trop bien. Le 17 mai 2007, les églises russes en situation de diaspora depuis les années 20 se réconcilient avec le Patriarcat de Moscou (5), ce qui rend plus difficile la tâche de monter les options de l’orthodoxie russe les unes contre les autres.

     

     

    Ukraine : la révolution orange patine

     

     

    L’ingérence occidentale s’effectue essentiellement par le biais des “révolutions colorées” (6), nouveau mode de pratiquer la “guerre indirecte” et de grignoter les franges extérieures de l’ancien empire des tsars et de l’URSS, dont les républiques caucasiennes et l’Ukraine. On sait que la révolution orange fut finalement un fiasco pour ces commanditaires occidentaux ; Victor Iouchtchenko, le Président élu pour son programme pro-occidental, n’a guère fait bouger les choses, ni dans un sens ni dans l’autre, en dépit de sa volonté de faire entrer l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN. L’icône féminine de l’effervescence orange de 2005, Youlia Timochenko, a basculé dans la corruption et la démagogie la plus plate, sans aucune assise idéologique claire. Ianoukovitch, l’ancien leader pro-russe d’Ukraine orientale, demeure pragmatique : l’Ukraine n’est pas mûre pour l’OTAN et l’UE ne veut pas de Kiev, dit-il. Fin septembre 2007, pour les élections, pas de manifestations dans les rues. Le calme. Les agences occidentales ne paient plus. Pour l’écrivain Andreï Kourkov, les personnages de la révolution orange étaient des marionnettes : le pouvoir demeure aux mains des gestionnaires de l’économie ukrainienne, liée à l’économie russe (7).

     

     

    En Géorgie, où l’actuel Président Mikhail Saakachvili avait pris le pouvoir en novembre 2003 à la suite de la révolution des roses, une contre-révolution vient d’éclater, sans leader bien profilé (8), qui déstabilise la créature de l’américanosphère, l’icône masculine des médias téléguidés depuis les États-Unis, hissée en selle il y a quatre ans. En dépit de sa victoire et de la mise au pas de l’Adjarie sécessionniste en mai 2004, Saakachvili n’a pas réussi à dompter une autre province dissidente, l’Ossétie du Sud, arc-boutée à la chaîne du Caucase. Ce territoire d’à peine 75.000 habitants ne compte que 20% de Géorgiens ethniques. Sa population est fidèle à la Russie. En agissant sur le mécontentement populaire face à la politique pro-occidentale (et donc néo-libérale/globaliste) de Saakachvili et sur les spécificités ethniques adjars et ossètes, Poutine a trouvé le moyen de contrer les effets d’une révolution colorée et de forger les armes pour disloquer celles qui, éventuellement, émergeraient demain.

     

     

    Octobre 2007 : Sommet de Téhéran

     

     

    Autre succès majeur de Poutine : la vaste stratégie pétrolière qu’il a déployée, en Europe et en Asie. Il a réussi à disloquer la cohésion des oligarques (9), à apaiser les dangers de conflit qui existaient entre riverains de la Caspienne. Le sommet de Téhéran en octobre 2007, qui réunissait les dirigeants de la Russie, de l’Iran, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, avait pour objet de stabiliser la situation sur les rives de la Caspienne et d’y organiser un modus vivendi pour l’exploitation des ressources locales d’hydrocarbures et de gaz. Les accords qui en découlent stipulent, notamment, que les pays riverains, participant à la conférence, ne permettront pas que leurs territoires respectifs servent de base à des puissances hors zone pour agresser un quelconque État co-signataire. Iran compris, cela s’entend (10).

     

     

    Dans le contexte actuel, où l’atlantisme appelle une nouvelle fois au carnage et où l’un de ses chiens de Pavlov, en la personne du sarköziste et ex-socialiste Kouchner, joint ses aboiements sinistres au lugubre concert des bellicistes, cette disposition du sommet de Téhéran bloque toute velléité américaine d’ingérence en Asie centrale et préserve le territoire iranien sur son flanc nord, alors que l’Iran est aujourd’hui dangereusement encerclé entre les bases US du Golfe, d’Irak et d’Afghanistan. L’Iran est la pièce centrale, et non encore contrôlée, d’un territoire qui correspond à l’USCENTCOM (lequel s’étend de l’Égypte à l’Ouest au Pakistan à l’Est). Ce territoire, dans la perspective des stratégistes américains inspirés par Zbigniew Brzezinski, doit servir à terme, avec son “Youth Bulge” (son trop-plein démographique et sa natalité en hausse constante, sauf en Iran), de marché de substitution au bénéfice des États-Unis, car l’Asie garde des réflexes autarcistes et l’Europe possède un marché intérieur moins accessible, avec, en plus, une démographie en net recul. Le contrôle de cet espace implique évidemment l’élimination de l’Iran, pièce centrale et aire nodale d’une impérialité régionale plurimillénaire, l’éloignement stratégique de la Russie et son refoulement de tous les territoires conquis depuis Ivan le Terrible, le contrôle de la Mésopotamie et des hauteurs afghanes et la dislocation des cultures masculinistes et, partant, anti-consuméristes, de cette vaste aire, certes islamisée, mais recelant encore beaucoup de vertus et de vigueurs pré-islamiques, tout en demeurant rétive au fanatisme wahhabite.

     

     

    “South Stream” et “North Stream”

     

     

    Les accords sur la Caspienne auront une implication directe sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le système d’oléoducs et de gazoducs “Nabucco”, favorisé par les États-Unis, qui entendaient, par son truchement, diminuer les influences russes et iraniennes sur la distribution d’énergie, se verra compléter par le système dit “South Stream”, qui partira de Novorossisk sur les rives de la Mer Noire pour aboutir aux côtes bulgares (donc sur le territoire de l’UE), d’où il partira vers l’Europe centrale, d’une part, et vers l’Albanie et, de là, vers l’Italie du Sud, d’autre part. L’ENI italienne est partie prenante dans le projet (11). La réalisation de celui-ci, à travers la partie pacifiée des Balkans, ruine automatiquement les manœuvres dilatoires des forces atlantistes en Baltique, où les États-Unis incitent les petites puissances de la “Nouvelle Europe”, chère à Bush, à annihiler le projet d’acheminer le gaz russe vers l’Allemagne au départ de Königsberg/Kaliningrad ou du Golfe de Finlande, impulsé par le Chancelier Schröder à l’époque bénie — mais si brève — de l’Axe Paris-Berlin-Moscou. Le système de gazoducs de la Baltique porte le nom de “North Stream” (12) : son parachèvement est aujourd’hui bloqué par l’opposition de Tallinn à tous travaux le long de la côte estonienne. Ce blocage est dicté en ultime instance par Washington qui excite en sous-main les Pays Baltes et la Pologne contre tous les projets de coopération euro-russe ou germano-russe, restituant ainsi de facto le “Cordon sanitaire” de Lord Curzon et les effets mutilants du Rideau de Fer sur les dynamiques intérieures de l’Europe dans son ensemble. Ce qui a toujours été le but des puissances thalassocratiques.

     

     

    La victoire électorale de Poutine en décembre 2007 démontre, outre sa réelle popularité en dépit des campagnes des oligarques et des médias, que les stratégies de “révolutions colorées” ont fait long feu : à celles-ci, Poutine a répondu par une mobilisation citoyenne et patriotique en créant le mouvement Nachi (Les Nôtres) qui a tenu la rue en lieu et place de sycophantes comme Kasparov ou autres écervelés sans intelligence géopolitique ou géostratégique.

     

     

    L’Europe ne peut vouloir une Russie déstabilisée et plongée dans le chaos, car, dans ce cas, elle serait automatiquement entraînée, sinon dans un chaos similaire, du moins dans une récession dont elle pourrait bien se passer, vu son déclin démographique, sa relative stagnation économique et les signes avant-coureurs d’une réelle paupérisation dans les classes laborieuses, fruit de près de trente ans de néo-libéralisme.

     

     

    Conclusions

     

     

    En conclusion, le phénomène Poutine doit nous amener à penser notre destin politique dans les catégories mentales suivantes :

     

    ♦ Ne pas tolérer le poids d’oligarques de toutes natures dans nos sphères politiques, qui aliènent richesses, fonds et capitaux par l’effet de pratiques de délocalisation ; selon le bon vieux principe du primat du politique sur l’économique, que Poutine a réussi à faire triompher ;

     

    ♦ Comprendre enfin la nécessité d’une cohésion religieuse visible et visibilisée (comme le voulait Carl Schmitt), plus difficile à restaurer en Occident vu les dégâts profonds qu’ont commis sur le long terme le protestantisme, le sectarisme diversifié et chaotique qui en est issu et la déliquescence du catholicisme depuis le XIXe siècle et Vatican II ;

     

    ♦ Susciter une vigilance permanente contre les manipulations médiatiques qui ont conduit en France aux événements de mai 68 (pour chasser De Gaulle), aux grèves de 1995 (pour faire fléchir Chirac dans sa politique nucléaire à Mururoa), aux révolutions colorées ; il faut être capable de générer une contre-culture offensive contre ce que les agences d’outre Atlantique tentent de nous faire gober, afin de provoquer par les effets de ce soft power rudement bien rodé des mutations politiques favorables aux États-Unis ;

     

    ♦ Il faut viser une indépendance énergétique grande-continentale, ne permettant pas aux pétroliers américains de contrôler les flux d’hydrocarbures sur la masse continentale eurasienne, au bénéfice de leurs seuls intérêts et au détriment de la cohésion du Vieux Monde ;

     

    ♦ Il faut suivre Poutine dans ses offensives diplomatiques en Asie, surtout en direction de l’Inde et de la Chine ; l’Europe a intérêt à être présente dans le sous-continent indien et en Extrême-Orient, dans une perspective d’harmonisation des intérêts, comme l’avait d’ailleurs déjà préconisé la Chine dans ses réponses aux tentatives occidentales d’ingérence intellectuelle (le soft power, qui bute contre la culture impériale chinoise).

     

    Les coopérations euro-russes, euro-indiennes et euro-chinoises ouvrent des perspectives autrement plus séduisantes que le sur-place atlantiste, que notre triste macération dans le graillon de la dépendance médiatique et politique, où nous sommes plongés pour notre honte. Tous les peuples de la Terre attendent le réveil de l’Europe. Celle-ci n’est viable que branchée sur l’Eurasie, à commencer par la Russie, comme au temps des grandes alliances, amorcé à l’époque de la Guerre de Sept Ans.

     

    Robert Steuckers (Forest-Flotzenberg, décembre 2007). http://robertsteuckers.blogspot.fr/

     

     

    • Notes :

     

    • (1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 nov. 2007 (article tiré de la revue sud-africaine Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa). 
    • (2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse : Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; également, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.
    • (3) Frank McLYNN, 1759 : The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.
    • (4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen : Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit Nr. 42/2007 ; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch : Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit Nr. 46/2007.
    • (5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (paru en kiosque en nov. 2007). Voir également : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, plus spécialement le chapitre : « L’Église orthodoxe par ce Temps des Troubles », p.  301 et ss.
    • (6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, en date du 10 décembre 2004, intitulé „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“ ; ce dossier est accompagné d’un entretien avec le stratégiste et théoricien des guerres indirectes, Gene Sharp, intitulé « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. surtout Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).
    • (7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.
    • (8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Okt. 2007.
    • (9) www.barnesreview.org / Un texte issu de ce site a été traduit en italien. Il s’agit de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 nov. 2007.
    • (10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 oct. 2007.
    • (11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 nov. 2007.
    • (12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 oct. 2007. Rappelons toutefois que le projet d’un oléoduc (ou gazoduc) vers l’Allemagne et la Pologne n’est pas une idée neuve. En décembre 1959, Soviétiques, Polonais et Est-Allemands signent un accord à Moscou pour la construction de la « branche nord de l’oléoduc de l’amitié ». Le “North Stream”, dont question ici, n’en est que la réactualisation, dans un contexte qui n’est plus marqué par la guerre froide. 
  • Lettre ouverte à Cécile Duflot : “Que diriez-vous d’assumer ?”

     

    Madame la Ministre,

    ce jeudi 23 Août 2012, vous avez risiblement honoré votre fonction en posant avec une cagoule et une petite ardoise arborant fièrement ce message éminemment subversif “Free Pussy Riots”.

    Votre soutien à un groupe de “féministes punk” est en effet ridiculement essentiel. Les “Pussy Riots” se sont illustrées par la profanation de la Cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou.
    Dénonçant “l’autoritarisme russe”, vous ne réalisez sans doute pas la portée nocive de ce geste qui, en vertu de la Loi Française, aurait pu être puni de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000€ d’amende.
    En tant qu’écologiste, il vous semble également naturel de soutenir ce groupe, dont l’une des membres s’illustra notamment par l’introduction d’un poulet mort dans son vagin : le respect de la vie animale vous semble ici accessoire.

    Votre soutien à ce groupe de dégénérées, tombant simplement sous le coup du droit commun russe, est d’autant plus indécent que vous assumez la fonction de Ministre du Logement.
    Il apparaît évident que vous n’avez donc rien de mieux à faire, et que le logement ne semble pas être votre préoccupation première.

    Je me permettrai cependant de vous rappeler que plus de 200 SDF sont morts depuis le début de l’année 2012, dans les rues de notre pays, dont plus de 40 depuis votre prise de fonction (Collectif Les Morts de la Rue).
    Je vous rappellerai également qu’en tant que Ministre du Logement, vous disposez d’une marge de manœuvre vous permettant de remédier immédiatement à ces situations intolérables. Dois-je vous rappeler qu’en tant que Ministre, vous êtes au service du Peuple Français ? Mais il est vrai que votre petite ardoise eut été trop petite s’il vous était venu à l’idée d’y écrire symboliquement les noms de ces malheureux morts dans la rue.

    La France compte 3,2 Millions de personnes mal-logées. Plus de 100 000 personnes vivent à la rue. 900 000 personnes sont privées de logement, et vivent dans des conditions de précarité maximale (Comité Action Logement).
    Situation paradoxale : on compte, rien qu’à Paris, plus de 110 000 logements vacants (Insee), dont 15 000 sont sujets à la taxe sur les logements vacants (vides depuis au moins 2 ans).

    Que diriez-vous d’assumer, ne serait-ce qu’une journée, votre responsabilité ?
    Cela ne vous prendrait pas trop de temps, rassurez-vous. Il s’agirait simplement d’appliquer l’ordonnance de 1945 (reprise dans le Code de la construction et de l’habitation, Art. L641-1), qui stipule :
    “Le représentant de l’Etat dans le département, sur proposition du service municipal du logement et après avis du maire (…) peut procéder, par voie de réquisition, pour une durée maximum d’un an, renouvelable, à la prise de possession partielle ou totale des locaux à usage d’habitation vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés” pour les attribuer à des mal-logés. Les bénéficiaires sont “les personnes dépourvues de logement ou logées dans des conditions manifestement insuffisantes”.

    J’espère donc vous avoir donné une idée, puisque manifestement vous peinez à trouver une occupation, et que vous êtes tout de même payée pour bosser (payée près de 10 Smic par mois).

    Bien cordialement,

    le 24 août 2012 Vincent Vauclin http://vincent-vauclin.com/

  • Au ridicule nul n'est tenu !

    La charnière du nouvel an grince pour le gouvernement français. Après la paire de claques du Conseil constitutionnel qui a fait marrer la Planète - la simple idée de taxer à 75% les revenus dépassant un million de dollars (c'est ce qui fut retenu de la loi à l'étranger) frisait le grotesque marxiste, tendance Groucho. Sur ces entrefaites, le Csar de toutes les Russies prend un oukaze de naturalisation d'Obélix Depardieu, son pote à lui, une façon tudesque d'envoyer ch... le Muet du Quai sur les affaires en cours, Syrie d'abord. La mèche lente du complot international avait fusé quand apparut sur les planches de la soirée Miss France, célébrant l'éternelle beauté française, le parrain des fuyards fiscaux fêté comme un messie ; Alain Delon réapparaissant à la soirée de la Saint-Sylvestre chez le délicat Patrick Sébastien en protecteur attendri des arts et cuisses du cirque, ôtait le doute sur une déstabilisation rampante. La loi des séries a voulu que la promotion dans l'Ordre National du Mérite décore au premier de l'an deux évadés du fisc notoires, Tsonga et Gasquet, pour vol à la raquette ! A faire se rouler par terre nos lointains expatriés français. Le cabinet Ayrault avait commencé l'Avent dans les inconvénients d'une communication boiteuse, il le termine au massacre, comme on dit en vènerie !
    Chaque semaine apporte son pain au bouffon. A tel point que les patrons des médias ne vont pas tarder à réduire fortement les salaires des échotiers politiques tant le travail est devenu facile ; à la portée du premier stagiaire venu. En souhaitez-vous l'augure ?

    Le retour de ma concubine au manche du pouvoir ? Aucune allusion vaseuse permise. Le silence de Thomas H. sur Madame de Maintenant sera-il acquis par un commandement prestigieux au sein des forces judiciaires ? Fera-t-on taire le fougueux Mélenchon en l'envoyant ambassader à Caracas pour y superviser la transition chaviste ? Hamon à la Havane ? La galette des rois de l'Elysée sera-t-elle remplacée par un clafoutis aux cerises en mémoire de la Commune ? Faudra-t-il exhumer l'abbé Pierre pour contrer les revendications en paternité de X, Y ou Z, surtout Z. ? La marche contre le mariage gay et ses avancées collatérales s'annonce-t-elle fournie qu'on va remanier la chancellerie coupable d'avoir mésestimé la vague de fond, et nommer le Garde des Sceaux, gouverneur de Wallis & Futuna, elle en a déjà le fond d'écran total ! Et tant qu'à faire, Montebourg en ambassadeur extraordinaire des Terres australes et antarctiques pour faire contrepoids à Michel Rocard arctiquisé par Nicolas Sarkozy ! Il y a beaucoup de spinning en vue pour nous voiler l'inquiétant.
    Nous courons à l'Espagne. Tous nos chiffres 2013 sont archi-faux. On ne pourra maquiller longtemps les réalités, amuser le tapis par des dépenses clientélistes non-financées en contrepartie d'annonces de contention budgétaire non exécutées. A tirer le diable par la queue, au plus mauvais moment il se retourne et vous mord !

    Ce pays doute terriblement. Aucun homme politique n'a la cote, et quand le chancelier Merkel reste le personnage préféré des Allemands, où se trouve notre président dans la liste ? Les Français attendaient le réenchantement en quittant le vulgaire, et qu'on leur récite le projet de la France, celui qu'ils aiment entendre. On leur parle de pissotières pagnolesques, d'outrages coloniaux, d'abominables riches des neiges, d'obéissance au roi de Prusse. Malgré la pose, reins cambrés, torse bombé, menton voulant, manche juste et cravate droite - Bruno Masure y veillera - nous n'avons pas Poutine à l'Elysée.
    Séquence explicative ci-dessous ou comment Mittal aurait pu être traité dans l'affaire de Florange. C'est du Poutine, dit le commentaire. Effectivement je ne vois aucun de nos apparatchiks dans le rôle. Il en a de la chance le Depardieu (on me dit dans l'oreillette que le Monténégro l'a aussi réclamé !) :

    la suite ici

    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • Le mondialisme en miettes

    - Partage moitié-moitié ?

    On pourra taxer les mondialistes d’une montagne d’épithètes désobligeantes sauf une : ce ne sont pas des imbéciles ; ainsi pour enterrer une crise planétaire provoquée par des échanges désordonnés de papier-monnaie, ils ont génialement réussi à nous faire admettre que puisque « nous sommes tous dedans jusqu’au cou » c’est tous ensemble que nous en sortirons.
     
    Tous, cela voulait dire les 20 États qui représentent 85% de la création mondiale de richesse « fraternellement » rassemblés au sommet du G20 de septembre 2009 à Pittsburgh au cours duquel tous acclamèrent « l’antique G8 des Pays du Nord est mort, vive le G20 ! »

    Tous, tant les anciens par la voix de G. Brown « désormais le G20 est le premier forum de coopération économique », que les nouveaux par celle de Lula « le G20 a désormais un rôle exceptionnel dans le nouvel ordre mondial ». En un mot ensemble « yes we can ! »

    Comme souvent en pareille assemblée on relevait quelques nuances. Pour B. Obama la coordination des plans de relance était une condition nécessaire mais pas suffisante pour éviter une autre crise, car « il faudrait définir un cadre permettant à chacun d’évaluer la politique des autres afin d’élaborer un consensus. »
    Cette mission serait confiée au FMI dès qu’il aura attribué à la Chine la majeure partie des 6% des droits de vote prélevés sur ceux de l’Union européenne (réforme qui n’altère en rien le droit de veto des Etats-Unis.)
    Ingrat malgré ce cadeau le président Hu Jintao rétorquait « la vraie priorité est de maintenir une politique de relance solide jusqu’à ce que la reprise soit pleine et entière en évitant toute forme de protectionnisme. »

    D’où le laborieux communiqué final de 23 pages qui s’est borné à rappeler tous les sujets évoqués sans fixer de règle concrète concernant la coordination chère à B. Obama et implicitement refusée par Hu Jintao. De là à songer que le G20 se réduisait à un G2 entre les Pays du Nord représentés par les Etats-Unis et ceux du Sud par la Chine...

    Quelques semaines plus tard, en décembre 2009, 3500 journalistes, 23000 observateurs, et 10000 représentants de diverses ONG bravaient un froid polaire pour accompagner les 1200 délégués des 192 États participant à la Conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique.

    L’objectif est d’élargir et de prolonger au-delà de 2012 le « Protocole de Kyoto » signé en 1997, ratifié par 184 pays (juin 2009) et entré en vigueur en février 2005 après sa ratification par la Russie. Ce texte oblige tous les pays signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (principalement le CO2) d’ici fin 2012, mais seuls 38 États industrialisés sont soumis à des engagements contraignants (-8% pour l’Europe par rapport aux quantités rejetées en 1992.)
    Les Etats-Unis n’ont pas ratifié le protocole et le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, l’Afrique du Sud..., considérés comme pays en développement ne sont pas contraints par un engagement chiffré.

    Initialement prévue pour remédier à cette situation aberrante, la Conférence de Copenhague tourne à l’affrontement entre :

    • le bloc des 38 États industrialisés qui estiment que dix huit ans après Kyoto plusieurs pays en voie de développement (PVD) sont devenus de gros pollueurs et doivent accepter de se soumettre à des engagements chiffrés
    • le G77 réunissant les 77 PVD les plus avancés qui, insistant sur la responsabilité historique des Pays du Nord depuis la Révolution industrielle, se considèrent comme des victimes innocentes et ne veulent donc pas sortir du protocole de Kyoto
    • les Etats-Unis qui souhaitent reporter au plus tôt en 2010 la mise en place d’un engagement politique contraignant préalablement accepté à l’unanimité des 192 États présents à Copenhague.

    En résumé, bien que tous se fussent déclarés prêts à « faire quelque chose » pour réduire les émissions de CO2, le bloc des 38 reste seul à présenter un programme chiffré selon un calendrier établi ; la Chine, porte-parole du G77, et les Etats-Unis acceptent seulement d’informer leurs partenaires des mesures anti CO2 qui seront appliquées dans leurs pays, mais refusent catégoriquement de se soumettre à un contrôle quantitatif sous l’égide d’un organisme international.

    Ainsi, sous la pression des deux premiers pollueurs mondiaux la Conférence, incapable de jeter les bases d’une politique environnementale commune, adopte un accord dont on admire le flou artistique « la hausse de la température moyenne de la planète devra être contenue en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. »

    À l’image du G20 de l’économie, le G192 de l’écologie se réduirait à un G2...moitié-moitié.

    À la mi-novembre, entre Pittsburgh et Copenhague, en conclusion du sommet de Shanghai entre la Chine et les Etats-Unis, B. Obama déclarait « les relations entre Pékin et Washington vont définir le XXIe siècle »...prophétique ?

    - Pourquoi pas en trois tiers ?

    L’hypothèse n’est pas nouvelle. Depuis 2006 New Delhi et Tokyo réfléchissent au moyen de renforcer leurs échanges commerciaux qui sont insignifiants en regard de leurs tailles économiques respectives (à peine 15 md$ en 2009, à comparer avec les 350 md$ échangés entre la Chine et le Japon.)

    L’été dernier les négociations se sont accélérées sous la pression de Tokyo soucieuse de la dégradation des relations diplomatiques sino-japonaises : en riposte à l’arraisonnement d’un chalutier chinois par des gardes-côtes japonais, Pékin a bloqué ses exportations de matériaux stratégiques pour l’industrie nippone.
    L’Inde étant elle-même préoccupée de l’expansion de son grand et puissant voisin, il devenait normal que les deux pays mettent dans une corbeille commune d’une part un marché fort de 1 milliard de consommateurs et d’autre part une technologie qui a fait ses preuves.
    D’où l’accord de libre échange et de partenariat industriel conclu le 25 octobre dernier entre M. Singh, premier ministre indien et son homologue N. Kan.

    Ce document devrait être ratifié début 2011 après examen au Parlement japonais lequel pourrait hésiter à accepter le paragraphe relatif à la coopération dans le domaine du nucléaire civil, l’Inde n’ayant toujours pas signé le Traité de non prolifération.
    Toutefois la diplomatie de Washington, alliée de Tokyo et récemment très active en Inde, (1) devrait facilement venir à bout des éventuelles réticences des députés japonais ; tant sous G. Bush qui a libéré les exportations de matériel nucléaire civil vers l’Inde que sous B. Obama qui vient de soutenir la candidature de New Delhi pour un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis travaillent à l’émergence d’un bloc asiatique qui fera contrepoids à la Chine...du G2 vers le G3 ?

    - Ou le quatre-quarts en ajoutant l’Afrique Noire ?

    Au train où vont les évènements depuis la fin du siècle dernier, il est probable qu’il faille rapidement réserver une place à l’Afrique autour de la table du grand Monopoly mondial.
    D’abord parce qu’elle l’exige.
    Ainsi au G20 d’avril 2009 à Londres elle a réussi à imposer la présence de deux observateurs (le président de la commission de l’Union africaine et celui du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) ; de même à Copenhague les représentants de 3 pays africains ont fait valoir leurs revendications en quittant temporairement la table des négociations d’où interruption de séance conformément au règlement intérieur de l’ONU qui stipule que l’absence d’un seul État participant bloque les travaux.
    Ensuite parce qu’il faudrait être inconscient pour ne pas anticiper les effets de l’explosion démographique africaine : 180 millions d’habitants en 1950, 860 aujourd’hui et 1,8 à 2 milliards en 2050...le quart de l’humanité !

    Avec une moyenne de 4,6 enfants par femme (7 au Niger !) l’Afrique représente le quart des naissances mondiales ; il vient plus d’enfants au monde au Nigeria (148 millions d’habitants) que dans l’Union européenne (500 millions d’habitants.)
    En conséquence :

    • 45% des Africains ont moins de 15 ans

    • la population citadine a été multipliée par 11 en 50 ans
    • les campagnes disparaissent : alors que l’urbanisation occidentale est verticale, celle de l’Afrique est horizontale avec des maisons individuelles de plain pied.

    Pour l’heure ce futur géant démographique (déjà 12% de l’humanité) est encore un nain économique (2,7% du PIB mondial) ; la question est de savoir pour combien de temps.

    Les PMA : 50 Etats dont 34 africains. 11,3% de la population mondiale. 0,6% du PIB mondial.
    (Carte : Cnuced)

    En à peine quatre décennies son PIB est passé de 461 milliards $ en 1970, à 1061 md$ en 2000, à 1561 md$ en 2008 et devrait atteindre 2600 md$ à l’horizon 2020.

    L’idée couramment répandue consiste à dire que cette croissance serait principalement due au pillage des matières premières africaines par les Pays occidentaux et les grands émergents dont la Chine ; or, une étude réalisée en 2010 par le Cabinet Mc. Kinsey révèle que sur les 500 md$ de PIB supplémentaires entre 2000 et 2008, seul le tiers est dû à la hausse des exportations de matières premières et le solde aux premiers pas de l’industrie locale.

    Indéniablement sur cette période l’Afrique a su tirer profit de deux améliorations concomitantes : une structurelle (meilleure efficacité de l’administration, modernisation des infrastructures,...) et une conjoncturelle (hausses des volumes et des cours des matières premières minérales et végétales exportées, annulation de plusieurs dettes souveraines...)

    Quand l’Afrique s’éveillera...non, la formule est incorrecte. C’est le monde industriel qui a éveillé l’Afrique et plus particulièrement la Chine qui y investissait 470 millions $ en 2001, puis 4,5 milliards $ en 2008 et 6,25 md$ l’an dernier. Très vite Pékin a compris que pour fidéliser et développer ce nouveau partenaire commercial il ne suffirait de lui vendre des produits manufacturés et de lui acheter des matières premières ; en effet ce fonctionnement simpliste n’est réellement profitable qu’aux 5 États africains qui, grâce à la richesse de leurs sous-sols pèsent les 2/3 des exportations vers l’Asie.

    L’accueil réservé fin août dernier par le président Hu Jianto à son homologue Sud Africain J. Zuma illustre la nouvelle stratégie chinoise sur le Continent Noir ; après avoir conclu les grands contrats classiques (fourniture par la Chine d’unités de production électrique, solaires et nucléaires, et de TGV) les deux chefs d’État ont signé un accord de partenariat économique global précisant que Pékin s’engage à compenser par l’importation de produits à haute valeur ajoutée « made in South Africa. »

    Ainsi dans le futur ordre mondial, la Chine serait l’usine du monde et l’Afrique l’atelier de la Chine.

    Aujourd’hui Pékin n’est plus seule à considérer l’Afrique comme un réservoir de croissance. Ainsi les accords d’aide à la sécurité alimentaire proposés par Brasilia à plusieurs capitales africaines ne sont certainement pas désintéressés.

    Plus significative encore est la déclaration de S. Mekouar, ministre marocain de l’Économie et des Finances « nous faisons le pari de l’Afrique car c’est le continent de la croissance de demain [...] Il y a là-bas des espaces beaucoup plus prometteurs que l’Europe, aujourd’hui notre principal partenaire commercial mais où la croissance est la plus faible. »

    L’analyse de M. Camdessus, ex patron du FMI, publiée fin mai dernier par l’Africa Progress Panel (organisme de prospective proche de l’ONU) mérite d’être méditée « au-delà des avantages commerciaux à court terme, l’immense réservoir des jeunes actifs urbains intéressera les nouveaux pays industrialisés qui pourront y délocaliser leurs productions les plus consommatrices de main-d’œuvre ; en conséquence les Pays du Nord ne devraient pas laisser le champ libre à ceux du Sud sur un continent dont la croissance potentielle annuelle frôle les 5%. »
    L’Afrique partenaire de demain...de G3 à G4 ?

    - Pour conclure.

    Malgré l’acharnement des mondialistes à réduire le G20 à un G1, les grands flux monétaires et commerciaux obéissent encore aux lois du G2.
    En accordant quelque crédit à notre exposé, ce G2 pourrait être considéré comme une sorte de minimum atteint par la gouvernance mondiale représentée sous la forme d’une fonction mathématique dont la dérivée vient de changer de signe...G192, 77, 8, 2, 3, 4...

    Et pourquoi pas 5 avec une Europe des patries librement unies dans un projet commun nourrit de ses racines chrétiennes ?

    Mais pas une Europe où il importe d’être toujours plus nombreux, pacsés sous le régime des directives de Bruxelles pour toujours agrandir le marché unique, miraculeuse source d’opulence selon la publicité « euro transatlantique » : toujours plus nombreux, ensemble « yes we can ! » Et nos vieilles sociétés, confortablement assoupies sur l’héritage des anciens, de répondre « yes ! week end ! »
    Vous n’entendez donc pas comme un petit bruit qui court sur le vent du sud ? On dirait comme la sonnerie d’un réveil...

    Pierre Jeanthon http://www.lesmanantsduroi.com

    (1) Au G20 de Séoul l’Inde a renvoyé l’ascenseur en étant le seul pays à ne pas critiquer la nouvelle politique monétaire des Etats-Unis.

  • Le « plan de paix » de l’ONU pour la Syrie est une supercherie

    L’ « ambassadeur de la paix » des Nations Unie (ONU) Lakhdar Brahimi tente de négocier une transition gouvernementale avant les prochaines élections en Syrie. Non seulement les efforts de Brahimi sont vains, ils sont aussi totalement hypocrites. Proposer un « gouvernement transitoire » au beau milieu de ce qui constitue en réalité une invasion étrangère, financée, armée et ouvertement perpétuée par des intérêts étrangers, viole à la fois la souveraineté de la Syrie et la propre charte fondatrice de l’ONU.

    C’est comme si un envoyé de l’ONU visitait la Pologne au début de la Seconde Guerre mondiale et proposait un gouvernement transitoire en pleine invasion nazie. L’ONU serait de toute évidence un facilitateur de l’injustice, non pas un médiateur pour la paix.

    Le Los Angeles Times rapporte ceci dans son article « Lakhdar Brahimi s’efforce de raviver le plan de paix pour la Syrie » :

    « L’ambassadeur de la paix Lakhdar Brahimi a fait une nouvelle avancée jeudi pour amener les représentants syriens et les rebelles à négocier, visant à raviver un plan favorisant un gouvernement transitoire et la tenue d’élections, lequel avait échoué en raison de désaccords sur l’avenir du président Bachar Al-Assad. »

    L’ONU n’a pas du tout réussi à discerner l’opposition légitime en Syrie des bandes de terroristes armés vagabonds commettant des atrocités à grande échelle contre le peuple syrien, nombre d’entre eux non originaires de Syrie, tous armés par les États-Unis, l’OTAN et leurs alliés régionaux incluant Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar dans le cadre d’un plan de longue date pour procéder à un changement de régime à la fois en Syrie et en Iran. La presse occidentale n’appuie pas seulement les tentatives hypocrites de l’ONU, elle s’est acharnée à délégitimer toute opposition en Syrie refusant de prendre les armes ou s’opposant à une intervention étrangère.

    Alors que le Los Angeles Times tente de présenter le plan de l’ONU comme étant raisonnable et le président syrien Bachar Al-Assad et la Russie comme seuls obstacles à la paix, ce plan constitue en fait encore une autre tentative de dépeindre le conflit comme une lutte politique au lieu de l’invasion étrangère qu’il est réellement.

    La Syrie est envahie par des terroristes étrangers

    Les « rebelles » armés que l’ONU refuse de condamner comprennent des combattants étrangers d’Al-Qaïda, incluant des organisations terroristes internationales figurant sur les listes du département d’État des États-Unis, des Nations Unies et du département de l’Intérieur du Royaume-Uni, soit le Groupe islamique combattant libyen (GICL), Al-Nosra, également connu sous le nom d’Al-Qaïda en Irak et des extrémistes des Frères musulmans syriens. Les pays occidentaux ne négocieraient avec aucune de ces factions terroristes, si d’une façon ou d’une autre, leurs armes se détournaient de la Syrie pour viser l’Occident. Pourtant, l’Occident exige non seulement que la Syrie les reconnaisse et qu’elle négocie avec eux, mais aussi qu’on les laisse régner sur tout le pays.

    En novembre 2011, dans l’article « Un dirigeant islamiste libyen a rencontré l’Armée syrienne libre, un groupe d’opposition  » le Telegraph rapportait :

    Abdelhakim Belhadj, dirigeant du Conseil militaire de Tripoli et ancien chef du Groupe islamique combattant libyen a « rencontré des dirigeants de l’Armée syrienne libre à Istanbul et à la frontière turque », a déclaré un représentant militaire travaillant avec Mr. Belhadj. Il a été envoyé par Moustapha Abdel Jalil (le président libyen intérimaire).

    « Les nouveaux dirigeants libyens offrent des armes aux rebelles syriens », un autre article du Telegraph, admettait :

    The Daily Telegraph a appris que les rebelles syriens ont tenu des pourparlers secrets avec les nouvelles autorités libyennes vendredi dans le but d’obtenir des armes et de l’argent pour leur insurrection  contre le régime du président Bachar Al-Assad.

    À la réunion qui s’est tenue à Istanbul et où se trouvaient des représentants turcs, les Syriens ont demandé de l’« aide » aux représentants libyens, se sont fait offrir des armes et peut-être des volontaires.

    « Un plan est mis en œuvre pour envoyer des armes et même des combattants  libyens en Syrie » a affirmé une source libyenne ayant requis l’anonymat. « Une intervention militaire est en cours. Vous verrez dans quelques semaines. »

    Plus tard ce mois-là, on rapportait qu’environ 600 terroristes libyens étaient entrés en Syrie afin de commencer des opérations de combat. Le journaliste de CNN Ivan Watson a accompagné des terroristes au-delà de la frontière turco-syrienne et à Alep. En juillet 2012, CNN révélait qu’effectivement, des combattants étrangers, surtout des Libyens, se trouvaient parmi les militants.

    On a admis que :

    Entre-temps, des résidents du village où les Faucons syriens avaient établi leur quartier général ont dit que des combattants de plusieurs nationalités nord-africaines servaient également dans les rangs de la brigade. Un combattant volontaire libyen a par ailleurs déclaré à CNN qu’il compte voyager de la Turquie vers la Syrie dans les prochains jours afin d’ajouter un « peloton » de combattants libyens au mouvement armé.

    CNN a ajouté:

    Mercredi, l’équipe de CNN a rencontré un combattant libyen qui avait quitté la Turquie et s’était rendu en Syrie avec quatre autres libyens. Le combattant portait une tenue de camouflage et avait un fusil Kalashnikov. Il a dit que d’autres combattants  libyens étaient en route.

    Certains combattants étrangers sont clairement attirés parce qu’ils voient cela comme […] un djihad. C’est donc un aimant pour les djihadistes qui voient cela comme une lutte pour les musulmans sunnites

    En somme, la Syrie est envahie depuis presqu’un an par des terroristes libyens. De plus, immédiatement après que les États-Unis aient reconnu leur propre « coalition d’opposants » triée sur le volet comme les « représentants du peuple syrien », son chef, Moaz Al-Khatib, a tout de suite exigé que les États-Unis lèvent les sanctions contre l’organisation terroriste d’Al-Qaïda, Al-Nosra.

    Reuters a cité Al-Khatib :

    « Il faut réviser la décision de considérer un groupe luttant contre le régime comme un groupe terroriste. Nous pouvons être en désaccord avec certains groupes, leurs idées et leur vision politique et idéologique, mais nous affirmons que toutes les armes à feu des rebelles servent à renverser le régime criminel et tyrannique. »

    L’Occident refuse non seulement de reconnaître que la Syrie est confrontée au terrorisme étranger et intérieur, il participe aussi activement à l’armement, au financement et à l’hébergement en lieu sûr de ces factions terroristes. La Turquie, membre de l’OTAN, est un complice direct de l’agression extraterritoriale de la Libye, qu’elle facilite en accueillant les combattants libyens à l’intérieur de ses frontières, tout en coordonnant leur armement, leur financement et leur logistique lorsqu’ils traversent la frontière turco-syrienne. La CIA des États-Unis facilite également l’invasion libyenne de la Syrie le long des frontières turques.

    En juin 2012, dans son article « La C.I.A. aiderait à acheminer des armes à l’opposition syrienne », le New York Times (NYT) a concédé que « des officiers de la CIA opèrent en secret au sud de la Turquie » et acheminent des armes, dont « des armes semi-automatiques, des grenades propulsées par fusée, des munitions et quelques armes antichars ». Le New York Times insinue que la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar sont les principaux fournisseurs d’armes alors que la CIA coordonne la logistique.

    http://www.csmonitor.com/var/ezflow_site/storage/images/media/content/2012/0224-friends-of-syria-conference/11843662-1-eng-US/0224-friends-of-syria-conference_full_600.jpg

    Image: Les « amis de la Syrie » comprennent de nombreux conspirateurs mentionnés dans le reportage exhaustif de neuf pages de Seymour Hersh, « La redirection ». La violence en Syrie n’est pas le résultat d’un soulèvement du peuple syrien  porteur d’« aspirations politiques », mais plutôt celui de la conspiration et de la machination d’une élite mondiale ayant prémédité il y a longtemps la destruction de la Syrie pour son propre programme géopolitique global.

    ….

    La politique étasunienne envers la Syrie remonte aussi loin qu’à 2007, où les représentants des États-Unis ont admis qu’ils planifiaient le renversement du gouvernement syrien à l’aide d’extrémistes sectaires étrangers et en utilisant des pays comme l’Arabie Saoudite pour acheminer des armes et du financement, surtout pour maintenir l’illusion qu’ils n’étaient pas impliqués.

    Le long reportage de neuf pages de Seymour Hersh, « La redirection », publié dans le New Yorker en 2007 expose les plans étasuniens visant à utiliser des moyens clandestins pour renverser le gouvernement syrien dans le cadre d’une action plus vaste ayant pour but de miner et détruire l’Iran. « Le renforcement de groupes extrémistes sunnites épousant une vision militante de l’islam, hostiles aux États-Unis et sympathisants d’Al-Qaïda, sont un sous-produit de ces activités », écrit Hersh.

    Al-Nosra est ouvertement affilié à Al-Qaïda. Dire que le GICL est « sympathisant d’Al-Qaïda » serait toutefois trompeur : le GICL, c’est Al-Qaïda.

    Selon le rapport du West Point Combating Terrorism Center de l’armée étasunienne, « Les combattants étrangers d’Al-Qaïda en Irak », le GICL a fusionné en 2007 avec l’organisation terroriste créée par les États-Unis et l’Arabie Saoudite.

    L’apparent essor de recrues libyennes se rendant en Irak pourrait être lié à la coopération accrue entre le Groupe islamique combattant libyen et Al-Qaïda, laquelle a atteint son point culminant le 3 novembre 2007 lorsque le GICL s’est officiellement joint à Al-Qaïda. (page 9, .pdf)

    Hersh poursuit son reportage en déclarant « le gouvernement saoudien, avec l’approbation de Washington, fournirait des fonds et de l’aide logistique afin d’affaiblir le président syrien Bachar Al-Assad ». Cela comprenait l’offre de milliards de dollars à des factions pro-saoudiennes au Liban soutenant des groupes militants qui traversent maintenant la frontière libano-syrienne pour rejoindre leurs homologues libyens.

    La conspiration élaborée, mise à exécution en 2007 et décrite par Seymour Hersh citant une myriade de sources étasuniennes, saoudiennes et libanaises, se déroule de toute évidence devant nos yeux. Cette conspiration n’était pas fondée sur des considérations humanitaires ou la « démocratie », mais plutôt sur les intérêts mutuels des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie Saoudite, et consistant à renverser les gouvernements de pays souverains vus comme des menaces à leur influence collective extraterritoriale à travers la région.

    En ne reconnaissant pas une conspiration documentée, fomentée par des intérêts étrangers et visant à faire tomber violemment le gouvernement de la Syrie (et éventuellement de l’Iran) l’ONU démontre une fois de plus qu’elle est un instrument servant des intérêts spécifiques. Sa tentative de négocier un « plan de paix » avec des terroristes étrangers envahissant la Syrie en tant que mandataires des puissances occidentales est dépourvue de toute légitimité. Le gouvernement syrien et ses alliés doivent redoubler d’efforts pour présenter le conflit pour ce qu’il est, une invasion, et réclamer l’appui et la patience de la communauté internationale alors que la Syrie confronte et met en échec ces envahisseurs étrangers et les intérêts étrangers qui les arment et les guident.

    Lakhdar Brahimi, tout comme Kofi Annan avant lui, ne fait que gagner du temps pour le discours chancelant de l’Occident. La Syrie et ses alliés doivent finalement le laisser s’écrouler afin que le véritable sauvetage de la Syrie puisse avoir lieu, par des opérations de sécurité antiterroristes dans tout le pays et la confrontation diplomatique des intérêts étrangers soutenant le terrorisme à l’intérieur et autour de la Syrie.

    Tony Cartalucci, Le 28 décembre 2012 http://www.mondialisation.ca

    Le blog de Tony Cartalucci : Land Destroyer 

    Article original : The United Nations Syria “Peace Plan” is a Fraud

    Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca